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20/02/2009

Houellebecq... Bernanos... Bernanos... Houellebecq...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

Etonnant comme Houellebecq parvient à décrire la psychologie qui règne au sein des entreprises post-modernes, leur misère sexuelle, morale, intellectuelle, sentimentale, inutile de dire spirituelle.

« Les degrés de liberté selon J.-Y. Fréhaut

Ensuite, je retourne au siège de ma société. On m’y fait bon accueil ; j’ai, semble-t-il, réussi à rétablir ma position dans l’entreprise.
Mon chef de service me prend à part ; il me révèle l’importance de ce contrat. Il sait que je suis un garçon solide. Il a quelques mots, d’un réalisme amer, sur le vol de ma voiture. C’est une espèce de conversation entre hommes, près du distributeur automatique de boissons chaudes. Je discerne en lui un grand professionnel de la gestion des ressources humaines ; intérieurement, j’en roucoule. Il me paraît de plus en plus beau.

Plus tard dans l’après-midi, j’assisterai au pot de départ de Jean-Yves Fréhaut. C’est un élément de valeur qui s’éloigne de l’entreprise, souligne le chef de service ; un technicien de haut mérite. Sans doute connaîtra-t-il, dans sa future carrière, des succès au moins équivalents à ceux qui ont marqué la précédente ; c’est tout le mal qu’il lui souhaite. Et qu’il repasse, quand il voudra, boire le verre de l’amitié ! Un premier emploi, conclut-il d’un ton égrillard, c’est une chose qu’on a du mal à oublier ; un peu comme un premier amour. Je me demande à cet instant si lui-même n’a pas un peu trop bu.
Brefs applaudissements. Quelques mouvements se dessinent autour de J.-Y. Fréhaut ; il tourne lentement sur lui-même, l’air satisfait. Je connais un peu ce garçon ; nous sommes arrivés en même temps dans l’entreprise, il y a trois ans ; nous partagions le même bureau. Une fois, nous avions parlé civilisation. Il disait — et en un sens il le croyait vraiment que l’augmentation du flux d’informations à l’intérieur de la société était en soi une bonne chose. Que la liberté n’était rien d’autre que la possibilité d’établir des interconnexions variées entre individus, projets, organismes, services. Le maximum de liberté coïncidait selon lui avec le maximum de choix possibles. En une métaphore empruntée à la mécanique des solides, il appelait ces choix des degrés de liberté.
Nous étions je me souviens assis près de l’unité centrale. La climatisation émettait un léger bourdonnement. Il comparait en quelque sorte la société à un cerveau, et les individus à autant de cellules cérébrales, pour lesquelles il est en effet souhaitable d’établir un maximum d’interconnexions. Mais l’analogie s’arrêtait là. Car c’était un libéral, et il n’était guère partisan de ce qui est si nécessaire dans le cerveau : un projet d’unification.
Sa propre vie, je devais l’apprendre par la suite, était extrêmement fonctionnelle. Il habitait un studio dans le 15e arrondissement. Le chauffage était compris dans les charges. Il ne faisait guère qu’y dormir, car il travaillait en fait beaucoup — et souvent, en dehors des heures de travail, il lisait Micro-Systèmes. Les fameux degrés de liberté se résumaient, en ce qui le concerne, à choisir son dîner par Minitel (il était abonné à ce service, nouveau à l’époque, qui assurait une livraison de plats chauds à une heure extrêmement précise, et dans un délai relativement bref).
Le soir j’aimais à le voir composer son menu, utilisant le Minitel posé sur le coin gauche de son bureau. Je le taquinais sur les messageries roses ; mais en réalité je suis persuadé qu’il était vierge.
En un sens, il était heureux. Il se sentait, à juste titre, acteur de la révolution télématique. Il ressentait réellement chaque montée en puissance du pouvoir informatique, chaque pas en avant vers la mondialisation du réseau, comme une victoire personnelle. Il votait socialiste. Et, curieusement, il adorait Gauguin. »

J’en vois passer des comme ça à la pelle, cravatés et souriants, décisionnaires, impeccables et implacables, la tronche saturée de statistiques, de prévisions, d’analyses, de projets. Des robots à la file qui ne savent guère ce qu’est le silence, le repli, le recentrage, la respiration méditative, la jouissance de la lecture, je veux dire d’une lecture autre que celle du dernier best-seller en cours chié par la machine qu’ils servent sans ciller. Passons, passons, vite, en disant « bonjour », la pointeuse veille.

 

« C’est là un fait unique dans l’Histoire. Les civilisations qui ont précédé celle des Machines ont certainement été elles aussi, à bien des égards, la conséquence d’un certain nombre de transformations morales, sociales ou politiques ; mais d’abord ces transformations s’opéraient très lentement, et comme à l’intérieur d’un certain cadre immuable. L’homme pouvait bénéficier ainsi des expériences ultérieures, même s’il en avait pratiquement oublié les leçons. A chaque nouvelle crise, il retrouvait les réflexes de défense ou d’adaptation qui avaient, en des cas presque semblables, servi à ses aïeux. Lorsque la civilisation nouvelle était à point, l’homme destiné à y vivre était à point lui aussi, on pourrait presque dire qu’il s’était formé avant elle. Au lieu que la Civilisation des Machines a pris l’homme au dépourvu. Elle s’est servie d’un matériel humain qui n’était pas fait pour elle. La tragédie de l’Europe au XIXe siècle et d’abord, sans doute, la tragédie de la France, c’est précisément l’inadaptation de l’homme et du rythme de la vie qui ne se mesure plus au battement de son propre cœur, mais à la rotation vertigineuse des turbines, et qui d’ailleurs s’accélère sans cesse. L’homme du XIXe siècle ne s’est pas adapté à la civilisation des Machines et l’homme du XXe pas davantage. Que m’importe le ricanement des imbéciles ? J’irai plus loin, je dirai que cette adaptation me paraît de moins en moins possible. Car les machines ne s’arrêtent pas de tourner, elles tournent de plus en plus vite e l’homme moderne, même au prix de grimaces e de contorsions effroyables, ne réussit plus à garder l’équilibre. Pour moi, j’estime que l’expérience est faite. — « Quoi ? en un temps si court ? Deux siècles ? » — Oh ! pardon. Lorsqu’au début de quelque traitement un malade présente de fortes réactions qui vont diminuant peu à peu de gravité, il est permis de garder l’espoir d’une accoutumance plus ou moins tardive. Mais si les symptômes, loin de s’atténuer, se font de plus en plus inquiétants, au point de menacer la vie du patient, est-ce que vous trouverez convenable de poursuivre l’expérience, imbéciles ! Vous me répondrez qu’il ne faut pas perdre patience, que tout le mal vient de ce que les machines se sont perfectionnées trop vie pour que l’homme ait eu le temps de devenir meilleur et qu’il s’agit maintenant de combler ce retard. Une machine fait indifféremment le bien ou le mal. A une machine plus parfaite — c’est-à-dire de plus d’efficience — devrait correspondre une humanité plus raisonnable, plus humaine. La civilisation des Machines a-t-elle amélioré l’homme ? Ont-elles rendu l’homme plus humain ? Je pourrais me dispenser de répondre, mais il me semble cependant plus convenable de préciser ma pensée. Les machines n’ont, jusqu’ici du moins, probablement rien changé à la méchanceté foncière des hommes, mais elles ont exercé cette méchanceté, elles leur en ont révélé la puissance et que l’exercice de cette puissance n’avait, pour ainsi dire, pas de bornes. Car les limites qu’on a pu lui donner au cours des siècles sont principalement imaginaires, elles sont moins dans la conscience que dans l’imagination de l’homme. C’est le dégoût qui nous préserve souvent d’aller au delà d’une certaine cruauté — la lassitude, le dégoût, la honte, le fléchissement du système nerveux — et il nous arrive plus souvent que nous le pensons de donner à ce dégoût le nom de la pitié. L’entrainement permet de surmonter ce dégoût. Méfions-nous d’une pitié que Dieu n’a pas bénie, et qui n’est qu’un mouvement des entrailles. Les nerfs de l’homme ont leurs contradictions leurs faiblesses, mais la logique du mal est stricte comme l’Enfer ; le diable est le plus grand des Logiciens — ou peut-être, qui sait ? — la Logique même. Lorsque nous lisions, en 1920, par exemple, l’histoire de la guerre de 1870, nous nous étonnions de l’indignation soulevée alors dans le monde entier par l’inoffensif bombardement de Paris ou de Strasbourg, l’enlèvement des pendules et le fusillement de quelques francs-tireurs. Mais, en 1945, nous pourrions aussi bien sourire des articles enflammés parus trente ans plus tôt sur le bombardement de Reims ou la mort d’Edith Cavell. En 1950… à quoi bon ? Vous resterez bouche bée, imbéciles, devant des destructions encore inconcevables à l’instant où j’écris ces lignes, et vous direz exactement ce que vous dites aujourd’hui, vous lirez dans les journaux les mêmes slogans mis définitivement au point pour les gens de votre sorte, car la dernière catastrophe a comme cristallisé l’imbécile ; l’imbécile n’évoluera plus désormais, voilà ce que je pense ; nous sommes désormais en possession d’une certaine espèce d’imbécile capable de résister à toutes les catastrophes jusqu’à ce que cette malheureuse planète soit volatilisée, elle aussi, par quelque feu mystérieux dont le futur inventeur est probablement un enfant au maillot. »

