22/05/2008
Ce qui est rare est précieux... Je sais de quoi j'parle.
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Peter Night Soul Deliverance : Seven
« Dans le lointain, pareille à une perle parfaite, on peut apercevoir la cité de Dieu. C’est si merveilleux qu’il semble qu’un enfant y pourrait parvenir en un jour d’été. » Oscar Wilde, De Profundis
« La musique n’est rien d’autre que la haie vive de notre jardin intérieur. » Philippe Lacoche
Ce qui est rare est précieux.
Imaginons un diamant, gros comme un poing, ciselé avec savoir-faire, en son centre transparent le miracle d’une émeraude et, sur chacune de ses faces une pointe d’or pur. L’objet placé devant une lumière, rideaux tirés, nous aurions un concert de reflets vifs et chatoyants qui se répercuteraient du sol au plafond, projetant sur les murs les oraisons déraisonnables d’un artifice singulier. Certes, il est aussi des objets plus communs qui parviennent à nous émouvoir jusque dans leur banalité, mais je suis de cette race éprouvant le besoin de la constance tragique dans la quête d’une sensation toujours fraiche, neuve mais creusée par un principe répondant à une filiation.
Voilà quelles pensées me sont venues à l’écoute du disque de Peter Night Soul Deliverance. Depuis que mon ex-Manager, Bips, m'a fait parvenir la galette, le disque m'entraîne à chaque écoute vers de voluptueuses errances intérieures auxquelles je m'abandonne avec délectation et que je renouvelle sans lassitude. Dès les premiers accords de guitare plaqués avec une assurance détachée sur une assise rythmique soudée, on se surprend à prendre des pauses de dandy blasé qui, ô miracle, trouve soudain un sujet pour réanimer son étonnement éteint.
« I Feel all right,
I lick the blood on your razor blade,
All night, All day ».
Gangue du pantalon clean à proximité de l’épiderme, et grand col de chemise relevé couronnant les épaules ceintes par une veste, la cravate noue la pomme d’Adam et indique l’endroit où le couperet se doit d’exercer son office. Les rêveurs d’outre-tombe ont de l’allure.
Peter Night Soul Deliverance
7 gemmes urbaines tombées du ciel ouvrent une porte qui vient dénouer les nerfs en offrant un large espace ouvert sur des possibles éthériques qui s’incarnent par les notes cisaillées. Même les cernes deviennent souriants et la fournaise de l’alcool devient eau baptismale. Ceci est la réalité, non un rêve. L’attaque sonore est furieuse mais les angles sont arrondis avec grâce et avec style, les ponctuations sont des souffles rétractés avant l’espoir sauvage inspiré. Car la musique de Peter Night Soul Deliverance est élégante, vous l’aviez deviné. Elégante et intègre. Le rock and roll est à l’agonie mais il conserve jusqu’au bout l’allure de la distinction quand bien même il soupçonne sa fin annoncée par les vertueux depuis sa naissance.
Pierre "Peter Night" Chevallier : guitar/lead vocals
Paul Morand écrivait dans son dernier livre, « L’allure de Chanel » évoquant la grâce volontariste de Coco : « L’abrupt du caractère de Chanel, le précis de son tour de main ou de ses phrases, le sommaire de ses aphorismes tombés d’un cœur de silex, débités par le torrent d’une bouche d’Euménide, sa façon de donner et de reprendre, d’offrir des cadeaux comme des gifles… » Voilà qui sied à merveille à Peter Night Soul Deliverance, car ce qui est rare est précieux.
Il y a dans le son de ce groupe comme un cynisme salutaire et joyeux. Lisez-moi bien. Je ne parle pas de ce cynisme post-moderne qui n’accorde plus la moindre importance aux faits et aux choses composant la trame sanglante du monde, au point de rire des charniers comme des blagues du dernier comique troupier en date avec la même ferveur. Je parle de ce cynisme qui autorise encore, face à la crise générale qui secoue la planète de soubresauts néfastes, de sourire en dansant. Un cynisme, donc, salvateur, à la Pete Townshend, un sens du détail à la Bowie première époque (« Perfect Beauty»), un condensé mélodique qui flirte agréablement avec les frères Davis ou Paul Weller (« Beautiful Inexpensive Smiles », « Nobody's Fault »), une énergie digne d’Elvis Costello et Joe Jackson à leurs débuts (« Lonely Birthday »), voire même Bob Mould ou son groupe Sugar (« Real Life »). De quoi nous mettre immédiatement dans ce flux de moins en moins présent dans le paysage musical pop & rock actuel, tellement la Ténèbre envahit tout et, aussi, tellement chacun aime à se faire envahir par elle pour en jouir sordidement. J’ai songé aussi aux Byrds mais ayant abandonné leurs guitares acoustiques à la maison pour se saisir de quelques Fender et amplis Vox boostés par une testostérone sous contrôle. J’ai pensé également à la luminosité New Yorkaise du Paul Collins' Beat.
