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17/05/2015

Le panache comme remède à l’ennui

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« J’en con­clus que la légende valait mieux que la vie, et que le style, en lit­téra­ture, sur­pas­sait le fond. L’important n’était pas la sub­stance, ce vilain mot de philosophe, la forme, la tour­nure, en un mot : l’élégance. C’est ainsi, je crois, que l’on peut définir le genre hus­sard (même si nom­bre d’entre eux rejetèrent l’appellation) : la beauté plutôt que les idées, les for­mules con­tre les dis­cours et le panache comme remède à l’ennui. Cette morale si peu morale m’enchantait. Et ce qui agaçait les uns – les phrases qui claquent, les voitures de sport, l’anti-intellectualisme – me réjouis­sait au plus haut point. Pourquoi la littéra­ture devait-elle être grave et ennuyeuse ? Bernard Frank, qui a inventé le terme de “hus­sards” dans un arti­cle des “Temps Mod­ernes” de 1952, les traita, pour aller vite, de “fas­cistes”. Mais les fas­cistes sont des gens exces­sive­ment sérieux ! Le Blondin de “Mon­sieur Jadis”, le Déon des “Gens de la Nuit” où le Nimier de l’ “Etrangère” demeurent de char­mants gar­ne­ments qui n’ont qu’un seul souci : celui de la langue. Le reste n’est que bavardages et com­men­taires. La mode était au com­mu­nisme ; ils se déclarèrent de droite : pure ques­tion de style, encore. Ils avaient le vice de la provo­ca­tion, et mirent des mili­ciens dans leurs romans ; et alors ? Un romancier et cri­tique, ancien des “Let­tres Françaises”, me con­fi­ait récem­ment : “Vous ne devriez pas les lire ; c’étaient tous des salauds, ces types.” Je suis cer­tain qu’ils auraient été heureux du com­pli­ment. »

Thibault de Mon­taigu, “Les Hus­sards ou la beauté d’avoir tort”, in Revue Bor­del n°17: Hus­sards

 

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Un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible

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« De fait, si la majorité a raison, si cette musique dans les cafés, ces divertissements de masse, ces êtres américanisés aux désirs tellement vite assouvis représentent le bien, alors, je suis dans l’erreur, je suis fou, je suis vraiment un loup des steppes ; un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible.

Un animal qui ne trouve plus ni foyer, ni oxygène, ni nourriture. »

Hermann Hesse, Le loup des steppes

 

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Souche

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« Le préjugé est bon, en son temps ; car il rend heureux. Il ramène les peuples à leur centre, les rattache plus solidement à leur souche, les rend plus florissants et selon leur caractère propre, plus ardents et par conséquent aussi plus heureux dans leurs penchants et leurs buts. La nation la plus ignorante, la plus remplie de préjugés est à cet égard souvent la première : le temps des désirs d’émigration et des voyages pleins d’espoir à l’étranger est déjà maladie, enflure, embonpoint, pressentiment de mort ! »

Johann Gottfried von Herder , Histoire et cultures

 

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Former l’humanité

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« Si ma voix avait vigueur et résonance, comme je crierais à tous ceux qui contribuent à cultiver l’humanité : pas de généralités sur les améliorations ! culture purement livresque ! autant que possible, des réalisations — agir ! Laissez parler et se perdre dans le vague ceux qui ont le malheur de n’être bons qu’à cela ; celui qui possède les faveurs de la fiancée n’est-il pas plus enviable que le poète qui la célèbre, ou que l’intermédiaire qui demande sa main pour un autre ?
Vois, celui qui sait le mieux chanter la philanthropie, l’amour des peuples et la fidélité paternelle, médite peut-être de lui porter coup de poignard le plus profond pour des siècles ? En apparence le plus noble législateur, et peut-être le plus intime destructeur de son siècle ! Pas question d’amélioration, d’humanité et de félicité intérieures : il a suivi le courant de son siècle, obtint par conséquent, la brève récompense de tout ceci — le laurier de la vanité, qui se fane, demain poussière et cendre. — Le grand oeuvre divin qui consiste à former l’humanité — en silence, avec vigueur, en secret, pour l’éternité, ne saurait voisiner avec une vanité mesquine. »

Johann Gottfried von Herder , Histoire et cultures

 

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Attendre, réfléchir, préparer et agir