La France contre les robots – Georges Bernanos

 

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Commentaires

Houellebecq est un grand. Tout dans l'observation en demie teinte. Il laisse deviner. Il n'étale pas une transparence qui est, finalement, très opaque.

Écrit par : Mister Z | 22/02/2009

D’abord , cher Nebo, affreux houellebequien (serbo-fumeur etc etc, Cf Denis.I pour la liste des Epinals et tous lieux communs te concernant) j’écarte d'un geste ample et nonchament l’argument "oh toi Restif, dès qu’un je livre à moins d’un siècle … " (c’est faux. Il y a certains romans de 1920 que j’aime BEAUCOUP !)

Sérieusement, je me permets d’écarter, du moins en ce qui me concerne car elle n’est pas toujours fausse, loin de là, cete opinion sur ces gens -qui n'aiment-pas-Michel-parce-qu'ils-n'aiment-que -e passé, opinions, argument même, que tu défends, oh gentle Nebo, dans ton Pro houellebecqua. J’aime Pierre Michon, Claudes-Louis Combet (tout particulièrement) ou Valère Novarina et qqlq autres qui ne sont pas encore enterrés (Par contre ça fait 15 jours que ce fort correct écrivain et fin connaisseur de la germanité qu'était Marcel Schneider est mort. Peu de bruit pour un tel monsieur...)
Je voudrais d’ailleurs, puisque contemporaneité il y a, citer ces quelques lignes de Michel Waldberg qui, dans son livre "La parole Putanisée" s’est assez longuement arrêté sur Houellou-le grisâtre. Ce qu’il en dit en présentation me semble assez juste :
" Il y a des livres qu’il faudrait ne pas avoir écrit, des vies – littéraires –qu’il faudrait mieux, par élégance ou par calcul, avoir à temps écourtée. Imaginons que Michel Houellebecq ait interrompu sa carrière juste après son premier roman, il en aurait survécu l’image d’un petit maître, un Ter Borch de la littérature contemporaine" J’ajoute que Waldberg a très bien vu les emprunts - de taille ! - fait par Michou à Lautréamont ; je m’en étais également aperçu et suis resté stupéfait à l’époque que personne ne souligne ce plagiat (lorsque Proust pastiche Goncourt dans Le temps retrouvé, il le dit, lui).
Je confesse m’être éloigné de la littérature authentique assez longtemps pour m’enquiller 3 fois chacun les bouquins de Houellebecq jusqu'à la Possibilité d’une île, non compris dans cette triplice qui n’eut rien de trismegiste.

Je passe sur Extension qui est un bon bouquin, pas mal écrit du tout, même s’il me semble qu’on est pas en présence d’un premier livre semblable aux Buddembrok de Mann ou au Portrait de l’artiste en jeune homme de J.J. Il y aurait pourtant de quoi s’arrêter, car ce serait l’occasion d’une réflexion sur ce qui sépare un bon livre d’une œuvre, du commencement d’une oeuvre de génie. Extension était court, et cela fut bon (d’ailleurs avant cela Michel fit paraître un fort correct opus sur Lovecraft, auteur que je vénère depuis mes 12 ans pour l’immensité prodigieuse de ses visions, pour sa capacité à forger un mythe, ce qui n’est assurément pas donné à tous)
Accordons à l’écrivain d’après Extension (roman de souffle assez léger que nous classerons définitivement dans les lectures savoureuses) des points peu discutables : c’est un excellent satiriste, ce qui n’est pas rien. On trouve également des scènes émouvantes : Bruno hurlant « La Mama » dans Les particules (je ne précise pas à quelle occasion pour ne pas déflorer le livre). Enfin donnons lui ces fleurs supplémentaires qu’il mérite amplement : s’étant replongé dans l’écriture réaliste, voire naturaliste, il a su décrire son époque. C’est quelque chose.
Mais à côté de ça… Prenons les Particules. Comme c’est long, comme cette prose délavée s’étire en long chapelets de phrases qui trempent d’ennui le lecteur comme ces petites pluie fades et insistantes qui transpercent les pulls les plus solides. Jamais une grâce de langage, aucune de ces formules qui sont comme une descente d’étoiles, et qui vous marquent à l’âme tel un sceau de feu (ainsi dans Le voyage – encore un premier livre d’une autre taille que le pourtant fort correct Extension - cela qui me marqua dès la première lecture sans que nul ne mele souffle :
"Les vivants qu’on oublie dans les cryptes du temps dorment si bien avec les morts qu’une même ombre les confonds déjà ". Je mets cela pour ne pas citer les trop connus sur l’amour l'infini et les caniches ou les mignons du roi misère). Qui a été tatoué d’un jet de lave à la lecture de Houellebecq ? qui s’est senti étreint par la main de l’absolu littéraire?
Tu parles de Bernanos Nebo… Mais qu’on lise ces lignes des Grands cimetières :
" Compagnon, vieux frères, nous arriverons ensemble, un jour,aux portes du royaume de Dieu. Troupe fourbue, harassée, blanche de la poussière de nos routes, chers visages durs dont je n’ai pas su essuyer la sueur, regards qui ont vu le bien et le mal, remplis leur tâche, assumés la vie et la mort,ô regards qui ne se sont jamais rendus ! (…) Dieu veuille que je ne revois jamais les chemins où j’ai perdu vos traces,à l’heure où l’adolescence étend ses ombres où le suc de la mort, le long des veines, vient se mêler au sang du cœur ! Chemin du pays d’Artois, à l’extrême automne, fauves et odorants comme des bêtes, sentiers pourrissants dans la pluie de novembre, grandes chevauchées des nuages, rumeurs, eaux mortes"
Quelle splendeur, quel don de tout le cœur d’un homme et cela dans une langue qui tutoie les anges ! quel maître. Quelle utilisation artiste de la phrase nominale dans cette dernière période [«chemin du pays d’Artois (...)»]. cette phrase bâtie sur ses pilotis phonétique que lance ce nom propre d’ Artois, ce roulement du « r » qui va cheminer à travers toute la phrase, ce " A " majuscule qui, réveillant l’écho non encore totalement mort d’ "adolescence" s’allonge dans le "au" de "automne" cet « ois » qui ouvre toute la gamme des « o » -AU-tomne, fAUves, OdOrant » etc, etc Il faudrait pouvoir tout noter, mais qu’on la regarde un peu de près, en détail cette splendeur de phrase et tout se verra. ( Oh Bernanos, sorciers des sonorités…ainsi de ce « ã » ( notation du son « an » en phonétique) qui résonne pas moins de 5 fois…) nous avons là un harmoniste de première grandeur, un parfait lapidaire qui sait atténuer comme il le faut des couleurs qui trop vives, révèleraient l’orfèvre incomplet –tel le Huysmans de La Cathédrale qui intoxiqué des dictionnaire s’empêtre dans des préciosité surnuméraires. (Ce n’est pas tout Huysmans évidemment qui succombe aux disgrâces des trop voyantes afféterie, loin de là –il n’est que de lire sa page de Là-bas sur la crucifixion de Grünewald : un pur chef d’oeuvre..)
Mais quelle générosité chez Bernanos! Avec quelle largesse et magnificence l’écrivain prodigue son âme au lecteur dans cette langue si simple dans son lyrisme, si pure dans sa flamboyance. Et si la démence vous vient de les comparer, comme Houellebecq disparaît, c’est l’Homme qui rétrécit ! on ne le retrouve plus ...

