27/10/2007
Venice au Printemps de Bourges 1993
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
En 1993, sur plusieurs centaines de groupes, après sélection sur "démos" envoyées en K7 à l'antenne Picarde du "Printemps de Bourges", puis après 3 ou 4 passages Live devant public et jury, nous fûmes sélectionnés pour représenter notre région pour la cuvée de 1993. Notre groupe sévissait à Senlis, ville royale, où le groupe n'était pas apprécié par les groupes locaux, ni par les tristes gueux qui faisaient la pluie et le beau temps sur la scène musicale régionale. Nous avions une haleine fraîche et ne répondions absolument pas aux critères esthétiques et socio-politiques du moment. Néanmoins, le représentant local du "Printemps de Bourges" nous avait imposé avec force et détermination. J'ai, malheureusement, oublié son nom, qu'il me pardonne. Nous sortions du lot probablement parce que nous étions bons et que la fureur et la rage nous habitaient. "On aurait dit un rouleau compresseur" m'avait certifié Irina lors du dernier concert qui nous vit remporter la partie.
La final avait eu lieu le 31/10/1992 au Théâtre de Beauvais avec les Roadrunners en tête d'affiche.
(Les Roadrunners avaient le vent en poupe et leur chanteur, Frandol, allait nous mépriser une année plus tard, lors d'un nouveau concert en commun, parce que notre nouveau bassiste d'alors, l'excellent Mourad Baali, porterait sa basse un peu trop haut, "comme un jazzeux". C'est que ça fait pas rock de jouer avec une basse sous le menton et que, aussi, selon lui, nous faisions des reprises de circonstance. Pauvre bite sans couilles ! "Laisse tomber ! m'avait calmé Bips, notre manager. Je voyais de la fumée sortir du nez et des oreilles de Mourad Baali, tandis qu'il s'envoyait bière sur bière :"Je vais lui mettre ma basse sur la gueule ! C'est une basse de luthier, bien solide !" Et on se marrait.) Passons. Revenons à nos moutons.
Et je me marre en y repensant parce que de toute façon on avait gagné et qu'on leur l'avait mise bien profond : leur tête dans leur cul.
Pendant ce concert décisif, je me souviens d'une voix dans le noir de la salle (les courageux sont toujours dans le noir de la salle, bien dans le fond, à postillonner leur ressentiment) gueulant à un moment, entre deux chansons, "Les Sentinels !" parce que pas mal de monde haïssait notre chanteur d'avoir dissous son ancienne formation qui portait ce nom, et Eric avait laché un simple mais fabuleux :"Ferme ta gueule !" qui avait jeté un silence bien froid de quelques secondes, un silence qui m'avait semblé durer une éternité. J'aime l'énergie de cette limite qui nous indique que ça peut basculer à n'importe quel moment et finir mal. La tension dans la salle, perceptible, palpable. Le frisson. La montée d'adrénaline. Le plaisir aristocratique de déplaire. Et tous les édentés alternatifs, bouche ouverte, à se prendre une claque sans oser se l'avouer. Les nains.
Je me souviens être allé saluer les groupes qui avaient perdu dans leurs loges, le sourire aux lèvres et avec une poigne de fer, du genre je t'écrabouille les phalanges. "Salut les gars ! À la prochaine ! Bonjour chez vous !"
Ensuite, nous n'avons pas baissé notre garde. Nous avons enchaîné les concerts.
04/11/1992 Rouen, Fnac
06/11/1992 Corbie, Marché couvert (1ère partie des Garçons Bouchers)
07/11/1992 Paris la Défense, Fnac Cnit
11/12/1992 Maignelay Montiny, salle polyvalente
28/12/1992 Amiens, Maison d’arrêt, concert pour les détenus
30/01/1993 Fresne, La ferme du Cottinville
06/02/1993 Le Chesnay, Fnac Parly 2
12/02/1993 Caen, Fnac
13/02/1993 Lisieux, MJC
16/02/1993 Creil, Grange à musique
20/02/93 Noisy le Grand, Fnac
28/02/93 Montpellier, Etat général du rock, scène ouverte (avec le groupe Lofofora)
05/03/93 Abbeville, Théâtre (1ère partie de Patrick Verbeke)
Tout ça sans maison de disques, ni tourneur. Nos Managers, Bips (Punk un jour, Punk toujours) et sa soeur, Sandrine, avaient les dents longues pour le groupe.
