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31/01/2020

La République en Marche...

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30/01/2020

Et j'ai aimé ça...

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La science à travers le temps...

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Catholique

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« Au Mont Athos, les moines se considèrent comme “catholiques”, c'est ce qu'ils confessent dans le Credo de Nicée-Constantinople. Catholique au sens de “catholique romain” est davantage considéré comme “hérésie”, comportement schismatique, coupé, séparé de la véritable Église, catholique orthodoxe.

Étymologiquement, le mot “catholique” – katholikos – vient de kat-olon,“selon le tout”. Il signifie davantage une idée de plénitude que d'universalité. Dire que l'Église est “universelle”, ce n'est pas encore dire qu'elle est “catholique”.

La notion de catholicité est importante à comprendre. Par exemple, en ce qui concerne l'interprétation des écritures, aucun verset ne peut être interprété, si ce n'est en relation à la totalité du texte : kat-olon, “selon le tout”.

Un membre du corps ne trouve pas sa place dans le corps, si ce n'est dans sa relation avec “tout” le corps (kat-olon).

Une Église ne peut être considérée comme catholique que dans sa relation avec “toutes” les autres Églises (kat-olon) qui partagent la plénitude de la même foi orthodoxe (le Credo de Nicée-Constantinople). »

Jean-Yves Leloup, Sagesse du Mont Athos

 

 

 

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Nom masculin...

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29/01/2020

Maternité...

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28/01/2020

La vocation spirituelle de la France

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« On croit aujourd’hui mon pays divisé contre lui-même. Il ne l’est qu’à l’égard des mystiques qu’on prétend lui imposer du dehors et qui répugnent à sa tradition et à son génie, mais qu’il s’efforce, malgré cela, d’assimiler, ou du moins de rendre intelligibles, parce que sa vocation est de tout comprendre, de tout risquer pour comprendre. Notre honneur, et aussi notre malheur, est que nous restons sincères parmi les menteurs, humbles parmi les orgueilleux, raisonnables parmi les fous.

On nous accuse de douter de nous. Mais il faut plaindre davantage les peuples qui, pour croire en eux-mêmes, ont besoin de s’exciter jusqu’à la frénésie, qui ne se trouvent qu’à la limite du délire collectif et qui redeviendront des esclaves dès qu’ils cesseront de se proclamer des dieux au roulement de cent mille tambours. […]

Je souhaite que la France ne perde pas trop de temps à combler cette espèce d’orifice ouvert dans son histoire et d’où monte une odeur sinistre. Qu’elle jette une planche dessus et qu’elle passe outre. En avant ! en avant ! Une humiliation ne se répare pas, elle se venge.

Il est facile de trouver des excuses à notre défaillance, nous préférons mille fois qu’on ne lui en cherche aucune, nous refusons de plaider pour la déroute. C’est la propagande ennemie qui commence à se charger de ce soin, inspire çà et là de timides réserves contre un jugement trop hâtif, trop dur, nous invite sournoisement à rejeter sur un petit nombre d’hommes le poids du désastre de la nation, comme si la France n’était pas assez grande pour l’assumer. Je dis la France, la France de quarante rois, de deux empires, de trois révolutions, la France de la Marne et de Verdun. Prennent-ils donc la plus vieille chrétienté d’Europe pour un enfant mineur, victime de mauvaises fréquentations, et en faveur duquel l’avocat plaide l’irresponsabilité ?

Il est honteux de voir de jeunes Français bien intentionnés je suppose, mais sans doute justement inquiets pour leur génération du jugement de l’histoire, lier leur cause à celle du pays. "En faisant douter de nous, disent-ils, vous allez faire douter de la France." Et ils s’efforcent de dresser un bilan favorable des efforts d’avant-guerre, de ces diverses "Renaissances" — littéraires, sportives, morales, religieuses — dont ils avaient si soigneusement jadis établi les plans sur le papier. Ils versent ces pièces précieuses au dossier. Hé bien la France ne veut pas de dossier ! Il ne saurait être question pour elle de s’en remettre à son banquier, à son avocat, ou même à son confesseur, dans une affaire où son honneur est engagé.

Quelle que soit, en effet, l’opinion qu’on ait sur l’armistice, un fait est certain, indiscutable : nos armées ont été dispersées, Paris rendu, notre territoire conquis de la Meuse aux Pyrénées en un peu plus de vingt jours. Le caractère foudroyant d’une telle catastrophe a quelque chose de suspect. La France ne peut supporter d’être soupçonnée d’une sorte de faillite frauduleuse, ce soupçon fût-il injuste. C’est ce que comprendront sans peine mes plus déterminés contradicteurs, et parmi eux mon distingué confrère, M. le Directeur du Meio-Dia (1), car, si loin que nous entraîne parfois le démon de la polémique, ce proverbe de mon pays est toujours vrai qu’entre honnêtes gens, n’est-ce pas ? On finit toujours par s’entendre.

Bref, au risque de renier ce qu’elle doit, la France préfère celui de payer ce qu’elle ne doit pas. Des deux hypothèses qui se proposent à sa conscience, elle admet la pire, elle signe au monde un chèque en blanc. Après tout, elle devait à ce monde une victoire, elle lui a donné une défaite, elle n’en discutera pas les causes. Une nation de son rang ne supporte pas de décevoir, fût-ce le plus humble de ceux qui ont cru en elle — et celui-là moins qu’un autre. Il se peut que notre défaite soit honorable, il se peut que notre honneur soit sauf, mais ce n’est pas assez qu’il se puisse, il faudrait que ce fût évident, que cette évidence s’imposât du premier coup à tout homme de bonne foi. Dans le doute, la France préfère répondre de la déroute, et nous avec elle.

Car enfin, la défaite, c’est nous. Jeune ou vieux, tout Français aujourd’hui vivant doit accepter sa part de honte. Les anciens services rendus, les sacrifices consentis, les maux soufferts, ne comptent plus. Que les jeunes Français acceptent de jeter dans la fosse sans gloire leurs "Renaissances" ratées, leurs ambitions déçues, leurs bonnes intentions, d’autrefois, inutilisables maintenant, nous y jetons bien, nous les vieux, nos vies usées, nos pauvres lauriers de l’avant-dernière guerre. La France choisira plus tard, beaucoup plus tard, entre ces reliques poussiéreuses, ce qui lui paraîtra pouvoir encore servir. Aujourd’hui nous ne pouvons rien, nous nous reconnaissons insolvables, voilà tout. Il faut que notre pays réponde, pour ses fils prodigues. La France avait tiré une traite sur nous, et sous prétexte que nous avons laissé passer l’échéance, elle ne laissera pas protester sa signature. Elle ne regarde même pas le tas de papier qui s’accumule à ses pieds depuis trois mois, elle dédaigne d’en vérifier le compte, elle regarde le monde en face — amis ou ennemis — et elle dit simplement : "Je paierai tout !"

Les jeunes réalistes peuvent bien croire que ce que j’écris ici, c’est de la littérature. Leur jugement m’importait peu hier, il m’importe encore moins aujourd’hui. La France dont je parle n’est pas un mythe, une image poétique, elle existe réellement. C’est même la seule qui compte, car c’est celle qu’on aime, l’amour la fait vivante, mille fois plus réelle et plus vivante que celle qui négocie, épargne, spécule, fabrique. Toutes ces Frances-là ne seraient rien sans elle, car c’est à elle qu’on croit. Pour me mettre à la portée des jeunes réalistes, je dirai que notre crédit lui-même, en dernière analyse, se fonde moins sur l’or de nos coffres que sur le juste renom de l’honneur français. […]

Les ennemis de mon pays m’accusent probablement d’orgueil, et je n’ai jamais été moins orgueilleux qu’aujourd’hui, j’ai ressenti jusqu’aux moelles l’humiliation de mon pays et, doutant parfois de lui — non de son passé, certes ! mais de son avenir —, je ne suis que trop tenté de désespérer de moi-même, de mes livres, de tout ce que j’ai fait. Je reste debout non par orgueil, comme ils vont faire semblant de le croire, non pour les défier eux-mêmes — car je ne les méprise nullement, et peut-être nous aimerions-nous si nous nous connaissions mieux —, mais parce que je ne puis parler que debout, c’est une position qui m’est naturelle, et d’ailleurs je ne parle qu’aux hommes debout ! Oui, le geste naturel de ma race devant Dieu, c’est de se lever, de se mettre debout, d’attendre ainsi ses ordres, ce n’est pas de se coucher par terre, en frappant le sol du front, comme on fait ailleurs. Un chrétien français ne devrait se coucher que pour mourir.