Maintenant….ainsi que je le dis sur un autre fil, la littérature est subjectivité. J’ai cité l’exemple de Nicolas d’Ilys fou de Duras (il est vrai que lors de notre discussion nicolas a reconnu que le style n’était rien à ses yeux et ne lui importait nullement. « Ce qui me passionne, c’est la manière dont c’est fait » dit-il. Calvino a fait le portrait de ce type de lecteur dans son "Si par une nuit d’hiver un voyageur...". J’avoue que chez moi c’est tout le contraire. Attention : je rougirais d’écrire que Houellebecq n’a pas de talent. Savoir peindre son époque et être un ironiste-satiriste de première force, ce n’est pas rien,loin de là. Et si j’ai fait triple lecture de ses trois premières œuvres (pas fait exprès d’introduire cette ternarité), c’est bien qu’il y avait là pour moi un irritant problème. Il m’était évident qu’il manquait quelque chose de capital dans cette œuvre, qu’il y manquait pour tout dire ce qui donne la postérité. Dès le début le style m’a paru le suprême talon d’Achille. Mes relectures m’en ont intimement convaincu. Il est bon, oui…comme l’étaient ces écrivains suprêmement oubliés –et c’est parfois vraiment dommage- de la fin du 19ème : Camille Mauclair, Catulle Mendes, Charles Louis Philippe,le Feydeau de Fanny (pas l’homme de théâtre). (quand je disque c’est dommage, je pense notamment à Jean de Tinan dont le "Pense-tu réussir" touche à la grande excellence –on peut le lire grâce à la très heureuse initiative des éditions Bouquins, in « Romans fin de siècle ».Ca vaut le détour et ainsi on se rend compte que le talent – camper un personnage vivant et émouvant, peindre son époque dans les coins etc ne suffit pas à la postérité).
Voilà. Juste une opinion.
« Amour presque physique de l’image. Riche. Pleine. Charnelle. Le mot est avant tout un cri (…) Les mots sont fait pour scintiller de tous leur éclats. Il n’y a pas de limite à leur agencement parce qu’il n’y a pas de limite à la couleur, à la lumière. Il N’y pas de mesure à la mesure des mots. Il ne viendrait à personne l’idée de mettre un frein à la clarté nue de midi en été. Les mots. Silex et diamants. Votre rôle est de fouiller là dedans, à pleine mains (…) pourvu que ça rende le son (... )Louis Calaferte, Septentrion

Écrit par : Restif | 23/02/2009

@ Restif:
Bravo, c'est fort substantiel et très largement argumenté !

Maintenant, les attentes en matière de littérature de chacun de nous peuvent être plus ou moins différentes. Vous appréciez les "formules qui sont comme des descentes d'étoiles" (joli !), fort bien, mais peut-être ne sont-elles pas nécessairement un ingrédient indispensable à la constitution d'une "oeuvre" marquante.

Évidemment, ni vous ni moi ne pouvons raisonnablement supputer du jugement de la "postérité" (à 50 ans, mettons) sur la production de Houellebecq. Et je garde à l'esprit qu'en ayant lu 3 fois ses romans que je me suis contenté de lire 1 fois, vous montrez le sérieux de votre intérêt pour cet auteur et en avez tiré des impressions nécessairement plus étayées que les miennes.

Pour autant, et précisément, vous qui montrez une appréciation réelle du talent de MH, ne me suivrez-vous pas pour formuler l'hypothèse que cette absence de style, cet "anti-style", est au moins partiellement voulu et important dans le dispositif littéraire de Houellebecq ?

Je vous suggère que cette absence quasi totale de "mots", d'emphase, de figures de divers types, telles ces assonances que vous citez en exemple, est destinée à faire encore plus ressortir le fond du propos, à lui donner plus de poids.

Peut-être ce dispositif ne fonctionne-t-il pas bien pour vous, mais il est fort efficace aux yeux de cet autre lecteur que je suis. Il est vrai que je ne suis pas, de mon côté, très sensible par exemple au dernier extrait que vous avez cité : l'auteur (Calaferte, je ne connais pas) me semble se payer de mots, c'est le cas de le dire ; personnellement, ça me donne envie de tourner la page pour en arriver, peut-être aux passages où il donnera quelque chose de plus substantiel et d'un peu moins verbeux.

Le seul "ennui" que j'aie trouvé dans les livres de MH, ce n'est pas celui provoqué par la forme de son écriture, mais bien celui dont personne ne parle mieux que lui, et qui peut avoir teinté l'enfance et la jeunesse d'un enfant des années 50, qui n'en finit plus d'attendre que des promesse entrevues à cette époque de relative sérénité se réalisent.

Un "baby boomer "qui écrit ainsi sur le terreau des années 50-60 ne peut PAS écrire comme un romancier du début du XXe, il ne peut pas se permettre le LUXE de faire du style. Et c'est en tenant sa ligne avec courage face aussi bien à ceux qui le vomissent qu'à ceux qui, comme vous, l'apprécient mais en lui faisant la critique d'une certaine platitude de style que, peut-être, il aura livré, in fine, une "oeuvre".

Moi qui n'ai pas ou très peu accroché au "nouveau roman", je trouve que l'anti-style de Houellebecq colle tout à fait à la modernité actuelle. Et d'ailleurs, peut-être le fond du débat ne porte-t-il pas sur MH mais sur l'atemporalité de certains canons de la littérature ou, au contraire, leur évolutivité.

Maintenant, peut-être qu'une manière pertinente d'interpréter votre critique est de dire que le roman n'est peut-être pas la forme la plus propice à ce que Houellebecq a à livrer (encore que...). Je sors de la lecture de l'échange épistolaire entre lui et BHL et j'ai eu le sentiment d'y lire le plus abouti des textes de MH. Je vous le recommande, vous pourrez très bien sauter toutes les lettres de BHL si ce n'est pas votre tasse de thé (encore que vous louperiez une intéressante évolution de notre chemise-blanche-col-ouvert national, plutôt donneur de leçons au début de l'échange et étonnamment plus profond à la fin, comme touché par la grâce "plate" de MH).

Lionel

Écrit par : Lionel | 23/02/2009

Mouais, le manque de générosité d'un auteur dont parle Restif ne se juge pas à l'absence d'images ou d'allitérations. Une fois encore, la platitude merveilleuse de MH arrive pas mal de temps après l'étranger de Camus... Alors se prosterner devant Michou...

Coller à la modernité, c'ets un peu le problème. Un auteur digne de ce nom ne colle pas à la modernité, à son temps, il s'en détache, tutoie l'éternité le temps qu'une oeuvre. Ce faisant il saisit l'essence de son époque, et même celle à venir. Mais ce n'est pas le but, tout au plus un heureux dégât collatéral.

Pour coller à son époque l'illusion naturaliste a enfanté la sociologie et compagnie. Soral me dit-on fait cela très bien.

