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26/06/2014

Les "politiques identitaires" multiculturelles postmodernes

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« D'un côté, ce que l'on appelle les "fondamentalismes", dont la formule de base est celle de l'identité de groupe (...). De l'autre, les "politiques identitaires" multiculturelles postmodernes, visant à la coexistence tolérante de groupes aux manières de vivre "hybrides", et même changeantes, divisés à l'infini en sous-groupes (femmes hispaniques, gays noirs, malades du SIDA mâles blancs, mère lesbiennes...). Cette floraison perpétuellement jaillissante de groupes et sous-groupes dans leurs identités hybrides, fluides et mouvantes, chacun insistant sur le droit d'affirmer son mode spécifique de vie et/ou de culture, cette incessante diversification, n'est possible et pensable qu'adossée au socle de la globalisation capitaliste ; elle est la manière même par laquelle la globalisation capitaliste affecte notre sentiment d'appartenance ethnique et les autres formes d'appartenance communautaires : le seul lien reliant ces multiples groupes est le lien du Capital lui-même, toujours prêt à satisfaire les demandes spécifiques de chaque groupe et sous-groupe (tourisme gay, musique hispano…).
L'opposition entre le fondamentalisme et les politiques identitaires pluralistes postmodernes est en définitive un simulacre, dissimulant une profonde complicité (ou, pour le dire à la Hegel, une identité spéculative) : un défenseur du multiculturalisme peut aisément trouver attractive même l'idée ethnique la plus fondamentaliste, à la seule condition qu'elle soit l'identité du prétendu authentique Autre ; un groupe fondamentaliste peut facilement adopter, dans son fonctionnement social, les stratégies postmodernes de la politique identitaire, en se présentant comme l'une des minorités menacées luttant simplement pour conserver son mode de vie spécifique et son identité culturelle. La ligne de démarcation entre la politique identitaire du multiculturalisme et le fondamentalisme est de cette façon purement formelle ; elle ne dépend souvent que de la perspective différente à partir de laquelle l'observateur scrute un mouvement destiné à maintenir une identité de groupe. »

Slavoj Žižek, Plaidoyer en faveur de l'intolérance

 

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