Ensuite, nous sommes partis pour une tournée mémorable en République Tchèque. L'aventure. J'y reviendrai un autre jour.
18/03/1993 Teplice (République Tchèque), Rock Club Knak
19/03/1993 Prague (République Tchèque), Rock Club U Zovfalcu
20/03/1993 Plzen (République Tchèque), Rock Club Divadlo Pod Lampou (enregistrement du concert)
25/03/1993 Koprivnick (République Tchèque), Rock club Nora
26/03/1993 Zlin (République Tchèque), Rock Club Spusa
27/03/1993 Jihlava (République Tchèque), Avangarda music club
Puis retour en France.
02/04/1993 Drancy, Le Grand Zebrock (Festival avec Les Innocents)
03/04/1993 Bouffemont, La maison pour tous
11/04/1993 Lemberg, Le Domino
14/04/1993 Compiègne, Le Damier
16/04/1993 Creil, Grange à musique
... et, enfin
22/04/1993 Bourges, Salle Gilles Sandier (Printemps de Bourges)
Faire ce qu'on a à faire en 6 chansons. La voix d'Eric hésitante. Le son loin d'être au top. Mais la conviction d'Être, tout simplement. Je casse une corde. Mais le jeu est un péril. Eric donne des coups de pieds dans les retours. Franck, le batteur se clique avec Jeff, le bassiste de Venice de septembre 1991 à septembre 1993. Nous faisons corps face à l'adversité. Beau souvenir. Avant et après le concert, Eric donne son interview pour une radio Picarde. Sympathique. Finalement, les maisons de disques présentes nous avaient trouvé trop ceci... et pas assez cela. La routine. Mais après le concert, nous décrochions la première partie de Jean-Louis Aubert. Le rêve se poursuivait encore.
Je lisais "Les Yeux d'Ezéchiel sont ouverts" de Raymond Abellio, en coulisses... ou "La Fosse de Babel" du même auteur, j'ai la mémoire qui flanche un peu...
Interview du chanteur, Eric James, avant le concert.mp3
Belle du Festival.mp3
Heroes.mp3
Celebration & The Cross.mp3
The Wine Of My Birth.mp3
Lightship.mp3
Hazar.mp3
Interview du chanteur, Eric James, après le concert.mp3
La Formation ce jour-là :
Eric James : Chant
Franck Schaack : Batterie
Jean-Marc "Jeff" Joffroy : Basse
Nebo : Guitare
Sur cette Photo, de gauche à droite, Franck Schaack/Batterie ; Frédéric Laforêt/dernier bassiste de la formation ; Eric James/Chant ; et votre serviteur/Guitares...
01:55 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Venice, Franck Schaack, Frédéric Laforêt, Nebo, Rock, Muisque | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Merci, ça fait rêver, et puis c'est agréable ce sentiment d'y retourner avec vous, dans un recul de guide et non de touriste, ou bien les deux si bien liés qu'on vit tout simplement la chose avec vous.
C'est un peu une synthèse aussi - une première. Je me rappelle seulement qu'il y manque la parole. A moins d'un peu de réalisme de ma part, sans doute...
Écrit par : Marie Gabrielle | 27/10/2007
Pas mal du tout. J'aime comment vous raconter tout ça. On y est. Pourtant les mots sont simples.
Mais les mp3 que vous avez mis en ligne ne sont pas à la hauteur de ce que vous aviez mis ici :
http://incarnation.blogspirit.com/archive/2007/05/06/music.html
Là,la musique est vraiment d'une dimension autre,et pourtant ce n'est pas mon style de musique. Moi, vous savez, sorti de la chanson française et du Jazz...
Écrit par : Henri | 28/10/2007
Je suis bien d'accord avec vous Henri, mais je ne triche pas. ;-)
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
Nebo, je suis tout à fait désolée, mais je ne me comprends pas à relecture la (parole...). Peut-être votre réponse permettra-t-elle de retrouver le chemin ?