Enfin la postérité parlera. Je ne crois pas que MH y tiendra une grande place. Mais après tout elle en a oublié qui ne mérit&aient pas de l'être par le passé...

Écrit par : Tang | 24/02/2009

Très cher Restif on ne peut évidemment pas comparer Houellebecq à "nos chers morts", n'est-ce pas .... mais il me semble qu'on ne puisse pas non plus l'éviter. Je ne suis pas une acharnée de la littérature contemporaine, je préfère de loin le XIXe ou le XVIIe mais j'aime la plume clinique d'un Houellebecq, la noirceur d'un Mc Carthy, la légèreté d'un Sollers, la désinvolture d'un D'Ormesson et les grenades que lancent un Onfray. On ne peut pas se permettre de traverser un siècle sans en goûter les mots, même s'ils sont parfois indigestes.
Parenthèse : ton mail a-t-il changé ? mes mails me reviennent systématiquement ...

Écrit par : Irina | 24/02/2009

Lionel – J’ai lu avec un fort réel intérêt votre commentaire. Et ce n’est pas une formule, vraiment, je vous prie, cordialement, de le croire ! Non seulement vous défendez très intelligemment Michel H, mais de plus vous posez un problème essentiel : « Et d'ailleurs, peut-être le fond du débat ne porte-t-il pas sur MH mais sur l'atemporalité de certains canons de la littérature ou, au contraire, leur évolutivité ». Débat passionnant ! question qui nous emporterait très loin (hélas j’ai peu de temps aujourd’hui mais je n’ai pas voulu rester sans vous répondre).
Ne serait-ce que parce qu’il invite à de telles questions, qu’il anime le débat littéraire comme ce dernier ne l’avait pas été depuis longtemps, M.H etait nécessaire. Puis, le fait qu’on trouve des amoureux de Houellebecq tel Nebo et vous est bien la meilleure preuve qu’il attire des esprits authentiquement amoureux de la littérature. J’en sais aussi d’excellents chez lesquels il génère un rejet –mais n’est-ce pas le cas même d’un Céline ?
Bon. Qu’il y ait évolutivité en littérature, c’est certain –voir la Révolution romantique, l'apparition de Rousseau puis Chateaubriand éclatant dans lescieux empoudrés des perruques classiques qui suçaient l'empeigne de Racine 1 siècle enore après le départ du maître pour les paradis jansénistes ;"sur le Racine mort le Campistron pullule" (Hugo). Mais à l’intérieur de cette évolution, n’y a-t-il pas la constante de la grandeur du style, qu’il prenne la coupe impeccable d’un Mérimée, le foisonnement prométhéen d’un Rabelais où le clavier discret mais sûr (oh combien !) d’un Benjamin Constant? Rubicond comme Claudel où féerique comme Nerval, le style varie sans cesse…et pourtant se reconnaît comme style…

La question du style est donc bien au cœur de ma critique –de mon questionnement serait plus exact. M.H lui-même a reconnu qu’il trouvait pâteux et ennuyeux les pages « scientifiques » des Particules (par contre il aime beaucoup La possibilité… qu’il me faudra bien lire). Ce que vous me dite de son livre de correspondance m’incite fortement à le lire (et je ne sauterai pas BHL j’aime ces dialogues que sont les correspondances, et il faut entendre les deux voix). En effet ainsi que je l’ai écrit j’ai beaucoup aimé son Lovecraft,et on m’a dit le plus grand bien –des personnes que les romans touchent moins- de certains recueils d’essais qu’il fit. Je compte lire tout cela. Il est évident que n’étant ni sibylle ni augure j’ignore le sort que la postérité réserve à M.H (je dirai plutôt un siècle après que 50. 50 c’est encore un peu jeune ! On peut soit rester présent parce que la génération qui s’est reconnue en vous est encore là qui vous défend, soit connaître une éclipse injuste que le temps réparera.) En tout cas Michel.H a réveillé une littérature qui dormait et c’est quelque chose. Comme vous lionel, le nouveau roman m’a déplu, bien que je reconnaisse à Robbe-Grillet d’indéniables qualités d’écrivains. Mais l’ennui ! Et La Modification… Ce fut un ratage, et un ratage infécond (tous ne le sont pas). Il me semble que Houellebecq peut donner naissance, par contrepoint, opposition ou élargissement, à un écrivain de large taille. Il servira aussi d’alibi à bien des médiocres, mais ça…
L’important au fond, c’est que les textes nous fassent vibrer et surtout réagir. Même si je continue de penser que l’absence de musicalité, de tout lyrisme(présent même dans l’Education), que cet aplatissement de l’écriture est LA grande carence de Houellebecq.
Maintenant … si le fond (si intéressant) si le fond ne pouvait être obtenu QUE par cette forme ???
(n’est-ce pas au fond ce que vous me dites Lionel ?)
Voilà une question qui ouvre sur des gouffres, voici un redoutable Sphinx qui s’en vient le long de cette Thèbes numérique et je préfère m'enfuir !

Écrit par : Restif | 24/02/2009

très jolie réponse Irina.

"On ne peut pas se permettre de traverser un siècle sans en goûter les mots, même s'ils sont parfois indigestes."

J'ai toujours du mal à suivre Nebo sur Sollers ou Onfray, et voilà la compagne de Nebo qui les cite aussi. J'imagine que vous êtes néanmoins critiques sur ces deux oiseaux-là, car ils ont fait aussi et écrit n'importe quoi. Mais ces n'importe quoi ne m'incitent pas à les lire.

Houellebecq, franchement, Restif, c'est plus que bon. Tang y va aussi de ses états d'âme, mais bon sang, donnez-nous votre liste d'écrivains inconnus qui comptent.Allez hop,la liste complète, avec les titres des oeuvres à lire qu'on s'y retrouve un peu.

Nebo, rassurez vos camarades de jeu.Vous devez bien avoir vous aussi quelques livres d'écrivains passés à la trape que personne ne connaît ou si peu de monde. Votre liste aussi est la bienvenue.

Ne m'en demandez pas une, je suis une bille. Par exemple j'aime beaucoup Dantec et Houellebecq et même Beigbeder. J'ai lu Catherine Millet que j'ai pas trouvée inintéressante dans son bouquin de cul d'il y a une dizaine d'années alors que toute la réacosphère la flingue. j'ai bouquiné Ernst Jünger que j'ai adoré. j'ai tâté de BHL pour réaliser très rapidement qu'il se moquait de nous. Murray est une obligation, un incontournable (je parle pour moi). Pourquoi Irina aimez-vous Onfray et Sollers ? Irina ou Nebo, répondra qui pourra.

