18/03/2008
Neil Young, Apocalypto, Sollers... et les Jésuites.
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
Adolescent, j'écoutais la chanson de Neil Young, "Cortez the killer" en jubilant.
Les sons de guitares chaleureux, la voix plaintive de Monsieur Young, la production serrée et sèche comme un désert de poussière, tout cela me parlait, évoquant dans mon âme des choses secrètes que je ne parvenais pas à formuler, mais qui faisaient, d'écoute en écoute, leur chemin vers le palais de ma compréhension. Il y avait, surtout, les parties "lead" de la chanson, exécutées par un Neil inspiré, avec une guitare aux intonations mélancoliques, sur mode mineur, comme si elles décrivaient en saignant les effluves d'un monde serein évanoui dans une lointaine douleur dont le feedback n'en finissait plus de nous parvenir encore et encore.
"He came dancing across the water
With his galleons and guns
Looking for the new world
In that palace in the sun.
On the shore lay Montezuma
With his coca leaves and pearls
In his halls he often wondered
With the secrets of the worlds.
And his subjects
gathered 'round him
Like the leaves around a tree
In their clothes of many colors
For the angry gods to see.
And the women all were beautiful
And the men stood
straight and strong
They offered life in sacrifice
So that others could go on.
Hate was just a legend
And war was never known
The people worked together
And they lifted many stones.
They carried them
to the flatlands
And they died along the way
But they built up
with their bare hands
What we still can't do today.
And I know she's living there
And she loves me to this day
I still can't remember when
Or how I lost my way.
He came dancing across the water
Cortez, Cortez
What a killer.
Bon, à part la rapide allusion au sens du sacrifice, "And the women all were beautiful, And the men stood straight and strong, They offered life in sacrifice, So that others could go on", sans que l'on puisse d'ailleurs vraiment comprendre de quel type de Sacrifice il s'agit, on retient surtout que les femmes étaient toutes belles, les hommes dignes, et ô miracle, "la haine n'était qu'une légende et la guerre jamais connue" ("Hate was just a legend, and war was never known"), de quoi se faire s'ébahir les tenants démocrates de la pensée unique, naïve et pleurnicharde qui croient par cette curieuse haine de soi que l'homme blanc surtout, l'européen génocidaire symbolisé ici par le tueur Hernán Cortés, est à l'origine de tous les malheurs sur la surface de ce globe et que s'il abandonnait un peu ses valeurs égocentriques et conquérantes le monde (comprenez : le tiers-monde surtout) ne s'en porterait que mieux.
J'ai 42 piges et j'aime toujours beaucoup cette chanson, à la différence que je peux, aujourd'hui, l'entendre avec les oreilles qui conviennent et ne pas céder aux sirènes lisses et ensorceleuses qui s'y cachent.
De fil en aiguille...
L'autre soir, vers 2h00 du matin, je suis tombé sur le saisissant film de Mel Gibson, "Apocalypto", sur Canal +. J'ai bien calé le casque sur mes oreilles, me suis posé dans le canapé, et armé de thé vert et de fumigènes, j'ai entamé le voyage initiatique. Détendu mais concentré. "Bateau Ivre" descendant l'Amazone ou l'Orénoque.
Pardonnez-moi mes égarements, je sais bien que les Mayas, évoqués dans le film, ne se trouvent pas aux contours de l'Amazone ou de l'Orénoque, mais j'aime bien utiliser mes figures de style. J'écris aussi pour m'amuser, faut pas déconner, n'est-ce pas ?
... et je me suis pris une claque comme il faut. Le jeu des acteurs, la fougue de la mise en scène et la volonté du réalisateur controversé de "La Passion du Christ" de faire passer sa vision, non pas de l'Amérique précolombienne contrairement à ce que tout un tas d'abrutis lecteurs de Télérama ont pu croire, mais de notre monde d'aujourd'hui, ici et maintenant si je puis dire, tout cela fait oublier l'absence de nuances quant à la description des indiens en question et les erreurs historiques que les spécialistes de la question ont reproché au réalisateur. Tout comme Zack Snyder avec le film "300" ou Francis Ford Coppola avec le film "Apocalypse Now", Mel Gibson se sert d'un substrat historique pour développer sa vision de notre monde finissant. Je doute fort qu'il ait souhaité faire avec "Apocalypto" un film sur la civilisation Maya. Ce n'est pas son propos. C'est notre Civilisation qui est dans sa ligne de mire. Et il ne l'épargne pas, par de multiples suggestions visuelles et verbales, à commencer par cette citation de Will Durant mise en exergue au début du film : « Une grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur. » De même que Zack Snyder se sert de la bataille des Thermopyles, en 480 avant JC, pour nous parler de la confrontation entre un Empire Cosmopolite (symbolisé par Xerxès Ier) et un peuple libre aux moeurs identitaires, aristocratiques et guerrières (symbolisé par le Roi Léonidas Ier de Sparte) avec le sens du sacrifice comme valeur suprême, de même que Francis Ford Coppola utilise la guerre du Viêt Nam moins pour parler de la guerre et de la violence que de la noirceur de l'âme humaine, Mel Gibson a souhaité faire un film Chrétien et il y est parvenu avec style, sans évoquer ni le Christ, ni le monothéisme, ce qui est un exploit, à part les quelques secondes finales où l'on voit arriver les premiers conquistadors accompagnés d'un prêtre tenant une croix.
L'humble tribu de "Pat de Jaguar", le héros du film, veille le soir en écoutant le vieux sage de la tribu conter des paraboles presque bibliques mais transposées dans l'univers culturel indien. Durant une veillée collective il leur dit que l’être humain en désirant toujours plus finira par épuiser la terre qui le nourri :
Un homme était assis seul
profondément enfouis dans la tristesse.
Et tous les animaux vinrent près de lui et dirent :
"Nous n'aimons pas te voir triste
demande nous ce que tu veux et tu l'auras."
L'homme dit : "Je veux avoir une bonne vue."
Le vautour lui répondit : "Tu auras la mienne."
L'homme dit : "Je veux être fort."
Le jaguar dit : "Tu seras fort comme moi."
L'homme dit : "Je désire connaître les secrets de la terre."
Le serpent répondit : "Je te les montrerai."
Et il en fut ainsi de tous les animaux.
Et quand l'Homme eut tous les cadeaux qu'il purent donner,
il partit.
Le hiboux dit alors aux autres :
"Maintenant l'homme sait beaucoup de choses et est capable d'en faire autant..."
"Et j'ai soudain peur."
Le cerf dit : "L'homme a tout ce dont il a besoin. Sa tristesse va cesser."
Le hiboux répondit : "Non."
"J'ai vu un creux dans l'Homme... profond tel une faim qu'il ne pourra jamais assouvir..."
"C'est cela qui le rend triste et lui fait vouloir..."
"Il continuera à prendre et à prendre..."
"Jusqu'au jour où le monde dira : Je ne suis plus et n'ai plus rien à donner."
Ils vivent simplement en chassant, leurs moeurs sont celles du clan uni par des règles ancestrales, ils font preuve d'humour et d'amour, ont des loisirs sans chichis, ne s'embarrassent pas de langage châtié et puritain pour nommer les choses ou parler de sexe. Des gens normaux en quelque sorte, Vivant en harmonie avec leur environnement.
Les guerriers qui viennent s'emparer d'eux, par contre, car c'est là le point de départ du film, viennent de la ville construite en Pierre au milieu d'une jungle déforestée (déjà), avec des habitants dévorés par une sorte de peste, l'environnement pollué par les déjections des taudis, les ressources naturelles épuisées dans des champs en terrasses asséchés, la compassion n'y règne pas, ni à l'égard des malades, ni à l'égard des sacrifiés qui ne le sont que pour trouver la faveur des dieux et une sortie hors leur situation de crise qui semble universelle. Dans la cité, les nobles bénéficient de positions sociales enviées, tandis que le bas peuple des paysans espère misérablement que les sacrifices lui seront favorables. Les regards que jette le peuple sur des dames aristocrates locales se frayant un chemin vers la pyramide, hissées au dessus de la masse par des porteurs, montrent bien, sans qu'il y ait nécessité de mots, que la haine couve. Et les dames en question ne semblent pas du tout rassurées. Par contre, peuple comme aristocrates, communient d'un même cri unanime à chaque coeur arraché et présenté au Soleil, à chaque tête tranchée et précipitée comme un ballon du haut des marches sacrées de la pyramide, au sommet desquelles le prêtre et le prince se sourient avec cette assurance satanique de posséder le pouvoir et de manipuler tous ces sujets entre leur pouce et leur index comme bon leur semble. Enfin, tout ce joli monde hystérique semble en proie à la transe, à la fièvre, à la communion collective festive, aux drogues probablement, si ce n'est à des formes de possession. Le Démon est bel et bien là lorsqu'on ne le soupçonne guère. On se croirait à un défilé de Jean-Paul Gould, mâtiné de Techno Parade, de cohortes de Nuremberg aux plus obscures heures de l'Histoire du XXème Siècle, et l'ivresse qui se saisit du peuple face au prêtre ressemble, à s'y méprendre, à l'ivresse qui s'emparait des allemands lors des discours fédérateurs du Führer ou qui s'empare encore des fanatiques lors des concerts Rock. Souvenez-vous du propos du groupe Pink Floyd dans leur chef-d'oeuvre The Wall. Les masses ont besoin de religiosité pour garder la tête haute et les salauds qui mènent la danse l'ont très bien compris. Le Führer, le Duce... ou notre chère démocrassouillardise avec ses nobles idéaux humanitaristes. Certes, la démocratie qui est la nôtre n'ouvre pas des camps d'extermination, ne brûle pas les livres en autodafés religieusement organisées, mais par d'autres voies, très douces et mièvre, nous arrache le coeur et nous tranche la tête avec... l'assentiment général.
Nous sommes loin, dans le film, des paroles ingénues de Neil Young. Et même si la volonté de Mel Gibson n'a pas été de suivre à la trace les faits historiques connus sur les Mayas, il faut reconnaître que sa description de la cité macabre où les sacrifices s'enchaînent à la pelle comme autant de sollicitations propitiatoires que le sang des victimes vient quémander à d'obscures divinités, n'est pas très loin de ce qu'étaient les cités Mayas ou Aztèques à la veille de leurs chutes. Il est vrai que la confusion règne un peu, car au moment de l'arrivée des espagnols les cités Mayas sont vides, leur civilisation étant déjà depuis un moment en décadence avancée. C'est plutôt la civilisation des Aztèques située aux contours de Mexico dans les haut-plateaux du Mexique central qui brille encore, alors que les cités Mayas, situées plus au sud, vers les actuels Honduras, Belize et Guatemala se sont éteintes depuis un moment.
Mais les faits historiques, que disent-ils ?
Les chroniques espagnoles disent une chose, mais depuis quelques années les archéologues ont découvert de très nombreuses preuves matérielles qui viennent corroborer les chroniques en question. Les archéologues ont prouvé que les sacrifices pré-hispaniques mettaient en œuvre un large éventail de méthodes pour tuer avec brutalité et intentionnellement. De nombreux chercheurs ont cru que les récits espagnols étaient faussés afin de dénigrer des cultures considérées comme primitives et sauvages, d’autres affirmaient que les sacrifices étaient limités aux guerriers capturés, certains admettaient que les aztèques étaient sanguinaires mais pensaient comme Neil Young que les mayas l’étaient moins. « Nous avons à présent les preuves matérielles pour confirmer les chroniques littéraires et picturales », déclare l’archéologue Leonardo López Luján. Il ajoute : « Les courants “pro-indiens” ont toujours nié ce qui était arrivé ; ils disaient que les textes mentaient ».Davíd Carrasco, un expert en religions d’Amérique Centrale de la Harvard Divinity School déclare : « Les espagnols ont probablement exagéré le nombre des victimes pour justifier une guerre supposée juste contre l’idolâtrie, mais il n’y a plus l’ombre d’un doute sur la nature des tueries. Les textes illustrés indiens, connus sous le nom de Codex, aussi bien que les chroniques espagnoles de l’époque, indiquent que les indiens pratiquaient de multiples formes de sacrifices humains.» Une confirmation est venue sous la forme de tests chimiques poussés sur les planchers de stuc des temples aztèques, tests par lesquels il a été démontré qu’ils avaient été maculés en grande quantité de fer, d’albumine et de matériaux génétiques correspondant à du sang humain.
L’élite Maya et Aztèque étaient obsédées par le sang et le rite de la saignée constituait un important aspect de tout grand événement du calendrier maya. La saignée servait à se concilier le Dieu Soleil. Dans le film de Mel Gibson, le Maître de Guerre qui livre les prisonniers au prêtre pour le sacrifice, se saigne la paume de la main en signe d'allégeance au Dieu Soleil et à la communauté qui est la sienne. C'est le sang qui nourrit l'Univers.
Les deux individus qui ont contribué à la conquête première de l'Amérique Latine étaient Francisco Pizarro et Hernán Cortés qui au début du 16ème Siècle s'aventurent vers les territoires intérieurs, alors que Christophe Colomb se contente lors de son premier voyage (en 1492) d'accoster les Bahamas, Cuba, Saint-Domingue ; lors de son deuxième voyage (1493/1496) il explore la Guadeloupe, Porto Rico et la Jamaïque ; enfin, lors de sa troisième expédition (1498/1500) il ne s'aventure par le delta de l'Orénoque que vers les limites de la Colombie.
Christophe Colomb est un homme désintéressé, qui prie, qui pense qu'il faut convaincre les indigènes par la douceur et l'exemple du bien fondé de sa foi catholique. Francisco Pizarro et Hernán Cortés, eux, sont des guerriers qui vivent comme de véritables aventuriers. Pizarro est illettré. Tous deux témoignent d'une rapacité rare, "La Fièvre de l'Or" ne leur en fera pas trouver autant qu'ils le souhaitent.
Cependant, à quelle réalité le doux Christophe Colomb ou les deux brutes, Pizarro et Cortés, furent-ils confrontés ?
Nous sommes dans les Caraïbes ou en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Les indiens qui vivent ici n'ont aucune coutume en commun avec les indiens des plaines de l'Amérique du Nord. Ici, les tribus pratiquent le Sacrifice Humain et s'adonnent joyeusement à l'Anthropophagie. Dans les Caraïbes, les guerres entre tribus sont constantes. Le But ? La "razzia" pour pouvoir s'emparer de ses congénères afin... de les bouffer.
