08/12/2008
Franco is back
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
Déjà Dantec y était allé de ses mots d'esprit, et ça m'avait bien fait rire. Mais là, en découvrant l'article qui suit chez Baroque et Fatigué, je me suis moi aussi frotté les yeux et me suis presque pincé pour m'y retrouver.
Michel Del Castillo, qu'on ne peut pas taxer de fascisme, vient de sortir un livre sur Franco. Et on y lit de surprenantes choses. Le Nouvel Observateur, oui oui, vous avez bien lu, affirme dans un article que Franco n'était peut-être pas si méchant. Et c'est signé Pierre Assouline. Je le reproduis ici :
Il y va Franco !
Par Pierre Assouline
Et si le Caudillo n'était pas le fasciste qu'on a dit ? C'est ce que soutient l'écrivain du « Sortilège espagnol ».
On se frotte les yeux : Michel del Castillo et le général Franco au coude à coude sur une même couverture ? Et pourtant, on ne regrette pas d'avoir été pris à contre-pied. L'auteur du « Sortilège espagnol » a réussi en effet un récit qui renouvelle le genre « Vie de... ». Car il s'agit bien d'un long portrait de Francisco Franco y Bahamonde à travers lequel surgissent les contradictions de son vieux pays au cours du siècle passé.
Les passions étant encore mal éteintes, il ne manquera pas de lecteurs pour pointer une réhabilitation derrière cette mise au point d'un Français de sensibilité espagnole. C'est que Franco s'est si bien prêté à la diabolisation que le moindre correctif à son action au cours de ses 37 années de règne apparaît comme une insupportable manifestation de révisionnisme. Dans cette traversée de l'époque franquiste, Castillo, républicain modéré gagné par le juancarlisme, a relu les bons auteurs (Bennassar, Beevor, Brenan, Nourry, Preston, Crozier, Vazquez Montalban), en s'autorisant parfois un souvenir personnel sur 1939 et les années 1950 telles qu'il les vécut là-bas.
Son style est porteur d'une morale, privilège de ceux qui traitent l'Histoire en écrivains. Il bouscule donc les idées reçues élevées au rang de mythes: le Franco comploteur, fossoyeur de la République et fasciste, auquel il oppose un Franco légaliste et loyaliste qui ne franchit le Rubicon qu'en dernière extrémité, un national-catholique typique du courant conservateur auquel l'anticommunisme tient lieu d'idéologie. Quant au franquisme, le jugement de Castillo ne se distingue pas de l'opinion partagée par nombre d'historiens: impitoyable les cinq premières années, puis sévère et vigilant pour finir. Il a des indulgences pour ce dictateur « au sourire faussement épanoui qui lui donnait un air de ravi de la crèche » ; mais comme son personnage ne fut jamais son héros, elles ne sont en rien coupables. Ce qui ne l'empêche pas de saluer l'incontestable courage du grand soldat des combats marocains à la tête
Car Franco est entièrement coulé dans son uniforme. « Un militaire chimiquement pur », risque même l'auteur. On découvre un homme de 1,67 mètre au tempo de rumination lente, prudent dans son approche des hommes et des événements, introverti et méticuleux, tout de sang-froid et de sens du détail, entièrement construit dès 1931, manichéen conquis par l'idée d'un choc des civilisations (christianisme contre bolchevisme), doué d'un grand sens de l'observation et obsédé par l'ordre, persuadé que l'âme espagnole s'est réfugiée dans l'armée et qu'il n'est de musique que militaire.
Castillo a composé ce passionnant récit en écrivain libre, ne se reconnaissant de dette qu'envers son propre roman familial et son Espagne intérieure. Car c'est un livre qui vient de très loin. Franco a commencé à s'écrire en Castillo ce jour de 1939 où il a fui l'Espagne avec sa mère. Il avait 6 ans. Ainsi un écrivain peut-il être rattrapé par un livre. Comme s'il ne pouvait s'y dérober."
PIERRE ASSOULINE
00:04 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (22) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Pour info, Drucker recevait ce matin Michel del Castillo. Podcast dispo ici : http://www.europe1.fr/Radio/Emissions/Europe-1-Decouvertes-Michel-DRUCKER
et je vais d'ailleurs l'écouter de ce pas.
Écrit par : irina | 08/12/2008
castillo a osé, et je le soutiens aussi. Ecrivain de talent et biographe de colette qui plus est chère irina!
quant au papier d'assouline, il ne me surprend pas non plus. Assouline a écrit un livre sur combelle plutot flatteur, et il n'a pas sa langue dans sa poche tout en étant de gauche. Deux belles plumes.
