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02/04/2019

Dans le même cercle, on ne sait jamais que les mêmes choses

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« Tout est chimère, la famille, le bureau, les amis, la rue, tout est chimère, et chimère plus ou moins lointaine, la femme.

Mais la vérité la plus proche, c’est que tu te cognes la tête contre le mur d’une cellule sans porte ni fenêtre.

Sans ancêtres, sans mariage, sans descendants, avec un violent désir d’ancêtres, de mariage, de descendants.

Hésitation devant la naissance. Ma vie est hésitation devant la naissance.

On ignore complètement les intentions des personnes qui marchent vite le soir dans une petite ville.

Sa gravité me tue. La tête dans le faux-col, les cheveux disposés dans un ordre invariable sur le crâne, les muscles tendus à leur place au bas des joues…

La danseuse Eduardowa, fervente de musique, circule, en tramway comme partout, accompagnée de deux violonistes qu’elle fait jouer souvent. Car on ne voit pas pour quelle raison il serait interdit de jouer dans un tramway, si toutefois la musique est bonne, agréable aux voyageurs et gratuite, c’est-à-dire si elle n’est pas suivie de quête. Il faut avouer qu’au début, cela ne laisse pas de surprendre un peu et, pendant un petit moment, tout le monde juge cela déplacé. Mais en pleine marche, quand il y a un fort courant d’air et que la rue est silencieuse, l’effet est charmant.

Dans la paix, tu n’avances pas. Dans la guerre, tu perds ton sang jusqu’à la dernière goutte. L’éducation condidérée comme un complot fomenté par les adultes.

Les difficultés que j’ai à parler aux gens viennent de ce que le contenu de ma conscience est absolument nébuleux.

La conque de mon oreille était fraîche au toucher, rugueuse, froide, pleine de sève comme une feuille.

Celui qui, vivant, ne vient pas à bout de la vie, a besoin d’une main pour écarter un peu le désespoir que lui cause son destin -il n’y arrive que très imparfaitement-, mais de l’autre main, il peut écrire ce qu’il voit sous les décombres, car il voit autrement et plus de choses que les autres, n’est-il pas mort de son vivant, n’est-il pas l’authentique survivant? Ce qui suppose toutefois qu’il n’ait pas besoin de ses deux mains et de plus de choses qu’il n’en possède pour lutter contre le désespoir.

Qu’ai-je de commun avec les Juifs ? C’est à peine si j’ai quelque chose de commun avec moi-même.

La vie de société se fait en rond. Dans le même cercle, on ne sait jamais que les mêmes choses.

Mais le bonheur, je ne pourrai l’avoir que si je réussis à soulever le monde pour le faire entrer dans le vrai, dans le pur, dans l’immuable.

Enfin, après cinq mois de ma vie pendant lesquels je n’ai rien pu écrire dont je fusse satisfait, cinq mois qu’aucun pouvoir ne me rendra bien qu’ils fussent tous dans l’obligation de le faire, l’idée me vient de m’adresser à nouveau la parole. Toutes les fois que je me suis réellement interrogé, j’ai toujours répondu à cet appel, il y avait toujours quelque chose à faire sortir de moi, de ce tas de paille que je suis depuis cinq mois et dont il semble que le destin soit d’être allumé en été et de se consumer, plus vite que le spectateur ne cligne les yeux. Si seulement cela pouvait m’arriver ! Et cela devrait m’arriver dix fois, car je ne regrette même pas cette époque malheureuse. Mon état n’est pas le malheur, mais ce n’est pas non plus le bonheur, ce n’est ni de l’indifférence, ni de la faiblesse, ni de la fatigue, ni de l’intérêt pour autre chose, mais alors qu’est-ce donc ? Le fait de ne pas le savoir est sans doute lié à mon incapacité d’écrire. Et cette dernière, je crois la comprendre sans en connaître la cause. C’est qu’en effet, toutes les choses qui me viennent à l’esprit se présentent à moi non par leur racine, mais par un point quelconque situé vers leur milieu. Essayez donc de les retenir, essayez donc de retenir un brin d’herbe qui ne commence à croître qu’au milieu de la tige, et de vous tenir à lui.

Tout ce qui n’est pas littérature m’ennuie et je le hais. »

Franz Kafka, Journal

 

 

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Les soûlards dégringolaient aux enfers

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« Dans un fracas de démons qui s'auréolaient de flammes, de Méduses, et qui vomissaient des monstruosités, les soûlards dégringolaient aux enfers, la tête la première, égoïstes et rougeauds, les uns en des plongeons abrupts, les autres, avec de grotesques bonds en arrière, les uns et les autres parmi une pluie de bouteilles et de symboles des espoirs détruits ; haut, très haut, en un vol presque blanc, dans la lumière qui mène vers le paradis, s'essorant par couples sublimes, l'homme protégeant la femme, protégés eux-même par des anges aux ailes d'abnégation, s'élevaient les sobres. Cependant, tous n'allaient pas par couples, remarqua le Consul. Quelques femmes seules, tout en haut, n'étaient protégées que par des anges. Il lui sembla que ces femmes jetaient des regards à demi jaloux vers le bas, vers leurs maris à la verticale, et que, parmi les visages de ces derniers, certains exprimaient un soulagement évident. »

Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan

 

 

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Soyez dans la Joie...

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01/04/2019

Seuls et sans femmes... Houellebecq avant Houellebecq...

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Un point sacré

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« La Suisse est là pour rappeler d’abord que l’Europe n’est pas une juxtaposition de germanisme et de latinisme, mais une interpénétration inextricable de ces deux courants mythiques… Cette puissance de transfiguration qui, jointe à la puissance de synthèse, fait de la Suisse un symbole insistant des fortunes de l’Europe, un réceptacle abondant des secrets alliages qui assurent sa vitalité. La Suisse est le point de l’Europe, le point de tous les croisements physiques et métaphysiques, le point crucial – ce n’est pas en vain que son emblème est une croix ; c’est donc un point sacré. (…) [il faut] quelque chose qui dépasserait et la Suisse et le Saint-Empire, quelque chose qui conjoindrait avec autant de souplesse et de complexité les esprits germanique, latin et slave-occidental, le génie de l’aristocratie et le génie de la démocratie, le génie fédératif et le génie unitaire … L’Europe est aussi difficile à faire que le fut la Suisse. »

Pierre Drieu la Rochelle, Le Français d’Europe

 

 

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Des animaux naturellement politiques

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« On ne fait pas une société avec des individus, mais avec des animaux naturellement politiques, unis préalablement entre eux par le désir de vivre et par l’aspiration de bien vivre, et dont la prudence et l’art institutionnalisent les tendances. La société est antérieure à la personne qui ne peut pratiquement en être que l’effet. Si le christianisme est parvenu à édifier une société de personnes, c’est parce que ces personnes ont reçu la grâce de participer à la vie divine, qui fonde surnaturellement leurs relations mutuelles. En ce sens, l’Eglise est la seule société qui soit postérieure à la personne. Il n’y en a pas d’autre. Il ne peut y en avoir d’autre. Elle seule est ordonnée au salut surnaturel de la personne qui possède la grâce. »

Marcel De Corte, De la prudence, la plus humaine des vertus

 

 

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Bord de l'autoroute...

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