Chez les Mayas et les Aztèques afin de rendre gloire au dieu Soleil, pour le nourrir ou l'apaiser, il fallait immoler des victimes si possible choisies chez l'ennemi. Dans certains cas, des volontaires s'offrent volontairement comme sacrifice, même parmi l'élite. Quand ils pénètrent dans les cités Aztèques, les conquistadors témoignent de leur plus profond dégoût à l'égard de ce qu'ils y trouvent, car on est loin, alors, des images "touristiques" que nous prônent les cartes postales mondialistes en provenance de ces régions... ou, comme je le disais, nous sommes à l'opposé des paroles gentillettes de Mister Neil Young : partout règne une puanteur cadavérique, les murs sont barbouillés de sang, les mouches purulent, des charniers s'amoncellent à ciel ouvert aux pieds des pyramides où se déroulent les sacrifices, des femmes (dites vierges), des prisonniers de guerre (comme dans le film de Gibson), de jeunes enfants... On leur arrache le coeur encore battant et on barbouille les murs de ce sang innocent... On précipite, ensuite, les cadavres encore chaud en bas de l'édifice afin que ceux-ci soient dépecés et dévorés. Un des témoins occulaires de l'époque, Bernal Diaz del Castillo, raconte : "Chaque jour, les indiens sacrifiaient devant nous trois, quatre, cinq hommes dont le sang couvrait les murs." Chaque jour. "Ils coupaient bras, jambes, cuisses et les mangeaient, comme chez nous, la viande de boucherie." Histoire Véridique de la conquête de la nouvelle-Espagne par Bernal Diaz del Castillo (Édition, La Découverte)
Chez les Aztèques c'était ainsi... mais dans les Andes, chez les Incas, c'était la même chose : abomination et cruauté. Les enfants promis au sacrifice étaient engraissés avant.
(Inca children fattened up for sacrifice - 1 min 32 s. - en anglais (Enfants Incas engraissés pour le Sacrifice) BBC News).
Il me semble important de préciser que si quelques 300 conquistadors ont été en mesure de dominer des Nations indiennes puissantes en quelques courtes années, ce n'est pas uniquement parce qu'ils avaient quelques armures, d'inquiétants chevaux (le cheval est inexistant sur le territoire américain avant l'arrivée des Européens, tant au Nord qu'au Sud, et il impressionne les autochtones), des fusils et des pistolets qui tiraient un seul coup et qu'il fallait recharger, non, c'est précisémment parce qu'ils ont reçu le soutien Massif de toute une population qui n'en pouvait plus d'être esclave d'une telle terreur, les mères et les pères ne voulaient plus donner leurs filles vierges au dieu Soleil et les petites nations indiennes qui subissaient le joug des grandes voulaient s'émanciper. Ainsi, les Tlaxcaltèques fournirent à eux-seuls 6000 hommes à l'armée de Cortés.
Continuer de voir les civilisations précolombiennes comme des havres de paix et de bonheur que les horribles espagnols seraient venu souiller avec leur "fièvre de l'Or" et leur immonde Christianisme, c'est aller vite en besogne. Pour beaucoup d'indiens, les conquistadors ont été accueillis comme des Libérateurs.
Bien entendu, je ne vais pas ignorer les débordements, les saloperies, les fautes des colonisateurs. Je n'ignore pas les faiblesses humaines. Mais ne voir que cette face-là, c'est tronquer la réalité. Et je sais qu'il y a encore de nos jours, en Amérique Latine, un racisme latent de la part de certains "blancs hispaniques" à l'égard des indiens.
Deux personnages de l'époque ont largement contribué à la noirceur de la conquête espagnole, non pas parce que ces derniers auraient souillé leurs mains dans le sang indien... mais parce que les deux personnages en question ont tout bonnement écrit des livres qui ont contribués à la légende noire de cette colonisation dans le seul but de nuire à certains intérêts idéologiques et religieux d'alors :
* Théodore de Bry, Protestant Flamand, publie sur une période de 30 ans (de 1590 à 1623... il est mort en 1598, une partie de ses écrits sont publiés post-mortem) une série de récits de voyages aux Indes (on appelait encore ainsi les Amériques dans cette période) dont la volonté première est d'exposer les vices et horreurs dont faisaient preuve les Catholiques au Nouveau Monde.
* Bartolomé de Las Casas, prêtre Catholique dominicain qui idéalisa les indigènes dans son livre de 1541, Brévissime relation de la destruction des Indes, dans lequel il dénonce l'esclavage et les massacres dont les indiens sont victimes (et c'est courageux pour l'époque) mais sans tenir compte de la situation précédant l'arrivée des européens. Fils d'un des compagnons de Christophe Colomb, Bartolomé de Las Casas n'a de cesse de développer l'idée qu'il faut (tout comme le pensait Christophe Colomb) convertir les indiens par la douceur et l'exemple et non par la violence. Contrairement à de nombreux prêtres présent en Amérique Latine, Bartolomé ne parle pas un seul dialecte indien, ne prend pas la peine de pénétrer leur imaginaire, leurs croyances cruelles ou leurs Cultures.
Ce sont les postulats de ce Théodore et de ce Bartolomé qui seront repris par les philosophes des Lumières pour défendre le "le bon sauvage" que Jean-Jacques Rousseau reprendra à son compte pour fustiger la société de son temps, alors que ces philosophes n'ont jamais mis les pieds aux Amériques... et ce sont toujours ces mêmes postulats qui seront repris au XIXème Siècle par les anti-cléricaux voulant assoire leur idéologie et bouffer du curé. Ce sont toujours ces postulats qui prédominent dans les consciences de nos jours alors qu'ils sont faux ! Et même Mel Gibson est quelque peu piégé par cette image du "Bon Sauvage" puisque c'est précisément sous cet angle qu'il présente la tribu de "Patte de Jaguar". Rhétorique hollywoodienne.
De nombreux "Gôchistes" voient d'ailleurs dans Bartolomé de Las Casas, au 16ème Siècle, un précurseur de la déclaration des Droits de l'Homme. C'est aller un peu vite en besogne : Bartolomé de Las Casas était membre de l'Inquisition, dont il partageait la doctrine, et si certains voient en lui le premier porte-parole du Tiers-Monde, ils oublient qu'il fut de ceux qui conseillèrent avec ferveur l'implantation aux colonies américaines d'esclaves noirs venus d'Afrique, afin d'épargner les indiens (qui probablement trouvaient grâce a ses yeux de par leur couleur de peau plus claire que celle des nègres !).
Bon, Bartolomé a contribué à alerter Charles Quint sur le sort des indiens, ont peut lui en rendre la gloire. Mais il faut également savoir qu'il y a un écart drastique entre ce que conseillait la couronne d'Espagne et ce qui était appliqué sur le terrain, bien souvent par quelques aventuriers peu scrupuleux vis-à-vis de ces "bons sauvages". Dans les mentalités méditerranéenne du XVème Siècle, l'esclavage est monnaie courante et fait partie des pratiques bien établies dans les faits et les mentalités. Néanmoins, lorsque Christophe Colomb fait envoyer des indigènes à la cour d'Espagne comme des esclaves, Isabelle Ire de Castille les fait libérer en donnant les instructions suivantes : " Les indiens se doivent d'être traités comme des personnes libres et non comme des esclaves." (1492)
En 1504 elle renouvelle ses instructions dans son testament : "Je recommande et j'ordonne de n'admettre ni de permettre que les indigènes des îles et terre ferme subissent le moindre tort dans leurs personnes et dans leurs biens, mais au contraire de mander qu'ils soient traités avec justice et humanité." Ne la surnommait-on pas "Isabelle la Catholique" ? La monstrueuse erreur que les espagnols ont commis lors de la Reconquista a bien été d'avoir chassé les Juifs d'Espagne, sans doute à cause des préjugés anti-judaïques de l'époque, mais le comportement de la Reine à l'égard des indiens indique qu'elle n'était pas en proie à un racisme primitif comme nos thuriféraires anti-racistes veulent le faire croire. Les choses "humaines trop humaines" sont bien plus compliquées que ça et il convient de les examiner sans esprit binaire. Si ces recommandations ne sont pas suivies sur le terrain, Charles de Habsbourg, dit Charles Quint fera édicter par la suite de nouvelles lois limitant les droits des Seigneurs locaux et prohibant l'esclavage. Même si ces lois n'ont pas toujours été suivies elles contribuèrent à la définition d'un Droit, ce qui fut un progrès considérable dans le flot de l'Histoire, puisque c'est en se basant sur les lois édictées auparavant que certains juristes et avocats rebelles ont été en mesure, progressivement, de faire cesser des pratiques cruelles et injustes.
D'ailleurs, pour ce qui est des débats relatifs à l'humanité ou non des indiens... La Controverse de Valladolid reste la plus connue. En 1550, Charles Quint charge 15 juges ecclésiastiques d'examiner la meilleure façon dont la colonisation et la christianisation doivent être conduites. Réunis à Valladolid les opinions s'affrontent pendant plusieurs mois. Bartolomé de Las Casas d'un côté et Juan Ginés de Sepúlveda de l'autre. Las Casas défend le droit à la différence, selon un schéma de pensée que ne rejetteraient pas les "différencialistes" droitiers du GRECE tels Alain de Benoist (ce qui est comique lorsqu'on sait ce que nos humaniste modernes pensent du GRECE mais prennent, néanmoins, la défense de Bartolomé de Las Casas) tandis que Juan Ginés de Sepúlveda défend, une autre idée : celle de l'ingérence. On est en plein débat actuel ! Las Casas considère que seul un nombre réduit de prêtres se doit de rester au Nouveau Monde afin de contribuer à l'évangélisation tout en respectant les spécificités locales. Sepúlveda estime qu'il faut pacifier la région en supprimant par la force la barbarie des sacrifices humains et des dominations sanguinaires des Aztèques ou Incas sur les tribus mineures.
Pourtant la vérité est simple : les Européens en arrivant en Amérique Latine ont éprouvé un véritable choc ! Ce qu'ils y ont vu les a révulsé au plus profond d'eux-mêmes... même s'ils étaient, pour la plupart grossiers, incultes et analphabètes. Et d'ailleurs l'Église Catholique, n'a pas attendu Charles Quint et la controverse de Vallodid pour édicter ses principes à elle. Dés 1493, le Pape Alexandre VI, lançant la mission dans le Nouveau Monde par la bulle Piis Fidelium affirme l'unité du genre humain, puis en 1537, le Pape Paul III, par la bulle Sublimis Deus confirme : "Les indiens sont des hommes véritables, capables de recevoir la foi chrétienne par l'exemple d'une vie vertueuse. Ils ne doivent être privés ni de leur liberté, ni de la jouissance de leurs biens."
L'évangélisation, comment se déroula-t-elle ?
Au Mexique, les Franciscains apprennent les langues et dialectes indiens, en composent une grammaire, créent des dictionnaires et des catéchismes dans les langues locales !!!! Les indiens des forêts reculées n'avaient ni grammaire officielle, ni écriture digne de ce nom. Quant aux indiens des cités où les sacrifices avaient lieu, ils avait développé avec un génie certain une écriture hiéroglyphique ( les codex retrouvés l'attestent) qui fut mise à mal par l'évêque Fray Diego de Landa qui ordonna de très nombreuses autodafés, en dépit des prescriptions du Vatican. Il dû en rendre compte auprès de ses autorités. Les indiens ne connaissaient ni la roue, ni le cheval de trait, ni le boeuf. L'animal de trait c'était... la femme ! Dés 1552, à Lima, le premier concile d'Amérique avait interdit fermement la destruction des temples et des idoles ainsi que leur pillage : "Nous ordonnons que personne ne baptise d'Indien de plus de huit ans sans s'assurer qu'il y vienne volontairement ; ni ne baptise d'enfant indien avant l'âge de raison contre la volonté de ses parents."
En 1572, de retour à Londres après 5 années de trafics en tout genre dans le nouveau monde, l'aventurier anglais Henry Hawks écrit dans ses notes relatant son périple : " Les indiens révèrent beaucoup les religieux parce que grâce à eux et à leur influence, ils se voient libres d'esclavage." Le franciscain, Bernardino de Sahagún, considéré comme le père de l’anthropologie moderne, rédige une Historia de las cosas de Nueva España où il fait l’inventaire de toutes les croyances, coutumes, traditions indigènes, afin de les conserver à la mémoire des peuples de la région. Le premier archevêque de Lima, Jérôme de Loaisa, passe les dix dernières années de sa vie dans un réduit de l’hôpital qu’il a bâti pour les indiens. Au Mexique, l’évêque de Michoacan, Vasco de Quiroga, réalise un programme complet d’organisation communautaire pour les indigènes, avec maternité, infirmerie, hôpital.
L’historien français, Bartolomé Bennassar en vient à conclure : « L’église du Nouveau Monde est loin d’avoir été toujours exemplaire. Cependant, elle a exercé dans l’ensemble un rôle positif et a été à l’avant-garde de la défense des indiens contre les abus de toutes sortes. » (L’évangile débarque au Nouveau Monde—Histoire du Christianisme Magazine, Février 2000)
En 2002, le pape Jean-Paul II a consacré cette symbiose entre la culture indigène et le christianisme en canonisant à Mexico, dans la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, Juan Diego Cuauhtlatoatzin qui aurait assisté à une apparition de la Vierge.
Et cela nous ramène à notre film. Lorsque les membres de la tribu de "Patte de Jaguar" sont emmenés en captivité vers la cité démoniaque pour y finir comme esclaves ou comme sacrifices, leurs enfants, considérés comme inutiles, sont abandonnés en arrière. Une mère adresse une prière à une déesse locale, cependant le ton utilisé, la compassion mise dans ses mots fait penser indiscutablement à la Sainte Vierge, comme si Mel Gibson voulait nous signifier que les indiens étaient bel et bien prêts à recevoir la parole de l'Évangile. Je suis d'accord pour le suivre sur ce terrain. Question de sensibilité intellectuelle. Vous pouvez en penser ce que bon vous semble. Je pense même que tous les paganismes de cette terre préparaient les peuples à embrasser le monothéisme et il n'est pas curieux de réaliser, lorsqu'on creuse un tout petit peu, que les divinités invoquées par les primitives peuplades sur la surface de ce globe évoquent aussi, par leur face claire, les attributs, ou les noms multiples du Dieu unique, leur face sombre évoquant... le Démon. Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Plus loin, dans la jungle, à l'approche de la ville, les captifs liés et leurs nouveaux maîtres tombent sur une petite fille malade, prostrée à côté du cadavre de sa mère, le visage dévoré de pustules qui, inspirée, assène une prophétie aux sanguinaires guerriers, d'où probablement le titre du film, révélant les intrications mystérieuses de la Providence : le jaguar vous mènera vers la fin de votre monde de haine.
Enfin, il est juste de se demander si un génocide des indiens d'Amérique Latine a bien eu lieu. Certains affirment qu’un demi-siècle après l’arrivée des européens en Amérique centrale et en Amérique latine 80% de la population indigène aurait disparu. En vérité, aucun document fiable n’atteste de ce chiffre. Ce qui est sûr c'est qu'une dépopulation subite est survenue et les européens ont été responsables… mais involontairement : ils ont introduit, malgré eux, des microbes et germes avec lesquels les indiens n’avaient pas été en contact jusque là. Au 15ème et 16ème Siècles, autant le dire, personne n’a la moindre idée des microbes et des germes. Alors qu'au 19ème Siècle, les américains du nord refileront des couvertures ou des ustensiles contaminés aux Sioux, Cheyennes et autres Commanches afin de les éliminer ouvertement selon la fameuse devise : « Un bon indien est un indien mort », mot célèbre, datant de 1968, du Général Philip Henry Sheridan. Les découvertes de Pasteur étaient, depuis, passées par là.