Écrit par : jean marc | 08/12/2008
Jamais lu Lucien Combelle. Belle prose jean marc? Dans le genre "Vichiste doux" -prof en centre de jeunesse- j'ai engouffré les deux volumes du Journal de François Seintein, "Minutes d'un libertin" et sa suite qu'on a sorti avec une ridicule couvertue Playgay-désir d'Homo qui à du, d'un même mouvement, faire rater bien des ventes et provoquer moult déceptions (Edition Le Promeneur -c'est pourtant d'un éditeur de haut goût que de nous bailler pareil texte. Alors d'où cette imparable bêtise ?) "Libertin"chez l'auteur n'a que peu à voir avec le cul, malgré ses penchants, et tout avec l'esprit badineur de ce singulier personnage qui traversa les milieux littéraires sans ostentation, classique jusqu'au bout des ongles. Un de ces méconnus qui me tiennent à coeur car, authentiques rebelles de par leur vie, leur rupture se fait avec un retenue qui est la marque des êtres pudiques et libres. Et comme je les aime ceux là!
A part ça, merci de ce billet qui m'ouvre des horizons. J'avoue : je broutais le sainfoin des préjugés. Depuis "Les grand cimetières...", Franco, c'était à mes yeux abusés le "général deux fois fêlon", un ogre qui se nourrit de rouges au pt'it dej et fait monter une honnête ouvrière pour la violer quand l'envie lui en prend. Bon ben, depuis le temps je devrais pourtant le savoir que tout préjugé, même contresigné Bernanos, est une sombre connerie...
Écrit par : Restif | 08/12/2008
Franco fasciste la thèse n'est vraiment plus trop tenue depuis une paye sinon par les imbéciles pou qui Sarkozy est deigne émule d'Hitler...
En revanche la persécution des perdants s'est si cruellement incarnée dans l'édification forcée par ceux ci de l'Escorrial dédié aux morts du "bon camp" (celui du plus fort)
On ne va pas non plus en faire un parfait enfant de choeur. Enfin juger sur un plan strictement moral les convulsions de l'histoire est parfois assez vain. Laisser les historiens dire les faits dans toute leur complexité ce serait déjà bien...
Écrit par : Tang | 08/12/2008
Il faut voir aussi ce qu'était le règne des curés sur les faibles. Lire Paracuellos et Munecos (2 bd) de Gimenez, gosse sans parents dans un orphelinat franquiste. Les bonnes soeurs atroces, complètement fadas, haineuses,faisant prier des heures à genoux pour le moindre truc, l'instructeur de la phalange pion de service allant jusq'à donner une centaine (!) de baffes à un gosse : "tiens droit droit! une deux, une deux..."et il y en d'autres et de plus salés comme anecdotes. Mais s'eût été pire -mortel- avec les commisaires politiques,l'histoire (hélas) nous l'apprend.
Tang tu es charmant. Pour moi Franco était fasciste; et oui Bernanos, tout ça. Je savais bien qu'il avait remis le roi sur son trône, préparé la transition démocratique, ça oui, mais faf, je le croyais fermement. Et après tout, si on entend par là ce qu'était l'Italie des années 20 jusqu'à la fascination pour le démon Hitler, ne peut on dire qu'il était faf? c'est qu'on oublie souvent que le premier fascisme mussolinien avait d'authentiques bons côtés (Maffia chassée, fin du chomage, assèchement des marais Pontins, tâche énorme promise par tous les régimes,jamais accomplie.Et puis j'ai lu les témoignages d'exilés politiques qui pouvaient revenir de temps à autre, on fermait les yeux. Pas marrant,marrant, mais là encore, rien à voir avec Staline)
Alors comme ça ...Un imbécile, pire un sarkoziste! (on sait qu'il torture longuement des chomeurs le matin après son jogging) :Tang, tu me fends le coeur! Puisque c'est ça je vais militer au Medef (ou mieux : je vais gueuler contre ces "feignants de fonctionnaires" et raconter comment ma prof d'épouse se goberge toute la journée, morte de rire à la pensée de tous cers cons de payant et de leur engeance de crétin à qui elle inculque dûment les bases du marxisme-léninisme pur et dur). Ma vengeance sera terrible Tang! terrible!