Emmanuel « The Golden Fleece » Gyr : Drums
King Size, groupe ou évoluait précédemment le bassiste Philippe « The Rev’ » Nicole, laissait un goût plus désabusé dans leur musique et ce malgré une énergie pleine de positivité. C’est que plus de 20 ans de routes, de bars enfumés, de cachets misérables, ça vous forge les nerfs selon une tendance qui peut vite rendre aigri. Et je sais de quoi je parle. Mais The Rev’ n’est pas devenu aigri, sa basse, ronde et légère, se click parfaitement avec la batterie percussive de Emmanuel « The Golden Fleece » Gyr, revenant vers un jeu plus soyeux, proche de ses origines, avec un tissage doré. Le trio, puisqu’il s’agit d’un trio, mené par Pierre « Peter Night » Chevallier à la guitare et au chant, donne l’impression d’être solide et confiant. Le parti pris de chanter en anglais ne souffre pas d’un mauvais accent, chose fondamentale à mes oreilles en pays de franchouillardise et signe de maîtrise certaine ainsi que preuve de bon goût. Seule critique négative que je veux émettre, non pas pour casser ce groupe majestueux, mais pour les pousser vers le haut : l’accent sonne tellement bien que par moment, si on se concentre sur le sens des mots, on a l’impression que ça chante en « yahourt ». Il faudrait articuler les mots, Peter, car ceux-ci ont leur importance et il est plaisant, pour qui pratique un peu la langue de Shakespeare, de comprendre ce qui est raconté. Si le bassiste fut un ancien King Size et le batteur un ex-Curfew, groupe que je n'ai pas eu la chance de connaître sur la Picardie, le chanteur/guitariste a déjà tiré quelques cartouches conséquentes au sein des Jekylls, formation rock garage qui vint, au bon vieux temps d'Ithaque (nom du studio de répétition et d'enregistrement de Venice) enregistrer chez nous quelques titres et s'empresser en dignes réactionnaires de presser un vinyle 45 tours en lieu et place d'un CD. Stratégiquement, en pleine décennie 1990, c'était un suicide... mais quelle classe quand j'y repense. « L'orgueil est toujours plus près du suicide que du repentir. » disait Rivarol. Et j'aime cet « orgueil de fous » qu'a si bien dépeint Jean-Paul Bourre.
« Burn all the matches
That might ever fire her skin
Mister Lucky
I'd like to smash your head in».
Ecouter Peter Night Soul Deliverance c’est comme se retrouver dans l’œil du cyclone. Partout ça s’égorge et ça se tasse, ça s’amoindrie et ça s’enchaîne. Et là, au centre de la roue apocalyptique, les fastes d’une vraie fête se déploient : on peut rire et danser comme un funambule fou sorti du Zarathoustra de Nietzsche ou du livre de Jean Genet. On a encore un peu de temps pour sourire et s’aimer avant la reprise des grands vents destructeurs. « Dehors, c’est le bruit discordant, c’est le désordre ; dedans, c’est la certitude généalogique qui vient des millénaires, la sécurité de se savoir lié dans une sorte d’usine où se forgent les jeux précis qui servent l’exposition solennelle de vous-mêmes, qui préparent la Fête. Vous ne vivez que pour la Fête. » Jean Genet, Le Funambule.
