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22/07/2012

J'ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« J'ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus,
se traînant à l'aube dans les rues nègres à la recherche d'une furieuse piqûre,
initiés à tête d'ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
qui pauvreté et haillons et yeux creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l'obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz,
qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges d'Islam titubant illuminés sur les toits des taudis,
qui ont passé à travers des universités avec des yeux adieux froids hallucinant l'Arkansas et des tragédies à la Blake parmi les érudits de la guerre,
qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publication d'odes obscènes sur les fenêtres du crène,
qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas rasés brûlant leur argent dans des corbeilles à papier et écoutant la Terreur à travers le mur,
qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant de Laredo avec une ceinture de marihuana pour New York,
qui mangèrent du feu dans des hôtels à peinture ou burent de la térébenthine dans Paradise Alley, la mort, ou leurs torses purgatoires nuit après nuit, avec des rêves, avec de la drogue, avec des cauchemars
qui marchent, l'alcool la queue les baises sans fin, incomparables rues aveugles de nuage frémissant et d'éclair dans l'esprit bondissant vers les pôles du Canada,
qui s'enchaînèrent pleins de benzédrine sur les rames de métro pour le voyage sans fin de Battery au Bronx jusqu'à ce que le bruit des roues et des enfants les firent redescendre tremblants
qui errèrent et errèrent en tournant à minuit dans la cour du chemin de fer en se demandant où aller, et s'en allèrent sans laisser de cœurs brisés,
qui allumèrent des cigarettes dans des wagons à bestiaux wagons à bestiaux wagons à bestiaux cahotant à travers neige vers des fermes désolées dans la nuit de grand-père, qui au Kansas étudièrent Plotin Poe Saint Jean de la Croix la télépathie et la cabale hep parce que le Cosmos vibrait instinctivement à leurs pieds,
qui se sont esseulés le long des rues de l'Idaho, cherchant des anges indiens visionnaires,
qui ont pensé qu'ils étaient seulement fous quand Baltimore luisait en extase surnaturelle,
qui ont sauté dans des limousines avec les Chinois de l'Oklahoma sous l'impulsion de la pluie de minuit
qui flânèrent affamés et tout seuls dans Houston cherchant du jazz sexe, soupe, suivirent l'Espagnol brillant pour converser au sujet de l'Amérique et de l'Eternité, tâche sans espoir, et ainsi embarquèrent pour l'Afrique,
qui disparurent à l'intérieur des volcans mexicains ne laissant derrière eux que l'ombre des blue-jeans et la lave et la cendre de poésie éparpillée dans la cheminée de Chicago,
qui réapparurent sur la Côte Ouest enquêtant sur le F.B.l. en barbe et en culottes courtes avec de grands yeux de pacifistes sensuels dans leur peau sombre, distribuant des tracts incompréhensibles
qui hurlèrent à genoux dans le métro et furent traînés du toit en agitant génitoires et manuscrits,
qui se laissèrent enculer par des saints motocyclistes et hurlèrent de joie,
qui sucèrent et furent sucés par ces séraphins humains, les marins, caresses d'amour atlantique et caraïbe,
qui baisèrent le matin et le soir dans les roseraies et sur le gazon des jardins publics et des cimetières répandant leur semence à qui que ce soit jouisse qui pourra, que secouèrent des hoquets Interminables en essayant de rigoler mais qui se retrouvèrent en sanglots derrière la paroi du Bain Turc quand l'ange nu et blond vint les percer avec une épée,
qui perdirent leurs boys d'amour à trois vieilles mégères du destin la mégère borgne du dollar hétérosexuel la mégère borgne qui cligne de l'oeil dans la matrice et la mégère borgne qui ne fait rien d'autre de rester assise sur son cul et de couper les fils d'or intellectuels du métier à tisser de l'artisan, qui copulèrent en extase et insatiables avec une bouteille de bière une fiancée un paquet de cigarettes une bougie et tombèrent du lit et continuèrent le long du plancher et dans le couloir et s'arrêtèrent au mur évanouis avec une vision de vagin et de jouissance suprême éludant la dernière éjaculation de conscience.
qui sucèrent le con d'un million de filles tremblantes dans le soleil couchant, et ils avaient leurs yeux rouges au matin mais prêts è sucer le con du soleil levant, étincelant des fesses dans les granges et nus dans le lac,
qui sortirent draguer à travers le Colorado dans des myriades de voitures de nuit volées, NC héros secret de ces poèmes-cl, baiseur et Adonis de Denver - joie à sa mémoire d'innombrables baisages de filles dans des terrains vagues et dans la cour des restaurants, dans les rangées boiteuses de cinémas, au sommet des montagnes dans des caves ou avec des serveuses maigres dans des soulèvements familiers de combinaison solitaire au bord de la route et joie spécialement aux solipsismes et aux Toilettes secrètes des stations-service et aussi dans les ruelles de la ville natale et qui se dissolvaient dans de vastes cinémas sordides, furent transférés en rêve et se réveillèrent sur un brusque Manhattan »