Écrit par : Restif | 09/12/2008
Un charmant jeune homme, c'est ainsi que je me définis...
Je ne sais pas, pour moi le fascisme étant un totalitarisme je vous mal comment l'espagne fraquiste relèverait d'icelui. Le culte du chef était assez modéré, depuis un très bon prof d'histoire en term j'ai toujours rangé Franco parmi les conservateurs de droite, dictateur tradi comme sans doute l'eut été Pétain sans la collaboration...
Mais bon tout cela est bien ténu, de vagues souvenirs... Et puis ranger un bonhomme, beuk (même un faf!)
Alors ranger un ami parmi les imbéciles antisarkozyste primaires... Impardonnable, venge toi!
Écrit par : Tang | 09/12/2008
Je ne vois pas bien la différence entre le fascisme italien des années 20 et le franquisme. On a même nettement moins tué en Italie, mais alors infiniment moins. Et l'inquisition cléricale n 'y existait presque pas, alors qu'en Espagne c'était atroce-il fallait monter ses billets de communion, pas le droit d'être agnostique, punition pour tout blaphème etc.
Tout ça vient du mot"fascisme", parce c'est resté lié au nazisme. Et de fait Mussolini est tombé dans les rêts d'Hitler (mais Musso arrive au pouvoir en 1922 et c'est en 39 seulement qu'il signe le "Pacte d'acier" avec Hitler). Franco s'est contenté-!- (les bombardés l'en remercient) d'accepter les soldats allemands et tout particulièrement leur aviation sans laquelle il est peu probable qu'il eut gagné la guerre (sans ça et sans l'aide précieuse des staliniens qui trahirent les anarchistes du Poum et du mouvement ouvrier. Lesquels préférérent règler leur compte aux trostkistes et autres dissidents, foutant un tel bordel qu'il devenait bien difficile de s'organiser. Sur le Poum voire notamment Abellio "Les yeux d'Ezechiel sont ouvert", premier volume de la trilogie dont le second est "La fosse de Babel" si apprécié de Nebo, à juste titre. Voir aussi le film de Ken Loach, "Land and glory", que je m'acharne à trouver fort beau.
Mais les avions furent le plus déterminant. Ce sont les mêmes qui lors de la campagne de France nous laminèrent. Guernica ce sont les avions allemands. La grande intelligence de Franco fut de savoir résister à Hitler et de se déclarer neutre. Et ce ne fut pas facile pour lui,le Furher voulait une récompense pour ses beaux avions.
On peut dire que Franco l'a bien baisé. Bravo,bravissimo et MERCI (ça aurait posé de sacrés problèmes l'Espagne dans le camp de l'Axe).
Je pense qu'une petite visite du fascisme HISTORIQUE (l'époque des juifs au grand conseil fasciste, jusqu'en 36 à peu près) donnerait une tout autre vision de ce qui se cache derrière un mot qui nous arrive ombré par la croix gammée. Or ça, c'est la toute dernière étape, parce que Mussolini s'est laissé happer, marabouter par moustache-la-mort. Mais Salazar et Franco, comme Mussolini, se référaient aux mêmes théoriciens -dont Maurras, tout particulièrement.
Écrit par : Restif | 10/12/2008
Je ne sais pas, le côté "parti unique" peut être, l'embrigadement des jeunesses etc...
Dans me souvenirs bien vagues Franco faisait figure d'autocrate "tradi" (l'inquisition relevant d'un ordre moral peu fascisant)
Le terme fascisme de toute façon est un concept assez bizarroide puisque son origine historique vient de litalie mussolinienne alors que l'archétype conceptuel serait plutôt chez les nazis...
Terme batard si j'ose dire (Hitler se retourne dans sa tombe...)
Enfin de vagues souvenirs, vous êtes plus qualifiés: aussi bien avais-je raison pour de mauvaises raisons pour Franco. ;)
Écrit par : Tang | 10/12/2008
Je crains que Nebo ne soit étranglé côté temps, et c'est bien dommage car j'aurai aimé avoir son avis. Il me semble qu'Hitler n'est pas fasciste, que le nazisme est bien autre chose qu'un fascisme, que sa singularité est totale et que seule le communisme d'un Pol Pot, d'un Mao et d'un Staline peut-en être rapproché. Vaste débat ou idéologie, histoire des idées et Histoire tout cours se mêlent. Tout est ouvert. Je n'oserai certes pas trancher.