Médecin et directeur de recherches au CNRS et auteur de deux ouvrages sur la civilisation indienne, Nathan Wachtel, dans le magazine « L’Histoire » de Juillet-Août 1991, affirme : « La cause principale de ce désastre, on la connaît : ce sont les épidémies. Les Amerindiens n’étant pas immunisés contre les maladies (grippes, peste, variole) importées par les colonisateurs. Le terme génocide me semble impropre. Des massacres, des violences de toutes sortes ont certes eu lieu, mais on ne saurait imputer aux européens le projet conscient et raisonné d’une élimination systématique par le fer et par le feu. »
En Amérique Espagnole, la protection légale des indiens passait par la propriété des terres, qui limitait le peuplement européen contrairement à l’Amérique du Nord où les autorités ont déclaré les terres indiennes « Propriété Fédérale » permettant, ainsi, aux pionniers européens de racheter ces terres au gouvernement fédéral américain puis d’en expulser (avec l’aide de l’armée) les indigènes et de les parquer dans des réserves. L’administration américaine a fait son mea-culpa dans les années 80 et 90 en avouant que quelques 17 millions d’indiens avaient été victimes de la conquête de l’Ouest. Aux Etats-Unis les indiens ne représentent plus que 1% de la population nord-américaine. Au Mexique ce pourcentage est de 29%, auxquels s’ajoutent pas moins de 55% de métis. Il faut croire que les européens étaient moins racistes qu’on ne veut bien nous le faire croire, 55% de métis en est la preuve. Un autre exemple, au Pérou il y a 46% d’indiens et 38% de métis.
En Amérique hispanique, il n’y a pas eu de génocide, n'en déplaise à nos chers "droit-de-l'hommistes" tellement aptes à simplifier le Monde et son Histoire pour asseoir leur idéologie.
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L’aventure jésuite
"Je regarde ces sculptures, leurs formes torsadées, recueillies ; leurs couleurs. Un enfant blanc, châtain, bouclé, vêtu d’une légère tunique bleue et jaune, s’avance dans le vide, le bras gauche tendu le long du corps, le bras droit replié sur la poitrine, mais esquissant déjà un geste énergique de départ. Ses yeux sont grand ouverts, et pourtant il semble voir quelque chose que nous ne percevons pas, comme s’il regardait à l’intérieur d’eux-mêmes. Son sourire, surtout, est énigmatique : détermination ? confiance ? certitude ? joie ? ironie ? On ne sait pas. L’affirmation qui l’anime, en revanche, est indubitable. On a l’impression qu’il pourrait dire : « je ne connais pas d’autre grâce que celle d’être né. Un esprit impartial l’a trouve complète. »
Où sommes-nous ? À Rome, Vienne, Naples, Prague ? Dans l’une des capitales du baroque et de la Contre-Réforme ? Non : cette fraiche merveille enfantine nous vient du Paraguay, au XVIIIe siècle, quand les Jésuites y poursuivaient leur expérience spirituelle et formelle, divine et humaine, politique et mystique. Une très étrange histoire, qui a fait beaucoup parlé et rêvé, depuis les philosophes jusqu’à nos jours ; une aventure qu’on peut suivre d’un bout à l’autre de la planète. L’époque héroïque est sans doute passée, mais sa mémoire demeure. L’Europe, le Japon, l’Inde, la Chine, l’Amérique ? Autant d’épopées, souvent martyrologiques, celle des « réductions » du Paraguay restant la plus singulière. En tous cas, l’enfant dont je viens de parler a été anonymement façonné là-bas. Il est âgé de deux siècles et demie, mais il est en réalité millénaire puisqu’il s’agit de l’Enfant Jésus. Si nous ne le savions pas, nous aurions du mal à l’identifier. Tel est l’étrange message que les indiens Guaranis et la Compagnie de Jésus nous envoient par-delà le temps et l’espace.
On se souvient que Claudel, au début du Soulier de Satin, fait parler un père jésuite attaché à un mât, sur le pont d’un bateau dévasté par un abordage, et qui est en train de sombrer dans l’océan Atlantique :
Et c’est vrai que je suis attaché à la croix, mais la croix où
je suis n’est plus attachée à rien. Elle flotte sur la mer.
La mer libre à ce point où la limite du ciel connue s’efface
Et qui est à égale distance de ce monde ancien que j’ai
quitté
Et de l’autre nouveau.
Claudel prend soin d’ajouter, un peu plus loin, que l’action de son drame se déroule dans une dimension du temps où le passé et l’avenir sont faits « d’une seule étoffe indéchiffrable ». Le projet jésuite, à travers le monde, était, n’en doutons pas, celui-là.
Il faut, bien entendu, traverser beaucoup d’ignorance et de préjugés pour considérer calmement ces aventuriers italiens, portugais, espagnols. Ils sont Jésuites, franciscains, dominicains. Ce sont des prêtres, mais également des savants : théologiens, mathématiciens, astronomes, géographes, linguistes, juristes. Nous apprenons avec surprise qu’ils étaient, aussi, des artistes : architectes, musiciens, dessinateurs, sculpteurs. Ils ne se contentent pas de propager leur foi et de convertir, ils enseignent. Les continents qu’ils abordent sont inconnus, dangereux, et ils posent vite (surtout en Amérique du Sud) une question neuve : ces hommes qu’on a jamais vus dans l’univers « civilisé », ces Indiens, ces « hurons », sont-ils des hommes comme vous et moi, c’est-à-dire des créatures divines avec une âme, ou bien des mécaniques animales, proches du démon et, par conséquent, vouées à l’exploitation et à l’esclavage ?
On sait quels effets comiques Voltaire a tirés de cette situation. L’Ingénue en est la preuve. Mais c’est oublier que la tentative jésuite, au-delà des sarcasmes dont elle a été l’objet, a eu ses partisans jusque dans le camp des Lumières. Montesquieu, D’Alembert, Buffon s’y sont intéressés et Voltaire (qui est, après tout, un ancien élève de la Compagnie) y a même vu un « triomphe de l’humanité ». Les missionnaires, en effet, se sont vite opposés (et parfois par les armes, soutenus par les populations locales) au pouvoir économique et administratif, comme aux avidités meurtrières qu’il légitimait. Les « réductions » du Paraguay, l’autonomie qu’elles ont peu à peu acquises, sont ici l’exemple le plus célèbre et, en un sens, le plus mystérieux.
Ce système social inédit est mis en place dès le début du XVIIe siècle. En 1627, il compte déjà trente mille Indiens « protégés ». L’organisation agricole soustrait ces derniers à l’esclavage, et assure également la pérennité de leur langue et de leur culture (musique, chants, danse). Les Jésuites doivent à la fois se battre contre la brutalité des colons, plaider leur propre cause en Espagne et maintenir ainsi un équilibre fragile qui finira par s’effondrer. Nous ne sommes pas encore entrés dans la longue histoire des Droits de l’Homme : c’est pourtant ici qu’elle a été, la première fois, tentée.
Le Libro de Ordenes, de 1649, nous décrit le Code civil et pénal mis en place. Ainsi, la peine la plus lourde est celle de la réclusion pour dix ans. Fait unique à cette époque, la peine de mort n’existe pas. Les réductions (terres cultivées, villages) disposent d’une milice armée. Une forme de vie communautaire s’installe, au grand scandale des propriétaires terriens, et, bientôt, de leurs alliés créoles. Les Indiens se sédentarisent, et la propriété (très relative) dont ils disposent est fondée, christianisme oblige, sur la monogamie. Chaque nouveau ménage reçoit, au moment du mariage (en général précoce), une maison et un terrain à cultiver.
Les Jésuites dirigent tout. Mais ce qui nous intéresse particulièrement est le développement de l’artisanat, donc de l’art. Telle est l’origine de nos sculptures.
Édouard Pommier, dans Les Missions Jésuites du Paraguay (texte qui accompagne l’étonnant enregistrement des Vêpres solennelles de Saint-Ignace, du musicien Jésuite Dominico Zipoli, 1688-1726), donne quelques exemples frappants de la vie des réductions.
La vie est rythmée par la pratique religieuse. L’assistance à la messe dominicale est obligatoire. Les fêtes religieuses sont accompagnées de danses et de représentations théâtrales dans la langue locale. On a ainsi recueilli des fragments transmis oralement d’un opéra, Le Drame d’Adam. L’important est que la culture soit fondée sur le maintien et le respect de la langue guarani dont les Franciscains ont été les défenseurs dès 1575, les Jésuites continuant leur œuvre. En 1640, le père Ruiz Montoya, pendant son séjour à Madrid, publie deux livres sur ce sujet.
Cette politique amène la formation, parmi les Indiens, d’une classe cultivée. En 1724 et 1727 le cacique Nicolas Yapuguay publie, en guarani, un commentaire du catéchisme et un recueil de sermons.
Le développement de cette culture s’appuie sur l’introduction, dès 1695, de l’imprimerie sur le territoire des réductions (alors que Buenos Aires attendra jusqu’en 1780). Ces Jésuites sont décidément dangereux : ils vont transformer les esclaves en hommes, et même en hommes sachant lire et écrire. Pourquoi pas, aussi, en artistes ? On peut imaginer l’énorme jalousie qui se développera, à cette occasion, chez les Blancs, ou les demi-Blancs, puisqu’on oublie toujours trop facilement que la propagande anti-jésuite a été aussi une propagande « capitaliste ».
Les églises dont on voit aujourd’hui les ruines ont été construites au début du XVIIIe siècle en succédant à des constructions provisoires. Les architectes jésuites ? Ils sont italiens : Angel Petragrassa (1656-1729), José Brasanelli (1659-1728), Giovanni Primoli (1673-1747). Mais il y a aussi l’Espagnol Ribera, et le père autrichien Anton Sepp (1635-1733), qui écrit un manuel pratique de construction. Il est bon de citer ces noms méconnus pour contrebalancer une censure séculaire.
Édouard Pommier écrit : « Les statues qui ont survécu à la destruction des églises se réfèrent en grande majorité à l’iconographie du Nouveau Testament et des saints de la Compagnie. Bien que les textes manquent à cet égard, on peut supposer qu’elles sont l’œuvres des Guaranis, guidés par l’enseignement des pères et inspirées par les gravures d’œuvres européennes qui ont circulé un peu partout dans l’Amérique coloniale. La sensibilité profonde, l’émotion contenue, la spiritualité sincère dont elles sont imprégnées sont peut-être le meilleur témoignage de la valeur de l’œuvre religieuse et civilisatrice accomplie par les Jésuites. »
Par ailleurs un voyageur, José de Escandon, note ceci (nous sommes donc au XVIIIe siècle) : « Il y a des chants tous les jours de fête, ainsi que le samedi. La musique est de grande qualité, à tel point que même ici, en Espagne, elle serait considérée d’un niveau supérieur. […] Chaque village possède sa chapelle de musique, qui compte tant d’instruments et de voix qu’il n’en est pas une, petite ou grande, qui ait moins de 20 à 24 musiciens. Ceux-ci sont très habiles à la lecture, et ils jouent de tous les types d’instruments dont on se sert ici, en Europe, dans les églises. Les voix […] savent très bien écouter d’oreille ou lire les partitions qu’on leur envoie d’Espagne ou qu’on leur fabrique là-bas, car il y a de tout, et les deux méthodes sont utiles. De même qu’ils connaissent bien la musique et peuvent la déchiffrer sur les partitions, afin de la chanter et de la jouer, ils savent fabriquer, et construisent tout type d’instrument, même des orgues…»
L’iconographie du Nouveau Testament et les saints de la Compagnie seraient les seuls sujets sculptés ? Cette description ne nous dit pas grand chose et, de plus, elle est erronée, puisque beaucoup de statues représentent des saints de toutes les époques. Mieux vaudrait parler d’un théâtre du temps, avec ses points de répétitions.
Voyez cette jeune femme radieuse, emportée vers le large comme une belle frégate. Tout, en elle, est mouvement, plis, replis, bonté éblouie du visage, le jaune et le rouge exaltant son triomphe. Mais pourquoi tient-elle, sous son bras gauche, comme un rouleau biblique, cette tour à deux étages ? Il s’agit de Sainte-Barbe, mais qui est Sainte-Barbe ? Et plus généralement, pourquoi savons-nous désormais si peu de chose des saintes et des saints ? Voici une vierge et martyre du IIIe siècle, en Égypte. La légende veut que son père l’ai fait enfermer dans une tour à cause de sa beauté. Puis, apprenant qu’elle est devenue chrétienne et qu’elle se refuse au mariage, il l’a traine devant des tribunaux, la fait condamner à mort et la décapite de sa propre main. À ce moment précis la foudre le frappe. Conséquence : Sainte Barbe se retrouve patronne des canonniers et de tous les métiers qui manient la poudre, carriers et mineurs. Van Eyck lui a consacré un tableau en 1437.
Ce genre d’histoire ne se raconte pas par hasard, et touche au plus près l’imaginaire universel (suivons Freud dans sa certitude). Un père incestueux, une fille qui ne le sait que trop et préfère épouser Dieu : une Indienne Guarani peut être aussi sensible à ce récit que n’importe qu’elle Européenne du temps. Et voilà le beau navire de Sainte Barbe lancé à travers les mers. Tonnez, cannons ! pour la plus grande gloire de Dieu ! Célébrez une fille libre à la barbe de tous les pères.
Ou encore Saint Érasme : c’est un jeune gentilhomme bleu, portant, sans effort apparent, une lourde croix. Il a une attitude militaire concentrée, il appartient sans aucun doute à un corps d’élite dirigé par un grand général. Mais attention : c’est le même Saint Érasme que nous voyons, dans une autre sculpture, crucifié et atrocement supplicié par deux soldats (romains ? espagnols ?). Le ventre ouvert, le corps tailladé, il est, espérons le, soutenu dans son martyr par un angelot qui le coiffe, en douce, d’une couronne de fleurs.
Oui, mais qui est Saint Érasme ? Rien à voir, bien entendu, avec le grand humanisme du même nom, si bien peint par Holbein, et dont la vie a été une habile navigation entre catholiques et protestants. Non : Saint Érasme (appelé aussi Saint Elme) était un évêque de Formie, près de Gaète, au Ve siècle. Les Lombards ariens (l’arianisme est une hérésie tenace) l’ont affreusement torturé et mis à mort. Est-ce parce qu’il a été soumis à une douleur insupportable qu’il est vite devenu saint patron des femmes en couche ? étrange rapprochement, qui nous paraît aujourd’hui sans objet, mais c’est vouloir oublier le long cri de souffrances de la naissance ayant traversé notre espèce, l’ « ardent sanglot » dont parle Baudelaire. Regardez, côte à côte, le gentilhomme bleu acier, lumineux et inaccessible dans sa défense de la foi, et ce pauvre condamné démantibulé sur lequel des brutes grotesques s’acharnent. Le contraste est saisissant : c’est toute une pièce de théâtre qui parle aux yeux et au cœur.