Écrit par : Philoxène | 24/02/2009

Ps Irina : ton com est apparu tandis que je rédigeais le mien... Oui, mon mail a changé et je comptais précisément t'en prévenir aujourd'hui (avec qqlq autres personnes, j'avoue!) et puis voilà que G-mail que m'a conseillé un individu des plus douteux (un lecteur de Béraud! un certain T***. mais je sais être discret) voilà que ce g-mail qu'IL (l'ignoble!) m'a pratiquement installé fait des siennes. Dès que réparé, je te donne ma nouvelle adresse. toutes mes excuses.
Tu as milles fois raison de goûter des contemporains que tu aimes. Et mes critiques sont d'une subjectivité reconnue, elle n'ont aucunement le caractère d'une vérité révélée. Par contre... attention ; comme je l'ai dit, ECRIT, il y a bien des contemporains que j'aime. Je ne vais pas redonner leurs noms encore une fois! C'est noté plus haut...
J'en profite pour dire à Lionel une chose oubliée : Calaferte que j'ai cité est précisément un contemporain (mort en 1994). C'est un lyrique à hautes doses. Je trouve ce qu'il écrit superbe. Mais il est vrai je suis de ceux qui aiment le Céline de Normance, de Féerie pour une autre fois... si je compare avec des morts, c’est tout simplement parce que le temps à distillé sa vérité –bonne ou mauvaise, je vais y venir. Mais quand j’ai fait ma « critique » de Houéllou, j’ai pris la peine de la commencer en donnant des noms de contemporains que j’aime sans les restrictions que j'établie pour M.H (restrictions qui peuvent varier voire disparaître selon les oeuvres de l'écrivain), il est donc injuste de me parler des « chers morts » pour le coup !
Pour Sollers je me tairais. Femme m'a dégoûté : la métrique et jusqu'aux tics de langage sont totalement pompés sur Céline. Ce n'est plus de l'hommage mais du démarquage. Il ne faut avoir aucune fierté de créateur pour reprendre à ce point un auteur qui vous dépasse à ce point. Enfin ,c'est de l'Ikéa à côté de Boule. On peut apprécier ses textes critiques -ce n'est pas mon cas(par contre il est doué pour l'art épineux de la citation). Ceci dit, s'il est une chose que m'ont appris mes fréquentations des Journaux et des correspondances, c'est que personne ne lit que du pur nectar. Et que certains correspondent à une époque comme un calque sur le visage de leur temps, qui perdent tout charme ensuite. Ils s'éventent. d'Urfé fut le plus lu du 17ème, qu'en reste-t-il? Bourget eut infiniment plus de succès que Huysmans ou Villier, plus personne ne s'empêtre dans sa prose bitumineuse. Et Alphonse Daudet! Les plus gros tirages de son temps! A part les Lettres de mon moulin, qui le lit? Combien se plongent dans L'Immortel ou Le Nabab? (pas une grosse perte d'ailleurs). Dans l'autre sens, qui plonge dans ce chef d'oeuvre des Goncourt, Manette Salomon ? Un très grand livre, autre chose que le Zola de l'Oeuvre (Michel Crouzet en à donné une excellente édition en Folio classique, ça vaut vraiment le coup.) On oublie que les Goncourt étaient regardés par des Maupassant des Huysmans comme des maîtres égaux à Flaubert. Ils ont irrigué leur siècle qui leur doit énormément : le roman sur documents humains, c'est eux bien avant Zola. L'intérêt pour le 18ème, pour son histoire, sa peinture -Fragonard, Watteau -c'est encore eux, plus personne ne s'y intéressait. Enfin la folie de l'esthétique japonaise qui a littéralement ravagé la seconde partie du 19ème, c'est encore eux. Et personne ou presque ne les lit... Ce sont pourtant de grands écrivains, et à côté des romans tel M.Salomon ou Mm Gervaisais il y a le Journal...toute la partie écrite à deux est un chef d'oeuvre. Avec, du seul Edmond, le récit de la mort de jules, déchirant. De plus on leur doit un nouveau rapport à l'écriture. Mais je me tais! Ma maudite prolixité sera ma chute!!!

Écrit par : Restif | 24/02/2009

" Mon propos n’est pas de vous enchanter par de subtiles notations psychologiques. Je n’ambitionne pas de vous arracher des applaudissements par ma finesse et mon humour. Il est des auteurs qui font servir leur talent à la description délicate de différents états d’âme, traits de caractères, etc. On ne me comptera pas parmi ceux-là. Toute cette accumulation de détails réalistes, censés camper des personnages nettement différenciés, m’est toujours apparue, je m’excuse de le dire, comme pure foutaise. Daniel qui est l’ami d’Hervé, mais qui éprouve certaines réticences à l’égard de Gérard. Le fantasme de Paul qui s’incarne en Virginie, le voyage à Venise de ma cousine… on y passerait des heures. Autant observer les homards qui se marchent dessus dans un bocal (il suffit, pour cela, d’aller dans un restaurant de poissons). Du reste, je fréquente peu les êtres humains.
Pour atteindre le but, autrement philosophique, que je me suppose, il me faudra au contraire élaguer. Simplifier. Détruire un par un une foule de détails. J’y serai d’ailleurs aidé par le simple jeu du mouvement historique. Sous nos yeux, le monde s’uniformise ; les moyens de télécommunication progressent ; l’intérieur des appartements s’enrichit de nouveaux équipements. Les relations humaines deviennent progressivement impossibles, ce qui réduit d’autant la quantité d’anecdotes dont se compose une vie. Et peu à peu le visage de la mort apparaît, dans toute sa splendeur. Le troisième millénaire s’annonce bien."

C'est tout ce qu'il y a à dire sur le style de Houellebecq, messieurs dames, et ce passage est cité dans un autre article par "le tôlier des lieux qui aime les femmes". C'est totalement calculé de sa part à Houellebecq et ce style plat et déterminé dans sa platitude colle parfaitement à notre époque qui est également déterminée dans sa platitude.

Je ne pense pas que Houellebecq soit un humaniste comme vous le dites Lionel. Plutôt un cynique qui a encore un peu d'humanité dans son regard de chien. C'est un reproche qu'on peut lui faire sur le plan d'une certaine éthique sociale, mais qui est tout de même intéressante sur le plan de l'écriture.

Écrit par : Sarde | 24/02/2009

@ Philoxène : j'ai donné 4 noms de contemporains : Claudes Louis Combet, Valère Novarina, Pierre Michon, et Louis Calaferte. Je n'indique pas d'oeuvres, je crois à la providence des rencontres. Je pourrai donner d'autre noms : Maulpoix, Jean Yves Masson, d'autres que j'estime ne pas connaître suffisamment. Et j'ai également lu 1 Begbeider, que je trouve fort mauvais. Et Djian, pareil. Très tôt j'achetais par moi-même sans nullement me soucier de savoir si l'écrivain acquis était connu,bien vu ou quelle étaity sa réputation, je l'ignorais. J'achetais ce qui était pour moi de parfaits inconnus dont les premières pages me happaient -c'est ainsi que j'achetais Malcolm Lowry,T.Mann, Boulgakov,etc., rejetant le reste dans mes feuilletages de librairie. Je me suis ainsi formé, seul,il se peut que cela m'ait donné des goûts d'une certaine hauteur. )

(Pourquoi exigez-vous des "inconnus" ??? Houllebecq n'est pas un inconnu. Etnormalement Combet non plus. Enfin de toute façon, quand je compare la réponse de Laurent, si fine, touchant aux questions les plus passsionnates et les plus profondes et votre désinvolture autoritaire ["donne" moi les titres ! j'exige: et que ça saute" -pasmon ton ça,pas mes habitudes]! oui, bein quand je compare j'avoue que je n'aiguère ennvie de discuter longtemps avec vous. Ceci dit sans agresivité.

Écrit par : Restif | 24/02/2009

Développons un peu s'agissant de MH, dans ce que j'ai lu de lui je n'ai jamais ressenti la brûlure de son amour (amour d"chiré). Je ne dis pas qu'il ne l'est pas, mais que ca n'est pas sorti sur le papier. Cela peut se faire sans sombrer dans le lyrisme échevelé...

Et puis c'est un ami justicier qui m'a fait remarquer la chose, le style plat, la platitude glacée du témoin on trouve ça chez Camus et son étranger depuis 42... Merde on va pas faire d'extension une révolution quand même!

Plus sûrement, je ne suis pas un critique, n'ai pas le 10ème d'érudition nécessaire. Les tripes parlent, j'aimerai qu'il y ait un au delà de Houellebecq en littérature dans les 20 prochaines années.