Curieux comme des mélodies aussi sucrées parviennent à toucher leur cible. Ici, moi en l’occurrence. Elles rééquilibrent véritablement et donnent envie de tendre vers un ciel solaire, dessus un océan calme, la sérénité acquise pour un court moment. Bien entendu, après ces 7 chansons enfilées comme autant de perles distinguées autour d’un fil d’argent on a qu’une seule envie : rappuyer sur « play » pour prolonger le bonheur éphémère. Et au bout de trois ou quatre écoutes on en vient à espérer un album avec le double de chansons, en format court, à l’ancienne, une quarantaine de minutes, pas plus, car ce condensé de temps serait une belle porte dérobée, rosée matinale plus que nocturne, la musique de Peter Night Soul Deliverance évoquant plus l’aurore que le crépuscule. Un album, donc, messieurs, au plus vite, avec uniquement des chansons nouvelles, histoire que les gens de goût puissent se pâmer en tirant des bouffées sur leur fume-cigarette et en réajustant leur bouton de manchette avec la désinvolture qui s’impose. Une désinvolture digne de George Brummel ou de celui que Lamartine nommait "l'archange du Dandysme", Alfred Comte d'Orsay. Ceux qui considèrent que le Rock ne peut être adulte devraient tenter de comprendre que cette forme de musique populaire peut également donner naissance à des singularités majeures et qu'à l'écoute de leurs oeuvres on se retrouve soudain en charmante compagnie, Syd Barrett et Liszt, Barbey d'Aurevilly et Scott Weiland, Jimi Hendrix en veste de hussard et chemise à jabot et Baudelaire en costard élimé tentant d'en cacher l'usure. Cénacle. Car l'élégance est menacée tant dans l'allure de ces curieux "saints" que j'évoque rapidement que dans l'Art de plus en plus écrasé. Et donc dans la musique.
« Went to the store
For a half of champagne
They only had beer
So i’ll drink up my pain ».
Du vécu vous dis-je.
Philippe « The Rev’ » Nicole : bass & backing vocals
A propos du MC5, l'écrivain Norman Mailer avait eu ces mots : « Des montagnes explosent sous un holocauste de décibels, des cœurs éclatent, c’est le son de la mort par implosion. »
Prenez la même puissance salutaire, mais avec une maîtrise que n’avaient pas les cinglés du Michigan (se retrouvant bien souvent, du coup, au bord de la déroute bordélique, la bérézina sonore), la même énergie insufflée de mélodies beatlesques et sculptée dans un format « pop » dépassant rarement les 3 minutes, bordée de guitares saturées mais florales, grinçante mais joyeuses (même sur les morceaux nostalgiques, « I Am The Snowman ») et vous êtes en face d’un petit bijou annonciateur, je l’espère, d’une œuvre à venir qui nous ravira nos feuilles de choux (bonjour Gainsbourg). Rien de moins. Et je suis réputé difficile. J’ai des goûts d’initié. J’ai l’jugement sévère. J’suis un aminche des hautes sphères. Si j’étais millionnaire, de temps à autres pour me détendre les nerfs, j’achèterais des caddies remplis de disques mauvais sur lesquels se paluchent nos chers « critiquailleurs » bobos de la presse dite spécialisée, et je les exploserais au fusil en plein vol en écoutant non pas les MC5, ça ferait « cliché », mais bel et bien Peter Night Soul Deliverance, en sirotant non pas une bière au goulot mais en dégustant une flute de champagne bien frappé. « Avant de la quitter, il faut user la vie. Le moment d'être sage est voisin du tombeau. » écrivait André Chénier dans ses Élégies.
Du coup, pour Peter Night Soul Deliverance la citation de Norman Mailer pourrait devenir : « Des montagnes naissent sous une pluie de lilas et de roses, des cœurs chantent, c’est le son de la vie par jaillissements et explosions. »
Disque court, donc. Sept « instantanés » arides sans niaiserie. Violence du son contenue par la maturité des loustics. Et les loustics s’amusent et amusent la galerie avec une grâce rarement croisée sur nos scènes françêêêêzeuh ! En plus, les mecs s’habillent avec style. Et ça, moi, je respecte. Je commence à en avoir marre de ces toquards qui montent sur scène en chemises à carreaux, débraillés et avec la gueule dans l’cul, qui ne ressemblent à rien en essayant de ressembler à n’importe qui et qui n’atteignent même pas les mollets d’un Neil Young ou d’un Rory Gallagher qui, eux, pouvaient se permettre l’humilité de la tenue parce que sur scène ou sur disques ils mettaient le feu, simplement, sans artifice ni posture. Et à propos de Rory Gallagher, et bien que la musique de Peter Night Soul Deliverance n’ait rien à voir avec le bluesman irlandais (paix à son âme), il y a dans les tirés de cordes des solos de Peter Night quelque chose de rugueux et visqueux qui nous rappelle que le gus a écouté ses classiques et que le blues a dû bercer quelques uns de ses voyages initiatiques. Ultra simples et concis, les solos ne raviront pas les masturbateurs de manches qui doivent d’ailleurs sûrement faire l’amour comme des lapins, mais ils tomberont dans les oreilles des connaisseurs comme des évidences lascives ainsi que des clins d’œil à des « licks » de guitare que tout auditeur ayant écouté quelque guitariste digne de ce nom retrouvera avec un plaisir évident. Forte filiation, même dans ces solos déjà entendus, mais joués ici avec la fraicheur de l’innocence, ce qui montre que les gars (loin d’être des jeunots nés de la dernière pluie) sont encore en possession d’une insolence juvénile évidente que les années de route et de galère n’ont pas altéré. Et je sais encore de quoi je parle. Forte filiation dans les solos, mais forte filiation sur toute la ligne. C’est un choix. Et c’est un choix « classieux » (rebonjour Gainsbourg). Sens du standing. Hiérarchie secrète. Comme Maurice G. Dantec l’a dit, il n’y a rien de plus conservateur que le rock. Les édentés pourront bien s’agiter autant qu’ils le veulent dessus leurs stupides certitudes festives de progressistes sociaux et même accoucher de rôts et de pets avant-gardistes en guise de thèmes musicaux, depuis les Beatles, en matière mélodique, il ne s’est rien passé de très neuf dans la musique populaire. Et je préfère de loin me réécouter un bon vieux « Rubber Soul » datant de 1965 qu’un album de Daft Punk qui nous prépare les méninges pour une robotisation doucereuse de nos neu-neu-rô-rônes.
