11/07/2010
Mamie Aline est morte
=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=
Mamie Aline est morte. Elle nous a quittés et nous restons là à nous souvenir. Il y a une semaine de ça nous étions accablés devant elle, alors que nous lui rendions visite, du côté de Dijon. Désarmés. Anéantis. Dans le mutisme sévère. A sa vue, dans son hospice, son petit corps décharné, brindille si fragile qu’une seule étreinte trop forte aurait brisé aussitôt, nous laissait sans voix. Cela faisait, mon Dieu, des années que je ne l’avais pas vue. Des soucis financiers, sans cesse, me désolaient de ne pouvoir me rendre plus souvent auprès d'elle, et nous privilégions, toujours, mon épouse et nos enfants pour qu'ils aillent lui donner un peu de présence et d'amour. Il y a une semaine, j'ai vu dans le regard d'Irina tous les reproches qu’elle se faisait à elle-même. Et dans le regard du père d'Irina qui nous avait emmenés dans sa voiture vers cette vision déchirante, ses regrets, ses absences, ses fautes son besoin de petit garçon : être pardonné par-delà ses 70 ans. Et j'ai vu, quant à moi, dans le regard de Mamie Aline l’ombre de ma grand-mère à moi, comme l’indication que tout cela n’est que la pente naturelle des choses qui apparaissent, s’épanouissent puis vont à leur effritement. Passé un certain temps, alors que nous sommes installés (façon de parler) dans la vie, nos parents et grands-parents, arrières grands-parents si nous avons la chance de les connaître, nous servent à apprendre à vieillir à notre tour. A ce sujet, Vladimir qui était avec nous n’en n'a pas loupé une miette. Après le deuil de ma grand-mère maternelle il savait déjà, mon grand garçon, que tout semble joué d’avance. A nous, ses parents, de lui faire comprendre que ça n’est pas si sinistrement simple. Il faut s’aimer, aimer et atteindre la cible. Comprendre ce qu’on peut. Si il y a de l’amour cela rend juste les choses un peu moins pénibles.
Cet aller-retour Dijon/Massy avec Irina, Vladimir et Jacques le papa d'Irina, m’avait laissé triste et cafardeux. Et eux aussi bien sûr. L’autoroute défilant dans nos yeux avait charrié des arbres, des champs, des panneaux indicateurs, des véhicules à foison et des myriades de pensées, de celles qui nous situent, nous font parcourir à nouveau quelques bouts de chemins épars que nous nous sommes tracés maladroitement ou parfois, aussi, en brillant, avec une certaine assurance, et nous étions là dans cette voiture filant sur la fournaise de l’asphalte à ruminer nos doutes ou à brandir nos certitudes, statufiés sur place. Entre l’hospice et notre retour, un couscous avec Jean-Claude, Maryse, Eliane et Jean-Michel, préparé par ce dernier, notre fratrie familiale, nous avait mis du baume au cœur. Et champagne et vin aidant, pour célébrer nos retrouvailles, nous étions, pour quelques instants, devenus nostalgiques.
Le lendemain, je me souviens encore, le corps eut besoin de repos et l’estomac surtout, après tout ce que nous avions ingurgité lors du repas de la veille, dans la joie de nous retrouver mais avec les cœurs serrés en raison de Mamie, petit corps délicat au regard pétillant d’enfance et d’amour. Je songeais, en récupérant, au papa d'Irina ayant dit que sa mère semblait être dans son monde. C’est tout juste s’il n’avait pas dit à ce moment qu’elle était déjà un peu « auprès de Papa », ce papi qu'Irina a tant aimé et dont la mort alors qu'elle était tout juste adolescente, fut fondatrice.
Il est inutile de chercher à avoir une emprise sur le flot de la vie qui contient aussi la mort. Il faut juste parvenir à bien se laisser porter.
