19/05/2010
Hip-hop Baraka, par PARATEXT
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Je reprends avec une jubilation non feinte ce texte de l'ami Paratext, dont je suis heureux de voir que son Blog est encore, à l'occasion, alimenté de quelques textes vivaces comme celui-ci. Tout comme le texte d'Ygor Yanka il y a quelques jours, voici une petite lecture vivifiante...
--------------------------------------
"Il n'y a pas d'Islam militant et d'Islam modéré. Il n'y a que des variations d'intensité. Les lois coraniques ne peuvent être adoucies que très provisoirement."
"Les musulmans, et pire encore les musulmanes, sont les premières victimes de l'Islam."
Maurice G. Dantec, American Black Box (2006)
Si aujourd'hui nos concitoyens sont occupés à se faire la "guerre des bisous" via email box et à organiser des kiss-in devant Notre-Dame, on peut en déduire que, d'une certaine manière, l'heure est grave. Le Marché s'adresse à leur rebellitude : "Smart has the brains, stupid has the balls. Be stupid." Ils obtempèrent allègrement.
Pendant ce temps, le degré d'islamisation de la France et de l'Europe progresse chaque jour un peu plus. "Visibilité des minorités !", rétorquent les conciliateurs, les pacifistes, les ignorants paresseux. A la fois las et goguenard, on serait tenté de ne pas répondre. Pourtant, il faut se faire violence et répéter sans cesse des évidences, en revenir aux faits, se rapporter aux textes. Et témoigner. Je parlerai donc un peu de moi, ma petite personne n'ayant ici d'intérêt qu'en ce qu'elle traverse une époque et peut aujourd'hui en recracher maladroitement quelques calcifications, des cicatrices, d'apparentes vétilles.
Produit naïf et imberbe de l'école française des années 80, qu'une famille d'ouvriers désarmée ne pouvait que laisser se gâter encore plus par l'air vicié du temps, j'ai commencé de m'intéresser à l'islam dans les années 90 : le rap fut le vecteur et la première phase prit la forme d'une séance de séduction post-pubère.
Antisocial, je gardais mon sang froid, et surtout, j'aimais rester au chaud de mes molles convictions de rebelle adolescent. Et l'on sait que sur l'adolescent en rupture, l'attrait des sous-cultures est plus fort que tout. Celles-ci lui confèrent en tout cas l'appareil complet pour se survivre confortablement dans un monde fantasmé et largement binarisé. Fin des années 80, donc, la culture hip-hop (entendons le folklore d'un agrégat de pratiques urbaines venues des quartiers noirs des USA) débarque en France et dans ma chambre de jeune céfran moyen. La conversion est totale, I wish I was Black : petit blanc renvoyé à son faible taux de mélanine et à tout ce qui en découle par les renois et les rebeus que je me mets à côtoyer par antiracisme frondeur, lequel se révèle être au final une mièvre idolâtrie du melting-pot, mon imaginaire est alors proprement colonisé. La mythologie du hip-hop s'imprime progressivement en moi, façonne et reconfigure ma vision du monde, elle contamine et disculpe, oriente et invalide, approuve et tranche, labellise chacun de mes jugements esthétiques, moraux, politiques.
Deux groupes français surnagent alors dans le microcosme hexagonal : les parisiens NTM et les marseillais IAM. Ma préférence ira au second, les lyrics de Philippe Fragione aka Chill aka Akhenaton me semblant atteindre un degré de subtilité, de sophistication, d'humour, et d'érudition inouïs. Sous le joyeux brassage des thèmes abordés, l'afrocentrisme (moins prononcé, peut-être, que le massiliacentrisme) marque le pas. Et si une authentique quête spirituelle semble travailler le bonhomme, c'est notamment par lui, via les rappeurs new-yorkais qu'il fréquente, que Chill ira à l'islam.