Nous sommes encore dans la marine : les navigateurs du temps (et le Jésuites avec eux) connaissaient bien les feux Saint-Elme, phénomène d’étincelles électriques enflammant les mâts des bateaux pendant les orages en mer (et revoici notre père jésuite du Soulier de Satin). Saint Érasme : la chair retournée et sanglante, l’impassibilité divine, le feu du ciel. Voilà ce qui se racontait aussi dans les réductions du Paraguay, voilà qui ne manquait pas d’embraser l’imagination des artistes populaires entrés non seulement dans la communion catholique mais dans le goût européen.
Des reliques de saint Érasme sont conservées à Bologne, Naples, Vérone, Cologne et Mayence. Mais, là encore, les artistes imposent leur loi : Le Martyr de Saint Érasme est un tableau important de Poussin exécuté pour Saint-Pierre de Rome. Razzié par les français en 1797, il a été restitué au Vatican en 1815. Poussin, peintre philosophe allié des Jésuites ? Mais oui : il suffit de contempler son Saint François Xavier rappelant à la vie la fille d’un habitant de Cangoxima (Kagoshima) au Japon dit, aussi, Le Miracle de Saint François Xavier. Ce dernier tableau, on le sait, a été victime d’une cabale du camp Simon Vouet, et c’est à la suite de ces désagréments que le grand Poussin a choisi de s’expatrier à Rome. Les deux saints jésuites les plus fameux, Ignace de Loyola et François Xavier, eux, ont été canonisés ensemble, en 1622.
Et Saint Roch, ce saint bondissant ! Qui pense à le rapprocher de San Rocco ? Pourtant, c’est lui à Venise, là où l’on va admirer l’impressionnante série du Tintoret. C’est un saint français du Moyen Âge, né à Montpellier en 1293, et mort dans la même ville en 1324 (à 31 ans, donc). Il veille sur les malades, les pestiférés : on l’invoque pendant les épidémies. Ses reliques ont d’abord été en Arles, puis ont été transférés dans la Sérénissime. On le fête le 16 août. La légende veut qu’au désert son chien lui rapportait, chaque jour, un morceau de pain donné par une main inconnue.
Avoir de son côté pour combattre la peste, Tintoret, Rubens et des sculptures en bois, ce n’est pas rien ! Protégez-nous donc dans les forêts américaines, Saint Roch, Sainte Barbe, Saint Érasme, mais aussi Saint Sébastien, Sainte Catherine, Saint François d’Assises, Saint François Xavier (avec, dans la main droite, un drôle de violon) ! Et puis encore Saint Jean Baptiste, Saint Joseph ! Quoi ? Vous dites qu’il n’y a pas de sculptures de saintes ou de saints guaranis ? Patiente, cela viendra. Il suffit d’attendre trois ou quatre siècles.
À tout seigneur, tout honneur. Mais aussi toute horreur. Les représentations du Christ souffrant sont une épreuve. Elle est inévitable. Le corps humain est à franchir, ce que ne comprendrons jamais ceux qui croient naïvement, ou par calcul, à sa nécessité animale ou biologique. La leçon est dure : des blessures, du sang. Le Christ à la colonne n’est pas le même au XVIIe et au XVIIIe siècle mais les deux sont sublimes. S’ils éveillent en vous des pulsions cruelles et sadiques, ou, au contraire, de dépression masochiste, ce sera votre faute, pas la leur, puisqu’ils sont visiblement ailleurs, immergés dans une sagesse ou une sérénité incompréhensibles. On tient, là, la clé de la puissance de suggestion catholique : elle ne peut pas laisser indifférent. Soit elle déclenche la perversion, et elle la traverse et l’annule ; soit c’est la répulsion troublée, le dégoût et la preuve est faite par le refoulement. De toute manière, le regardeur est révélé, il ne dit d’ailleurs pas forcément ce qu’il ressent ou pense.
Ce dos flagellé, ces taches de sang font encore rêver ou délirer de nos jours. Une vierge en plâtre est censé pleurer des globules rouges ? Non, bien sûr, mais l’événement supposé signale l’impasse de l’art saint-sulpicien, l’affadissement est le déclin de l’art sacré depuis le XIXe siècle. Ici, au Paraguay, à l’époque héroïque, les choses sont infiniment sérieuses, directes, vraies. Les Jésuites et leurs fidèles sont dans leur moment de splendeur. Pas de mièvrerie, de bigoterie, de pruderie : l’essentiel, la force. Le Christ du XVIIe siècle est basané, il pourrait être indien. Celui du XVIIIe siècle, stigmatisé, est au contraire très blanc mais tous les deux sont liés à la même colonne qui est une sorte de temple à elle seule. La signification est claire : le martyr guarani et le martyr jésuite se situent du même côté. On dirait qu’ils déposent ensemble au tribunal de la Justice et de la Vérité. Les mains liées, le corps violé, le visage déjà dans la mort, ou plutôt dans une vision qui la surplombe, l’effet de grandeur est imparable : ecce homo.
Pour comprendre de tels chefs-d’œuvre sculptés, il faut aller à la source, c’est-à-dire non seulement au Nouveau Testament, mais aux textes du fondateur de l’Ordre, Ignace de Loyola lui-même.
Car le voici, lui. On dirait un moine ascétique, absorbé par on ne sait quelle scène (la sculpture est là pour faire voir l’invisible). Il a l’air étonné d’être en vie. Il contemple, avec respect et compassion, quelque chose. Quoi ?
« Voir Notre Dame, Joseph, la servante, et l’Enfant Jésus après qu’il est né, me faisant, moi, comme un petit pauvre et un petit esclave indigne qui les regarde, les contemple et les sert dans leurs besoins, comme si je me trouvais présent, avec tout le respect et la révérence possibles. Et réfléchir ensuite en moi-même afin de tirer quelque profit.
Regardez et considérez ce qu’il font comme, par exemple, voyager et peiner pour que le Seigneur vienne à naître dans la plus grande pauvreté et qu’au terme de tant de peines, après la faim, la soif, la chaleur et le froid, les outrages et les affronts, il meurt en croix : et tout cela pour moi. Puis, réfléchissant, tirez quelque profit spirituel.
Terminez avec un colloque et par un pater noster. »
Nous venons de lire une séquence des fameux Exercices spirituels. Mais dans son Journal spirituel, Ignace de Loyola nous raconte de drôles d’expériences. Par exemple : « allant à la messe. Avant elle, non sans larmes ; pendant, nombreuses et très apaisées. Très nombreuses intelligences de la très Sainte-Trinité, qui illuminait l’esprit, au point qu’il me semblait qu’à force d’étudier je ne saurai pas autant ; et ensuite, réfléchissant encore à ce que je ne comprenais en sentant et voyant, j’avais toujours cette impression, quand bien même j’étudierais toute ma vie. »
On voit que les exercices sont représentatifs alors que les extases sont extrêmement abstraites : la combinaison des deux définie la spiritualité jésuite. Pas de mystique sans considération des formes, pas de formes sans plongée dans l’essence divine. Telle est, en somme, la définition du baroque.
Tout cela a lieu, ne l’oublions pas près de la ville d’Asunción : Assomption. C’est ainsi que s’appelle la capitale du Paraguay. Cela doit faire un curieux effet de répondre à la question : « où habitez-vous ? » par : « Assomption. » Étrange histoire.
La noblesse de ses vierges est impressionnante. Leur recueillement dégage une lumière bouddhiste. L’Immaculée Conception règne sur la terre. La Vierge au chapelet (c’est-à-dire rosaire) partage son royaume avec son fils enfant. La Vierge Marie est une femme-fleur qui prie sans cesse, elle est pleine de grâce, elle est bénie entre toutes les femmes, elle se penche sur nous. Son drapé flottant rouge, ses mains jointes la retourne entièrement sur elle-même. La Vierge de pitié, elle, avec son barbu adulte, grand comme un enfant, sur les genoux, n’est pas indigne du sommet du genre, la Pietà de Michel Ange. C’est du même génie qu’il s’agit.
Victoire, donc, à travers la torture et la mort. Affirmation sans mélange au cœur du chaos. Ici, la figure de l’Archange guerrier : Saint Michel. Son nom, en hébreu, signifie, on le sait : « qui est comme dieu ». Il est là pour anéantir Celui qui veut être « comme » Dieu : Satan en personne. Prince de la milice céleste, protecteur d’Israël, il était logique de le rencontrer dans l’armée jésuite. Le voici donc, dans deux apparitions fulgurantes.
Il danse, l’Archange, il est un des stars du ballet divin. Il tombe du ciel sur la scène, comme s’il était animé par la vive musique de Vivaldi, de Haendel. Il vole de biais, étoffes rouges et jaunes, en foulant aux pieds, en passant, une masse informe qui n’est autre que le Démon. Regardez cette espèce de gros cerveau sanglant, ce tas de mou de veau d’où émerge à peine une tête stupide. Telle est la lutte incessante contre la maladie psychique de l’univers. On lui répond par l’élégance physique instantanée. Même désinvolture de fouet ailé dans la façon dont, l’épée à la main, dans une autre sculpture, Saint Michel triomphe de la bête qui lui sert de piédestal. La tragédie est terminée, l’horreur surmontée, le négatif nié.
Il y a le château Saint-Ange dédié à saint Michel à Rome. Et qui ne connaît, en France, le mont Saint-Michel ? On retrouve l’Archange militaire à Bruxelles, à Munich. Il a pour lui Raphael, Rubens (encore lui !), Delacroix. C’est la guerre.
« Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta donc, l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. Et j’entendis une voie clamer dans le ciel : " Désormais, la victoire, la puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu, et la dénomination à son Christ, puisqu’on a jeté bas l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait nuit et jour devant notre Dieu. Mais eux l’ont vaincu avec le sang de l’Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir. Soyez donc dans la joie, vous, les cieux et leurs habitants. Malheur à vous, la terre et la mer, car le Diable est descendu chez vous, frémissant de colère et sachant que ses jours sont comptés. "» (St Jean, Apocalypse, XII, 7-11)
Pauvre terre, pauvre mer ! Beaucoup de dévastations leur sont promises ! Et nous n’avons pas la chance d’être les « habitants des cieux ». Prions donc saint Michel, comme l’ont fait les artistes guaranis, qui avaient de bonnes raisons de douter de la paix terrestre. Les massacres se multipliaient. La bestialité quotidienne était invivable (et qui dira que notre siècle ne s’est pas surpassé dans la diablerie ?). Pourtant l’opéra jésuite était là. On pouvait parfois danser, faire sonner les instruments, s’émerveiller des sculptures. La joie, après tout, se situe par définition hors du temps.
Dans quel but cet orchestre ? ce grand théâtre ?
Ad majorem Dei gloriam. Pour la plus grande gloire de Dieu. Une gloire qui brille secrètement, toujours à travers ces figures. "
Philippe Sollers (Éloge de l'Infini)
00:35 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (47) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
salut nebo ! d'où tire s tu cette énergie ? pour ma part un texte que j'ai écris pour faire écho au tien :
Paradis perdu
Je me souviens c’était au temps des conquistadors
Le soleil levant ne se couchait jamais sur l’empire español
Les reines et les rois avaient donné au monde leur foi
Ils ont pris un bateau pour traverser la mer
Ils avaient des ailes, le vent dans le dos, ils étaient fiers
Dans les tempêtes ils chantaient
Pour se donner du courage, pour traverser le monde entier
De l’or brillait dans leurs yeux à la vu de ses rivages troublant
Où dansaient des filles nues portées par le vent
Je me souviens c’était au temps des conquistadors
Le soleil levant ne se couchait jamais sur l’empire español
Paradis perdu, paradis perdu
Ils ont cru aux trésors les conquistadors
Ils ne pensaient qu’à leur sort
A la vue de tous ces rêves d’or
Dans ces guerres dérisoires, ils chantaient
Pour se guérir du désespoir
Pour ne pas mourir humilié
Je me souviens c’était au temps des conquistadors
Le soleil levant ne se couchait jamais sur l’empire español
Paradis perdu, paradis perdu
Des rivières de diamants brillaient dans leurs yeux
Le reflet des sacrifices hantaient leurs nuits et leurs jeux
Dans leurs crimes inavoués, ils chantaient
Pour être complice de leur dieu
Pour vivre libre, mais honteux
Je me souviens c’était au temps des conquistadors
Le soleil levant ne se couchait jamais sur l’empire español
Paradis perdu, paradis perdu
On entend les échos monter au grès des flots
Sur l’hôtel des sacrifices ho ho ho
On entend les échos monter au grès des flots
Sur l’hôtel des sacrifices ho ho ho
Les conquistadors ont perdu leur rêve d’or
Les indiens gardiens des secrets des trésors
Au fond de vos vallées, dans le lit des Rio
Les chants des sorciers, implorent leurs dieux
tout haut
Implorent leurs dieux si haut
Paradis perdu, paradis perdu, paradis perdu, paradis perdu
Je me souviens c’était au temps des conquistadors
Le soleil levant ne se couchait jamais sur l’empire español
Paradis perdu, paradis perdu
Écrit par : Yvan | 18/03/2008
L'énergie ? J'en sais foutre rien...
Beau souffle dans ton texte, fais gaffe aux redondances...
Bien à toi...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 18/03/2008
L'Energie Nébo c'est ce qui te reste comme volonté en rentrant du boulot pour t'atteler à pondre tes textes et les annoter de réferences sérieuses, tout cela au lieu de t'effondrer dans le canapé à manger des chips arrosées de bière fraîche. A moins que tu puisses faire les deux ?!!!!
Écrit par : orpheus64 | 18/03/2008
Ne le crois pas si tu veux, mais je fais les deux... et j'arrive même à lire et à baiser aussi... j'ai même envie de jouer de la guitare, mais ma main ne s'y prête pas pour des raisons médicales...
C'est dingue, non ?
Oui, je sais ce que c'est cette énergie... mais la question d'Yvan était : d'où me vient-elle ? Et ma réponse : j'en sais foutre rien...
Écrit par : Nebo | 18/03/2008
Rassure-moi...Pas tout cela en même temps tout de même ?!!
Moi j'ai vraiment du mal à écrire tout en lisant des chips.....
Écrit par : orpheus64 | 18/03/2008
Non... pas en même temps... à la queue le leu...
Les chips tente de les bouffer... et ne mange pas les livres...
Écrit par : Nebo | 18/03/2008
C'est ma prochaine mission !