Finalement, le Lundi qui suivit, je reçu un coup de téléphone d'Irina, au travail, qui m'informa que Mamie avait été emmenée à l'hôpital ayant perdu conscience. Coma. Et plus personne ne semblait optimiste. Nous nous rapprochions de la frontière. Nouvelle étape. Irina était inondée de tristesse en même temps que de souvenirs. C'est que ce sont ses grands-parents qui l'ont élevée et ça pèse son poids cet amour que personne ne sera jamais capable de lui retirer, car c'est son trésor à elle, son héritage dont elle est fière et je dois dire que ça me l’avait fait l’aimer encore plus lorsque je l’ai rencontrée, puis suis tombé amoureux et ai vu combien elle savait conférer aux choses un prix et ces choses étaient à son coeur tellement précieuses que de prix elles n’en avaient pas. Mon Dieu, nous étions jeunes, mais tellement conscients de cela. Nous nous comprenions. Et les aléas de la vie ne sont jamais parvenus à briser cela. Et des hauts et des bas, nous en avons eus, vous pouvez me croire. Je sais que profondément en elle, dans un recoin secret de son âme, elle devait se dire que le calvaire de sa grand-mère se devait de cesser et que la seule issue serait la mort. Elle espérait juste que son départ se fasse naturellement et sans souffrance. Et nous l'espérions tous. Tard dans la nuit de Lundi à Mardi, le téléphone sonna : Mamie était morte.
La perte d’un être cher est une nouvelle pierre d’achoppement, un départ nouveau sur le chemin de la vie qui ne fait que se poursuivre. Nous devons y puiser un peu de notre future mort à nous. Rien ne s’arrête jamais. Tout trouve une résolution. Je songe au moine taoïste chinois Wu-Men qui écrivait vers 1228 : « Si tu te trouves tout en haut d’un mât de cent pieds, où iras-tu ? » C’est pour ceux qui pensent qu’ayant atteint un but ils sont arrivés au sommet des possibles. Wu-Men poursuit : « Être en haut d’un mât de cent pieds, c’est être entré sur la voie, mais ce n’est pas encore la chose réelle. Une fois au sommet du mât, il faut faire un pas de plus. »
Il n’y a rien à faire. Il faut juste laisser les choses se faire. Il est inutile de lutter. La nature est la nature. Epicure, sans le savoir, était très chinois quand il disait : « La vraie sagesse, la vraie supériorité ne se gagne pas en luttant mais en laissant les choses se faire d’elles-mêmes. » Il nous faut juste ordonner et organiser ce qui, à première vue, ressemble à un chaos, mais n’est que la loi de la nécessité. Il faut faire corps avec la voie. Epicure : « Les plantes qui résistent au vent se cassent, alors que les plantes souples survivent aux ouragans. » Lâcher prise ne veut pas dire que l’on se soumet aux lois écrites dans la fibre intime du réel, ni même que l’on se débarrasse des dangers et des difficultés inhérentes à ceux-ci. Lâcher prise signifie que l’on ne s’en empare pas, qu’on ne fait pas le faux démiurge. Pour ne pas subir et se soumettre, on se laisse emporter, ainsi les choses rentrent dans l’ordre. Venice, par exemple, n’a pas su mettre ces choses en pratique. Pas une seule fois en quelques 15 années d’existence. Cela nous aurait, pourtant, rendu beaucoup de services et nous aurait, à coup sûr, épargné nos nerfs.
Aimer véritablement, je l’ai dit maintes fois, ce n’est pas s’accrocher à l’autre comme les moules s’accrochent à la roche sous les bourrasques d’eau. Malheur à ceux qui veulent avoir une vie de moule. Aimer c’est aimanter et les aimants, chacun le sait, attirent puis repoussent. Il faut donc repousser l’autre si on constate qu’il a besoin de se nourrir de nous pour survivre. Je n’aime pas les vampires.
Si vous aimez, votre amour doit projeter les autres vers eux-mêmes, votre devoir est de les propulser vers le monde pour qu’ils fassent l’expérience de l’étonnement, l’expérience de ce qu’ils sont. Voilà la seule liberté, guère absolue, mais c’est une bénédiction, puisque nous sommes faits à l’image de Dieu il nous faut tendre vers cette perfection humaine. Être capable de passer 40 jours au désert, dans le jeûne et la prière… en souriant. Dans la confiance. Tchouang-Tseu affirme que pour devenir parfait il nous faut ignorer la perfection : là est la perfection véritable. Cela me fait songer à ces commentateurs bibliques qui affirment, eux, que Dieu peut connaître l’avenir individuel de chacun, mais qu’il s’en voile exprès l’accès car, étant un Dieu d’amour, il veut nous laisser libres de tendre vers la perfection, ou de tendre vers la déchéance.