Islam. Les phonèmes claquent. I-slam. L'euphonie me plaque. Is-lam ! Nation of Islam. Aux Etats Unis, Public Enemy fait les gros titres : Professor Griff, le "Ministre de l'Information" du groupe et proche de Louis Farrakhan, tient des propos antisémites et antihomos.(1) L'ampleur de la polémique contraint alors PE à se séparer du martial et embarrassant ministre. A la même époque, le duo Run DMC se convertira. De ce côté-ci de l'Atlantique, l'islam méditerranéen d'Akhenaton aka Abdelhakim apparaît moins sectaire, plus sage, spirituel. Religion des pauvres des banlieues, opprimés, déracinés, non-blancs, l'image de l'islam est avant tout une grosse taffe d'Orient. Dans l'attraction qu'exerce une idée, un concept, un pays, une femme, il ne faut jamais sous-estimer le rôle que peut jouer l'exotisme. L'islam m'était suffisamment exotique pour susciter plus qu'un intérêt de circonstance : il était non seulement un signe distinctif exhibé par une catégorie de personnes aux antipodes de ceux que je me targuais de fuir, mais en outre, ceux qui me fascinaient en faisaient, en l'embrassant de manière ostentatoire, un objet de désir. Ensuite, l'islam, arboré comme étendard contre l'idéologie supposée dominante, me rapprochait de ceux avec qui j'aimais frayer. N'oublions pas qu'il est souvent vécu comme une réaction, une démarche éminemment identitaire. J'aimerais en être, être avec l'Autre, adopter les signes du ralliement, me soumettre afin d'expier ma faute, celle d'être si mal né, de géniteurs au faciès et à l'histoire non-marqués, sans saveur...
Quelques cours d'islamologie plus tard, ingurgités benoîtement sur les bancs de l'université, ma connaissance de l'islam s'étoffait relativement. Mon intérêt n'alla toutefois pas jusqu'à la conversion. Sachant aujourd'hui un peu mieux les "problèmes" rencontrés par l'apostat en islam, je m'en félicite. Enfin, distances prises avec le rap, l'islam disparut de mon horizon pour n'y revenir qu'à la lecture du premier volume du Théâtre des opérations de Dantec.
Aujourd'hui, les rappeurs qui revendiquent leur foi islamique ne sont plus en nombre négligeable. Et ils le font avec toute la diversité de postures dont l'époque puisse rêver : du soufisme d'Abd Al-Malik aux jappements peu amènes des rappeurs du label Din Records, en passant par la Fausse Piété du Spectacle de Diam's, l'image de l'islam irrigue les esprits d'un large et jeune public. Il est à craindre que la modernité et lui soient faits pour s'entendre.
L'islam séduit, il est le tentateur, il est la solution, il est le mode d'emploi, il est conservateur-révolutionnaire, ce "communisme du désert"... Il est l'effluve doux et épicé du mystique, il est la conscience tranquille du voyou, il est la rédemption du mauvais garçon, il est l'anti-France-moisie, il est l'effaceur de l'Occident, il est le barbu austère, la caillera nihiliste, le jeune cadre rationnel, la chercheuse en biologie moléculaire, l'écrivain humaniste, la collègue sympathique. Il est l'instrument, le ralliement, l'événement. Le bon, la brute, le truand. Le vilain terroriste et le bon musulman.
Faudra-t-il choisir entre deux clichés, le musulman modéré et l'islamiste intolérant ? Le sort réservé au désormais fameux imam de la mosquée de Drancy, Hassen Chalgoumi, par ses correligionnaires moins enclins à l'entente judéo-islamique donne une petite idée des conflits inter-musulmans qui attendent de s'épanouir sur les terres de la vieille Europe. L'islam n'est pas monolithique, et c'est une de ses armes les plus effilées : s'il n'était qu'un, homogène, démontrer sa nocivité serait à la portée du premier militant bas-du-front venu. Il est au contraire protéiforme et tire sa force de ses conflits internes, des tensions qui l'animent, le principal étant d'occuper l'espace au maximum.
Evidemment, s'opposer efficacement à la propagation de l'islam nécessite de se démarquer du ressentiment ou de la haine, se désolidariser de tout racisme, moteur inavouable de certains opposants à l'islam et chef d'accusation anathème préféré de l'idiot utile et du désinformateur. Il faut patiemment diffuser, en s'adaptant à notre auditeur pour ne pas heurter les réflexes conditionnés par l'antiracisme dogmatique, les connaissances de base et les faits significatifs. Nous n'avons aucune prise sur l'évolution démographique de la France : si certaines portions du territoire sont islamisées de fait, et qu'on peut donc considérer que le ver est irrémédiablement dans le fruit, un peuple connaissant son ennemi sera peut-être capable de se battre.
