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12/07/2013

Nous étions une ligue de guerriers

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« Plus de choses s'étaient anéanties pour nous que les seules valeurs que nous avions tenues dans la main. Pour nous s'était aussi brisée la gangue qui nous retenait prisonniers. La chaîne s'était rompue, nous étions libres. Notre sang, soudain en effervescence, nous jetait dans l'ivresse et l'aventure, nous jetait à travers l'espace et le péril, mais il poussait aussi l'un vers l'autre ceux qui s'étaient reconnus parents jusqu'au plus profond de leurs fibres. Nous étions une ligue de guerriers, imprégnés de toute la passion du monde, farouches dans le désir, joyeux dans nos haines comme dans nos amours. »

Ernst von Salomon, Les Réprouvés

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11/07/2013

Le pire n’est pas d’avoir une âme mauvaise, même perverse, mais d’avoir une âme toute faite

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« En langage bergsonien, Péguy traduisait de la sorte : "Le pire n’est pas d’avoir une âme mauvaise, même perverse, mais d’avoir une âme toute faite, une âme endurcie par l’habitude. Sur une âme habituée, la grâce ne peut rien. Elle glisse sur elle comme l’eau sur un tissu huileux. Il y a des âmes qui ne pèchent jamais, et qui ne reçoivent jamais de grâces (les dévots d’Orléans par exemple), et d’autres au contraire qui vivent sans cesse dans le péché, et en qui les grâces abondent. Pauvres honnêtes gens ! Pauvres gens sans péché ! Leur peau de morale, toujours intacte, leur fait un cuir sans défaut. Ils ne présentent pas cette affreuse blessure, cette inoubliable détresse, ce point de suture éternellement mal joint, cette mortelle inquiétude, cette invincible arrière-anxiété, cette amertume secrète, cet effondrement perpétuellement masqué, cette cicatrice éternellement mal fermée, cette entrée à la grâce qu’est essentiellement le péché." Le péché, dans le spirituel, lui semblait tenir le même rôle que la pauvreté dans le monde. De même qu’il faisait sortir de cet état de pauvreté toutes les vertus temporelles, il pensait que les dispositions les plus propres à nous tenir en contact avec Dieu naissaient de l’état de péché. Dieu aime les pécheurs, disait-il, les bons pécheurs, s’entend, car il y a les mauvais pécheurs. Lui, il était un bon pécheur. Il vivait dans le péché (et même le péché mortel) puisqu’il croyait à l’Église, qu’il était de l’Église, et qu’il restait en dehors d’elle. »

Jean et Jérôme Tharaud, Notre cher Péguy

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Le seul sens que la vie peut avoir tient dans les signes qu’on laisse pour les hommes de l’avenir

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« Marcel Conche affirmant que le seul sens que la vie peut avoir tient dans les signes qu’on laisse pour les hommes de l’avenir, remarque que la mort elle-même peut être choisie comme un signe. La mort volontaire peut se mettre, au plus haut degré, au service de la vie. A l’inverse la vie ne peut avoir aucun sens pour qui se borne à lui-même, pour qui s’arrête au bonheur, indifférent à l’idée que d’autres, après lui, auront et dessineront un avenir. »

Alain de Benoist, citant Marcel Conche in Dernière année

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10/07/2013

Le Juif lève la tète, et il continue de vivre

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« Qu’il est loin, qu’il est perdu, ce petit village des Carpathes ! Et pourtant la vie qu’on y mène, est-elle au fond bien différente de celle qu’on mène partout ailleurs dans le monde ? Le Hongrois fouille la terre, abat les arbres dans la forêt, mène paître ses troupeaux ; le Tzigane bat le fer quand ça lui chante, vole en toute saison et racle du violon ; et le Juif prie, fait ses affaires et se sert des uns et des autres. Qui fournirait au Tzigane de vieux fers pour les chevaux ? Qui achèterait au paysan son blé, ses volailles et ses œufs ? Qui lui prêterait de l’argent ? Qui l’enivrerait le dimanche ? Qui serait l’esprit, la parole, l’avocat, le médecin, l’usurier, le cabaretier de tout ce monde ? Qui serait sa providence, sa morale, son vice, son bon et son mauvais génie ? En vérité, c’est Dieu lui-même qui a donné le Juif au village pour sa perte ou son salut. Ce maigre personnage en caftan, à la barbe jamais coupée, aux longues papillottes qui tire-bouchonnent le long des joues, c’est la forme bizarre qu’a prise ici la civilisation ; c’est sous cet habit sordide qu’elle dissimule ses nouveautés, ses tentations, ses roueries. Qui l’aurait cru ? Ce petit Moïse, ce petit Salomon que l’on a tant rossé quand il était petit, le voici avec l’âge devenu un personnage. On l’écoute, on suit ses conseils. Il est presque un objet d’orgueil ! "Notre village a vingt Juifs ! - Oui ; mais le nôtre en a trente ! Mais nos Juifs ont des maisons avec des tuiles rouges !..." Ainsi parle le Hongrois. Seulement, qu’un accident survienne, le puits a été empoisonné, un bois a pris feu aux environs, une épidémie s’est abattue sur le bétail, quelque chose enfin de fâcheux, d’inexpliqué, s’est-il produit dans le village ? Il faut bien trouver un coupable ! Qui a empoisonné le puits ? Qui a allumé le feu ? Qui a jeté un sort sur les bêtes ? On soupçonne bien le Tzigane, mais c’est le Juif qu’on accuse. On ne devient pas riche ainsi, on n’a pas tant d’esprit, tant de finesse, tant de tours dans sa poche, sans quelque pacte avec le diable. Il n’en est pas, le vilain Juif, à sa première trahison ! Injures et coups pleuvent sur lui, mais sans l’atteindre profondément, car il a trop le mépris du paysan qui le frappe, il se juge trop supérieur pour être seulement humilié. Il sourit, courbe l’échine ; l’orage passe, l’herbe se redresse : le Juif aussi lève la tète, et il continue de vivre. »

Jerôme et Jean Tharaud, L’ombre de la Croix

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Si vous désirez une image de l'avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain...

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« Nous avons coupé les liens entre l'enfant et les parents, entre l'homme et l'homme, entre l'homme et la femme. Personne n'ose plus se fier à une femme, un enfant ou un ami. Mais plus tard, il n'y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs œufs aux poules. L'instinct sexuel sera extirpé. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d'alimentation. Nous abolirons l'orgasme. Nos neurologistes y travaillent actuellement. Il n'y aura plus de loyauté qu'envers le Parti, il n'y aura plus d'amour que l'amour éprouvé pour Big Brother. Il n'y aura plus de rire que le rire de triomphe provoqué par la défaite d'un ennemi. Il n'y aura ni art, ni littérature, ni science. Quand nous serons tout-puissants, nous n'aurons plus besoin de science. Il n'y aura aucune distinction entre la beauté et la laideur. Il n'y aura ni curiosité, ni joie de vivre. Tous les plaisirs de l'émulation seront détruits. Mais il y aura toujours, n'oubliez pas cela, Winston, il y aura l'ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s'affinera de plus en plus. Il y aura toujours, à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant. Si vous désirez une image de l'avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain... éternellement.

[...] Et souvenez-vous que c’est pour toujours. Le visage à piétiner sera toujours présent. L’hérétique, l’ennemi de la société, existera toujours pour être défait et humilié toujours. [...] L’espionnage, les trahisons, les arrêts, les tortures, les exécutions, les disparitions, ne cesseront jamais. Autant qu’un monde de triomphe, ce sera un monde de terreur. Plus le parti sera puissant, moins il sera tolérant. Plus faible sera l’opposition, plus étroit sera le despotisme. »

George Orwell, 1984

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09/07/2013

Clouer de nouvelles planches à la baraque gouvernementale

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« Il s’agit donc de nous inculquer une opinion royalement nationale, en nous prouvant qu’il est bien plus heureux de payer douze cents millions trente-trois centimes à la patrie représentée par messieurs tels et tels, que onze cents millions neuf centimes à un roi qui disait moi au lieu de dire nous. En un mot, un journal armé de deux ou trois cents mille francs vient d’être fondé dans le but de faire une opposition qui contente les mécontents, sans nuire au nouveau gouvernement national du roi-citoyen. 



Or, comme nous nous moquons de la liberté autant que du despotisme, de la religion aussi bien que de l’incrédulité ; que pour nous la patrie est une capitale où les idées s’échangent et se vendent à tant la ligne, où tous les jours amènent de succulents dîners, de nombreux spectacles ; où fourmillent de licencieuses prostituées, où les soupers ne finissent que le lendemain, où les amours vont à l’heure comme les citadines ; que Paris sera toujours la plus adorable de toutes les patries ! la patrie de la joie, de la liberté, de l’esprit, des jolies femmes, des mauvais sujets, du bon vin, et où le bâton du pouvoir ne se fera jamais trop sentir, puisque l’on est prêt de ceux qui le tiennent… Nous, véritables sectateurs du lieu Méphistophélès, avons entrepris de badigeonner l’esprit public, de rhabiller les acteurs, de clouer de nouvelles planches à la baraque gouvernementale, de médicamenter les doctrinaires, de recuire les vieux républicains, de réchampir les bonapartistes et de ravitailler le centre, pourvu qu’il nous soit permis de rire in petto des rois et des peuples, de ne pas être le soir de notre opinion du matin, et de passer une joyeuse vie à la Panurge ou more orientali, couchés sur de moelleux coussins. »

Honoré de Balzac, La peau de chagrin

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Pour donner du prix à ce qui existe

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« Elle n'est sujette, la nature, à s'illuminer et à s'éteindre, à me servir et à me desservir que dans la mesure où montent et s'abaissent pour moi les flammes d'un foyer qui est l'amour, le seul amour, celui d'un être. J'ai connu, en l'absence de cet amour, les vrais ciels vides, les flottaisons de tout ce que je me préparais à saisir sur la mer Morte, le désert des fleurs. La nature me trahissait-elle ? Non, je sentais que le principe de sa dévastation était en moi. Il ne manquait qu'un grand iris de feu partant de moi pour donner du prix à ce qui existe. Comme tout s'embellit à la lueur des flammes ! »

André Breton, L'Amour Fou

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J'ai choisi de crever de faim

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« De toute manière, c'est certain, je ne peux plus mettre un pied à la poste. Ils me détestent royalement tout simplement à cause de ceci et cela et ceci et cela, à cause de diverses rumeurs, fondées ou non, comme par exemple la nuit où j'ai menacé de défoncer la gueule à un type en chaise roulante... C'était vrai mais c'était pour blaguer et quand des types de 30 ans plus jeunes que moi commencent à sortir de la baraque en courant parce que je leur ai dit qu'ils seraient les prochains je me suis demandé : pourquoi je ferais plaisir à ces connards ? Alors tu vois, Carl, avec toutes ces histoires, j'ai pas besoin de forcer la dose, je suis sur la liste noire de cette ville de lèche-cul, de coteries, je suis dans cette grosse chatte sanglante de ville fantôme.... Autant dire que je deviens dingue et que je ne supporterai plus très longtemps ce boulot à la poste. J'ai deux possibilités : soit je reste à la poste et je deviens cinglé (ça fait onze ans que je bosse là-dedans) soit je me tire et je joue à l'écrivain et je crève de faim.
J'ai choisi de crever de faim. »

Charles Bukowski, Lettre à Carl Weissner - 1969

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08/07/2013

Think...

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