Écrit par : orpheus64 | 19/03/2008
Le boulot nous vole quand même 5 jours sur 7 et il est facile d'oublier ce qu'est la "vraie vie" et ce pour de multiples raisons : fatigue, paresse etc. L'énergie de Nebo vient de là : vivre, tout simplement, trouver le temps de faire ce qu'on aime, ce qui nous maintient en vie, ce qui nous épanouit, pour certains c'est la lecture, pour d'autres, l'écriture, écouter de la musique, faire du sport ou toute autre activité. Toute énergie déployée à faire quoi que ce soit après une journée de travail même si cette énergie nous coûte est salvatrice et plus on en fait plus on a l'énergie et l'envie d'en faire. Légumer devant un DVD à bouffer des chips ou une tablette de chocolat ne donnera peut-être pas de l'énergie mais ça détend et ça repose. On a aussi parfois besoin de ne penser à rien, de ne pas réfléchir et de passer un bon moment devant un bon film d'action ou de guimauve. Juste équilibre et il en faut et il est vital de sortir de ce cercle infernal métro-boulot-dodo. Dans le métro on peut lire ou écouter de la musique, après le boulot il y a toute sorte de choses à faire et avant le dodo aussi...
Mais je finirai tout de même en affirmant que Nebo a quand même une sacrée foutue énergie et que ce blog est une réussite par la diversité des sujets abordés, par la diversité de ceux et celles qui y participent et par les belles rencontres qu'il nous permet d'y faire.
Écrit par : irina | 19/03/2008
Je serais assez d'accord avec vous sur l'épopée américaine des Chrétiens d'Europe, à un - très gros - détail près. Les morts en Amérique caraïbe, centrale et méridionale dus à un choc biologique involontaire, et ceux en Amérique septentrionale dus à un réel génocide, non merci bien.
A ma connaissance, les méchants Protestants n'ont jamais tenté de réduire en esclavage les natifs d'Amérique du Nord. A ma connaissance, les chiffres que vous citez concernant la population précolombienne d'Amérique du Nord, ne valent pas grand-chose, tant ils émanent d'institutions teintées par l'idéologie au pire, ou soumise à l'autoculpabilisation au "mieux". La réalité est que contrairement aux Mayas, Aztèques et autres Incas, l'essentiel des populations septentrionales était nomade ou semi-nomade, avec une dominante des pratiques de chasseurs-cueilleurs qui ne permettait pas une densité importante de peuplement.
On a, en fait, toutes raisons de penser qu'il y a au moins autant d'Amérindiens vivant aujourd'hui aux USA / Canada, qu'à l'époque de l'arrivée des Blancs. Pas vraiment ce que l'on peut observer des Juifs en Pologne ou des Arméniens en Turquie...
J'ajoute que l'invention des réserves me paraît être (comme le refus de tenter de réduire en esclavage) un signe de respect, qui vient pour le moins nuancer votre portrait à charge des Anglo-saxons. Les réserves sont depuis belle lurette un système non contraignant, permettant à chaque résidant de choisir entre une vie d'Américain "moyen" à l'extérieur, ou la préservation des traditions à l'intérieur. Certaines tribus, particulièrement fûtées ou gâtées par la Nature, arrivent même à cumuler les deux. L'immense majorité des Amérindiens du Centre ou du Sud du Continent, ne peuvent que rêver à une telle alternative.
Quant à la politique des couvertures contaminées, elle fut un épiphénomène, dont je regrette que vous le montiez en épingle, surtout sans rappeler qu'au Nord comme au Sud, le choc biologique involontaire fut la règle, et sans rappeler que si les contaminations délibérées ont cessé au Nord depuis un bon siècle, elles ont été observées jusqu'aux années 70 (mille NEUF cent soixante-dix) dans le pourtant très catholique Brésil...
Enfin, soyons honnête et posons-nous la question suivante. Si les civilisations espagnole et portugaise avaient généré un progrès technique (et donc une explosion démographique) comparables à celui généré par la civilisation anglaise, le déversement continu de millions d'immigrants vers l'Amérique latine/catholique n'aurait-il pas entraîné les mêmes conséquences pour les indigènes, qu'en Amérique septentrionale/protestante ? Honnêtement ?
Or, la différence de performances entre Angleterre et Péninsule ibérique est (j'espère qu'il n'y aura pas de contestation sur ce point) largement due à des facteurs religieux. Il serait paradoxal et immoral de blâmer les Protestants pour les conséquences de leur "supériorité" civilisationnelle (ou au minimum, technique). Un sage adage du droit français dit que "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude". Je veux croire qu'il s'applique aussi aux Catholiques romains comme vous ;-)
Écrit par : denis l. | 20/03/2008
Cher Denis, mon propos n'était pas de dresser les Protestants contre les Catholiques, ils y parviennent bien par eux-mêmes sans mon aide insignifiante. Si j'ai une préférence pour la Catholicité par rapport au Protestantisme c'est essentiellement pour des raisons "civilisationnelles" (comme ma note le laisse entendre) et parce que le puritanisme protestant ne parle pas à ma chair. Je suis un libertaire/libertin indécrottable et sachez que mes propos ne sont pas toujours les bienvenus chez les Catholiques eux-mêmes... il n'y a qu'à voir les réactions épidermiques qu'ils suscitent sur le blog de qualité d'Isabelle des Charbinières, par exemple, dans les commentaires de cette note consacrée à Sollers :
http://isabelledescharbinieres.hautetfort.com/archive/2008/03/14/sollers.html
De plus, si je suis un agnostique un peu perdu, il est vrai, je suis de Culture Serbe Orthodoxe. Donc, je ne suis pas un Catholique Romain...
Lorsque vous dites qu'il y a toute raison de penser qu'il y a tout autant d'Amérindiens vivant aujourd'hui aux USA/Canada qu'au moment de l'arrivée des Blancs, vous avez parfaitement raison... mais il faut préciser qu'en 1900 il n'y en avait pas 200 000. Cela rééquilibre quelque peu votre postulat.
Je n'ai pas voulu blâmer les protestants, aucunement, j'ai juste souhaité préciser, car la filiation "idéologique" l'indique clairement, qu'un Protestant Flamand comme Théodore de Bry a joué un rôle considérable dans l'influence idéologique sur les jugements qu'ont pu émettre, par la suite, les philosophes des Lumières et, ainsi, contribuer à modeler les faux jugements actuels, politiquement corrects et intellectuellement embourgeoisés.
Vous n'avez pas relevé, Denis, que parallèlement à Théodore de Bry je citais Bartolomé de Las Casas, CATHOLIQUE et membre de l'INQUISITION. Je pensais être équilibré. Néanmoins, il est vrai qu'il y a une différence d'approche entre les colons nord américains et les colons sud américains. Si vous voyez dans les "réserves indiennes" un signe de respect, j'y vois surtout un signe de mépris. Et si les colons nord américains n'ont pas esclavagisé les indiens c'est qu'ils avaient du "bois d'ébène", importé d'Afrique à se mettre sous la dent, tout comme les colons sud américains et à l'invitation de Bartolomé de Las Cassas, le Catholique, comme je le signale clairement dans ma note. Cela a probablement largement contribué à ce que les indiens d'Amérique Latine ne soient pas esclavagisés passé une certaine date.
Le but de ma note était surtout d'indiquer, avec références à l'appui, que les attaques dont a été victime Mel Gibson par rapport aux indiens Mayas non seulement n'étaient pas justifiées, mais que la présence Catholique en comparaison à la société en place qui la précédait a fait plus de bien que de mal.
Je ne parle pas, bien entendu, des pouvoirs politiques plein d'avarice qui n'ont pas toujours contribué aux bonheur des hommes, mais ça ce fut le cas... aux quatre coins de notre globe, n'est-ce pas ?
Bien à Vous...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 20/03/2008
Je ne connais plus le nombre de traités passés avec les Indiens et rompus par les américains, mais ce sont des dizaines de traités qui furent ainsi trahis, dénoncés unilatéralement par des populations blanches qui en avançant avaient de plus en plus besoin de terre et se souciaient de l'honneur comme d'une guigne.
Ces terres furent bel et bien volées aux indiens. Surtout, on ‘"hésita pas -voir un boucher comme Buffalo Bill -à les acculer à la famine en tuant les bisons jusqu'à presque extinction complète. Il: y eut ainsi des bandes de gunfighter payés par des politiciens futurs propriétaires pour pousser les indiens au désespoir et à la révolte, ce qui donnait une bonne excuse pour les massacrer.
C'est de l'histoire, il ne s'agit pas de faire porter aux américains modernes le poids d'un péché collectif. Mais àquoi bon vouloir nier que l'µIndien fut regardé comme un sous homme, un paien sans âme qu'on pouvait trahir sans que dieu en soit mécontent, bien au contraire? Et quelle vie que celle de la réserve pour ceux qui parcouraient libres leur territoire! Et que dire de leurs cimetières sacrés qu'on avait juré de respecter et qui furent détruits? Du massacre de wounded Knee -voir aussi le film "Soldat Bleu" ou "Little big Man" qui donnent une bonne image du racisme anti indien, cette "sous race" (Wyat Earp in "Les hors la loi du far West)Et ne venez point me citez des points historiques faux quant à Little big Man, ce qui compte, c’est la justesse de la parabole. Le fils de plus s’appuie sur On pourrait citer aussi des paroles de sénateurs, gouverneurs et généraux (Charlier s'en est servi dans ses Blueberry, particulièrement dans "Tête jaune") pour qui l'Indien n'est qu'un sous-homme.
Telle fut la pensée américaine qui servit de paradigme à la conquête. Encore une fois, l'histoire est l'histoire, et il est inutile d'insulter l'Amérique moderne pour cela (au reste, tous les américains ne pensaient pas ainsi : un Melville fait exception mais...c'est Melville).
Denis, autant vous savez être objectif et fin dans la plupart des questions (sauf votre passion anti-serbe) autant, dès qu'il s'agit des USA, son passé, ses racines idéologiques, je vous soupçonne d'être prisonnier de vos relations familiales et du paradigme culturel anglo-saxon - d nous avons tous nos préjugés, je vous l'accorde. Nos préférences si le mot vous sied mieux. Il n’empêche qu’on a le droit d’être du côté Baudelaire Barbey Bloy sur les Etats-Unis… que lestrès grand écrivains américains -Faulkner, Hawthorne Melville - aient été pour le moins critiques de leur pays,c’est un fait. Avec Faulkner, nous avons le dernier grand écrivain américain, tantla société démocratique, hélas, est peu apte à soutenir les âmes qui font la haute écriture. John Kennedy O’Toole s’est suicidé, et ce immense poète d’Ezra Pound à maudit les USA en termes définitifs. Au Plan spirituel, il y a un problème avec cette civilisation. Mais elle n’est sans doute que la face avancée de notre modernité mortifère. Les Etats-Unis sont nés des Lumières et des valeurs de la maçonnerie (B. Franklin, Jefferson et bien d’autres).
Nebo …(je vous suis à 100% pour le fil chez XP) : Cristos voskres ( je sais que j’avance un peu par rapport au calendrier orthodoxe mais pour moi, vous participez à cette Pâques )
A vous et Irina, que l’Esprit souffle sur vos âmes, ces habitantes de l’infini .
Joyeuses Pâques.
Ps Denis, si vous repassez par ici, joyeuses Pâques à vous frère protestant.
http://indien.nexenservices.com/amerindiens/reserves.htm
Écrit par : Restif | 23/03/2008
Onest prié de ne pas faire attention à une phrase qui dépare le texte. Phrase que j'ai oubliée de couper et qui m'entrainait trop loin. Mille pardons.
(J'ai terriblement peu de temps ayant bcp à gratter, d'où de trop rares passages, ce que je regrette bien je vous prie de le croire!)
Écrit par : r | 23/03/2008
@ nebo : merci de votre réaction courtoise, juste quelques bricoles, en passant :
- qu'il n'y ait eu "que" 200 000 natifs vers 1900 ne serait choquant, que si l'on prenait au sérieux les estimations trop habituelles, de leur nombre à l'arrivée des Blancs ;
- mon parallèle en termes de non-esclavagisation des Indiens, est parfaitement valable, lorsqu'Anglais et Hollandais débarquent, selon les endroits la Traite n'a pas commencé ou n'en est qu'à ses débuts, alors que dès le premier contact ou presque, les Espagnols tenteront de réduire les Indiens en esclavage histoire d'exploiter les mines d'argent, etc etc...
- le protestantisme (qui n'existe pas, il existe un luthéranisme, un calvinisme, un baptisme, etc) n'est pas spécialement "puritain" au sens où vous l'entendez ; permettez-moi de vous resservir la citation de Luther ("celui qui n'aime ni les femmes ni le chant ni le vin, celui-là est bien à plaindre"), d'attirer votre attention sur l'extrême puritanisme de l'Espagne depuis le siècle d'Or jusqu'à Franco inclus, et de vous apprendre que les "Puritains" des premières colonies, étaient de moeurs fort raisonnables, y compris en matière sexuelle (on y pratiquait la vieille coutume paysanne européenne de l'albergement).
@ restif : rrrrah, le faux frère, qui CHEZ UN SERBE, me dénonce comme serbophobe passionné... alors que je ne suis allergique qu'à la passion serbophile qui a saisi certains dans des mouvances que nous fréquentons parfois (et plus encore, aux motivations de ladite passion). Par ailleurs, apprenez que je ne suis pas américanophile, même pas atlantiste, mais simplement (un peu dans l'esprit du point précédent), je considère qu'on a été, dans lesdits millieux et mouvances, beaucoup trop loin dans l'américanophobie - même vous, je le crains...
J'ajoute que bien entendu, des Indiens ont été massacrés, et que (par définition) leurs terres ont été volées, mais que voulez-vous ? Vae victis... Les Romains se sont livrés à des atrocités de masse sur le peuple gaulois, les Germains pourtant barbares en ont fait bien moins (mais quand même un peu), voilà... et Carthage a été détruite, et le monde ne s'est pas arrêté de tourner. Moi je veux bien sympathiser avec les Indiens (comme le faisait ce grand coeur de tonton Adolf, qui aimait tant les récits de Karl May, Winnetou et tout...), mais pas au prix d'un manque de recul historique, que je rencontre vraiment trop souvent. Et qui ne fait que renforcer la diabolisation généralisée du Blanc.
Enfin, je crains qu'il n'y ait eu un malentendu passé, dont je prends seulement conscience : "attaches familiales" ? Mes deux parents, mes quatre grands-parents, sont ou étaient français, mes huit grands-parents français ou suisses, nulle attache anglosaxonne et moins encore américaine. En revanche, la femme que j'aime est australienne, certes, mais nullement américaine, et de style et de culture elle fait plus britiche coincée (j'adore) que surfeuse musclée bronzée, quant à son ascendance elle est allemande, galloise et française. Alors...
