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10/06/2018

La reconnaissance et l’exaltation de l’individuité sont consubstantielles à l’Europe de toujours...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La reconnaissance et l’exaltation de l’individuité (le fait d’être porteur d’une individualité) sont consubstantielles à l’Europe de toujours, alors que la plupart des autres grandes cultures ignorent l’individu et ne connaissent que le groupe. Les poèmes fondateurs de la tradition européenne, l’Iliade et l’Odyssée, exaltent tous les deux l’individuité des héros aux prises avec le destin. Ces poèmes n’ont d’équivalent dans aucune autre civilisation. Ils chantent les héros sur le mode épique (l’Iliade est la première des épopées) et sur celui du roman (l’Odyssée est le premier de tous les romans). Par définition, les héros sont l’expression d’une forte individuité. Ce sont des personnes au sens grec du mot. Non des personnes de naissance (à sa naissance, le petit individu n’est rien, sinon à l’état potentiel). Devenir une personne se mérite par effort continu et formation de soi (se donner une forme intérieure). Avant d’avoir des droits, la personne a d’abord des devoirs à l’égard d’ elle même, de sa lignée, de son clan, de sa cité, de son idéal de vie. Les Européens qui portent en eux l’héritage grec par atavisme et par imprégnation culturelle, ont reçu en partage ce legs. Il fut ultérieurement dénaturé pour devenir l’individualisme exacerbé des sociétés occidentales contemporaines, une sorte de narcissisme hégémonique.

Historiquement, l’expression première de l’individualisme moderne date de la Réforme calviniste qui est elle même à l’origine de ce que Max Weber a défini comme l’essence du capitalisme. Cette forme d’individualisme fut ensuite célébrée de multiples façons à l’époque des Lumières. Elle reçut une consécration idéologique avec la déclaration des droits de l’homme de la révolution américaine et de la Révolution française, tandis que le Code civil (code Napoléon) lui donnait une consécration juridique. Le mouvement des idées s’était associé à l’évolution de la société, à l’affirmation sociale et politique de la bourgeoisie et de son individualisme intrinsèque, pour produire la grande révolution des comportements qui ne triompha vraiment en Europe qu’après les catastrophes de 1914-1945. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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