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25/06/2013

Le rêve de ce rassemblement, ce serait cela le fascisme

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« A la fin de la première guerre mondiale, il y avait chez certains hommes de droite le désir de dépasser les classifications d’autrefois et de réconcilier le nationalisme avec un certain socialisme. Livrée sans freins aux mécanismes des marchés, la société économique était d’une cruauté intolérable pour les pauvres. L’Etat avait le devoir de se substituer aux individus défaillants pour assurer un minimum de justice. A l’inverse du communisme qui s’attaquait à la nature même de la société et de l’homme, il fallait imaginer un socialisme moderne qui, tout en mettant un terme à la misère des travailleurs, préserverait les hiérarchies, les inégalités qui sont des faits intangibles.

L’ordre réactionnaire était une apparence stéréotypée qui prolongeait l’existence d’injustices odieuses. Le désordre révolutionnaire en revanche, était une agitation qui s’efforçait de tout niveler. Entre cet ordre imposé par l’esprit mercantile, et ce désordre entretenu par l’esprit de subversion, il importait de découvrir une voie moyenne, en rendant populaires les valeurs d’ancien régime qui étaient dignes de survivre – les métiers et leurs fêtes, les liens de maître à disciple, l’énergie vitale, les élites de la compétence – et en rendant nationales les traditions anarcho-syndicalistes et proudhoniennes – le compagnonnage, les chouanneries ouvrières en lutte pour le pain.

Dans le même temps, à gauche, d’autres hommes accueillaient un projet identique. La machine infernale du communisme avait manqué de les broyer. Ce que le dogmatisme de la secte avait d’accablant, ce que son faux internationalisme avait d’étroitement russe les indisposaient, leur inspiraient du dégoût. La nation, libérées de ses rengaines d’agioteurs, de grippe-sous et de ganaches étoilées, devenait une idée neuve. C’était, pour eux, un nouveau bonheur communautaire. Les antidémocrates, qu’ils fréquentaient, leur redisaient que la route du socialisme ne passerait jamais par le Palais Bourbon. Jadis, les syndicalistes libertaires avaient pendu Marianne à la Bourse du Travail. C’était cela qu’il fallait tenter de refaire. La hardiesse des minorités balayerait les scléroses, les combines, tout ce qui incarne la république de la peur, des salons et des académies.

Drieu, qui avait attendu en vain le six février sur la place de la Concorde la rencontre des foules hostiles, écrivait au lendemain de l’émeute avortée : "La corruption démocratique de la masse de gauche annihile le mouvement des braves d’extrême-gauche, et, d’ailleurs, la subversion déclarée des braves d’extrême-gauche rejetterait la masse de gauche sur la masse de droite. Le monde d’extrême-gauche est incapable de renverser le capitalisme, comme le monde d’extrême-droite est incapable de renverser la démocratie parce que les deux monde moyens de droite et de gauche se tiennent". Mais, ensemble, dans la fraternité d’un combat nouveau, réunis contre les bureaucrates staliniens et les commis de la technocratie, ne pourraient-ils pas venir à bout des fantômes du vieux monde ? Le rêve de ce rassemblement, ce serait cela le fascisme. »

Pol Vandromme, L’Europe en chemise. L’extrême-droite dans l’entre-deux-guerres

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