Écrit par : Tang | 24/02/2009

@Lionel : je vous demanderai en grâce de ne prendre en compte que la réponse àvotre com, réponse que j'ai tenté de faire la moins mauvaise possible dans le peu de tempsque j'avais. Le reste n'est que secondaire et touche même pour certains points non à la bonne polémique-discussion fertilisante mais au néant.
Faut-il m'avoir mal lu pour me parler comme si je n'avais dit QUE du mal de Houllebecq, là où je reconnais en lui un ironiste-satiriste de premier plan etc quand je pose moi-même une question qui peut saper nombre de mes reserves! (" si le fond ne pouvait être obtenu QUE par cette forme ??? "). Non,vraiment, on est pas lu (et je passe sur les arguments que vous avez eu labonté de me reconnaître). Autant ce que vous me dites me donne l'envie d'aller y voir et encore revoir de près, autant quand on ne me lit pas et qu'on écrit comme si j'avais vitriolé l'auteur...on est dans l'inutile. Les thuriféraires de Houellebecq sont ses pires ennemis si pour eux la moindre réserve équivalent à une descente en flammes. Faudra-t-il désormais écrire Shakesperare, Dante Tolstoi et Houellebcq pour les contenter? C'est parfaitement ridicule. En tous cas, ne tenez compte que de ma réponse à votre com!

A parte : Cette question du style, ce n'est certainement pas quelques lignes de l'auteur qui la trancheront. Il n'est nullement le maître de la réception de son oeuvre, et si on en croyait là dessus les écrivains ils seraient tous panthéonisés... (les plus médiocres ont de superbes principes d'écritures et des poétiques à faire chavirer...)

Ps2 Irina - il est fort difficile de séparer des voix auxquelles on répond même indirectement, surtout quand ces voix, si différentes de fond et de forme, semblent tenir sur un sujet un langage commun (bien qu'en vérité il ne soit pas si commun que ça). Le ton change tout, en certaines occasions. Je ne voudrais surtout pas que tu prennes certaines tonalités de mon com' comme s'apparentant le moins du monde à une attaque contre toi. D'ailleurs je ne suis pas beaucoup plus agressif envers Philoxène -simplement j'estimer qu'on m'a assez mal lu, puisque somme toute j'ai quand même rendu bonne part de justice à Houellebcq. Croyez bien que si j'ai lu 3 fois chacun de ses romans jusqu'à La possibilité..., c'est bien parce que l'auteur à quelque chose qui m'intéresse, parce je veux être juste , à mes propres yeux d'abord et avant tout.
@Tang : Toi, le justicier (ce qui ne m'étonne pas d'un tel lecteur et d'un tel amoureux de l'absolu littéraire) et moi-même avons même réception et regard proche sur M.H. Cela vient peut-être de ce que le style est pour nous LA pourpre royal, et qu'une poétique qui se veut a-stylique (sij'ose dire) se destine à l'oublie. Pour nous.

Écrit par : Restif | 24/02/2009

Restif, soyez "rassuré", j'accepte toute sorte de remarque, en particulier venant de qqun qui a un bagage littéraire comme le vôtre ; je me sens toute petite ...

Écrit par : Irina | 24/02/2009

Après plusieurs tentatives pour envoyer mes posts, je réessaye à nouveau (Nebo, corrige le tir si tu peux car je risque de poster plusieurs fois la même chose)
Pour Tang, à nouveau :
Camus, Houellebecq, je vois ce dont tu parles Tang mais, et là c’est la musicienne qui parle, tu sais, quand tu écoutes des passages de King Arthur de Purcell, certains chœurs font furieusement penser à Mozart qui naîtra un siècle plus tard, et pourtant, je ne pense pas que Mozart ai copié Purcell. L’Histoire, et l’art en particulier est fait de ponts à travers le temps, c’est comme ça, certains sont des précurseurs, d’autres des visionnaires et il est réellement impossible de ne pas établir de relation entre un tel et un tel. Certaines fulgurances musicales sont apparues au XIVe siècle pour ne réellement être revisitées qu’au XVIe ou XVIIe. Tout est lié, qu’on le veuille ou non, et si je suis parfois la première à déplorer la misère artistique de ce siècle, j’ai tord car ce siècle est et sera un pont pour d’autres artistes et évènements à venir.

Écrit par : Irina | 24/02/2009

A Tang et Philoxène, il semble que mes deux posts ne soient pas passés : je vous les adresse dès ce soir avec l'aide du maître de ces lieux.

Écrit par : Irina | 24/02/2009

@restif: le justicier dont je parlais là est un ami de Rouen, pas Solko (qui cependant partage nos vues sur MH, il en fut question chez moi il y a un certain temps). Cet ami rouennais, Fred est moins critique que nous envers MH, lui ne cherche pas l'absolu, plus l'honnêteté, la justesse (il aime Duras pour son absence d'effet par exemple)
Cela dit, ce quiproquo mis de côté je pense comme toi du justicier lyonnais, il ne saurait se contenter de MH, et d'ailleurs personne ici ne s'en contente absolument, tout ensute est question de mesure - je ne suis pas un être de mesure je le reconnais platement)

@Irina: bonjour à vous,
Merci de votre attention. Hum oui bien sûr, ce que vous dites est très vrai. Cependant ce qui m'agace c'ets la tendance à faire comme si MH avait tout inventé, ce qui est faux. Je ne parle pas de son propre positionnement vis à vis de ce mythe car je n'en sais rien.

J'aimerai quitter ce monde en ayant vu naître des oeuvres plus nourissantes, plus vivaces qu'Extension... Quels qu'en seront les auteurs. C'est un aveu assez impudique mais bon ici je le fais sans trop m'en soucier.

Bonne soirée à tous.

Écrit par : Tang | 24/02/2009

Peu importe cette tendance, le style de Houellebecq est le reflet de notre époque : plat, inodore et qui ne suscite aucun désir et en disant cela je ne suis nullement négative, au contraire. Son détachement au monde (tout en étant une partie intégrante de ce monde) et à lui-même me plaît ; ceci dit, qque chose est touchant chez cet homme : il s'évertue, s'épuise même sans doute à rendre son personnage antipathique ou peut-être même qu'il se fiche d'ailleurs d'être aimé ou non mais, oh surprise ! il aime l'Homme, preuve en a été faite dans La Possibilité d'une île et d’une façon très douce, comme s’il voulait le chuchoter, comme une déclaration d’amour timide et fragile.

Écrit par : Irina | 24/02/2009

@Irina- il n'y a vraiment pas à se sentir petit. Il suffit de sentir et d'aimer vraiment un auteur pour en savoir plus, au moins sur lui, sur lel livre qu'on vient de lire, que n'importe quel gros lecteur. Pour moi ce que je retire de tout cet échange, c'est que M.H a des lecteurs intéressants. Or un écrivain, n'est ce pas, c'est quand même beaucoup ses lecteurs! Il vit par eux, à travers eux. Moi, après, je ne peux que savoir que de telles voix le soutiennent (tel celle d'un Lionel aussi). Après comme le dit celui-ci précisément, nous avons des attentes différentes, nous avons vécu des histoires différentes aussi. Toutes choses qui font que je ne donne à mon opinion -mesurée- d'autre statut que celle d'avis perso. Mais il m'aurait été infiniment déplaisant de t'être désagréable! Et ça, ça compte plus pour moi qu'une discussion sur un écrivain.
PS Je vais devoir résister aux tentations de l'aimable discussion.Je prends du retard sur mon boulot.
@Tang, au bonheur de voir Gmail remarcher. Pour mon adresse à donner zaussi...