---
(1) Pour une histoire détaillée de la Nation of Islam sur internet, voir www.racismeantiblanc.bizland.com/noi/index.htm
---
--------------------------------------
01:36 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
18/05/2010
Le Choc des Civilisations - II
14:57 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le Choc des Civilisations
14:56 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
17/05/2010
R.I.P. : Ronnie James Dio (1942-2010)
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Ronnie James Dio luttait contre un cancer de l'estomac depuis plusieurs mois. Les dernières nouvelles étaient plutôt encourageantes. Mais il est décédé hier à l'âge de 67 ans. Il a été une des plus grandes et des plus belle voix du Hard Rock et du Heavy Metal et un des très rare chanteur à n'avoir rien perdu de sa superbe. C'est lui qui a popularisé le fameux et fumeux signe du diable, repris par toute une flopée d'adolescents en proie aux irruptions d'acné pour indiquer, sous moults beuglements arrosés de bière, combien ils sont rebelles au bon Dieu, à la société, à la famille et j'en passe. Il n'empêche, Ronnie James Dio avait une voix unique et son répertoire était parsemé de quelques textes plutôt intelligents.
Avec le Groupe Rainbow en 1976 : Stargazer
High noon
Oh I'd sell my soul for water
Nine years' worth
Of breakin' my back
There's no sun in the shadow of the wizard
See how he glides
Why he's lighter than air
Oh I see his face
Where is your star
Is it far, Is it far, is it far
When do we leave
I believe, yes, I believe
* In the heat and the rain
With whips and chains
Just to see him fly
So many die
We built a tower of stone
With our flesh and bone
Just to see him fly
Don't know why
Now where do we go
Hot wind moving fast across the desert
We feel that our time has arrived
The world spins while we put his wing together
A tower of stone to take him straight to the sky
Oh I see his face
Where is your star
It is far, is it far, is it far
When do we leave, yeah
I believe, I believe
*
All eyes see the figure of the wizard
As he climbs to the top of the world
No sound as he falls instead of rising
Time standing still
Then there's blood on the sand
Oh I see his face
Where was your star
Was it far, was it far
When did we leave
We believe, we believe, we believe
In the heat and rain
With whips and chains
To see him fly
So many die
We built a tower of stone
With out flesh and bone
To see him fly
But why, it don't rain
With all our chains,
Did so many die
Just to see him fly
Look at my flesh and bone
Now look, look, look, look
Look at this tower of stone
I see a rainbow rising
Look there on the horizon
And I'm coming home
Coming home, I'm coming home
Time is standing still
He gave me back my will
Oh, oh, oh, oh
Going home
I'm going home
My eyes are bleeding
And my heart is weeping
We still hope, we still hope, oh
Take me back
He gave me back my will
Oh, oh, oh, oh
Going home
I'm going home
My eyes are bleeding
And my heart is weeping
We still hope, we still hope, oh
Take me back, take me back
Back to my home, oh, oh...
Avec le Groupe Black Sabbath en 1980 : Heaven and hell
Sing me a song, you're a singer
Do me a wrong, you're a bringer of evil
The devil is never a maker
The less that you give, you're a taker
So it's on and on and on, it's heaven and hell, oh well
The lover of lifes not a sinner
The ending is just a beginner
The closer you get to the meaning
The sooner you'll know that you're dreaming
So it's on and on and on, oh it's on and on and on
It goes on and on and on, heaven and hell
I can tell, fool, fool!
Well if it seems to be real, it's illusion
For every moment of truth, there's confusion in life
Love can be seen as the answer, but nobody bleeds for the dancer
And it's on and on, on and on and on....
They say that lifes a carousel
Spinning fast, youve got to ride it well
The world is full of kings and queens
Who blind your eyes and steal your dreams
Its heaven and hell, oh well
And they'll tell you black is really white
The moon is just the sun at night
And when you walk in golden halls
You get to keep the gold that falls
Its heaven and hell, oh no!