Nous n’ignorons pas, et je n’ignore moins que personne, quelle faute nous venons de commettre, quelle déception nous avons donnée. Notre seule manière d’en demander pardon est de nous lever pour les réparer. Nous les réparerons à notre manière, nous les réparerons "à la française". Nous sommes la chrétienté de France. Nous ne dédaignons pas les autres chrétientés. Nous savons qu’elles ont chacune leur vocation particulière, et que toutes ces vocations particulières retourneront un jour à leur source, qui est la Sainte Charité de Jésus-Christ. Mais sous prétexte de repentir ou d’humilité, nous n’inclinerons pas devant d’autres traditions historiquement moins glorieuses et moins pures que la nôtre, la tradition des aïeux. […]

Il est si facile d’avoir raison contre la France ! On pourrait presque écrire que notre histoire est l’histoire de nos fautes, ou du moins elle parait telle au regard des hommes graves, des hommes sérieux, et en général de toute espèce d’animaux à sang froid. Les hommes graves voient les fautes, en calculent les conséquences, mais ils ne vivent jamais assez longtemps pour reconnaître qu’ils se sont trompés dans leurs calculs, que les mêmes erreurs qui eussent consommé leur ruine n’ont ralenti qu’un moment l’élan de notre peuple, ou plutôt ne l’ont ralenti qu’en apparence, car le rythme de la vie française n’est pas celui de leur propre vie.

Un homme même grave, même conservé par l’ennui, ne dure pas beaucoup plus d’un demi-siècle, et dix siècles, pour une nation, ce n’est rien. D’ailleurs, on n’a jamais vu une nation mourir de vieillesse ou de maladie, les nations sont moins fragiles que les races, parce qu’elles sont riches d’hérédités diverses, parfois contradictoires, elles ont plus de nerfs que de muscles, au lieu que les races réservent aux historiens les mêmes déceptions que les colosses aux médecins.

Les mêmes femmes qui bien portantes font la fortune des pharmaciens triomphent d’affections aiguës dont la moindre mènerait au cimetière un champion. Je sais bien que ce que je vais dire ne me vaudra pas l’estime des lecteurs qui ont soif de vérités surprenantes, paradoxales, mais, sincèrement, croyez-vous qu’un pauvre bonhomme, en vingt ans d’expériences de bibliothèques — sans parler du temps qu’il donne à ses petites affaires, au bridge, à l’Académie, à d’autres soins plus frivoles encore —, puisse comprendre quelque chose au destin d’une nation qui a un millénaire derrière elle, et plusieurs millénaires par-devant, pour qui les siècles sont des jours ?

Oh ! sans doute, ils passent pour s’instruire les uns les autres, d’âge en âge, on dit qu’ils se transmettent le flambeau. Il faut donc que ce flambeau n’éclaire jamais le même pan d’ombre, car ces Messieurs ne s’accordent pas du tout entre eux sur ce qu’ils voient, sur ce qu’ils ont vu. C’est peut-être qu’ils ne regardent vraiment qu’eux-mêmes. Ils attendent de l’histoire de France qu’elle les justifie d’être ce qu’ils sont, de penser ce qu’ils pensent. Ils voudraient que cette histoire fût aussi sérieuse, aussi ennuyeuse que la leur, on les étonnerait bien en leur disant qu’elle ressemble beaucoup plus à la vie d’une femme passionnée qu’à l’honorable et studieuse carrière d’un membre de l’Institut. Les événements ne leur apprennent rien, parce qu’ils s’efforcent de les relier entre eux par la même logique arbitraire qui gouverne leur destin, ils refusent de croire à ces réactions spontanées, imprévisibles, foudroyantes, qui font tout le mystère des grandes âmes et des grands peuples.

L’histoire est un perpétuel recommencement, disent-ils. Quelle erreur ! C’est eux qui recommencent toujours, c’est eux qui ne changent jamais. On voit ainsi, dans mon doux pays de Provence, les vieux "retraités", chauffant leurs rhumatismes au soleil, assis gravement côte à côte sur les bancs de la petite place. Ils regardent jouer les enfants, mais ils ne comprennent plus rien à leurs jeux. Ils regardent passer les amants, mais ils ne comprennent plus rien à l’amour. Parce qu’ils ne comprennent plus rien au jeu ni à l’amour, ils se croient sages, ils remâchent amèrement leur sagesse, haussent les épaules, branlent la tête, jusqu’au jour où leur place est vide, aussitôt remplie par un autre vieux qui leur ressemble comme un frère, qui reprendra la même vaine méditation au point où l’autre l’aura laissée, avant d’aller bientôt le rejoindre au cimetière.

Je me suis toujours efforcé de comprendre la France, parce qu’elle m’est toujours apparue depuis l’enfance ainsi qu’un être vivant, vraiment vivant, c’est-à-dire capable d’aimer. Je ne souhaitais pas seulement de l’aimer, comme si mon amour était un don précieux, volontaire, qu’elle dût accepter avec gratitude. Je désirais de tout mon cœur qu’elle m’aimât, qu’elle me comprît, qu’elle me reconnût pour l’un des siens, que son regard se posât sur moi, ne fût-ce qu’un moment, qu’elle se révélât le temps d’un éclair, une fois, une seule fois, comme le bon Dieu daigne se révéler aux saints.

Et pour voir se réaliser ce souhait magnifique, je ne comptais nullement sur la chance d’une carrière heureuse, ou glorieuse, qui m’imposât un jour à son attention, car je savais déjà, je sais encore aujourd’hui, que la grandeur et les honneurs sont peu de chose à ses yeux, que nous ne devons rien attendre que de son royal bon plaisir, de son libre et gracieux choix. Je me suis toujours efforcé de comprendre la France, mais à présent il me faut la comprendre coûte que coûte, je ne puis plus me passer de la comprendre, rien ne m’importe plus que de la comprendre. Jamais je ne l’ai sentie si loin de moi, et c’est peut-être qu’elle n’a jamais été plus proche, qu’elle m’impose la suprême épreuve non de souffrir pour elle, comme il y a vingt ans, mais de souffrir par elle, de ne plus reconnaître son visage humilié.

Notre peuple a été vaincu, il est aujourd’hui tenté. On ne doit traiter à la légère ni la tentation, ni le tentateur. Nous n’ignorons rien des fautes du passé, ni des arguments qu’elles peuvent fournir aux agents de l’ennemi. L’ennemi fait beaucoup de promesses, et peut-être en tiendra-t-il quelques-unes, peut-être ne refusera-t-il pas quelques menues faveurs à sa belle proie pourvu que, se prosternant, elle l’adore. Le Maître nous tend sa main à baiser, "Baisez-la, qu’importe" murmurent les entremetteurs et les casuistes, les intellectuels pourris, les vieillards macérés dans l’impuissance et la rancune comme un cadavre dans les aromates.

Ainsi parlaient-ils déjà, voilà bien des siècles, à l’oreille de Jeanne d’Arc. Elle était seule devant eux, les mains nues. Et ils avaient tout. Ils avaient la force, la science, le prestige du ministère sacré. Ils argumentaient au nom du bon sens, de la raison, de la foi catholique, de Dieu même. La seule chose qu’ils ne pouvaient faire, c’était de parler au nom de l’honneur. L’honneur de la France était dans ces mains nues, innocentes. Hé bien ! il y est encore aujourd’hui. Les frêles doigts, les doigts enfantins que toute la force de la puissante Angleterre des Plantagenêts n’a pu réussir à desserrer, ne s’ouvriront pas aujourd’hui entre les mains d’un rustre allemand. […]

Pour être tout à fait sincère, il ne suffit pas, comme le pensent tant de bienheureux et de bienheureuses formés par les casuistes, de s’abstenir de mentir. Il est nécessaire de s’avancer avec toute la part de vérité dont on dispose, part qui, si modeste soit-elle, est presque toujours beaucoup plus précieuse qu’on ne le pense soi-même : car il nous est difficile de jauger d’emblée la valeur de ce qui nous a coûté tant d’efforts et que nous avons dû attendre si longtemps, au-dedans de nous-mêmes. C’est pourquoi, chaque fois que je vous parle de mon pays, je reste consterné en faisant le compte du petit nombre de choses que j’ai à vous dire, une fois que j’ai achevé la tâche d’écarter toutes celles qui ne me paraissent pas nécessaires.

