20/11/2022
L'Opinion Dominante...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
19/11/2022
Monothéisme du marché
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Le monothéisme du marché a tout conquis, tout envahi, tout gagné. Pendant que tu regardais du côté des prolos, c’est les financiers qui l’ont faite dans ton dos, la révolution !
Ils ont aboli les frontières sans guerre et sans armée. Ils ont imposé un mode de vie à la planète entière ! Partout les mêmes publicités, les mêmes godemichés, les mêmes supermarchés, les mêmes abrutis ! Ils ont brisé toute résistance, identité, tradition, poésie. Homogénéisé les goûts, formaté les esprits, imposé l’idée que le monde entier avait les mêmes intérêts qu’eux. »
Olivier Maulin, La fête est finie
16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (4) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Oh ! la mort
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=
« — Oh ! la mort des aimés! Oh ! cette misère, avant ! ce pauvre corps sculpté par la douleur, ces yeux caves, cette parole qui s'éteint ! Puis ce silence, cette nuit, cette poussière! Avec quelle brutale insistance nous est fournie la preuve de notre néant ! Quelle fureur d'effacer jusqu'à nos traces ! Afin qu'il soit bien entendu qu'il ne reste rien de nous et de notre espérance. Même quand tout paraît fini, la démonstration continue et s'acharne. Aux vivants, tout crie : Tu es poussière ; aux morts, la tombe le ressasse. Après cela, que nous reste-t-il, si ce n'est les yeux pour pleurer ?
L'AMI. — Dans vos larmes vit l'espérance. Le désespoir même qui ne pleure plus est une forme de l'espérance qui ne peut mourir. Désespérer, c'est avoir vu son étoile se voiler. Au delà du voile, elle brille.
Vous avez l'espérance tenace. Les puissances de destruction ont beau faire abonder leurs témoignages ; leur victoire sur vous est de celles qui se crient si fort, parce qu'elles sont douteuses. Il est des morts qu'il faut tuer. Vous en êtes. Mais que peut-on contre eux ? Leur répéter qu'ils sont morts ? Cela ne prouverait-il pas au contraire qu'ils sont vivants ?
Elle est vieille comme le monde, la leçon de choses qui affirme et proclame votre incurable néant. Mais malgré tout ce qu'elle vous a fait souffrir, vous ne l'avez pas retenue. Votre néant, vous n'y croyez pas, puisque vous êtes toujours là. Si vous aviez ajouté foi à la révélation de mort écrite à travers la création, flamboyante dans les rougeurs d'incendie, hurlante dans la tempête, béante dans le gouffre, il vous serait arrivé selon votre foi. Convaincus de néant, vous seriez rentrés dans le néant. Mais que vous viviez encore, après avoir été consumés par mille fournaises mortelles, cela provient de votre foi à la vie. D'où vous vient-elle ? De cette grande mécanique universelle qui vous broie ? Non, Elle vous vient de Dieu. Elle est, en vous, son inef- façable signature. Ne la protestez pas vous- mêmes ! Dieu vit en vous, voilà votre secret. Vous êtes de sa race. Sa pensée s'agite sous votre poussière. Vous êtes une espérance de Dieu.
— Comment ce qui n'est plus serait-il encore ? Comment, dévorés et digérés par la tombe, subsisterions-nous ? Notre vie est effacée comme s'efface sous le coup d'épongé une écriture sur le tableau.
L'AMI. — On peut effacer l'écriture, mais non pas l'esprit, le sens de l'écriture. Que la matière fragile, où s'est incarnée pour un temps une pensée divine, s'oblitère et s'évanouisse sous le coup d'épongé du temps, l'espérance qui est en vous, la pensée divine qui anime votre poussière, demeure. De par l'esprit éternel besognant en vous, vous êtes esprit. En Dieu est votre vie, votre identité garantie. Son souvenir, où rien ne meurt, entretient votre souvenir. As-tu médité parfois la profondeur limpide et infinie de cette vieille parole de psaume ? Par sa lumière, nous voyons la lumière.
