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13/01/2022

Notre incapacité à payer notre dû à Bacchus...

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« Boire du vin en société, pendant ou après le repas, en toute connaissance de son goût délicat et de son aura évocatrice, conduit rarement à l’ivresse et encore plus rarement à un comportement de butor. Le problème d’alcoolisme que nous observons dans les villes britanniques nait de notre incapacité à payer notre dû à Bacchus. A cause de l’appauvrissement culturel, les jeunes ne disposent plus d’un répertoire de chansons, de poèmes, d’arguments ou d’idées pour se divertir autour de leurs verres. Ils boivent pour combler le vide moral créé par leur culture, et si nous connaissions l’effet malheureux de l’alcool sur un estomac vide, nous découvrons maintenant l’effet bien plus grave de l’alcool sur un esprit vide.

Toutefois, les bastons d’ivrognes ne sont plus les seules en cause. La plupart des dîners aussi. Les invités crient des propos égocentriques à leurs voisins, on tient dix conversations à la fois qui ne mènent nulle part, et les verres que l’on remplit avec cérémonie sont aussitôt vidés. Un bon vin devrait toujours s’accompagner d’un bon sujet de conversation que l’on poursuivrait autour de la table en buvant. Les Grecs l’ont bien compris, c’est là la meilleure manière de discuter de questions vraiment sérieuses, comme savoir si le désir sexuel tend vers l’individu ou l’universel, si l’accord de Tristan est un septième à moitié diminué, ou s’il existe des preuves à la conjecture de Goldbach.

Nous connaissons l’opinion médicale selon laquelle boire un verre ou deux par jour est bon pour la santé, ainsi que l’opinion concurrente qui veut que boire plus d’un verre ou deux soit fatal. Ces conseils sont importants mais pas autant qu’il y parait. Quel que soit l’effet du vin sur la santé physique, il en a de bien plus importants sur la santé mentale : effets négatifs lorsqu’ils coupés du banquet de la culture, et positifs lorsqu’ils lui sont rattachés. En Amérique (où, en général, l’âge légal pour consommer de l’alcool vient cinq ans après la majorité sexuelle), les bouteilles d’alcool portent déjà des mises en garde sur la santé. Pourquoi pas, si le but est d’éduquer le public, et du moment que ces avertissements disent la vérité (ce qui n’est pas le cas). Mais ce but éducatif doit également nous convaincre de faire figurer les mêmes avertissements sur les bouteilles d’eau pour nous rappeler l’état d’esprit morose qu’elle provoque et la nécessité d’oublier l’hypocondrie si l’on veut nourrir et abreuver l’âme.

(…)

Il faut vivre en profitant de ses facultés, en s’efforçant d’apprécier et, si possible, d’aimer ses semblables. Il faut également accepter la perspective de la mort si l’on veut soulager ses proches d’un grand poids au lieu de les accabler. Selon moi, il faudrait rassembler les fanatiques de la santé qui ont empoisonné tous nos plaisirs naturels et les enfermer dans un lieu où ils pourraient se casser les pieds entre eux avec leurs remèdes de charlatans. Quant à nous, nous devons vivre une suite de banquets dont le catalyseur est le vin et le moyen la conversation, afin d’accepter avec sérénité notre destin sans abuser de cette hospitalité. »

Roger Scruton, Je bois donc je suis

 

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L'appétit de l'autre

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« Quand je la vis pour la première fois, il m'apparut clairement que l'un de nous deux était fait, je pourrais dire né, pour l'appétit de l'autre. Au premier instant je sentis que l'un de nous deux finirait par manger l'autre tout cru ; non pas petit à petit, comme dans un couple de base, mais bien d'une lichée, en sautant sur la première occasion que concéderait l'autre, pour l'avaler. Toute la période qui précéderait cette occasion ne serait qu'une phase d'observation dans son attente, au cours de laquelle nous mettrions en condition les conditions de l'affrontement, où nous décririons des corolles autour des circuits décrits par l'autre, cherchant à y susciter d'infimes frications, de presque infimes étincelles de rabot.

