04/03/2009
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=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
A la maison. Repos.
Rêves et désirs en une voluptueuse spirale, gigantesque et sans fin, surgissent et me saisissent et m’emportent. Je passe l’après-midi, les yeux rivés sur l’ordinateur à écrire, à copier et coller des bouts de textes, des phrases voluptueuses, des mots de chair ou de marbre qui s’en viennent me dire et me conter sur l’écran argenté de pixels où ma conscience s’éveille au trône de la pensée.
Parfois, on étouffe d’aimer avec passion et violence et d’être aimé en retour.
J’ai changé du jour où j’ai retrouvé mon père. Comme une lointaine plaie qui s’est refermée mais reste douloureuse. Parfois, encore, j’en caresse les contours, le relief sacadé, comme pour me rassurer de la présence de la cicatrice. Cette décoration de guerre est ma seule médaille. Avoir grandi dans la certitude d’une absence et m’être construit malgré tout. Ô vie mémorielle, sereine abondance. Mon roman enfoui, ma palme d’allégresse.
Cette pièce d’où j’écris n’est pas le monde. Le flux du temps conduit à travers l’espace bien au-delà de toutes les espérances.
De la noirceur de mon âme bouillonne la lumière d’un livre à écrire qui fait apparaître les premiers vestiges, les récifs enfouis qui refont surface. Surtout, béni soit le Verbe, ne pas lâcher le fil. Conserver chaque jour intacte la pureté de cette clameur qui monte.
Laura, fruit de mes reins, souffle de mon souffle, part en vrille. Elle veut arrêter, déjà, ses études. Puis elle ne veut pas les arrêter. Elle ne sait pas sur quel pied danser. A croire qu’elle vit sa crise d’adolescence à retardement. Ça lui tombe sur le coin de la gueule alors qu’elle vient d'avoir ses 19 ans en décembre dernier. Si Laura avait 14/16 ans, je couperais court à ses états d’âme, comme je l’ai déjà fait de par le passé pour certaines de ses fréquentations. Mais là, vu son âge, je ne puis que la mettre au pied du mur, tout en l’assurant de mon amour et de ma présence, et lui signifier que c’est à elle de faire ses choix de vie : une vie de jeune pétasse médiocre qui finira, comme nous tous, par vieillir et par être rattrapée par ses échecs ; ou une vie brillante avec un avenir ouvert si elle, et elle seule, décide de s’en donner les moyens.
Parents, nous avons le système entier contre nous.
L’aiguille, dans ma fesse gauche, de retour, comme enfoncée par des coups de marteau, qui communique à toute ma jambe la douleur, la lourdeur, mon destin de mortel. Mon nerf sciatique, décidément, m’en veut. Physiquement et moralement épuisé.
Immense joie, néanmoins, des deux pages écrites, dans la virginité pure de l’œuvre naissante. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est vital en même temps que jouissif que d’écrire. Sans pression. Juste parce que ça veut sortir à l’air libre par les mots. Juste deux pages. Deux simples pages dans un cahier d’écolier. Sarajevo sous la neige maculée de sang. L’air vif, saturé par l’odeur de la poudre. Le bruit lointain de la mitraille. L’explosion, proche, d’une roquette. Et un habitant pas rasé qui fume une cigarette "Drina" en buvant son café turc, devant la télévision éteinte par manque d’électricité. Serbe ? Croate ? Musulman ? Aucune importance. C’est un européen. L’ex-Yougoslavie de Tito fut sa matrice. Il survit juste en attendant la fin du monde.
15:34 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
"C’est un européen. L’ex-Yougoslavie de Tito fut sa matrice. Il survit juste en attendant la fin du monde."
Ca m'évoquerait bien vaguement quelqu'un...
On a le droit de dire que ce texte vous touche et même qu'on l'aime, on peut l'écrire sans être taxé de nombre d'imbécilité? Bof, ce droit, prenons-le comme un abrazzo donné, pudique et silencieux, dans la nuit bleue pixel.
Écrit par : Restif | 05/03/2009
De ce billet émane une image floue, vous en êtes le centre et de vous jaillissent de la fumée, une jeune fille en fleur, des souvenirs et des mots, des mots forts, encore et toujours...
Écrit par : pema | 05/03/2009
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