12/06/2023
Merci Djoko ! Mes condoléances aux haineux !
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09/01/2023
Serbie : Une jeunesse qui sait encore qui elle est...
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16/08/2021
Nikola Mirkovic : Le long supplice du Kosovo serbe
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18/11/2020
Xavier Bougarel : La division Handschar - Waffen-SS de Bosnie, 1943-1945
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La division Handschar, des SS musulmans
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Un chercheur et un domaine méconnu
En Histoire, il y a toujours des domaines méconnus ou surtout des façons nouvelles d’envisager un problème qui renouvellent la recherche. Xavier Bougarel est chercheur au CNRS et s’intéresse à l’histoire des Balkans, plus particulièrement durant la seconde guerre mondiale. Il se propose ici de revenir sur le cas de la 13e division Waffen-SS, la division Handschar, engagée en Yougoslavie (un pays disparu aujourd’hui) durant la seconde guerre mondiale.
Une division si particulière ?
Qu’avait-elle de si particulier cette Division de la Waffen SS ? Elle était constituée (majoritairement) de bosniaques musulmans, avec un encadrement allemand. Leur mission était simple : lutter contre les partisans yougoslaves et les tchetniks serbes. On découvre avec ce livre les préjugés des nazis allemands, finalement pas si défavorables que cela sur les bosniaques, leurs a priori positifs (mais condescendants) sur l’islam. Les nazis ont fait appel au fameux mufti de Jérusalem, Al-husseini, pour favoriser les recrutements.
Mais il n’y a pas foule et au final ces hommes s’engagent surtout pour protéger leurs familles, avoir à manger et dormir sous un toit. L’antisémitisme est présent (et va s’intensifier grâce à la propagande) mais est loin d’être la cause déterminante de leur engagement.
Le Grand Mufti al-Husseini passant en revue la division Waffen-SS musulmane Handschar
Un enjeu historiographique
La division Handschar est devenue après-guerre un enjeu de mémoire mais c’est surtout les débuts de la guerre en ex-Yougoslavie dans les années 90 qui l’ont amené sur le devant de la scène. Il est prouvé et cet ouvrage y revient, qu’elle a participé à des massacres contre les serbes et surtout à la shoah. Pour autant, cette division n’est qu’un rouage dans la machine SS. Surtout, on découvre que dans les dernières années de la guerre, les frontières devenaient poreuses.
D’anciens SS de cette division passaient par exemple chez les partisans (voire revenaient ensuite chez les SS !) et on a même vu la division Handschar combattre les partisans de Tito en compagnie des… tchetniks. On découvre ainsi que les Balkans n’ont pas vécu le second conflit mondial de la même façon que l’Europe occidentale. Les divisions religieuses, linguistiques ont joué un rôle majeur, annonçant le drame des années 1990.
Cette monographie fait date sur ce sujet spécifique.
Sylvain Bonnet
Xavier Bougarel, La Division Handschar, Waffen SS de Bosnie 1943-1945, Passés composés, juin 2020, 437 pages, 24 €
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SOURCE : Boojum.fr
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03/11/2020
Rastislav Kambasković - Balkanski rekvijem (Balkan requiem)
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02/11/2020
Miloje Milojević - Prva svita za gudački kvartet op. 75 (First Suite for String Quartet Op. 75)
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01/11/2020
Stevan Stojanović Mokranjac - Liturgie de Saint Jean Chrysostome
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03/10/2020
Le Kosovo est serbe, l'Artsakh est arménien
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15/08/2020
Kosovo, une chrétienté en péril...
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A regarder impérativement... et à partager en masse...
UNE COPRODUCTION KTO TV/VICKEN PRODUCTION 2016 - Réalisé par Eddy Vicken et Yvon Bertorello avec le soutien de l'association Solidarité Kosovo.
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14/08/2020
L'Orthodoxie, ici et maintenant - Septembre 2015 : L'héritage chrétien du Kosovo et Métochie
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Quelques 26 minutes pour comprendre énormément de choses. La sainteté des Rois Serbes du moyen-âge qui choisissent le monachisme plutôt que la gloire terrestre, l'exemple que cela suscita au sein du peuple, les liens avec la France depuis Hélène d'Anjou, et diverses autres choses... Très belle intervention de Ljubomir Mihajlović, traducteur et essayiste serbe...
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07/03/2020
LE MONTÉNÉGRO AU BORD DE LA GUERRE CIVILE
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Le petit État du Monténégro, peuplé de 670 000 habitants et grand comme deux fois le Finistère, est devenu indépendant le 3 juin 2006. Depuis, la nationalisation de l’église orthodoxe a mis le feu aux poudres.
Le 26 décembre, une atteinte sans précédent à la démocratie se déroulait au Monténégro. Au sein même du Parlement national, le pouvoir du dirigeant Milo Djukanovic envoyait la police gazer puis arrêter plusieurs dirigeants de l’opposition. Ceux-ci débattaient depuis plusieurs heures d’une loi prévoyant de spolier tous les biens de l’Église orthodoxe serbe, la plus importante et la plus ancienne des communautés religieuses du pays.
Depuis ce jour, la population s’est emparée de son destin. Sans discontinuer, chaque jeudi et dimanche, des cortèges d’individus de tous âges parcourent des kilomètres sur les hauteurs enneigées comme dans les vallées encaissées, pour montrer leur désaccord avec les pratiques autoritaires du pouvoir.
Placées sous le signe de la défense de l’Église orthodoxe serbe et de son patrimoine, ces « molebane » (processions) dépassent le simple cadre religieux. Dimanche 23 février, ce sont plus de 200 000 Monténégrins, dont 50 000 juste devant la cathédrale serbe de la capitale, qui se sont rassemblés dans une immense démonstration ; entre un tiers et la moitié de la population du pays se déplace ainsi massivement chaque semaine pour montrer son rejet de la politique de Djukanovic. Des intellectuels serbes ont, selon la bonne vieille recette autocratique, été simplement interdits de séjour, dont le grand écrivain serbe du Monténégro Matija Beckovic.
Or, cette foule immense qui manifeste depuis trois mois sans discontinuer, n’est pas seulement motivée par la défense des biens de l’Église orthodoxe serbe. La violence dont fait usage Milo Djukanovic n’a d’égal que le calme dont font preuve les manifestants. Le 26 décembre, après des violences policières au sein même du Parlement, Djukanovic a donné l’ordre de mettre au cachot deux des trois principaux leaders de l’opposition ; or, à plusieurs reprises ces dernières années Nebojša Medojevic, chef de file de l’opposition, avait déjà été jeté en prison pour ses propos. Fin janvier, l’autocrate du Monténégro est allé jusqu’à ordonner d’arrêter la mère d’un autre leader de l’opposition (Mandic). Enfin, toute marque de soutien de la part de jeunes pèlerins serbes venus des pays voisins est arrêtée à la frontière.
Cette violence politique du pouvoir ne date pas d’hier
Depuis l’automne 2015, de violentes manifestations menées par l’opposition déstabilisent le gouvernement de Milo Djukanovic : rassemblant plusieurs partis pro-serbes, elles ont pour mots d’ordre la transparence et la dénonciation de la corruption du pouvoir. Djukanovic, tour à tour Président et Premier ministre du Monténégro, représente en effet un cas unique en Europe : il est au pouvoir depuis 39 ans. Né en 1962 à Nikšic, dans le centre du Monténégro, Milo Djukanovic offre le profil-type d’un ancien cadre communiste reconverti dans le nationalisme : à 29 ans, en 1991, il est déjà nommé Premier ministre.