Écrit par : Restif | 10/12/2008
Je dois dire que je suis assez d'accord avec toi Restif. Le point commun entre le Fascisme de Musso et le Nazisme d'Adolf, c'est que tous les deux surgissent du Socialisme, le premier se calquant également sur la Nostalgie, tout de même, de la Rome Antique, le second sur la supériorité raciale prônée par des groupuscules théosophiques et ésotériques que fréquentaient des personnalités comme Rudolf Hess.
Je baille généralement lorsque je tombe sur les idées conspirationistes, mais je suis tout de même fasciné par le fait que Rudolf Hess n'ait pas été condamné à Nuremberg à mort, et qu'il ait été enfermé dans une forteresse, à Spandau... une forteresse pour lui tout seul... (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)... et qu'il s'occupait essentiellement d'ésotérisme et d'occultisme... ésotérisme juif, notamment... Dans sa Volonté de faire la paix avec la Grande Bretagne, Hess bénéficiait-il de soutiens occultes, c'est le cas de le dire, de la part de membres de la "Golden Dawn" dont la Société Thulé dont était membre Hess était une des ramifications... Restif, si je dis des bêtises, corrige-moi...
Bref, après cette parenthèse (désolé... plus fort que moi)... le racialisme, ou le Racisme Hitlérien sont une différence de taille dans ce qui différencie le Nazisme, ou plutôt le National-Socialisme du Fascisme italien.
Cependant, les deux ont en commun un désir d'expansion et de conquête. L'Espace Vital de l'Est pour le névrosé à moustache... Lybie, Ethiopie ou Albanie pour le Duce.
Il est exact que des juifs font partie du mouvement Fasciste jusqu'à la collaboration, vers 1935, du Duce avec le Führer. Par contre, Restif, là où je rejoins l'ami Tang, c'est qu'en effet, ni Franco, ni Salazar, ni Pinochet au Chili, ne viennent du Socialisme... leur approche me semble essentiellement "identitaire", Catholique, anti-communiste et anti-gauchiste en général. Ils surgissent, d'une certaine façon, pour rétablir l'ordre. Je ne connais pas le parcours de Salazar, aussi vais-je m'abstenir. Par contre, Pinochet, sous la présidence d'Allende est déjà Général au sein de l'armée... face à la dégradation économique épouvantable du pays et aux actions du groupuscule révolutionnaire MIR (crimes et exactions, désir de mettre en place des pseudo-tribunaux populaires) Pinochet, avec l'aide des USA (qui ont assez à faire à surveiller CUBA) prend le pouvoir par un coup d'Etat, y reste quelques 17 années avec seulement 3000 disparus... Lorsque l'on sait que seul Mao, avec son fumeux "Grand Bon en Avant" entre 1958 et 1962 a fait entre 15 000 000 et 50 000 000 de morts (les historiens se battent sur les chiffres), on peut dire que Pinochet est un enfant de choeur. Au terme de ses 17 années de pouvoir, Pinochet l'a rendu, la démocratie a repris son cours et l'économie était debout malgré de nombreuses difficultés.
Franco, idem. il intervient tout de même au moment où l'Espagne bat sérieusement de l'aile. Les anarchistes de Catalogne et d'Aragon, très importants alors en Espagne, ne parlent que de sécession. Ils crucifient les prêtres sur les portails des églises et s'amusent à violer les nonnes, charmante manière d'appliquer leur fameux "Ni Dieu Ni Maître". Les sociaux-démocrates et les communistes préfèrent l'aide de l'URSS aux idéaux de la CNT ou des trotskystes du POUM. Dans la jeune République, c'est l'insurrection un peu partout... et ça dure. Pour éviter à son pays de tomber dans le giron soviétique et, éventuellement d'éclater par la grâce des anars, Franco s'empare du Pouvoir, grâce aux avions nazis, certes, mais bon... la politique c'est la politique... nous sommes allés sur la lune grâce à l'ancien nazi Wernher von Braun, alors ces histoires bien moralisatrices, perso, je m'en tamponne. Il est vrai que les gauchistes qui passent leur temps à chier dans la colle et à cracher dans la soupe n'ont pas lu Clausewitz... ha ha ha... moi non plus... mais j'ai lu Sun Tzu, c'est pas mal non plus et beaucoup plus bref. Stratégies que tout ça... Et, en effet, au terme de sa vie, Franco a mis le pied à l'étrier à Juan Carlos et ouvert la voie vers le retour de la démocratie. Je doute que ni Hitler ni Mussolini auraient fait la même chose. De plus, on ne peut pas dire que ni Salazar, ni Franco, ni Pinochet aient eu de volonté d'expansion. A part gérer les colonies portugaises qui voulaient s'émanciper, Salazar n'est pas allé envahir un autre pays sous prétexte qu'on y parlait portugais ou sous prétexte que 1500 ans avant Rome y régnait. C'est tout de même une différence de taille. Faire ou ne pas faire chier son voisin.
