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04/10/2007

Épître à la Jeunesse

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=




J’ai découvert le peintre controversé Georges Mathieu il y a une quinzaine d’années. Son Dandysme, augmenté d’un Royalisme convaincu, tranchant et argumenté, couplé à une volonté de secouer les habitudes conformistes et bourgeoises m’ont tout de suite séduit. J’ai d’abord fait l’acquisition d’un livre présentant quelques unes de ses toiles abstraites, puis je me suis penché sur ce que pensait l’homme en lisant « L’Abstraction Prophétique ». Ensuite j’ai découvert ses folies, ses incartades, ses fredaines. Par exemple, fut un temps où le personnage se faisait découper des cubes de viande crue par son boucher qu’il portait en pleine rue sur une feuille d’aluminium et qu’il mangeait au nez et aux yeux de tous. Vêtu d’une cape noire avec doublure rouge, le visage paré d’une authentique moustache aussi ridicule que celle de Nietzsche, le regard vif sous un œil scrutateur, l’allure vive et altière couronnée par un sens certain de l’humour, le personnage avait du génie et du panache. Et puis j’aime les moustachus ridicules. Cela me fait songer à Philippe Sollers brocardant, dans son journal de l’année 1998, « L’année du Tigre », le livre de quelques philosophards crétins intitulé « Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens » à partir d’une interview de Comte-Sponville, l’un des auteurs ridicules de cette feuille à merde politiquement correcte et sans le moindre intérêt philosophique par la formule suivante : « M. André Comte-Sponville, philosophe actuel, explique dans Le Point “pourquoi il n’est pas nietzschéen”. “C’est essentiellement pour trois raisons”, dit-il : “l’irrationalisme de Nietzsche, son immoralisme, son esthétisme”.
Nietzsche avait une grosse moustache ridicule, M. Comte-Sponville a une petite moustache correcte. C’est comme ça. »


Pour en revenir à Mathieu, son insolence est un bonheur, et venant de la part d’un Royaliste optant carrément pour une Monarchie Absolue, cela a de quoi surprendre en même temps que de déranger. Son dégoût du conformisme, sa revendication pour une liberté parée de grandeur fut, et est toujours, un réel plaisir. De plus, un certain art abstrait parvenant à me toucher (Picasso, Staël, Pollock, Kandinsky) la découverte de ses toiles ne m’a pas laissé indifférent. Suivant au plus près les découvertes scientifiques, en particulier dans le domaine de la physique quantique (il adresse un mémoire à Einstein avec, en guise d’invitation, le désir de réconcilier la physique quantique à la relativité générale et de les unir pas moins à l’Art, d’en tirer une théorie vivante) le personnage sort du lot, brise les préjugés et même élu membre de l’Académie des Beaux-Arts parvient à nous présenter les académiciens comme des rebelles, puisqu’ils conservent et perpétuent ce qui dans le monde moderne part en déréliction.





Un peu oublié de nos jours, Georges Mathieu, encore vivant, vieux, malade et fatigué, fut néanmoins un homme important dans le monde de la peinture et de la pensée. Il aura marqué les années 40, 50, 60 et 70 avec son mouvement de l’« Abstraction Lyrique », mais aussi en cherchant par tous les moyens à participer à la Vie de tous les jours : par des séances d’happenings qui lui faisaient improviser ses toiles, sur très grand format, devant un public, sur fond de musique Jazz extatique, le tout avec une vitesse surprenante, rentrant littéralement dans un état Shamanique, possédé, second, à grands coups de taches, en pressant les tubes de peintures, secouant des pinceaux énormes, déclarant qu’avec lui le signe précédait le sens (ce qui était une véritable révolution psychédélique), et qu’il fallait tout en reprenant racine dans une authentique Tradition parvenir à tout rénover, tout réinterpréter, tout redéfinir ; également en formulant une critique radicale de l’éducation nationale dépourvue de formation aux arts sensée élever notre sensibilité et participant à la création de la fameuse pièce de 10 francs, dans les années 70, qui demeura jusqu’à l’arrivée de l’€uro, ou au logo d’Antenne 2 (devenue France 2) ; ou encore, en créant, en architecte éclairé, les bâtiments et jardins de l’Usine des transformateurs B.C. à Fontenay-le-Comte, en Vendée sur 16 000 kilomètres carrés, avec la volonté de créer un lieu de travail où l’ouvrier serait en mesure de se sentir un peu plus chez lui. Créateur de médailles, créateur d’affiches publicitaires, peintre, polémiste redoutable, André Malraux a dit de Georges Mathieu qu’il était le premier calligraphe européen. Il n’a eu de cesse de dénoncer les effets ravageurs de la bureaucratie institutionnelle incapable de prendre les bonnes décisions, les hauts fonctionnaires ne le lui ont pas pardonné.





