03/07/2007
Dieu... ce Scientifique
Très curieusement, cet intérêt pour la science quantique, alors que je n’entrave pas grand chose aux simples Mathématiques, me plonge dans une sorte de confiance assez religieuse. Comme si ce vieil adage Hindou : « Rien ne se perd, tout se transforme. » prenait enfin une dimension rationnelle. Je ne sais plus qui a affirmé qu’un peu de Science éloignait de Dieu et que beaucoup de Science y ramenait, mais cela prend une telle évidence.
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Commentaires
Dieu. La sagesse de Dieu. Science et vie.
Écrit par : nina de zio peppino | 03/07/2007
Je crois que c'est Rivarol qui disait ça - et sur la philosophie, pas sur la science (vive google).
Permettez de ressusciter ce petit billet, mais je m'y retrouve entièrement. La physique quantique, et la physique en général, dans ses dernières avancées, est un espèce d'énorme chantier - dont tout semble indiquer que quelque chose de Grand en sera l'aboutissement. C'est LE projet le plus important de l'humanité en ce siècle selon moi, peut-être même ce qui va enfin régénérer nos esprits médiocres, et les tourner vers la contemplation des vérités éternelles.
Écrit par : Spendius | 31/05/2008
"Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène." Louis Pasteur
Écrit par : Nebo | 31/05/2008
Autant pour moi. Vous auriez pu la fermer aussi, histoire de me laisser poliment dans ma connerie.
Mais je persiste: c'est inspiré de Rivarol :-D
Écrit par : Spendius | 31/05/2008
A mon humble connaissance c'est de Pascal (qui a quelques raisons de le dire.... mais je n'irai pas regarder dans la table des sujets parce que franchement...)
Mais de quels neutrinos est donc composé cette citation, et quelles sont les incroyables propriétés de ses quarcks?
Écrit par : Restif | 01/06/2008
Yahoo me dit que c'est Saint Augustin...lol, on va sortir tous les noms de la pensée occidentale ou quoi?
Écrit par : Spendius | 01/06/2008
Pour la paternité de la citation : Bacon, avec (presque) certitude :-) (
Écrit par : Albertine | 01/06/2008
Oups, ma parenthèse a été sucrée : je m'y excusais du smiley en disant que je ne savais faire d'aussi belles roses que vous Nebo.
Bonne soirée.
Écrit par : Albertine | 01/06/2008
Bacon, Pasteur, Pascal, Saint Augustin.
Vous savez, en science, on essaie en général de réduire le nombre de possibilités, et pas d'en ajouter :-D
Écrit par : Spendius | 01/06/2008
Arg, j'ai retrouvé le passage de Bacon auquel je pensais (par un biais bizarre et qui vous intéresse sans doute peu, mais bon) et, en réalité, ce n'est pas exactement cela (puisqu'il est alors question de philosophie - même si l'emploi du terme de préférence à celui de "science" se discute sans doute alors):
"C'est une vérité certaine et un enseignement de l'expérience, qu'une connaissance minime ou superficielle de la philosophie peut faire pencher l'esprit de l'homme vers l'athéisme, tandis qu'une connaissance plus approfondie le ramène à la religion"
F. BACON, Du Progrès et de la promotion des savoirs
J'ai ainsi parlé trop vite, car je crois que l'autre citation (qui doit pourtant être "dérivée" de celle-ci) existe aussi, mais je n'en sais pas l'auteur. Pardon.
Écrit par : Albertine | 01/06/2008
http://www.linternaute.com/citation/3519/un-peu-de-science-eloigne-de-dieu-beaucoup-de-science-louis-pasteur/
PASTEUR
Écrit par : Henri | 01/06/2008
Quel esprit médiocre ce Bacon.
