23/06/2011
Le combat entre l’homme et Dieu
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Pol Vandromme
« Le combat entre l’homme et Dieu. Quelle que soit la conviction que l’on professe – et pour notre part, nous ne cachons pas que nous sommes catholiques – on doit convenir que c’est un grand sujet et peut-être même le seul sujet vraiment essentiel. Les raisons que l’on a de croire, ou de ne pas croire, sont toujours des raisons décisives, en ce sens qu’elles nous engagent ou qu’elles nous révèlent en profondeur. Les rapports d’un écrivain avec la religion indiquent ce qu’il est et ce qu’il vaut : déterminant les fondements de sa conception de l’existence. Le gros de la littérature contemporaine est si vide et même, ajoutons-le franchement, si misérable parce que le souci religieux lui est étranger. Cette indifférence, cette inculture trahissent l’absence de vie intérieure. Quand nous disons : vie intérieure, cela ne signifie pas que nous entendons par là : vie mystique ou vie religieuse. Que l’on soit agnostique, et même tranquillement fortifié dans son agnosticisme, ce n’est pas cela qui nous étonne. Notre surprise, qui tourne à l’indignation, c’est que tant d’écrivains donnent l’impression qu’ils ne savent pas pourquoi ils le sont, et que cela ne les intéressent pas de le savoir. On dirait qu’ils n’ont jamais réfléchi à ce problème, qu’ils n’ont jamais éprouvé le besoin de l’aborder sérieusement. Nous espérons qu’on nous permettra de le dire : les cris de Nietzsche et de Rebatet sont peut-être préférables à ce silence sinistre qui pèse toujours plus lourdement sur la littérature moderne. Dieu est mort dans certaines âmes parce qu’elles ne se demandent plus s’il existe ou s’il pourrait exister. Les autres, qui répètent le lugubre blasphème, se heurtent quand même, et douloureusement, à une question qui compte. Le trouble qu’ils suscitent, le mal qu’ils peuvent faire – le bien aussi, car leurs œuvres agissent parfois à l’insu de leurs auteurs et dans le sens opposé à celui qu’ils espèrent : Nietzsche par exemple, n’a pas été pour tous ses lecteurs, un professeur d’incrédulité – ce n’est pas cela qui se trouve en cause ; mais leur qualité morale, leur richesse intérieure. Sur ce plan-là, l’incuriosité religieuse est une infirmité plus navrante, et un scandale plus suspect, que le déchainement antireligieux. »
Pol VANDROMME, Rebatet
Voir aussi cet article... chez JLK.
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