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10/12/2012

Celui qui vaut moins ne peut que gagner à s'approcher de celui qui vaut plus

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Les écrivains de l'orthodoxie démocratique ressentent de la honte lorsqu'ils lisent que Cervantès se désignait lui-même comme le servi­teur du comte de Lemos. Avec le manque de sens his­torique qui leur est coutumier, ils croient ce terme humiliant pour leur confrérie. Il évoque pourtant une des institutions les plus belles et les plus nobles que les châteaux aient engendrées. Le mot serviteur est aujourd'hui incompréhensible. Qu'un homme soit au service d'un autre homme est considéré comme une situation inférieure, avilissante. C'est que règne une fable convenue, selon laquelle nous sommes tous égaux. Imaginons un instant le contraire. Imaginons que les hommes soient constitutivement inégaux, que les uns (la minorité), vaillent davantage. Tout change aussitôt. Il est aussitôt évident que celui qui vaut moins ne peut que gagner à s'approcher de celui qui vaut plus. C'est pourquoi, au Moyen Âge, se mettre au service d'un autre homme était le plus souvent s'éle­ver et non s'abaisser. »

José Ortega y Gasset, La Castille et ses châteaux

13:37 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Superbe. Mais, malheureusement, servir n'est plus possible en démocratie.

Écrit par : Kitschophobe | 10/12/2012

C'est exact... sauf en certains rares domaines d'Action réservés à quelques êtres d'Elite... et encore... ils servent essentiellement la République, ce qui a un peu de panache mais manque singulièrement de grandeur, il est vrai.

Écrit par : Nebo | 10/12/2012

Les commentaires sont fermés.