Écrit par : Spendius | 01/06/2008
Henri, internet n'est pas une preuve, il ne l'a jamais été. Dans une page au nom de Pasteur ou aparait cette même phrase, elle est attribuée à Pascal 4 lignes plus loin. Et ça ne veut rien dire... Pas plus que les pages de Google que vous aurez si vous tapez "Pascal et le début de la citation". Néant, zéro, nada La seule preuve - frôlée, mais ce n'est pas encore çà, par Albertine (qui a offert une belle occasion de flinguer F.Bacon au seul type que j'ai jamais vu traiter fort simplement Dostoievsky de "pire écrivain qui ait jamais existé" : spendius, le grand déboulonneur : c'est extrêmement sain) la seule preuve disais-je -serait la source exacte, avec édition consultable et citation usant quasiment des mêmes mots.
Bon pendant qu' y est :
La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement.
(Pensées 082 de l"édition Brunschwig).
Et c'est dommage : comme par piqures d'égo, de cursiosité, on oublie la question sous entendue- la physique quantique nous donne-t-elle plus de raisons "scientifiques" de penser qu'il existe une forme-sens nommée Dieu?
Écrit par : Restif | 02/06/2008
Bonjour,
Vous avez raison Restif, sur cela que les sources internet seules ne constituent aucune preuve que ce soit et sur cela que ce n'était bien évidemment pas la question soulevée par le billet.
Pour ce qui est de la question, j'avoue n'avoir pas voulu me lancer dans des questions si compliquées au moment et au lieu où j'écrivais.
Pour ce qui est de la citation de F. Bacon, il est vrai que j'ai omis d'y adjoindre la référence entière. Même si ce n'est pas exactement la citation que vous recherchiez, j'ajoute donc celle-ci maintenant : il s'agit donc d'un extrait "Du Progrès et de la promotion des savoirs", dans la traduction Le Dooeuff, Gallimard, 1991, p. 11.
Pour ce qui est de la citation dont il est plus particulièrement question ici, comme je l'ai dit, j'ignore qui en est l'auteur, pourtant il me semble à peu près évident qu'elle ne peut être de Pascal pour des raisons "intrinsèques" à sa pensée (à commencer parce que, pour lui et pour le dire vite - je suppose que vous ne l'ignorez pas -, tout en n'étant pas à strictement parler contradictoire avec la raison (comme discursivité) - loin s'en faut ! - la foi ne naît pas de cette dernière...)
Bonne journée messieurs
Écrit par : Albertine | 02/06/2008
Oh mais Albertine, vousd citiez déjà la sourcve en donnant le nom du texte. Pour le reste; l'habitude d'annoter m'a fait en rajouter. En vérité lorsque j'ai écrit que vous "frôliez" j'avais lu trop vite : c'est bien la même idée, c'est tout à fait dans l'esprit de Bacon(F) et effectivement, guère dans celui de Pascal sauf que celui-ci est moins catégorique qu'on ne le pense. Et surtout est bien moins systématique qu'un philosophe comme Kant. Question de mots aussi/ La difficulté des penseurs qui ne forgent par leur jargon : ça les rend finalement beaciup plus dur à intepréter. Ceci dit, je pense que vous avez raison et pour moi, je mettrais donrénavant Bacon en vant sur ce coup. (Et merci pour d'avoir si bien précisé la source. Ca peut toujours être utile).
Ps C'est très vrais :l est difficile de traiter de Dieu et de la physique quantique sur un simple com. Je ne vous le reprochais certes pas (de quel droit?). C'est plus un regret général auquel je n'échappe pas. Le sujet m'intéresse... Mais combien de gens comprennent vraiment la quantique. Si peu en réalité...)
Écrit par : Restif | 02/06/2008
PS2 Et moi moins que personne hein!
Écrit par : Restif | 02/06/2008
Je vous conseillerais plutôt de vous informer sur Ettore Majorana. En voilà un vrai scientifique, considéré par certains comme un des plus grands génies que la terre ait jamais connu, à l'égal de Galilée ou Newton.