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« Arriva l’âge d’homme des forces et des efforts de l’humanité — les Romains. Virgile les a décrits par rapports aux Grecs, laissant à ceux-ci les beaux-arts et les exercices juvéniles :
“À toi, Romain, qu’il te souvienne d’imposer aux peuples ton empire”  
et par là même aussi il a dépeint leur trait de caractère par rapport aux Nordiques, qui peut-être l’emportaient sur eux en dureté barbare, en vigueur dans l’attaque et en rude bravoure ; mais —
"À toi, d’imposer aux peuples ton empire” —
la bravoure romaine idéalisée : vertu romaine ! esprit romain ! fierté romaine ! La généreuse aptitude de l’âme à fermer les yeux  aux voluptés, à la mollesse et même aux plaisirs un peu raffinés, et à agir pour la patrie : le courage héroïque résolu à n’être jamais téméraire et ne jamais se jeter dans le danger, mais à attendre, réfléchir, préparer et agir ; sa marche inébranlable, ce fut de ne se laisser rebuter par aucune de ces choses que l’on appelle obstacles, de se montrer plus grand précisément dans le malheur, et de ne pas désespérer ; ce fut enfin le grand plan toujours suivi, de ne pas s’estimer satisfait tant que l’aigle n’aurait pas recouvert d’orbe du monde — (…). »

Johann Gottfried von Herder , Histoire et cultures

 

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Racisme banal

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Cet antiracisme Ce racisme banal dont personne ne parle...

 

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Chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies

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« Je lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère. »

Erri De Luca, Trois chevaux

 

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Des créatures destinées les unes aux autres qui n'arrivent jamais à se rencontrer

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« Il y a des créatures destinées les unes aux autres qui n'arrivent jamais à se rencontrer et qui se résignent à aimer une autre personne pour raccommoder l'absence. Elles sont sages. »

« Je t'aime par amour et par dégoût des hommes, je t'aime parce que tu es intègre même si tu es le reste d'une autre vie, je t'aime parce que le bout qui subsiste vaut la totalité et je t'aime par exclusion des autres bouts perdus. »

Erri De Luca, Trois chevaux

 

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Un long trait continu

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« Je vois la mer qui râpe les rochers, et le blanc d’ongle des vagues est la ligne qui la sépare de la terre. Je vois la ligne rouge du coucher de soleil qui sépare le jour de la nuit, je pense que le monde est l’œuvre du roi du verbe diviser et j’attends la ligne qui viendra me détacher des jours.
La vie est un long trait continu et mourir, c’est aller à la ligne sans le corps. »

Erri De Luca, Trois chevaux

 

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Substance et beauté

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« Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches. »

« Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims. Il sent les tempêtes sur le soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur. Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait. »

Erri De Luca, Trois chevaux

 

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Se savoir perdus tous les jours

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« Il y a des erreurs qui contiennent une autre vérité. »

« Je ne sais rien sur trop de choses pour en tenir compte, mais par moments mon ignorance affleure et me rend nostalgique. »

« Il est étrange de se savoir perdus tous les jours sans jamais se dire adieu. »

« Il y a des humilités qui grandissent un homme. »

Erri De Luca, Trois chevaux

 

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16/05/2015

Une contrefaçon pour vous plaire

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« Tout ce que l’on trouve de beau, de pur, de bon, chez certaines femmes, n’est jamais qu’une imitation, une contrefaçon pour vous plaire. Et celle-là que vous vous acharnez à défendre parce que, dites-vous, “elle n’est pas comme les autres”, voyez-là avec d’autres garçons : elle est pire. Elle a simplement senti — diaboliquement bien senti — ce qu’il fallait qu’elle parût pour vous plaire. Tout ce qui tend vers le paraître est féminin par essence même. Ce qui tend vers l’être est seul viril. Tout ce qui est féminin en nous est mauvais et corrompu : c’est avec nos vices que nous séduisons les femmes. »

Jean-René Huguenin, Journal

 

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Un rêve de mammifère

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« Il n'y a pas de dieux. La croyance est un rêve de mammifère. »

« Il y eu un temps, un long temps, où les hommes et les femmes ne laissaient sur la terre que des excréments, du gaz carbonique, un peu d'eau, quelques images et l'empreinte de leurs pieds. »

Pascal Quignard, Les Ombres errantes

 

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Nul ne saute par-dessus sa source

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« Nul ne saute par-dessus son ombre.
Nul ne saute par-dessus sa source.
Nul ne saute par-dessus la vulve de sa mère. »

« Je me suis dit : “Je vais aller y voir. Je vais aller voir ce que j'ignore. Mes lèvres vont trembler. Je vais souffrir. Pourquoi pas ? »

Pascal Quignard, Les Ombres errantes

 

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Lire c'est errer

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« Un morceau de la pomme originaire est resté coincé au centre de ma gorge. »

« Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c'est errer. La lecture c'est l'errance. »

« Roue du paon est le monde. »