Allen Ginsberg, Howl

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20/07/2012

L’Europe, royaume virtuel à la souveraineté limitée, son destin ne lui appartient déjà plus

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« Sept royaumes se partagent le monde. Pour quatre d’entre eux, la mondialisation capitaliste ne présente que des avantages. Car c’est écrit, dans 10 ans, 15 ans tout au plus, la Chine, l’Inde, mais aussi le Brésil et la Russie domineront le monde de leur puissance financière, industrielle, technologique et militaire. Le temps joue irrésistiblement en faveur des royaumes émergeants. La Chine et l’Inde n’ont besoin que d’une décennie supplémentaire de paix et de stabilité pour que s’accomplisse leur destin. En revanche, pour les USA et leurs alliés européens ou japonais, le temps est devenu un ennemi mortel, synonyme d’affaiblissement et de déclin. Le compte à rebours a commencé. Pour survivre dans un monde en mutation accélérée, l’Amérique doit impérativement rompre le statu quo que lui imposent ses rivaux. Forte de sa seule supériorité militaire, elle s’est mise à fabriquer du désordre : Kosovo, Afghanistan, Irak, Iran… Un désordre qui lui permet de garder la main et de se préparer pour les échéances à venir. En 2001, le monde est entré dans l’ère des "royaumes combattants". A la tête de "l’Occident chrétien", les États-Unis mettent sur pied une alliance planétaire avec un Japon qui entend conserver sa suprématie en Asie de l’Est. L’Inde se rapproche des USA pour faire contrepoids à la Chine, alors que la Russie et le Brésil sont en embuscade. Quant à l’Europe, royaume virtuel à la souveraineté limitée, son destin ne lui appartient déjà plus. »

Jean-Francois Susbielle, Les royaummes combattants

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19/07/2012

Percevoir...

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« Les bibliothèques sont diverses de par le monde. D’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, ou même dans une même ville, elles ne se ressemblent pas. J’aime, en voyage, aller visiter des bibliothèques, regarder les livres, les gens qui les lisent. J’essaie de comprendre le système pour obtenir des livres et quand je commence de percevoir que c’est dans les choses possibles, je m’en vais. Et, bien qu’il s’agisse d’une fausse journée de travail, il m’est quand même accordé ce plaisir : retrouver le monde au sortir de la bibliothèque, les rues, les voix, le mouvement, le soleil vif, la neige humide, le vent qui soulève les jupes et fait tournoyer les feuilles mortes.

Peut-être même certaines bibliothèques sont-elles construites pour l’instant de l’émergence hors des salles de lecture, pour le plaisir d’en sortir. Si tel est le cas, la Bibliothèque nationale de France est parfaite. C’est toujours une émotion, à la tombée du jour, de se laisser porter par l’escalier roulant qui, entre de hautes murailles métalliques, nous extirpe du sous-soul dit rez-de-jardin pour nous permettre de rejoindre le tapis roulant, lequel nous rend à la voûte céleste, à la scénographie des nuages.