Dès le début des années 1960, Georges Mathieu part dans une croisade en faveur d’une éducation qui ne mettrait plus l’accent sur la Raison Cartésienne, les aspects économiques et l’utilitarisme bourgeois au détriment de la sensibilité et du progrès de l’homme et qui ouvrirait l’accès du plus grand nombre aux joies les plus simples et les plus exaltantes de la Vie. Il aime à citer Galbraith, résumant sa conception de l’Artiste au sein du monde selon ces termes : « L’artiste est maintenant appelé, pour réduire le risque du naufrage social, à quitter sa tour d’ivoire pour la tour de contrôle de la société ». Vision très Nietzschéenne.





En fait, la peinture, tout comme la pensée de Mathieu, est l’aboutissement d’une longue Tradition passée sous le prisme du 20ème Siècle, et donc, de ce fait, sa prolongation déconcertante. Irritant, agaçant, Mathieu par son œuvre a défié les conceptions étroites de tout un chacun concernant la peinture, mais par extension la Vie en général : la morale, l’éthique, l’esthétique, la vie sociale, l’héritage de la révolution, l’héritage de la Scolastique (comme Maurice G. Dantec, Georges Mathieu aime Jean Duns Scott). Car le but, pour ce peintre, n’était pas de se débarrasser de la Tradition par ce qu’elle propose de limité et d’asphyxiant, mais de lui ouvrir une voie pour une renaissance à la hauteur des espoirs les plus fous.

Je vous livre un de ses textes prémonitoire.

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Épître à la Jeunesse

Ce texte, publié pour la première fois en 1964 dans la troisième livraison de la revue TWENTY — numéro de mai —, sous le titre : « Réveillez-vous ! », fut maintes fois repris par Georges Mathieu, à l’occasion de ses conférences et de ses interventions télévisées. En particulier il termina l’émission du « Journal inattendu » du 6 Janvier 1968 par cet appel à la révolte de la jeunesse. Après mai 1968, de nombreuses publications régulières ou clandestines reprirent ce texte, tant en France qu’à l’étranger.

“La Révolte, la Vitesse, le Risque : trois mots clés. Trois mots au cœur des Twentys.
Barrès, Valéry, Gide, Malraux ont été les derniers à répondre aux questions laissées en suspens depuis l’abandon des dieux. Aujourd’hui, personne.
Après une littérature du désespoir, de l’absurde, de l’ennui, où ni Sartre, ni Camus, ni Sagan n’ont dialogué vraiment avec vous, ni d’ailleurs avec ceux auxquels ils eussent aimé s’adresser, les maîtres à penser n’ont plus cours. L’affectivité et l’intuition envahissent les terrains de la raison raisonnante, les cadres de la psychologies éclatent, l’enfance se découvre, les adolescents réapprennent les passions, les normes sociales périmées sont en train de sauter.
Hier, James Dean ; aujourd’hui, les Beatles. Pourquoi ? Parce qu’avant d’incarner une fureur de vivre, ils incarnent une fureur. Fureur contre cette société bourgeoise qui croule sous ses conformismes, ses mesquineries, son égoïsme. Depuis trois siècles la France est la plus bourgeoise de toutes les nations. L’abject Descartes lui a fourni ses bases philosophiques et morales. L’abject Guizot lui a fourni ses slogans. Vous payez tous aujourd’hui cet héritage. Après le peuple, vous venez de prendre conscience que le bourgeois a mis des verrous. Que partout il étale son mépris du travail manuel, son mépris de la création, son mépris des valeurs féminines, son mépris du véritable sens de la vie. Que partout il révèle deux obsessions, celle du profit et celle de la sécurité.
Il accapare et il verrouille. Dans la crainte de voir les biens lui échapper, il ferme du « même geste les coffres, les cœurs, les maisons », il installe des clôtures, des interdits, des barrières : barrières du diplôme, limite d’âge, propriété « privée ».