Le disque démarre avec « Beautiful Inexpensive smiles » et on est propulsé dans une cave humide et enfumée du Swinging London mais avec les Hoodoo Gurus qui seraient passés dire bonjour. Sublime façon qu'a Peter Night Soul Deliverance d'en venir presque à citer les dissonances de Sonic Youth à la 26ème seconde du morceau pendant 5 secondes avant de retomber chez les Fab Four : basse arpégée et accords en suspension lumineuse et effet psychédélique de "phasing" sur la voix. L'art et la manière. Quant à la batterie elle se lâche avec des roulements qu'aurait pu jouer Keith Moon en personne. Le tout sous contrôle mais respirant et transpirant l'urgence. Justement, à ce sujet Pierre "Peter Night" Chevalier s'est confié humblement :
«En ce qui concerne l'enregistrement ainsi que les arrangements, je vais essayer d'éclairer ta lanterne. Les basics (guitare, basse et batterie) ont été réalisés à L'OUVRE-BOÎTE de Beauvais, sur la scène, le tout live, en une journée, puis les voix et les backing vocals le lendemain le tout sous l'égide d'Olivier, ingé son du LABO. Ensuite une ou deux semaines après nous avons prémixé les pistes afin de préparer les overdubs. Les overdubs (guitares, secondes voix, percu, piano et flûte) ont été effectués au studio de répétition puis le tout a été mixé par Manu (batteur) et moi sur une période d'environ un mois (car je revenais sans cesse sur certains détails).»
Amusant à quel point les grands groupes savent remettre en cause la croyance que nous inculquent à longueur de temps les Majors comme quoi l'enregistrement d'un album se doit de coûter cher. Mensonges pour conserver leur redoutable pouvoir et saigner les artistes jusqu'à la moelle, les garder sous leur coupe. Le premier album de Led Zeppelin fut enregistré en 36 heures sur un magnéto 8 pistes et 40 ans après il fait encore rêver les mômes et inspire les apprentis musiciens aux quatre coins du globe. Peter Night Soul Deliverance sont capables de se rendre sur la même ligne de front sans moufter, un sourire couronnant leurs faces d'anges survivants. Car Peter Night Soul Deliverance est déjà un grand groupe.
« Nobody's Fault » nous fait poursuivre la découverte avec une surprise de bon goût : une voix féminine, Martine Croiset, vient adoucir de sa présence sensuelle un morceau à la détermination nerveuse et aux roulements de fûts à nouveau Keith Mooniens...
Tantôt gouailleuse, tantôt angélique, la voix, simple et plaisante, équilibre la chanson. Chatte rampante mais indomptable. Les guitares demeurent dans la pure tradition rock and roll. Toujours ces riffs suspendus, inventés dés 1965 par un Pete Townshend qui rêvait de lâcher des fauves furieux sur la City. Une manière de claquer deux accords à la suite en faisant un doigt d'honneur au système dans lequel tout le monde se complaît... sauf les veilleurs de la dernière heure.