D’abord soutien indéfectible de la Yougoslavie socialiste, il sent le vent tourner avec les accords de Dayton (1995) et abandonne son mentor Slobodan Miloševic pour adopter une attitude de neutralité pro-occidentale : « C’est un homme dépassé », dit de lui Djukanovic. Homme d’affaires avisé, il est rattrapé en 2000 par ses liens avec la mafia italienne des Pouilles (Sacra Corona Unita), qui œuvre dans le trafic de cigarettes, de voitures et de travailleurs immigrés entre le Monténégro, l’Albanie et les Pouilles. D’après Le Monde, « dans les conclusions déposées en 2007 par les magistrats italiens de Bari, le Premier ministre du Monténégro apparaît comme l’homme-clé de l’organisation de contrebande de cigarettes qui, entre 1994 et 2000, arrosait de nombreux pays d’Europe à partir du Monténégro (…). Il est notamment accusé d’avoir concédé à un trafiquant notoire, le Suisse Franco Della Torre, une licence d’importation de 1000 tonnes de cigarettes par mois. L’enquête a montré une forte et constante coopération entre mafia monténégrine et celle des Pouilles, la Sacra Corona Unita ».
Identités monténégrine et serbe entremêlées
De majorité traditionnellement chrétienne orthodoxe, ses habitants se sont longtemps considérés comme faisant partie de la nation serbe, tout en étant monténégrins. Par ailleurs, la population musulmane, qui représente environ 16 % de la population, est divisée entre ceux qui se considèrent comme une minorité « bochniaque » et demandent leur rattachement à la Bosnie-Herzégovine, et ceux qui se considèrent comme une minorité albanaise et demandent leur rattachement à l’Albanie voisine. L’ indépendance, acquise de justesse avec 55,5% des voix au référendum du 3 juin 2006 n’aurait pu être obtenue sans le soutien des partis politiques représentant les minorités albanaise, bochniaque, croate et turque, qui constituent à elles quatre 18% de la population. L’imam, chef des musulmans du Monténégro, avait écrit pendant la campagne une lettre à Djukanovic l’assurant du vote à 100% de la communauté musulmane (Albanais, Bochniaques et Turcs). Depuis, le pouvoir central s’appuie fortement sur le vote musulman pour obtenir une majorité à chaque échéance électorale.
La loi du 26 décembre 2019 qui a mis le feu aux poudres est une loi liberticide et typique d’un pouvoir néo-communiste. Elle prévoit que l’État monténégrin, contrairement aux principes inscrits dans la Charte européenne des droits de l’homme, prenne possession de tous les biens de l’Église orthodoxe serbe (édifice religieux, terres agricoles, monastères). Outre que l’Église orthodoxe serbe est la plus ancienne du pays (XII ° siècle), elle a le plus grand nombre d’église et de fidèles. Enfin, les Serbes et beaucoup de Monténégrins se révoltent contre cette loi de spoliation, car au même moment Djukanovic a garanti les droits de l’Église catholique et de la communauté musulmane.
Il faut bien comprendre que l’Église orthodoxe serbe est constitutive de la nation monténégrine. L’Église orthodoxe autocéphale monténégrine (CPC) a été créée de toutes pièces en 1993 par Djukanovic : cela a ouvert un conflit entre les deux Églises. À l’heure actuelle, seules 50 églises orthodoxes sur 750 que compte le Monténégro se seraient ralliées à l’Église autocéphale. En outre, elle n’est pour l’instant reconnue par aucune Église orthodoxe au monde; dans les jours suivant le vote de la loi, le patriarche de Russie (Cyrille) et celui de Constantinople (Bartholomée Ier) se sont empressés de désavouer cet acte.
Déstabilisation de la région par des puissances extérieures
Les mesures autoritaires du pouvoir monténégrin risquent de déstabiliser toute la région. Jouant sur la division entre Serbes et Monténégrins d’identité serbe d’un côté, et Monténégrins pro-pouvoir et minorités musulmanes de l’autre (Bosniaques et Albanais), Djukanovic n’a pas vu l’effet de contagion que cela allait entraîner.
Début février 2020, le Président serbe de la Bosnie-Herzégovine, Milorad Dodik, a déclaré vouloir apporter son soutien aux Serbes du Monténégro et a entamé un processus de sécession de la Bosnie-Herzégovine. Au Kosovo, la police albanaise a prêté main forte à la police monténégrine pour bloquer les cortèges de pèlerins serbes ; on risque de voir l’ingérence des acteurs régionaux dans les affaires du Monténégro.
Par ailleurs, ces remous internes ne sont que la conséquence logique du jeu qui oppose la Russie aux États-Unis. La Russie avait, dans les années suivant l’indépendance de 2006, effectué des investissements très fructueux. Des hommes d’affaires russes ont racheté tous les plus grands hôtels du littoral Adriatique : le fameux Queen of Montenegro de Becici, l’Albatros d’Ulcinj et le Fjord de Kotor. Le magnat russe Oleg Deripaska a agrandi le complexe d’aluminium KAP, énorme consommateur d’électricité : 1,4 milliard de kwh — soit l’équivalent du déficit énergétique du pays. L’économiste Nebojša Medojevi? déclarait en 2009 que « la moitié de la richesse produite au Monténégro est aux mains des Russes ». Mais cette toute-puissance a été gravement affectée par les sanctions que les autorités de Podgorica ont votées en 2014, à la suite de leur mentor états-unien ; depuis, on assiste à une fuite massive des capitaux russes.
Les États-Unis se sont engouffrés dans la brèche en accentuant en 2015 leur pression sur le gouvernement de Djukanovic pour qu’il intègre l’Otan. La Maison Blanche avait déjà, depuis de nombreuses années, obligé le pays à abandonner ses équipements militaires liés au Pacte de Varsovie, réduisant par exemple sa flotte navale à la portion congrue – un seul patrouilleur en tout et pour tout. C’est donc logiquement que, le 2 décembre 2015, l’Otan a « invité » le Monténégro à rejoindre l’Alliance atlantique. Le Pacte atlantique est perçu par le gouvernement monténégrin philo-occidental comme « la garantie la plus fiable pour les investisseurs » et le seul moyen d’assurer la sécurité.
Par Alex Troude
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08/02/2020
Entretien avec Jacques Hogard : Kosovo, histoire d’une trahison
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Eglise orthodoxe à Kosovska Mitrovica au nord du Kosovo, cœur historique et spirituel de la Serbie
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Bombardée durant 78 jours par l’OTAN, la Serbie n’est pas sortie indemne de ce qui reste, dans la mémoire collective, comme la Guerre du Kosovo. Vingt ans après, le Colonel Jacques Hogard revient sur ces évènements qui ont donné un coup à l’identité même de la civilisation européenne et qui marque, encore aujourd’hui, une région historique du vieux continent.
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Dans votre ouvrage, vous parlez beaucoup de l’amitié multiséculaire qui existe entre la Serbie et la France. Qu’en est-il véritablement et comment a-t-elle évolué au cours des siècles ?
Je me suis toujours intéressé à l’histoire de la Serbie et des Balkans en général. J’avais pour cela des raisons familiales, car j’ai un grand-oncle qui a été tué en 1917 comme jeune officier sur le Front d’Orient et dont ma grand-mère m’avait beaucoup parlé dans ma jeunesse ; mais aussi pour des raisons personnelles à parti du moment où j’étais susceptible d’y être moi-même engagé. C’est en particulier mon père, officier général en retraite, qui m’a rappelé un certain nombre de choses à la veille de mon départ pour les Balkans en tout début d’année 1999. L’histoire de la Serbie ressemble à une « chanson de geste » tant les Serbes forment un peuple de poètes, de paysans et de soldats. Ils n’ont pas oublié leur passé, contrairement à ce qu’on constate hélas trop souvent en France de nos jours. Ils s’en souviennent et veillent jalousement sur la transmission de leur histoire et de leurs traditions.