« De qui es-tu le bien aimé ? ai-je demandé,
Toi qui es d’une beauté si insupportable ?
De moi-même, répondit-il,
Car je suis un et unique,
L’amour, l’amant et l’aimé,
Le miroir, la beauté, le regard. »
De même que Dieu, se suffisant à lui-même, n’a fait le cosmos et la terre comme piédestal de sa Parole par l’intermédiaire d’une singulière création : l’être humain, l’Adam Kadmon ; que par pur geste d’amour gratuit, l’homme, si à son échelle humaine il parvenait à ce qu’exprime Fakhruddin Iraqi dans sa vision mystique, pourrait alors donner ce qu’il donne dans un pur acte d’amour.
Puis vint Jeudi. De nouveau départ vers Dijon. Pour accompagner Mamie vers son dernier repos, comme le dit l'expression.
Irina effondrée, devant le petit cadavre de Mamie Aline placé en son cercueil, de ne pouvoir la reconnaître, tellement la mort l’avait changée. Irina en larmes de ne pouvoir goûter une dernière fois, avec ses yeux, au doux visage familier et attendrissant qui lui a prodigué tant d’amour en l’élevant pour en faire la belle adulte que mon cœur n’a cessé d’aimer durant ces vingt-cinq dernières années. Que le temps nous pèse et que la mort est lourde.
Empédocle, Fragments :
« Ce sont des fous, et leur esprit est d’une bien petite envergure, ceux qui s’imaginent que quelque chose puisse naître sans avoir existé auparavant, ou que quelque chose puisse mourir et être totalement anéanti. Jamais le sage n’en viendra à penser que c’est seulement durant la vie (c’est-à-dire ce que nous appelons « vie ») que nous existons et que le bien et le mal nous affectent, alors que, avant la naissance et après la mort, nous ne serons rien. »
Voilà une bien surprenante intuition, n’est-ce pas ?
Dans la vie, nos échecs comme notre sommeil, nos maladies et douleurs diverses, la disparition d’animaux de compagnie tant aimés et chéris qui ont partagé bien de doux instants en notre compagnie, enfin la disparition de nos parents, de membres de notre famille aimés ou haïs, de membre de la fratrie et du cercle familial, devraient nous préparer à notre future mort. Et Mamie Aline nous l’aimions. Ma douleur toute personnelle, et celle d'Irina sans aucun doute, aura été de n’avoir pu la prendre avec nous pour lui donner l’amour qu’elle avait su nous donner au temps où elle se portait bien. Mais une situation financière désastreuse, l’impossibilité pour aucun d’entre nous d’arrêter de travailler pour cause de dettes et l’état de santé de Mamie qui nécessitait une surveillance quotidienne nous avait obligé à accepter sa mise à l’hospice. Oh ça n’était pas un sinistre mouroir, les trois fils de Mamie en concertation avec Maryse, un membre de la famille médecin, lui avait trouvé un endroit propre où le personnel semblait jeune et dynamique. Mais les années ont fait leur travail. Coupée de la maison à laquelle elle était attachée, celle-ci revendue pour payer l’hospice, malgré les visites de la famille et quelques escapades en week-end organisées pour sortir Mamie de sa nouvelle routine, le temps a eu raison d’elle comme il finira par avoir raison de nous.