Il est vrai qu'il y a un point commun entre tous ces phénomènes politiques : l'autoritarisme plus ou moins exagéré... à ce titre, tes exemples, Restif, sont parlants.
Pour ma part, j'ai toujours apprécié les nuances et les détails... j'aime les aspérités de la vie plutôt que les simplifications outrancières... aussi je ne classe pas Franco parmi les fascistes, encore moins parmi les nazis. Cela étant dit... je n'aurai pas aimé vivre en Espagne sous son règne... ou alors loin dans la campagne, en bord de mer... histoire de retrousser quelques jolies gitanes sur du flamenco pendant qu'à Madrid ils auraient tenu les comptes quant aux nombre de bons et de mauvais catholiques dans le pays. De plus, les juifs qui passaient en Espagne pendant la seconde guerre mondiale n'étaient pas beaucoup inquiétés, d'après ce qu'on m'en a dit... mais je ne veux pas, là non plus, m'avancer beaucoup, n'ayant pas la connaissance adéquate pour en parler.
Les phénomènes historiques sont très bien abordés dans "Les yeux d'Ezéchiel sont ouverts" et "La Fosse de Babel" de Raymond Abellio. Dans le premier livre, c'est un apprentissage. Dans le second, de la futilité des actions des hommes jaillit un ordre qu'ils ne mesurent pas et qui les dépasse. Quelques esprits éclairés, seuls, peuvent lire cette réalité et procéder à une action sélective dans leurs choix et avoir une incidence secrète sur le cours des événements historiques. J'ai lu ces deux livres il y a très très longtemps, il me faudrait y jeter un coup d'oeil à nouveau. "La Fosse de Babel" est un pavé... et puis je n'ai pas lu le volume final de la trilogie, "Visages immobiles"... mais une fois encore, ce qui sauve l'individu face à la futilité de ces actions, ou l'importance historique des événements qui embarquent l'Humanité dans une valse très souvent sanglante... c'est l'Amour... et, aussi, la conscience affirmée de son soi sexué. Les pages sur la Féminité et la Masculinité dans "La Fosse de Babel" sont admirables et radoutables. A l'occasion, si ma douce Irina en trouve le temps, je lui ferai taper quelques extraits à mettre dans ma catégorie "Lectures"... Passons... Pour bien comprendre Abellio, il faut lire Husserl, paraît-il... et c'est une de mes très nombreuse lacune. J'ai souligné dans mon exemplaire des "yeux d'Ezéchiel" cette phrase :
"Ce n'est pas parce que deux nuages se rencontrent que l'éclair jaillit, c'est afin que l'éclair jaillisse que les nuages se rencontrent."
Il y a là des vibrations avec la pensée sans fin des Kabbalistes. Je me suis replongé un peu, en diagonale, ça me distrait, dans des extraits proposés par Charles Mopsik, in "Cabale et cabalistes" (Bayard Editions/L'aventure Intérieure) et ça m'a fait songer à plein de choses que j'ai lu chez Abellio, dans ces deux livres et, aussi, dans son essai datant des années 50, je crois, il me faudrait aller voir mais je n'ai pas le temps, "L"ascension de l'Europe" dont je garde à la fois un souvenir saisissant et audacieux en même temps qu'embrouillé... car Abellio, comme Heidegger ou Kant avait développé une manière à lui d'exprimer sa vision de la philosophie et du méta-politique, et à moins d'avoir le nez dedans et de ruminer le texte comme le désirait Nietzsche de tout lecteur, c'est difficile d'en parler pour un magasinier libertin et post-moderne vivant dans une cité. Je fais ce que je peux. J'ai été entre autre très impressionné par un passage relatant l'affrontement de la Gauche Divine et de la Droite Divine dés les premiers instants de la création dans la Genèse, la chute d'Adam et Eve n'étant que le résultat final d'une suite d'affrontements premiers qui ont eu lieu très tôt, avant l'Histoire... la Gauche Divine refusant d'être tenue sous la coupe de la Droite Divine, seule manière pour elle, si elle s'y pliait, de faire valoir ses valeurs et de nous en irriguer avec sens. Aussi... c'est une histoire sans fin depuis la nuit des temps... et comme tout ce qui est en haut est en bas... et selon les Kabbalistes, tout ce qui est en bas est en haut... la gauche et la droite... ça se répète sans arrêt à n'en plus finir...
