22/04/2015
Nous, nous ne sommes rien...
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« Une jeune fille de douze ans, interpellée par les conversions religieuses de ses copines de classe, qui se découvrent musulmanes, et prennent le voile, interroge sa mère : "Et nous, nous sommes quoi ?". La réponse est simple : "Nous, nous ne sommes rien". C'est la mère, cadre supérieure d'une entreprise bancaire, encore effarée de cet aveu et du vide soudain qu'il creuse, qui rapporte l'histoire au cours d'un séminaire. Elle précise : "Je lui ai dit : 'nous ne sommes rien' pour bien lui faire comprendre que nous étions laïcs, que nous ne dépendions de rien ni de personne, qu'elle était libre." Sans doute. Nous ne sommes rien, libres de faire de nous ce que nous voulons, indéterminés. C'est plus que "l'ère du vide" annoncée par Gilles Lipovetsky, plus que le temps du mépris ou celui du désespoir ; l'incapacité de définir, de désigner et de nommer, qui est aussi l'impossibilité de faire société, et le désarmement de toute stratégie – les tactiques de survie seules peuvent trouver leur place dans un univers indéfini.
J'ai retrouvé d'un coup l'interrogation de toutes celles, et de tous ceux qui, de Madagascar au Montana, et des Philippines à l'Ethiopie, m'ont posé question pour savoir ce que je suis. Tous imaginent que l'ont peut être évangéliste, musulman, copte, bouddhiste, adepte de Zarathoustra, du grand lézard ou du Dieu-Crocodile, mais pas "rien". »
Hervé Juvin, La grande séparation
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21/04/2015
La vacuité de l'âme
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« Ce n'est pas seulement la vacuité des choses et des êtres qui blesse l'âme, quand elle est en proie à l'ennui ; c'est aussi la vacuité de quelque chose d'autre, qui n'est ni les choses ni les êtres, c'est la vacuité de l'âme elle-même qui ressent ce vide, qui s'éprouve elle-même comme du vide, et qui, s'y retrouvant, se dégoûte elle-même et se répudie. »
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité
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Conversations...
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« Les conversations qui ne parlent pas de religion ou d’art sont si basses et si vaines ! »
Joris-Karl Huysmans, Là-Bas
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Un langage inaccessible
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« La poésie est un langage à part, où le mystère égale le rythme, et d’autant plus inaccessible d’une langue à une autre que, dans un même pays, elle n’est compréhensible qu’à une élite. Si elle sort de celle-ci, c’est par des qualités vulgaires, ou un snobisme. »
Léon Daudet, Journal "L’Action Française" - 17 février 1939
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Une vérité provisoire
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« La démocratie : une vérité provisoire qui ne dure pas une minute de plus que la majorité qui l’a faite. »
Georges Bernanos, La grande peur des bien-pensants
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La puissance grandissante de la pensée à voie unique
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« Un signe caractéristique, à première vue tout à fait extérieur, de la puissance grandissante de la pensée à voie unique, c’est – on le remarque partout – l’accroissement du nombre de ces désignations qui consistent à abréger les mots ou à accoler des initiales. Sans doute aucun de ceux qui sont ici présents n’a-t-il encore jamais considéré sérieusement ce qui est déjà accompli lorsqu’au lieu de dire Faculté, vous dites simplement Fac. Fac, c’est comme Ciné. Il est vrai que le cinématographe demeure différent des hautes écoles scientifiques. Cependant la désignation Fac n’est ni fortuite ni inoffensive. Peut-être même est-il dans l’ordre que vous entriez et sortiez de la "Fac" et que vous empruntiez vos livres à la "B.U." La question demeure seulement de savoir quel ordre s’annonce dans la contagion de cette façon de parler ? Peut-être est-ce un ordre dans lequel nous sommes entraînés et auquel nous sommes abandonnés par Cela qui se retire devant nous ? »
Martin Heidegger, Qu’appelle-t-on penser ?