Fool, fool!
Youve got to bleed for the dancer!
Fool, fool!
Look for the answer!
Fool, fool, fool!
Avec son Groupe, DIO en 1983 : Don't Talk to Strangers
Don't talk to strangers
'Cause they're only there to do you harm
Don't write in starlight
'Cause the words may come out real
Don't hide in doorways
You may find the key that opens up your soul
Don't go to heaven
'Cause it's really only hell
Don't smell the flowers
They're an evil drug to make you lose your mind
Don't dream of women
'Cause they only bring you down
Hey you, you know me, you've touched me, I'm real
I'm forever the one that lets you look and see and
Feel me
I'm danger - I'm the stranger
And I, I'm darkness, I'm anger, I'm pain
I am master
The evil song you sing inside your brain
Drive you insane
Don't talk
Don't let them inside your mind, yeah
Run away, run away, go!
No - no
Don't let them in your mind
Protect your soul
Don't dance in darkness
You may stumble and you're sure to fall
Don't write in starlight
'Cause the words may come out real
Don't talk to strangers [Don't talk to strangers]
'Cause they're only there to make you sad
Don't dream of women
'Cause they'll only bring you down
Yeah
Run, run, run, run away!
Avec le Groupe "Heaven & Hell" en 2009 : Bible Black
At last alone, his fire's dying
Burned another day
Now to pretend
And make up an ending
Somewhere far away
He reached for a book all bound in leather
Something that he knows he's never read
And the first page says beware you've found the answer
The next one says I wish that you were dead!
Don't go on, put it back
You're reading from the Bible Black!
What's this word I see
Who are you and who are me
Maybe I just stumbled in the dark
I must have been out cold
But the way the story's told
They found me lying naked in the rain... yeah
Let me go I've seen a vision
But the line has left me blind
Take me back
I must have the Bible Black!
Well here I go again
From the start to the end
I wish I could remember what I've done
Now here's another spell
It could take me straight to hell
And I feel I'm getting closer to my home
Let me go I've found addiction
And it makes me feel alive
Take me back
I must have the Bible Black!
He locks himself away and tastes the silence
Hungry for another bite of wrong
And just the words "oh Lord please take me with you"
Took him to a place we don't belong
Let him go!
He can't come back
He's reading from the Bible Black!
So if your fire's dying,
Then what's the use of trying?
I may know another place that you can go
It's hiding in the pages
But you may not come back
You're reading from the Bible Black!
Look away from the sea
I can take you anywhere
Spend a vision with me
A chase with the wind
Move closer to me
I can make you anyone
I think you're ready to see
The gates to babylon
The power of what has been before
Rises to trap you within
A magic carpet ride a genie maybe more
A city of heavenly sin
Sleep with the devil and then you must pay
Sleep with the devil, the devil will take you away
Oh gates of babylon
You can see but you're blind
Someone turned the sun around
But you can see in your mind
The gates of babylon
You're riding the endless caravan
Bonded and sold as a slave
A saber dance removing all the veils
Getting as good as you gave
A saber dance removing all the veils
Getting as good as you gave
Sleep with the devil and then you must pay
Sleep with the devil, the devil will take you away
Look away from the sea
I can take you anywhere
Spend a vision with me
A chase with the wind
Move closer to me
I can make you anyone
I think you're ready to see
The gates of babylon
The power of what has been before
Rises to trap you within
A magic carpet ride a genie maybe more
A city of heavenly sin
Sleep with the devil and then you must pay
Sleep with the devil, the devil will take you away
Black gates of babylon
The devil is me
And I'm holding the key
To the gates of sweet hell
Babylon
16:52 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (2) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Albert Camus : Les possédés...
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Albert Camus, dernière figure de la Gauche qui fut intelligente. Sa rupture avec Sartre indique bien les contours de l'intelligence en question. Après Camus la décrépitude est allé en s'agrandissant... et Sartre, vainqueur ordurier idéologique du siècle, continua d'en modeler la mise en scène et les mises au pilori. Après Camus, le Déluge de la Connerie. Mais ici, c'est un grand moment lumineux et clair.
Voyez cet article, éventuellement...
15:45 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook