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15/04/2014

Les humains se traînent dans Paris. Ils ne vivent plus...

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« Les humains se traînent dans Paris. Ils ne vivent plus, c’est pas vrai !… Jamais ils n’ont leur compte humain de globules, 3 à 5 milliards au lieu de 7. Ils n’existent qu’au ralenti, en larves inquiètes. Pour qu’ils sautent, il faut les doper ! Ils ne s’émoustillent qu’à l’alcool. Observez ces faces d’agoniques… C’est horrible à regarder… Ils semblent toujours un peu se débattre dans un suicide… Une capitale loin de la mer c’est une sale cuve d’asphyxie, un Père-Lachaise en convulsions. C’est pas de l’ "Urbanisme" qu’il nous faut !… C’est plus d’Urbanisme du tout ! La banlieue, faut pas l’arranger, faut la crever, la dissoudre. C’est le bourrelet d’infection, la banlieue, qu’entretient, préserve toute la pourriture de la ville. Tout le monde, toute la ville à la mer ! sur les artères de la campagne, pour se refaire du sang généreux, éparpiller dans la nature, au vent, aux embruns, toutes les hontes, les fientes de la ville. Débrider toutes ces crevasses, ces rues, toutes ces pustules, ces glandes suintantes de tous les pus, les immeubles, guérir l’humanité de son vice infect : la ville… Quant à nos grandes industries, ces immenses empoisonneuses, toujours en train de gémir après la Seine et les transports, on pourrait bien les contenter, les combler dans leurs désirs… les répartir immédiatement sur tous les trajets d’autostrades, sur tout l’immense parcours rural. C’est pas la place qui leur manquerait par catégories. Elles auraient des mille kilomètres de grands espaces de verdure pour dégager leurs infections… Ça dissout bien les poisons, des mille kilomètres d’atmosphère, le vert ça prend bien les carbones… Extirper les masses asphyxiques de leurs réduits, de leur asphalte, les "damnés de la gueule vinasseuse", les arracher du bistrot, les remettre un peu dans les prairies avec leurs écoles et leurs vaches, pour qu’ils réfléchissent un peu mieux, voir s’ils seraient un peu moins cons, les femmes un peu moins hystériques, une fois moins empoisonnés… »

Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre

 

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