21/06/2014
Je ne suis pas tombé dans le précipice. J’ai dit que Dieu m’aimait.
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« Une fois, je suis allé me promener, vers le soir. Je montais rapidement. Je me suis arrêté sur la montagne. Ce n’était pas le Sinaï. J’étais allé loin. J’avais froid. Je souffrais du froid. J’ai senti que je devais m’agenouiller. Je me suis vite agenouillé. Après ça, j’ai senti qu’il fallait mettre ma main sur la neige. J’ai laissé ma main, et soudain j’ai senti une douleur. J’ai crié de douleur, et j’ai retiré ma main. J’ai regardé une étoile qui ne m’a pas dit "bonjour". Elle ne m’a pas clignoté. J’ai eu peur et j’ai voulu m’enfuir, mais je ne pouvais pas, car mes genoux étaient soudés à la neige.
(...)
Je marchais sur la neige. La neige craquait. J’aimais la neige. J’écoutais le craquement de la neige. J’aimais écouter mon pas. Mon pas était plein de vie. J’ai regardé au ciel et j’ai vu les étoiles qui s’étaient mises à me clignoter. Dans ces étoiles, j’ai senti de la gaieté. Je suis devenu gai et je n’avais plus froid. J’ai marché. Je marchais vite, car j’avais remarqué un petit bois qui n’avait pas de feuilles. J’ai senti le froid dans mon corps. J’ai regardé les étoiles et j’ai vu une étoile qui ne bougeait pas. Je marchais. Je marchais vite, car j’ai senti la chaleur dans mon corps. Je marchais. J’ai commencé à descendre le chemin où l’on ne voyait rien. Je marchais vite, mais j’ai été arrêté par un arbre qui a été mon salut. J’étais devant un précipice. J’ai remercié l’arbre. Il m’a ressenti, car je me suis accroché à lui. L’arbre a reçu ma chaleur, et j’ai reçu la chaleur de l’arbre. Je ne sais laquelle des chaleurs était la plus nécessaire. J’ai avancé et soudain je me suis arrêté. J’ai aperçu un précipice sans arbres. J’ai compris que Dieu m’avait arrêté parce qu’il m’aimait, c’est pourquoi j’ai dit : "Si tu le veux, je tomberai dans le précipice, si tu le veux je serai sauvé." Je suis resté sans bouger jusqu’au moment où j’ai senti une poussée en avant. Je suis reparti. Je ne suis pas tombé dans le précipice. J’ai dit que Dieu m’aimait. »
« Je sais ce que je dois faire quand une étoile me clignote. Je sais ce que signifie une étoile qui ne clignote pas. Ma femme est une étoile qui ne clignote pas. J’ai remarqué qu’il y a beaucoup de personnes qui ne clignotent pas. Je pleure quand je sens qu’une personne ne clignote pas. Je sais ce que c’est que la mort. La mort c’est une vie éteinte. Une vie éteinte, c’est ainsi qu’on appelle les gens qui ont perdu la raison. »
Vaslav Nijinski, Cahiers
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Commentaires
Tout a fait étonnant ce texte nebo...cette corrélation entre sa syntaxe sa sémantique et la danse pour ce que fut ce faune...c'est presque un exemple parfait de redoublement de l'intention dans sa forme..une illustration de la réduction de la différence absolue dans une théologie de l'adoption...
Écrit par : jerome | 21/06/2014
Je ne sais pas, Jérôme... je me sens vieux maintenant... et je ne suis pas un intellectuel. Mais si vous l'dites... je veux bien vous faire confiance...
Écrit par : Nebo | 21/06/2014
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