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09/12/2012

Profondément conscient de lui-même, radicalement étranger aux autres, terrorisé par l’idée de la mort

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« Le but de la fête est de nous faire oublier que nous sommes solitaires, misérables et promis à la mort ; autrement dit, de nous transformer en animaux. C’est pourquoi le primitif a un sens de la fête très développé. Une bonne flambée de plantes hallucinogènes, trois tambourins et le tour est joué : un rien l’amuse. A l’opposé, l’Occidental moyen n’aboutit à une extase insuffisante  qu’à l’issue de raves interminables dont il ressort sourd et drogué : il n’a pas du tout le sens de la fête. Profondément conscient de lui-même, radicalement étranger aux autres, terrorisé par l’idée de la mort, il est bien incapable d’accéder à une quelconque exaltation. Cependant, il s’obstine. La perte de sa condition animale l’attriste, il en conçoit honte et dépit ; il aimerait être un fêtard, ou du moins passer pour tel. Il est dans une sale situation. »

Michel Houellebecq, Rester vivant

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08/12/2012

Notre Dieu est venu au-devant

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« Madame, lui dis-je, si notre Dieu était celui des païens ou des philosophes (pour moi, c'est la même chose) il pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait. Mais vous savez que le nôtre est venu au-devant. Vous pourriez lui montrer le poing, lui cracher au visage, le fouetter de verges et finalement le clouer sur un croix, qu'importe? Cela est déjà fait ma fille... »

Georges Bernanos, Le journal d'un curé de campagne

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07/12/2012

C’est ainsi que l’on écrit l’histoire selon la formule

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« Nous savions également pour en revenir au Chili, que depuis deux ou trois ans, ça n’allait pas économiquement, c’était la déroute : ménagères en révolte allant jusqu’à prier les soldats de renverser le gouvernement d’Allende, transporteurs et camionneurs en grève, paysans et une grande partie des ouvriers mécontents, etc.
Tout cela est oublié. Ce n’est plus la faute de faillite économique, ce n’est plus le mécontentement général ou majoritaire de la population qui a provoqué, la chute du régime. On a oublié. Maintenant c’est la faute de la réaction et des Américains, nous dit-on. C’est ainsi que l’on écrit l’histoire selon la formule.

Le Figaro, Septembre 1973 »

Eugène Ionesco, Antidotes

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06/12/2012

Sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi...

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Neal Cassidy & Jack Kerouac


« Un gars de l’Ouest, de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j’aurais avec lui, j’allais entendre l’appel d’une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi pour copain, et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur le trottoir ou sur un lit d’hôpital, qu’est ce que cela pouvait me foutre ? J’étais un jeune écrivain et je me sentais des ailes.

Quelque part sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare. »

Jack Kerouac, Sur la route

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05/12/2012

Tout ça me plaisait dans une dimension inquiétante

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« Ce n’était plus la guerre fantomatique à quoi, depuis mon arrivée à Beyrouth, je m’étais habitué et qui ne venait pas ; ce n’était plus du roman devenu vague rêverie au fond de l’ennui ; c’était l’essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j’y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre et que je mourais ou tuais avec une ivresse qui me laissait croire que j’étais la proie d’autre chose que de la fièvre du jeu.

Mais à Beyrouth, cette nuit-là, au premier étage du magasin que nous devions tenir, dans le bruit des armes, les éclats, l’odeur de poudre, d’huile et de métal chaud, je sentais les autres miliciens bien plus proches de moi que mes anciens compagnons de jeu.

Tout ça me plaisait dans une dimension inquiétante, voire terrifiante du plaisir : celle qu’on connaît dans les très grandes amours. »

Richard Millet, La confession négative

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04/12/2012

Le laboureur revient toujours

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« Kirchhorst, 2 mai 1945.(...)

Le labeur, le souci de petites choses ne crée pas seulement un contrepoids à l’illusoire, mais aide aussi à préserver la dignité, ou à la rétablir lorsqu’on lui a fait atteinte. Plus la panique croît, et plus on se réjouit d’apercevoir l’homme qui ne fait pas de l’épouvante plus de cas qu’elle ne mérite, et lui refuse ses courbettes – à une époque d’athéisme, cela ne devient pas plus facile, mais plus dur.

Dans mon enfance, j’avais à peine appris à lire, une histoire de la guerre des Boxers me fit grande impression. Si je m’en souviens bien, c’était un officier de l’Etat-major de Waldersee qui racontait une exécution d’otage chinois en train de lire un livre. Ce spectacle l’émut, et il demanda au responsable de l’exécution la vie sauve pour cet homme ; il l’obtint. Il fit part au lecteur de cette mesure de grâce. Le Chinois le remercia courtoisement, mit son livre dans sa poche et quitta le lieu des supplices, qui poursuivirent leur cours. Je me demandai, plus tard : que pouvait-il bien lire ? Il faudrait connaître ce texte. Aujourd’hui, je pourrais concevoir qu’il ait lu un chapitre du Kin-Ping-Meh, ou un manuel de culture des lis. Celui qui sait se reconnaît non à la matière, mais au fait de son savoir. C’est là ce qu’il faut mettre à l’épreuve : il existe des prières creuses, comme il existe un sourire qui convainc.

Les paysans ont repris le chemin de leurs champs, bien qu’ils aient des bandes de fêtards installées chez eux. La récolte est incertaine. Mais le paysan qui laboure en suivant ses chevaux, tandis que les armées passent sur les routes, offre une image imposante de cette continuité, de cette permanence de l’effort humain, si souvent déçue, et qui pourtant est plus importante, plus riche de consolations, plus profondément enracinée que son progrès, qui, bien plutôt, s’en éloigne. Le laboureur revient toujours ; je l’ai vu à l’œuvre durant notre offensive en France, et l’on dit qu’il traçait ses sillons à Waterloo, entre les armées qui se déployaient l’une contre l’autre. »

Ernst Jünger, Tome IV du Journal de Ernst Jünger : "La Cabane dans la vigne", consacré à la période 1945-1948, qui englobe les années d’occupation américaine en Allemagne

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03/12/2012

L'égalité entre les hommes

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« L'axiome d'un Anglo-Saxon concernant l'égalité entre les hommes me revint en mémoire. Il la cherche, non pas dans la répartition sans cesse changeante de la puissance et des moyens d'agir, mais dans le fait constant que chacun peut tuer chacun des autres. »

Ernst Jünger, Eumeswil

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Sens du tragique

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« La morale, l'instinct, et la pure et simple chute des corps règlent notre action. Nos cellules sont composées de molécules, et celles-ci d'atomes. »

Ernst Jünger, Eumeswil

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Flicaille...

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« Il est vrai que notre lagune saumâtre grouille d'une flicaille intellectuelle particulièrement nauséabonde. »

Ernst Jünger, Eumeswil

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Navire de guerre

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« On devrait vivre comme un navire, ayant à son bord tout ce qu'il y a de nécessaire, et toujours prêt au combat. »

Ernst Jünger, Jeux Africains

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