(...)

Et notre attirance immédiate était avant tout une attirance chiffrée ; son regard même, lorsqu'il rencontrait le mien, s'inscrivait dans une sorte de processus numérique, dégageait des effluves qui s'encastraient à ma perspective selon des lois sévères d'un grand jeu de construction. Ce regard qui avait quelque chose de suavement agressif, qui voulait posséder d'emblée ce que les amants n'atteignent ordinairement qu'après plusieurs jours d'excès sexuels : se dissoudre dans l'autre, baratter sa vie organique et la réduire à une forme liquide pour pouvoir la vomir en l'autre. Son oeil aspiratoire était l'application d'une formule chimique, avait la vie palpitante d'une vulve grasse ; mais aussi était pareil au gland qui, introduit dans le corps aimé, tend à s'y infuser intraveineux, intranerveux, à y évacuer tout un broiement de chair pâteuse, le fruit d'une vidange d'organes qui s'introduit en pultacé dans le corps autre, pour s'y générer seul, nourri de lui-même exclusivement, et y procédant à une sédition complète, qui ne laisserait rien de l'ancien métabolisme. C'est tout le corps que le gland veut évacuer par sa bouche, et non seulement cette décharge d'informe veut dissoudre les organes de l'autre, remplacer ses flux et vriller ses canaux, mais c'est avec la pensée même de cet autre qu'elle cherche à coïncider.

Souvent j'ai rencontré des filles qui se disaient excitées surtout par l'esprit ; c'est qu'en réalité chacune était excitée par le défi que représenteraient la conquête et la dissolution de cet esprit. Et c'est au contraire de la plupart que la fille à laquelle j'avais affaire abattait son jeu dès les débuts de notre séduction. Elle voulait s'emparer de tout mon soma et ne s'en cachait pas... »

Mehdi Belhaj Kacem, 1993

 

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12/01/2022

Un abattoir d'illusions

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« Concevoir un monde qui serait en dehors de la mort, et de la vie ? L’homme n’a jamais rien fait d’autre, depuis qu’il souffre et qu’il pense. Il ne leur a ajouté que sa propre raison d’être — et son propre échec. »

« Lorsque la raison imagine toutes les prières qui se sont perdues dans l’espace, réduites à de pauvres vibrations de banalités, toutes les nuées de divinités dispersées dans les cieux des mythologies successives, les flammes immenses que la pensée a nourries pour des légendes improbables ou le sang versé pour des approximations ridicules — l’univers, alors, semble être un abattoir d’illusions, et celles-ci dans leur quantité accablantes acquièrent la force d’une substance, d’une réalité unique. »

Emil Cioran, Divagations

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11/01/2022

L'univers est une pierre tombale...

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« Nous ne nous mettons en situation de saisir la vérité, d’embrasser le monde dans une vision délestée de toute illusion, qu’à partir du moment où nous comprenons que le possible n’est plus possible, que toute possibilité est suspendue, quand nous fixons à tout jamais des yeux de momie sur l’éphémère et quand notre coeur a cessé de battre. Chaque espoir ossifié signifie le gain d’une vérité supplémentaire. L’existence est le fruit d’une utopie. Et cette utopie est la foi dans les instants, la démence naïve de la succession. Que peut-on ajouter à l’univers pour le rendre supportable ? Le temps, qui créé et qui annihile, qui n’augmente en rien ce qui est mais qui annule l’une après l’autre les forces semblant apporter avec elles une nouveauté absolue — le temps est la défiguration tragique de l’éternité, l’image inutile de l’immobilité. En vérité, il ne se passe rien, vivre aujourd’hui ou à un autre moment ne change rien, chaque instant reflète irrémédiablement ce qui est de toute éternité, l’univers est une pierre tombale sur laquelle le temps inscrit depuis ses commencement une épitaphe, et sous laquelle gisent tous les coeurs qui ont jamais vécu et qui se sont leurrés, incapables de déchiffrer le sens d’une évolution funèbre. »