Il serait évidemment plus avantageux pour moi de ne pas me montrer aussi sévère dans ce choix, et cela flatterait la vanité d’un certain nombre de lecteurs, qui probablement ne se sont jamais donné la peine de comprendre la France, mais se donnent beaucoup de mal pour garder l’illusion qu’ils l’ont comprise ; il accueillent évidemment les recettes fournies par des intellectuels dont le rôle se ramène à transporter de livre en livre et de capitale en capitale quelques idées sommaires et brillantes, faciles à placer, comme ils transporteraient des échantillons dans une valise. Tous les pays possèdent de tels parasites, mais, conformément au proverbe « corruptio optimi pessima », les exemplaires les plus ridicules de cette espèce sont fournis par quelques artistes et écrivains français, devenus fournisseurs attitrés de pacotille destinée à l’exportation.

Je ne prétends aucunement que de tels individus soient des imbéciles, bien au contraire. Ils seraient très capables d’exercer une autre profession, mais ils ont choisi celle-là comme étant mieux accordée à leur nature, comme s’ils étaient venus au monde pour ce genre de succès. Ils connaissent admirablement les points faibles du public et s’entendent à lui épargner tout effort de discernement, à substituer à l’idée vraie une banalité prétentieuse, au sentiment sincère le jeu sentimental. Il est consternant d’observer que des écrivains illustres, de renommée universelle, et dont le caractère est certainement égal au talent, se sont laissé gagner par la contagion, cédant ainsi au désir de toucher, de séduire, de secouer les nerfs du public. […]

L’effort désintéressé d’un homme pour comprendre la France est un acte qui va bien au delà de la simple littérature et qui a, à mes yeux, un caractère sacré, presque religieux. Si humble que soit cet homme, si étranger que je le suppose à notre race, et sa peau fût-elle de couleur très foncée, je ne puis tolérer qu’il soit mystifié par des intrigants et des pédants, ou que la noble passion qui l’anime tourne à ce conformisme dont justement l’esprit français a horreur, étant donné que sa mission est de le briser sans cesse, à mesure qu’il se reforme, comme un bateau brise-glaces passe et repasse à travers les banquises, afin d’ouvrir une voie libre à la mer.

Chers amis, cette fois encore, l’idée que je vous offre est très simple : pourtant je ne la traiterai pas à la légère, car elle est de celles qu’un Français préfère à toutes les autres, parce qu’elles mettent d’accord l’intelligence et le cœur. Il n’y a qu’un moyen de servir réellement la France, c’est de l’aimer. Et il n’y a qu’un moyen de l’aimer, c’est de la comprendre, je veux dire de chercher à la comprendre, car c’est en vertu de cette volonté et de l’effort qu’elle exige que vous vous trouverez associés à son aventure millénaire, à l’immense déroulement de son histoire, l’histoire d’un peuple dont le génie tendre, lucide et douloureux est le génie de la sympathie.

Si vous aimez la France et son esprit, n’en attendez pas la définition, car cette définition n’existe pas. Mon pays est plein de contradictions, comme n’importe quelle créature humaine, comme la vie elle-même ; la raison seule ne saurait résoudre ces contradictions, il y faut absolument la clairvoyance de l’amour, que le christianisme a divinisée sous le nom de charité. On parle beaucoup de son génie équilibré ; on pourrait bien mieux parler de sa flamme, de la ferveur sacrée qui la jette sans cesse d’expérience en expérience, de risque en risque.

Cette contradiction, comme les autres, est à peine apparente, car l’équilibre est une condition du mouvement, et si le danseur de corde voltige à cinquante mètres au-dessus du sol comme un oiseau ou comme une flamme, c’est qu’il a le sens de l’équilibre dont il paraît défier les lois. Oh ! je sais très bien que beaucoup d’entre vous, en lisant ces phrases, me feront peut-être l’honneur de les trouver harmonieuses, émouvantes, poétiques, mais l’instant d’après les oublieront. Ah! il n’y a qu’un moyen d’aimer et de comprendre la France, mais de même, pour elle, il n’y a qu’un moyen de se faire aimer et comprendre, c’est d’agir, de s’élancer en avant, de montrer la voie.

Il suffit qu’elle s’arrête, ou simplement qu’elle ralentisse son ardent élan historique, pour que les parasites intellectuels qui foisonnent partout sur le monde comme les poux dans la fourrure d’un animal malade, se jettent sur elle comme sur leur proie. Ils sophistiquent sa pensée, à l’imitation des Pharisiens qui sophistiquent l’Évangile, et ils mettent la pensée française hors de la portée des esprits droits et des cœurs simples pour lesquels Dieu l’a faite.

Lorsque j’affirme que la France est révoltée par l’imposture, qu’elle a pour l’imposture, et particulièrement pour les formes supérieures de l’imposture — celles de l’esprit —, une espèce de répulsion nerveuse, capable de la porter à des actes extrêmes, de la faire passer brusquement de l’agitation de la colère à la prostration du désespoir, le moindre petit licencié d’histoire m’accusera de tomber dans un anthropomorphisme enfantin ; mais j’aime mieux être d’accord sur ce point avec Michelet et Péguy qu’avec n’importe quel petit licencié d’histoire.

Car en écrivant que notre peuple est le moins pharisien du monde, c’est-à-dire le peuple qui compte le moins grand nombre de Pharisiens, chez qui le pharisaïsme prospère mal, l’auteur du Mystère de Jeanne d’Arc nous a définis essentiellement, substantiellement, puisque notre horreur naturelle du pharisaïsme explique à la fois nos vertus et nos vices, cette horreur a fait nos héros comme nos anarchistes, des êtres d’une droiture et d’une loyauté incomparables, mais aussi des cyniques et des débauchés. Elle explique également certaines contradictions apparentes de notre histoire, certains retournements prodigieux.

La France est capable de se résigner à bien des injustices, mais elle ne saurait tolérer — au sens exact, j’oserai dire au sens médical de ce mot — cette espèce d’injustice qui prétend s’exercer au nom de la justice. Ainsi, par exemple, l’Inquisition, introduite chez nous par les moines fanatiques d’Espagne, et dont le but principal semble bien avoir été d’enrichir, par les confiscations, le clergé simoniaque d’Italie, nous rendit anticléricaux pour des siècles. Il ne serait pas moins vrai d’affirmer que la féroce hypocrisie des princes protestants du XVIe siècle, qui pillaient l’Eglise sous prétexte de la réformer, nous détourna à jamais du protestantisme.

C’est face à une imposture de ce genre que le grand Drumont disait : "Cela me rend physiquement malade." Et c’est bien une imposture de cette sorte qui rend la France malade, qui l’intoxique, qui l’empoisonne. Comme je le disais naguère, il arrive alors que le venin lui monte à la tête et la jette au paroxysme de la fureur. Mais il se peut aussi que les nerfs lâchent et que la révolte de l’âme nationale s’exprime par l’ironie douloureuse, le scepticisme, et même la stupeur. […]

Je ne me suis jamais senti plus d’estime pour les masses de gauche que pour les masses de droite, et la raison en est bien simple- Il y a eu autrefois des idéalistes de gauche et des idéalistes de droite, mais les méprisables dégénérés qui se recommandent aujourd’hui d’eux ne mériteraient que leur mépris. Comment d’ailleurs les reconnaître ? L’homme jadis flétri par les révolutionnaires sous le nom d’homme d’ordre ne serait pas aujourd’hui Cavaignac, mais M. Thorez. Les gens de droite dénoncés par moi dans Les Grands Cimetières utilisaient contre leurs adversaires des méthodes qu’ils n’avaient cessé de flétrir.

Mais les gens de gauche tout au long du XIXe siècle n’ont cessé d’exalter ces méthodes. "La Révolution est un bloc", déclarait G. Clemenceau solidarisant ainsi les combattants de l’armée du Rhin avec les égorgeurs de septembre. Il est certainement ignoble d’entendre un prêtre approuver l’épuration sans jugement des suspects, mais il n’est pas seulement ignoble, il est comique de voir un homme de gauche prétendre être traité par la Gestapo avec des égards que ses ancêtres et ses modèles n’ont jamais eus pour leurs compatriotes "ci-devant".

