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12/04/2020

Une pandémie en cache toujours une autre

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 



 

Derrière l’épidémie du Coronavirus se cache celle tout aussi dangereuse de l’autoritarisme.

 

Par Tom G. Palmer et Simon Lee

 

Nous avons affaire non pas à une, mais à deux pandémies, qui s’avèrent toutes deux mortelles. La première est due à un virus, qui envahit les cellules d’un hôte, les affaiblit, jusqu’à les faire disparaître trop souvent. La seconde est une idéologie – l’autoritarisme – qui envahit les instances démocratiques, les affaiblit, jusqu’à les faire disparaître trop souvent.

Lorsque nous nous sentons menacés, nous avons tendance à chercher à la fois un bouc-émissaire et un protecteur. En contrepartie de la défense de nos vies, nous sommes prêts à renoncer à pratiquement tout, y compris aux droits et libertés pour lesquels nous nous battons en temps normal. Cet arbitrage peut être jugé raisonnable en période extraordinaire. Le problème est qu’une fois que nous nous sommes laissés soustraire nos droits et nos libertés, même si cela est temporairement justifié dans une situation extraordinaire telle qu’un confinement, nous nous y habituons.

 

Nous en avons déjà fait l’expérience. Et nous le constatons en ce moment.

Les régimes autoritaires se servent de la pandémie

Les dirigeants des régimes autoritaires se servent de la pandémie de Covid-19 comme prétexte pour renforcer et étendre des pouvoirs injustifiés. En Chine, où l’autoritarisme a attisé la propagation du virus en réduisant notamment au silence et en punissant les médecins qui tentaient d’avertir la population, le Parti communiste (PCC) se vante que ses pouvoirs sans limites et sans justification ont en réalité sauvé la Chine.

Ce sont ces mêmes pouvoirs qui ont attisé l’épidémie en premier lieu, mais cela n’a pas empêché le propagandiste Dong Yuzhen de proclamer dans le magazine populaire officielle du PCC que « les vertus du système chinois ont une fois de plus été démontrées depuis le début de l’épidémie de coronavirus ». Il a aussi proclamé que « le PCC, en tant que parti au pouvoir en Chine, est de loin le parti politique doté des plus grandes capacités de gouvernance de l’histoire de l’humanité, parti qui se soucie pleinement des intérêts nationaux du pays et du peuple chinois ».

 

La signature d’un parti autoritaire n’est pas l’usage de la force, mais plutôt la dépendance pathologique au mensonge, souvent jusqu’à l’illusion. Depuis que le Covid-19 a commencé à faire des dégâts dans le monde entier, le PCC, au travers de sa machine de propagande, a lancé toute une série de campagnes de désinformation.

Il a cherché non seulement à détourner l’attention vers les théories du complot, qui ne peuvent jamais être ni prouvées ni réfutées, mais aussi à faire porter le chapeau à d’autres nations.

Si le PCC avait permis aux soignants sur le terrain de s’exprimer et aux pouvoirs locaux de prendre des mesures dès le début de l’épidémie, la contagion aurait pu être contenue. Mais le premier réflexe de l’autoritarisme est de dissimuler la vérité et de dénoncer toutes critiques comme des fake news.

Une telle propagande totalitaire est vivement encouragée par le régime chinois et ses nombreux serviteurs. Qui plus est, elle est reprise par des dictateurs en herbe qui aspirent à un pouvoir encore plus grand, comme le Hongrois Viktor Orbán, qui gouverne désormais par décret et qui se sert de l’image de l’État chinois comme preuve de la nécessité de la dictature.

 

Des situations analogues se produisent partout dans le monde, y compris aux États-Unis, où le procureur général a proposé de suspendre l’ordonnance d’habeas corpus, entre autres, sous prétexte que l’État de droit et les principes constitutionnels reconnus constituent des obstacles en période de crise.

Les idées autoritaires sont comme des virus. Une fois que vous êtes « infectés » par elles, elles vous envahissent progressivement. Soit vous développez une résistance et une immunité, soit vous devenez un porteur qui les dissémine davantage, même si c’est à votre insu.

La route de la servitude

Après vous être incliné une première fois devant l’autorité, vous devenez coutumier du fait. Vous considérez alors que toute critique envers l’autorité est intrinsèquement menaçante pour votre propre survie. La critique du pouvoir en vient à être considérée comme une attaque contre la survie même du peuple.

C’est en substance présenté comme tel par les dirigeants, et un public déférent finit par l’assimiler comme tel. Peu importe si l’incompétence avérée des dirigeants politiques ou si leur déni de la menace pour la santé publique a aggravé la situation. Non, seules les autorités peuvent nous sauver, et la critique de ceux qui détiennent le pouvoir est largement considérée comme une menace pour notre propre survie.

Une fois que de nouveaux pouvoirs sont institués, il est extrêmement difficile de les abroger. Ronald Reagan aimait à dire qu’ « un organisme administratif est la chose la plus immuable que nous puissions voir sur cette Terre ».

Robert Higgs, docteur en histoire de l’économie, a démontré dans son livre Crisis and Leviathan qu’il existe un effet cliquet du pouvoir, c’est-à-dire que les nouvelles prérogatives acquises lors d’une crise ont tendance à se maintenir bien au-delà de la fin de cette crise. Comme il l’a fait remarquer, « tout au long de l’histoire des États-Unis, les urgences nationales ont été des occasions exceptionnelles de perte progressive de libertés ». Ce n’est pas seulement vrai aux États-Unis. C’est vrai partout.

Les mesures extraordinaires en période de crise, telles que le confinement et les interdictions de rassemblement, ne doivent pas être l’occasion de mettre en place une dictature. Les principes de présomption de la liberté et d’un État restreint doivent être maintenus. Car une fois ces principes abandonnés, ils sont extrêmement difficiles à récupérer. En fait, les sociétés libres et légitimes sont plus résistantes, plus prospères et, à tous égards, plus désirables et attrayantes que les dictatures.

Alors que nous luttons contre la menace de la pandémie virale, nous ne devons pas succomber à la menace de la pandémie autoritaire. Elles sont toutes deux mortelles.

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SOURCE : Contrepoints

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