(j'espère que vos Pâques ont été joyeuses, je veux dire les premières, puisque j'imagine que vous aurez droit à une seconde ration bientôt...)
Écrit par : denis l. | 24/03/2008
Restif, au plan spirituel il y a un problème avec la civilisation américaine ?....Quelle est la civilisation dites-moi qui devrait indiquer la marche ?!!!!
Avez-vous respiré assez longtemps l'air de ce continent autrement que par l'intermédiaire des livres ou des journaux pour pouvoir établir ce jugement ?
L'Esprit a besoin d'air pour circuler et se communiquer et croyez-moi, depuis que j'ai quitté l'Europe mes poumons n'ont jamais aussi bien fonctionné.
s'il y a avait une comparaison biblique à établir, je verrais bien l'Europe dans le rôle de l'empire Romain. La décadence en attendant l'assaut des barbares. Et pour les USA, le peuple hébreu encore sous l'emprise du veau d'or mais néammoins en marche, en construction et en devenir.
l'américanophobie est un antisémitisme moderne.
Écrit par : orpheus64 | 24/03/2008
Désolé orphéus j'ai bien peu de temps*. Vous me sortez l'argument primaire du "y avez vous été"! Et bien oui, pas très longtemps certes, toute une summer session en université(je connais mieux la Sibérie que je préfère d’ailleurs). Mais vous savez Custine en qqlq semaines à fait l'une des meilleures analyses de la Russie que l'on connaisse. Et que dire de Tocqueville parti si peu de temps et n’ayant presque rien vu !. Alors cet argument là pour moi n'est pas franchement déterminant (oh doux euphémisme), pourvous, votre présence semble valoir jugement déterminant. C’est un peu court jeune homme !. Pour le spirituel, je vous renvois à Bloy,Barbey, Baudelaire, auteur non résumables surtout par un homme pressé.
@ DENIS : Mea culpa - je fus effectivement un "faux frère" en vous traitant, ICI, d'anti serbe. Mais bon, Nebo n'est pas le nationaliste de base, loin de là. Ce n'est certes pas lui qui vous jugera sur cette incise pernicieuse à laquelle je n'ai pas résisté mais que j'ai immédiatement regrettée, je l'avoue.
Pour votre parentèle, pardonnez mon erreur. Vous aviez écrit sur Ilys avoir reçu des amies très proches : «familles de Kerry" ajoutiez vous, et j'en avais déduit que vous étiez cul et chemise avec l'establishments (ce qui n'enlèverais rien à vos propos mais bon... j'ai cédé à ce que le valeureux Gai luron appelait le "d'où tu parles?"). Ajoutez à cela votre lecture quotidienne de qqlq journaux de la star splangled banner pulication,j'ai cru comprendre que la fabrications de vos idées passaient pas un logiciel spécial pro US jugement plus que rapide, d’accord). Sur le fond, vous avez pu avoir que nous étions par contre plutôt d'accord. Un apprenti hégélien comme moi reconnait les lois de l'Histoire!
Bien à vous et toutes mes excuses si j'ai poussé la lecture de Théodore Katzinsky un peu trop loin.
J’espère aussi que ces Pâques furent tressées de grâces.
Écrit par : Restif | 24/03/2008
Denis : "Que ces Pâques VoUS furent tressées de grâces"
Très cordialement, Restif
(Et bien sûr,d'ici un mois, nouvelles Pâques mais plutôt culturelles, ma femme est portée vers l'evangélisme (ce qui ne l'empêche pas de se sentir chez elle en catholicité où nous nous sommes mariés. A Novossibirsk. Décidément cher ami,nous allons chercher nos douces compagnes pour le moins assez loin. )
Mais le Russe! Pfiou ...
Écrit par : Restif II | 24/03/2008
Restif : Je confirme cette amitié très proche (la Vigile pascale dans la paroisse où je suis le plus impliqué a failli être annulée, le prêtre anglican qui la dessert étant souffrant, et le vendredi en fin d'après-midi j'ai appelé ladite amie cousine du sous-JFK, et deux heures plus tard j'avais l'accord de son époux, chanoine épiscopalien et docteur en théologie d'Oxford, pour nous dépanner le lendemain soir - si ce n'est pas de l'amitié...) mais nul lien familial, je suis le résultat du croisement d'un directeur d'école et d'une institutrice banalement celto-germains et francophones.
Sans reprendre à mon compte tous les termes de votre critique Orphéus, je crains qu'en substance il n'ait un peu raison. Vous vivez, il est vrai, immergé dans une littérature séculaire - une fort belle excuse, je le reconnais - et lorsque vous en sortez vous vous retrouvez immergé dans le bain américanophobe quotidien (à défaut d'un bain tout court, pour beaucoup d'entre eux - je ne nous inclus pas, évidemment) des Hexagons - une fort bonne excuse, je le reconnais aussi.
Enfin, je vous envie votre déplacement à Novossibirsk. J'avais seize ans et j'étais cinéphile fou lorsque j'ai vu, par une belle après-midi strasbourgeoise, "Sibériade" de Konchalovsky, dans une salle Art & Essai, le film durait trois ou quatre heures, mais j'en aurais redemandé. Et ne vous plaignez pas de la langue russe, elle est magnifique et est le plus bel enfant de la civilisation russe (avec - mais ils sont indissociables, le Roman Russe, avec des capitales délibérées), ce qui nous fait un point commun avec eux (l'Allemagne aura donné sa musique et sa philosophie - et sa Réforme..., l'Angleterre sa liberté). Je demeure inconsolable de n'avoir pas poussé plus loin mon étude de la langue russe, et pire encore, d'avoir oublié l'essentiel de ce que j'avais appris. Remerciez le Ciel de la faveur qu'il vous a faite, et embrassez l'idiome en même temps que l'épouse !
Écrit par : denis l. | 24/03/2008
Mais j'aime l'Amérique!et mon coeur va même au cadidat républicain (d'autant que les idées d'Obama sur le Pakistan me paraissent douteuses). Seulement voilà,je n'ai pas franchement la fibre démocratique et ce pays reste le phare de ce régime. j'ai cité en rigolant Katzinsky,il est fou, certes, mais son texte contient des choses très justes. Enfin je ne peux mieux faire que renvoyerà Saint Martin (stag désormais) sur les Enfants de la zone grise. Un monde où l'homme sera transformé pour s'ajointer à la machine, devenir un rouage du Moloch et bien... je préfère encore que tout saute, qlq soient les millions de morts qui en découleront de manière certaine. Mieux vaut ça que l'écroulementdéfinitif de la civilisation tel que l'Art moderne (en toute chose littérature, musique, peinture sculture) nous le montre.
Enfin, quand on pense qu'à Stanford (si ma mémoire est bonne) on a supprimé l'étude de Moby Dick -et de bien d'autres chef-d'oeuvres - au nom du politiquement correct, ça fait peur. Les USA laboratoire de toutes les décadences? Stendhal disait qu'il préférait faire la cour à un duc qu'à son épicier (c'était sa vision des USA). Maintenant, en laissant de côté toute exaltation adolescente (ça rajeunit) on a toujours la Rome qu'on mérite. Je méprise l'anti-américanisme mais je me défie d'une civilisation qui depuis Falulkner ne nous a plus rien donné littérairement parlant. Maintenant,je revendique de butiner diverses idées. Tout cela n'est pas un JUGEMENT des USA,juste qqlq reflexions. Si mon attaque est trop forte et mal posée (ce que je reconnais) votre défense passe sous silence les problèmes que nous devons à un pays qui est peut être bien en train de nous accoucher un nouveau 29.
Et puis quoi, ilest plaisant de discuter (ce que ne fait pas Orpheus qui utilise l'argument "t'y connais rien heu,t'y est pas na!" que j'ai tendance à trouver un tantinet léger.
Bravo pour votre clausule, elle est plus qu'excellente. Mais je compte partir en Russie plus longtemps-plusieurs mois voir années -et là les oreilles baignées des sirèes cyrilliques -en tout bien tout honneur !-,j'espère avancer.
Bien àvous ^_^
Écrit par : Restif | 24/03/2008
"Restif, au plan spirituel il y a un problème avec la civilisation américaine ?....Quelle est la civilisation dites-moi qui devrait indiquer la marche ?!!!!"
Un pays où toutes les religions se valent et où le new age et les liturgies du bien-être fleurissent me semble douteux.Malheureusement,je crains que nous n'ayons d'autre allié que ce gigantesque veau d'or pour lutter contre les islamistes. Vous avez tous plus ou moins raison ...
Écrit par : Henri | 24/03/2008
Eh non, Denis... pas nationaliste pour un sous... "Me suis toujours méfié des bêtes à cornes nationalistes" (F. Nietzsche)... quelque peu patriote, oui, probablement. Celui qui n'est pas prêt à mourir, sur le champ, pour quelques hautes valeurs et pour un pays qu'il aime, ma foi qu'il se contente de faire de la littérature.
Bon, vous mettez un peu d'animation sur mon modeste Blog et ça fait plaisir.
Bien entendu, Denis, que la Courtoisie, avant toute chose, se doit d'être maîtresse des lieux... et les chrétiens quant à eux, toutes tendances confondues, se doivent de se serrer les coudes...
L'Amérique, comment je la vois, comme une Nation en devenir... même au-delà d'un nouveau Krach à la 1929, Restif... une Nation capable du meilleur comme du pire... si je devais par contre, en effet, poser mon opinion sur le monde qu'après l'avoir parcouru, Orpheus, je ne pourrais que fermer ma sinistre gueule. Les livres, en effet, sont aussi faits pour ça : nous faire voyager et humer des sols et des airs pour l'achat d'un simple livre de poche. En espérant que l'intelligence dans le texte soit au rendez-vous. Je doute qu'elle fut absente chez Tocqueville, par exemple, ou Barbey... chez Bloy ce fut probablement une intelligence furieuse. Nous avons le droit, homme pécheurs que nous sommes, de faire au mieux.
Que vous ayez des relents "anti-serbes", Denis, ma foi... vous ne seriez pas le premier de la sorte sur mon parcours et je pourrais vous retourner l'argument d'Orpheus (que vous reprenez à votre compte dans votre argument) à propos des Etats-Unis en l'orientant à l'encontre de la Serbie. Le Kosovo ? Nous le récupérerons. Nous avons une patience de juifs avec nous. 5 siècles de joug ottoman islamique, ça vous fonde une Nation et des hommes. Ce que le monde se refuse à accepter c'est qu'en 5 siècles nous n'avons pas disparus... et pire, nous avons été un rempart contre la montée de l'Islam plus au Nord. Notre noble et juste fierté en emmerde plus d'un. Et puis les communistes ne nous ont pas épargné non plus. C'est un poids considérable que nous pouvons porter en véritables dingues chantants et dansants, comme dans les films d'Emir Kusturica qui s'est fait baptiser à l'église orthodoxe, il y a deux ou trois ans, sous le nom de "Nemanja" (Némanïa)... il est revenu à la religion de ses ancêtres avant que les turcs ne les islamisent.
Enfin, méfiance... il paraît que le Mahdi serait né :
http://www.memritv.org/clip/en/0/0/0/0/0/0/1708.htm
... enfin, le Mahdi, ou l'antéchrist... c'est comme vous voulez... l'assaut sur Rome aura bientôt lieu, grande promesse de nos barbus... reste à savoir si les Orthodoxes et les Protestants s'en réjouiront ou si, comme moi, ils daigneront prendre parti...
Bien à Vous tous...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 24/03/2008
Restif, le "jeune homme" que je suis n'a pas argumenté une seule seconde. Juste posé des questions...Je n'ai hélas pas le temps de débattre et de vous parler de mon quotidien aux USA ni des rencontres que j'ai pu y faire. J'ai grandi en Europe. Là est ma culture. Mais pour vivre en résonnance il m'a fallu partir...Aux USA ! C'est juste mon expérience. Ma vie.
Il y a assez de pays en ce monde et de cultures pour pouvoir permettre à chacun d'aller à la rencontre de soi-même. Ce que je dis simplement c'est que je ne vois vraiment pas en quoi les USA souffriraient plus que l'Europe d'un problème spirituel.
Et si problème il y a, il y aurait besoin d'un peu plus de deux phrases pour le mettre à jour... Qui est léger ?
Écrit par : orpheus64 | 24/03/2008
Orpheus, je vous ai dit que je n'avais pas le temps de me lancer dans une savante reprise et exégèse des thèmes bloyens aurevillyens baudelairiens etc. Mais…bon, 2 minutes. Pourquoi croyez vous que dan sa correspondance Faulkner parle d'un "pays sans âme" ?(il est vrai qu'il sépare le vieux sud du Nord). Pourquoi ce merveilleux prosateur -souvent bien mal traduit - de James- a-t-il toute sa vie préférée l'Europe? Il n'est pas jusqu'à Lovecraft qui n’ait maudit son pays, et Poe ne fut pas tendre. John Coper Powis non plus d'ailleurs (il y a, c'est vrai, Lives of grass de Whitman, qui chante la démocratie américaine en vers sublimes. Mais c'était durant cette période nommé The age of innocence -cf le roman- et je ne suis pas certain qu'il tiendrait le même propos). Pour moi, lorsque les plus étincelants joyaux d'un pays tiennent ce dernier pour un Moloch ne respectant rien que le succès (cfsuicide de O’Toole) il y a problème spirituel. Adoration du seul bran du succès.- on n'y connait pas en cet Eldorado, cet amour des auteurs peu lus, des "ratés"si propre à l'Europe (ila fallu Badeulairepour qu'ils aiment Poe) et on quêterais en vain un Bloy, un Corbière, un Laforgue, un Mallarmé américain. Dites-moi donc quel enchanteur de l'âme a produit les Etats-unis? (bon, j’aime bien Ginsberg -The Howl est d’un titan et Kadish à s’agenouiller -, mais lui aussi est terriblement critique ! A fuir vers les indes!Et Grégory Corso donc…)
Ceci dit, encore une fois, comme je l'ai écrit "on a la Rome qu'on mérite." Les Etats Unis sont effectivement "en construction". Le pays de Warhol me semble avoir peu proposé de poètes -ce sont les plus grands pour moi - j’entends de poètes rénovateur d'âmes. Pas de G. Manfrey Hopkins. Le plus grand, Ezra Pound, a fuit en maudissant son pays.Et dans les romanciers, et bien Miller ou Durrel ne sont pas tendres, et c’est encore un euphémisme. Ce sont bien des faits non? Peut-être n'y voyez vous aucune réalité spirituelle, alors c'est que vous êtes peu être un peu aveugle a des réalités qui sont le sang même de mon âme. Car je crois bien plus aux artistes qu’aux « sages » scribouilleurs d’initiations -c’est très personnel hein.