Si par notre aspect extérieur et visible nous vivons dans le temps et l'étendue, c'est-à-dire dans l'éphémère, par notre aspect intérieur, invisible, nous vivons en Dieu, dans l'éternel, par conséquent. A sa lumière, nous voyons la lumière. Aveugles et morts serions-nous, malgré la perfection de cet organisme, si rien de divin ne le pénétrait. Cette merveille ne serait qu'une lettre morte. Or, c'est un verbe vivant. Que la lettre s'efface, l'esprit subsiste. Ne t'embarrasse pas dans les ruines de ce qui est passé, comme passera la figure de ce monde ! Lève tes regards vers la lumière ! Ils ne sont pas là, dans l'ombre et la poussière, ceux que tu pleures. Ils sont en Dieu, comme toi aussi ; par l'esprit qui t'anime, tu es en Dieu. Le lien n'est pas rompu.
Ne consens pas à leur néant ! Ceux qu'on aime ne meurent point. La tendresse qui les suit, devient, pour notre espérance, le pont jeté de ces bords mortels vers le rivage impérissable. Tu reverras tous ceux que tu as aimés. Tu les reconnaîtras. Les as-tu connus ici dans l'argile sous laquelle palpitait leur âme ? Non. Tu les connaissais uniquement par la forme et la vie imprégnée à cette argile. Et parfois tu soupirais de je ne sais quel mur de séparation entre eux et toi, les cherchant, et tenu à distance par ce qui n'était pas eux, tout en faisant partie d'eux, matériellement. Au grand revoir l'obstacle sera tombé. Plus rien de passager ne nous séparera. La soif d'union qui tourmente ici toute âme ferme et pure sera enfin apaisée. Ne te confonds pas avec ce qui n'est pas toi ! Connais-toi mieux ! Cet univers mécanique et tout ce qu'il contient, comparé à toi n'est qu'un symbole, une fragile similitude, où s'enveloppe une pensée immortelle. Saisis-toi dans ce que tu signifies ! car en cela tu demeures vraiment. Pleure ! tout ce qui est simplement et sincèrement humain est bon. Les larmes sont la rosée de cette fleur des cieux, nommée l'espérance. Pleure, mon fils, mais espère ; ose espérer ! De tous les courages c'est le plus beau. Tu ne l'auras jamais assez. On ne saurait trop attendre de Dieu. Toute attente sera infiniment dépassée. La plus pure clarté qui, pour nos âmes, éclaire l'au-delà, le pressentiment du plus heureux revoir, ne sont qu'une pauvre image, un lointain et pâle crépuscule en compa- raison de l'immortel matin.
— Oh ! merci, répète-le-moi, encore, toujours ! je suis le voyageur couvert de poussière ; tu es l'oasis. Je suis la soif ; tu es la source. Ne taris pas ! Loin de toi je doute ; près de toi je crois, et l'antique parole s'accomplit : mes brebis entendent ma voix ! »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
07:00 Publié dans Lectures, Ô Mort... Ô Mort... | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Paysan...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
18/11/2022
Eco-responsable
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Laisser crever les vieux et, même, les aider un peu.
Ne plus faire de mômes, au mieux... au pire n'en faire que très peu et, si possible, par PMA ou GPA.
Être responsable et se faire vasectomiser !
Se geler les couilles en hiver.
Adopter la doudoune et le col roulé.
Manger des insectes et des carottes.
Plus de Barbecue. VERBOTEN !
Pédaler ou surfer en trottinette.
Ne plus se laver qu'une seule fois par semaine.
Faire pipi et caca dehors et s'essuyer le fion avec des feuilles d'arbres.
Reprendre espoir avec des solutions éco-responsables pour un monde meilleur.
23:54 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Loupé !
23:26 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
L'Oppression du jour...
23:22 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (2) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
2022
23:17 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Les deux sommeils
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=
« Assieds-toi près des berceaux où sommeille l'enfance !
Assieds-toi près de la couchette où dorment les morts !
Dans le berceau, l'avenir est couché, comme aux sillons la semence.