Je parle naturellement ici de la masse des gens de gauche et des gens de droite. Il y a dix ans, j’ai pu essayer de me faire illusion sur ces masses de gauche par dégoût pour les masses d’une droite avilie. Je ne vois plus là maintenant qu’une tentation du désespoir. La paix au moins a démontré l’impuissance de ces gens-là, leur hypocrisie au moins égale à celle de leurs adversaires. On dit que la Résistance a eu le cœur à gauche. Que veut-on prouver par là ? Elle l’aurait eu à droite et non à gauche en cas d’occupation par les Russes.

Je le demande à tout lecteur de bon sens et de bonne foi. Si nous pouvions faire exactement le compte des hommes qui se sont prononcés contre Munich, Rethondes et Montoire sans aucune arrière-pensée de haine politique ou de préjugé social, c’est-à-dire inspirés par l’unique souci de leur propre honneur et de l’honneur de la nation, quel en serait le nombre ? Il ne saurait être assurément que très petit. Le chiffre une fois fixé, qui oserait se prétendre absolument sûr que dans cette sélection des sélections les gens de droite seraient moins nombreux que les gens de gauche ! […]

Oh ! certainement, une fois de plus, il y a, grâce à Dieu, des hommes libres un peu partout. Non pas de ceux qui se disent libres parce que la démocratie leur donne cette étiquette, mais réellement libres, et qui le seraient n’importe où et n’importe comment, dans la richesse ou dans la pauvreté, la santé ou la maladie, qui le seraient même dans les chaînes, s’ils vivaient sous un tyran. De tels hommes, je le répète, se trouvent partout. Peut-être, pourtant, eussent-ils été naguère dans mon pays plus simplement, plus naturellement, plus ingénument libres qu’ailleurs, sans rien de prétentieux, d’affecté, de recherché, de tourmenté ; libres presque malgré eux et à leur insu, parce que leur liberté avait pour principe une espèce de liberté intérieure, dont ils n’éprouvaient pas le besoin de refaire l’expérience à tout instant, de même qu’un vrai chrétien ne met pas à tout moment sa foi à l’épreuve.

On les jugeait parfois conformistes, parce qu’ils s’efforçaient de n’attirer l’attention de personne. On les disait conformistes, et ils Tétaient, en effet, dans les circonstances futiles et familières de la vie. Ils étaient conformistes comme ils étaient pacifiques, c’est-à-dire jusqu’à un certain point, et, passé ce point, rien n’aurait pu les faire reculer, sinon la certitude — ou l’illusion — d’avoir accompli leur tâche, de pouvoir revenir sans remords au conformisme et à la paix. […]

Pour définir la vocation spirituelle de la France, je n’ai nullement besoin d’être docteur en théologie, j’ose même dire que Jeanne d’Arc en savait beaucoup plus long sur un tel sujet que saint Anselme ou saint Thomas d’Aquin. La vocation spirituelle de la France est de démasquer l’imposture, et l’une des plus grotesques impostures de ce temps est la prétention des intellectuels catholiques à s’ériger en perpétuels censeurs du désordre de la société moderne, alors qu’ils lui donnent précisément l’exemple d’une anarchie spirituelle qui passe toute mesure, parce qu’on s’efforce de la masquer sous des formules vagues qui, condamnant tout le monde, dispensent de juger personne.

La vocation de la France est de démasquer l’imposture. Vous trouvez peut-être une telle formule un peu simpliste ? Tant pis pour vous ! Elle résume merveilleusement au contraire toute une philosophie pratique de la vie. Dois-je faire remarquer une fois de plus que ce livre n’est pas une apologie de mon pays ? Lorsque j’écris qu’il hait l’imposture, je ne veux nullement dire qu’il la hait seulement par vertu, qu’il est plus vertueux que les autres. Mon pays n’a pas choisi sa vocation, elle lui a été donnée ; s’il se déshonore en y manquant, on ne saurait lui faire un grand mérite de suivre la voie où la Providence l’a engagé il y a des siècles, et qu’il n’a jamais quittée sans payer sa faute d’épreuves effroyables. Pourquoi sa haine de l’imposture ne serait-elle pas devenue, à la longue, une sorte de réflexe héréditaire, une des formes de l’instinct de conservation ? Mais d’abord de quelle espèce d’imposture s’agit-il ? Je réponds sans hésitation : des impostures de l’Esprit.

(1) Journal brésilien de Rio de Janeiro »

Georges Bernanos, La vocation spirituelle de la France

 

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Mila, le délit de blasphème et la démission de la gauche

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par Valérie Toranian

 

Il y a des pays où les gens meurent parce qu’ils luttent contre les lois blasphématoires scélérates qui peuvent envoyer à la mort n’importe qui sur simple dénonciation. Au Pakistan, pays régi par une charia fondamentaliste qui punit de mort le blasphème, des juges, parfois, s’élèvent avec courage contre l’arbitraire et tentent de s’opposer à l’hystérie fondamentaliste. En France, pays de la Déclaration des droits de l’homme et de la loi de 1881, qui sacralise le respect de la liberté d’expression et le droit de critiquer la religion et les idéologies, certains, au sein de la justice, au nom d’un antiracisme dévoyé, sont en train de réintroduire tranquillement le crime de blasphème.

Au Pakistan, en 2018, dans l’affaire Asia Bibi, la Cour suprême a tenu bon : malgré une rue islamiste fondamentaliste déchaînée, elle avait finalement jugé que la jeune chrétienne, condamnée à la peine de mort pour blasphème en 2010, devait être acquittée. Pas au nom de la liberté d’expression puisque dans le droit pakistanais, le blasphème antimusulman est puni de la peine de mort. Mais parce que le dossier était tellement mince (la chrétienne aurait « souillé » le puits des musulmanes en y puisant un verre d’eau) que les juges ont dû classer l’affaire.

Réintroduction du délit de blasphème

Au Pakistan, défendre Asia Bibi peut vous coûter la vie. Dénoncer la loi anti-blasphème également. En 2011, le gouverneur de la région du Pendjab, Salman Taseer, avait été tué par son propre garde du corps pour avoir déclaré que « les lois du blasphème dans notre pays, c’est la loi de la jungle ». Ce garde du corps, jugé et condamné à mort, est devenu un martyr pour les fondamentalistes pakistanais. À l’appel du parti Tehreek-e-Labbaik Pakistan, TLP, (dont la doctrine prend sa source dans le soufisme, censé être le « courant pacifique » de l’islam…), des manifestations monstres ont paralysé le Pakistan pour protester contre l’acquittement d’Asia Bibi. L’influence du TLP, parti violent et radical qui appelle à l’assassinat des juges, ne cesse de grandir au sein de la population. Le 17 janvier 2020, le tribunal a très sévèrement sanctionné en première instance (55 années de prison chacun), 86 militants du TLP accusés de violences : le gouvernement redoute clairement une nouvelle guerre civile menée au nom de la surenchère islamiste.

Au même moment en France, la justice est en train de remettre en question la liberté d’expression et de réintroduire le délit de blasphème. Le parquet de Vienne, en Isère, a décidé d’ouvrir une enquête pour « incitation à la haine raciale » contre Mila, adolescente de 16 ans, cible d’insultes, d’intimidation et de menaces de mort pour avoir osé critiquer la religion en général et l’islam en particulier. Sur son compte Instagram consacré à sa passion pour le chant, Mila, dans un live avec ses abonnés le 19 janvier, avait évoqué ses préférences sexuelles (elle est ouvertement lesbienne), avait écrit : « moi aussi, les rebeus c’est pas mon style » et avait éconduit un dragueur lourd, qui ne l’avait pas supporté. Mila avait alors reçu une première vague d’insultes (« salope », « sale française », « sale gouine », « chiennasse », « inch’Allah tu meurs sale pute que tu es ».)