Maintenant, parlons de manière plus sobre : je critique la France, je critique même des auteurs que je vénère -(Le coup de dès me paraît difficilement lisible) - et, plus que tout autre chose ou âme, je me critique moi-même. J'expectore donc qqlq idées sur les USA sans désirer brûler qui n'est pas d'accord. Je suis en quête, en tâtonnements. Et si je parlais avec un authentique anti-américain croyez que mon discours serait autre. La pensée n'est pas un phénomène stagnant, pas un cours que l'on puisse figer et interrompre, vous le savez fort bien. Certaines dernières lectures m’ont amené à ce point de vue, d’autres m’en éloigneront peut-être (sans doute ?). Ce ne sont qu'éclats d'idées...
En espérant qu'ainsi vous m'entendrez mieux...
Cordialement, Restif
Écrit par : Restif | 24/03/2008
Ah Restif, noble ami, je n'ai jamais douté de vos nuances et de vos arguments. Et vous citez des auteurs qui ont fait vibrer la fibre d'Orpheus... s'il ne vous rejoint pas dans ce que vous dites c'est que la grosse Pomme l'a transformé du tout au tout... ce dont je doute.
Mais c'est le Monde entier qui a des problèmes de spiritualité... n'est-ce pas ? Et les Etats Unis étant au sommet de la pyramide, ils sont probablement bien placés en la matière...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 24/03/2008
"Mais c'est le Monde entier qui a des problèmes de spiritualité... n'est-ce pas ? Et les Etats Unis étant au sommet de la pyramide, ils sont probablement bien placés en la matière..."
IN-DE-NIA-BLE-MENT ! Mon-frère-Nebo-qui-voit-loin(Et j'eusse voulu laisser ce fil sur cette superbe conclusion mais elle élargit si bien le "débat" -la promenade dans les idées - que je ne puis m'empêcher de dire que pour moi, elle clôt, par le haut, cette escapade en l'extatique territoire du rêve américain).
Écrit par : Restif | 24/03/2008
Cher Restif,
Je ne peux pas faire de comparaison entre les productions littéraires de la chère Europe et celle du continent Nord américain. Les USA sont un territoire d'éxilés, d'expatriés et d'anciens esclaves...Sa culture en propre est tellement jeune mais déjà si foisonnante. La naissance du blues, du folk, du jazz et de ses corollaires est tout de même un évènement en soi. Une culture populaire me direz-vous mais des plus viscérales. Une culture du moment où toute nostalgie se teinte immédiatement de rouge et ne s'apitoie pas sur elle-même.
L'Esprit américain distille une liqueur forte à consommer dans l'épreuve autour du bivouac.
Écrit par : orpheus64 | 25/03/2008
UNE PRIÈRE AMÉRICAINE
Savez-vous la chaleur du progrès
sous les étoiles ?
Savez-vous que nous existons ?
Avez-vous oubliés les clés
du Royaume
Avez-vous déjà été mis au monde
& êtes-vous en vie ?
Ré-inventons les dieux, tous les mythes
des siècles
Célébrons les symboles des profondes forêts anciennes
(Avez-vous oublié les leçons
de la guerre antique)
Il nous faut de grandes copulations dorées
Les pères ricanent dans les arbres de la forêt
Notre mère est morte dans la mer
Savez-vous que nous sommes conduits aux
massacres par de placides amiraux
& que de gras et lents généraux sont rendus
obscènes par le sang jeune
Savez-vous que nous sommes gouvernés par la télé
La lune est une bête au sang sec
Des groupes de guérilleros roulent des joints
dans le carré de vigne voisin
thésaurisant pour la guerre sur le dos d'innocents
bouviers qui ne font que mourir
O grand créateur de ce qui est
accorde-nous une heure de plus pour
accomplir notre art
& parfaire nos vies
Les mites & les athées sont doublement divins
& mourants
Nous vivons, nous mourons
& la mort n'arrête rien
Nous poursuivons notre voyage dans le
Cauchemar
Accrochez-vous à la vie
Notre fleur passionée
Accrochez-vous aux cons & aux bites
du désespoir
Notre ultime vision nous a été donnée
par la chaude-pisse
L'entre-jambe de Colomb s'est
gonflé de mort verte
(J'ai touché sa hanche
& la mort a souri)
Nous nous sommes assemblés dans ce théâtre antique
& fou
Pour propager notre rage de vivre
& fuir la sagesse grouillante
des rues
Les portes ouvertes sont enfoncées (1)
Les fenêtres gardées
& seule de tout le reste
Pour danser et nous sauver
Avec le divin simulacre
des mots
La musique enflamme le tempérament
(Qaund on permet aux meurtriers du seul Roi
de rôder en liberté
un millier de magiciens surgissent
dans le pays)
Où sont les festins
qui nous ont été promis
Où est le vin
Le vin nouveau
(il meurt sur la vigne)
simulacre résident
donne-nous une heure pour la magie
Nous du gant pourpre
Nous du vol d'étourneau
& de l'heure de velours
Nous de la race du plaisir arabe
Nous du dôme solaire & de la nuit
Donne-nous une profession
Pour croire
Une nuit de luxure
Donne-nous espoir dans
La Nuit
Donne de la couleur
cent teintes
un riche Mandala
pour moi & toi
& pour votre maison
coussinée de soie
une tête, la sagesse
& un lit
Décret troublé
Le simulacre résident
t'a revendiqué
Nous avons cru
au bon vieux temps
Nous en profitons encore
Dans une moindre mesure
Les Choses de la Bonté
& un sourcil peu engageant
Pardonnent & permettent
Saviez-vous que la liberté existe
dans un livre de classe
Saviez-vous que des fous
dirigent notre prison
Dans une geôle, dans un cachot
Dans un tourbillon
blanc, libre et protestant
Nous sommes juchés la tête en bas
au bord de l'ennui
Nous cherchons à atteindre la mort
au bout d'une bougie
Nous essayons de trouver quelque chose
Qui nous a déjà trouvés
Nous pouvons inventer nos propres Royaumes
de grands trônes pourpres, ces sièges de luxure
& aimer il nous faut, sur des lits de rouille
Des portes d'acier enferment les cris du prisonnier
& de la muzak, grandes ondes, berce leurs rêves
Pas de fierté d'homme noir pour hisser les poutres
tandis que des anges moqueurs filtrent les apparences
Être un collage de poussière de magazine
Gratté sur les fronts de murs de confiance
Ceci n'est qu'une prison pour ceux qui doivent
se lever le matin & lutter pour de telles
valeurs inutilisables
tandis que des demoiselles en pleurs
étaient leur indigence & font la moue
paroles incohérentes pour
un personnel enragé
Oh, j'en ai assez de douter
Vivez dans la lumière de la certitude
Sudiste
Liens cruels
Les serviteurs ont le pouvoir
hommes-chiens & leurs viles femelles
couvrant de draps misérables
nos marins
(& où donc citez-vous à notre heure d'abstinence)
Traire votre moustache ?
où moudre une fleur ?
J'en ai assez des visages austères
Qui me fixent du haut de leur tour de
Télé. Je veux des roses dans
la tonnelle de mon jardin : pigé ?
Bébés royaux, rubis
doivent maintenant remplacer les
Étrangers avortés dans la boue
Ces mutants, nourriture de sang
pour la plante qu'on a labourée
Ils nous attendent pour nous ammener dans
les jardins désunis
Savez-vous la pâleur et les frissons impudiques
de la mort qui vient à une heure étrange
sans être annoncée, sans être escomptée
comme un invité effrayant et trop amical qu'on
aurait pris dans son lit
La mort fait de nous tous des anges
& nous donne des ailes
là où nous avions des épaules
douces comme des serres
de corbeau
Plus d'argent, plus de déguisement
Cet autre Royaume semble de loin le meilleur
jusqu'à ce que l'autre mâchoire révèle l'inceste
& le respect relaché à une loi végétale
Je n'irai pas
Je préfère un Festin d'Amis
À la famille Géante .
( Jim Morrison )
Écrit par : Jim Morrison | 25/03/2008
Cher orpheus (à chaque fois que votre pseudo m'apparait je me retrouve fuyant Pluton Eurydice dans les bras)
Adorant la Bd, la Sf et m'étant broyé les esgourdes sur London Calling et quelques dizaines de galettes de ces vilains punk comme de ces mécréants de rocker (ah, Yan durry ! new boots and panties -mais je garde une tendresse pour ce double des Clash) ce n'est pas de moi que vous entendrez tomber un mot lesté d’arrogant snobisme condamnant la culture dite "populaire". Crumb dessinant la vie de C. Patton, ça vaut pour moi E .Schiele et les expressionnistes allemands. Le Prince Valiant d’Harold Foster est une œuvre de génie, et, non, je n’exagère pas. Et ça restera (l’(intégral est déjà réédité : de 35 à 70 ! plus de 50 heures de travail par planche hebdomadaire ! La seule bd où le héros vieilli, se mari, à des enfants qu’on voit grandir : une merveille, vraiment.) Et il y a le Little Nemo de Windsor Mac Cay si prodigieux avec ces architectures brodées dans des dentelles de forêt où s’ouvrent des temples de cristal dans un ciel illimité (car ce sont les rêves de Nemo en quête du pays de Slumberland d’où viennent les songes qui nous sont ici contés) En art, je ne fais pas trop de hiérarchies. J'allais oublier le cinoche ricain! Taxi driver, Un après midi de chien, L'épouvantail et tant d'autre merveilles à jamais tatouées sur mes prunelles éblouies...
Ainsi… Je dois tant aux Etats-Unis... tant de nuits passées vagabondant dans leurs 1001nuits de Sf et d’héroic Fantasy. Ces créateurs de cycles... Farmer, Vance, Herbert… Je dois plus que je ne saurai dire et que je ne pourrais évoquer. Ainsi de la gentillesse souriante des gens de New Paltz comme de certains new yorkais ,tel ce type à tête de trader qui prit plus d'un quart d'heure de son temps d'évidence précieux à me dessiner un petit plan pour atteindre l'arrêt des Greyhound.
Donc, croyez que si j'ai porté la contradiction, c'est sans la moindre gouttelette de haine. On peut aimer profondément un pays et se permettre quelques analyses critiques -les américains s’en payent bien d’autres -et je ne parle même pas de Chomsky !C’est aussi, très simplement, que les USA étant la tête et le bras armé de l’occident, il est légitime de s’en soucier. Quant à la question de la spiritualité, disons que si j’aime et admire une certaine naïveté (au meilleur sens du terme) qui habite et habille leur foi, cette croyance à la bénédiction toute spéciale de Dieu sur le peuple américain, et bien force est de s’avouer qu’ils n’ont pas -encore - produit de penseurs et de voyants, des Virgile pour guider les modestes Dante que nous sommes dans la nuit initiatique. Il leur manque les abymes, les cieux d’en haut et les ciels d’en bas. C’est peut-être une force… Pas de Bataille américain, impensable…
Mais étant donné l'état d'esprit qu'on ne rencontre que trop souvent en France, fielleux, hargneux, s’en voulant d’aimer en secret les impeccables productions du pays, et bien il était quasiment fatal que vous preniez mes critiques (mes inquiétudes seraient peut-être le mot juste), mes bougonnements d'amant parfois mécontent pour de l'anti-américanisme bon teint. La bonne vieille envie de l’homme du ressentiment. Je crois que vous savez désormais qu'il n'en est rien.
"L'Esprit américain distille une liqueur forte à consommer dans l'épreuve autour du bivouac." J'ai pleinement apprécié chacune des journées que j'ai passées là bas. En vérité (je vous le dis) c'est même l'un des grands souvenirs de ma vie. Mais ce que vous dites là est valable pour toutes les terres. Et croyez que je vous écouterai si vous parlez de la Russie alors que là aussi, pour de certaines ondes, il faut être autour du bivouac .Surtout que la Sibérie est tellement différente de ce que brosse la folâtre imagination des hommes quand jaillit ce nom enneigé. C'est ma « chaleureuse » Sibérie. (en italique l'adjectif !).
Toujours, pour tout pays lieu et légende on peut dire "il faut y être". Je ne sais pas si c'est toujours vrai. Certains analystes d'un pays on sans bouger de chez eux parfois mieux compris l'avenir de ce pays que son peuple et ses dirigeants. Mais bon, qu'il y ait un "génie du lieu" qui n'illumine que les yeux des présents, comment le nier ?
Bien à vous orpheus, l'été arrive et si mes souvenirs ne sont point cartes postales fanées délavées, il a des sourires sublimes là bas, une inondation de lumière, la présence haletante du soleil. Une nouvelle jeunesse s’ébroue sur le monde. Eté magnétique couleur d’adolescence. Pardonnez à ce bondissement lyrique, mais c’est ma jeunesse au sang de poulain qui me remonte du cœur et de si loin déjà…
Écrit par : Restif | 25/03/2008
Je n'avais pas lu Morrison qui n'était pas là quand j'ai posté (j'avais oublié de fermer la fenêtre, -ma mystique boule de cristal - d'Incarnation).
Ce poème me rappelle -allez savoir pourquoi- le film magique de Jarmush, Dead man. C'est en tous cas une preuve (une des très nombreuses preuves) qu'on parle toujours trop vite et qu'il y a bien des voyants dans cette merveilleuse légende de verre, d'acier , de prairies et d'infini que sont les states. S'il m'en souvient bien, Morrison était fan de Rimbaud et des symbolistes français. Ah, sinon,j'aime beaucoup ces vers :
(Qaund on permet aux meurtriers du seul Roi
de rôder en liberté
un millier de magiciens surgissent
dans le pays)
En vo ça doit sonner encore plus coloré.
Merci bcp Jim!
Écrit par : Restif | 26/03/2008
J'aime percevoir cette tendresse pour les oeuvres dites populaires venant de la part d'hommes d'esprit comme vous l'êtes Restif. Cela me fait penser aux rapports que n'hésitait pas à tisser Hugo Pratt entre la Cabbale, Le Celtisme, Borges, Hesse, Rimbaud, Stevenson ou encore Henri Ridder Haggard...Tout ceci au service d'une oeuvre inoubliable.
Non seulement je vous pardonne vos envolées lyriques, mais au contraire je les loue et m'y abreuve de mes deux mains tremblantes comme à une source rare. C'est ici que la réunion a lieu. L'épiphanie diront certains.
Écrit par : orpheus64 | 26/03/2008
Vous me faites bien plaisir Orpheus. Je le dis modestement, mais sincèrement. Pratt, Corto... je n'ai pas de mot pour chanter la beauté,l'envoutement de cette oeuvre qui m'accompagne, que je relis sans cesse...
Epiphanie, réunion, en tous cas, rencontre et plaisir.
Écrit par : Restif | 26/03/2008
disons le mot : Incarnation!
- Que j'aimerai être une belle source orpheus... Mais il faudrait être assez limpide pour qu'on puisse s'y mirer dans le silence magnétique des rivières, sans rides, sans bruits, sans que rien ne trouble ce tête à tête étrange et légendaire.
qu'un peu de fièvre me couronne
avant l'or gris de mon automne...
encore merci pour le dialogue et l'écho des murmures d'Amérique . Au coeur des ondes.