Une promesse est dans chaque tête bouclée. Autour d'elle, c'est comme un battement d'ailes : l'essaim des espérances prend son vol, et les rêves y murmurent, pareils aux abeilles sur la bruyère.
Un jour, tout aboutira à l'autre sommeil.
As-tu regardé les morts dormir ? Qui donc attendent-ils ?
Car ils attendent, et sur leurs lèvres fermées cet appel voltige :
"Les jours sont accomplis. Nous avons marché, lutté, souffert.
Où donc est Celui qui nous dira pourquoi..."
Les morts attendent Dieu...
Et maintenant, Seigneur, la parole est à toi. Tu sais ce que l'homme ignore. Tu sais ce que promet le berceau, ce que recouvre la tombe. En toi est notre espérance.
Si nous n'avions pas cette sécurité, le sourire des petits nous étreindrait le coeur. Il faudrait pleurer sur les berceaux plus encore que sur les tombes. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
06:05 Publié dans Lectures, Ô Mort... Ô Mort... | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
L'Esprit
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=
« Vivre n'est pas tout ; mourir moins encore.
L'essentiel est que l'Esprit transparaisse à travers la vie comme à travers la mort. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
06:00 Publié dans Lectures, Ô Mort... Ô Mort... | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Intelligence...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
17/11/2022
Et Jésus regarda Pierre
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ce regard ! chargé d'ombre, au spectacle des douleurs, des souillures, des méchancetés, de tous les fardeaux que porte la pauvre huma- nité, de tous les liens écrasants ou honteux qu'elle traîne ! Nos âmes enténébrées lui apparaissaient comme les grands yeux vides et ceux de l'aveugle, ces pauvres cavernes pleines d'une obscurité morne, semblant porter le deuil du jour perdu. Et les disciples, par moments, y voyaient se dessiner quelque mystérieux Calvaire devant lequel leurs coeurs s'emplissaient d'épouvante !
Mais il était aussi, ce regard, comme un jour ouvert sur le monde supérieur dont le souvenir l'imprégnait. Il rayonnait de la certitude pai- sible que procure au coeur la présence divine. Et son calme disait : "Soyez tranquilles, j'ai vaincu le monde !"
Transparences du royaume de Justice, clartés d'aube éclairant un avenir transformé, paix, tendresse, pitié, pardon, dans ce regard vivait tout cela... Aucun chant inspiré, aucun verbe enflammé des prophètes, aucune forme de beauté créée par les arts pour représenter la splendeur de l'invisible, n'a jamais apporté aux hommes la clarté qui était dans ce regard. Nous vivons de sa lumière. Et lorsque en nous son éclat faiblit, l'ombre grandit, la joie disparait, les crépuscules effrayants envahissent nos sentiers, et le froid de la mort nous enveloppe, de l'autre mort, de celle qui ne connaît pas d'espérance.
Que ce regard te trouve, qui que tu sois ; tombé, te relève ; blessé, te guérisse ; égaré, te ramène ! Sens-le fixé sur toi, lorsque le tien se fermera ! Et mourir fera, pour toi, t'endormir sous le regard de Celui qui a dit : "Je suis la résurrection et la vie." »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Sobriété...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
16/11/2022
Repentir
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L'AMI. — Que fais-tu là dans la poussière ?
— Je me voile la face et je pleure de honte. Comment est-il possible ? C'est moi qui ai fait cela. Le dégoût de moi-même s'empare de ma pensée. Je ne voudrais plus me montrer. Disparaître dans le repentir ; je serais heureux d'en avoir la faculté.
L'AMI. — Tu as tort. Le regret passif est une faute de plus. Un mauvais orgueil se cache dans cet étonnement d'avoir failli. Eh oui, c'est toi qui as fait cela ; tu feras bien de t'en souvenir, afin de ne pas mépriser les autres. Mais à quoi peut servir le dégoût de toi-même ? C'est du soin, du courage, de la clairvoyance et non du dégoût qu'il faut, pour guérir les malades.