En Serbie, on commémore chaque année Hélène d’Anjou qui y est réputée être une cousine de Saint-Louis et qui a épousé le roi Stefán Uroš Ier. Elle est à l’origine, au temps du premier royaume serbe, de ce premier lien très fort entre la France et la Serbie. C’est l’époque où la France bâtit ses cathédrales et la Serbie, de splendides monastères qui couvrent encore aujourd’hui, malgré la folie destructrice des rebelles albanais, la province du Kosovo, cœur spirituel et identitaire du pays. L’histoire de cette amitié prend date à ce moment-là.
Lors de la bataille du « champ des merles » en 1389, les cloches de Notre-Dame de Paris ont sonné à toute volée pour annoncer la victoire des Serbes et de la chevalerie chrétienne au Kosovo. Mais hélas, quarante-huit heures plus tard, elles vont au contraire sonner le glas annonçant la défaite… Tout cela contribue à créer des liens très forts, affectifs, entre la Serbie et la France et qui demeurent très chers aux Serbes, encore aujourd’hui. Ce qui nous vaut, à nous Français, d’être toujours aimés en Serbie malgré les événements récents et les vicissitudes de l’époque contemporaine. Je pense notamment aux années 90, en Bosnie puis au Kosovo, où la France en suivant l’OTAN dans ses aventures guerrières, a contribué à disloquer la Yougoslavie.
Cette Yougoslavie moderne et communiste de Tito, qui est née en 1945, était de fait l’héritière du royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes qui était né à l’issue de la Première Guerre mondiale autour de la Serbie, pays qui a donné la dynastie des Karageorgévitch, laquelle est devenue la maison royale yougoslave.
L’amitié franco-serbe a bien sûr connu des parenthèses dans l’Histoire. Elle fut toutefois magnifiée pendant la Première Guerre mondiale avec l’armée d’Orient et des chefs militaires toujours honorés aujourd’hui en Serbie, comme le Maréchal Franchet d’Espèrey, le Général Sarrail, le Général Tranié ou l’Amiral Guépratte. Cette relation s’est développée au XXe siècle, des officiers serbes venant faire l’École de guerre en France, par exemple. Le Général de Gaulle avait lui-même une grande estime et admiration pour le Général Draga Mihailovitch, chef de l’armée royale de la Résistance contre les Allemands lors de la Deuxième Guerre mondiale et qui, trahi par les Alliés a été abandonné à Tito qui l’a assassiné.
Tout cela est l’histoire de notre amitié, parfois tumultueuse.
Comment expliquez-vous que dans les années 90, la France soit aussi prompte à attaquer la Serbie ?
Il faut tout distinguer deux attitudes. Celle du Président de la République, François Mitterrand, qui, est au début du conflit, s’adressant à Bernard-Henri Lévy, affirme que « moi vivant, jamais je n’attaquerai la Serbie ». François Mitterrand était en effet un homme cultivé, qui avait été bien formé politiquement dans sa jeunesse et qui restait marqué par l’exaltation de l’amitié franco-serbe. Chirac n’avait pas cette culture ni cette éducation. Il avait eu certes, un bon réflexe en Irak en refusant de se joindre aux Américains pour renverser Saddam Hussein, avec les conséquences que l’on connait, mais là, face à la situation en Yougoslavie, il a au contraire commis la lourde erreur de se joindre à la coalition américaine. À sa décharge, il faut rappeler que l’on était alors en période de cohabitation et que son Premier ministre, Lionel Jospin appartenait à ce groupe des sociaux-démocrates alors au pouvoir dans la quasi-totalité des pays d’Europe, qui unanimement voulaient la guerre et le démantèlement de la Yougoslavie.
Il semble qu’un double-jeu ait été joué par l’Allemagne ?
Non, je ne pense pas que l’Allemagne ait joué un double-jeu dans cette affaire, au contraire il me semble qu’elle a été cohérente avec elle-même. Je dirai plutôt que c’est nous les Français qui avons joué un double-jeu. Les Allemands ont toujours été pro-croates, pro-slovènes éventuellement, mais surtout anti-serbes. Ils ont joué leur propre partition dans cette entreprise de démolition de la Yougoslavie en soutenant l’indépendance autoproclamée de la Slovénie puis surtout, de la Croatie. C’est ainsi qu’il y eut cette guerre aussi atroce qu’imbécile entre la Croatie et la Yougoslavie, c’est-à-dire la Serbie, avec toutes ses conséquences dramatiques. Tel l’épisode de la République serbe de Krajina qui, a contrario de son homologue de Bosnie, n’a pas survécu à ces événements. Il y a eu des drames épouvantables, car ce sont des centaines de milliers de gens qui se sont retrouvés projetés sur les routes, sous les bombardements, provoquant de nombreuses pertes humaines, dans des conditions tragiques.
Quelle est l’attitude des Serbes vis-à-vis de la France qui a fait partie intégrante de la coalition engagée au Kosovo ?
La France s’est alors alignée derrière l’OTAN et l’Union européenne, ce qui, pour les Serbes, a été ressenti comme une trahison. Et malgré cela, les Serbes ne nous en veulent pas. Je prends l’exemple symbolique du monument à l’amitié franco-serbe élevé à Belgrade, entre les deux guerres mondiales, dans ce magnifique parc du Kalemegdan qui entoure la citadelle. Il vient, d’ailleurs, d’être refait à neuf, et ce, grâce à une souscription franco-serbe. En 1999, il avait été voilé d’un drap noir pendant les bombardements de Belgrade, tant les Serbes étaient ulcérés de la trahison française. Ils l’ont voilé, mais ne l’ont pas détruit. Puis il a été dégradé avec des inscriptions anti-françaises lors des dernières prises de position de la France à propos du Kosovo. Mais jamais détruit. En juillet dernier, c’est là qu’Emmanuel Macron lors de son voyage officiel en Serbie prononça son fameux discours en partie en serbe. C’est paradoxal, mais les Serbes ne nous en veulent pas. C’est un peu « irrationnel », c’est vrai. Dans un ménage aux fondations solides, vous pouvez avoir de graves disputes, mais l’amour prédomine toujours. C’est un peu ce qu’il se passe entre la France et la Serbie.
Pourquoi, en 1999, l’OTAN bombarde soudainement le Kosovo ? Y a-t-il un événement déclencheur à cette attaque ?
Le Kosovo est la suite logique de la Bosnie hélas. Il fallait aller jusqu’au bout de l’opération décidée à Washington et à Berlin de démanteler la Yougoslavie, et d’affaiblir davantage encore la Serbie qui en était le pilier principal. Le meilleur moyen d’y parvenir était de l’amputer de sa province du sud qui en est le cœur spirituel, culturel et identitaire : le Kosovo. Cette province a connu au XXe siècle une évolution démographique qui a fait passer la majorité serbe au rang de minorité, et la minorité albanaise de minorités à une position de plus en plus majoritaire. Les familles serbes autrefois nombreuses, voire très nombreuses, sont devenues très rares, tandis que la population albanaise à majorité musulmane et polygame s’est développée, renforcée par les mouvements de population albanaise d’Albanie vers le Kosovo, tandis que s’installait une véritable épuration ethnique des Serbes, d’abord progressive puis brutale à partir de 1999. Cette seule constatation devrait nous faire réfléchir, nous Français, car nous sommes confrontés exactement à la même menace existentielle.
Vous pensez donc que ce qu’il s’est passé au Kosovo peut prendre la même ampleur en France ?
Si l’on ne fait rien, la population d’origine étrangère et musulmane en France sera majoritaire dans les années 2050/60. Ce n’est pas moi qui le prétend, ce sont les démographes et les organismes spécialisés qui nous le disent et nous l’expliquent ! C’est au fond cela le véritable problème du Kosovo. Il a pris d’autant plus d’ampleur que la communauté internationale s’en est saisie sous l’impulsion de l’administration Clinton et de Madeleine Albright.