Mila, pour des raisons de sécurité, ne se rend plus à son lycée

Mila avait plus tard attaqué la religion en général. Le ton était monté d’un cran, les insultes aussi, notamment de la part d’individus se réclamant de l’islam. (« Pétasse, d’où tu dis ça notre dieu Allah c’est le seul et l’unique, j’espère tu vas brûler en enfer ») Mila avait clôturé la discussion par un message vidéo. « Je déteste la religion, […] le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde, c’est ce que je pense. […] Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. »

Dans un deuxième temps, ses propos vont être tronqués, sortis de leur contexte et relayés sur les réseaux sociaux, déclenchant une déferlante d’insultes et de menaces physiques. Avec appel au meurtre et divulgation d’informations personnelles. Depuis Mila, pour des raisons de sécurité, ne se rend plus à son lycée.

« C’est le retour du délit de blasphème, institutionnalisé par un parquet apeuré, soucieux de ne pas avoir l’air raciste. »

On peut certes déplorer le vocabulaire de Mila, outrancier et maladroit pour le moins, cependant le plus choquant dans cette affaire n’est pas la violence et la vulgarité générales mais la réaction du parquet de Vienne, qui représente l’État rappelons-le. Certes, il a ouvert une enquête pour « menaces de mort » après la plainte déposée par Mila, mais il en a surtout déposé une seconde pour « incitation à la haine raciale » contre la lycéenne qui a proféré des insultes envers la religion.

Un cadeau inespéré pour les islamistes

Dire « merde » à Dieu (ce qu’on a le droit de faire en France, merci Voltaire) serait donc désormais punissable ? On ne pourrait plus critiquer une religion sans prendre le risque d’être poursuivi par la loi ? C’est le retour du délit de blasphème, institutionnalisé par un parquet apeuré, soucieux de ne pas avoir l’air raciste. L’objectivité à la télévision, disait le grinçant cinéaste Jean-Luc Godard, c’est cinq minutes pour les juifs, cinq minutes pour les nazis. L’équilibre de la justice désormais c’est poursuivre ceux qui veulent tuer les « blasphémateurs » mais poursuivre aussi les « blasphémateurs » pour haine raciale. Comme si le blasphème pouvait être de nouveau questionné. Les temps ont changé. Désormais, tout est affaire de « point de vue ». Le relativisme triomphe. Et la justice ne veut pas « prendre parti ».

« C’est un peu comme avec les dessinateurs de Charlie : après tout, ils l’avaient bien cherché, à force de caricaturer le Prophète… »

Un cadeau inespéré pour les islamistes qui veulent depuis des années faire valoir le crime d’islamophobie en France. D’ailleurs Abdallah Zekri, délégué du Conseil français du culte musulman censé représenter un islam de tradition, a pris position dans une interview sur Sud Radio, d’une manière que n’auraient pas désavouée ses « rivaux » islamistes. « Je dis que cette fille, elle sait très bien ce qu’elle fait, a notamment déclaré celui qui dirige également l’Observatoire national contre l’islamophobie. Qui sème le vent récolte la tempête. » C’est un peu comme avec les dessinateurs de Charlie : après tout, ils l’avaient bien cherché, à force de caricaturer le Prophète…

Dans le droit français, le délit de blasphème n’existe pas. Les critiques, y compris les plus dures, portées au sujet d’une croyance relèvent de la liberté d’expression, consacrée par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et traduite dans la loi du 21 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

Un risque réel

La loi Pleven, relative à la lutte contre le racisme, a prolongé celle de 1881 en instaurant les délits « d’injure, de diffamation et de provocation à la haine, à la violence ou à la discrimination en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance à une race, une ethnie, une nation ou une religion ». Il est possible, en France, de s’en prendre à un culte, mais interdit d’insulter ses adeptes. « L’islam est une religion de merde » ou bien « Jésus est un pédé » (en référence à la chanson de l’humoriste Frédéric Fromet sur France Inter le 10 janvier dernier) ne sont pas punis par la loi. « Sale arabe », « sale juif », « sale musulman », « sale chrétien » sont punis par la loi. Insulter une religion ce n’est pas être raciste, comme le prétendent les islamistes qui hurlent à l’islamophobie.

« Le risque est réel de voir arriver, de façon tout à fait légale, un délit d’offense, qui, dans les faits, reviendrait à réinstaurer un délit de blasphème. D’autant que les voix républicaines pour s’y opposer sont rares. »

Certains juristes pointent cependant la frontière extrêmement fine entre l’offense à la religion et l’offense aux croyants, et s’inquiètent de la façon dont des associations pourraient « retourner » le droit en mettant en avant le respect de la sensibilité d’autrui et le principe de « blessure » personnelle, éléments de plus en plus pris en compte dans les procédures. Ils n’ont pas tort. Le risque est réel de voir arriver, de façon tout à fait légale, un délit d’offense, qui, dans les faits, reviendrait à réinstaurer un délit de blasphème. D’autant que les voix républicaines pour s’y opposer sont rares.

Où sont nos consciences de gauches ? Aux abonnés absents

Que dit la gauche, cette gauche qui s’est battue depuis des siècles pour la liberté d’expression, contre la mainmise de la religion, pour la laïcité, pour le droit des homosexuels ? Rien ou si peu. À part le Printemps républicain, par la voix d’Amine el-Khatmi, son président, et de Laurent Bouvet, qui ont immédiatement pointé ce retour à peine masqué du délit de blasphème ; à part les courageuses militantes républicaines à la pointe du combat anti-islamiste, Fatiha Boudjahlat et Zineb Rhazoui, entre autres, où sont nos consciences de gauche ? Aux abonnés absents.

Terrassées par la peur du délit imaginaire d’islamophobie ? Incapables de défendre leur héritage de liberté ? Trop occupées, comme la France insoumise, à séduire un électorat musulman qu’il ne faudrait pas contrarier surtout à quelques semaines des élections municipales ? Comme si les Français musulmans étaient tous devenus islamistes et revendiquaient le retour du délit de blasphème ! Quelle pitoyable et misérable essentialisation.

« Il y a la France où la lâcheté des “forces de progrès” est accablante ; où on remet en question nos principes pour faire plaisir à des islamistes, où les néo-féministes et les associations LGBT ne défendent pas Mila, victime d’insultes homophobes, parce qu’elle a eu le tort de critiquer l’islam. »

Il y a des pays où on rêve d’adopter les lois de la France, cette République qui protège la liberté de conscience, la liberté de croire et de ne pas croire, qui autorise la critique des religions. Qui permet à des lesbiennes de vivre librement leur sexualité. Il y a des pays où des militants, des démocrates, des juges, des homosexuels se font emprisonner ou assassiner. Et puis il y a la France où la lâcheté des « forces de progrès » est accablante ; où on remet en question nos principes pour faire plaisir à des islamistes, où les néo-féministes et les associations LGBT ne défendent pas Mila, victime d’insultes homophobes, parce qu’elle a eu le tort de critiquer l’islam. La gauche, après avoir laissé tomber le peuple, laisse tomber les principes et ouvre un boulevard au Rassemblement national, première force politique, hélas, à avoir soutenu Mila dans son droit irrespectueux à critiquer la religion.

Et cette démission est une honte.

 

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SOURCE : Revue des deux mondes

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Transmigrant...

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27/01/2020

Le Parquet...

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How do you forgive yourself ?

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Le droit de tuer...

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« On estimera peut-être qu'une époque qui, en cinquante ans, déracine, asservit ou tue soixante-dix millions d'êtres humains doit seulement, et d'abord, être jugée. Encore faut-il que sa culpabilité soit comprise. Aux temps naïfs où le tyran rasait des villes pour sa plus grande gloire, où l'esclave enchaîné au char du vainqueur défilait dans les villes en fête, où l'ennemi était jeté aux bêtes devant le peuple assemblé, devant des crimes si candides, la conscience pouvait être ferme, et le jugement clair. Mais les camps d'esclaves sous la bannière de la liberté, les massacres justifiés par l'amour de l'homme ou le goût de la surhumanité, désemparent, en un sens, le jugement. Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications. L'ambition de cet essai serait d'accepter et d'examiner cet étrange défi.

