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09/04/2015

Les liens organiques

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La présence des groupes identitaires pose de toute évidence un problème aux démocraties libérales contemporaines. Souvent, ces groupes apparaissent comme la résurgence d’une forme d’être-ensemble, la forme communautaire, à laquelle la modernité pensait avoir mis fin. La modernité s’était attaquée aux liens organiques en les présentant comme autant de limitations dont l’homme devait s’affranchir pour conquérir sa liberté. Or, on constate aujourd’hui que beaucoup d’hommes adhèrent spontanément à des formes communautaires sans pour autant vouloir renoncer à leur liberté. L’idéologie dominante n’en est pas moins méfiante, et souvent résolument hostile, envers ces groupes, alors qu’elle admet sans grande difficulté les groupes d’intérêt. Elle perçoit ces derniers comme de nature pacifique et les premiers comme de nature conflictuelle, tout simplement parce que les intérêts sont toujours négociables, tandis que les valeurs ne le sont pas (oubliant du même coup que le fait pour individu de s’identifier de manière préférentielle à d’autres individus crée de ce seul fait une différence dans la façon dont il perçoit son propre intérêt). C’est pourquoi elles mettent systématiquement l’accent sur les défauts, parfois bien réels, des communautés et en présentent volontiers une image quasi pathologique.
Les demandes identitaires sont ainsi fréquemment traitées comme un phénomène "réactionnaire", une aspiration "irrationnelle" à revenir au "passé", à retourner à un "stade" qu’on croyait définitivement dépassé, ou encore comme autant de tentatives de s’exonérer de la "loi commune" en cherchant à créer un "Etat dans l’Etat". L’exigence de reconnaissance est à la fois présentée comme un combat d’arrière-garde, un symptôme d’arriération politique, sociale et morale, et comme une menace pour l’unité de la société politique. »

Alain de Benoist, Nous et les Autres

 

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