Écrit par : Restif | 24/02/2009

Onfray et Sollers sont des rencontres très particulières me concernant et c’est qque chose de très personnel qui me lie à eux deux. Ceci dit, j’ai de nombreux désaccords avec le sieur Onfray qui a d’ailleurs eu la gentillesse de répondre à certaines de mes remarques, par mail en l’occurrence. Cet homme me fascine par l’étendue de son savoir mais aussi par la somme « gargantuesque » de ses ouvrages. Quoi qu’il écrive, et même si mon désaccord persiste sur certains points, il y a toujours des chapitres entiers qui sont de réels bijoux et je peux dire que je suis une quasi inconditionnelle.
Quant à Sollers, je n’attends pas en trépignant la date de sa prochaine parution, je suis plutôt une « picoreuse » le concernant mais un de ses livres m’est très cher, pour des raisons qui me sont, encore une fois très personnelles, et rien que pour ce livre, j’ai, comment dirai-je, de l’affection pour ce monsieur. Et puis un homme qui aime à ce point Mozart ne peut que me plaire …
Muray, évidemment, je n’en n’ai pas parlé mais lui aussi est une plume incontournable de ces 20 dernières années, son « homo festivus » est et restera d’actualité encore bien longtemps. Paix à son âme.
Pour toi, qui semble lui être très attaché, une chronique publiée par Michel Desgranges, ancien PDG des Belles Lettres :
http://www.lesbelleslettres.com/info/?fa=text84

Écrit par : Irina | 24/02/2009

Eh bien, quel florilège de réactions toutes intéressantes, qui se répondent et se complémentent ! Restif a bien résumé l'affaire pour mon compte aussi en faisant remarquer que Michel Houellebecq avait des lecteurs divers mais avec qui il fait bon discuter.

J'aimerais faire un peu écho à un certain nombre de vos considérations pertinentes mais me voit contraint de différer un peu la concrétisation de cette intention. J'essaye d'y revenir vite avant que nous soyons passés à autre chose.

L.

Écrit par : Lionel | 25/02/2009

Le style, le lyrisme, la science des mots. Certes. Il y a là de quoi nous diluer pendant des heures, des jours... toute une vie, même.

Mes plus beaux instants de communion, avec quoi ? avec qui ? je ne sais, je les ai connu dans le giron ouvert de l'écriture et de la lecture, dans l'ordre que vous voulez. Certes, j'ai pleuré pour la naissance de mes enfants... puis je les ai vu grandir et, déjà, m'échapper. Mais les larmes qui me furent données, ô pas nécessairement des larmes de douleur, mais bien souvent des larmes de joies, par "Aurelia" (Nerval), "Combat avec le démon" (Zweig), "Nietzsche" (Daniel Halévy)... récemment "Journal d'un curé de Campagne" (Bernanos)... en écrivant sur le vif, du travail, pendant ma pause, j'en oubli probablement. Je n'ai pas eu la gorge nouée en lisant "Extension du domaine de la lutte", mais j'ai jubilé devant la conscience qu'a le narateur de son propre désarroi. Je ne connais pas les parcours respectifs de tout un chacun, mais ma vie professionnelle, sinistre et sans envergure me fait croiser tous les jours les personnages que Houellebecq décrit dans son livre avec une saisissante MISE EN PERSPECTIVE ENTRE LES LIGNES. Il laisse deviner les choses. Il se rend, finalement, très accessible, en reposant tout ce qu'il dit sur l'expérience propre du lecteur. Mais il le fait avec un style froid, clinique, sous la lumière blafarde d'un couloir d'hôpital ou d'une surface marchande à la Conforama ou IKEA... vous voyez le topo ?, comme quand il va choisir son lit et nous explique que c'est un investissement important, "l'investissement d'une vie". Non, sans blaguer, il est loin d'avoir foiré sa réflexion... car c'est à ce genre de réflexions que tiennent les vies de tous les homos festivus qui peuplent notre doux occident consumériste.

Je ne suis pas d'accord avec l'ami Tang, quant au style froid de Houellebecq... à cause de l'existence précédente de CAMUS. Parce que Camus cherche une sortie, une issue de secours et que son style comporte encore de cette chaleur humaine. Les personnages de Camus, on sent leur haleine. Camus était un méditerrannéen, son sol natal était l'Algérie. Son style lui-même cherche à s'accoucher hors l'absurde existence, à donner figure humaine au milieu de la glaciation des âmes qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, semblent donner des signes d'accélération de perte de repères. Tout devient, là encore, glacial comme une machine, vindicatif comme une "Peste", et les acteurs (ou les simples figurants) semblent tous être "possédés". Camus écrit son Sisyphe ou son "homme révolté" pour trouver une échapatoire... hors la trame sanglante... hors même l'engagement, bien qu'il s'engage. Houellebecq estime d'entrée de jeu qu'il n'y a pas d'issu, que la décadence est irréversible, il l'indique bien dans son dialogue avec BHL pour se distinguer des réactionnaires parmi lesquels on le place un peu rapidement. Ses personnages respirent à peine. Ils vivotent. Ils tiennent le coup. S'enivrent platement car rien ne vaut la peine de rien. C'est de l'existentialisme totalement désabusé, sans nerfs, sans la moindre foi... sans engagement stalinien. Sartre lui aurait reproché ce que toute la gauche lui reproche : de ne croire aucunement aux idéaux progressistes. Mais quand on a lu Sartre, on se demande si lui-même y croyait, et si son engagement n'était pas une vessie qu'il se faisait un mal fou d'honnorer pour ne pas trop devenir fou. Un peu comme certains croient en Dieu juste pour tenir le coup et espérer "qu'il y a quelque chose", histoire de ne pas trop boiter. Bon, ça lui a fait traîter Camus de "Salaud" ou de "Chien", je ne sais plus, mais je retiens du môssieur, tout de même, "Roquentin" de "La Nausée"... avec en exergue, ne l'oublions pas, pas moins que Céline.

Houellebecq, j'ai le sentiment parfois que c'est la mise en littérature des pensées de Cioran. Sauf que Houellebecq, au moins, aime son chien. Alors que Cioran... malgré son air espiègle, son oeil malicieux, et son sourire balkanique, on se demande qui il pouvait bien aimer.

Je ne lis pas Houellebecq pour son style. Bien que je comprends très bien que son style participe à l'attraction qu'il exerce sur moi... comme le résultat d'un processus plus général d'effritement qui fait que l'on ne peux plus exprimer les choses avec la même langue que celle d'un Malraux, d'un Chardonne, d'un Drieu, d'un Montherlant. Car l'accélération efficiente à laquelle nous sommes confrontés ne peux plus se dire avec la verve confiante des futuristes qui y croyaient, eux aussi, aux lendemains qui chantent. Bon, j'ai relu également, y'a pas longtemps, quelques vers, de ci de là, de Maïakovski, et "le nuage en pantalon", moi j'arrive à y croire... mais le temps de ma brève lecture seulement.

En peinture il y a Titien, Vinci, David... mais il y a Pollock aussi et Mathieu et Staël. Picasso, bien-sûr. Eh quoi ! J'ai pleuré aussi en regardant les tableaux de Van Gogh (lire et relire le livre que lui a consacré A. Artaud)... mais Mathieu m'a subjugué avec son "abstractionnisme lyrique"... et c'est un Royaliste convaincu qui peut parler aussi physique quantique et art de l'éducation. En littérature, c'est pareil. On a toujours des préférences. Mais il faut tenir compte de ce que l'époque accouche, même si esthétiquement cela ne nous parle pas (le Style), il faut mesurer le pour et le contre de ce qui a été écrit ou non au stylet, si je puis dire, pour être gravé, non dans le marbre, mais la chair des coeurs. Beigbedder, par exemple, n'a pas écrit au stylet, c'est sûr... mais il a de bons sujets... qu'il exploite comme le teuffeur qu'il est. C'est un lecteur conséquent pourtant. Il sait. Il devine. Mais il devrait s'enfermer à triple tour et se mettre au boulot. Après on verra. Cependant ses lectures sont agréables dans le métro... ou les toilettes : ça fait passer le temps... et quand par ailleurs on a d'autres expériences littéraires, c'est sans danger.

Sollers ? Je ne vais pas m'étendre là-dessus pendant des lignes et des lignes, n'est-ce pas ?, j'ai lu, comme ma douce Irina, des livres de lui qui sont tombés à pic. C'est perso aussi. Et je préfère de loin me farcir un Roman de Sollers dont la légèreté de ton et les sujets abordés vont m'égayer et me rassénérer, que de me pencher sur les coulisses de l'édition qu'il est sensé intriguer comme un Casanova de pacotilles. Je m'en fous ! Par contre c'est un fin lecteur, Restif, franchement. Ce n'est pas un universitaire, mais il parle des auteurs qu'il aime avec une fraîcheur claire, qui donne envie, qui soulève.