Avec « I am the Snowman » on est face à un morceau qui aurait pu figurer sans rougir sur l'album de Paul Weller, « Heavy Soul ». Ce que je viens de dire devrait suffire à situer le morceau, mais ça n'est pas le cas, c'est juste une indication. Car on peu y rajouter toutes ces petites tessitures que les guitares rajoutent de ci de là : larsens, notes saupoudrées et lick hendrixien sur un break inattendu avec montée finale interprétée avec un sens de la nuance.
« (Tales of a) Perfect Beauty » et ses sons à l'envers en intro fait semblant d'annoncer une n-ème redite psychédélique mais le morceau propose aussitôt une lancinante obsession mémorielle. De quoi tromper son monde. « My head's turning and pictures are whirling » chante Peter, presque en souffrant. Un second "guest" vient se joindre à cette bande de dandys sur cette chanson avec une flûte qui ne fera geindre que les "mécontents" du rock. Olivier Desplanque remplit à merveille son office. Le même Olivier Desplanque qui avait déjà exercé son talent chez les regrettés King Size sur l'avant dernier album du groupe, « Another Melody... Another Cigarette » sur l'excellent morceau "Nobody Told Me" (.mp3).
« Lonely Birthday » avec son rythme qui évoque aussi bien The Clash que The Jam entame avec le morceau suivant, « Real Life » (Guitare acoustique énervée et entrée en matière électrique comme un clou qu'on enfonce d'un seul coup de marteau) ce qui pourrait ressembler à un final des festivités, notamment à l'écoute du final de « Real Life » avec son solo disparaissant dans une coda qui laisse deviner que la scène doit leur offrir un tremplin avec cette chanson pour mettre le feu au planches comme en une fournaise définitive. Mais ce n'est pas le cas. Grande surprise et de taille, vraiment, le morceau qui vient clore le disque s'avère être un court instrumental, « The Hangman », où à nouveau, la flûte délicate d'Olivier Desplanque fait mouche sur une ambiance Jazzy-Riviera, comme si au matin, après la fête, on se rentrait à la maison sur scooter, les vapeurs d'alcools encore lancinantes, le long de la côte, sous un soleil méditerranéen inondant un ciel bleu sans nuages et brunissant les jambes et les épaules des filles, les jolies comme les laides.
Pierre "Peter Night" Chevalier : « Pour l'anecdote, le son si particulier de la Flûte provient du fait qu'elle a été jouée sur un ampli vibro champ de 1972 avec le vibrato à fond (je voulais un effet mellotron, tu sais comme sur "Strawberry Fields Forever". Voila, je garde les autres astuces et secrets pour mon recueil de mémoires sur ma carrière de producer. »
Filiation forte donc, oui… mais une telle plénitude harmonique doublée d’une agréable candeur mériterait un destin moins funeste que celui du succès régional pour initiés de la déglingue et dandys sur le retour. Car ce qui est rare est précieux... et puisse cette préciosité rock 'n' rollesque se répandre comme un délicieux poison.
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Afin de découvrir un peu plus le groupe, je vous conseille de faire un petit tour sur leur page MySpace, où vous pourrez entendre « Beautiful Inexpensive Smiles », « Nobody's Fault », « Lonely Birthday » et « Perfect Beauty ».
Histoire de ne pas en rester là, un tour sur la page MySpace de leur label "High Jab Records", monté par Bips ancien manager du groupe Venice au sein duquel j'ai officié comme guitariste durant quelques 16 années. Vous pourez y entendre en plus de « Beautiful Inexpensive Smiles », « Nobody's Fault » déjà en écoute sur la page de Petre Night le morceau explosif « Real Life ».
Pour savoir ce que pense Le Courrier Picard du disque de Peter Night Soul Deliverance cliquez sur la tronche de " Rev' " une première fois...
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Pour savoir ce qu'en pense Rock & Folk cliquez sur le disque
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Pour savoir ce qu'en pensent Les Inrockuptibles cliquez sur la tronche de " Rev' " à nouveau...
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Pour savoir ce qu'en pense MuzzArt cliquez encore sur le " Rev' "...
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Pour savoir ce qu'en pense La Mine cliquez une dernière fois sur le " Rev' "...
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Pour savoir ce qu'en pense CrossRoads cliquez sur la gentille dame...
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"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé" affirmait Voltaire qu'appréciait Nietzsche.