Il est surtout connu comme étant un personnage misanthrope et antisocial, qui a disparu mystérieusement. On sait toujours pas aujourd'hui ce qui l'est arrivé, mais un type a fait une hypothèse assez géniale, se basant sur ces trois derniers messages à son supérieur à l'Université de Naples:
Le premier (une lettre) disait qu'il voulait se suicider. Puis le suivant (un télégramme) disant qu'il y avait renoncé.
Le troisième message, une lettre, disait...qu'il espérait que les deux messages précédant soient arrivés en même temps.
Le type qui s'est penché sur la disparition de Majorana a donc fait cette hypothèse: Que Majorana voulait imiter le chat de Schrödinger. Le fameux paradoxe quantique de la superposition d'états: être et ne pas être. Majorana était fasciné par cela (et lisait beaucoup les pièces de Pirandello qui tournaient aussi autour ce ce sujet).
Un esprit singulier noyé dans l'océan des fétiches, de Bacon à Dostoïevski - et donc, qu'on oublie.
Écrit par : Spendius | 02/06/2008
Effectivement, je ne connais pas Majorana -ou plutôt, n'en avait jamais ouï parler jusqu'à ce que vous le citiez dans la Cité des Carottes hallucinées (vous voyez qu'il y en a des "chosettes" à retenir en vous lisant UDS (Ulysse Donald ¨Spendius, ça enfonce JFK non ? vous mettez ça dans l'ordre où vous voulez évidemment). L'hypothèse "Schrödinger" est géniale, on dirait une nouvelle de Lovecraft
Bon, je vais commencer par une ponction webienne sur le génie. Mais après il n’est pas mauvais de tenter d’aller un peu plus profond en se dégottant quelque puissantes informations sur Majorana. Vous connaissez le chaos et l’harmonie de Xuan Thuan Trinh Spendius ? Et son premier opus La mélodie secrète? Vulgarisation certes, mais intelligente. ET puis...je n’ai pas d’autre choix. Je vais aussi finir "Le quarks et le jaguars" de Murray Gell-Mann. Si vous avez un ou deux bons liens (et livres) je ferai bénir votre nom par 12 générations de bloyens dostoïevskiens.
Zêtes gonflé compadre Spendy. En littérature, s’il est un génie, prodigieux visionnaire politique –et même théologico-politique- qui avait analysé l’être même du totalitarisme (et des idéologies qui tissent sa substance) quand celui-ci ne s’était fait connaître qu’à travers les dérives de la Révolution française (si ce sont bien des dérives et non le déroulement logique d’une essence) c’est bien Dostoïevski. J’ai lu 6 fois Les démons (que j’espère pouvoir un jour traverser en Russe, mais ce sera dure) et c’est à chaque fois plus intense, un dévoilement plus intime opère l’intelligence du lecteur de ses obscurités, révèle la nécessité de ce rythme trop souvent taxé d’effrenné sans qu’il y ait derrière cette étiquette de comptoir une réflexion. Dans cette prose, cette impression de vitesse hyperbolique frisant le dérapage et la chute dans l'abysse, c’est un style, un style indispensable à la vérité de ce qui s’énonce ; c'est le vêtement indispensable à la représentation de cette vérité.
Et à propos de style, on colporte que celui de Dostoïevski ne serait pas terrible. Pour ma Russe d’épouse, (qui détient quelques peaux d’ânes universitaires françaises et russes, mais ça ne veut rien dire, je ne le mentionne que pour jouer sur nos automatismes de réceptiont en ces matières…) et bien c’est absolument faux. Le mot dont se sert l’écrivain est toujours parfaitement choisi. Et ma tendre n’est pas du genre à falsifier l’objectivité d’un "jugement" par excès de subjectivité. Au contraire de son hérétique de mari, elle n’effleure pas l’idolâtrie de la littérature ( à 17 ans je n’effleurais pas, je heurtais de toute mon âme).