Il s'agit de savoir si l'innocence, à partir du moment où elle agit, ne peut s'empêcher de tuer. Nous ne pouvons agir que dans le moment qui est le nôtre, parmi les hommes qui nous entourent. Nous ne saurons rien tant que nous ne saurons pas si nous avons le droit de tuer cet autre devant nous ou de consentir qu'il soit tué. Puisque toute action aujourd'hui débouche sur le meurtre, direct ou indirect, nous ne pouvons pas agir avant de savoir si, et pourquoi, nous devons donner la mort. »

Albert Camus, L'homme révolté

 

 

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26/01/2020

Des crimes de logique

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« Il y a des crimes de passion et des crimes de logique. La frontière qui les sépare est incertaine. Mais le Code pénal les distingue, assez commodément, par la préméditation. Nous sommes au temps de la préméditation et du crime parfait. Nos criminels ne sont plus ces enfants désarmés qui invoquaient excuse amour. Ils sont adultes, au contraire, et leur alibi est irréfutable : c'est la philosophie qui peut servir à tout, même à changer les meurtriers en juges.

Heathcliff, dans les Hauts de Hurlevent, tuerait la terre entière pour posséder Cathie, mais il n'aurait pas l'idée de dire que ce meurtre est raisonnable ou justifié par le système. Il l'accomplirait, là s'arrête toute sa croyance. Cela suppose la force de l'amour, et le caractère. La force d'amour étant rare, le meurtre reste exceptionnel et garde alors son air d'effraction. Mais à partir du moment où, faute de caractère, on court se donner une doctrine, dès l'instant où le crime se raisonne, il prolifère comme la raison elle-même, il prend toutes les figures du syllogisme. Il était solitaire comme le cri, le voilà universel comme la science. Hier jugé, il légifère aujourd'hui. »

Albert Camus, L'homme révolté

 

 

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Avancée du Progressisme...

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25/01/2020

Faire le jeu du...

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24/01/2020

Casier Judiciaire Vierge...

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23/01/2020

Rebel...

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22/01/2020

Contradiction progressiste...

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21/01/2020

21 janvier 1793

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1996... 2016...

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Eric Zemmour VS Alain Finkielkraut

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Djihadisme : « Si on arrive à sortir des postures, la société pourra répondre à ce défi »

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INTERVIEW Depuis 2014, Hugo Micheron étudie les mécanismes de radicalisation. Son ouvrage « LeJihadisme français » vient clore cinq années de recherche, de la Syrie aux quartiers, en passant par les prisons

Propos recueillis par Hélène Sergent

À 31 ans, Hugo Micheron publie son premier ouvrage, résultat de cinq années d'enquête sur les djihadistes français.

 

-- Âgé de 31 ans, le chercheur au sein de la chaire Moyen-Orient Méditerranée de l’Ecole normale supérieure et enseignant à Sciences po Paris, publie une remarquable enquête sur les dynamiques et trajectoires des djihadistes français.

-- Dans le cadre de sa thèse, Hugo Micheron a mené 80 entretiens depuis l’été 2015 dans quatre prisons françaises où sont incarcérés des militants djihadistes, condamnés ou en attente de leur procès.

-- Avec cet ouvrage, il pointe les erreurs d’interprétation qui ont entouré le phénomène pendant des années et pose un diagnostic aigu de la radicalisation islamiste en France ces vingt dernières années.

 

Comprendre, définir, expliquer. Alors que le procès de Mourad Fares, l’un des recruteurs les plus actifs de la mouvance djihadiste doit s'ouvrir ce lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris, l’ouvrage du chercheur Hugo Micheron livre une précieuse grille de lecture au djihadisme français. Publié aux éditions Gallimard, Le jihadisme français, Quartiers, Syrie, Prisons offre une plongée éclairante au cœur d’un phénomène trop souvent caricaturé ou nié.

Pendant cinq ans, dans le cadre de sa thèse, ce chercheur de 31 ans, enseignant à Sciences po Paris, est allé à la rencontre de ces Français partis en Irak ou en Syrie pour rejoindre les rangs d’organisations terroristes. Hugo Micheron a accepté de répondre aux questions de 20 Minutes.

 

-- Comment avez-vous « choisi » les 80 détenus – prévenus ou condamnés – avec lesquels vous avez échangé en prison ?

Je n’ai pas fait de sélection, au contraire, j’ai laissé le terrain « se faire ». J’ai commencé par les voir en groupes de 12 personnes, et je ne savais pas à qui j’avais affaire. Je ne connaissais même pas leur nom, je n’avais surtout pas accès à la procédure les concernant. Tout ce que je savais, c’est qu’ils étaient tous concernés par le djihad syrien. J’échangeais pendant un après-midi sur un thème donné et je voyais les profils qui se dessinaient. A la fin de l’échange, je leur proposais de les voir individuellement s’ils étaient volontaires. La plupart ont accepté.

Comment se déroulaient ces entretiens ?

Les détenus condamnés étaient plus détendus, il y avait une vraie liberté de ton. Comme les instructions sont longues pour ce type d’affaires, ils étaient en prison depuis plusieurs années et avaient plus de recul que ceux en attente de leur procès. J’en ai également vu certains qui, trois semaines plus tôt, combattaient à Raqqa. Mais c’était très intéressant puisqu’ils étaient beaucoup plus imbibés de l’expérience syrienne. Certains me disaient clairement « je ne veux pas parler de ce qui s’est passé en Syrie », du coup, on abordait plutôt leur parcours en amont.

Globalement, de façon assez surprenante, je n’ai pas eu de difficultés à conduire ces entretiens. Après, il y a des logiques d’instrumentalisation énormes avec ce public. Certains vont chercher à embellir la réalité, à se faire passer pour des repentis, mais ça ne m’importait pas. Je ne suis ni juge, ni flic. Qu’ils mentent ou pas, ce n’était pas ça qui m’intéressait dans l’entretien. Ce que je voulais, c’était voir les trajectoires, les dynamiques.

-- Comment expliquer que certaines zones géographiques aient été plus touchées que d’autres par le djihadisme et la radicalisation ?

Il existe une géographie du djihadisme français, une histoire, un contexte, un passé qu’on peut retracer dans des lieux précis. Dix à quinze zones en France ont été touchées et elles ont toutes en commun non pas d’être situées en banlieue ou marginalisées économiquement, mais d’avoir été investies par des militants djihadistes historiques. Soit des anciens du djihad afghan ou bosniaque, soit des anciens du Groupement islamique armé (GIA) algérien. Ces individus ne sont pas allés n’importe où, ils ont eux-mêmes identifié les quartiers dans lesquels ils se sont implantés. Ça a été le cas à Toulouse : les premiers salafistes vont apparaître dans le sillage des Frères musulmans et des tablighis à la fin des années 1990. Ils vont miser alors sur un groupe de dix personnes, très très à la marge, c’est le groupe des frères Clain. Dix ans plus tard, ils fédéreront autour d’eux plus d’une centaine de personnes. C’est ce mécanisme qu’on observe aussi à Trappes, à Roubaix, à Strasbourg, à Nice. On parle d’environnements restreints, identifiés et identifiables au sein de certaines villes, quartiers voire une barre d’immeubles, et ils fonctionnent comme des militants.

-- C’est-à-dire ?

Très vite, ils mettent en place des petites structures pour mailler le territoire. C’est pour ça que la logique d’approche de la justice qui l’analyse en termes de filière est en partie décousue de la réalité. Quand la justice condamne des membres de ce qu’on a appelé la filière « d’Artigat I » en 2007, elle considère que le problème du djihadisme à Toulouse est réglé. Or ces gens-là ont formé des relais sur place pendant six ans dans les quartiers du Mirail et aux Izards. Ils récupèrent leurs stands dans les marchés à leur place, montent des associations de loi 1901, font venir des prédicateurs de Belgique, etc. C’est ce qui explique que d’une dizaine d’individus autour des Clain on passe, dix ans plus tard, à 200-300 personnes. Et c’est dans ces 300 personnes qu’on va trouver, entre autres, Mohamed Merah.

-- Plusieurs profils se dessinent parmi ces djihadistes français : les pionniers, les cadres, les opportunistes… Qu’est-ce qui les lie et les différencie ?

