07/11/2013
La douleur du génie est un plus haut trésor
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« C’est pourquoi la figure d’Empédocle dépasse si manifestement le rêveur chétif et confus qu’était Hypérion : ici nous avons un rythme plus élevé et plus poétique, car ce n’est pas la douleur contingente de l’homme, mais la sainte détresse du génie. La souffrance de l’enfant appartient à lui-même et à la terre, c’est le sort commun inhérent à la jeunesse de chaque être humain ; mais la douleur du génie est un plus haut trésor, qui n’appartient déjà plus à lui-même, cette souffrance est "sacrée" ; "la douleur des dieux n’appartient qu’à eux seuls". Ainsi il y a une merveilleuse distance entre ces deux mondes dont l’un est encore humide de la rosée de la foi, comme un doux paysage de l’âme, et dont l’autre est une sphère héroïque, un massif rocheux et montagneux, domaine de la solitude et des grandes tempêtes ; entre les deux, la séparation est constituée par la puberté du génie et par le choc du destin. Celui qui n’a pas pu apprendre à vivre, celui qui a vu les cieux de la foi s’effondrer sur son cœur brisé, va maintenant rêver le dernier rêve, le rêve suprême, la mort dans l’immortalité. »
Stefan Zweig, Le Combat avec le Démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche
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