Les États-Unis, et leur bras armé qu’est l’OTAN décident d’en finir avec cette question à l’automne 1998. Les soi-disant négociations de Rambouillet de mars 1999 n’ont pas d’autre objet que d’amener la Serbie à claquer la porte tant les conditions qui lui sont imposées sont inacceptables. Elles échouent logiquement. Et puis, c’est la guerre et les bombardements. L’UE suit servilement, ce qui va exactement dans le sens de ce qu’a proclamé récemment Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN : « l’Union européenne et l’OTAN sont les deux faces d’une même pièce ». On voit bien que l’Union européenne ne possède aucune indépendance vis-à-vis des États-Unis, car l’OTAN en fait un jouet sont ils disposent aisément, selon leurs propres intérêts.
L’OTAN a-t-elle réussi à investir la péninsule balkanique ?
S’agissant de la continuité sans interruption de l’action de l’OTAN contre la Serbie, il faut citer également le cas actuel du Monténégro, qui est un État historiquement serbe, composé toujours aujourd’hui de 70% de Serbes. Mais en 2006, les États-Unis et l’OTAN ont réussi à le séparer de la Serbie. De ce fait, la République fédérale de Yougoslavie, qui était alors réduite à la Serbie et au Monténégro, a volé en éclats. Djukanović, le président actuel du Monténégro, est véritablement sous influence de l’OTAN et de l’Union européenne, au point de persécuter maintenant l’Église Orthodoxe serbe. En effet, sa nouvelle loi sur la « liberté religieuse », qui est analogue à celle de 1905 en France, entraîne une spoliation des biens de l’Église orthodoxe, mais entend surtout éradiquer la foi orthodoxe serbe, pilier de l’identité monténégrine et de l’unité des peuples serbes. Samo Sloga Serbina Spasava !
Pour revenir sur la question du Kosovo, comment avez-vous pu constater que cette région constituait véritablement le socle spirituel de la Serbie ?
C’est très simple : le Kosovo est recouvert d’un manteau de monastères très anciens, d’églises, de chapelles qui constituent ce que l’on peut appeler le patrimoine culturel et spirituel chrétien du peuple serbe. Au « Champ des Merles », la bataille de Kosovo Polje en 1389 a eu lieu à proximité de Pristina, au cœur de la Province. Les plus vieilles dynasties serbes, tels les Nemanjic, mêlant souverains et saints Serbes, je pense en particulier à Saint Sava, père de l’Église et de la Nation serbe, y ont vécu, régné et prié. Le Patriarcat orthodoxe serbe a son siège à Pec, en plein Kosovo.
L’action de la rébellion albanaise, l’UCK, a visé à chasser les Serbes par la terreur et l’épuration ethnique et à faire du passé table rase en détruisant les monastères, les églises, en persécutant les religieux et religieuses. En 1995, l’UCK est encore une organisation désignée comme terroriste par les États-Unis ! Ce mouvement rebelle s’oppose alors à la relativement modérée « ligue démocratique du Kosovo » albanaise, dirigée par Ibrahim Rugova qui prône la non-violence et la discussion avec Belgrade. Mais les Américains, les Allemands, l’UE préfèrent en définitive l’UCK qui va être soutenue financièrement et matériellement par eux dès 1996. Cela débouche logiquement sur l’insurrection armée.
À ce propos, je viens de voir un très bon film, Balkan Line, qui donne une idée juste et fidèle de cette époque et du comportement de l’UCK. Nous sommes sur une ligne d’affrontement très ancienne, et il faut bien sûr se garder de tout manichéisme : personne ne fait plus la guerre en dentelles ! Mais les Serbes sont chez eux, c’est leur terre, celle de leurs ancêtres, c’est leur berceau historique et une fois encore spirituel. Peuple très attaché à sa Foi, il ne pourra jamais renoncer au Kosovo et à son patrimoine orthodoxe et serbe.
Vous terminez votre ouvrage par ces mots, qui reprennent votre titre, « Une Europe, du moins une certaine Europe, est morte à Pristina ». Comment analysez-vous cette ultime sentence ?
Pourquoi ce titre, volontairement un peu provocateur ? Il m’est venu spontanément lorsque j’ai entendu ce personnage néfaste et maléfique qu’est Bernard Kouchner, dire en prenant ses fonctions de gouverneur nommé par l’OTAN et l’UE à Pristina : « L’Europe est née à Pristina » ! Cela m’a fait sursauter et m’a tellement indigné que je me suis dit que non, bien sûr : l’Europe était morte à Pristina. Lui voulait parler de l’UE, mais l’Europe est celle de la chrétienté et des nations souveraines, indépendantes et sœurs. L’Europe est toujours là, peut-être fatiguée et vieillie, mais elle existe. Quand nous allons aujourd’hui au Mont-Saint-Michel, au Barroux, ou bien à Budapest, au monastère de Decani au Kosovo, ou encore au mont Athos, à Moscou ou à Athènes, nous nous apercevons que l’Europe chrétienne n’a pas disparu. Ce n’est pas de cette Europe-là dont je parlais bien sûr quand je disais qu’elle était morte à Pristina, mais bien de l’UE. C’est véritablement le « machin » européen qui est tombé à Pristina ! Le président Macron a dit que l’OTAN était en « état de mort cérébrale ». Et bien comme il s’agit là d’une des deux faces de cette même pièce dont l’autre face est l’Union européenne, nous pouvons penser la même chose de cette dernière ! En ce qui me concerne, j’ai écrit qu’elle était morte, tout simplement par indignité tant elle a failli dans l’affaire yougoslave, et ce, de manière terrible.
La résolution 1244 des Nations Unies est-elle toujours effective ?
Elle n’a jamais été dénoncée et dans le contexte de 1999, elle stipulait qu’il fallait mettre en place une administration internationale temporaire au Kosovo pour stabiliser le conflit, désarmer l’UCK et mettre un dispositif de protection international qui n’avait pas vocation à durer. Il n’était évidemment pas question « d’indépendance ». Cela évoque donc bien une situation temporaire, c’est-à-dire qu’à un moment donné, la Serbie devait reprendre sa pleine et entière souveraineté sur le Kosovo.
Cette résolution 1244 existe, mais n’est pas appliquée et je dirais même qu’elle est bafouée par l’Union européenne, l’OTAN et la France. Le Président Poutine, lors de son voyage en Serbie en janvier 2019, a rappelé que cette Résolution était toujours en vigueur. Il s’est ainsi étonné de ne pas voir l’armée, la police et la gendarmerie serbe déployées au Kosovo, réflexion qui soit dit en passant, permet de penser que ce qui s’est produit il y a vingt ans au Kosovo ne se passerait pas aujourd’hui, avec le retour sur la scène internationale de la Russie, grande puissance restaurée, avec laquelle il faut désormais compter.
Dans le contexte actuel, le droit international semble n’être qu’une chimère, dont les États-Unis d’Amérique se fichent éperdument comme ils viennent encore de le montrer en assassinant sur le sol irakien le général iranien Qassem Suleimani !
C’est à l’ONU de redorer son blason et de se faire respecter. En commençant par faire respecter l’esprit et la lettre de ses résolutions et notamment le Résolution 1244 !
Pourquoi la Russie ne souhaite pas reconnaître le Kosovo ? Y a-t-il des intérêts stratégiques, économiques et politiques derrière ce choix ?
Il y a d’abord des raisons de principe. La Russie, comme la Chine d’ailleurs, est attachée aux principes de respect du Droit international. Mais la position de la Russie et de la Chine n’est cependant pas soumise aux mêmes enjeux.
