13/01/2013
La botte souveraine de la réalité
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« La botte souveraine de la réalité, disait le vieux Léon. Les censeurs, les idéologues, les inquisiteurs de la pensée libre travestissent la réalité, la badigeonnent de leurs mensonges, traînent en justice ceux qui osent égratigner les façades peinturlurées. Et puis un jour, on entend un bruit de plus en plus proche, un fracas puissant qu'on ne parvient plus à étouffer, géante, irrésistible, "la botte souveraine de la réalité" vient, s'impose. Le contreplaqué de mensonges s'écroule, le glapissement des folliculaires stipendiés s'étrangle, les mots prostitués retrouvent leur sens. La réalité se dresse devant nous, irréfutable. Bien vu, camarade Trotski ! »
Andrei Makine, Cette France qu'on oublie d'aimer
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Passe-moi donc une cigarette
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« J’aimerais aimer aimer.
Un instant… Passe-moi donc une cigarette,
De ce paquet sur la table de nuit.
Continue… Tu disais
Que dans le développement de la métaphysique
De Kant à Hegel
Quelque chose s’est perdu.
Je suis absolument d’accord.
Oui, je t’ai bien écouté.
Nondum amabam et amare amabam (Saint Augustin).
Comme c’est curieux ces associations d’idées !
Je suis fatigué de penser à ressentir autre chose.
Merci. Laisse, je vais l’allumer. Continue. Hegel… »
Fernando Pessoa, J’aimerais aimer aimer
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I forget the rest
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12/01/2013
Il faut se faire la guerre, une guerre d'embuscade
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« Car la légereté est un abîme, à condition d'avoir quelque chose à y jeter. »
« C'est que je déteste le vin, le cognac et toutes ces saletés. J'aime la vodka. Elle est blanche. Elle est sûrement intelligente. »
« Moi, je ne suis d'aucune époque. S'il y a la guerre, je servirai sous Maurice de Saxe. C'est une balle de Solférino, restée en l'air pendant un siècle, qui me tuera. »
« Dieu, saint Michel et moi, nous n'aimons pas les chrétiens de votre sorte. Nous trouvons qu'il faut être malhonnête avec soi-même. Se faire la guerre, une guerre d'embuscades. »
Roger Nimier, Les enfants tristes
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11/01/2013
Ses femmes minces
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« Je caressais son corps, il était beau comme son visage. C'est la mode au XX° siècle, nous détestons la molesse. Nous avons un tel amour pour la sauvagerie qu'on ne sait si nous sommes barbares ou décadents. Moi qui affecte tant de dégoût pour les hommes, je suis heureux de leur ressembler dans les actions essentielles de la vie. J'aime leurs églises, leurs tableaux. Je proteste conte le monde moderne, mais j'adore ses femmes minces. » (Le personnage Sanders)
Roger Nimier, Le hussard bleu
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La terre nous attend, elle n'est pas pressée
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« Je ne comprends toujours pas, sinon que je ne saurai jamais mourir. Rien n'est plus horrible que de se mélanger à la nature, rien n'est plus odieux que la terre. Elle nous attend, elle n'est pas pressée. En une seconde je pense amoureusement aux villes, aux maisons bien-aimées, aux trottoirs, à leur douce peau goudronnée. » (Le personnage Saint-Anne)
Roger Nimier, Le hussard bleu
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Il en sort de tous les arbres fruitiers...