Lève-toi, secoue-toi, essuie tes larmes pour y voir plus clair. Sois un homme, porte ta misère ! Dieu remet la faute ; toi répare, profite de la leçon, sème et laboure, veille et prie, marche et combats ! Malheur à ceux qui surissent dans les repentirs stériles et les molles tristesses ! Ils passent la moitié de leurs jours à se lamenter sur les fautes de l'autre moitié, et leur vie tombe inutile au gouffre du passé. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Un résumé de la Politique Française depuis 50 ans...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
15/11/2022
Beaux jours
20:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Gros obus et gros missiles
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Tomas Vytautas Raskevičius, député gay lituanien ardemment progressiste, candidat à la mairie de Vilnius.
Lui, il attend les gros obus et les gros missiles russes... à n'en pas douter...
19:45 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le Dieu des pauvres pécheurs
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L'AMI. — Dieu est grand, insondable, adorable, soit qu'il rayonne au front des étoiles ou sourie au calice des fleurs. Il est beau dans les nuits sombres et le jour éclatant ; plus beau dans la conscience des justes ; plus beau dans la pitié pour ceux qui souffrent. Mais il n'y a pas de Dieu comparable à celui des pauvres pécheurs. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le péché
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Le péché est un grand révélateur. "Leurs yeux furent ouverts, ils virent qu'ils étaient nus." Cela marque surtout une découverte misérable. Mais une vérité humaine d'ordre général est contenue dans cette constatation symbolique, comme dans ce vers d'un poète : Et nul ne se connaît, avant d'avoir souffert. La douleur d'avoir mal fait, ouvre un jour imprévu sur ce que nous sommes. Dans cette douleur nous est enseignée notre noblesse originelle, se trouve affirmée cette part d'initiative dans nos affaires qui est proprement notre liberté. Enfants de la seule poussière, résultats des seules forces mécaniques, nous ne connaîtrions pas la douleur d'avoir mal fait, parce qu'il n'y aurait pas pour nous de mal. Ne dites pas : c'est de l'atavisme. Car si ma douleur provient de mes ancêtres, des coutumes, de l'éducation, d'où donc la tenaient-ils ? Même implantée d'ailleurs, si la plante du repentir grandit au champ de nos âmes, c'est qu'elle y trouve de la nourriture. Et parfois, épouvanté par la grandeur du mal, j'ai repris courage, en pensant qu'après tout, il n'y avait pas de plus forte preuve d'une vie supéieure que lui. Comment dirions-nous : "Il fait nuit", si nous n'avions pas connu le jour ? Comment le mal existerait-il pour nous, si nous n'étions apparentés avec le bien ? Et ainsi cet abîme nous prouve qu'il en est un autre. Dans le sentiment même de la faute, poignant, tragique, est un sursum corda.
Celui qui n'a jamais tremblé devant le mal qu'il a fait, ni pleuré sur ses fautes passées, ignore toute une face du monde et de l'âme. Il est moins homme qu'un autre. Je ne puis me figurer ce que serait l'humanité sans péché. Elle perdrait du même coup, avec sa misère, ce grand charme de lutte, sa beauté principale. Je voudrais pouvoir mesurer toute la profondeur de vérité contenue dans cette exclamation de saint Augustin : "Félix culpa !" »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Baguettes chinoises et papier Cul...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (1) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
14/11/2022
Temps brisé
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« — Mon temps est brisé en parcelles menues. Trop de soins et de soucis en réclament leur part. Grand est le nombre des importuns qui me gâtent des instants précieux. O, jours sans déchirure, jours d'une pièce où le travailleur peut tailler à l'aise, donner libre carrière à la pensée qui l'obsède ! jours de création, de paix, oublieux des heures rapides : et grandissant presque jusqu'à la taille de l'éternité, je vous aime et vous regrette. Quand donc pourrai-je vous revoir ?
Je suis comme le coursier prêt à fournir sa course et qui part plein d'entrain. A peine a-t-il fait dix pas, une main brutale l'arrête, coupant et saccadant son effort. Il suivait son élan : il doit le réprimer. Et sitôt qu'il est parvenu à se retenir, un coup de fouet lui enjoint de démarrer. Que peut bien devenir son ardeur, soumise à un semblable régime ?