La Révolte, la Vitesse, le Risque, ces trois mots sont aussi au cœur de l’Abstraction Lyrique d’aujourd’hui. N’est-ce pas la même révolte contre les règles établies, le même goût du risque sous toutes ses formes, la même passion pour la vitesse et l’intensité violente, le même mépris pour l’absence d’originalité et de grandeur, le même élan spontané, confiant, généreux ?
Oui, car une peinture, aujourd’hui, qu’est-ce ?
C’est l’expression la plus directe d’une insatisfaction et d’une volonté. La peinture c’est un vouloir, ce n’est plus un faire. La toile est fouettée, bousculée, sabrée ; la couleur gicle, fuse, transperce, virevolte, monte, s’écrase. L’artisanat, le fini, le léché des idéaux grecs, tout cela est mort. La tension, la densité, l’inconnu, le mystère règnent et gagnent sur tous les tableaux. Pour la première fois dans l’histoire, la peinture a pu devenir spectacle et l’on peut assister à sa création comme l’on assiste à une jam-session. Le tableau se joue comme un solo de batterie d’Art Taylor ou de trompette de Roland Kirk : la mobilisation de toutes les forces psychiques en une fête suprême, la volonté de s’oublier pour être, l’instauration d’un état second, d’une extase, d’un délire. Cet art se situe aux antipodes des traditions classiques. Il a coupé tous les ponts avec la renaissance. Il crée : il ne recopie pas. Il a quitté le silence et la solitude de l’atelier pour descendre dans la rue, il renoue un dialogue direct et spontané avec l’âme populaire. La peinture est devenue action. Alors qu’un Picasso avoue encore toute sa frayeur à peindre dans l’arène, le peintre demain se présentera en public devant sa toile blanche comme Dominguin devant le taureau.
« Cette fureur, ce désespoir, cette colère, ce défi, cette tension, cette fougue, cette gratuité » qui l’animent et le soulèvent, ne sont-ce pas votre fureur, votre colère ?


À l’éclatement et à l’effondrement de toutes les valeurs traditionnelles, à cet Hiroshima des déterminismes, à cette faillite de structures rassurantes, un raz de marée social s’impose, balayant toutes les cloisons pour retrouver la véritable communauté, celle du don de soi, du détachement, du vertige.
Après les valeurs aristocratiques défuntes, après l’embourgeoisement progressif des masses, il n’y a plus que les jeunes et les artistes pour incarner une idéologie de combat dans une société de consommation qui a étouffé toutes ses colères dans le confort douillet de sa médiocrité. Dans cet avenir où ceux qui ne savent plus se mépriser ne cherchent plus que des oreillers dorés pour traverser le plus silencieusement possible leur nuit hypocrite, braquons tous les projecteurs sur cette sécurité et cette abjection où règne l’argent, tombeau des rêves et des passions, où les vocations ne montrent plus qu’à l’échelle de la réussite, où le conformisme des modes engouffre ce qui reste de singularité vivante, et opposons à la société présente un refus total. L’art, dans sa fonction prémonitoire, annonce de merveilleux cataclysmes en projetant dans l’inconnu et la terreur les petits maîtres chanteurs du bien-être. La plus grande mutation intellectuelle, spirituelle et sociale de tous les temps se prépare. Elle est en marche.”

L’Abstraction Prophétique (Gallimard/Idées – 1984)

Georges Mathieu



Complainte silencieuse des enfants de Bogota face aux commandos de la mort


La victoire de Derain - 1963


Dana - 1958







23:25 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : Georges Mathieu, Royalisme, Révolte, Peinture | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Je le connaissais de nom .... mais sans plus.
Merci donc pour cette (re) découverte de cette oeuvre et de cet artiste intéressants.

Écrit par : laura | 05/10/2007

très sympa; par contre, la comparaison avec dantec fait sourire; touché par la grâce, dantec a réussi à écrire babylon babies; depuis, il croit qu'il est écrivain, c'est dire...

Écrit par : gmc | 05/10/2007

Aucunement d'accord avec vous Gmc. Moi, chez Dantec, ce que j'aime surtout c'est son Journal, les 3 tomes du "Théâtre des Opérations".

Bien à Vous...

@)>-->--->---

Écrit par : Nebo | 05/10/2007

"d'accord ou pas d'accord, c'est sans importance" (beckett)
pour le reste, le vent souffle et la poussière vole, rien d'autre.

Écrit par : gmc | 05/10/2007

Monarchiste en plus?! On respirera mieux en France quand de votre espèce il n'y aura plus.

Écrit par : Reglis | 05/10/2007

"en créant, en architecte éclairé, les bâtiments et jardins de l’Usine des transformateurs B.C. à Fontenay-le-Comte, en Vendée sur 16 000 kilomètres carrés, avec la volonté de créer un lieu de travail où l’ouvrier serait en mesure de se sentir un peu plus chez lui"

Cette usine est classée au patrimoine national.

Tenez quelques photos :

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/memoire/0569/ivr52_98850604xa_p.jpg

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/memoire/0569/ivr52_98850607xa_p.jpg

La maquette de Mathieu :

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/memoire/0568/ivr52_97850246x_p.jpg

Merci de parler de cet immense artiste.

Écrit par : henri | 06/10/2007

Le problème de Babylon Babies, c'est que c'est entièrement pompé sur Count zero de William Gibson. Mais totalement : thème, scénar et le personnage principal. Si nos critiques lisaient, Dantec aurait dû se faire allumer sévère sur ce coup. (On peut lui pardonnez de gratouiller le style de K.Dick dans les hallus, mais se mettre dans la poche une intrigue entière + les deux protagonistes principeraux, particulièrement l'héroïne, + le trip Loa-vaudou branché sur l'informatique, c'est beaucoup et ça fait foutriquet).

Ps Et pour la plus graçieuse révérence que j'ai onc connue, un silence plein de bouquets : [ ] ^-^

Écrit par : Restif | 06/10/2007

Vous voyez,Nebo,même sur un sujet consacré à Georges Mathieu,vos commentateurs partent sur Maurice Dantec. Que je trouve bon écrivain, cela étant dit. Enfin, je n'ai lu que le premier tome de son théatre des OP.

Écrit par : Henri | 07/10/2007

« Mais Georges Matthieu, un peu par mimétisme envers Dali, luttait lui aussi contre le modernisme moutonnier de l’idéologie et de la culture de ces années là, en préconisant le retour…au moyen-âge. Il était allé jusqu’à placer l’une de ses expositions sous la devise « les Capétiens partout ». Mot d’ordre d’avenir s’il en fut... Il avait fait peindre sur son réfrigirateur les armes du Pape et, à l’indignation d’Andre Breton et des derniers surréalistes, Georges se faisait conduire à Notre-Dame dans l’une de ses trois rolls-royce. Nous avions fait connaissance à la suite d’une lettre qu’il m’avait écrite au sujet d’un article où j’avais parlé de l’abstraction lyrique : il avait calligraphié sa missive au pinceau et à l’encre de Chine sur une immense feuille de papier bouffant ornée des armes et de sa devise en ancien français « Moult de part », qu’il avait ensuite pliée,puis scellée, au dos d’un large cachet de cire. Mathieu ne tolérait point d’autre support pour sa correspondance, toujours porté par messager »
(Mémoires de J.F Revel)
C’est bon là coco, on est dans le sujet ? L’inquisition préposée au bon suivi des commentaires n’a rien à dire ?’

Ps Ce qui m’ennuie avec Dantec, c’est que les gens acceptent n’ importe quelle vilenie, s’accomodent de toutes les bassesses. Quand on pense qu’une simple imputation d’avoir plagié Goldoni faillit démolir Diderot… Aujourd’hui, un type pille de la manière la plus flagrante un bouquin entier et on lui garde le même respect. Ben pas moi, il est déshonoré, point. A part ça, histoire de polémiquer un peu, je trouve quand même qu’il y a des bouquins un peu plus important à lire que son Journal. Je sais pas, l’Homme sans qualité, Joseph et des frères de Mann, le Journal des Goncourt ou celui de Léautaud. Franchement,c’est pas un superbe prosateur Lunettes Sombres.. En plus moderne, pendant que j’y pense, j’en profite vite, vite pour parler d’un bouquin étonnant, "Moscou sur Vodka" , de Venedict Erofeievef (paru en samidzats ; titre original : Moscou Pétouchki, correspond bien mieux puisque l'opus conte le trajet en métro de Moscou à la station Pétouchki.). Grandiose.

Écrit par : Restif | 07/10/2007

@Restif

D'accord avec vous pour le style Dantec. Il y a des pages de son TDO qui ressemblent à des comm. de blogs milieu de gamme, dont on sent qu'il les a écrit en étant... fatigué.

Seulement voilà, qui d'autre?