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Des réceptacles du merveilleux
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« Il avait pour principe de traiter les hommes qui nous approchaient comme autant de rares trouvailles découvertes au fil d’un long voyage. Il aimait aussi nommer les hommes les optimates, signifiant par là que tous autant qu’ils sont, ils forment l’aristocratie naturelle de ce monde et que chacun d’eux peut nous apporter l’excellent. Il les concevait comme des réceptacles du merveilleux, et, créatures suprêmes, il leur accordait des droits princiers. Et réellement, je voyais tous ceux qui l’approchaient s’épanouir comme des plantes qui s’éveillent du sommeil hivernal, non point qu’ils devinssent meilleurs, mais parce qu’ils devenaient d’avantage eux mêmes. »
Ernst Jünger, Sur les falaises de marbres
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Rester libre
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« Lorsqu’on pense aux moyens chaque fois plus puissants dont dispose le système, un esprit ne peut évidemment rester libre qu’au prix d’un effort continuel. »
Georges Bernanos, La France contre les robots
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20/04/2015
L’illusion égalitaire des démagogues
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« L’illusion égalitaire des démagogues est encore plus dangereuse que la brutalité des traîneurs de sabre... Pour l’anarque, constatation théorique, puisqu’il les évite les uns comme les autres. Qu’on vous opprime : on peut se redresser, à condition de n’y avoir pas perdu la vie. La victime de l’égalisation est ruinée, physiquement et moralement. »
Ernst Jünger, Eumeswil
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Le Chevalier, la Mort et le Diable
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« "Le Chevalier, la Mort et le Diable"... Admirable estampe gravée par Dürer en 1513. L’artiste génial, qui exécuta par ailleurs sur commande tant d’œuvres édifiantes, fait preuve ici d’une liberté confondante et audacieusement provocatrice… En ce temps-là, il ne faisait pas bon ironiser sur la Mort et le Diable, terreur des braves gens et des autres, entretenue par ceux qui en tiraient profit. Mais lui, le solitaire Chevalier de Dürer, ironique sourire aux lèvres, il continue de chevaucher, indifférent et calme. Au Diable, il n’accorde pas un regard. Pourtant, cet épouvantail est réputé redoutable. Terreur de l’époque, comme le rappellent tant de Danses macabres et de rachats d’Indulgences, le Diable est en embuscade pour se saisir trépassés et les jeter dans les brasiers de l’Enfer. Le Chevalier s’en moque et dédaigne ce spectre que Dürer a voulu ridicule. La Mort, elle, le Chevalier la connaît. Il sait bien qu’elle est au bout du chemin. Et alors ? Que peut-elle sur lui, malgré son sablier brandi pour rappeler l’écoulement inexorable de la vie ? Éternisé par l’estampe, le Chevalier vivra à tout jamais dans notre imaginaire au-delà du temps. Solitaire, au pas ferme de son destrier, l’épée au côté, le plus célèbre insoumis de l’art occidental chevauche vers son destin parmi les bois et nos pensées vers son destin, sans peur ni imploration. Incarnation d’une figure éternelle en cette partie du monde appelée Europe.
L’image du stoïque chevalier m’a souvent accompagné dans mes révoltes. Il est vrai que je suis un cœur rebelle et que je n’ai pas cessé de m’insurger contre la laideur envahissante, contre la bassesse promue en vertu et contre les mensonges élevés au rang de vérités. Je n’ai pas cessé de m’insurger contre ceux qui, sous nos yeux, ont voulu la mort de l’Europe, notre civilisation millénaire, sans laquelle je ne serais rien. »
Dominique Venner, Un samouraï d’Occident, Le Brévaire des insoumis
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Un arpent de géographie fécondé par les larmes de l'Histoire
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« - Ici, c'est un haut lieu, vois-tu.
- Qu'est-ce qu'un haut lieu ? lui dis-je.
- Un haut lieu, dit-il, c'est un arpent de géographie fécondé par les larmes de l'Histoire, un morceau de territoire sacralisé par une geste, maudit par une tragédie, un terrain qui, par-delà les siècles, continue d'irradier l'écho des souffrances tues ou des gloires passées. C'est un paysage béni par les larmes et le sang. Tu te tiens devant et, soudain, tu éprouves une présence, un surgissement, la manifestation d'un je-ne-sais-quoi. C'est l'écho de l'Histoire, le rayonnement fossile d'un événement qui sourd du sol, comme une onde. Ici, il y a eu une telle intensité de tragédie en un si court épisode de temps que la géographie ne s'en est pas remise. Les arbres ont repoussé, mais la Terre, elle, continue à souffrir. Quand elle boit trop de sang, elle devient un haut lieu. Alors il faut la regarder en silence car les fantômes la hantent. »
Sylvain Tesson, Bérézina
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Savoir...
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« À tous il est permis — dans certaines limites — de parler ; à quelques-uns il est réservé de savoir. »
Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes
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