07/11/2013
Créer sur cette terre la "théocratie de la beauté"
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« On peut donc faire tenir dans une coquille de noix les idées personnelles d’Hölderlin que renferme Hypérion : de l’élévation lyrique de la parole retentissante ne se dégage, à vrai dire, qu’une seule pensée ; et cette pensée, comme toujours chez Hölderlin, est essentiellement un sentiment, le seul qu’il ait réellement vécu, le sentiment de l’incompatibilité du monde extérieur, fait de banalité, de compromissions et de non-valeurs, avec le monde pur des choses de l’âme – le sentiment dualiste de la désharmonie de la vie. Réunir l’intérieur et l’extérieur, le moral et le physique, dans une forme suprême d’unité et de pureté, créer sur cette terre la "théocratie de la beauté", l’ "un-tout", voilà désormais la tâche idéale de l’individu en particulier et du monde en général. "Nature sacrée, tu es la même en nous et hors de nous. Il ne doit pas être si difficile de concilier ce qui est hors de nous avec ce qu’il y a de divin en nous", ainsi prie le disciple, l’enthousiaste Hypérion, en préconisant la religion sublime de l’universelle communion. En lui ce n’est pas la froide volonté verbale de Schelling qui vit, mais la brûlante volonté de Shelley aspirant à une communion élémentaire avec la nature, ou bien la nostalgie de Novalis, cherchant à briser la mince membrane qui sépare le moi de l’univers, afin de se répandre voluptueusement dans le corps brûlant de la nature. »
Stefan Zweig, Le Combat avec le Démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche
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