10/03/2016
Coquille...
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« Personnellement, je m'accuse d'une certaine tendance à la routine. J'aime bien recommencer, le lendemain, ce que j'ai déjà fait la veille ou insister, le lendemain, sur ce que j'ai déjà exposé la veille. La répétition, en variant la forme, parbleu, est un procédé de polémique dont je me suis souvent bien trouvé ; vu que l'attention du lecteur est toujours plus fragile qu'on ne le suppose. Maurras en use aussi, à sa façon, qui est de varier les sujets, au cours d'un même article, et de servir, chaque matin, en plusieurs paragraphes, un menu politique presque complet. Bainville, au contraire, déclare que son idéal serait de modifier complètement la physionomie et l'allure du journal d'un jour sur l'autre, quant aux dehors, bien entendu.
(...)
Maurras revoit plusieurs fois ses épreuves. En mettant bout à bout ses corrections, on obtient ce qu'il appelle "le toenia" , un ruban de plusieurs mètres d'imprimé. Je ne change rien à mon texte, trop heureux de n'avoir plus à y penser. Ceci compense cela et prouve que la nature et la providence nous avaient destinés là-dessus à collaborer. Mon écriture est presque aussi peu lisible, ou difficilement lisible que la sienne, ce qui fait que notre vieil ami et collaborateur Bartoli a bien du mal à nous corriger. J'ai un certain goût pour les coquilles, toujours pittoresques. Une des plus belles, demeurée célèbre chez nous, est celle qui fit insérer, dans un article de Maurras, bien en vue et en italiques, comme une citation latine importante, ces deux mots mystérieux : "Nacus compum". Maurras avait écrit : "Chacun comprend" ! »
Léon Daudet, Vers le roi
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