Emil Cioran, Divagations

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10/01/2022

Cette heure de lumière

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« Qu’elle vienne de la souffrance ou qu’elle vienne de la joie, tout homme a dans sa vie cette heure de lumière, l’heure où il comprend soudain son propre message, l’heure où la connaissance en éclairant la passion décèle à la fois les règles et la monotonie du Destin, le moment vraiment synthétique où l’échec décisif, en donnant la conscience de l’irrationnel, devient tout de même la réussite de la pensée. C’est là qu’est placée la différentielle de la connaissance, la fluxion newtonienne qui nous permet d’apprécier comment l’esprit surgit de l’ignorance, l’inflexion du génie humain sur la courbe décrite par le progrès de la vie. Le courage intellectuel, c’est de garder actif et vivant cet instant de la connaissance naissante, d’en faire la source sans cesse jaillissante de notre intuition, et de dessiner, avec l’histoire subjective de nos erreurs et de nos fautes, le modèle objectif d’une vie meilleure et plus claire.

L’idée métaphysique décisive du livre de M. Roupnel est celle-ci : "Le temps n’a qu’une réalité, celle de l’Instant". Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l’instant et suspendue entre deux néants. Le temps pourra sans doute renaître, mais il lui faudra d’abord mourir. Il ne pourra pas transporter son être d’un instant sur un autre pour en faire une durée. L’instant, c’est déjà la solitude. »

Gaston Bachelard, L’intuition de l’instant

 

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En 2022, plus que jamais, n'oubliez pas de lire... et les bons livres s'il vous plaît...

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09/01/2022

Le "pop" retentit tout à coup comme une cloche de sacrement...

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« La capsule que l’on visse appartient à cette culture de l’excès. Pour l’observateur naïf, le bouchon sert à garder le vin dans la bouteille et l’air en dehors de sorte qu’une faible proportion (et même très faible) de grands crus sont "bouchonnés", c’est-à-dire gâchés par un bouchon défectueux. Pour cet observateur, la capsule résout le problème. Je répondrai respectueusement que le risque du vin bouchonné est essentiel au rituel. Boire un vin précieux est précédé de tout un processus complexe de préparation qui a beaucoup en commun avec les ablutions qui précédaient les sacrifices religieux antiques. On sort la bouteille d’un lieu secret où les dieux l’ont conservé, on l’apporte avec déférence jusqu’à la table, on l’époussette et on la débouche d’un lent mouvement gracieux sous le regard révérencieux des hôtes. Le "pop" retentit tout à coup comme une cloche de sacrement, marquant une grande division dans l’agencement des choses entre une nature morte à la bouteille, et cette même nature morte au vin. Il faut ensuite faire tourner le vin, le sentir, le commenter, et ce n’est qu’une fois ce rituel accompli qu’on le verse dans les verres avec une dévotion cérémonieuse.

Le vin bien servi ralentit tout et établit un rythme où l’on sirote délicatement plutôt que d’avaler des goulées gloutonnes. La cérémonie du bouchon nous rappelle que le bon vin, même si l’on en boit peu souvent, n’est pas une chose banale mais un visiteur venu d’une région plus élevée et un catalyseur de liens amicaux. En résumé, grâce au bouchon, le vin se situe à l’écart du monde de l’achat et de la dépense, il est une ressource morale que nous faisons apparaitre depuis le transcendantal par un "pop".

La capsule que l’on visse n’a pas la même signification. Elle cède tout de suite sans aucun rituel de présentation et aucun effet sonore de sacrement. Ses tessons métalliques déforment la bouteille. Imaginez une nature morte à la bouteille décapsulée : impossible. Elle encourage l’ivresse rapide, la goulée pressée, l’alcool que l’on empoigne et boit égoïstement. Elle réduit le vin à un prémix et le façonne selon les besoins de l’ivrogne. Elle nous rappelle ce que nous perdrions si les rituels de l’alcool mondain étaient remplacés par la solitude de masse de ceux qui se perdent dans les excès d’alcool. »

Roger Scruton, Je bois donc je suis

 

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08/01/2022

Le plastique...