La Russie éprouve une authentique solidarité slave et orthodoxe avec la Serbie. On peut constater aujourd’hui le retour du religieux aussi bien en Serbie qu’en Russie. Depuis 2012, l’administration serbe au pouvoir s’est posé la question de savoir de quel côté il fallait basculer : Europe de l’Ouest ou Russie ? Je pense qu’aujourd’hui, leur choix est quasiment entériné : se rapprocher régulièrement de l’Europe de l’Ouest, mais certainement pas au détriment du rapprochement frère avec la Russie, dont le prestige et le rayonnement, notamment au Moyen-Orient et en Afrique sont de retour.
La Chine refuse, elle aussi, d’approuver l’indépendance du Kosovo
La Chine entretient aussi des liens importants avec la Serbie. L’ancien président Nikolić (2012-2017) est d’ailleurs le président de l’Alliance sino-serbe, organisme qui régit les rapports culturels d’État et les rapports économiques entre la Chine et la Serbie.
La Chine s’intéresse à la Serbie, car c’est un « porte-avion » en pleine Europe, du moins en Europe balkanique. Pour la Chine, il est important de déployer son influence partout dans le monde et notamment sur le continent européen. La Serbie dont l’économie est faible, ruinée par des années de guerre et les bombardements de l’OTAN, l’intéresse donc au premier chef.
Poutine, par ailleurs, regarde avec attention cette Chine qui monte en puissance, parallèlement avec son pays la Russie, laquelle demeure un glacis protecteur naturel pour l’Europe face aux ambitions de Xi Jinping, un glacis infiniment plus protecteur que ne sauraient l’être les Américains.
Quels sont les autres pays qui souhaitent participer, d’une manière ou d’une autre, à la reconstruction de la Serbie ?
Il existe d’autres visées étrangères sur la Serbie qui a tant besoin d’investisseurs ! On peut citer les Émirats arabes unis qui investissent beaucoup en Serbie : ainsi la compagnie aérienne Air Serbia, qui a été créée sur les décombres de la YAT, est à présent détenue majoritairement par les Émirats. Il faut en être conscient, car cela souligne aussi cruellement l’absence de la France. Il y a tout de même des projets : si la modernisation et l’extension de l’aéroport de Belgrade ont été confiées à Vinci, le chantier du métro de Belgrade traîne depuis des décennies, car c’était Alstom qui était chargé des études préliminaires, mais l’entreprise a été vendue ! Il y aurait aussi beaucoup d’opportunités pour les PME françaises en Serbie. Depuis le début des années 90, la Serbie s’est vue construire délibérément par les Anglo-Saxons une mauvaise réputation, ce qui ne pousse pas les étrangers à venir s’y installer.
Il y a eu des périodes où la Serbie a connu des difficultés, mais elle est en train de réémerger et son premier objectif, aujourd’hui, est de redevenir une puissance économique normale. C’est un pays ruiné et nous en avons une part de responsabilité comme allié de l’OTAN et membre de l’UE! Le salaire moyen à Belgrade se situe entre 380 ou 400€. Même si le niveau de vie n’est pas le même, comment voulez-vous vivre décemment avec cela ? Et tous les Serbes sont condamnés, sauf les quelques oligarques bien sûr, à trouver des solutions relevant du système D pour arriver à survivre. Ce n’est pas sain.
Quelle est la situation des Serbes au Kosovo, surtout depuis les pogroms de 2004 ?
Les pogroms de 2004 ont fait fuir de nouveau une grande partie des Serbes, et les persécutions se poursuivent, ce qui amène à constater que la minorité serbe au Kosovo est chaque année encore plus minoritaire. En 1999, il devait rester 400 à 450 000 Serbes ; nous sommes aujourd’hui entre 50 000 et 80 000.
L’épuration ethnique, menée par l’UCK au pouvoir et soutenue par l’Union européenne et l’OTAN, a donc hélas réussi au Kosovo.
Mais il reste des Serbes dans quelques grosses enclaves, notamment celle du nord du Kosovo et à Grakanica, à côté de Pristina.
Le plus terrible, ce sont les petites enclaves isolées, victimes de toutes les exactions et persécutions. C’est parfois une famille, ou même un vieillard et sa femme qui se barricadent dans leur ferme le soir, avant de se faire ravager leur champ dans la nuit, voler leur dernière poule ou leur ultime chèvre et de se faire menacer de mort. La petite population serbe qui est autour de Djakovica s’est ainsi fait interdire l’accès à l’église pour la nuit de Noël. Tout cela démontre que la situation des Serbes au Kosovo est dramatique. Nous faisons semblant de ne rien voir, exceptés quelques articles qui sortent parfois dans Valeurs Actuelles ou dans le Figaro Magazine, journaux honnêtes et courageux sur cette question. Le sort des Serbes au Kosovo n’intéresse pas grand monde, en tout cas à l’Ouest.
Comment analysez-vous les récentes élections législatives qui ont eu lieu au Kosovo ?
L’UCK a été battue, mais ceux qui ont pris leur place sont des Kosovars mondialistes, certes moins virulents et moins extrémistes en apparence. Cela ne va pas changer le sort des Serbes ou des Roms qui ont été l’autre grande victime de l’affaire ni les Goranis.
La vraie question, aujourd’hui, du pseudo-état du Kosovo est celle de l’épuration ethnique qui s’y poursuit. L’objectif des Albanais, mis au pouvoir par la coalition internationale en 1999, est de vider le Kosovo des derniers Serbes. Se pose le problème des monastères, car ce sont des bâtiments très anciens et dont certains sont inscrits au patrimoine de l’humanité. Je connais un certain nombre de ces moines très courageux et déterminés, mais combien de temps cela durera-t-il à partir du moment où l’étau se resserre et que l’État kosovar veut promulguer des lois de spoliation analogues à celle du 26 décembre au Monténégro ? Les moines qui occupent ces monastères ne seraient donc plus que de simples locataires et c’est la première étape pour les chasser définitivement. Une communauté humaine est en péril et un patrimoine humain très ancien, culturel, considérable, est en danger également : l’héritage chrétien du Kosovo est en péril. Nous connaissons la méthode kosovare : détruire. Si l’on démantèle, il n’y a plus de traces et on peut réinventer le passé. C’est la vieille technique de la table rase.
Pour conclure, je voudrais faire une analogie avec la France. On voit que dans certaines régions, la présence étrangère est très importante. Allons-nous vers une situation semblable à celle qui se déroule au Kosovo ?
Il y a vingt ans, au Kosovo, des Serbes que j’ai rencontrés m’ont dit que l’on allait connaître le même problème en France. À l’époque, j’avais retenu cette phrase, mais cela m’avait simplement effleuré et ne m’avait pas paru être quelque chose d’aussi urgent, puissant et réel. Or, cela l’est, on le voit bien aujourd’hui.
Le premier problème, maintenant en France, est celui de l’immigration qui nous submerge. Contrairement à l’immigration précédente, que la France avait toujours su assimiler, cette nouvelle vague ne veut pas s’intégrer parce qu’elle est musulmane sunnite et wahhabite, elle prône un islam absolument intolérant et primaire, qui ne veut pas s’assimiler, au contraire du chiisme qui est un islam plus élaboré, plus construit et plus respectueux et civilisé. L’islam primaire des wahhabites est prosélyte, comme nous pouvons le constater, dans nos banlieues, ou l’argent des pétro-monarchies lui permet de financer son expansion et de développer son emprise sur les communautés étrangères grâce à des imams incultes prônant la charia. Or, si l’on ne fait rien, et que l’on ne prend pas en main courageusement le problème de l’immigration, de l’islamisation, mais aussi de la démographie, en instituant une politique familiale courageuse, forte, très active et déterminée, nous courrons à notre perte. Cela je dois le dire m’inquiète évidemment lorsque je pense à nos descendants, car nous sommes sur notre terre, comme les Serbes le sont sur la leur au Kosovo.
