19/03/2015
Ni xénophobie, ni ontologie révolutionnaire
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« Tous les sociologues savent que lorsque deux populations différant nettement du point de vue ethno-culturel vivent l'une avec l'autre, dès que l'on dépasse un certain seuil, il en résulte des difficultés de toutes sortes : discrimination, ségrégation, déculturation, délinquance, etc. C'est dans ce genre de difficultés que se débattent les Etats-Unis. Il va sans dire qu'elles nuisent profondément à toutes les communautés en présence, à commencer par les communautés minoritaires, qui sont, dès lors, fondées à exprimer leur indignation. Dans le problème de l'immigration, je distinguerai deux aspects. Tout d'abord, une question de principe. On dit que l'immigration est indispensable à l'économie. C'est possible, encore qu'il ne soit pas certain qu'on prenne toujours en compte les coûts marginaux. Quoi qu'il en soit, une telle affirmation revient à dire que les impératifs économiques doivent être considérés comme prioritaires par rapport à tous les autres. Ce n'est pas forcément évident. Nous sommes donc, à nouveau, devant une question de choix. D'autre part, à l'heure actuelle, la formule "indispensable à l'économie" signifie en clair "indispensable au maintien de la marge bénéficiaire des grandes entreprises".
On peut donc s'étonner de la voir employée par des organisations qui se déclarent "anticapitalistes". Le rapport Massenet met l'accent sur un point important. Le recours aux immigrés n'est-il pas un recours à une énergie de substitution à l'innovation économique ? A terme, c'est l'innovation qui conditionne la compétitivité. Il y a là un risque de protectionnisme. Sous l'Empire romain, l'esclavage a freiné l'innovation, parce que, sur le moment, il était toujours plus facile d'avoir recours aux esclaves. Le retour à une telle situation serait inacceptable. Ensuite, il y a une situation de fait. On compte en France environ quatre millions de travailleurs immigrés, soit 6% de la population totale. Ils contribuent pour 56% à notre croissance démographique. Trop souvent, ces travailleurs sont traités en parias. Méprisés, exploités, parfois redoutés, ils vivent dans des conditions qui nous paraissent choquantes. Cette situation est odieuse. La présence des immigrés irnplique des devoirs réciproques. Il y a ceux qui veulent mettre "les Arabes dehors" et ceux qui, comme les gauchistes, parlent dans l'abstrait d'"hommes comme les autres" et, dès lors, refusent tout contrôle. On ne doit tomber ni dans la xénophobie ni dans l'ontologie révolutionnaire. »
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