Écrit par : XP | 08/10/2007

XP@ : Heuuuu, Nabe ? ( «Comment renforcer la misanthropie d’XP et (accessoirement) se manger un low kick sémantique dans les parties » Conseil n° 1) gniak, gniark., gniark !!!.

Bon sériously, n’avez pas tort XP, n’avez pas tort… Pourtant on a, sur le net même, une plume bien supérieure à Dantec, « His highness » Saint-Martin lui-même, aujourd’hui rebaptisé Stagnation (blog : Les Enfants de la zone grise ». Seulement ce sale keupon athée « national suicide style » est encore plus désespéré qu’un congrès de lecteurs de Cioran… n’offre que d'l’a vitamines nihiliste à s'envoyer dans la carcasse. Ce n’est pas à dédaigner, mais pour faire bouger Mr Moyen (locution© Saint-Martin), vaut certes mieux du Dantec. Et quand je dis Mr Moyen, ne croyez pas que je m’abstraie du lot. Qui n’est pas Mr Moyen à ses heures ? Vous aussi pourriez scriber sur le sujet XP, vous savez être percutant. Pardon ? C’est déjà ce que vous faites ? Euh,oui, estupido soy… Mais un essai, un pamphlet, why not ? (Ca babélise sec ce com’.)
Ce qui me gène chez Dantec c’est – outre le plagiat que, désolé, je ne digérerai JAMAIS, déshonneur absolu, complet, définitif - « et si par un malheur j’en avais fait autant/ Je m’irais, de regret, pendre tout à l’instant – oui,outre ce pillage faquin, ce qui m’allume le courroux, ce sont les cris de joie qu’il a poussés quand les avions ont lâché leurs bombes sur la Serbie (voir l’époque, déjà lointaine, des « Racines du mal »). Et même, un poil plus réçent, moins pro-Boum mais peu réfléchi - on dégotte ça in : T.1, p.394, Journal «métaphysique »… - oh, simplicité, Kafka se contentait de « Journal » - Théâtre des opérations, -: « « En ces mois d’été 1992, alors que la guerre éclatait dans toute son horreur en Bosnie,je fus en permanence partagé par le désir (…) de m’engager dans les forces bosniaques."
Limonov lui, s'est VRAIMENT engagé. Chez les Serbes. Maintenant, Dantec a déclaré qu’il regrettait, tout ça, bon, n’empêche que ça me reste sur l’estomac. Le fait est qu’il a failli se convertir à l’Islam, alors, ça lui a probablement donné des lumières sur ce mécanisme sournois d’adhésion-fascination. Avant… Ah, cette époque où il écrivait et publiait, avec une rare intelligence : « Le Christ est le plus grand danger pour l’homme » (T.O, ;1). Franchement, je me méfie d’un type qui, à déjà 40 balais passés, écrivait et publiait ce genre de jus de chique sous nietzschéen. Ca en fait des positions dangereusement nœud-nœud ardemment soutenues. Que nous réserve-t-il encore ?
Pourtant…, c'est vrai, sans Dantec et son «style » d’escargot asthmatique, qui ? Il a l’impact, le lectorat, une bonne surface médiatique; hélas un peu érodée depuis sa missive portes-ouvertes au Bloc, acte témoignant d’un caractère peu banal, faut reconnaître.
Mais diantre qu’il est fastidieux ! ces phrases longues comme un jour sans pain, mal coupées, ces adjectifs lourdingues et radoteurs, ces génitifs en série, cette absence de cadence
Enfin… soyons magnanimes. Dantec, c’est d’abord un conteur, et dans son Journal, un conteur qui n’a guère pioché ses pages. Dans une époque sans Grünewald, sans Uccello, on a Mathieu, quand les nouveaux Bernanos dorment, on a Dantec. That’s all folks

Ps :La mention de Mathieu est là pour ne pas m’attirer les foudres d’Henry, préposé au cadrage des com’s ( C’est sans malice Henry). Comme il y a un semblant de plombage de Mathieu, ce sera (peut-être) celles de Nebo...

Écrit par : Restif | 08/10/2007

Je n'arrive pas à trouver le lien des :" Enfants de la zone grise ». Vous aver le lien?

Pour en revenir à Momo, ce qui fait sa force, c'est que l'écrivain de fiction nourrit l'essayiste, ce qui me semble à notre époque indispensable et qui lui permet des fulgurances.

Sinon, il y a de vrais plumes sur la blogosphère de droite: Les gens d'Ilys de PKK, Gai-lulu, Blueberry ring, immédiatement...Comme tout ce petit monde est encore très jeune, il devrait en sortir quelque chose.