Écrit par : Restif | 26/03/2008
S'il y a un couronnement en ces lieux, messieurs, c'est vous qui le réalisez... vivifiant échange qui culmine dans une saine pacification.
Restif, une de vos phrases, me concernant, dans l'échange avec Zak, chez Isabelle des Charbinières, m'a profondément touché. Merci...
Écrit par : Nebo | 27/03/2008
Nebo, Restif,
Je préfère aussi réagir ici: cette phrase me touche tout autant (après un parcours différent du votre Nebo) mais vous le savez déjà Restif...
Autrement je vais à la dite conférence demain, un ami catholique m'y a invité...
Je pense que je n'aurai aucun mal à reconnaitre Zak s'il est de la partie...
PS: J'admire votre doigté diplomatique Restif. Ceci dit sans mauvais esprit. Les foudres des esprits redoutables tombent si vote sur nos mortelles et pecheresses carcasses; et ce n'est pas vraiment de leur faute...
Bien à vous,
Tanguy
Écrit par : Tang | 27/03/2008
Mon très cher Tang ma seule diplomatie -et c’est sans aucun doute pour ça quelle marche - c’est ma sincérité. Oui, Zak peut faire peur par une austérité de pensé qui ne semble pas laisser grande place à l’amour. Mais je le crois très capable de prier réellement et profondément pour quiconque lui en fait la demande (il n’est pas ironique en le proposant, je ne pense pas). Le plus beau serait qu’il n’attende pas cette demande, c’est évident mais qui est parfait ? Qui sait si ce monolithe apparent ne réprime pas aussi des tensions qui sont en lui -surtout quand on connaît ses goût pour l’ésotérisme. Il oublie, à mon très humble avis, que l’important c’est l’amour et la charité «, si je n'ai pas la charité (l’amour selon Chouraqui), je ne suis qu'un airain sonnant ou une cymbale retentissante» (Saint Paul, Crt. 1,13). Et puis, le corollaire du dogme, c’est le pardon…
Je le pense plus près de Saint Nicolas de Chardonnet que de Jean Paul II (ce en quoi il ne représente pas le catholicisme moderne). Mais quoi, il y a quelque chose de touchant dans cette foi si augustinienne en plein monde moderne. Ouvrir les bras m’est plus important que de maudire. Mais qui sais si quelque équilibre cosmique n’appelle pas ce parèdre… (???)
Ps Tang, j’espère que vous nous conterez ça…
Nebo, je crois vraiment qu’un certain scrupule est l’une des forme les plus discrète de l’humilité réelle. Et si c’est un crime de te trouver plus proche du Dieu que j’aime que Zak et bien, je l’ai commis.
Écrit par : Restif | 27/03/2008
PsTang. Votre approche, je crois le percevoir, passe aussi par ces interrogations si difficiles à éviter pour un "moderne", un Homme de l'ère du soupçon. Je ne pense pas,qqlq soit notre foi, qu'on puisse être le même chrétien qu'au 12ème ou au 18ème. Mais chacun a SON parcours, et même si vous partagez à votre manière le ... de Nebo (quel nom lui donner? Dilemne? Scrupule? c'est à la fois trop vaste -précis quand même - et trop personnel pour que j'ose user d'un terme qui marquerait le moindre jugement -même descriptif. Quand ça sort spontanément, très bien, sinon...), donc même si vous avez avec lui ce qqlq chose en partage, si vous vous y reconnnaissez, je crois modestement que votre chemin est encore autre, que ce doute induit par la modernité chez bcp d'êtres qu'une certaine forme de raisonnement "rationnel" ne peut quitter prend chez vous d'autres sentiers. Peut être aussi une question de qqlq années en plus, et puis l'orthodoxie, les lectures soufies, et tout l'immense inconnu qui forme le riche cheminement de Nebo (dont le mariage).
J'ai l'impression que vous êtes à un carrefour assez brûlant Tang,et c'est en toute tendresse que j'avance ces paroles qui ne sont qu'une petite méditation sans prétention mais, je l'espère, pleine d'empathie comme de sympathie -vous savez combien celle-ci vous est acquise.
Nebo, Tang, Restif et d'autres qui passent ici ...
"Les Hommes de bonne volonté", malgré tout, ce n'est pas là vaine parole. j'y crois, j'y crois profondément.
Amitiés,Restif.
Écrit par : Restif | 27/03/2008
de pire en pire des éloges sur Mel Gibson l'alcoolique, l'antisémite sur 300 la plus gros merde du cinéma américain et Pink Floyd qui n'ont fait que 2 albums et des concerts en play back !!!!
c'est du n'importe quoi ce site
je n'ose pas parler de la prière américaine c'est le pompon
VIVE LA FRANCE VIVE LA LAICITE
NON AU SECTE NON AU PSEUDO GOUROU
Écrit par : jaimepaslescon | 27/03/2008
eh bien pour qqun qui ose poster sous le pseudo "jaimepaslescon", vous êtes vraiment le roi !
Passez donc votre chemin misérable vous trouverez bien des blogs où l'on vantera "Les Bronzés font du ski" plutôt que "Apocalyto", apparement trop difficile à comprendre pour qqun comme vous !
Écrit par : irina | 27/03/2008
Critique constructive :
Selon vous Mel Gibson est un alcoolique. Bien. Donc ses films sont nuls (si je suis votre raisonnement). Eh bien dites-moi, si on raisonne de cette façon, les Stones, Led Zep, Hendrix (et la liste va être longue) n'ont fait que de la merde parce qu'ils carburaient à la dope et à l'alcool !
300 : "la plus grosse merde du cinéma américain" : argumentez !
Vous n 'osez pas parler de la prière américaine ? Mais si ! osez, osez ! Si vous critiquez alors, argumentez !
Écrit par : irina | 27/03/2008
Très chère Irina, la bêtise est l'une des formes les plus actives du mal. Ca aussi j'y crois, profondément.
Après mon fragile mais tenace espoir quant aux possibles retrouvailles -en toute indépendance , dans une certaine hauteur de quête - des "Hommes de bonne volonté" (et j'avoue que votre nom sillonnait mon âme avec dans son sillage un nom aux senteurs d'Hades), quand, après cette parole qui n'est ni mot d'ordre ni devise mais appel sans honte à ce qui en nous veut respirer d'un plus large souffle s'en vient retentir pareil glapissement crotté, un signe est tracé… La bassesse, l'une des formes les plus banales et les plus avérées du mal est une impuissance qui ne sait que rager dans l’infertilité éternelle. Et un lieu tel qu’Incarnation où se croisent des regards différents mais curieux est un lieu que l’obtuse laideur du mal ne peut que haïr.
Bien à vous , en espérance de paix. R^^f
.
Écrit par : Restif | 27/03/2008
Restif,
N'ayez crainte, je ne comparais pas le parcours foisonnant - j'allais dire torturé mais c'ets trop violent - de Nebo et le mien balbutiant. Simplement je pressens que si la foi me vient vraiment elle sera toujours inquiète, pleine de doute... Mais après tout une foi entière est la récompense des saints peut être...
Et vous avez sans doute raison au sujet de Zak, je ne vous reprochais aucune fausseté en parla&nt de sens diplomatique, je pensais plus à la forme quaun fond dont la sincérité ne fait pas de doute pour moi... Disons qu'un foudre de foi tel que Zak me semble ne pa spouvoir échapper à un penchant ombrageux d'une certaine façon...
Mais peut être ne fais-je là que transférer ma propre "impressionnabilité" face à l'érudition notamment théologique et ésotérique...
D'ailleurs quand je disais reconnaitre sans doute sans problème le bonhomme à la conf' c'ets en raison de son érudition qui sera à mon avis très identifiable...
Pour le reste ma foi je n'ai rein à ajouter à tout ce que vous avez dit les uns et les autres (ma confusion est un signe aussi des ténèbres où je suis malgré tout si je dois si souvent expliciter mes commentaires, je ne vais pas me flageller - de groseille - mais il est bon de le voir, de le reconnaitre)
Bien à vous, hommes et femmes de bonne volonté
tanguy
Écrit par : Tang | 27/03/2008
Je n'ai jamais pensé que vous me reprochiez qql fausseté que ce soit très aimable Tang! n'ayez nulle crainte là dessus. Quant à votre parcours,ce n'est pas tant une question de richesse -j''ai sans doute été maladroit - qui rend autre votre parcourt mais votre unicité. C'est une vérité de la Palisse! je crois que chaque chemin est réellement différent dans ce genre d'histoire. Le doute, et bien, il faut peut-ête une décision au départ arbitraire de la volonté pour commencer de le supprimer (quand il ne vous a pas été donné le grâce de croire sans doutes).
Pour Zak, le mail où il me fait l'honneur de me répondre est je crois très révélateur. Je ne peux que respecter une telle âme. Mais un janséniste n'est pas le représentant le plus accrédité de l'Eglise! En tous cas, le connaissant, malgré ses piques,il reste avec Nebo dans le dialogue. Et dans le respect, oui, son ton est bouillant mais au fond respectueux connaissant le personnage. Là où il se trompe -et j'ai oublié de l'écrire dans ma réponse - c'est qu'on n'est pas en présence d'une superficialité avec Nebo. Là, il n'a rien compris. Si la grâce de la foi lui a été faite ce bon zak, qu'il remercie Dieu et qu'il soit modeste! Car ce n'est pas -malgré ce que j'ai dit plus haut... -qu'une question de volonté. L'honnêteté compte pour une âme...
Bon, heureuse soirée à tous!
Écrit par : Restif | 27/03/2008
Belle synthèse courageuse sur la colonisation de l'Amérique Latine et bel échange entre Orpheus et Restif.
Restif que j'ai eu l'occasion de lire en d'autres endroits. Verbe brillant. Toujours dans la mouvance identitaire ou bien votre jeunesse est loin derrière vous, Restif ?
Écrit par : Miss | 29/06/2008
Restif, mon ami, tu n'es pas obligé de répondre... cette "Miss" passe par un proxy et est peut-être une provocatrice...
Écrit par : Nebo | 29/06/2008
Grand merci pour l'avertissement Nebo, il a grand prix. Mais à vrai dire, je n'ai rien à cacher.
Dites-moi chère Miss -je veux croire, n'étant pas parano, que vous me voulez plutôt du bien - où avez vous pris que je m'étais mêlé à la mouvance identitaire? Une seule fois, chez frère Saint Martin dit Stag, j'ai évoqué une époque -lointaine- où je portais la croix celtique à Nanterre histoire "de faire écumer les robots" (dixit moi-même) et, comme je l'avais alors précisé, sans réelle conviction. Je faisais ça tout seul, comme un grand, parce qu'on voulait me l'interdire. Et puis parce que je fréquentais les restes du mouvement keupons où il y avait un peu de tout. J'ai aimé certaines grandes gueules oui, des têtes brûlés bien plus anars que des tas de larves auto proclamés "étoile rouge chant des partisans" mais n'ai jamais marché avec par exemple un GUD qui béatifiait cet assassin de Che Guevara (mais j'ai eu un pote qui était au Gud -c'est ça la complexité humaine). Je suis assez indifférent à la politique, j'aime surtout les individus. La richesse du monde, ce sont les individus. Les systèmes m'ennuient prodigieusement.
Vous savez, j'ai rencontré des affidiés à la magie rouge, des trostkistes avides de shamanisme Bompos (diverses sortes de shamanismes d'ailleurs), des païens travaillant sur l'énergie des runes et toutes sortes de "révolutionnaires" de diverses couleurs et opinions. J'ai une grande curiosité pour l'humanité sous toute ses formes. Mais je n'ai jamais fait parti du moindre mouvement, jamais détenu la moindre carte. Aujourd'hui je lis Katzinsky, ce n'est pas pour ça que je vais poster des bombes. Je suis avant tout un littéraire, ni plus, ni moins.
Je n'aime guère parler de moi comme ça mais ainsi, il n'y aura plus à y revenir.
Sincèrement, ça vous intéresse?
De la Ligue jusqu'à l'OAS en passant par la Fronde la Révolution et la tentative napoléonienne, la France à une histoire intéressante. Il est amusant de voir ça se continuer sous diverses drapeaux. Orléanistes pas morts et communards toujours là.
Amen. AMDG
Ps Pourquoi venez-vous en proxy? Nebo a raison vous savez, ça fait sulfureux. Si je ne me sentais pas très en dehors des haines franco-françaises, j'aurai pu me méfier...
Écrit par : Restif | 29/06/2008
PS Ami Nebo encore merci. Tu avais probablement raison dans tes conseils mais ma foi... qu'aurais-je à craindre d'un provocateur? Autant régler immédiatement certaines questions sans grands intérêts... remonter à mon néolithique...tout le monde s'en fout.
Vanité et curiosité sont mauvaises conseillères et j'aurai sans doute dû t'écouter. D'un autre côté, qu'est ce que ça peut foutre? Je ne cherche à plaire à personne, alors ...
Écrit par : Restif | 29/06/2008
Pas d'inquiétude, Restif... entre personnes intelligentes nous n'avons pas à nous justifier.
Si cette "Miss" répond c'est que ce n'est pas une provocatrice... si elle ne répond pas, c'est que j'avais raison.
Nous avons tous notre parcours... et le problème, justement, c'est que certains ont pour parcours le grand Rien, alors ils gonflent leur torse et se permettent de venir donner des leçons aux autres.
A moins que cette "Miss" soit une de vos anciennes connaissances... ha ha ha... elle veut peut-être vous faire une blague.
Écrit par : Nebo | 29/06/2008
La dernière possibilité serait, et de loin, la plus marrante !
J’avoue que ma curiosité est en éveille. J’aurai pu choisir le silence, tant tout ça ressemble au « d’où tu parles » qui parasite tant les discussions. Mais comme je n’ai pas honte… De toutes façons, certaines choses ne seront jamais comprises. Il y des moments, des éclats de rire, des déconnades et des sympathies de personnes qui sont cent fois plus déterminantes que de graves méditations.
Mais tu as raison : qui n’a pas jamais risqué l’aventure, avec ses coups de folies et ses envies de ne plus compter, de risquer le tout pour le tout pour se sentir vibrer à hauteur de vie, qui n’a jamais joué avec le feu ne comprendra jamais qu’on aime ses cicatrices, même si le voyage vous a emmené très loin du point de départ. Quant bien même ce départ ait d’abord été un rire lyrique face à toutes les morts qui nous attendent. Il y a des gens qui naissent petits vieux. Cette « sagesse » n’est pas la mienne. Et comme seuls les gens qui comprennent ça me font chaud à vivre, finalement je suis heureux !
Ps On verra ce que notre Mata Hari va devenir. Ca nous met un peu de suspens. Mata, qu’elle est votre Incarnation ???
Écrit par : Restif | 29/06/2008
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