Enfin... histoire de connaître un peu mieux le label High Jab Records" cliquez sur leur Logo
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A présent, ami lecteur, amie lectrice, read my fucking lips : si mon compte rendu t'a touché, tu te lèves, tu te retires les doigts du cul... tu t'empares de ton chéquier et tu fais un chèque de 10€ à l'ordre de "Groovy Times", là, tout de suite, maintenant. Here and Now. Tu n'attends pas. Tu ne te donnes pas de fausses raisons. Tu ne repousses pas ta décision aux calendes grecques ni à la Saint Glinglin... tu agis. Ok ? 10€ c'est pas la ruine. Port Compris. Tu m'as bien lu. Et tu l'expédies en n'oubliant pas de signaler tes coordonnées précises afin de recevoir le joyaux. Et tu envoies ça fissa à l'adresse suivante :
Association "Groovy-Times!"
155 rue des Larris
60650 Le Mont St Adrien
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Quelques articles consacrés au Groupe
"Pierre de jais
C'était au milieu des années quatre-vingt, à Beauvais (Oise). A cette époque, il ne s'appelait pas encore Peter Night mais Pierre, tout simplement. J'étais journaliste dans un quotidien régional et ne jurais que par le vrai rock'n'roll, refusant, méprisant plutôt, le rock aseptisé mi variétoche, mi soupe FM que distillaient les eighties.
Dans l'Oise, je jubilais et ne quittais pas d'un pouce les King Size, les Sentinels, les Curfew et autres combos qui du haut de leurs riffs cinglants et réactionnaires, faisaient de la résistance contre la fade bienséance musicale. Pierre gravitait aussi dans ces milieux, jeune loup brun et ténébreux qui, d'une main habile, dérouillait les six cordes d'une guitare improbable.
Je me souviens des soirées alcoolisées et rock'n'rolliennes où les riffs hargneux coulaient autant que la San Miguel dans nos gosiers assoiffés.
Et puis la vie nous a séparés. Nous nous sommes revus, Pierre et moi, il y a peu, à La Lune des Pirates, à Amiens. Lui sur scène, toujours rock'n'roller ; moi parmi le public, toujours journaliste. Il s'était transformé en Peter Night. J'avais aimé son concert, et l'écrivis.
Le voici à nouveau avec un CD sept titres du meilleur cru. J'y retrouve l'ambiance du set de la Lune. C'est net, coupant comme du groisil ; des accords vifs, nerveux comme la prose de Morand dans « Tendres Stocks ». La voix de Pierre en impose ; elle a mûri. La vie est passée par là. Belle patine. La production met en relief les qualités de ces compositions qui oscillent entre Kinks, Beat de Paul Collins et les titres les plus hargneux des Fab Four. (Alors que j'écris ces lignes, il y a 27 ans que John Lennon se faisait assassiner par un déséquilibré.)
Parmi les sept morceaux, j'aime particulièrement « Lonely Birthday » avec son intro-leitmotiv butée et essentielle. Un tube en puissance. L'alchimie fonctionne. Trois minutes et six secondes de bonheur. Rien que ça. Pierre de Nuit ; pierre de jais. Pierre précieuse. « Rock est la nuit », eût pu écrire Francis Scott Fitzgerald."
Philippe Lacoche
Journaliste et romancier
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Entretien avec Peter Night, leader du groupe Peter Night Soul Deliverance
High-Jab : Peter Night Soul Deliverance, ce n'est pas commun comme nom de groupe.
Pierre Chevallier : Peter Night, c'est mon nom anglicisé, sauf que pour brouiller les pistes, j'ai enlevé le K (Knight) : j'ai ajouté Soul Deliverance car je ne trouvais pas le sommeil et que ma compagne était enceinte. J'ai trouvé que délivrance c'était bien. Une période de délivrance, délivrance de l'âme, l'importance de la soul…Des moments de vie qui se télescopent …
High-Jab : Quelles sont tes influences musicales ?
Pierre Chevallier : Le premier souvenir musical (pop entendons-nous) est celui d'une k7 que mon père passait dans sa voiture alors qu'il venait me chercher au collège. The Wings Greatest Hits. Puis évidemment les Beatles en déferlante (la compil bleue et curieusement la rouge après).
Et ensuite, les premiers émois sur les groupes anglais (Jam, Clash, Stranglers, Damned, Buzzcocks) puis les groupes australiens (Saints, Radio Birdman, Hoodoo Gurus), l'Amérique (les Nerves, les Plimsouls, Blondie). Viennent ensuite les rencontres avec des personnes qui te font découvrir des perles cachées. Et puis l'effervescence des sixties : les Who, Hendrix, Love, Byrds, Beach boys, Kinks, Zombies, l'intégrale des Beatles, les Small Faces, Traffic, quelques merveilles des Stones : Ruby Tuesday, Mother's Little Helper et Paint in Black, la culture yéyé (elle n'est pas si méprisable), Led Zep, la soul, la blue eyed soul, le psychédélisme.