Philoxène... ou Sarde... je ne sais plus... voici trois livres d'auteurs inconnus qui ont compté pour moi :
-L'épi-monstre, de GENKA
-Le dernier Océan, de Michel Rachline
-L'orgueil des fous, de Jean-Paul Bourre.

Écrit par : Nebo | 25/02/2009

Je confirme : Le dernier Océan et l'Orgueil des fous sont deux livres magnifiques.
Quant à L'épi-monstre, oui, je sais Nebo, je dois le lire !

Écrit par : Irina | 25/02/2009

Ah mais Nebo quand j'écris que Sollers maîtrise oh combien difficile de la citation, je lui reconnais de pouvoir être un fin lecteur. Ceci dit, son Experience des limites n'est pas seulement écrit dans un jargon qui se voudrait est passablement mauvais. qui a parlé d'universitaires? Certainement pas moi, ils n’ont rien à faire dans ce débat qui parle de littérature non de recherches sur la littérature. Un des meilleurs livre que je connaisse c'est le En lisant,en écrivant de Gracq. Le journal de Gombrowicz est tissé des ses lectures,de critiques exquises d’inteligence. Il y a aussi ce qu'a écrit Kleber Haedens, même si je suis loin de partager toutes ses convictions. Et le merveilleux Certificat d'Etudes de Blondin! Rien à voir avec l'université dans tout ça qui sont mes préférés avec qql autres, et qui sont livres autrement torchés que la critique de Sollers - à mes yeux. (D'ailleurs Sollers sur ses contemporains...vous l'entendez chanter des gens non lus mis à part sa coterie style Meyronnis? Quels risques prend-t-il? En tous cas il déclara hautement ne pas aimer le pourtant superbe "côte sauvage" de Huguenin lors de sa sortie -voir le Journal de ce dernier- et ce jour là il s'est bien planté. De toutes façons Sollers ne chante que les indiscutables alors... Et je le redis: il y a des contemporains qui sont de superbes stylistes : Michon, Combet, Calaferte. Jouhandeau est mort, quoi , En 76. Michel Leiris est un contemporain mort il y a très peu dont l'Age d'homme est assez extraordinaire. Et Hardellet donc… Maulpoix dans ses essais sur la Voix orphique n'est pas mal non plus! que diantre j'en ai cité des contemporains! Et je redis qu'ils sont d'un autre style. Lire 3 pages du Mythe autobiographique de Combet et ça claque évident. Dans les plus connus il y aussi notre Claude Simon, qui est un sacré styliste. Pour Sollers essayiste Pierre Jourde dans sa Littérature à l’estomac a brossé un portrait qui m’a comblé tant j’y reconnaissais mes idées (on trouve toujours l’auteur très bon dans ces cas là !)

Evidemment je ne crois pas que Combet soit beaucoup lu -par contre ceux que j'ai rencontré qui l'aimaient étaient de merveilleux lecteurs. Pour le coup il faut revenir au passé pour se souvenir qu'un Alphonse Daudet fut aussi lu et reconnu que Houellebecq à son époque, quand personne ne lisait Jarry ou Gourmont. Pas plus Léautaud qui a côté du Journal nous a donné l'extraordinaire In Memoriam (pour Jarry quand je dis personne c'est 50 exemplaires brochés de Vie t opinions du Dr Faustroll pataphysicien. Et Nietzsche? Les éditions de l'antéchrist...Même Rosset est plus lu que Nietzsche ne le fut. Pourtant Taine le reconnu).

Mais je crois surtout au pouvoir des polémiques de nous donner envie de lire. Ainsi si l’occasion se présente ne raterai-je pas l’occasion de lire des essais de Sollers que j’ignore. Je n’ai d’autre vérité que subjective. Si certains textes de tel ou tel auteur m’étaient tombé dans les mains à tel âge, tel moment donné, ma vision aurait changé (c’est ainsi qu dans L’année du tigre de Sollers que je trouve peu brillant les pages sur Claudel et particulièrement le choix des citations me fut un plaisir d’importance). Il est bon de retrouver l’esprit d’un groupe comme celui qui gravitait autour d’Opéra. Un Léautaud prenait Atraud et Michaud pour des fous ou des bluffeurs…Il est donc impératif qu’il y ait diversité de lecteurs et de lectures. On n'égalisera pas les réceptions (1), et c'est très bien comme ça!
(1) j'entends évidemment réception des textes. chacun reçoit à travers ce qu'il est, et on sait combien sont infibiment variées et différentes les experiences qui nous forment. Et les caractères donc. A la limite, tout texte est toujours dé-historicisé de la lecture de l'autre dès qu'on en parle...on y substitue la sienne.
D'où ce plaisir parfois poivré des débats. Mais entre gens de bonne compagnie il n'y pas grand danger.

Écrit par : Restif | 25/02/2009

Ps pas lu l'Epi-monstre non plus Irina! Par contre deux textes de Bourre dont l'un sur les vampires, assez hallucinants je reconnais.Du romantisme noir; baroque et démence, du flamboyant et du nocturne ...C'est un opéra possédé qui vaut le détour (on oublie les étrangers : je connais un Moscou-sur vodka de Erofieev-mort en 72 je crois - qui est un chef d'oeuvre. Ily aussi Les hauteurs béantes de Zonoviev. 77 me semble-t-il. A vérifier).

Écrit par : Restif | 25/02/2009

Peut-être Nebo Houellebecq dit-il des choses que je ne veux pas entendre... Peut-être aussi ne les dit-il pas comme j'accepterai sans peine de les entendre...
Il faut beaucoup pardonner à ma jeunesse. J'aurais je le pense le temps de tempérer un peu non mes ardeurs mais le tranchant vaniteux de mes jugements...

Ce qui est sûr c'est que Houellebecq divise et c'est déjà une très bonne chose. Des gens que j'apprécie le lisent avec intérêt, beaucoup d'autres et de mes amis n'y trouvent pas leur compte... J'accorde donc sans état d'âme tripes et amitié... Houellebecq au reste s'en relèvera sans peine...

A bientôt...

Écrit par : tanguy | 27/02/2009

@Restif

Léautaud est un peu comme Léon Daudet: on les apprécie pleinement quand on comprend qu'ils avaient une part de connerie et de mauvaise foi soigneusement cultivés.

Enfin Léautaud, on parle bien du même? Celui qui a été sauvé de l'oubli par son très grand ami et biographe Pierre Perret?

Écrit par : XP | 28/02/2009

@XP Oui, oui, on parle bien du même - Le type qui effectivement,a été révélé par Perret (quelle gentillesse chez Pierrot-le-tendresse quand même!. C'est dingue comme Léautaud en parle; à chaque page du Journal cette belle amitié transparait! quel dommage -oh que quel!- que d'infâme droitards aient justement fait sauter CES PAGES LA! Ah les salauds!)

Mauvaise foi réjouissante ET connerie assumée chez nos deux héros, oui. Sur les chrétiens, par ex, Léautaud reconnais "je suis plein de préjugés". C'est autrement plus fort que Val qui se prend pour Spinoza -en mieux.

Écrit par : Restif | 28/02/2009

ah vous z'êtes pas "cools" de vous moquer ainsi du créateur de la p'tite "lilly", ce grand pouêt pouêt.

dites, savez pourquoi le blog de la jolie Millie n'est plus accessible?

Écrit par : philoxène | 02/03/2009

Le cerveau des femmes est un labyrinthe, Philoxène.

Écrit par : Nebo | 03/03/2009

Zavez vu ? j'ai fait votre pub chez ilys. L'excellence a le droit de cité.

Écrit par : Dindon | 15/09/2010

Ah bon ? Vais aller voir.

Écrit par : Nebo | 15/09/2010

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