Nous sommes à un âge, Irina et moi, où nous allons voir partir de plus en plus nos ainés, tous ces visages qui nous ont souris, ces mains qui nous ont caressés, ces voix qui nous ont réprimandés, ces êtres qui nous ont formés lorsque nous étions jeunes, vifs, chahuteurs et plein de désirs. Il nous faut considérer tout cela avec attention pour que l’idée de la mort se fasse moins redoutable. S’apprivoise-t-elle vraiment ? Guy de Maupassant dans Bel Ami : « Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. (…) Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rêver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir. »
Et puis ô légèreté vivifiante de Montaigne : « Qui a appris à mourir, il a désappris à servir. Le savoir mourir nous affranchit de toute sujétion et contrainte. Il n’y a rien de mal en la vie pour celui qui a bien compris que la privation de la vie n’est pas mal. »
L’Ecclésiaste l’a scandé comme en une sorte de Mandala juif, repris par les chrétiens : « Tout n’est que vanité. » Et le Christ nous invite à ne pas trop nous attrister au départ d’un être aimé car c’est, d’une part, inutile et, d’autre part, il faut être dans la confiance du Seigneur. Sénèque (les grecs et les romains sont indispensables) : « Qu’y a-t-il de pénible à retourner d’où l’on vient ? » Car « tu es poussière et tu retourneras à la poussière. » dit la Bible. Sénèque encore : « Il vivra mal, celui qui ne saura pas bien mourir. » Et même un être profondément nihiliste comme Michel Houellebecq affirme, dans un entretien donné à Nouvelles Clés n°20 durant l’hiver 1998 : « Il m’a toujours semblé, de manière irrationnelle mais motivante et forte, que la mort justifiait la vie. L’état dans lequel on se trouve à la mort — le possible apaisement de la haine, en fait — redéfinit rétrospectivement toute l’existence. Réussir sa mort est vraiment un but. »
Combien je méprise cette époque où l’on évite de regarder la mort et l’agonie bien en face. Le témoignage unique du Christ, par son agonie et sa mort, ne peut être regardé pour ce qu’il est en raison de sa souffrance. Dans un monde de bisounours qui s’émeuvent de la moindre écharde un film comme La Passion du Christ de Mel Gibson, passe, en effet, pour une agression cinématographique fasciste ! Et ne pouvant considérer avec attention la mise à mort du Christ, comment considérer l’essentiel : sa résurrection ?
Khalil Gibran dans Le Prophète : « Si vous brûlez de voir l’esprit de la mort, ouvrez grand votre cœur dans le corps de la vie. Car la vie et la mort ne font qu’un, tout comme la rivière et la mer ne font qu’un. (…) Qu’est-ce donc que mourir si ce n’est s’offrir nu au vent et s’évaporer au soleil ? Et qu’est-ce donc que cesser de respirer si ce n’est se libérer du souffle de ses perpétuelles marées, afin de s’élever sans le poids de la chair et de s’exhaler à la recherche de Dieu ? »
Poursuivons encore un peu, avec Marc-Aurèle, Pensées : « Dusses-tu vivre trois mille ans et autant de fois dix mille ans, souviens-toi pourtant que personne ne perd une autre vie que celle qu’il vit, et qu’il n’en vit pas d’autre que celle qu’il perd. Donc le plus long et le plus court reviennent au même. Car le présent est égal pour tous, est donc égal aussi ce qui périt, et la perte apparaît ainsi comme instantanée, car on ne peut perdre ni le passé ni l’avenir, comment en effet pourrait-on vous enlever ce que nous ne possédez pas ? Il faut donc se souvenir de deux choses : l’une que toutes choses sont éternellement semblables et recommençantes, et qu’il n’importe pas qu’on voie les mêmes choses pendant cent ou deux cents ans ou pendant un temps infini, l’autre qu’on perd autant, que l’on soit très âgé ou que l’on meurt de suite : le présent est en effet la seule chose dont on peut être privé puisque c’est la seule chose qu’on possède, et que l’on ne perd pas ce que l’on n’a pas. (…) Quand on voit ce qui est maintenant, on a tout vu, et ce qui s’est passé depuis l’éternité, et ce qui se passera jusqu’à l’infini ; car tout est pareil en gros et en détail. »
C’est à se demander si l’exercice du pouvoir ne donne une considération de la globalité qui affine la conscience quant à la vanité de la vie. Je songe, bien entendu, au Roi Salomon et à l’Ecclésiaste. A se demander si l’Empereur Marc-Aurèle ne l’a lu lui-même. En tout cas, ce que dit là Marc-Aurèle a de fortes résonances avec Schopenhauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation : « [ Avant de venir au monde ] j’étais toujours moi, tous ceux-là étaient moi. (…) En effet le substratum ou contenu, ou matière du présent, est toujours proprement le même. (…) Il n’y a qu’un présent et il est toujours proprement le même. (…) Il n’y a qu’un présent et il est toujours : car il est la forme unique de l’existence réelle. » Pour le dire en un mot, rien ne sert de tenter de s’emparer de quoi que ce soit, comme je le dis bien souvent. Il faut faire dans le laisser-faire et jouir plutôt que de souffrir car à chaque jour suffit sa peine. Il faut être dans l’acquiescement, l’acceptation. Le « oui » nietzschéen est très chrétien, contrairement aux idées reçues, et très taoïste. Seul ce « oui » ouvre à la liberté. Et la liberté se trouve couronnée lorsqu’on est capable de regarder la mort et sa mort en face. Et pour bien regarder la mort et sa mort en face, il faut, comme disait Ricoeur dans Temps et Récit III pouvoir examiner sa vie et faire, si je puis dire, constamment le ménage « pour une large part, une vie épurée, clarifiée, par les effets cathartiques des récits tant historiques que fictifs. » Dans un monde où la mémoire est remplacée par de minables commémorations et où l’Histoire ressemble plus à des bruits de chiottes aux relents révisionnistes, comment voulez-vous qu’un individu, ou, plus compliqué, toute une Nation, puisse faire des retours sur soi salutaires ? Chacun préfère danser sous les spots-lights et continuer de moisir, oublier les fantômes et les cadavres dans les armoires poussiéreuses. Pour appréhender la mort, il faut, déjà, être dans la logique de l’infini tournoyant. Ralph Waldo Emerson dans Essays, Spirituals Laws : « C’est le fini qui souffre. L’infini repose dans un calme souriant. »
Pour cela il faut parvenir à traverser nos limbes ici et maintenant, nos limbes de certitudes que nos fondation ont érigé autour de nous. Constante métamorphose et révolution toujours recommencée en soi-même. Constante métamorphose ? Héraclite dans ses Fragments : « On ne peut pas descendre deux fois dans le même fleuve. Ni toucher deux fois une substance périssable dans le même état, car elle se disperse et se réunit de nouveau par la promptitude et la rapidité de sa métamorphose : la matière, sans commencer ni finir, en même temps naît et meurt, survient et disparaît. » Ce qui renvoie aussi à Jean-Jacques Rousseau, que pourtant je n’apprécie pas du tout en d’autres circonstances, disons « utopiques », a ce même sentiment dans Les Rêveries du promeneur solitaire : « Tout est dans un flux continuel sur la terre : rien n’y garde une forme constante et arrêtée, et nos affections qui s’attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement comme elles. » Et les initiés connaissent bien cette assertion très sérieuse d’Albert Einstein que le commun des mortels ne comprend que trop peu : « Pour nous autres, physiciens convaincus, la distinction entre passé, présent et futur n’est qu’une illusion, même si elle est tenace. »
Ici et maintenant. Et infini. La mort, ce détail douloureux.
Mamie Aline, catholique pratiquante, est morte dans sa 89e année. Aussi loin que je me souvienne elle a toujours affirmé qu’elle souhaiterait être confiée au feu et ses cendres placées auprès de son époux décédé en 1977. Nous nous sommes donc pliés à sa volonté. En comité réduit, une petite douzaine de personnes, nous avons accompagné Mamie vers le dénouement qui nous attend tous, des souvenirs pleins nos larmes, le cœur étreint par la douleur, dans la pudeur de l’absence de mots, des silences hurlant dans nos gorges muettes, à tourner sur nous-mêmes dans une chaleur caniculaire. La mort, ce détail douloureux, n’empêche pas la vie, grouillante, de poursuivre sa course, flamboyante bénédiction ou néfaste malédiction, qui pousse les hommes à prier dans les temples ou, plus généralement, à massacrer leurs semblables.