Or, je l'ai déjà dit... et je le répète... pour danser il faut deux jambes... une Droite... et une Gauche... et ce qui m'intéresse c'est l'Homme Total... l'Adam Kadmon... plutôt que l'homme totalitaire... fut-ce Hitler ou Franco. Mais à choisir entre les deux... je choisis Franco. Mais ma position est facile, car je juge sur les pages déjà écrites de l'Histoire... et je juge sur ce qui a été légué. Il n'est pas dit, à cause de Hemingway, à cause de Bernanos, que j'aurai choisi le camp de Franco dans les années 30. Pour sauver la Catholicité devons-nous agir selon des actes qui vont à l'encontre du Christ. Franco est monté avec 62 000 marocains sur l'Espagne (un film "Indigènes II" verra-t-il un jour le jour ??? Hu hu hu hu !) qui avaient "carte blanche" dans les villages républicains. Il est des choses qui ne passent pas... et sur ce plan Bernanos avait parfaitement raison.
Messieurs... je suis mort... et vous salue bien... c'est un plaisir que de tailler une bavette avec vous... à présent mon roman en cours m'appelle... il est 00h50 passé et j'ai au moins jusqu'à 3h00 pour m'y mettre un peu... avant le sommeil.
See ya Folks...
Écrit par : Nebo | 11/12/2008
Ah, moi je ne suis pas du tout d'accord avec Restif. Franco n'a rien, mais vraiment rien à voir avec le fascisme. Le fascisme (et surtout celui des années 20, précisément) est un mouvement "moderniste", qui glorifie la force, la vitesse, le progrès technique et social, etc., bref, l'exact contraire du franquisme. Le nombre de morts n'est absolument pas pertinent pour caractériser un régime de "fasciste" ! Le fait que Franco ait fait massacrer 30 000 personnes après la fin de la Guerre civile n'a aucun rapport avec le fascisme ?! En revanche, tout à fait d'accord sur la singularité du nazisme et ses divergences avec le fascisme. Les confusions dans ce domaine sont dues au fait que la gauche a trouvé dans tous ces régimes des adversaires violents, et les a donc allègrement confondus.
Il y a des ressemblances frappantes entre la figure de Franco et celle de Pétain, et notamment le fait qu'ils arrivent au pouvoir en raison des circonstances, et non d'un plan longuement mûri. Et bien sûr, leur côté plan-plan (même si Franco a eu de glorieuses jeunes années), pas très intellectuel, etc.
Écrit par : Baroque | 11/12/2008
Salut la compagnie.Je vois que ça bouge toujours dans le coin.Toujours avec les mêmes personnes,mais au moins ça sait parler.
Baroque,je doute que nebo ait souhaité se servir des chiffres des victimes pour dire ce qu'est le fascisme et ce qui ne l'est pas.C'est les gauchos qui font ça,en oubliant de dire les victimes du communisme ou, bonne excuse, en précisant que Staline et Mao n'était pas communiste,ce qui est comique.
Écrit par : Rex | 11/12/2008
Ben voilà, j'avais bien raisons de faire appel à d'autres voix. C'est vrai Baroque, si on prend en compte le modernisme du fascisme-le futurisme, Marinetti-, alors que Franco c'est bourgeoisie cléricale et régime figé, régime qui de plus refuse de reconnaître l'ouvrier comme le fascisme le reconnaît, il y a bien différence d'essence. J'avais totalement oublié ce facteur progrés et social-ouvrièriste malgré mes lectures de Marinetti et du conquêrant de Fiume. Cependant, ce n'est pas un hasard si tant d'anciens fascistes et nazis se réfugièrent en Espagne et si Franco accepta de les protéger. S'il ne s'était pas senti quelque chose d'important en commun avec eux, il n'aurait pas couru les embêtements que ça n'a pas manqué de lui valoir. il y a quand même partage d'un paradigme idéologiquement cousin. Déjà le "tout est permi contre l'anti communisme". Et si les anards ont tué,les blancs, traitre à la république( L%a Frente avaitbien obtenu la majorité des voix), ne furent pas mal -c'est justement Abellio après Bernanos qui parle de ces milliers d'ouvriers innocents exécutés parce que simplement soupçonnés de mal penser.D'ailleurs tous les historiens s'accordent à reconnaitre que les toutes premières années franquistes furent atroces. Moins qu'elles l'auraient été en cas de victoire communiste, ça c'est évident. Mais Bernanos ici reste à écouter il me semble!