Les dynamiques djihadistes françaises se sont connectées avec les dynamiques de la crise syrienne en trois temps, trois vagues de départs. La première se produit à partir de l’été 2012 et amène en Syrie ceux que j’appelle « les pionniers ». Ce sont les « vieux de la vieille », actifs depuis dix ans et à la tête d’entreprises de prédication. Ils ont des rôles très structurants dans la mouvance djihadiste française. Ils sont déjà en lien avec les organisations djihadistes syro-irakiennes, donc très vite intégrés dans les commandements à leur arrivée. C’est le cas de Jean-Michel Clain, qui est rapidement nommé émir. Contrairement à ce que pensait une bonne partie de la hiérarchie policière à l’époque, ils n’y vont pas pour mourir mais pour construire un Etat, l’« Etat islamique ».

La deuxième vague commence à prendre forme en 2013. Il s’agit en réalité du second cercle des pionniers, leur engagement djihadiste est plus récent, mais préalable. Ce sont les cadres de la mouvance. Ils sont rarement arabophones, ne sont pas en contact direct avec la hiérarchie des organisations terroristes et dépendent des pionniers pour leur intégration en Syrie et en Irak. Ils vont se retrouver là-bas au pire moment pour eux, c’est-à-dire au moment des luttes fratricides entre groupes djihadistes, entre Al-Nosra, affilié à Al-Qaida, et Daesh qui est en train de s’imposer comme une organisation autonome. A la fin de l’année 2013, 90 % des Français sur place ont fait leur choix et ont basculé chez Daesh. C’est dans cette vague qu’on va trouver les premiers revenants.

Enfin, la troisième vague regroupe tous ceux qui ont rejoint la Syrie à partir de 2014. A ce moment-là, Daesh s’est imposé comme un pseudo-califat, dispose d’un territoire et fait désormais appel à n’importe qui, aux jeunes convertis, aux « dangereux », et aux femmes qui étaient, jusque-là, les grandes absentes.

-- Quelle a été, selon vous, la plus lourde erreur des pouvoirs publics français dans l’appréhension de ce phénomène ?

J’en vois trois. La première, c’est l’affaire Merah. Réduire les meurtres de Toulouse et Montauban à un vulgaire fait divers, alors que c’était l’aboutissement de quinze ans de dynamique salafiste dans la région, c’était mettre un voile sur la réalité. On a perdu du temps à cause de ça. Il faudra attendre les attentats de 2015 pour qu’on prenne conscience que Merah, c’était autre chose qu’un loup solitaire.

La deuxième erreur, c’est de ne pas avoir compris le sens de ces départs en Syrie. Jusqu’en 2015, on considère que ces individus – souvent réduits à des idiots, ce qu’ils n’étaient pas – partent se faire tuer. On ne prend pas au sérieux ce qu’ils disent, à savoir fonder un « Etat islamique ». On n’a pas pris au sérieux leur engagement.

La dernière erreur, ça a été de considérer que, pendant cinq ans, il suffisait de s’en remettre à des interprétations rapides du phénomène, sans avoir besoin de renouveler la connaissance. En tant que citoyen, je trouve ça inquiétant qu’il ait fallu attendre cinq ans pour qu’un livre sorte sur le sujet. J’en suis très heureux, mais ça montre aussi le vide qui existe sur ce sujet et notre cécité collective.

-- Quels sont les écueils à éviter absolument et à anticiper selon vous si l’on souhaite endiguer le djihadisme français ?

On n’aura pas forcément de seconde chance. Le nombre de personnes impliquées dans ces réseaux djihadistes a été multiplié par 100 entre la guerre en Bosnie dans les années 1990 et le djihad en Syrie en 2015. Si on continue sur ces mêmes dynamiques, on va au-devant de grosses déconvenues. En revanche, si on prend au sérieux ces dynamiques, si on arrive à mener un débat serein, c’est-à-dire à s’approprier le savoir, à sortir du déni généralisé qui nourrit l’hystérisation, si on arrive à sortir de ces postures et qu’on élargit le débat, alors la société française aura la capacité de répondre à ce défi. Mais ce serait faux de croire que tout ça ne relève que du ressort de l’Etat, que ce n’est qu’une question sécuritaire. Ces territoires ont été travaillés de l’intérieur par des militants. C’est aussi une responsabilité de la société civile.

-- La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a récemment plaidé dans Libération pour le rapatriement des djihadistes français détenus en Irak et en Syrie. La position du Quai d’Orsay, elle, reste ferme : ils doivent être jugés sur place. Cette stratégie vous semble-t-elle la plus adéquate ?

C’est une question extrêmement complexe. Quand on voit la difficulté à gérer un djihadiste en détention, en rajouter plusieurs dizaines n’apparaît pas forcément comme la meilleure des choses. Mais laisser les djihadistes dans les prisons kurdes, dans l’une des zones les plus instables du monde où ils courent le risque de passer entre les mains de Bachar al-Assad, ce n’est pas mieux. Le régime syrien a une longue tradition d’instrumentalisation des réseaux djihadistes. Les maintenir là-bas, c’est confier un levier de chantage énorme à ce régime sur l’ensemble de l’Europe et plus particulièrement de la France. La position des gouvernements successifs consistait à gagner du temps, à penser que les Kurdes pouvaient faire le travail. Ce temporaire qui dure ne pourra pas durer éternellement et il va falloir se pencher sur le sujet.

-- Un député LR a interpellé à l’Assemblée nationale la garde des Sceaux à ce sujet. L’élu a cité un passage de votre ouvrage pour s’opposer au rapatriement de ces djihadistes. Qu’en pensez-vous ?

Ce genre de procédé participe de la logique de récupération politique prisée d’individus qui ne savent pas de quoi ils parlent. Ce risque de récupération existe et je le savais avant de me lancer dans ce travail. La recherche est restée extrêmement pudique sur le djihadisme et n’a rien osé documenter en partie pour cette raison. Résultat : le diagnostic n’a pas été posé. Ce livre existe justement parce que je voulais casser la machine à fantasmes. A la place de ces élus, je ne claironnerais pas trop fort, parce que cet ouvrage n’est glorieux pour personne, y compris pour les responsables politiques.

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SOURCE : 20 Minutes

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"La désinstruction nationale: une non-assistance à une jeunesse en danger"

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FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le professeur de philosophie René Chiche dénonce la responsabilité des institutions éducatives qui ont façonné, à travers des réformes incessantes, une école française qui n’instruit plus.

Par MARGUERITE RICHELME

 


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René Chiche est professeur agrégé de philosophie au lycée, vice-président d’Action & Démocratie, représentant CFE-CGC et membre du Conseil supérieur de l’éducation. Il vient de publier La désinstruction nationale (éditions Ovadia, 2019).

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FIGAROVOX -- Qu’est-ce que la désinstruction nationale que vous dénoncez dans votre ouvrage ?

René CHICHE -- Il fut un temps, pas très lointain d’ailleurs, où l’on quittait l’école en sachant convenablement lire et écrire, c’est-à-dire où l’école instruisait. On entre aujourd’hui à l’université en sachant à peine lire et en ne sachant pas du tout écrire. C’est un fait. Et cela est proprement stupéfiant. Comment peut-on tolérer que des générations entières passent une quinzaine d’années sur les bancs de l’école et parviennent jusqu’aux portes du supérieur en maniant leur propre langue comme s’il s’agissait d’une langue étrangère? Ce n’est d’ailleurs même pas assez dire pour qualifier le charabia dans lequel sont écrites la plupart des copies que je lis. Il y a toujours eu un petit nombre de très mauvaises copies comme de très bonnes mais désormais les copies indigentes à tout point de vue constituent la grande majorité des copies, au point qu’on juge bonnes des copies qui étaient hier seulement médiocres.

Pour qu’on comprenne bien que je ne suis pas en train de hurler à la catastrophe à cause de quelques fautes d’orthographe ou de quelques perles qu’il est si facile d’exhiber mais dont on ne peut en réalité tirer aucune conclusion, j’ai pris la peine de donner un échantillon représentatif de ces copies dans le premier chapitre, lui-même intitulé «bac à l’oréat» parce que c’est ainsi que je l’ai vu écrit une fois sur l’en-tête d’une copie d’examen. J’aurais pu en remplir dix volumes. Ceux qui liront cet échantillon comprendront alors immédiatement ce qu’est la «désinstruction»: lorsque l’institution censée prendre soin de l’esprit des jeunes gens les laisse dans un tel état de quasi-illettrisme tout en leur promettant «la réussite» matin, midi et soir, je crois que ce néologisme n’est même pas assez fort pour décrire ce qui est de la non-assistance à jeunesse en danger, affamée de lettres et de culture que l’école renonce à transmettre parce qu’un grand nombre des acteurs considère que ce sont des vieilleries inutiles. L’école n’instruit plus et laisse l’esprit en jachère.