Et nous ne nous pourrons en aucun cas nous en laisser déposséder, pas plus que de notre identité façonnée par la Foi chrétienne et l’héritage des civilisations grecque et romaine.
Avez-vous des livres ou des films à recommander pour approfondir la question du Kosovo et de la Serbie ?
Il existe de très bons ouvrages : les livres de Dusan Bataković, par exemple, qui fut un universitaire très connu, grand historien, mais aussi ancien ambassadeur de Serbie en France, en Grèce et au Canada et qui était parfaitement francophone et francophile. Il a notamment écrit un petit livre sur le Kosovo : Kosovo, la spirale de la haine, que j’ai lu en partant en mission au tout début 1999 et que j’étais bien content de lire et consulter pour me permettre de comprendre.
Batakovic a également écrit un très bon livre que je recommande, sur l’amitié franco-serbe : « La Serbie et la France, une amitié atypique ».
Il y a aussi l’ouvrage, plus récent, de Nikola Mirkovic, « Le martyre du Kosovo ».
Et puis, dans un autre genre, il faut citer ce film récent « Balkan Line », que l’on trouve en DVD et qui est remarquablement fait. C’est un excellent film, sans fausse note et qui a été réalisé par une production russo-serbe. Il se situe à un moment charnière, c’est-à-dire à la veille de l’intervention de l’OTAN au Kosovo, au moment où la brigade russe de Bosnie se déploie sur l’aéroport de Pristina, prenant de court les alliés. Pour moi qui était sur place, son réalisme est frappant.
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06/04/2019
Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle
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Il y a vingt ans, le 24 mars 1999, treize États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), dont les États-Unis, la France et l’Allemagne, bombardaient la République fédérale de Yougoslavie. Cette guerre dura soixante-dix-huit jours et se nourrit de bobards médiatiques destinés à aligner l’opinion des populations occidentales sur celle des états-majors. Les Serbes commettent un « génocide », « jouent au football avec des têtes coupées, dépècent des cadavres, arrachent les fœtus des femmes enceintes tuées et les font griller », prétendit le ministre de la défense allemand, le social-démocrate Rudolf Scharping, dont les propos furent repris par les médias ; ils ont tué « de 100 000 à 500 000 personnes » (TF1, 20 avril 1999), incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » (The Daily Mirror, 7 juillet). Une à une, ces fausses informations seront taillées en pièces — mais après la fin du conflit —, notamment par l’enquête du journaliste américain Daniel Pearl (The Wall Street Journal, 31 décembre 1999). Tout comme se dégonflera l’une des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siècle : le plan Potkova (« fer à cheval »), un document censé prouver que les Serbes avaient programmé l’« épuration ethnique » du Kosovo. Sa diffusion par l’Allemagne, en avril 1999, servit de prétexte à l’intensification des bombardements. Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés (1).
Parmi eux, Le Monde, un quotidien dont les prises de position éditoriales servent alors de référence au reste de la galaxie médiatique française. Sa rédaction, dirigée par Edwy Plenel, admet avoir « fait le choix de l’intervention (2) ». En première page de l’édition du 8 avril 1999, un article de Daniel Vernet annonce : « Ce plan “Fer à cheval” qui programmait la déportation des Kosovars ». Le journaliste reprend les informations dévoilées la veille par le ministre des affaires étrangères allemand, l’écologiste Joschka Fischer. Ce « plan du gouvernement de Belgrade détaillant la politique de nettoyage ethnique appliquée au Kosovo (…) porte le nom de code de plan “Fer à cheval”, sans doute pour symboliser la prise en tenaille des populations albanaises », écrit Vernet, pour qui la chose « paraît faire peu de doutes ».
Deux jours plus tard, le quotidien récidive sur toute la largeur de sa « une » : « Comment [Slobodan] Milošević a préparé l’épuration ethnique ». « Le plan serbe “Potkova” programmait l’exode forcé des Kosovars dès octobre 1998. Il a continué d’être appliqué pendant les négociations de Rambouillet. » Le Monde évoque un « document d’origine militaire serbe » et reprend à nouveau les allégations des officiels allemands, au point de reproduire l’intégralité d’une note de synthèse — ce qu’on appellerait aujourd’hui les « éléments de langage » — distribuée aux journalistes par l’inspecteur général de l’armée allemande. Berlin entend alors justifier auprès d’une opinion plutôt pacifiste la première guerre menée par la Bundeswehr depuis 1945, de surcroît contre un pays occupé cinquante ans plus tôt par la Wehrmacht.
Or ce plan est un faux : il n’émane pas des autorités serbes, mais a été fabriqué à partir d’éléments compilés par les services secrets bulgares, puis transmis aux Allemands par ce pays, qui fait alors du zèle pour rentrer dans l’OTAN. Le pot aux roses sera révélé le 10 janvier 2000 par l’hebdomadaire Der Spiegel et confirmé douze ans plus tard par l’ancienne ministre des affaires étrangères bulgare. A posteriori, le document aurait dû inspirer d’autant plus de méfiance que « fer à cheval » se dit potkovica en serbe, et non potkova, ainsi que le remarqua dès le 15 avril 1999 le député allemand Gregor Gysi devant le Bundestag. En mars 2000, le général de brigade allemand Heinz Loquai exprime dans un livre ses « doutes sur l’existence d’un tel document » ; son enquête oblige M. Scharping à admettre qu’il ne dispose pas d’une copie du « plan » original. Au même moment, le porte-parole du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qualifie les éléments du prétendu plan de « matériel peu probant » (Hamburger Abendblatt, 24 mars 2000) ; et la procureure Carla Del Ponte n’y fera même pas référence dans l’acte d’accusation de Milošević en 1999 puis en 2001.
« La guerre, avait expliqué Plenel peu après le début des bombardements, c’est le défi le plus fou pour le journalisme. C’est là qu’il prouve ou non sa crédibilité, sa fiabilité (3). » L’investigateur n’est jamais revenu sur ce grand écart avec « l’amour des petits faits vrais » qu’il proclame dans son livre pamphlet en faveur de l’intervention de l’OTAN (4). Le Monde évoquera à nouveau le faux, mais comme s’il l’avait toujours considéré avec prudence : « “Fer à cheval” reste un document fort controversé, dont la validité n’a jamais été prouvée » (16 février 2002). Spécialistes des Balkans, les journalistes Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin qualifient pour leur part le plan Potkova d’« archétype des fake news diffusées par les armées occidentales, repris par tous les grands journaux européens (5) ».
La célébration d’un anniversaire n’aurait pas justifié à elle seule qu’on revienne sur cette affaire. Mais certaines de ses conséquences pèsent encore sur la vie internationale. Pour ce qui fut sa première guerre depuis sa naissance en 1949, l’OTAN choisit d’attaquer un État qui n’avait menacé aucun de ses membres. Elle prétexta un motif humanitaire et agit sans mandat des Nations unies. Un tel précédent servit les États-Unis en 2003 au moment de leur invasion de l’Irak, là encore aidée par une campagne de désinformation massive. Quelques années plus tard, la proclamation par le Kosovo de son indépendance, en février 2008, mettrait à mal le principe de l’intangibilité des frontières. Et la Russie se fonderait sur cette indépendance lorsque, en août 2008, elle reconnaîtrait celles de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, deux territoires qui s’étaient détachés de la Géorgie. Puis en mars 2014 quand elle annexerait la Crimée.
La guerre du Kosovo ayant été conduite par une majorité de gouvernements « de gauche », et appuyée par la plupart des partis conservateurs, nul n’avait intérêt à ce qu’on revienne sur les falsifications officielles. Et on comprend sans peine que les journalistes les plus obsédés par la question des fake news préfèrent eux aussi regarder ailleurs.