Pascal Quignard, Les Ombres errantes

 

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Me cramponner à ce qui subsiste de moi-même

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« J’essaie de me cramponner à ce qui subsiste de moi-même pour ne pas crier et déjà je crie. Je crie je ne sais quoi, avec une force insupportable. C’est mon corps, c’est ma vie tout entière qui crient et souvent me font tomber. Alors je sens la terre, je la mords, je deviens la terre et c’est son cri que je pousse. »

Henry Bauchau, Antigone

 

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L'existence farouche

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« Enfin je ne danse plus pour personne et, de toutes mes forces, je célèbre l'existence. Rien, rien d'autre que l'existence farouche, son grand corps unanime et son immense matière mortelle. »

Henry Bauchau, Antigone

 

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Ce noir ardent, qui me nie...

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« Le temps s'écoule dans la profondeur du regard et du cœur apaisé mais le soleil continue d'avancer dans le ciel et il est temps de songer au départ. »

« Les sentiments comme les dieux sont sauvages, quand ils se civilisent, ils meurent. »

« Il ne faut pas trop questionner l'espérance. »

« Ce noir ardent, qui me nie, ne cesse pas de grandir et de me consumer. »

« Est-ce qu'il ne faut pas être rejeté pour devenir soi-même ? »

Henry Bauchau, Antigone

 

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Ils ne sont pas

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« Il se trouve que les hommes oublient qu'ils ne sont pas avant d'être. »

Pascal Quignard, Les Ombres errantes

 

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15/05/2015

Resist Capitalism

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Crétinisme paradoxal... et sans autre commentaire !

 

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"La justice sans peine de mort" par Alexandre Meloni

=--=Publié dans la Catégorie "Le Salut par les Juifs"=--=

 

 

Le judaïsme a une très haute considération du rôle que l'homme a dans la création et, surtout, du fait que les hommes sont associés à Dieu dans le maintien de la création. Un des éléments qui consolide la création divine est le principe de justice qui doit exister dans le monde et la société humaine.

Cette idée est contenue dans le verset de Deutéronome (XVI, 20) qui dit :
« La justice, la justice que tu dois poursuivre (rechercher) afin que tu vives... »

Cette répétition et insistance dans le verset existe pour nous enseigner que la recherche de la justice doit se faire dans tous les domaines de la vie que ce soit le domaine du religieux, des rapports humains ou au niveau économique, politique et social. L'idée de justice dans ce que l'homme fait, dans toutes ses actions, doit être omniprésente. Il ne peut exister la paix et la fraternité dans la société humaine sans qu'une justice sans faille, ni compromis, ne règne.

Pour cela dans la Torah existe, pour les transgressions graves, transgressions qui remettent en cause la stabilité sociale et religieuse, une peine qui est exemplaire et définitive : la peine de mort.

La Thora présentera une série précise de cas où cette peine sera requise.

La peine de mort est encourue pour :

Le viol
L'enlèvement des personnes à fin de gain
La sorcellerie
L'Avodà Zarà (le culte païen impliquant des sacrifices humain ou la prostitution sacrée)
La violation du Shabbath publiquement
Le fils rebelle (Ben Sorer Ou-Moreh)
La ville qui se convertit en entier au paganisme (‘Yrat Dakhat)
Le meurtre avec préméditation
L'adultère
L'homosexualité
La fille du prêtre prostituée
Le blasphème du nom de Dieu
L'inceste
Pour quiconque frappe ou maudit ses parents
Pour quiconque s'accouple avec une bête

Et évidemment il existe plusieurs types d'exécution en fonction de la faute :

par le feu (bûcher)
par lapidation
par pendaison
par l'épée

La question qui vient automatiquement à l'esprit est : Ces peines ont-elles été appliquées ? Et comment ?

Il y eut sûrement quelques applications de peine de mort et la Mishnà et le Talmud en parlent. Mais en fait, ces exécutions sont d'une extrême rareté car dès l'origine les rabbins vont mettre en place un système d'une grande complexité afin d'éviter d'arriver à l'exécution. En réalité ce qui va les obséder, c'est la peur de l'erreur judiciaire et la condamnation d'un innocent.

Tout d'abord, il est évident pour les rabbins que la peine de mort n'est pas une vengeance de la société vis-à-vis du condamné. Il ne s'agit pas pour les juges d'être partie prenante d'une quelconque punition qui puisse satisfaire l'égo de la société.