Le problème, ou plutôt le scandale, est qu’on a interdit de dévoiler la réalité aussi bien que l’ampleur de cette désinstruction. Tous ceux qui osent soulever un coin du voile se font immédiatement rappeler à l’ordre par quelque colonel de pensée veillant à l’orthodoxie en la matière. «Les jeunes de maintenant savent d’autres choses», dit-on. Ils ont «d’autres compétences». Ah bon? Parce que la dextérité dans la manipulation du clavier virtuel serait une «compétence»? L’aptitude à baragouiner la langue de Shakespeare compenserait l’incapacité à manier passablement celle de Molière? Bien sûr que non! Ce sont des fadaises, et j’ai écrit ce petit livre pour qu’on cesse une bonne fois de nous les servir et qu’on ait enfin le courage de regarder la réalité en face. La langue est l’instrument de toute connaissance, y compris et surtout l’instrument de la connaissance de soi. On ne peut rien savoir vraiment quand le moyen de la compréhension n’est pas maîtrisé. À défaut de savoir, on apprend par cœur des cours auxquels on ne comprend strictement rien, comme je le relate par des anecdotes dont j’aurais pu là encore remplir plusieurs volumes. Or, entre croire et savoir, il faut choisir.

FIGAROVOX -- Quand penser devient de plus en plus difficile pour les élèves (par manque de mots, de concepts), quelles sont les conséquences à venir pour ces futurs citoyens ?

René CHICHE -- Penser n’est pas difficile pour les élèves, penser est interdit. Vous savez, penser est difficile et le demeure, même pour des penseurs professionnels! Car «penser, c’est dire non!»: non à la première idée qui se présente, non à la facilité, non à l’habitude et ainsi de suite. Il ne s’agit donc pas que penser devienne facile. Il est si facile de se contenter d’à-peu-près. Or savoir à peu près lire, c’est en réalité ne pas savoir lire. Et ainsi du reste: penser approximativement, c’est adhérer à un discours et réagir à des mots comme un taureau devant le chiffon rouge.

C’est croire, et non penser. On n’apprend à penser qu’en grande compagnie. Alors oui, on doit s’inquiéter des conséquences politiques de la désinstruction, parce qu’en République, l’école est d’abord instituée non pour procurer un métier ou je ne sais quel savoir-faire mais pour qu’il y ait des citoyens dignes de ce nom, capables de juger et de critiquer. Oui, il faut s’inquiéter de ce que deviendront des élèves qui n’ont presque rien lu, qui ne connaissent Montesquieu ou Montaigne que de nom, à qui l’on apprend, en croyant bien faire, à décrypter les «fake news» pendant des heures où l’on renonce à leur apprendre les subtilités de leur propre langue. Il faut s’inquiéter du devenir de ceux que l’on a privés d’heures de français au cours desquelles ils auraient acquis la maîtrise de la langue en puisant à la source et que l’on préfère faire débattre de tout et de rien sous couvert d’un prétendu «enseignement moral et civique» qui est une forme de dressage, quand on ne va pas jusqu’à faire commenter des «tweets» en classe !

Mais la formation du citoyen n’est pas seulement intellectuelle, elle est aussi morale, et de ce point de vue encore, l’école renonce. Presque personne n’ose déplaire. Il faut non seulement aimer mais faire aimer la difficulté si l’on veut penser et se tenir debout, puisque c’est la difficulté surmontée qui fait progresser. Mais on fait tout le contraire: on cherche à intéresser au lieu d’instruire et l’on traite l’élève en consommateur, allant jusqu’à dévoyer la pédagogie pour la mettre au service de la paresse et de la désinstruction. Songez par exemple que le Code de l’éducation lui-même a banni le mot «instruction» de la loi et que la noble tâche de l’école n’est plus d’instruire, comme le voulait Condorcet, mais de garantir (oui, garantir!) la «réussite»! La belle affaire! On réclamera bientôt la réussite par pétition !

D’ailleurs on le fait déjà. On oublie toutefois que la réussite présuppose le travail, l’effort et même l’échec, duquel on apprend à se relever par persévérance, et c’est cela qui est formateur. Les professeurs sont aux premières loges de ce triste spectacle et ne cessent de dénoncer et déplorer ce fonctionnement absurde auquel tous cependant consentent ou se résignent. Un élève qui a des difficultés passera tout de même dans la classe supérieure, où ses difficultés grossiront et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elles deviennent des lacunes qui paraîtront insurmontables. On ne lui fera pas trop remontrance, de peur de le traumatiser. Il parviendra jusqu’en Terminale en ne sachant pas écrire. Il se trouve enfin des gens, même parmi les professeurs, ceux que j’appelle les militants de la désinstruction, pour justifier ce passage automatique d’un niveau à l’autre. Ils ont d’ailleurs supprimé la notion même de niveau et l’ont fait remplacer par celle de «cycle» en prétextant qu’il fallait respecter les «rythmes» d’apprentissage: voilà, entre autres choses, comment des élèves arrivent jusqu’au baccalauréat non seulement en ne sachant pas s’exprimer avec clarté mais en n’ayant parfois jamais travaillé.

FIGAROVOX -- Face aux «pédagogistes», existe-t-il encore des enseignants fidèles à un enseignement classique, historiquement républicain ?

René CHICHE -- On ne devrait pas qualifier de «pédagogistes» ceux qui s’emploient à détourner la pédagogie de sa vocation, qui n’est pas de s’adapter mais bien d’élever. Il y a en effet une poignée de militants de la désinstruction, y compris dans le corps enseignant, mais ce qui est en cause, c’est le fonctionnement de l’institution plutôt que le rôle et la responsabilité de tel ou tel. Les «pédagogistes» sont avant tout des carriéristes. Quand on aime son métier, on le fait et on ne passe pas son temps à en parler. L’artiste puissant, dit Alain, ne parle guère.

Dans un chapitre intitulé «Les boutons de manchettes», j’explique et décris assez crûment la façon dont le professeur que vous qualifiez de «classique», c’est-à-dire «à l’ancienne» (manière de parler à la fois révélatrice et dramatique), est aujourd’hui menacé par ceux qui étaient auparavant chargés de le protéger, chefs d’établissement aussi bien qu’inspecteurs. Il faut aller sur le terrain pour observer comment les choses se passent. Les chefs d’établissement sont poussés à se prendre pour des «managers» et, pour se faire bien voir de leur propre hiérarchie, ont tendance à inciter les professeurs à faire de même. On voit ainsi proliférer une nouvelle espèce d’enseignants prompts à faire des «projets», à faire parler d’eux, à faire les intéressants. La plupart du temps, ces «projets» sont affligeants. Mais, voyez-vous, un professeur qui fait simplement son travail, qui ne fait pas de bruit, qui ne cherche pas à faire parler de lui dans le journal de la commune, est considéré par sa hiérarchie comme un mauvais professeur, voire un encombrant que l’on attend de pouvoir remplacer par un enseignant (j’emploie ce mot à dessein pour le distinguer de celui de professeur) docile, recruté par contrat, taillable et corvéable à merci.

On parle désormais de «l’équipe» pédagogique comme de «la communauté éducative»! Il y a cependant toujours des professeurs, de vrais hussards noirs, et en réalité ils le sont encore presque tous, et cela en vertu de leur mode de recrutement. Car un professeur est avant tout un intellectuel. C’est sans doute la raison profonde pour laquelle, si on veut en finir avec les hussards et les remplacer par des animateurs ou de simples assistants dans le face-à-face entre l’élève et l’écran auquel certains voudraient que ressemble dorénavant l’enseignement, on cherchera d’abord à réformer le mode de recrutement et le concours, qui fait encore la part belle à la maîtrise d’un champ disciplinaire. L’autorité morale du professeur a pour fondement son autorité intellectuelle. Et depuis toujours ceux qui font profession de penser ont pour ennemis jurés, à leur corps défendant, tous ceux qui mettent l’administration des choses au-dessus du gouvernement des hommes et du soin que l’on doit à l’esprit.

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SOURCE : Le Figaro

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20/01/2020

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