Écrit par : Marie Gabrielle | 28/10/2007
Votre "Lightship" est une tuerie. C'est là que t'as pété ta corde d'ailleurs.Non?
Écrit par : Jack | 28/10/2007
Exact.
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
Et "Hazar" c'est l'Orient. Beau.
Écrit par : Jack | 28/10/2007
Oui... nous aimions, encore et toujours, Oum Kalsoum, Farid El Attrache, Mohamed Abdel Wahab, Nusrat Fateh Ali Khan... les vrais... les authentiques... les Sabri Brothers aussi...
Mais alors surtout pas Khaled ou Cheb Mami...
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
Marie-Gabrielle... vos mots sont une musique... moi non plus je ne saisis pas toujours le sens de ce que vous désirez dire, car probablement ai-je l'esprit un peu trop rationnel, mais pas forcément cartésien. Je veux dire, même lorsqu'il m'arrive de m'égarer (fort souvent, je dois bien l'avouer) c'est sous le couvert de la Raison... J'ai besoin de repères solides pour embrasser la folie... et je ne veux pas que la folie vienne m'embrasser malgré moi, ce qui m'est arrivé aussi, de trop nombreuses fois, mais c'était dans la fureur psychédélique de ma jeunesse et j'ai failli ne pas en revenir...
Alors... il me manque la Parole, dites-vous... que dois-je y comprendre ? Je ne sais pourquoi vous m'avez dit ça. La Parole est la phonation, l'élocution de ma personnification. C'est le langage prenant corps, Marie-Gabrielle. Rien d'autre. MAIS C'EST ÉNORME. Mais par cette incarnation, ma cause, mon fondement prend Acte. Le langage obéit à une loi, un fonctionnement, une série de combinaisons, mais dés qu'il est prononcé, articulé, il émane d'un Corps. Et je suis Chair, Sang, Foutre, excréments, humain trop humain appeler à crever un jour, singularité, tout comme l'Univers est une Singularité, ou tout comme Dieu est une Singularité... singularité s'adressant à une autre singularité réceptrice. Un allocutaire qui reçoit (c'est-à-dire qui entend vraiment... non pas qui écoute seulement... voilà) la démarche, le certificat, l'ACTE du Langage. Ne sommes-nous pas faits à l'image de Dieu ? Je veux croire qu'il y a là, même pour le pauvre hère dénué de foi que je suis et qui se dépatouille comme il peut avec ses doutes et ses angoisses, quelque chose de fondamental. Il y a là quelque chose de l'ordre de l'Ontologique, du cheminement constant. Cheminement vers quoi ? Vers la Parole, encore et toujours, incéssamment, pour rejoindre un philosophe controversé qui inspira nénmoins bien du monde.
S'incarnant, la parole se dévoile, se porte aussi vers la scène du dire, du faire, témoigne de ses désirs, de sa rêverie, de sa méditation, de son souffle, de sa considération, de son projet, de son émotion, de son mal-être, de sa joie. Si elle témoigne de l'Être d'où elle émane elle peut être lumière ou ténèbres.
Ah ! Si nous pouvions être en ce Lieu d'où surgit non le poème simple mais la poésie même. Le lyrisme, que Restif a évoqué en maintes occasions, ici ou ailleurs sur d'autres blogs, la sainte nécessité, le séjour de la Parole qu'ont touché les grands poètes donnant l'impression de renouveler la langue alors qu'ils ne faisaient probablement que retourner ou tout du moins s'approcher de la Source Originelle Jaillissante. Car ce n'est pas une histoire d'invention qui est importante, Marie-Gabrielle, dans la Parole, mais c'est plutôt une histoire de rapport à la Parole.
Alors peut survenir la transformation alchimique, j'en suis persuadé... et en même temps cela m'effraie, car beaucoup sont devenus fous. Frappés par ce saisissement, par ce ruissellement. La découverte lumineuse s'impose lorsque le feu du mot par sa disposition dans la phrase nous apostrophe et que non seulement nous comprenons le flux significatif qui nous assiège... mais que l'espace demeure ouvert à l'enrichissement de la racine, non à sa contradiction.