L'AMI.-— Il est démoralisant en effet ; mais dans cet esclavage même, il reste une place à la liberté intérieure. Si, malgré tes efforts, tu ne peux trouver que des miettes de temps à consacrer au labeur aimé, ramasse pieusement ces miettes. Le temps est si précieux ; les moindres morceaux en sont bons. Et, pour qui sait les utiliser, les heures acquièrent une capacité singulière. Il en est où peuvent se condenser des années et des siècles. N'as-tu pas quelquefois, en cherchant la lumière sur ces hauteurs, rencontré la brume ? Les lointains se cachaient ; c'est à peine si tu voyais ton chemin, condamné à tâter chaque caillou du pied et du bâton, pour ne pas choir en marchant. Puis de temps à autre le rideau se déchirait, se renfermant aussitôt. Mais de cette vision rapide quelle impression profonde te demeurait ? Rappelle-toi le jour où les souliers pesants de terre détrempée, le dos chargé d'averses successives, les yeux, depuis des heures noyés de froides brumes, nous avons, entre deux loques de nuages gris, vu briller un coin de ciel bleu ! Rappelle-toi, dans un regard de soleil, sur l'Alpe immense, des millions de pensées sauvages et de renoncules d'or ! Cette minute ne payait-elle pas toute la peine de la journée ? N'eût-elle pas perdu d'être plus longue ? Crois-moi, la vie, envisagée sous un certain point de vue, c'est l'art de saisir l'occasion furtive, de tailler un vêtement dans une chute.
Le sculpteur trouve un fragment de marbre et en tire un chef-d'oeuvre.
Sur un débris de papier retiré du panier, le poète, en une heure sans emploi, trace un chant immortel.
Ramasse et agence les pierres qui gisent pêle-mêle dans cette gorge de montagne ! Tu en feras une cathédrale.
La terre n'est-elle pas faite d'un fragment du soleil, et l'homme d'une parcelle de l'infini ?
Courage donc ! dans les quelques moments perdus qui te restent, mets ton âme ! Tu n'auras rien à regretter.
Pourvu que dans cette pauvre goutte de temps descendant au gouffre, un éclair de beauté, un sourire de bonté se reflète en passant ! »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Rappel à l'ordre
06:30 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Nos amis Vegans sont créatifs...
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
"Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux", disait Guy Debord.
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
13/11/2022
Détresse
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L'AMI. — Paix sur toi ! D'où te vient ce visage défait, pourquoi ces mains lasses ?
— J'ai le coeur déchiré par la grande douleur de vivre. Mon être n'est qu'une blessure. Toute existence m'apparaît rongée par le néant. Les vivants me font l'effet d'ombres ; leurs pensées, de rêves ; leurs entreprises, de chimères. Notre peine est infinie. Pour peser nos charges, il n'est pas de balance; nos souillures dépassent l'imagination même, et nos forces, que sont-elles ? Le choc d'un roseau contre les monts granitiques. Peut-il y avoir encore de la joie dans une semblable vie ? De la confiance en l'avenir, pour qui n'est sûr de rien ? L'homme a-t-il un lendemain ?
Nous sommes pareils aux fourmis dont le passant, distrait ou brutal, disperse la demeure d'un coup de pied. Les pauvrettes courent, peinent, ramassent les débris, sauvent les blessés, restaurent les galeries dévastées. A peine ont-elles fini, qu'un autre coup de pied anéantit le fruit de tant d'efforts. Je ne me sens plus la force de recommencer. Assis ôur les ruines, je pleure et j'envie la paix pro- fonde des morts.
L'AMI. — Laisse-moi pleurer avec toi ; je les comprends, mon fils, tes larmes. Elles roulent brûlantes sur ma joue depuis des siècles. Pauvre humanité, battue par tous les vents, que de fois tes souffrances accumulées m'ont fendu l'âme ! Vos lassitudes me sont sacrées. Je voudrais mettre mes mains sous vos pieds sanglants, vous porter sur mes bras, comme une mère, vous chanter des berceuses qui font oublier la peine.
