31/07/2011
Kerouac, ce cinglé de beatnik
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« Je crois que les femmes commencent par m’aimer, et puis elles se rendent compte que je suis ivre de la terre entière et elles comprennent alors que je ne puis me concentrer que sur elles seules bien longtemps. Cela les rend jalouses. Car je suis un dément amoureux de Dieu. Eh oui. D’ailleurs la lubricité n’est pas mon lot, elle me fait rougir : - tout dépend de la femme.
Je l’ai déjà dit, c’est une jeune Bretonne d’une beauté extraordinaire, inoubliable, que l’on voudrait croquer séance tenante, avec ses yeux verts comme la mer, ses cheveux bleu-noir et ses petites dents de devant légèrement écartées et telles que si elle avait rencontré un dentiste lui proposant des les redresser, chacun des hommes de notre planète aurait ficelé le cuistre à l’encolure du cheval de bois de Troie, pour lui permettre de jeter un coup d’oeil sur la captive Hélène, avant que Paris n’ai assiégé son Gaulois Gullet, ce traître libidineux. Elle portait un pull blanc tricoté, des bracelets en or et autres fanfreluches: quand elle m’a regardé de ses yeux couleur de mer, j’ai fait oui de la tête et ai failli la saluer, mais je me suis contenté de me dire qu’une femme pareille, c’était le grabuge et la bisbille ; à d’autres que moi, paisible berger mit le cognac. - J’aurais voulu être un eunuque, pour jouer avec de tels creux et de telles bosses pendant deux semaines.
Tous me décochèrent des regards absolument noirs quand ils entendirent mon nom, comme s’ils se marmonnaient intérieurement : Kerouac, je peux écrire dix fois mieux que ce cinglé de beatnik, et je le prouverai avec ce manuscrit intitulé Silence au Lip, tout sur la manière dont Renard entre dans le hall en allumant une cigarette, et refuse de voir le triste et informe sourire de l’héroïne, une lesbienne sans histoire, dont le père vient de mourir en essayant de violer un élan, à la bataille de Cuckamonga ; et Philippe, l’intellectuel, entre, au chapitre suivant, en allumant une cigarette avec un bond existentiel à travers la page blanche que je laisse ensuite, le tout se terminant par un monologue de la même eau, etc., tout ce qu’il sait faire, ce Kerouac, c’est d’écrire des histoires...»
Jack Kerouac, Satori à Paris
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30/07/2011
La défiance et le soupçon
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« La décomposition des solidarités locales traditionnelles ne menace pas seulement les bases anthropologiques de la résistance morale et culturelle au capitalisme. En sapant également les fondements relationnels de la confiance (tels qu'ils prennent habituellement leur source dans la triple obligation immémoriale de donner, recevoir et rendre) la logique libérale contribue tout autant à détruire ses propres murs porteurs, c'est-à-dire l'échange marchand et le contrat juridique. Dès que l'on se place sur le plan du simple calcul (et l'égoïste –ou l'économiste- n'en connaît pas d'autre) rien ne m'oblige plus, en effet, à tenir ma parole ou à respecter mes engagements (par exemple sur la qualité de la marchandise promise ou sur le fait que je ne me doperai pas), si j'ai acquis la certitude que nul ne s'en apercevra. A partir d'un certain seuil de désarticulation historique de "l'esprit du don" (matrice anthropologique de toute confiance réelle) c'est donc la défiance et le soupçon qui doivent logiquement prendre le relais. »
Jean-Claude Michéa, La Double Pensée
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28/07/2011
Cet univers moral fluide, amorphe, sans frontières
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« Ce laxisme des doctrinaires fait de notre temps le temps des hétérodoxies. L’art s’épanouit en formes monstrueuses. Il est au-delà de toutes les formes ; précisément parce qu’il est devenu formalisme pur. Il n’exprime plus aucune vision de l’homme. Il n’exprime plus qu’une définition de l’art, une pure définition du fait de s’exprimer sans référence à l’homme : pour notre siècle, l’art se réduit à être une forme quelconque. [...]
La morale n’est pas moins tournoyante. En morale sexuelle, en particulier, on a obtenu des résultats spectaculaires depuis qu’on s’en tient à une définition rationnelle de l’acte sexuel. Comme pour l’art, on a établi que l’acte sexuel se réduit à être un contact quelconque capable de susciter une jouissance quelconque. On ne voit donc pas quelles objections on pourrait faire à un "formalisme sexuel" s’exprimant par des « expériences », ou dans des "directions", à la manière de l’art abstrait.
La drogue elle-même n’est plus qu’une "matière" permettant une certaine "forme" d’expression de la personnalité. Les limites disparaissent, puisque toute expression de la personnalité est licite en soi : la condamnation qu’on ne peut plus fonder sur la logique de la nature ou de l’instinct et encore moins sur la qualité des actes est facilement représentée comme un préjugé qui ne repose sur aucun principe légitime.
Cet univers moral fluide, amorphe, sans frontières, ne trouve une source d’inspiration et une force que dans la haine que lui inspire la santé et l’énergie. Le fanatisme intellectuel réveille ces êtres inertes partagés entre l’extase et la terreur. Il est leur drogue, il les retrempe comme les eaux du baptême, il les réunit comme une messe, il leur redonne quelque chose d’humain. Ces même esprits, si indécis, si retenus dans leur jugement, si tolérants, sont implacables quand il s’agit de leurs adversaires, c'est-à-dire de la race d’homme dont ils abhorrent la nature et l’existence. Tout le monde mérite l’indulgence, sauf l’être profondément immoral et dépravé qui ne sent pas comme eux. Celui-ci est un asocial, un dément qu’on regrette de voir en liberté. Il a échappé à la médication de la "conscience collective" : on se demande quel traitement on pourrait bien lui appliquer pour dissoudre enfin son irréductibilité. »
Maurice Bardèche, Sparte et les sudistes
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27/07/2011
Ganafoul : Full Speed Ahead
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Les généraux suffisants ou affolés
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« Je ne connaissais que trop bien l’histoire de la dernière guerre, les généraux suffisants ou affolés, fossiles ou brouillons, aussi dépourvus d’idées que de caractère, de bronze pour les préjugés, la routine, les pétarades, de cire devant les politiciens ; les états-majors apprenant laborieusement des Allemands à se battre, toujours devancés par eux, les ignominies du grignotage, de l’Artois, des Vosges, de la Champagne, de 1917, entreprises pour user l’ennemi et saignant à blanc le pays pour quarante années ; les robustes sexagénaires à trois ou cinq étoiles, œil d’acier, moustache impérative, convictions catholiques, planqués à dix kilomètres des barbelés, expédiant adolescents, les jeunes maris, les pères, les petits conscrits paysans gourds et candides, les grands vignerons gaulois aux longues bacchantes, aux poitrines profondes et moussues, les poètes, les Bretons résignés, les méridionaux joyeux, les Marocains nobles et graves, les Bambaras aux rires d’enfants, tous devenus cadavres tordus, éventrés, arrachés, écartelés, dans les ferrailles, putréfiés dans la fange, pour rien, dix fois, cent fois pour rien, parce que quelques vieux hommes qui tenaient dans leur mains leur mort et leur vie manquaient d’imagination et ne savaient pas leur métier. »
Lucien Rebatet, Les Décombres
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26/07/2011
Heuark Heuark !
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Plus la télévision est absurde, mieux elle remplit son office
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« L'actualité détermine ce qui est actuel. N'est-ce pas là une évidence ? Seulement l'actualité ne détermine pas ce qui est actuel d'une manière tout immédiate, comme on feint de le croire. Ce qui est actuel, n'est-ce pas ce qui est là tout simplement, maintenant, objectivement ? Ce qui est là maintenant, en cet instant qui retentit en même temps dans le monde entier, c'est justement ce monde tout entier, la totalité des événements, des personnes et des choses. Il faut donc choisir. Qu'est-ce qui dirige ce choix ? Sur le tout de la réalité les médias jettent une grille: le hold-up de la matinée, les courses à Vincennes et le rapport du tiercé, la petite phrase de quelque histrion de la politique en tournée, la hausse du dollar et du pétrole (ou leur baisse), la baisse de l'or (ou sa hausse), l'interview de la concierge de l'immeuble le plus proche de l'endroit où le viol de la fillette est supposé avoir eu lieu, l'arrivée de la traversée de l'Atlantique à la voile, ou l'étape du Tour, la littérature enfin au moment de la remise des prix, quand elle ressemble elle-même à une course, avec favoris, outsiders, etc. Pris dans le film de leur succession ou de leur juxtaposition sur la page d'un journal, ces événements présentent un caractère commun: l'incohérence. Considéré isolément, chacun d'eux se résume à un incident ponctuel. Ni les tenants ni les aboutissants ne sont donnés avec lui. Tirer le fil de sa causalité, de sa finalité, de sa signification, de sa valeur, ce serait penser, comprendre, imaginer, rendre la vie à elle-même quand il s'agit de l'éliminer. Rien n'entre dans l'actualité que sous cette double condition de l'incohérence et de la superficialité, de telle manière que l'actuel est l'insignifiant.
Ce qui par cette insignifiance entre dans l'actualité a fait voeu par là même d'en sortir, n'étant posé que pour être supprimé. On déplore aujourd'hui que les diverses productions de la télévision -reportages, films, dramatiques - soient interrompues par des spots publicitaires qui invitent le spectateur à passer sans cesse d'un programme à un autre, aussi inconsistant que celui qu'il vient de quitter. Comment ne pas voir cependant qu'avec ce sautillement perpétuel d'image en image à travers leurs séries inconséquentes les médias réalisent leur essence ? L'actuel n'est pas seulement l'incohérent et l'insignifiant, il doit l'être. Plus la télévision est absurde, mieux elle remplit son office. »
Michel Henry, La Barbarie
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25/07/2011
Thin Lizzy au Hell Fest 2011...
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Sans le regretté Phil Lynott, Bassiste, chanteur et fondateur du groupe, ça n'est plus vraiment Thin Lizzy... mais comme c'est un "Projet Tribute" avec des membres d'origine, ça tient largement la route...
Trois membres historiques de Thin Lizzy sont présents : Le génial batteur Brian Downey, le sympathique claviériste Darren Wharton et le grandiose guitariste Scott Gorham.
Ricky Warwick du défunt groupe, The Almighty, chante et assène quelques sobres guitares rythmiques, le discret Marco Mendoza aligne les pulsations de basse du Grand Phil, tandis que Richard Fortus (ex- Psychedelic Furs et actuel guitariste au sein de Guns & Roses) partage les lead guitares avec Scott Gorham.
Voyez... ou revoyez, ici, la prestation du groupe au Hell Fest d'il y a quelques jours retransmise sur la Chaîne Arte. N'hésitez pas à mettre le plein écran, la qualité d'image est excellente et le son a de la gouaille bien que le son de Scott Gorham soit un noyé.
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Evola et Maurras
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« Evola défend une monarchie d’inspiration métaphysique, par quoi il faut entendre, non pas tant une monarchie "de droit divin", au sens classique de cette expression, qu’une monarchie fondée sur des principes dérivant eux-mêmes de ce qu’Evola appelle la "Tradition primordiale". Cette "Tradition primordiale" reste à mes yeux aussi nébuleuse qu’hypothétique, mais là n’est pas la question. Ce qui est sûr, c’est que Julius Evola se fait de la monarchie une idée assez différente de celle de la plupart des théoriciens royalistes contemporains. Une étude comparative des idées de Charles Maurras et d’Evola, étude qui n’a pas encore été réalisée, serait de ce point de vue des plus utiles.
Certes, entre Maurras et Evola, il y a un certain nombre de points communs. Sur un plan plus anecdotique, on peut aussi rappeler que Pierre Pascal, réfugié en Italie après 1945 et qui fut jusqu’à la fin de sa vie assez actif dans certains milieux évoliens, avait dans sa jeunesse été un proche collaborateur de Maurras. Mais il n’en est pas moins vrai que le royalisme maurrassien, tout empreint de positivisme au point que Maurras put être qualifié de "Jacobin blanc" par Georges Bernanos et Edouard Berth, diffère profondément de l’idée monarchique tel que la conçoit Evola.
Ce dernier s’affirmait avec hauteur un Gibelin, tandis que Maurras était un Guelfe. Evola ne faisait guère la différence entre la royauté et l’Empire, qu’il défendait avec la même vigueur, tandis que Maurras, conformément à la tradition française, voyait dans la "lutte contre l’Empire" le principal mérite de la dynastie capétienne. Evola a toujours manifesté à la fois de l’intérêt pour les doctrines orientales et de la sympathie pour l’Allemagne ou le Nord "hyperboréen", alors que Maurras le Provençal, comme Henri Massis, opposait radicalement l’Orient à l’Occident et n’avait que mépris pour les "Barbares" établis de l’autre côté du Rhin. En outre, Evola peut être considéré comme un théoricien des origines, puisqu’il rappelle sans cesse que le mot archè renvoie à la fois au plus ancien passé, à l’« archaïque », mais aussi à ce qui, de ce fait même, commande le présent. Maurras, au contraire, professe (de manière d’ailleurs assez paradoxale) un complet mépris des origines et ne s’intéresse aux grandes entreprises politiques qu’au travers de leur final accomplissement. Quant à leur conception de la politique, elle diffère elle aussi du tout au tout, Maurras (qui n’a jamais lu Evola) se réclamant de l’ "empirisme organisateur" et du "nationalisme intégral" là où Julius Evola (qui a lu Maurras) se réclame de la métaphysique et fait du nationalisme une critique féroce largement justifiée. »
Alain de Benoist, Entretien avec Marco Iacona à propos de Julius Evola
Nouvel entretien sur Julius Evola, Alain de Benoist avec Marco Iacona en Fichier PDF
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