Serge Halimi & Pierre Rimbert
(1) Cf. Serge Halimi, Henri Maler, Mathias Reymond et Dominique Vidal, L’opinion, ça se travaille… Les médias, les « guerres justes » et les « justes causes », Agone, Marseille, 2014.
(2) Pierre Georges, directeur adjoint de la rédaction du Monde, entretien accordé à Marianne, Paris, 12 avril 1999.
(3) Cité dans Daniel Junqua, La Lettre, n° 32, Paris, avril 1999, et reproduit sur Acrimed.org, novembre 2000.
(4) Edwy Plenel, L’Épreuve, Stock, Paris, 1999.
(5) La Revue du crieur, n° 12, Paris, février 2019.
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Source : Le Monde Diplomatique
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24/03/2019
Serbie 1999
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01/04/2017
Le soldat serbe...
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16/10/2016
Vous, partez. Moi, je reste !
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Ce que les Médias Occidentaux ne vous diront jamais... la Vérité sur le Kosovo... Sous-titres en français...
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12/04/2015
Louons le Seigneur...
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15/10/2014
Uroš Predić : Kosovksa Devojka (La jeune fille du Kosovo)
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31/10/2013
Erdoğan : "N’oubliez pas que la Turquie, c’est le Kosovo et que le Kosovo, c’est la Turquie"
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Personne, ou presque, n'en parle. Silence gêné ou approbation retenue ? Probablement un curieux mélange des deux...
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En visite officielle au Kosovo à l’occasion de l’inauguration de l’aéroport de Pristina, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan a lâché une petite bombe en déclarant : « la Turquie, c’est le Kosovo, et le Kosovo, c’est la Turquie ». Des déclarations qui ont bien sûr fait scandale en Serbie, mais aussi auprès de certains courants politiques albanais.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan a lancé que le Kosovo était « sa deuxième patrie », devant des dizaines de milliers d’habitants de Prizen et d’autres villes du Kosovo
Dans un discours prononcé en présence des Premiers ministres d’Albanie et du Kosovo, Edi Rama et Hashim Thaçi, le chef du gouvernement turc a déclaré que les citoyens du Kosovo et de Turquie faisaient toujours partie d’un même pays. « Chers frères et amis, nous partageons la même histoire culturelle et la même civilisation. N’oubliez pas que la Turquie, c’est le Kosovo et que le Kosovo, c’est la Turquie. Nous sommes à ce point proches que l’auteur de l’hymne turque, Mehmet Akif Ersoj, est originaire du Kosovo, de la ville d’Ipek/Peć/Peja », s’est exclamé Recep Tayyip Erdoğan.
Hashim Thaçi, le Premier ministre du Kosovo, a remercié son homologue turc de la qualité de la coopération entre les deux pays et a rappelé que la Turquie était le premier pays à avoir reconnu l’indépendance du Kosovo. Le Premier ministre albanais, Edi Rama, a quant à lui déclaré que les citoyens du Kosovo et de la Turquie, Albanais et Turques, étaient des peuples frères, qui devaient travailler ensemble à construire un avenir meilleur. Le Premier ministre turc conduisait une délégation de 600 personnes, comprenant plusieurs ministres, des entrepreneurs et diverses personnalités.
Les dirigeants des trois pays se sont retrouvés à l’occasion de l’inauguration du nouveau terminal de l’aéroport international Adem Jashari de Pristina. Ce nouveau terminal devrait être en mesure d’accueillir 1,7 millions de voyageurs par an, sa construction a coûté 130 millions d’euros. L’investissement a été réalisé par un consortium franco-turc, regroupant Aéroports de Lyon et la compagnie Limak.
Hashim Thaçi a qualifié l’événement d’« historique », en soulignant que l’autoroute qui reliera bientôt la capitale du Kosovo à celle de l’Albanie serait, elle aussi, bientôt inaugurée. « Chaque fois que je reviens au Kosovo, je vois des progrès », a souligné Recep Tayyip Erdoğan.
Scandale à Belgrade et à Tirana
Du côté de Belgrade, les propos de Recep Tayyip Erdoğan ont provoqué de très vives réactions. « Je considère ces déclarations scandaleuses ; et j’attends des excuses rapides de la Turquie et de son Premier ministre. Ce comportement est inacceptable et incompatible avec de bonnes relations diplomatiques », a déclaré jeudi 24 octobre le vice-Premier ministre Aleksandar Vučić, avant d’ajouter que la Turquie savait très bien que le Kosovo n’était plus turc « depuis les Guerres balkaniques ».
Le Premier ministre Ivica Dačić parle d’une « provocation directement dirigée contre la Serbie », non sans évoquer le contexte tendu au Kosovo, à l’approche des élections locales du 3 novembre prochain.
À Tirana, les nationalistes de l’Alliance rouge et noire (AKZ) se sont également indignés des propos de Recep Tayyip Erdoğan.
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SOURCE : LE COURRIER DES BALKANS
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Bonus 1 : La turquie de retour dans les Balkans
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Bonus 2 :
- Criminels Terroristes Albanais 01.PDF
- Criminels Terroristes Albanais 02.PDF
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02/08/2013
Jacques Bainville : "La Revanche de Kossovo"
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« La revanche de Kossovo
Soulevant un instant les lourds soucis de l'heure présente, la méditation doit s'arrêter sur ces champs de bataille de l'Orient où les armes prennent leur revanche de désastres séculaires. Honte aux esprits obtus et aux imaginations pauvres qui nient que "les vivants soient de plus en plus gouvernés par les morts" ! Honte aux intelligences mesquines pour qui est invisible la chaîne qui relie les générations d'un même peuple ! En pénétrant dans Uskub reconquise, le dernier soldat de l'armée serbe savait qu'il entrait dans la ville qui, voilà six cents ans, était la capitale de ses aïeux. En battant les Turcs au Champ-des-Merles (Kossovo, en langue slave), le plus humble des fantassins de Serbie savait qu'il prenait la revanche d'une bataille perdue par les siens cinq cent vingt-trois ans plus tôt.
C'est ainsi que l'Histoire et le passé règlent la vie du monde moderne.
Seulement, si la nation serbe s'est réveillée après des siècles d'oppression et de sommeil, si elle s'est mise tout entière au service de l'idée de revanche, si le nationalisme est devenu sa règle de vie, il ne faudrait pas se figurer tout de suite que ces choses-là se sont faites toutes seules et par création spontanée. Comme à tous les grands mouvements de même nature qu'enregistrent les annales de l'espèce humaine, il a fallu d'abord les gardiens de la flamme, et puis des excitateurs qui furent des philosophes, des savants, des intellectuels, avant que le constructeur politique, puis le soldat, apportassent les conditions du succès définitif.
Aux nations qui prennent leur revanche, il faut d'abord des esprits nobles et désintéressés, mainteneurs de la tradition, qui ne laissent pas succomber l'idée. Il faut ensuite que des poètes, des écrivains capables de susciter cette élite enthousiaste qui arrache les peuples à leur torpeur, recueillent l'idée conservée dans les sanctuaires et lui rendent la vigueur de la nouveauté et de la jeunesse. Ni l'un ni l'autre de ces deux éléments n'a fait défaut à la Serbie.
Si brave soit-elle, la race serbe eût peut-être oublié qu'elle avait un jour été libre, glorieuse et prospère, et que l'Empire de son tsar Douchan avait été comparé à l'Empire de Charlemagne. Vaincue par le Turc, elle risquait d'être à jamais absorbée par le vainqueur. Sa noblesse n'avait-elle pas donné en grand nombre le signal du ralliement et de l'apostasie en se convertissant à l'Islam pour garder ses biens ? Mais le prêtre, affranchi des intérêts matériels, veillait. Il fut, durant des siècles, le dépositaire du patriotisme et de la foi.