Pour compléter, Il y a aussi les influences littéraires et cinématographiques.
Au hasard : Claude Sautet, pour savoir filmer des histoires simples et terriblement compliquées, comme la vie, la magie qu'il a de saisir l'ambiance enfumée d'une brasserie à 11 heures du soir et les regards emplis de désir et de désespoir. Maupassant pour ses contes, Prévert pour mon père, Eluard pour l'orange et Rimbaud…
High-Jab : Tu sors un sept titres intitulé « Seven » peux-tu nous expliquer les processus qui t'ont amené à l'écriture des chansons qui le composent ?
Pierre Chevallier : Au démarrage, la motivation repose sur un paradoxe : donner du plaisir aux gens qui vont écouter mes morceaux, alors que les éléments qui me poussent à écrire des chansons reposent sur des chocs, qu'ils soient sentimentaux ou liés à des faits de société.
J'adore écrire sous la pression, en état d'urgence, les chansons écrites dans l'urgence sont parfois les meilleures, ce qui n'implique pas qu'on s'abstienne de revenir dessus par la suite, pour les améliorer, encore et encore.
Pour finir, je crois qu'on n'arrive jamais à écrire la chanson parfaite et c'est grâce à cette éternelle insatisfaction qu'on peut continuer à avancer.
Pour « Seven » les processus qui m'ont amené à son écriture reposent tous sur ces principes, avec plus particulièrement, en ce qui le concerne, des sujets qui relèvent de la rupture affective.
High-Jab : Peux-tu nous dire quelques mots sur le groupe Peter Night Soul Deliverance ?
Pierre Chevallier : C'est un trio, guitare-basse-batterie, minimaliste, nerveux, punchy. Il y a Philippe (ex Kingsize) à la basse, et Manu à la batterie, un ami d'enfance avec qui je jouais dans « Curfew ».
L'alchimie du groupe se construit, au-delà de la technique musicale, sur l'échange, la discussion, le partage et l'investissement. Je suis le leader du groupe puisque j'en écris les chansons mais les échanges constructifs avec Philippe et Manu m'amènent souvent à appréhender des pistes que je n'envisageais pas et ce, dans l'intérêt des morceaux.
Je crois que nous nous situons véritablement dans une démarche de groupe, avec une forte identité.
Pour revenir sur ces deux musiciens, Philippe le bassiste, apporte un plus indéniable aux morceaux et au groupe grâce à son expérience de musicien professionnel et son jeu sobre, mais aussi par sa culture musicale et littéraire.
Manu, le batteur amène sa combativité, son énergie, sa puissance, c'est pour ça que je pense que la locomotive du groupe n'est pas forcément toujours la même, il arrive souvent qu'en concert, lors d'une session d'enregistrement, ou d'une séance de composition, le leader ne soit pas toujours celui que l'on croit.
Propos recueillis le 15 décembre 2007 par Vladimir Arsenic de High-Jab Records
La bio de Peter Night
Nov. 82/juin 85 Curfew Guitarist/lead vocal/song writing
Jan. 84/juillet 85 The Frocourt Gyrs' Hallucinations Guitarist (feat. Jean de Therdonne on vocals)
Sept. 85/Juin 87 The Cybermen Guitarist/backing vocals (feat. Charly on vocals)
Avril 87/Août 90 Kingsize Guitarist/backing vocals
Fév. 91/Juillet 99 The Jekylls Lead Vocal/guitarist/song writing
Janv.99/Juillet 99 Cab & Friends Guitarist/song writing
Janv. 00/juin 01 Peter Night Lead Vocal/guitarist/song writing
Juillet 01/juin 02 No Name Guitarist/song writing (feat. Dieval on vocals)
Sept. 02/sept. 04 Peter Night Soul Deliverance (1rst line up) (lead vocal/guitarist/song writing)
2007 / 2008 Peter Night Soul Deliverance (lead vocal/guitarist/song writing)
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"Peter Night, Sept plages de souvenirs présents….
1- Dans mes oreilles, un sourire comme un son d'il y a quarante ans, Paul et John, quelques échos de guitare, un car dans les plaines froides de l'Oise, le bruit du moteur, ça glissait un peu, on allait retrouver notre pote, il venait de s'acheter le dernier disque.