@ Nebo : je ne veux pas rentrer ici dans ce qui unissait Evola et le groupe Ur au nazisme (et qui est pour moi la vraie raison de la chute de Musso dans les griffes hitleriennes avec le désir de conquêtes -Nice, Ethiopie etc- pointé par Fandenimier). Je passe pour l'instant sur Hess et ses rapports à diverses sociétés (Thulé mais certains disent Le Vrill aussi) . Ceci dit attention : Nicholas Goodris Clarck a bien montré (Les racines occultistes du nazisme) qu'on avait eu tendance à en rajouter, considérablement. Lorsqu'on en arrive aux preuves, problèmes, bproblèmeSSS. Enfin, Hanussen, Trebitch-Lincoln l'Homme au gants vers,la swastika, le rôle d'Ostara, de la société boudduhiste-tantrique d'Haushofer et la présence des bompos noirs, tout cela n'est pas qu'inventions. Lire l'incroyable bouquin de TeddyLegrand " Les septs têtes du dragon vert", de 35 (Hélas, mon édition fut tirée à 90 exemplaires... Ce fut fabriqué par les services secrets français pour avertir le monde des dangers occultes de l'allemagne nazie. Mais certaine société "blanche"y a mis la main,enfin j'ai cru clairementt y reconnaître son nom encodé).
Certes, le cercle de la Golden à Berlin ne fut pas fouillé -selon Bergier, mais lui-même se vantait d'être un menteur (voir les souvenirs de Pauwels) et j'aimerai voir les preuves. Crowley fut surveillé pendant la guerre et on sait qu'il n'eut pas de contacts (directs) avec l'Allemagne. Par contre, le fondateur de la scientologie fut son adepte directe...Crowley préféra d'ailleurs se séparer de Hubbard lorsque celui-ci voulu concevoir un "enfant de lune" (je préfère me taire là dessus; mais c'est absolument démoniaque).
En tous cas, il est intéressant de chercher le background maçonnique de certains dignitaires anglais croisés (rapidement) par Hess qui n'avait pas compris que les britanniques n'étaient plus dans son camp (ils faillirent bien y être!) Le parolier du Hors Wessel lied a écrit des livres qui en disent beaucoup sur les arrières-plans de certains mouvementd. Ecriture parabolique... (H.Einz Ewers :très grand écrivain fantastique d'ailleurs. Meyrink eut qqlq dessous de cartes, mais bien peu. )
To be continued...?
Écrit par : Restif | 11/12/2008
@ Rex et Baroque : en effet, je n'ai pas sorti les chiffres des victimes pour distribuer ou non les diplômes es fascisme ou nazisme, c'était juste pour faire taire un court instant les pourfendeur de Pinochet, par exemple, qui lui reprochent ses disparus mais oublient de signaler les morts du communisme qui se comptent en Millions.
Peut-être Pétain s'est-il calqué sur Franco... mais en attendant, Pétain a collaboré avec Hitler... Pétain a accepté que des hommes, des femmes et des enfants soient déportés juste pour ce qu'ils étaient, des juifs... Pétain a toléré que la milice française (généralement un ramassis de crapules et de voyous) fasse sa petite loi de caïds infectes. Alors que Franco, comme le signifiait Restif... et malgré le coup de main sur Guernica, il a refusé de collaborer au pacte Germano-Italo-Nippon... là où se sont précipités les hongrois, les roumains, les albanais, où beaucoup de futurs leaders arabes... dans les bras de "p'tite moustache". Ah ! Que je préfère, et de loin, la grosse moustache ridicule de Nietzsche à celle coupée au carré et bien propre du Fürher.
Je pense que les nazis se sont réfugiés où ils pouvaient par proximité idéologique. Il y a bien entendu des résonances conséquentes entre tous ces régimes... l'Autorité et l'Ordre avant tout. Le sinistre Ante Pavelic, le "Poglavnik" des croates oustachis, est mort à Madrid en 1959. Son mot d’ordre à l’égard des Serbes en Croatie était d’en "exterminer un tiers, en chasser un tiers vers la Serbie, en convertir un tiers."