Ah, pour en revenir à Pascal et la raison : celle-ci bien sûr ne saurait en aucun cas être le fondement de la foi :
"Qui blâmera les chrétiens de ne pouvoir rendre compte de leur créance, eux qui professent une religion dont ils ne peuvent rendre raison ? "
Mais plus loin on trouve sous la plume de notre génie un dialogue qui redonne au mot "passionnant " cette puissance dont un trop constant usage l’avait dépossédés. –C’est le libertin qui parle et reconnaît que, dans l’hypothèse du fameux pari, la "raison" (justement) est du côté de l’écrivain – qui vient tout juste de finir d’exprimer sur quoi il fonde sa logique. Voici comment Pascal clôt l’exposé du pari :
"Cela est démonstratif et, si les hommes sont capables de quelque vérité, celle là l’est "
Ce à quoi le libertin répond : "Je le confesse, je l’avoue mais encore n’y -a-il pas moyen de voir le dessous du jeu ? – Oui, l’Ecriture et le reste, etc. –Oui, mais j’ai les mains liées et la bouche muette, on me force à parier et je ne suis pas en liberté, on ne me relâche pas, et je suis fait d’une telle sorte que je ne puis croire. Que voulez-vous donc que je fasse ? – Il est vrai, mais apprenez au moins que votre impuissance à croire vient de vos passions, puisque la raison vous y porte et que néanmoins vous ne le pouvez. "
(Fragment 397, édition Michel le Guern, Folio classique, p.251.)
Ainsi, s’il est indiscutable que seule la foi peut ouvrir à Dieu, la raison à néanmoins son rôle à jouer, et il n’est pas petit ! Car elle permet d'ouvrir un passage à la grâce.
Pour amener le libertin (sens du 17ème bien évidemment), Pascal n’hésite pas à "parler selon les lumières naturelles " -je tenais à reprendre ses prores mots, par lesquels il ouvre cette deuxième grande et dernière partie de son raisonnement.
Et merci de m’avoir poussé à approfondir ce que je croyais à peu près connaître. Je sais désormais que j’en suis très loin. Et ni dans mes intentions pas plus que dans ma créance il n’est question dans ce mini-débat de rien d'autre que du seul plaisir de toucher (un peu…) à la connaissance. Je n’ai pas de certitude, nous sommes dans le dialogue, le seul enjeu est notre mutuel enrichissement, l’intérêt éventuel qu’un passant prendra. Pas de "victoire" ou autre bêtise du même tonneau. CE serait VRAIMNENT stupide. C’est là ma seule certitude; (je laisse ma foi au vestiaire dans les débats –sauf ceux qui posent expressément la question personnelle de mes convictions).
Écrit par : Restif | 02/06/2008
J'aime aussi Sherlock Holmes comme héros, mais ça en fait trop. :-D
Écrit par : Spendius | 02/06/2008
J'ai parlé de Majorana chez le lapin? J'aurais pas du. J'essaie de faire tourner la tête du lapin en défendant tout et rien à la fois.
(Mais La Voix m'attire fortement. Ou alors c'est juste son pseudo...)
Majorana ou d'autres types comme Feynman (dont Gell-Mann était un ami ) sont mes petites lumières à moi. Si je les "montre" trop, on risque de croire que ce sont mes fétiches. Car c'est ça qui m'énerve: la tendance qu'on à à idéaliser les esprits qui nous inspirent, à tel point qu'on en fait des demi-dieux. C'est la même chose pour Dostoïevski: Je n'ai rien contre lui (et je ne peux rien avoir, car je ne le connais pas trop), ce que je suis contre, c'est le "Dostoïevski-dieu" si vous voulez, à savoir, la mise en statue de Dostoïevski. Ces mecs, qui chient comme nous chions, qui bouffent comme nous bouffons, et qui si ils se baladent à poil en hiver, se gèlent les couilles comme nous sont devenus des êtres auxquels on voue un culte. C'est un retour à un espèce de paganisme.
J'irais plus loin (toujours provoquer, toujours) en disant que selon moi, c'est une espèce de transformation de la manière même de faire de la littérature qui est responsable de ce paganisme - qui se retrouve même chez Barbey d'Aurevilly (qui a préfacé des livres de l'occultiste Péladan, c'est dire...). L'artiste comme législateur de la société. Voilà la nouveauté.
