07/11/2019
Une apparence d’humilité qui est une chose infernale
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« Il y a une apparence d’humilité qui est une chose infernale. Elle dit à l’homme : sois sage. C’est l’orgueil dans son mensonge le plus subtil et le plus exécrable, c’est l’orgueil qui veut retenir l’homme en lui-même, le retenir dans la limite, au pays de l’ombre et du froid. Car cette sagesse-là ressemble à la sagesse comme un bec de gaz ressemble au soleil. Il y a dans la vie des âmes appelées un moment décisif où retentit l’appel de Dieu, l’appel immédiat et éternel, l’appel de l’abîme. La voix de l’abîme est : jette-toi à la mer. C’est l’infini qui approche et qui demande à être admis dans la familiarité ; le moment est suprême. Si l’âme entend ce cri de détresse, car l’infini toujours en détresse appelle au secours comme un homme qui se noie, si l’âme entend ce cri de détresse, elle se jette à la mer dans l'abîme d’où la voix vient. Elle abdique sa limite et fait vœu d’infini.
Si l’âme, retenue par les liens de son raisonnement, refuse d’entendre celui qui crie au secours, l’âme a pour punition temporelle et éternelle de rester dans la prison qu’elle a choisie en elle-même, dans elle-même. Elle verra si le bon sens rend heureux. Les murs de sa prison dans lesquels elle s’est complu se resserrent autour d’elle. L’air manque ; elle étouffe et son bon sens ne la soulage pas. Elle s’est trouvée, elle se cherche : Ah ! vous voulez la mesure. Eh bien ! la voilà. Goûtez un peu les plaisirs de la mesure. Brisez-vous le front contre les murs que vous avez serrés, pour voir si la joie est en eux. Raisonnez un peu, enterrée vive, sous la pierre du tombeau. Et si la pensée de l’infini vous poursuit dans votre sépulcre, elle vous poursuivra sous la forme du désespoir, et si votre cœur prend encore une voix, ce sera pour vous dire : Tu m'as trahi ! »
Ernest Hello, Du Néant à Dieu
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