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« Cette région est pleine de petites filles. Il en sort de tous les arbres fruitiers. Il ne faut pas dire qu'elles sont moches. Elles sont moches, mais ce sont des Lorraines et ce mot est si gentil qu'il faut leur sourire. »
Roger Nimier, Le hussard bleu
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10/01/2013
La lutte contre la tentation de la mort volontaire
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« Il est faux de n'appeler suicidés que ceux qui se suppriment réellement. Parmi ceux-là, il s'en trouve beaucoup qui, en quelque sorte, ne deviennent des suicidés que par hasard et n'ont pas nécessairement le suicide dans le sang. Parmi les hommes sans personnalité, sans empreinte puissante, sans destinée, il en est qui périssent de leur propre main, sans pour cela, de par leur sceau et leur empreinte, appartenir au type des suicidés ; par contre, parmi ceux qui, par essence, appartiennent aux suicidés, beaucoup, la plupart même, ne se suppriment pas en réalité. Le propre du "suicidé" - et Harry l'était - n'est pas de se trouver forcément en relations constantes avec la mort, mais de sentir son moi, à tort ou à raison n'importe, comme un germe particulièrement dangereux, douteux, menaçant et menacé de la nature ; c'est de se croire toujours exposé au danger, comme s'il se trouvait sur la pointe extrême d'un rocher d'où la moindre poussée du dehors et la moindre faiblesse du dedans peuvent suffire à le précipiter dans le vide. On reconnaît ces hommes à une ligne de destin qui prouve que, pour eux, le genre de mort le plus vraisemblable est le suicide, du moins dans leur imagination. Cet état d'âme, qui se manifeste presque toujours dans leur première jeunesse et ne les quitte pas de toute leur vie, n'est pas conditionné par une trop faible vitalité ; au contraire, on trouve parmi les suicidés des natures extraordinairement tenaces, avides et même téméraires. Mais, de même qu'il est des tempéraments chez qui la moindre indisposition provoque la fièvre, de même, chez ceux que nous appelons suicidés et qui sont toujours infiniment sensibles et impressionnables, le moindre bouleversement provoque l'abandon de l'idée de la mort. Si nous avions une science possédant l'audace et le sentiment de responsabilité nécessaires pour s'occuper des hommes et non seulement du mécanisme des phénomènes vitaux, si nous avions quelque chose comme une anthropologie, comme une psychologie, ces faits seraient connus de tous.
(...)
Beaucoup sont incapables d'accomplir le geste du suicide réel, dans lequel ils ont profondément reconnu le péché. Cependant, ils nous apparaissent comme des suicidés, puisque la libératrice, pour eux, est la mort et non pas la vie ; qu'ils sont prêts à la rejeter, à l'abandonner, à l'étreindre et à retourner au commencement. De même que toute force peut devenir une faiblesse (*doit* même le devenir dans certaines circonstances), de même le suicidé typique peut, lui, faire de sa faiblesse apparente une force et un appui ; et c'est ce qu'il fait très souvent.
Ce cas était celui d'Harry, le Loup des steppes. L'idée que le chemin de la mort lui était accessible à n'importe quel moment, il en fit comme des milliers de ses semblables, non seulement un jeu d'imagination d'adolescent mélancolique, mais un appui et une consolation. Il est vrai que tout bouleversement, toute souffrance, toute situation défavorable provoquaient immédiatement en lui, comme en tous ceux de son espèce, le désir de s'y soustraire par la mort. Mais peu à peu, il transforma ce penchant en philosophie utile à la vie. L'accoutumance à l'idée que cette sortie de secours lui était toujours ouverte lui donnait de la force, le rendait curieux de goûter les douleurs et les peines, et lorsqu'il se sentait bien misérable, il lui arriver d'éprouver une sorte de joie féroce : "Je suis curieux de voir combien un homme est capable de supporter. Si j'atteins à la limite de ce qu'on peut encore subir, eh bien, je n'ai qu'à ouvrir la porte et je serai sauvé !" Il existe beaucoup de suicidés qui puisent dans cette idée des forces extraordinaires.