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« Le monde est inondé de conseils à propos de ce qu’il ne faut pas boire. Toutes sortes de produits vertueux dans lesquels sont concentrés pour votre bien le travail honnête et l’amour de la vie (le lait non pasteurisé par exemple) ont été interdits par les fanatiques de la santé. Pas une semaine ne se passe sans qu’un article de journal rapporte les dégâts que les alcools, les boissons gazeuses, le café ou le Coca causent à l’organisme. Il me semble que le temps est venu de souligner cette absurdité et d’établir quelques principes simples. Premièrement, vous devez boire ce que vous aimez dans les quantités que vous voulez. Cela précipitera peut-être votre mort mais les profits pour votre entourage compenseront ce faible coût.

Deuxièmement, vous ne devez pas faire souffrir les autres en buvant ; buvez autant que vous voulez mais éloignez la bouteille avant que la gaité ne cède la place à la tristesse. Les boissons qui ont un effet dépressif (l’eau par exemple) doivent être consommées à petite dose et seulement pour des raisons médicales.

Troisièmement, votre consommation d’alcool ne doit pas faire subir de dommages durables à la planète. En précipitant votre mort, un verre ne présente guère de risque environnemental. Après tout, vous êtes biodégradable et c’est peut-être la meilleure chose que l’on puisse dire de vous. Mais, en général, ceci n’est pas vrai des contenants dans lesquels les boissons sont vendues. Dans l’Angleterre vertueuse où j’ai grandi, les boissons se présentaient dans des bouteilles de verre pour lesquelles on payait 2 pence de consigne. Ce système exemplaire a été en vigueur pendant de nombreuses années jusqu’à l’arrivée de la bouteille en plastique, le plus grand désastre écologique depuis la découverte des énergies fossiles.

Les citadins sont moins conscients de cette catastrophe que les habitants des campagnes car les rues de la ville sont régulièrement nettoyées. Mais le long de n’importe quelle petite route de campagne, on trouve tous les kilomètres environ une bouteille en plastique jetée depuis un véhicule et qui restera pour toujours sur l’accotement. Tous les ans l’accumulation s’accroit, avec des produits particuliers (Lucozade et Coca-Cola par exemple) qui ajoutent des couleurs criardes à la blessure environnementale.

Je condamne ces boissons tout autant que les personnes qui se débarrassent de leurs contenants. Il y a quelque chose dans ces sodas pétillants, au goût enfantin et aux bouteilles bardées de logos, qui provoque une attitude immature chez des personnes qui, dans d’autres circonstances, sont tout à fait matures. La rapidité avec laquelle la dose est délivrée par le "mamelon" en plastique, l’euphorie des bulles dans la gorge et le rot de satisfaction tendent à rétrécir la perspective du buveur, niant ainsi l’idée d’un monde au-delà du sien. Le geste d’autosatisfaction qui consiste à lancer la bouteille par la fenêtre de la voiture (le geste qui dit je suis le roi de l’espace dans lequel ce corps voyage et allez vous faire voir) est exactement ce à quoi nous devons nous attendre quand on laisse libre cours à tout moment aux appétits superficiels.

Aussi, voilà mon quatrième principe : ne buvez pas ce qu’il y a dans les bouteilles en plastique. Déclarez-leur la guerre ainsi qu’aux firmes qui les utilisent. Ne fréquentez pas les supermarchés qui vendent leur lait dans du plastique, refusez par principe les boissons gazeuses et buvez de l’eau, si nécessaire, au robinet seulement.

