Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/12/2006

Aurore - VI

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

Le désordre est tel que parallèlement à la montée en puissance de l’« Artiste Augure », l’artiste décorateur ou amuseur est promu comme un Artiste à part entière alors qu’il n’a rien à faire avec le troubadour ou l’artisan d’antan. De part et d’autre, il s’agit d’être enivré soit de niaiseries soit de cul-cul-culture castrée et castratrice à son tour. La bourgeoisie dominante doit semer la confusion. C’est, pour elle, très rassurant.

De la sorte, l’ambition et le dessein d’un créateur, aujourd’hui, sont proportionnels avec l’amoindrissement fonctionnel et pragmatique de sa sphère d’effort, de mouvement et d’entreprise véritables.

L’Artiste véritable sait bien que son mode d’expression, une fois utilisé, est aussitôt dépassé, désuet et inactuel. Ce qui lui importe en premier lieu c’est de trouver les débordements nécessaires et la profusion d’Être qui pourraient contribuer à construire la Vie. Et avancer, en fonction des circonstances, en créant des situations de désarrois et de fêtes.

Dans chaque émergence révolutionnaire artistique et/ou philosophique se trouve un combat, une opposition, un antagonisme entre les démarches visant à promouvoir une fonction nouvelle de la Vie et une évasion, débandade réactionnaire, hors de la Réalité, mais sans pour autant parvenir, par cette fuite, à toucher au Réel de l’Être. Ainsi du Romantisme. Ainsi du Surréalisme. Ainsi du nouveau Roman. Ainsi de l’existentialisme. Toutes ces manifestations ne permettent qu’une seule chose : elles nous autorisent, si nous savons regarder, à voir et distinguer très nettement l’absence d’un horizon solaire, hors l’Enfer que, par ailleurs, les artistes se plaisent à explorer de fonds en combles en s’en réjouissant même. Un Rimbaud passa par là et disparut aussitôt, étranger à tout ce cirque. Saint mille fois.

Car il nous faut sortir de l’Enfer.

On nous implore, oblige ou brusque de nous incorporer dans une conception de l’Art Spectacularisé qui ne nous correspond nullement. Le seul plan de cette affaire étant de nous précipiter dans un tourbillon aveuglant en agitant les maracas de la réussite sous nos yeux aveuglés, nous abrutir à ce point, que croyant que par l’ensemble de dispositions que nous prendrions pour dire les choses, les faits, le manque, nous serions sur la voie du Logos, du Sens. Nous soumettant, nous ne faisons que perpétrer l’esclandre de notre abomination propre, dont se complaisent les Za-Zartistes, car hors de cette abomination il n’y a point de salut pour leurs créations néfastes. Il leur faut préserver à tout prix les conditions de notre misère morale, intellectuelle et sociale. Comprenez-les. Cela leur donne la possibilité de geindre, de se révolter, de promouvoir leurs merdeuses actions caritatives. Et tout est en place et tourne comme une machine bien huilée.

Curieusement, en même temps que cette mise en scène est déployée pour que tout le monde puisse y trouver bonne conscience, il apparaît clairement que l’explosion des formes de l’Art, en peintures, photographies, vidéos, écriture est concomitante à une crise générale qui refuse cette Réalité étouffante qui nous soumet mais que nous consolidons. Nous ne parvenons pas, par contre, à toucher au Réel de l’Être dont nous pleurons le manque. Nous ignorons le Réel de la Révolte croyant la connaître. Normal : « Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. » Et : « Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où l'unité de cette vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l'image autonomisé, où le mensonger s'est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant. » Comment se révolter en de telles conditions ? Il faut aller loin. Regarder les choses en profondeur. Guy Debord, dés ses deux premiers postulats ouvrant La Société du Spectacle en 1967 l’avait bien compris. La Révolte désormais devrait aller à l’essentiel.

Re-convoquons Rimbaud et Lautréamont sans hésiter un seul instant.

« Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant. » Se répéter cela plusieurs fois par jour.

________________________________________________________________

Bande son du moment : "Déjà Voodoo" par Gov't Mule

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Les spectateurs ne trouvent pas ce qu'ils désirent, ils désirent ce qu'ils trouvent. » Guy Debord (Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusque ici portés sur le film "La société du spectacle")

Humeur du moment : Mort de Fatigue

02:15 Publié dans Écriture en Acte | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : 35-Ecriture en Acte : Aurore - VI | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

" Le pays est rempli d'idoles; Ils se prosternent devant l'ouvrage de leurs mains, devant ce que leurs doigts ont fabriqué." (cf. Esaie, II, 8)

Écrit par : Isabelle des Charbinières | 19/12/2006

ramassis de conneries reactionnaires

Écrit par : gaston | 21/12/2006

Gaston, mon bon Gaston... à quoi reconnaît-on un "Gaston" ? ça ose tout...
_____________________________________
Chère Isabelle...

Comme le disait Saint Luc : "Nul n'est prophète dans son pays."

et Osée au Chapitre 4 :

"6-Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, Je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; Puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, J'oublierai aussi tes enfants.

7-Plus ils se sont multipliés, plus ils ont péché contre moi : Je changerai leur gloire en ignominie.

8-Ils se repaissent des péchés de mon peuple, Ils sont avides de ses iniquités.

9-Il en sera du sacrificateur comme du peuple ; Je le châtierai selon ses voies, Je lui rendrai selon ses oeuvres.

10-Ils mangeront sans se rassasier, Ils se prostitueront sans multiplier, Parce qu'ils ont abandonné l'Éternel et ses commandements.

11-La prostitution, le vin et le moût, font perdre le sens.

12-Mon peuple consulte son bois, Et c'est son bâton qui lui parle ; Car l'esprit de prostitution égare, Et ils se prostituent loin de leur Dieu."

Bien à Vous...

@)>-->--->---

Écrit par : Nebo | 21/12/2006

Les commentaires sont fermés.