Lorsque la déchéance s'empare de nos défunts, dans les dernières années de leur existence, les vidant de leur substance, de leur force pendant quelques courtes années qui nous paraissaient bien souvent être des décennies, leur mort, bien que douloureuse, toujours douloureuse, est vécue dans ces cas-là comme une délivrance. Et puis les cérémonies clôturées quant à la dépouille, lorsqu'on se retrouve chez soi, vidé, anéanti par la douleur, hantés par mille souvenirs on se surprend bien vite à éprouver une forte appétence pour la vie, à respirer simplement l'air et à trouver remarquable qu'il vienne gonfler nos poumons, à regarder le ciel, même s'il est gris et que des nuages menacent, à savourer de caresser un chat qui quelques jours auparavant nous laissait presque indifférent, à prendre plaisir à un bon vin encore plus intensément que d'habitude... et je me dis, moi, que c'est signe de santé et que le défunt ou la défunte nous y invite, que c'est ce qu'il ou elle aurait souhaité, que notre vie se poursuive et que nous parvenions juste, à l'occasion, à nous souvenir de lui ou d'elle et des instants privilégiés que nous avons eu ensemble, jadis, quand la Vie nous parait encore de nos meilleurs atouts.
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10/07/2010
Obama's America
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J’aime l’Occident. Malgré ses vices et ses crimes.
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« J’aime l’Occident. Malgré ses vices et ses crimes. J’aime la vision des prophètes et la grâce du Parthénon, j’aime l’ordre romain et les cathédrales, j’aime la raison et la passion de la liberté, j’aime la perfection de ses campagnes, la mesure de ses produits et la grandeur de son projet, j’aime l’Occident… Je sais, je sais, les mines du Laurion et les crucifixion d’esclaves, je sais les massacres des Aztèques et les bûchers de l’Inquisition, mais malgré tout, le crime n’est pas l’histoire de l’Occident, et ce qu’il a porté dans le monde dépasse infiniment ce qu’il a fait contre des sociétés ou des individus.
Mais il est vain de parler. Et ce livre une fois de plus me donne le sentiment de l’acte parfaitement inutile, car personne ne pourra l’accueillir, personne ne peut plus dans ce monde occidental croire à cette vocation ni à cette grandeur. Nous sommes pris dans une sorte de fatalité que rien, semble-t-il, ne peut plus dénouer, puisque les adeptes du Christ eux-mêmes se ruent dans la fatalité de cette destruction. Seule la négation de tout ce qui est occidental, de tout ce que l’Occident a produit peut aujourd’hui satisfaire les hommes de ce même Occident. Nous assistons dans toute l’Europe et l’Amérique à une sorte de mystère, nous sommes pris dans une procession gigantesque de flagellants qui se déchirent mutuellement, et eux-mêmes, avec les pires fouets.
Nous nous sommes déguisés, pour que personne ne puisse reconnaître ce que furent les vertus des hommes de notre monde, nous nous sommes barbouillés de peinture et de sang pour manifester notre mépris envers tout ce qui a fait la grandeur qui nous a faits. Nous assistons avec joie, enthousiasme uniquement à ce qui nie, détruit, dénature, ce qui fut l’œuvre de l’Occident. Nous trépignons sur son corps et crachons à son visage. Si le XIXe siècle a trahi par la conne conscience (ce qui ne fut jamais la vérité de l’Occident), nous, nous trahissons par la mauvaise conscience, qui devient à la limite pur délire. Quand on voit le cinéma des vingt dernières années, on est confondu de se rendre compte que seuls les films qui ont diffusé le mépris, l’ordure, la flagellation ont réussi. Et nul argument ne peut servir en face de ces évidences, de ces lieux communs totalement acceptés (...)
Je vois l’Europe marcher à grands pas vers sa fin. Non pour des raisons économiques ni techniques ni politiques, non qu’elle soit submergée par un tiers monde, en réalité impuissant, non qu’elle soit aussi mise en question par la Chine, mais parce qu’elle est partie pour son suicide. Toutes les conduites (je dis bien toutes) des Techniciens, des Bureaucrates, des Politiciens, et en plein accord fondamental, malgré la contradiction apparente, les discours des philosophes, des cinéastes, des scientifiques sont toutes des conduites suicidaires. Tout facteur positif qui peut apparaître est aussitôt retourné, déformé, inverti, pour devenir un nouveau chef d’accusation ou un moyen de destruction. La Gauche a triomphalement rejoint la Droite dans cette course à la mort, et le christianisme célèbre ses noces avec le marxisme pour procéder à la mise à mort de la vieille carne impuissante qui fut la gloire du monde. » Jacques Ellul, Trahison de l’Occident, 1975
« C’est du rêve éveillé que de présenter un programme de fédération islamique en France, pour mieux intégrer les musulmans. Ce sera au contraire le début de l’intégration des Français dans l’islam. » Jacques Ellul, article paru dans l’hebdomadaire Réforme le 15 juillet 1989
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07/07/2010
Mohamed est un joli prénom
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Malika Ménard
Martin Hirsch a une cervelle de mollusque, un QI de moule sans les frites. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir passé une partie de sa vie à changer les couches de cet autre sénile qu'était l'Abbé Pierre qui lui est monté à la tête, mais sa dernière déclaration en date, par laquelle il souhaite se faire un trou pour de bon chez les bisounours, bien que mielleuse, ne manque pas de piquant dans le cadre du politiquement correct, bien-sûr.