2- Partir loin, repartir, partir te chercher, partir pour ne plus revenir, partir au devant de toi, partir loin d'ici, partir encore, partir de bon matin, d'un bon pas, partir pour te rejoindre, partir pour toujours, partir pour s'oublier un peu sur cette plage.
3- Guitare tendue, la voix porte, ils s'étaient égarés sur la petite place d'un village de quelques maisons, même pas un vrai manège, des balançoires en bois, solides, qui grinçaient un peu, public perdu, déçu, ils ont pourtant sorti un accordéon, mais point de musette et trop de musique. Qui te donnait la main ?
4- Ma préférée, je m'y étends, voluptueusement, la plainte continue. Le sable de la plage, j'en ai profité tard, la plainte continue des vagues. Affolé de sentir les grains de sable sur mon corps rougis, inexpérimenté. Plus tard, mes enfants m'ont appris à faire des châteaux de sable. Il n'est jamais trop tard pour vénérer l'enfance.
5- Je suis trop sourd à l'anglais, j'attends toujours que Lenoir répète titre et nom de groupe dans l'espoir de fixer quelque chose. Souvent j'invente, peter night me donne cette envie. D'un coup je pense à un bonbon, un berlingot, emballé et délicieusement acide là où on ne l'attendait pas.
6- Fred s'est fait la malle. Rapide, en pleine tournée. Je ne sais pourquoi d'un coup la guitare a réveillé sa moustache. Alors on descendait vers Cogolin, dans une 104 blanche, pour la poésie, quelques images et des rencontres, ce n'était pas un tube mais un oléoduc.
7- Plus de voix, la possibilité de toutes les paroles. Pourtant la voix demeure. Juste. Ça me prend, « dis tu es là ? dis sors du vide que t'as laissé ! dis, je n'ai même pas eu le temps de me retourner. Dis parle moi encore, encore. ». Un soir de printemps, qui n'était pas le printemps, il était au quatrième étage d'un vieil immeuble de brique, fenêtre ouverte, le vide dans la cuisine, derrière lui."
Denis Dormoy
Ecrivain
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Commentaires
(...Silence plus que respectueux...)
Pierre Chevallier.
Écrit par : Pierre Chevallier | 23/05/2008
Mais j'ai été dans un silence très respectueux aussi après l'écoute de votre disque... silence que j'ai vite brisé en me le réécoutant...
Écrit par : Nebo | 23/05/2008
Superbe plume qui donne envie de découvrir plus. Les morceaux sur Myspace sont excellents.
Écrit par : Ray | 23/05/2008
il faut vite commander ce disque!! le rock est mort? mon cul! c'est la moitié de la france qui est devenue sourde voilà tout.
Disque parfait. La suite est demandée avec beaucoup d'impatience!
Écrit par : jean marc | 23/05/2008
Nous sommes impatients... mais que ça ne mette pas la pression à PNSD... qu'ils se donnent les moyens émotionnels de faire l'album qui leur convient.
Écrit par : Nebo | 24/05/2008
... C'est chaque fois pareil : quand je lis les Inrocks, R'n'F, ou Ouest France, jamais les interviewés ne me citent dans leurs références.
Il y a mille raisons à ça ; mais c'est tout de même contrariant.
:-/
(-mi fig./mi raisin-)
Cette page donne envie d'écouter ;-) (je vais aller sur myspace ; j'espère que les lyrics sont en français !)
Écrit par : Pr Fox | 26/05/2008
C'est à croire que vous n'avez pas lu le superbe texte de Nebo monsieur Fox, puisqu'il parle clairement de l'anglais dedans, et non pas du français.
Écrit par : Ray | 26/05/2008
Si ! (bien écrit d'ailleurs, et je dirais même plus : lisible)
(... si ça devient nécessaire de sous-titrer à chaque fois ... Si le yaourt est le nouvel esperanto ... si ... et si bemol !)
C'est comme ce parti-pris de mettre des musiques anglo-saxonnes dans toutes les pubs TV ou presque, de l'hexagone : à croire qu'on s'en fout du travail des musiciens et des auteurs. C'est pour meubler.
(Et qui pourra me dire le rapport entre la Winchester Cathedral, et la banque qui vient d'avoir un trou de 3 ou 4 milliards [- à ce stade on ne compte plus ...] ?)
Écrit par : Pr Fox | 26/05/2008
PS/ le titre de cette page du blog n'est-ce pas "Et je sais de quoi j'parle" ... ?
Écrit par : Pr Fox | 26/05/2008
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