27/08/2012
Le sens du Duel
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« "C’est un des grands avantage du duel d’effacer toute rancune entre les combattants et de soutirer, par une petite blessure, de son venin à la vie sociale, si facilement empoisonnée." Léon Daudet.
Léon a le sang chaud. Quand quelque chose lui déplait, quand il a le sentiment qu’on s’est moqué de lui ou qu’on porte atteinte à son honneur, à sa considération, à celle des siens, il envoie ses témoins, et provoque en duel.
Exceptionnellement nombreux sont les duels auxquels il a pris part. il aime cela, il aime cette poussée d’adrénaline qui précède l’affrontement, et il considère que toute faute lavée dans le sang peut alors être effacée, oubliée. Mais pas avant.
Le 31 mars 1896, en lisant le quotidien (pourtant) conservateur L’écho de Paris, Léon a la mauvaise surprise de découvrir à la "une" un dessin le représentant en train de lécher les bottes du duc d’Orléans. La légende du dessin précise : "sous l’œil des Morticoles". Elle fait allusion à un chapitre du livre de Daudet, paru deux ans auparavant où l’on voit des étudiants en médecine, contraints, en quelque sorte, de lécher les pieds des mandarins de la Faculté. A cette époque, Léon est loin d’être converti au royalisme. Son père, ce républicain inattaquable, est encore de ce monde. Le directeur de L’écho de Paris, Henry Simond, est l’un de ses amis. Quand à Steinlein, c’est un talentueux caricaturiste de presse qui ne ferait pas de mal à une mouche. Peu importe. Léon leur envoie à tous deux ses témoins : Georges Hugo et Maurice Barrès.
Steinlein et Simond refusant le duel, Léon surgit au journal et, devant tous les employés, gifle à tour de bras le malheureux Simond. Il fallut une douzaine de personnes pour évacuer le fougueux jeune homme mais le duel n’eut pas lieu.
Son premier duel se déroule au parc des Princes en 1902. Léon Daudet affronte un journaliste d’extrême gauche, Alfred Gérault-Richard. Les deux hommes ont eu des mots à propos de Jean Jaurès. Il y a trois assauts. Au second assaut, Daudet a l’impression qu’il atouché son adversaire à l’aisselle. Mais le combat continue. A la troisième reprise, il est blessé à son tour, sans gravité. En fait, Gérault-Richard avait bien été touché lors de la seconde reprise, mais avait fait comme s’il n’en était rien, poursuivant le duel.
Deux ans plus tard, Léon affronte un sénateur nommé Delpech. Il l’avait assassiné dans un article intitulé "Un caïman dans la coulisse". Delpech lui envoie ses témoins. Lors de l’affrontement, Léon est touché : "une simple piqûre en haut du bras, qui n’empêche ni de courir ni d’écrire".
En 1910, le duc d’Orléans, dans une entrevue au Gaulois, recueillie par le journaliste Gaston de Maizière, désavoue certaines polémiques jugées excessives de l’Action française. Un peu plus tard, le duc d’Orléans expliquera que ses propos ont été mal rapportés. Du coup, Léon provoque en duel le journaliste du Gaulois. La rencontre a lieu en juin. Léon est légèrement blessé au poignet. La même année il se bat avec André Legrand et il est à nouveau blessé.
En 1911, à l’occasion de chahuts des Camelots du Roi visant une pièce de Bernstein, Léon affronte le romancier Nadaud, qui se substitue à Bernstein. Le duel est bref : "Nadaud est très grand ; il tendait le bras et je le piquai à l’avant-bras". Dans la foulée, Léon livre un second duel avec Georges Clarétie, le fils de Jules, qui est un ami de Bernstein. "Je dus faire poum poum avec des pistolets, puis m’aligner à l’épée". En fait Léon touche Clarétie à la poitrine et le combat est arrêté.
Enfin le 21 juillet de la même année, c’est avec Bernstein lui-même que Léon se bat. Il est touché au front et au biceps, tandis qe son adversaire est blessé à l’avant-bras.
Le 23 novembre 1911, Léon se bat avec Henri Chervet. Il est blessé au coude. Au tout début de l’année 1912, il affronte Pierre Mortier, qu’il blesse légèrement.
Le dernier duel de l’avant-guerre l’oppose, en 1914, à Paul Hervieu, un sous écrivain plus ou moins pacifiste. "Sa servilité croissante me dégoûtait. Je lui dis en termes crus". Il s’ensuivit dons un échange de quatre balles au parc des Princes. Francois Broche note que cette attaque visait un écrivain "inoffensif, modèle de platitude académique". L’adversaire n’était pas à la hauteur de Daudet. Mais Daudet, à 47 ans ne donnait aucun signe d’assagissement.
"Je souhaite non qu’on se réconcilie, ce qui serait fade, mais qu’après de solides et brillantes batailles, on ait des pauses de conciliation où l’on boive ensemble, dans la poussière et dans la fumée, le vin de la griserie prochaine." Léon Daudet. »
Francis Bergeron, Léon Daudet - Collection "Qui suis-je ?"
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