Je distingue l'Ésotérisme de l'Occultisme.
À voir le surgissement de livres pour les tout petits comme "ma Zonmé" que j'évoque dans une de mes dernières notes, il va de soi, Marie-Gabrielle, que je suis hautement conscient de la Parole et que je me dois d'agencer mes mots selon des formules claires pour dire PLEINEMENT ce que j'ai À DIRE. Aussi, je ne vois pas pourquoi vous m'avez affirmé que la parole était absente de ma note Vénitienne. Était-ce simplement la volute sonore de ma Voix, le spasme de ma gorge, de ma langue disant le parcours qui fut le mien, le nôtre (au groupe Venice) auxquels vous faisiez allusion sans même le savoir ?
À vous, éventuellement, de me le dire.
La langue, ou plutôt le "parler" n'est plus qu'un agrégat de sédiments nocturnes, issus des profondeurs de nos transes inconscientes les plus sombres. Les extrapolations verbales ne sont plus que vulgarités fonctionnelles, désormais domestiquées vis-à-vis desquelles je ne puis agir autrement que de manière apophatique, tel Saint Thomas d'Aquin et les autres théologiens ou mystiques en venaient à agir pour se rapprocher de Dieu. Me rapprocher de la parole m'engage à purement et simplement NIER tout ce qui se réclame d'elle et ne l'est pas... les novlangues débiles... les acronymes à la mode, en particulier dans la vie de l'entreprise qui me ronge les sangs pendant 8 heures par jours... le langage SMS... Oui, tout ce qui est en dessous... de la ténèbre qui n'est pas la Ténèbre Mystique cachant la couronne du Verbe... mais qui est la Ténèbre cachant la Bête... la pourriture... le Cadavre vivant, ou plutôt Actif... Mort en Acte... Désir jouisseur de Mort en Acte... Partouze de souffre... Par étapes, niant l'innommable osant se nommer... je veux accéder aux mots ayant sens... ayant racines... ayant SIGNIFICATION POUR MON SEMBLABLE... et ce sens, je veux l'affirmer... je veux lui appliquer le "Oui féminin de la jouissance" (selon ce qu'en disait Calaferte), le "Oui" affirmatif Nietzschéen... le "Oui" joyeux et dansant de l'Être, Marie-Gabrielle.
La Parole me manque-t-elle Marie-Gabrielle ? Ou est-ce vous qui êtes arrivée à un tournant particulier, un point paroxystique culminant, un Hapax qui vous incite à vous interroger sur la présence ou l'absence de la Parole en vous... :-)
Bien à Vous...
Délicatesses...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
Moi je pige rien de ce que tu racontes,mais je peux te certifier que tu ressemble à Chabal et que ta musique est d'enfer.
Écrit par : Jack | 28/10/2007
Vous voyez, Marie-Gabrielle, Jack ne comprends pas ce que je raconte... mais il aime ma musique... il y a donc de l'espoir.
Ha ha ha ha ha
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
Merci, Nebo... (je garde très serré vos feuillets entre quelques uns de mes doigts, de peur que le vent ne me les en arrache et peut-être autrement).
Ce qui me renvoit donc à l'état sauvage, ressentir la fourrure et la douceur approchée, inscrit là :
"Si elle témoigne de l'Être d'où elle émane elle peut être lumière ou ténèbres.
Bien à vous,
Écrit par : Marie Gabrielle | 29/10/2007
Putain,ça déchire sévèrement ta musique. Et c'est terminé? C'est définitif ? Dommage.
Écrit par : Ray | 29/10/2007
Surtout les mp3 qui sont là, henri a bien raison,je vais les commander tes scuds,des missiles.
Écrit par : Ray | 29/10/2007
Ouais,là:
http://incarnation.blogspirit.com/archive/2007/05/06/music.html
j'ai oublié de préciser.Pas grave.
Écrit par : Ray | 29/10/2007
Salut
je decouvre ton blog divers,varié et très interessant. Bravo. t'as un pied dans la musique l'autre dans l'ecriture. Félicitations. Je vais explorer.
Écrit par : Marc | 30/10/2007
Les commentaires sont fermés.