Une dernière remarque : j’ai trouvé des canettes de bière, des bouteilles d’eau, de whisky et de soda le long de l’accotement, mais je n’ai jamais trouvé une bouteille de vin. De même que nous devons tenir la boisson bestiale pour responsable d’un caractère grossier, nous devons aussi observer dans le comportement prévenant de nos buveurs de vin la vertu morale de ce qu’ils boivent. »

Roger Scruton, Je bois donc je suis

 

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07/01/2022

Le vin que, selon Alexandre Dumas, on devrait boire à genoux

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« Après un verre ou deux, je peux faire ce que nous devrions tous faire et dont seul l’orgueil nous empêche : me réjouir du succès de mes rivaux. Après tout, un monde avec du succès est meilleur qu’un monde qui en est privé et, sous l’effet du vin, tous les succès laissent leur empreinte sur le buveur. Le vin offre un aperçu du monde "sub specie aeternitatis" dans lequel les bonnes choses révèlent leur valeur, et peu importe à qui elles appartiennent.

L’Histoire est une de ces bonnes choses. Les dégustations à l’aveugle supposent que le vin s’adresse exclusivement aux sens et que la connaissance n’a aucune place dans sa dégustation. Penser que l’on peut apprécier un vin uniquement à son goût et à son arôme revient à penser que l’on peut apprécier un poème chinois à ses sonorités sans connaitre la langue. Tout comme les mots sonnent différemment pour celui qui connait leur sens, les vins n’ont pas le même goût pour celui qui peut les situer dans un lieu et une époque.

(…)

En d’autres termes, ma défense du terroir ne fait pas seulement référence à l’affleurement de calcaire bathonien sous le sol de marne de Montrachet. Elle inclut le duché de Bourgogne en tant que concept moral, le nom latin "Puliagnicus" et l’autre nom, Montrachet, dans lequel on ne prononce aucun des deux "t", et bien d’autres noms, Les Chalumeaux, Les Referts, Le Clos des Meix, les Folatières. Ces noms ne sont pas tant attribués par l’homme que découverts au cours de sa longue rencontre avec le sol. Cette défense inclut aussi les siècles de viticulture sous la surveillance attentive de l’abbaye cistercienne de Maizières ; elle inclut les vignobles, avec leurs murs de pierres sèches et leurs portes en bois, ainsi que le plateau de Mont Rachet qui capture toutes les gouttes de lumière depuis l’aube jusqu’au crépuscule. Tout cela, et plus encore, fait partie du vin que, selon Alexandre Dumas, l’on devrait boire à genoux, la tête découverte par déférence ; un vin qui est le concentré même de la vertu que les Grecs appelaient "aidôs", la reconnaissance sincère que l’autre est plus important que soi-même.

Ceux qui visitent la Bourgogne (y compris ceux qui, comme moi, la visitent simplement dans le verre) seront enchantés par ses villes médiévales et ses villages, par les monastères et les églises dont les ombres tombent sur le pays comme une bénédiction. Ils sentiront tout autour d’eux l’histoire et la religion qui ont fait des ducs de Bourgogne de si grands potentats médiévaux, et ils sauront que ce sol est un sol consacré : il a été béni, cajolé, prié par les moines pour qui le vin n’était pas seulement une boisson, mais un sacrement. Pendant des siècles, la Bourgogne a été le cœur de la mission chrétienne en Europe, avec l’ordre bénédictin à Cluny, et l’ordre cistercien à Cîteaux et Clairvaux. Même en cette époque sceptique, leur vin est pour les Bourguignons quelque chose de plus spirituel que végétal, et leur sol relève plus du céleste que du terrestre. »

Roger Scruton, Je bois donc je suis

 

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Christ est né ! En vérité il est né !

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Joyeuse Fête de la Nativité à mes frères et soeurs chrétiens Orthodoxes suivant le calendrier Julien. Paix aux hommes de bonne volonté !