Nos temps modernes sont contrôlées par les "hommes de lettres", les écrivains ou même les journalistes, les médias. Et dans les temps de Baudelaire ou Bloy, c'était la même chose. Et Baudelaire ou Barbey d'Aurevilly sont aussi des législateurs, en ce sens qu'ils accordent à l'Art un rôle beaucoup plus grand qu'il ne devrait avoir. Et que par le passé (malgré ce que laissent entendre ces mêmes Baudelaire et Barbey), il n'avait pas.
Or, l'Art, est toujours le produit d'une certaine forme de paganisme. C'est un puits de symboles. Que ce soit une symbolique décrépie comme maintenant, ou une symbolique plus vive comme la littérature que vous admirez, cela reste une symbolique, à savoir un ensemble de symboles (il faut l'entendre dans son sens mystique), qui ramènent à une vision mythologique et initiatique de la vie. L'Art est le trône d'Orphée.
(Bon, la phrase est conne, mais c'est une bonne chute je trouve, non?)
Sur la foi et la raison: Vous présentez cela (et il n'y a pas que vous, c'est un des grands défauts des catholiques selon moi) d'une manière qui laisse à entendre que la raison est l'ennemie de la foi. Et qu'ils ne "travaillent ensemble" que par ce qu'ils y sont forcés en quelque sorte, même si ils se répugnent l'un l'autre. Je ne trouve pas cela très juste.
Je ne suis personnellement pas catholique, mais je ne mets pas la raison au dessus de tout, je mets la Vérité au dessus de tout. La raison est une méthode pour grimper vers cette montagne. Dans ma vision du catholicisme, dès que la raison n'en peut plus, elle laisse sa place à la foi pour continuer l'escalade.
Mais il n'y a pas d'opposition.
Pour les livres à recommander, c'est surtout mon frère (qui étudie à l'université pour devenir physicien théoricien, travaillant dans les domaines de la fameuse "Théorie du tout") qui en a toute une bibliothèque. Je vous recommanderais de livre Feynman, le grand Prix Nobel de physique. Si vous voulez vous amuser, achetez son livre d'anecdotes...quel esprit pétillant! Je ne me lasserais jamais de cette petite vidéo ou il joue du bongo avec un de ces amis:
http://www.youtube.com/watch?v=HKTSaezB4p8
Voyez-en d'autres, il y a quelques interviews intéressantes. Notemment celle-ci:
http://www.youtube.com/watch?v=0XgmrMZ0h54&feature=related
C'est grâce à lui que je suis tombé amoureux de la Science.
Écrit par : Spendius | 02/06/2008
(Et oui, je connais Trinh Xuan Thuan, mais non, je ne l'ai pas lu. Je cherche surtout le livre de Lee Smolin et un autre livre de João Magueijo - mon frère a les deux bien sûr, mais il est au Portugal...)
Écrit par : Spendius | 02/06/2008
Merci pour les liens , je vais aller voir ça. et le bouquin est noté.
Bon, Spendius, je préviens tout de suite, ça ne va pas vous amuser : je suis d'accord avec vous sur à peu près tout. Et quand je dis "à peu près"… Alors je vais faire court – Oui, il y une paganisation de la littérature initiée part le romantisme (phénomène très bien analysé par P. Bénichoux in « Le sacre de l’écrivain et « Les mages romantiques ») et par le préromantisme allié à la Révolution. Rousseau a été canonisé par les jacobins. Voltaire aussi pour sa lutte contre l’Eglise. Mais quand même bcp moins. Et puis le pathos, c’est Rousseau. Celui qu’un Robespierre tente d’imiter dans ses discours –comme Napoléon dans ses essais littéraires- c’est encore, c’est toujours Rousseau. Ce n’est pas pour rien qu’Hölderlin lui a dédié un hymne : c’est le premier prophète.