De fait pour les cas où la peine de mort pourrait être requise il faut 23 membres du Sanhédrin qui ne soient pas trop jeunes (car ils manqueraient d'expérience de la vie), ni trop vieux (car ils seraient trop sévères), qu'ils aient des enfants (car ils doivent avoir présent à l'esprit ce qu'est être père comme être fils), être érudits et donc avoir le titre de maîtres. Ce Sanhédrin sera, à son tour, contrôlé dans sa fonction par les autres membres du Sanhédrin afin de vérifier que les décisions soient prises en fonction de la Torah et de la justice et qu'ils ne subissent pas de pression politique, comme par exemple, celle du roi qui voudrait obtenir la mort d'un condamné.

Comme il est facile de le constater la formation et la convocation de ce tribunal n'est pas chose simple.

Maintenant, sur quelles bases se convoque ce procès ?

Uniquement sur la base de deux témoins, au minimum. Cependant, ces témoins doivent obligatoirement être des témoins oculaires directs. Ils ne pourront déposer que s'ils ont vus ce qui s'est passé et donc faire condamner. Il faut savoir que si l'accusé est condamné à mort, ce sont les témoins eux même qui, le cas échéant, exécuteront la sentence sur la base du verset du Deutéronome (XVII, 7) :

« La main des témoins sera la première (à frapper) pour le faire mourir et la main du peuple en dernier lieu. »

Cette loi, où c'est le témoin qui doit exécuter la sentence et devenir le bourreau, existe pour deux raisons : Tout d'abord il s'agit de dissuader les faux témoignages et éviter les accusations faites pour nuire, ensuite parce qu'il est nécessaire que le témoin comprenne combien témoigner n'est pas un simple acte où l'on rapporte un fait mais que ce témoignage implique d'en assumer toute les conséquences et les responsabilités. Enfin il s'agit de comprendre que témoigner amène la mort d'un homme et que de cette mort il en est aussi responsable.

Maintenant nous constatons qu'il manque une figure dans ce tribunal : c'est celle du procureur. Il n'y a pas ce que l'on appelle un avocat de l'accusation. Ce rôle est tenu par les témoins eux-mêmes. La raison en est que les rabbins connaissent le pouvoir de la parole et savent qu'un grand orateur peut persuader de condamner, même sur des bases très faibles, et ce peut porter à la pire des choses : la condamnation d'un innocent.

Il n'est pas prévu non plus d'avocat de la défense, ni de jurés d'ailleurs.
En fait, ce sont les 23 membres du tribunal qui vont assumer ce rôle de défense. En effet les témoins, après avoir été interrogés de manière approfondie séparément et que leurs témoignages concordent, exposeront les faits. Une fois ceux-ci exposés, les membres un à un et du moins prestigieux au plus prestigieux, c'est-à-dire du maître le moins « érudit » au plus « érudit » (cela afin d'éviter que ceux qui ont moins d'importance ne soient influencés par le prestige des plus grands maitres), prendront la parole soit en défense soit à charge de l'accusé.

Si le membre a pris la défense de l'accusé il ne pourra plus changer de position. Cela signifie que si, en écoutant les autres membres, il se convainc de la culpabilité il ne pourra pas reprendre la parole et accuser. Il se taira et ce jusqu'à ce qu'il émette son verdict.

Par contre si le membre du Sanhédrin commence par être accusateur mais que par la suite, il se convainc de l'innocence, il pourra exprimer son avis et le faire savoir mais ne pourra plus changer et redevenir accusateur.

Si nous y regardons de plus près ce système est fait pour que l'accusé bénéficie, a priori, de 23 défenseurs.

De plus un autre principe fondamental existe : Les aveux de l'accusé n'ont pas de valeur. En effet, les aveux de quelqu'un qui s'accuse d'un crime pouvant avoir comme conséquence la peine de mort sont considérés comme un acte de suicide et donc non recevables.

Enfin, dès que le moindre doute subsiste ou apparaît, le tribunal doit reconnaître et admettre son incapacité à trancher. Il doit se récuser et s'abstenir et renvoyer le cas à, si je puis dire, l'instance supérieure qui est Dieu lui-même. Il vaut mieux ne pas prononcer de verdict plutôt que d'assumer le risque d'une erreur, même infime, et condamner un innocent. S'il est coupable, tôt ou tard, Dieu lui infligera la peine qu'il mérite.

Ainsi la peine de mort a été abolie, De Facto, dans son application vers 30 e.v c'est-à-dire durant la période du début de la rédaction de la Mishnà et bien avant la rédaction du Talmud. En fait tout ces éléments ont été renforcés plusieurs fois et ont donné lieu à des prises de position très claires contre la peine de mort. Ainsi dans le Traité Makkot (7a) du Talmud il est écrit :

« Un Sanhédrin (un tribunal) qui prononce une condamnation à mort en sept ans est appelé sanguinaire, selon d'autres opinions, une fois tout les soixante dix ans. »

Rabbi Tarphon et Rabbi Akivà ont enseigné : « Si nous avions siégés dans un Sanhédrin, il n'y aurait jamais eu de condamnation ».