Les sociétés secrètes... c'est nébuleux tout ça... et difficilement approchable par nous autres pauvres mortels. J'aime tellement la simplicité touchante d'une nuque de femme et d'une coupe de vin... que j'avoue que tout cela me laisse de plus en plus froid... :-/ Je trouve ma joie ailleurs, en effet... ;-)
Là je file... je dîne avec un pote pas vu depuis très très longtemps...
I'll be back soon...
Écrit par : Nebo | 11/12/2008
Hum. Vous voilà qui réhabilitez Franco... - Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m'empêcher de penser à ces mots de Brel :
"Je me les veux fraîches et joyeuses
Bonnes travailleuses sans parlotes
Mi-Andalouses, mi-anguleuses
De ces femelles qu'on gestapote
Parce qu'elles ne savent pas encore
Que Franco est tout à fait mort"
La chanson, c'est Knokke-le-Zoute. Et je suis en train de rire toute seule, rien qu'à écrire ce nom.
Hum, voilà que vous réhabilitez Franco ; hier soir, emportée par le lyrisme, j'étais à deux doigt d'en faire autant pour Hitler... :/ Heureusement ce matin j'ai ajouté une conclusion à l'objet littéraire du délit qui en fait une réflexion libre un peu plus civilisée.
- Mais, veillons! Méfiance! Méfions-nous encore et toujours de nous-mêmes. En nous autres la Bête dort. Tout comme en le secret des entrailles de n'importe lesquels des bons chrétiens.
Écrit par : Millie | 11/12/2008
Hitler,Millie,était une pauvre merde infâme.
Écrit par : Rex | 12/12/2008
@ Rex : Non, évidemment, Hitler n'était pas que cela, et Hitler existe encore, à l'état d'embryon, en chacun de nous.
Je sais, une telle pensée n'est pas aussi réconfortante que l'opinion que vous vous efforcez de marteler à ce sujet, mais cette pensée contient en puissance le seul antidote possible au nazisme.
Connaissez-vous le symbole du caducée, emblème de la médecine? - Il nous dit que l'on guérit parfois les hommes avec un peu du venin du serpent.
Écrit par : Millie | 12/12/2008
woooouah Nebo je le connais en d'autres lieux que sur sa page perso et c'est juste un mec qui veut nous déniaiser,c'est pas un franquiste,c'est un mec libre.Et sur d'autres forums ça lui a toujours posé beaucoup de problèmes à commencer par le forum de son propre groupe d'où il s'est fait expulser par des timides.Mais Nebo il a des couilles énormes et il se fait pas mener par le bout du nez,c'est pas pour rien qu'il en est où il en est à présent,c'est a dire pas dans le succès que pourtant il mérite et de loin ne serait-ce que comme guitariste.Moi il m'a poussé à me pencher un peu plus sur ce que je croyais vrai au lieu de tout prendre pour argent comptant.Il ya très logtemps Nebo t'avais mis un putain de texte sur le "bleu" à propos du sado masochisme général et ça avait fait beaucoup jaser,tellement jaser que ça m'avait obligé à considérer tes priopos avec attention,tu devrais le balancer ici,en même temps le texte il était de toi,quelle plume!
-Bongo-
Écrit par : Bongo | 13/12/2008
@ Bongo : Je ne doute pas une seconde que Nebo soit celui que vous décrivez. Je l'espère, même... Je me sentirais moins seule dans le merdier sans nom dans lequel je suis plongée actuellement sur Ilys.
Bien à vous.
Écrit par : Millie | 13/12/2008
Pan ! (séquence emoción)
"C’est un truc qu’on apprend chez nous
Au début, je ne te ferai pas confiance
Mais dès que je te ferai tâter de « ça »
Tu commenceras à me dire quelques petites choses
Et quand on passera à « ça »
Il s’établira entre nous des relations
Comment te dire ? très intimes, comme deux frères, hein ! tu verras
Et quand on en arrivera à « ça », je pourrai croire tout ce que tu me diras"
Capitán Vidal [editar]
Écrit par : mouche andaloose | 13/12/2008
L'humour n'est possible qu'à la faveur d'une liberté d'esprit presque absolue.
Écrit par : Robert Desnos | 14/12/2008
T'es qu'une pauvre merde, une pauvre tache. Et tu écris très mal. Lamentable.
Écrit par : FRAKASS | 17/12/2008
Les commentaires sont fermés.