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19/06/2020

« Assa Traoré ne fait qu’imiter les mouvements noirs américains des années 60 »

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 



 

FIGAROVOX/TRIBUNE - L’évolution du discours de la soeur d’Adama Traoré témoigne de l’importation en France d’un indigénisme noir tout droit venu des États-Unis et qui n‘existe que grâce aux alliances hasardeuses de ceux qui contestent l’État, analyse l’essayiste Anne-Sophie Nogaret.

Par Anne-Sophie Nogaret

Anne-Sophie Nogaret est auteur notamment d’un essai intitulé Du mammouth au Titanic, de la déséducation nationale, et de Français malgré eux, racialistes, décolonialistes, indigénistes, ceux qui veulent déconstruire la France, co-écrit avec Sami Biasoni.

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Assa Traoré est un personnage très intéressant. Non, comme le dit France Culture, pour sa « puissance », son charisme, ou son combat politique. Non, Assa Traoré n’est intéressante qu’en tant qu’elle témoigne du fonctionnement de la mouvance indigéniste qui l’a créée de toutes pièces.

L’existence médiatique de la jeune femme commence à la mort tragique de son frère Adama. Dans le portrait qu’en fait « Libération » en septembre 2016, elle évoque la mort de celui-ci: une bavure dit-elle à l’époque, récusant les rumeurs de crime raciste. Elle réitère par ailleurs sa foi en Allah, précise qu’elle est mariée religieusement et dénonce la stigmatisation du burkini. Bref, le discours penche du côté d’un islam politique soft. Le portrait illustrant l’article la montre portant turban, une voilette de tulle noir devant le visage.

Depuis, sous l’influence de son mentor et coach Youcef Brakni, dont le virulent discours anti-police ne doit pas faire oublier l’engagement passé auprès du Mouvement Islamique de Libération, le positionnement de l’icône s’est subtilement décalé vers les États-unis et la cause noire américaine. Assa Traoré, coupe afro et poing levé, est la nouvelle Angela Davis. Une rencontre entre le modèle et la copie a d’ailleurs été organisée en 2018, marquant l’adoubement de la mouvance indigéniste française par l’activisme noir américain. Pas question ici de filiation historique, qu’on serait d’ailleurs bien en peine de trouver. Pas question de filiation théorique, la pensée d’Assa Traoré se résumant aux slogans que lui écrit Youcef Brakni et qu’elle récite en public. Il ne s’agit en réalité que d’imiter les signifiants visuels du mouvement noir américain des années 60 et 70. Les médias adorent, les vieux retrouvent leur jeunesse, les jeunes, s’ils ne comprennent pas nécessairement la référence, trouvent ça cool.

Corollaire nécessaire à l’iconographie « révolutionnaire », le story telling est en place : Assa ne parle plus de bavure pour expliquer la mort de son frère, mais d’assassinat délibéré commis par des policiers aux ordres d’un état raciste. Comme sa coupe de cheveux, la mort de son frère s’inscrit désormais dans un référentiel américain.

Assa Traoré est donc devenue un personnage fondamentalement mimétique, singeant les gestes d’une histoire exogène. En cela, elle participe de l’essence de la mouvance indigéniste. Comme elle, la mouvance indigéniste ne peut exister de façon autonome. Comme elle, elle ne vit que par phagocytage et mimétisme. Pour sortir de sa dimension groupusculaire en effet, la mouvance indigéniste n’a d’autre choix que de s’allier aux mécontents tous azimuts. C’est la méthode Alinsky, que pratique l’extrême gauche qui se traduit par une quête perpétuelle d’alliances qui mobilise toute son énergie et ratisse large : antifas, parents d’élèves, soignants, insoumis, gilets jaunes, écolos... jusqu’aux militants basques ! Cette nécessité vitale de raccrocher leurs wagons à une locomotive dont ils espèrent pouvoir un jour éjecter le conducteur à leur profit témoigne d’une seule réalité: l’indigénisme français n’a pas de substance propre. Ceci constitue d’ailleurs sa tache originelle, le discours des fondateurs du PIR étant lui-même une copie fidèle de la rhétorique FLN. Revanchisme anhistorique et obsessionnel, l’indigénisme français est un nihilisme qui ne laisse qu’un champ de ruines chez ses anciens alliés, contre lesquels il se retourne systématiquement. L’indigénisme français ne sait pas se battre seul, contraint faute de fondamentaux d’enfourcher tout ce qui autour de lui s’agite. Il est probable que les Tchétchènes qui ont fait irruption à Dijon les relèguent rapidement à l’arrière plan de la scène médiatique. Reste, une fois de plus, à comprendre pourquoi les médias se laissent à ce point leurrer par une imagerie et un story telling grossiers, se mettant au service du nihilisme racialiste.

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SOURCE : Le Figaro

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