Nous voyons, ainsi, que les sages tout en respectant le texte car il n'est pas possible de l'abolir, font en sorte de se rendre inaptes à émettre la sentence de mort. Cependant le principe de justice doit rester car sans justice une société est vouée à la destruction. En fait les maitres s'adressent, avant tout, à la conscience des hommes qui doivent tout faire pour se comporter sur la base de ce qui est écrit dans les Pirké Avoth (chap. I, Mishnà 18) :

« Rabban Shim'on ben Gamliel disait : « sur trois choses repose le monde : Sur la justice, sur la vérité et sur la paix » comme il est écrit (Zac. VIII, 16) : Vérité et justice de paix vous jugerez dans vos portes ».

La peine de mort pose un véritable problème à la conscience morale pour nous, hommes du XXIe siècle.
C'est d'ailleurs un signe de maturité de nos civilisations.

Il nous faut comprendre que dans la société juive, que j'appellerai biblique, le religieux et le politique sont intimement liés. Bien sûr, les instances du pouvoir sont séparées (la royauté, le Sanhédrin avec les juges et le Temple avec les prêtres) mais le religieux est le cœur de la cité autour duquel tout se vit comme le Miskàn [le Temple portable] était au centre du campement du peuple hébreu dans le désert.

Toute transgression volontaire qui touche au fondement de la nature humaine et de la foi conduit à un rejet et même à un effondrement des valeurs sur lesquelles la société juive repose. Pour cela la peine de mort est donc invoquée. Cependant cette peine de mort ne fut, depuis toujours, que très rarement appliquée et les maîtres du Talmud l'ont pratiquement abolie, non pas en l'annulant mais en imposant un ensemble de conditions tellement difficiles et complexes pour émettre la sentence et l'appliquer, que cela devint impossible à mettre en pratique.

Il ne faut pas penser que l'abolition « De Facto » portera en soit le risque d'une déliquescence et de recrudescence des transgressions. En fait les maîtres avaient compris dès le départ, que la peine de mort n'existait pas comme peine dissuasive, en effet la peine de mort ne freine pas le transgresseur. Il s'agit donc, pour les sages de travailler à un autre niveau et c'est celui de la formation éthique et morale du peuple juif.

C'est pour cette raison que se développe dans la culture juive le « culte » de l'étude et de l'éducation.

Faire accéder chaque juif à la connaissance deviendra un élément central du judaïsme et cette éducation fera que la non-application de la peine de mort « De facto », même si « De jure » elle ne sera jamais abolie, n'aura pas d'impact sur le concept de justice et continuera à avoir l'effet voulu qui est celui de faire comprendre la gravité de la faute. Le principe de peine de mort devient alors le " mètre étalon " qui met en évidence la gravité de la faute commise et non plus une peine réelle.
Et cela est vrai pour toutes les transgressions où la peine de mort est requise.

 

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SOURCE du Texte

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R. I. P. : B. B. King (September 16, 1925 – May 14, 2015)

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Le Grand B. B. King est mort hier soir...

 

 

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14/05/2015

Céline médecin et écrivain

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Une émission du Canal Académie, consacrée à Louis-Ferdinand Céline.

podcast

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Se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !

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« Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !… Elle a le goût du faux, du bidon, de la farcie connerie, comme aucune foule n’eut jamais dans toutes les pires antiquités… Du coup, on la gave, elle en crève… Et plus nulle, plus insignifiante est l’idole choisie au départ, plus elle a de chances de triompher dans le coeur des foules… mieux la publicité s’accroche à sa nullité, pénètre, entraîne toute l’idolâtrie… Ce sont les surfaces les plus lisses qui prennent le mieux la peinture. »

Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre

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Plus c’est cul et creux, mieux ça porte

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« N’importe quel trou du cul peut devenir, bien enculé de publicité, un immense n’importe quoi, l’objet d’un culte, une suprêmissime vedette, un criminel horriblissime, une léviathane catastrophe, un film dantesque, une pâte à rasoir cosmique, un transatlantique qui fait déborder la mer, un apéritif qui fait tourner la terre, le plus grand Lépidaure des Ages, le Président du Conseil qui bouffe les casquettes vivantes. Plus c’est cul et creux, mieux ça porte. Le goût du commun est à ce prix. Le “bon sens” des foules c’est : toujours plus cons.  »

Louis-Ferdinand Céline , Bagatelles pour un massacre

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