D'une façon générale, c'est possible qu'il y ai des comm. de blog un jourdans la pléiade: le jeu de ping-pong peut permettre des choses de grandes qualités

Que pensez vous sinon de de l'initiative"coup d'état"
sorte de "blog des blogs de droite? (En ligne chez ILYS)

Écrit par : XP | 08/10/2007

@XP Sur le fond, je suis plutôt d'accord. Il est efficace le Dantec. Utile. Mais je pardonne plus facilement un meurtre qu’un plagiat. Chacun des mauvais côtés !
Pour le lien de Saint Martin, je vais tenter de le donner ici :
Les Enfants de la Zone Grise
Bon,ça semble pas marcher : alors 1) vous trouverez ce lien , justement, sur Coup d'état (la vie, quelle surprise !), dans la catégorie "France d'après". Sinon Le Grand Charles l'a mis dans ses liens (avec l'appréciation " très belle plume" -faut juste laisser le p'tite main sur le nom et le compliment apparait-, ça m'a fait plaisir, même si je le connaissais déjà (on avait taillé le bout de gras sur Ylis. Ce qui m’a d’ailleurs valu d’être proscrit d’Ylis. Un authentique quiproquo ).
Puisque j’ai nommé le Grand Charles, savez-vous, XP, qu’il vous a décerné un brevet « très bon blog » dans un de ses posts ? (« On va casser du rouge) » J’aurais juré qu’on vous en avait déjà averti. Si ce n’est pas le cas, vite : découvrez le vin de la célébrité ET le lien.
J’ai peu de temps, moi peu laconique de nature, ça m’ennuie mais telle est la dure loi du Dharma. Donc, Coup d’Etat me semble une bonne chose. J’ai même de furieuses envie de participer, mais – pour l’instant - la régularité me serait difficile. Et puis personne ne me deamnde. En tous cas, tous mes vœux à ce projet qui, déjà, se révèle comme très complet / pointu niveau références. Objectivement,le talent est à « droite » (ça recouvre tant de chose… du royco anti américanosioniste à vous… Franchement,le web, c’est autre chose que la télé ! Et même la presse .Depuis la mort de l’Imbécile, c’est le désert. Saint Martin est spécial hein, pas spécialement anti américain, plutôt ex LVF dégoûté. Pour remonter le militant, j’hésiterai. On se connaît pas plus que ça, mais j’apprécie.
Je vous laisse pour de bon. D’ailleurs si j’ai pas le temps, c’est de la faute de votre blog où je me suis escribé ! Pour le coup de la Pléiade, c'est diantrement possible. Ya de sacrés posts (et mêmes -égo et coquetterie - certains commentaires).

PS Merci pour les toiles de Mathieu Nebo. La peinture est l’une de mes grandes lacunes, tout ce que je peux apprendre sur le sujet –sur tous sujets d’ailleurs- miam gloup. J’ai appris il y a peu que le père du Malliarakis de la Librairie Française était un peintre. Foutre Quel talent ! http://perso.orange.fr/MuseeDeSeinePort/Salles/Mayo/SalleMayo.htm

Écrit par : Restif | 08/10/2007

"On avait taillé le bout de gras" - avec Saint Martin, pas avec G .Charles. Ah làlà, quelle syntaxe. Et je ne parle pas du reste. Bon, je suis venu pour retenter le lien :
http://lesenfantsdelazonegrise.hautetfort.com/
http://lesenfantsdelazonegrise.hautetfort.com/
(2 précautions.... ) Si ça a marché pour Mayo...

PS. Nebo : Pensées de satin- Souhaits d’heureux destin à Irina
( Respectueusement. Mon épouse s’appelle Annia...)

Écrit par : Restif | 08/10/2007

Restif, vos souhaits m'accompagnent.
Un grand merci pour vos posts que je savoure à chaque fois.

Écrit par : irina | 08/10/2007

^_^

Écrit par : R. | 08/10/2007

nebo, merci de ces excellents textes! encore merci!
(et peut être merci un peu aussi à Irina au passage?)
non, vraiment, je suis heureuse de découvrir ce peintre dont j'ignorais l'existence...mais je suis un peu inculte et ne demande qu'à apprendre...aussi je me suis régalée ce soir. Ceci dit, dès qu'on parle peinture...

Écrit par : astrale | 09/10/2007

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