 


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06/01/2022

Une grande réputation de légèreté, de persiflage, de méchanceté

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« Je me donnai bientôt, par cette conduite, une grande réputation de légèreté, de persiflage, de méchanceté. Mes paroles amères furent considérées comme des preuves d'une âme haineuse, mes plaisanteries comme des attentats contre tout ce qu'il y avait de plus respectable. Ceux dont j'avais eu le tort de me moquer trouvaient commode de faire cause commune avec les principes qu'ils m'accusaient de révoquer en doute : parce que sans le vouloir je les avais fait rire aux dépens les uns des autres, tous se réunirent contre moi. On eût dit qu'en faisant remarquer leurs ridicules, je trahissais une confidence qu'ils m'avaient faite. On eût dit qu'en se montrant à mes yeux tels qu'ils étaient, ils avaient obtenu de ma part la promesse du silence ; je n'avais point la conscience d'avoir accepté ce traité trop onéreux. Ils avaient trouvé plaisir à se donner ample carrière : j'en trouvais à les observer et à les décrire ; et ce qu'ils appelaient une perfidie me paraissait un dédommagement tout innocent et très légitime. »

Benjamin Constant, Adolphe

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05/01/2022

De redoutables obsessionnels

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« Lâcher prise, vivre dans l'instant présent : je connais cette antienne, et même si l'idée me semble juste j'ai remarqué qu'elle est souvent, et comme souvent les discours libertaires, défendue par de redoutables obsessionnels. J'ai remarqué aussi que le petit monsieur, si désireux de nous donner sa sérénité en exemple, accomplissait n'importe quelle tâche, saisir un bol par exemple, ou verser de la levure de bière dans sa soupe, avec deux fois plus de gestes qu'il n'aurait suffi. »

Emmanuel Carrère, Yoga

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04/01/2022

Dédommagement

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« Toute présence — si grande soit-elle — nourrit le rêve d’une absence équivalente, et tout ce qui est conspire à son image inversée. De l’univers entier nous extrayons encore l’idée de manque de toute chose, pour nous dédommager sur le plan logique de notre captivité dans l’être et de l’incapacité de notre coeur à ne pas dépendre du sang. »

« Tout ce qui naît de l'enthousiasme est erroné, et ce qui n'y prend pas sa source est négation de la vie »

Emil Cioran, Divagations

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03/01/2022

La tentation la plus profonde

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« Puisqu'il est impossible à l'humain de sauver l'humain, puisque l'homme est le plus grand ennemi de l'homme, une forme ou une autre de divinité restera toujours la tentation la plus profonde de la créature. »

« L'état de celui que ses semblables dégoûtent n'est comparable qu'à une nature qui renierait ses saisons. »

« De l'ennui, seul un miracle peut nous sauver. »

Cioran, Divagations

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02/01/2022

Statistiques...

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Contrôle de Masse...

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Préparation...

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Nouveau Variant...

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Obéissance...

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Le Gôchiste ne sait même plus mentir...

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Il est important de rappeler aux plus jeunes que Zemmour menace notre démocratie...

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Finesse et naturel...

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Bonne année 2022 aux tenants du Système et à leurs chiens de garde...

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La tempête...

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« Une fois la tempête passée, tu te demanderas comment tu as fait pour survivre. Tu ne seras pas très sûr, en fait, qu'elle soit vraiment achevée. Mais sois certain d'une chose : une fois que tu auras essuyé cette tempête, tu ne seras plus le même. Tel est le sens de cette tempête. »

Haruki Murakami, Kafka sur le rivage

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01/01/2022

Le monde culturel obséquieux et complètement corrompu où chaque petite merde était à vendre

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« J’avais une chance de m’en sortir, c’était de couper tout lien avec le monde culturel obséquieux et complètement corrompu où chaque petite merde était à vendre, couper tout lien avec le monde creux de la télé et des journaux et m’isoler dans une pièce pour commencer à lire sérieusement, pas la littérature contemporaine mais celle d’une qualité supérieure, et puis écrire comme si ma vie en dépendait. Et volontiers pendant vingt ans s’il le fallait. »

Karl Ove Knausgård, Un homme amoureux

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