Pour toutes vos meurtrissures, je vous aime. Mais je vous admire encore davantage à cause de votre long courage.
Accablés, brisés, sur le chemin aride et sous un ciel de feu, que vous marchiez encore malgré tout, je ne sais rien de plus beau. Si des créatures idéales, pures, heureuses, vivent rayonnantes de perfection,cela est conforme à l'ordre. Mais que vous et vos enfants, tordus par le mal, endoloris, rongés de fièvres, empoisonnés de pestilences physiques et morales, vous vous traîniez encore vers le but ; que dans la poussière où vous terrasse la mort, vous plantiez la bannière de l'Espérance ; que dans l'ombre opaque vous gardiez la Foi, cela est sublime, divin. Ni la splendeur des soleils, ni l'hymne des créations, ne me retiennent plus. J'ai détourné mes yeux des visions olympiennes ; ils n'ont plus de regards que pour vos calvaires. Viens, pèlerin fatigué, usé de veilles et de luttes ! Pose ta tête sur mon coeur ; laisse-moi garder ton sommeil comme on garde un trésor ! Qu'il soit doux, profond, réparateur ! Et que, de mes mains caressant ton front brûlant, de tout mon être penché sur le tien, descende en toi le sentiment d'une immense Pitié inclinée sur les hommes !
...Il dort. Combien de questions le sommeil résout ! Heureux ceux qui peuvent encore dormir ! Endormi, le prisonnier est libre, le malade guéri, l'exilé revenu au foyer. Il y a des accablements devant lesquels tout essai de réconfort est vain et toute parole impie. Leur ouvrir les bras, c'est ce que l'heure demande : "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés !"
Lassitudes mortelles, prostrations, mornes solitudes où plus rien ne luit, vous me rappelez la fin douloureuse de tant de martyrs des justes causes.
L'effoit démesuré a tout épuisé : la bonne volonté, le courage, la patience et même la faculté de souffrir. C'est la défaite, le naufrage. A l'horizon de l'âme, les astres se sont couchés ; la nuit est descendue dont on n'attend plus d'aurore. Les vaincus ont bu le calice jusqu'à la lie; ils se sont étendus dans la poussière, l'oeil vide, avec cette impression dernière et horrible que tout était fini : "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"
Leurs bras se sont tendus vers le secours ; il n'est pas venu. Ils ont compté sur Quelqu'un, caché sous le voile de ce monde visible, et ce Quelqu'un ne s'est pas montré. Pareil à l'homme oublieux de sa parole, il a manqué à l'heure décisive...
Et pourtant ! Dieu des vaincus, s'ils ont cru en Toi, quelle démonstration de ton attrait puissant ! Comme la boussole vers le nord, leur conscience gravitait vers ta lumière. Ils ont cru en Toi plus qu'à la vie, plus qu'à la mort, plus qu'aux réalités que touchent les mains, que les yeux contemplent. Leur poussière encore te proclame.
Dieu des vaincus ! si la trace de tes pas s'est imprimée au front des étoiles, si la nature en fleurs en a gardé comme un parfum, si l'immensité n'est qu'un reflet de ta grandeur, il est un lieu où tu dois être plus qu'ailleurs : c'est celui où tombèrent tes enfants accablés par des luttes et des épreuves surhumaines. Ailleurs tu envoies tes messagers, ici tu es toi-même. Ici ta présence brûle comme en un foyer. Ces vaincus sont les pierres d'attente d'un monde plus beau. En eux réside ce qui demeurera, quand tout le reste aura disparu comme une vapeur. Aussi, quand ils sont descendus au gouffre, ceux qui restent en entendent monter une voix qui dit : " Je suis là."
Leur mort enfante de la vie ; leur tombe dégage de la lumière, leurs os fleurissent, pareils à la verge d'Aaron, et partout où ils furent terrassés, germent comme des semailles sur les sillons, l'espérance invincible, le courage que rien n'abat. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
16:05 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ne pas oublier...
05:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook