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29/12/2017

De Sainte-Sophie, ils firent d’abord une écurie

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Durant toute cette journée, les Turcs firent, par toute la cité, un grand carnage de chrétiens. Le sang coulait sur la terre comme s’il en pleuvait et formait de vrais ruisseaux… Georges Phrantzès dit aussi que, “en certains endroits, le sol disparaissait sous les cadavres et que l’on ne pouvait passer par les rues”. […] Ils volent, dérobent, tuent, […] font captifs femmes, enfants, vieillards, jeunes gens, moines, hommes de tous âges, de toutes conditions. […] Ils prenaient les trésors et les vases sacrés, dépeçaient les reliques et les jetaient au vent ; ils exhibaient dans les rues puis dans leurs camps, le soir, des crucifix montrant le Christ coiffé de l’un de leurs bonnets rouges. De Sainte-Sophie, ils firent d’abord une écurie. Un nombre incalculable de manuscrits précieux, ouvrages des auteurs grecs ou latins de l’Antiquité, furent brûlés ou déchirés. Les religieuses, violées par les équipages des galères, étaient vendues aux enchères. […] Cette cohue de toutes les nations, ces brutes effrénées, se ruaient dans les maisons, arrachaient les femmes, les traînaient, les déchiraient ou les forçaient, les déshonoraient, les violentaient de cent façons aux yeux de tous dans les carrefours. Pendant trois jours, ce fut aussi une terrible chasse et un immense marché aux esclaves. […] Aucune bataille, aucune conquête n’avait jamais donné en si peu de temps autant de captifs. Ils furent vendus et revendus par la soldatesque puis par les mercantis de toutes sortes, séparés les uns des autres, promis aux travaux misérables jusqu’aux plus lointaines provinces du monde musulman. […] Mehmet avait ordonné que les familles des dignitaires grecs soient réduites à la plus dure et à la plus humiliante des servitudes. Il s’était fait réserver les filles les plus belles et les plus jeunes adolescents et il fit don de quarante très jeunes gens et de quarante vierges au pacha de Babylone. D’autres enfants grecs furent envoyés jusqu’à Tunis et à Grenade. […] Les habitants de Constantinople échappés aux massacres et à l’esclavage avaient fui. Ce n’était plus qu’une ville en grande partie dévastée et vide d’hommes. […] La chute de l’Empire byzantin marquait la fin d’un monde et jetait à bas l’héritage de l’antique Rome. »

Jacques Heers, Chute et mort de Constantinople

 

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