Jusqu'à peu, toute personne vivant en France pouvait penser qu'un bon signe d'intégration de la part des immigrés accueillis en ce pays était de voir des Mouloud et des Aziz donner comme prénoms à leurs enfants Christian, Michel, Sandrine, Isabelle, etc... Et bien non. Selon Martin Hirsch, cette Haute Conscience du "Bien Vivre Ensemble" que l'on nous enfonce dans la gorge par une propagande constante et des plus nauséeuse qui n'a plus rien de Bien, plus rien de Vivant et qui sépare plus qu'elle ne rassemble, selon cette pauvre burne toute retournée sur elle-même, ce politique-mono-couille, ô Merveille des Merveilles, issu du monde associatif, "la vraie intégration, c’est quand des catholiques appelleront leur enfant Mohamed !" On se demande ce que les Catholiques viennent foutre soudain là-dedans ? Et puis pourquoi "Mohamed" ? Certes, c'est un joli prénom "Mohamed", c'est celui du Prophète des Prophètes, que la bénédiction soit sur lui, faut pas déconner quand même, mais Toufik c'est bien aussi. Sans vouloir manquer de respect au Prophète des Prophètes, que les houris l'abreuvent, moi j'aime bien Toufik, et puis Kamel, puis Badri, Ali, Smaïn et pour les filles, Yasmina, Aïcha, etc... etc... Et puis je vois pas pourquoi les athées, mais aussi les juifs, les bouddhistes, les protestants, les orthodoxes ne devraient pas non plus appeler leurs enfants par des prénoms arabes. Ce serait un signe sain, plein de tolérance. Je dis même : nous n'avons pas assez baissé notre froc... faisons nous enculer dans la joie et la bonne humeur, à sec, directement comme ça, sur un tas de tessons de bouteilles et de fil barbelé. Faisons-nous enculer au sens propre carrément, puisqu'au sens figuré c'est fait depuis longtemps déjà et chaque fois qu'un de ces enfoirés que nous ne manquerons pas de tondre, comme dit l'ami XP, à la Libération, en rajoute une couche c'est juste pour bien assoire leur néfaste domination, leurs culs crasseux sur nos gueules asphyxiées.
Il serait bon tout de même de rassurer Martin Hirsch, son idéologie avance depuis un moment déjà, elle n'a même plus besoin de lui pour se faire son nid dans la conscience délavée du bon citoyen franchouillard festif qui veut s'intégrer à tout prix aux Chances pour la France. La preuve : la Miss France de cette année, tout un symbole, au Nom de Famille on ne peut plus fromage blanc, "Ménard", aux parents bien français et bien normands se prénomme "Malika", c'est dire. Et elle est née en 1987.
La preuve par l'image...
22:15 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (10) | |
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05/07/2010
Vive l'Europe !
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Combien est belle notre Capitale Zéropéenne !
17:00 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Suspect
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
« Sachons être suspect. C’est le signe, aujourd’hui, d’un esprit libre et indépendant, surtout en milieu intellectuel. Il faut, en effet, choisir entre la flatterie de l’idéologie dominante et la suspicion dont les parangons de cette idéologie accablent ceux qui refusent de se plier à la nouvelle mode. »
Julien Freund, préface à Carl Schmitt, cité par Pierre-André Taguieff, Julien Freund, la table ronde, p. 133.
06:16 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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