Pour Malherbe, un grand poète est « aussi utile à l’état qu’un bon joueur de quilles ». Donc, c’est parfaitement exact –le 17ème si vanté, le « Grand siècle », n’avait pas pour la littérature l’adoration hallucinée dans laquelle on est tombée et qui explique selon mon humble moi l’état de merde où on barbote. J’ai retracé ça dans une fiche qui traîne quelque part – comment à partir principalement d’Hugo et de son groupe (Lamartine Vigny Musset Sainte Beuve pour faire vite, avec Chateaubriand en vieil oncle bougonnant à l’arrière-plan) les littérateurs décident que Dieu étant très palot, il est grand temps d’inventer une religion : ce sera la littérature, leur littérature. Avec une figure de premier plan ! Byron, Goethe Pouchkine entraînant l’internationalisation de la figure majeure du Génie romantique habité par les dieux, dieu lui même, le poète « lyre du peuple » (Hugo)-. Avec à son côté, se confondant souvent en lui, le héros, souffrant suprême, du Christ pour l’Art : le poète. A côté, Rousseau c’est Saint Jean Baptiste, un précurseur. Mais l’épopée napoléonienne avait ramené l’art en général à une place plus humble. Et puis jamais même au plus grand temps de sa splendeur, que ce soit de son vivant ou posthume chez les révolutionnaires, Rousseau n’a été adoré comme le sera le Hernani de Hugo (je veux dire :l’essence de l’adoration change –on est plus prophète mais le dieu lui même) avant d’en arriver aux sinistres prosternations d’hommes apparemment normaux devant un sonnet de Rimbaud ou quelques énigmatiques vers mallarméen (perso j’ai connu tout ça. A 12 ans Rimbaud pour moi c’était Prométhée. Depuis j’ai réfléchi au mal que l’adoration à fait à la littérature. Réflexion qui va en s’accélérant –je n’ose dire en s’approfondissant. ) Attention –il existe des vers de Mallarmé que j’aime. Mais je ne sue pas de terreur à l’idée d’avouer que le célébrissime poème « Un coup de dé jamais n’abolira le hasard » est incompréhensible et qu’à part quelques beautés formelles çi et là, c’est un ratage.
Puis avec Flaubert (que j’aime, mais là n’est pas la question) s’invente l’image du type qui lit 1500 livres avant d’écrire son premier mot et qui met 6 ans minimum a achever son monument. Là où Balzac écrivait un chef d’œuvre en un mois et demi. Hélas, on fait aussi de Balzac un mythe –le Titan au café, l’inventeur d’un monde etc. La réalité s’efface devant une mythologisation des hommes et des œuvres. Contrairement à ce que vous pensez, le dernier Baudelaire, celui des « Petits poèmes en prose » voit le danger. Quand il écrit « Perte d’auréole », il essaye de se débarrasser de l’idée du poète habité par le génie. Là le poète est au bordel et a paumé ce qui équivaut à la lyre d’Orphée. Mais après le moment de flottement du symbolisme qui rate son coup et ne réussit pas à faire de l’art seul –sans les auteurs – un culte pur, et bien il y aura au 20ème la grande reculade du surréalisme. Là où Baudelaire avait voulut la concentration, l’abandon du mythe de l’inspiration instantanée pour le travail, les surréalistes en reviennent à l’enthousiasme, au « ré-enchantement de la vie » etc. Il n’y a qu’à voir l’épitaphe de Breton « Je cherche l’or du temps ». Ca manque un peu de simplicité et ça déconne pas vraiment. On est très, très loin de Rabelais ou de Cyrano (le vrai)