Comme l'a très bien dit un historien enthousiaste, M. Jaffre du Ponteray : "Au temps où les vieux rois serbes couvraient le pays de monastères, ils ne se doutaient guère qu'ils élevaient des refuges aux débris de leur nation et qu'en assurant à leur dépouille mortelle un abri contre le vandalisme des siècles, ils assuraient aussi la survivance de leur race. A côté de la lampe qui devait brûler nuit et jour au-dessus de leurs tombeaux, l'Eglise serbe a pieusement entretenu le foyer d'où a jailli l'étincelle patriotique : sous son toit, la vie nationale, à l'abri de la tourmente, a pu se sauvegarder proscrite, mais intacte. C'est elle qui, malgré la servitude et l'ignorance obligatoire, a preservé la patrie serbe de la mort politique et morale."
Alimentée à cette source, la poésie populaire des gouslars empêcha que le souvenir de la patrie pérît au coeur de ce pauvre peuple de paysans et de porchers. Souvent, même, elle le poussa à la révolte contre l'oppresseur. Et voilà qu'un jour, l'idée nationale passe des monastères à l'Université, des bandes rustiques aux philologues et aux historiens. Le patriotisme serbe s'instruit, s'illumine, acquiert une puissance de propagande et de propulsion invincible en devenant principe de pensée et d evie pour les classes éclairées.
Déjà l'érudition, la philologie et l'archéologie avaient été, en Allemagne, à l'origine de la guerre d'indépendance contre Napoléon et devaient conduire un jour la monarchie prussienne à fonder, sur ses victoires, l'unité allemande. Les nationalismes slaves connurent les mêmes débuts et observèrent la même méthode. Leur réveil, selon le mot si juste de Pypine, l'historien de la littérature slave, fut d'abord une "découverte archéologique".
Oui, le slavisme n'était, pour commencer, que des doctrines, des livres, une idée. L'idée allemande n'était pas autre chose avec Fichte. Elle se réalisa, elle devint un fait à Waterloo d'abord, à Sadowa et à Sedan, ensuite. Le sort reservé à l'idée serbe ne devait pas être différent. L'Allemand Bruckner, étudiant le mouvement intellectuel d'où est sorti le nationalisme slave, écrivait avec raison, voilà déjà bien longtemps : "La science qui a servi de pont aux Russes avec les Serbes et les Slovènes, devient un moyen d'accomplir des destinées politiques et nationales."
Ces destinées, conçues par des savants, des philosophes et des poètes, des rois les accomplissent en ce moment sous nos yeux, au son du canon et à la tête de leurs armées. N'oublions pas et sachons comprendre la leçon du Champ-des-Merles. »
Jacques Bainville, L'Action française, 31 octobre 1912
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18/05/2013
"Le Kosovo" par Pierre Péan et Sébastien Fontenelle
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« Le nouveau livre de Pierre Péan, paru cette semaine chez Fayard, est un pavé noir de cinq cents pages. Sur la couverture nous dévisage un homme masqué par une cagoule frappée de l’emblème de l’UÇK. Au-dessus, un sous-titre rouge : "Une guerre 'juste' pour un État mafieux". Et surplombant le tout, en grosses lettres blanches: Kosovo.
Le nouveau Péan est plus qu’un pavé : un monument de lucidité. Un temple du courage intellectuel et physique. Une brique d’amertume. Il s’ouvre et s’achève par le récit d’un épisode parmi les plus horribles de la guerre civile yougoslave: l’extraction, à vif, du cœur d’un jeune homme serbe par un jeune médecin albanais, tremblant de terreur, qui finira par se rendre et se confesser des années plus tard, hanté par son crime et traqué comme témoin gênant par ses ex-patrons, trafiquants de chair humaine. Lesquels patrons, Péan l’affirme à la suite de Dick Marty, sont des personnages de premier plan de l’État mort-né du Kosovo, issu de l’union passionnée de l’OTAN et d’une mafia sans merci.
Le voici dans toute sa hideuse vérité, belles âmes humanitaires, le fruit de vos songes creux. Si le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions, nous interroge Péan, à quoi mène cette autoroute d’illusions, de manigances politiques et d’aveuglement délibéré ? Son livre est une encyclopédie de la manipulation. En l'ouvrant, c’est une malle de souvenirs cauchemardesques que je déverrouille dans ma tête. Guerres fratricides attisées de l’étranger; montages photo à charge, grossiers et bâclés comme le sont les mensonges les plus efficaces; rumeurs de "camps de la mort" et de "viols de masse" jetées après usage, mais qu’il était interdit de questionner sur le moment; dizaines de courriers inutiles à des rédactions de presse qui s’étaient promues agents RP des "gentils", bosniaques ou albanais; 78 jours de bombes sur la Serbie à cause de son refus de ramper; les ministres occidentaux se jetant dans les bras des caïds balkaniques… D’écœurement devant tant de bêtise, j’avais opté pour le camp des "méchants" Serbes. Passer pour un vilain aux yeux des imbéciles est une volupté de fin gourmet, aurait dit Courteline. Mais c’est faux. Cela flatte votre orgueil un instant, puis cela vous fait désespérer: soit de votre propre santé mentale, soit de celle des humains qui vous entourent.
Le pavé de Péan, fortement documenté, est moins une consolation qu’un soulagement : non, ce n’était pas mon esprit qui déraillait. L’affaire qui a marqué mes années d’apprentissage et formé ma vision du monde était bel et bien un "Tchernobyl de l’information" qui a irradié les consciences en Occident, étouffé le sens commun et fait de l’esprit des masses un disque dur vierge, sans mémoire ni structure logique, prêt à avaler n’importe quel bobard diffusé d’ "en haut". Si, désormais, les nouvelles du monde à l’intention du grand public ressemblent à des contes à dormir debout, c’est dans l’ex-Yougo que ce théâtre de Guignol fut testé et mis au point. »
"Le Kosovo" par Pierre Péan et Sébastien Fontenelle
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21/03/2013
Dans les pas du Christ...
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09/10/2011
Saint Jean l'Apôtre, 1355, Serbie
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Saint Jean l'Apôtre, fresque, 1355
Patriarcat de Peć, Métochie, Serbie du Sud, officiellement actuel KOSOVO.
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14/09/2011
Le Complot Serbe est Partout !
=--=Publié dans la Catégorie "Serbie... Ô ma Serbie..."=--=
Trouvé via Slobodan Despot cet article réjouissant...
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En deux mots : 1. Préambule : voici quelque temps, le CERN a dépensé 10 millions de francs pour une étude de l'incidence des rayonnements solaires sur le climat terrestre, en particulier sur le réchauffement climatique, sans aboutir à aucune conclusion probante (info de Peter Leathwood).
2. Une équipe de physiciens serbes, dirigée par le professeur Dragić, avec un budget serbe, c.à.d. quasi-nul, démontre que les rayonnements solaires, indépendants de toute activité humaine, jouent un rôle prépondérant dans le phénomène du réchauffement climatique. Potentiellement, c'est tout le système du mandarinat climatique, avec toute sa suite: taxe CO2, colloques alarmistes, manuels scolaires culpabilisants, sinécures prodigieuses, qui risque de s'effondrer. L'étude est publiée dans une revue faisant autorité, "peer-reviewed". Mais la presse anglo-saxonne ne manque pas de relever le point saillant : "Ce sont tout de même des Serbes" !
3. Quelques jours après la parution de cette étude aussi succincte que retentissante, Djoković remporte l'US Open.
Etonnez-vous après ça que la Serbie continue d'être mal famée !
P.S. : Merci à Peter Leathwood pour la source !
Source: "Astrophysics and Space Sciences Transactions" : Forbush decreases – clouds relation in the neutron monitor era.PDF
Commentaire intéressant par Nigel Calder : Sur le lien Ici
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