D'autre part, ils connaissent tous la lutte contre la tentation de la mort volontaire. Chacun d'eux, dans quelque recoin de son âme, sait fort bien que le suicide n'est qu'une sortie de secours piteuse et illégitime, et qu'il est plus beau et plus noble de se laisser vaincre et abattre par la vie elle-même que par sa propre main. Cette science, cette conscience du péché dont la source est la même que celle d'où découlent les remords des onanistes, oblige la plupart des "suicidés" à une lutte perpétuelle contre leur tentation. »
Hermann Hesse, Le Loup des Steppes
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09/01/2013
Et c'est ainsi que le Loup des steppes empoisonnait de sa dualité
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« Cependant la vie la plus douloureuse a encore ses heures ensoleillées et ses petites fleurs de bonheur parmi les sables et les pierres. Il en était ainsi pour le Loup des steppes. La plupart du temps, on ne saurait le nier, il souffrait et pouvait aussi faire souffrir les autres, notamment ceux qui l'aimaient et qu'il aimait. Car tous ceux qui lui donnaient leur amour ne voyaient d'ordinaire en lui qu'un seul côté. Certains l'aimaient comme un homme fin, personnel et intelligent, et se montraient horrifiés et déçus quand ils découvraient en lui le loup. Mais ils ne pouvaient faire autrement que le découvrir parce que Harry, comme tout être, désirait qu'on l'aimât tout entier et ne voulait pas camoufler ni truquer le loup, surtout aux yeux de ceux à l'amour desquels il tenait le plus. Mais d'autres, justement, aimaient en lui le fauve, l'essence libre, sauvage, indomptable, dangereuse, puissante, et ceux-là, à leur tour, subissaient le désappointement le plus cuisant, quand le loup farouche et furieux se trouvait encore, par-dessus le marché, être un homme, quand il éprouvait la nostalgie de la tendresse et de la douceur, qu'il voulait entendre Mozart, lire des vers et nourrir un idéal humain. Ceux-là, pour la plupart, étaient les plus déçus et les plus irrités, et c'est ainsi que le Loup des steppes empoisonnait de sa dualité et de sa disparité tous les destins qu'il frôlait. »
Hermann Hesse, Le Loup des Steppes
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08/01/2013
C'était une musique de décadence
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« J'aspirais l'air un long moment, je flairais la musique sanglante et bariolée, je humais, lubrique et exaspéré, l'atmosphère du dancing. La partie lyrique du morceau était sucrée, graisseuse, dégoulinante de sentimentalité ; l'autre était sauvage, extravagante, puissante, et toutes les deux, pourtant, s'unissaient naïvement et paisiblement et formaient un tout. C'était une musique de décadence, il devrait y en avoir eu de pareille dans la Rome des derniers empereurs. Comparée à Bach, à Mozart, à la musique enfin, elle n'était, bien entendu, qu'une saleté, mais tout notre art, toute notre pensée, toute notre civilisation artificielle, ne l'étaient-ils pas, dès qu'on les comparait à la culture véritable ? Et cette musique-là avait l'avantage d'une grande sincérité, d'une bonne humeur enfantine, d'un négroïsme non frelaté, digne d'appréciation. »
Hermann Hesse, Le Loup des Steppes
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07/01/2013
Une certaine bestialité qui n’est qu’aux hommes
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« Une certaine grossièreté dans l’amour n’a toute sa laideur que chez des amants bourgeois, vernissés d’une apparence trompeuse, et qui trouvent là l’occasion de se montrer tels qu’ils sont. Ce serait s’abuser beaucoup que les comparer aux bêtes, qui, dans les espèces supérieures, mêlent à leurs amours des tendresses, des élégances, des timidités qui manquent tout à fait à ces couples là. Je me rappelle avoir admiré un matin un couple de tigres magnifiques qui folâtraient et se lutinaient dans une des grandes rotondes du jardin zoologique d’Anvers. Je ne puis dire quels soins, quels égards, quels ménagements ils mettaient dans leurs ébats. Ces pattes formidables devenaient aussi légères, aussi gentilles et câlines que celles des petits chats. Les deux têtes énormes s’appuyaient rêveusement l’une à l’autre. Les corps pleins d’une force terrible se détendaient dans une langueur où toutes leurs lignes étaient inondées de la même grâce qui coule sur les formes des odalisques. C’est lorsqu’on a vu des jeux si doux, et bien d’autres encore depuis ceux des biches jusqu’à ceux des oiseaux, qu’on sait qu’il y a une certaine bestialité que les bêtes n’ont pas, et qui n’est qu’aux hommes. »
Abel Bonnard, L'amour et l'amitié
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