J’ai du aller bcp trop vite, n’ayant guère de temps. Et je ne vais pas coller ici une fiche de 3-5 pages ! (incomplète en plus). Mais le schéma est clair –la divinisation de l’artiste, allant de pair avec le retrait de Dieu a fini par avoir la peau de l’art (et je ne parle pas que de la littérature : peinture, sculpture, musique contemporaine etc A mesure que Dieu se retire du monde, l’art se vide, se chosifie, devient balbutiant, aphasique, ne cesse de s’enrouler sui lui-même dans une constante auto dénonciation devenu jeu stérile). Il aurait fallu parler aussi du sacre de l’ « intellectuel » avec l’affaire Dreyfus, époque où le mot s’invente pour de bon. Puis étudier ce mouvement de création de l’artiste incompris ; maudit , persécuté par une société bourgeoise insensible au vrai beau , seule valeur réelle (Balzac lui, met le savant parmi ses héros, c’est le seul. Zola voudra lui piquer ça mais rate son coup et entraîne l’inverse du résultat escompté –le savant devient un damné ; un « savant fou »). Il faudrait voir comment les rires qui accueillirent les impressionnistes et l’exemple de Van Gogh ne vendant qu’une seule toile et se suicidant secrète une mythologisation de l’artiste maudit qui englobe la littérature –cf Verlaine et ses « Poètes maudits » qui lance l’expression. De Baudelaire qui se trouvait malchanceux –le fameux « Guignon- on fait une légende, une parabole. L’individu est oublié au profit du symbole totalement réinventé. L’artiste devient la figure de l’anti-bourgeois, il est à la fois dandy, aristo et anarchiste. Il finit par devenir l’incarnation à lui tout seul de toute la révolte comme de toute la beauté, comme il est le Visage même de la connaissance. Un peu lourd à porter pour un simple mortel. Plus personne ne peut être à la hauteur. En même temps, l’écrivain devient la figure de référence et aujourd’hui chaque politique à son nègre et la littérature chute et s’abolit. De la lignée poète/ romancier romantique, puis romancier« réaliste » (une étiquette totalement fausse réfuté par Flaubert ou Balzac) puis symbolo hors norme et sans nom générique– Villiers Huysmans, Bloy, Mirbeau, le formidable Darien - on abouti au magistère de Sartre avant d’en arriver à Duras (je déteste, pour moi il y a absence total de style, d’histoires, de personnages, mas là n’est pas la question) et les noms qu’on connaît aujourd’hui et qu’il est inutile de redonner. Après les derniers hussards, dans le désert contemporain, quelques noms totems pour jouer à j’aime/ j’aime pas tout en renforçant à chaque scansion du nom la sacralisation de l’écrivain : Proust en représentant (c’est mon idée) de la fin du classicisme 17ème Racine-Saint Simon et Céline, Shakespeare de la langue avec Joyce au dessus ou au dessous (là encore : qui ose dire que malgré des pages flamboyantes et folles, des poésies suprêmes, le dernier bouquin de Joyce « Finnegan’s wake » est quand même une sorte de ratage quasiment illisible pour la très large majorité des gens qui ne sont quand même pas que des cons).
Je me tais. Je pourrai dire que les individus que vous nommez ne sont pas responsables de ce qu’on fait leurs admirateurs, leurs suiveurs et les inventeurs d’histoires littéraires. Ce n’est pas une question de responsabilité individuelle. Ce sont les hommes qui ont fait ces dieux dérisoires, à l’inverse du vrai.
A propos de Dieu, sur ce dernier point, j’ai du m’exprimer comme une bille. Je ne pense pas du tout, moi, que la foi et la raison s’opposent. C’est plutôt ce qu’on me balance dans les gencives à chaque fois que j’essaye de les rapprocher. Je suis pour d’Aquin contre saint Augustin alors… Plutôt Aristote que Platon vous voyez. A part ça, je me méfie énormément des systèmes en tant qu’ « entités » de papier appliqués à la chair vive des êtres humains. Mais comme disait Kipling : tout ça est une autre histoire…
(« On va faire vite » qu’il disait !)
"
Écrit par : Restif | 03/06/2008
Arf, vous êtes pas drôle.
Mais je suis flatté que vous approuviez les idées que j'avais vaguement formulé pendant mes errances.
Et vous me donnez d'autres pistes de réflexions :-)
Écrit par : Spendius | 03/06/2008
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