Voilà, j’y suis ! Tout en haut ! Je marche sur une immense esplanade, je cours sur le sommet d’une pyramide (pas trop vite, car le sol en bois est glissant). J’ai le dos fatigué, les yeux clignotants, mais au cœur une fierté, le sentiment d’une élévation. Comme si cette journée m’avait fait progresser d’un cran. Mais dans quoi ? Dans rien de linéaire, ni même de cernable. Alors comment graduer ce soi-disant progrès ? Il faut la naïveté d’un personnage de l’autodidacte dans La Nausée pour pouvoir y croire, puisqu’il s’est fixé un programme de lecture qui, s’alignant sur l’ordre alphabétique, a le mérite de lui indiquer clairement où il en est. L’autodidacte est ridicule, pathétique, désespérant, mais quelque chose de son épuisante manie se retrouve en tout habitué de bibliothèque. Ainsi, tout en parcourant les hauteurs de l’esplanade, je tente de me formuler ce que j’ai appris de plus. Ma tête se brouille, reste cette bouffée de fierté. Je baisse les yeux vers la Seine et le trafic des péniches au-dessous de moi. Je m’assois un moment en haut des marches.

Enfin, comme je ne peux pas demeurer indéfiniment dans ce ravissement d’altitude, je me décide à descendre. Je rejoins le niveau de ceux qui n’ont pas eu ce luxe : une journée entière dans les livres. Et mêle, entraînée par un courant massif et aveugle, j’entre dans une station de métro, je descends plus bas que terre. Toute fierté m’a quittée. J’ai seulement la tête un peu chaude, une vague impression d’amnésie. »

Chantal Thomas, Souffrir

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18/07/2012

Rater mieux

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« Dire un corps. Où nul. Nul esprit. Ça au moins. Un lieu. Où nul. Pour le corps. Où être. Où bouger. D'où sortir. Où retourner. Non. Nulle sortie. Nul retour. Rien que là. Rester là. Là encore. Sans bouger.

Tout jadis. Jamais rien d'autre. D'essayé. De raté. N'importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. »

Samuel Beckett, Cap au pire

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...on a posé ses nerfs...

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« On a tout le temps ; tranquillement, toute la vie. On gobe les sons, on les gobe tranquillement ; toute la vie. On vit dans son soulier. On y fait le ménage. On a plus besoin de se serrer. On a tout le temps. On déguste. On rit dans son poing. On ne croit plus qu’on sait. On n’a plus besoin de compter. On est heureuse en buvant; on est heureuse en ne buvant pas. On fait la perle. On est, on a le temps. On est la ralentie. On est sortie des courants d’air. On a le sourire du sabot. On n’est plus fatiguée. On n’est plus touchée. On a des genoux au bout des pieds. On n’a plus honte d’être sous la cloche. On a vendu ses monts. On a posé son œuf, on a posé ses nerfs »

Henri Michaux, La Ralentie - in Plume, précédé de Lointain intérieur


(J'ai volé la photo à Caroline...)

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Je suis dans la lune comme d'autres sont à leurs balcons

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« Quand je me pense, ma pensée se cherche dans l'éther d'un nouvel espace. Je suis dans la lune comme d'autres sont à leurs balcons. Je participe à la gravitation planétaire dans les failles de mon esprit. »

Antonin Artaud, Fragments d'un Journal d'Enfer

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17/07/2012

L'homme entre science et religion

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L'homme entre science et religion - 01/03

 


L'homme entre science et religion - 02/03

 


L'homme entre science et religion - 03/03

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16/07/2012

Jon Lord (9 Juin 1941 – 16 Juillet 2012) : Rest In Peace

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Un grand monsieur et un vrai gentleman britannique nous a quitté aujourd'hui...

Jon Lord... grand joueur de claviers et d'Orgue Hammond, en particulier au sein de Deep Purple.

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La Race...

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« La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis c’est ça les Français. »

Louis Ferdinand Céline, Le voyage au bout de la nuit

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