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26/12/2014

J'ai en haine tout despotisme

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Suicide français : l’erreur de diagnostic de Zemmour – Par Guillaume Faye

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Deux choses dans ce post...

Tout d'abord un article de Guillaume Faye dans lequel on assiste à un changement de paradigme surprenant... Guillaume Faye fait un pas appuyé vers le libéralisme, ce qui ne lui interdit pas d'être conservateur. Lorsqu'on sait que certains classent Faye à la droite de la droite d'Alain de Benoist, on demeure stupéfait. Pour ma part, si je suis stupéfait, c'est avec un évident plaisir, car je n'ai jamais lu, auparavant, de texte de l'ancien du GRECE dans lequel il était aussi pertinent, en faisant une distinction prononcée entre la sphère idéologique et la sphère économique.

Je sais apprécier ce qu'écrivent ou disent plus ou moins et selon des degrés divers, hein ?, ne vous énervez pas, Éric Zemmour, feu-Dominique Venner, Jean-Claude Michéa, Richard Millet ou Alain Finkielkraut, chacun d'entre eux selon leurs positions individuelles... car leurs constats sont excellents... mais leurs analyses foirent toujours à un moment donné comme l'indique Faye dans son article à propos de Zemmour ! Ils voient la réalité au travers d'un prisme (idéologique également) qui leur fait dénoncer à juste titre la mentalité gauchiste ambiante, mais leur interdit d'entrevoir leurs propres limites fort nombreuses ! C'est qu'ils n'entravent que dalle à l'économie et continuent à penser que l'Etat doit avoir un rôle colbertiste en toutes choses ! Ce qui limite la liberté des individus et les infantilise pour mieux les dominer ! Et je suis de ceux qui pensent que moins il y a d'Etat dans ma vie, mieux je me porte. Alors lorsque des crétins me traitent de "fasciste", je me marre doucement dans mes bons jours... ou alors je soupire de dépit. 

Or, dés Gramsci, il était évident que c'était essentiellement par un long travail de fond dans le domaine Culturel, dans le domaine des Idées, que la Gauche allait imposer progressivement ses conceptions économiques et sociétales à tout le monde, même à la droite par contamination... par (comme le dit Zemmour) la Déconstruction, la Dérision et la Destruction. On aurait pu ajouter, également, la Dénonciation de type stalinienne et soviétoïde...

Ensuite, un entretien réalisé par Jean Robin que je vous invite à écouter de bout en bout. Faye aborde tous les sujets. Les clowns de services que sont Soral et Dieudonné (et qui en prennent pour leur grade), Israël (avec lequel, dit Faye, l'Occident devrait s'allier), l'Islam, le Libéralisme (que Faye ne renie absolument pas), et d'autres choses qui le font remonter dans mon estime, moi qui avait nettement tendance à me méfier de lui auparavant.

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Suicide français : l’erreur de diagnostic de Zemmour – Par Guillaume Faye

Dans son essai remarquable et qui a secoué l’oligarchie parce qu’il y défend le peuple avec insolence et brio contre une gauche cynique et désemparée, Éric Zemmour donne du déclin et du suicide français une percutante analyse dans les domaines métapolitiques et culturels. Son diagnostic est d’une lucidité impeccable, sauf sur un point majeur : il incrimine comme une des causes de la décadence le libéralisme, le consumérisme individualiste, la société marchande, la mondialisation économique…. Bref, l’argent, le capitalisme, la fonction marchande etc. seraient sources d’occultation de la nation et de son histoire. Cette position, qui fut aussi longtemps la mienne, doit être sérieusement amendée. D’autre part, sur son analyse de Mai 68, E. Zemmour néglige certains points. Voici pourquoi. En dix arguments.

1) Cette erreur de jugement a été partagée aux Etats-Unis en leur temps par Christopher Lasch et Thorstein Veblen, acerbes critiques du consumérisme et de la marchandisation de la société. Elle est au fond d’origine épistémologique marxiste (Diamat, ”matérialisme dialectique”, dogme central marxiste) : l’économie serait l’infrastructure des comportements culturels. Ce qui est faux, c’est l’inverse. En réalité, le déclin des valeurs d’identité ethno-nationale, familiales, éducatives, etc. n’est pas corrélé à un régime économique ni à un niveau matériel de vie ; mais à un socle idéologique et culturel qui joue comme une infection virale à long terme. L’infrastructure des sociétés est mentale et non pas matérielle et économique.

2) Mai 68 qui a joué comme un accélérateur de tendances plus anciennes fut, certes, un mouvement libertaire, mais pas du tout ”libéral”. Je l’ai vécu de l’intérieur, je peux en parler. L’idéologie dominante de Mai 68 était néo-marxiste, adepte de l’École de Francfort, violemment anti-capitaliste, anti-marchande, anti entrepreneurs privés, pseudo prolétarienne, maoïste, léniniste et trotskiste dans ses fondamentaux culturels. Les deux piliers idéologiques de Mai 68 étaient : a) internationalisme et cosmopolitisme à tendances libertaires ”sociétales” et égalitaristes anti-sélectives ; b) idéologie socio-économique néo-marxiste avec modèle communiste dominant.

3) La France d’aujourd’hui est bien l’héritière de ces deux piliers de Mai 68 : a) cosmopolitisme déraciné ; b) socialisme étatisé avec puissantes corporations protégées. Le ”suicide français” provient du mélange des deux. Le ”bobo” (bourgeois bohème) est à la fois urbain cosmopolite déraciné libertaire et fonctionnarisé, apparatchik, privilégié. Le soixante-huitard n’a pas majoritairement, contrairement aux clichés, donné lieu à la figure du ”faiseur d’argent”, du money maker, mais plutôt à celle du petit bourgeois fonctionnaire de gauche, attaché à ses privilèges et adepte des idées de Terra Nova.

4) C’est une plaisanterie que de prétendre que la France est un pays rongé par le libéralisme et le capitalisme marchand. Zemmour est tenté par cette analyse. Tout au contraire, nous vivons dans un système économique socialisé et étatisé où plus de 50% de la richesse est accaparé et redistribué (mal) par un système bureaucratique qui détient le record de l’OCDE de la faiblesse du secteur marchand. Le déclin français ne provient pas du capitalisme (anémique) ou du consumérisme individualiste débridé, mais, au contraire, de l’égalitarisme, du réglementarisme, du fiscalisme, de la fuite des entrepreneurs, de la sclérose de l’État Providence pachydermique.

5) L’égalitarisme anti-sélectif qui ronge la société française, de l’Éducation nationale à la législation économique (discriminations positives, etc), est totalement incompatible avec toutes les valeurs du capitalisme libéral (je préférerais le terme ”entrepreneurial”) fondé sur les valeurs de méritocratie sélective, de hiérarchie naturelle, de compétition, de circulation des élites. Donc, de ”darwinisme social”, ce concept abhorré par tous les héritiers de Mai 68. On est loin des idées de Schumpeter.

6) La ”société marchande”, la ”marchandisation du monde ” (ou des rapports sociaux) sont des concepts intellectualistes hors sol. Ils ne correspondent à aucune réalité dans une société française fondée sur l’assistanat et les privilèges corporatistes ; non pas sur la recherche de l’enrichissement et du profit individuels, lourdement punis. Dans l’histoire comme sur la planète d’aujourd’hui, des sociétés et des États ont cultivé les valeurs marchandes sans oublier les autres. Et sans nullement entrer en décadence, comme nous. Diaboliser la performance économique, financière et marchande relève de l’hypocrisie.

7) L’esprit de Mai 68, égalitariste et néo-marxiste, déteste l’idée de concurrence, qui est, à l’inverse, le pilier de la vision ”libérale” de la société. Cette détestation produit un anti-élitisme, ou plus exactement l’instauration d’une oligarchie incompétente, sélectionnée selon des critères qui ne sont plus la réussite objective ou la méritocratie mais le système des castes, des communautés et des corporations privilégiées. Sans oublier une vision égalitariste et contre productive de la ”justice sociale” qui fait, par exemple, supprimer les bourses au mérite au profit des bourses de classe – et d’origine.

8) Les maux que dénonce avec justesse Éric Zemmour, comme l’immigration-colonisation incontrôlée, le laxisme judiciaire et policier face à la criminalité, l’abandon de l’enseignement de l’identité française (et européenne), l’idéologie androgyne du ”genre” et les délires du féminisme anti féminin, le torpillage de la famille, la xénophilie de l’idéologie dominante, l’oubli de la nation au profit d’une vision idéologique de la ”république”, etc. proviennent exclusivement d’un virus culturel et métapolitique. Une infection mentale qui n’a rien à voir avec le libéralisme, le capitalisme, le mondialisme, le consumérisme, etc.

9) Cette infection mentale, ce virus idéologique découlent en réalité de l’influence de l’École de Francfort néo-marxiste sur l’idéologie de Mai 68, actuellement au pouvoir (W.Reich, Th.Adorno, W. Benjamin, etc.) ainsi que de l’influence de la French Theory de la ”déconstruction”, elle aussi néo-marxiste : Althusser, Lacan, Foucault, Deleuze, Derrida, etc. Sartre et Beauvoir, compagnons de route du communisme, doivent aussi être cités. (1) Tout ce bourgeoisisme marxisé est la racine du suicide français, ou plutôt de la tentative de meurtre de la France par une idéologie minoritaire mais despotique. Cette guérilla culturelle fut autrement plus meurtrière que les manœuvres des banquiers mythiques à gros cigares.

10) Ce que déteste cette planète idéologique, qui a objectivement pris le pouvoir sur les esprits de l’oligarchie, c’est la notion d’identité française et européenne et donc tout ce qui fonde son ordre naturel social, familial, sexuel. Elle est animée par une sorte de post-trotskisme qui vise, avec haine, à détruire (”déconstruire”) l’idée de nation et ses fondements. Sans s’embarrasser de la terrifiante contradiction de son soutien objectif à l’islam dans nos murs, qui ne partage pourtant pas ses valeurs. Mais peu importe : le but obsessionnel de l’idéologie à l’œuvre dans le ”suicide français”, c’est (ethnomasochisme) la fin de nos traditions, de nos cultures et de notre civilisation. ”Du passé faisons table rase…afin que nous n’ayons plus d’avenir.”

Conclusion

Les idées mènent le monde plus que les infrastructures économiques. Ce qui a provoqué la maladie, ce ne sont pas, comme le suggère Zemmour, le libéralisme, la société marchande, l’individualisme consumériste, l’argent, les banques, la finance, le capitalisme, les spéculateurs (qu’il faut se garder d’encenser, évidemment) mais plutôt cette conjonction dramatique : un virus mental et idéologique qui atteint le cerveau de la France (le gauchisme) et une paralysie nerveuse et musculaire (le socialisme) qui atteint son corps. La guérison, nécessairement révolutionnaire, devra donc porter sur ces deux aspects.

(1) Simone de Beauvoir fut une des inspiratrices de la ”gender theory”. Son ami, J-P Sartre, devenu marxiste au moment de Mai 68, exemple même du pseudo-philosophe oublié, a commencé sa carrière à Paris, comme auteur dramatique, sous l’occupation allemande, sans se signaler par sa ”résistance“.

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1ère partie : Qui est Guillaume Faye ?



 

2ème partie : L’idéologie dominante est-elle libérale ?



 

3ème partie : Judéomanie et nouvelle question juive



 

4ème partie : L’islam



 

5ème partie : Pourquoi la droite française est-elle marxiste ?



 

6ème partie : Quelle différence entre Eric Zemmour et Alain Soral ?

 

7ème partie : Qui est réellement censuré en France ?



 

8ème partie : Est-ce le début de la 3ème Guerre Mondiale ?



 

9ème partie : Que doivent faire les patriotes français ?



 

10ème partie : Sur le parallèle entre 1940 et 2014



 

11ème partie : A quoi bon la remigration si le marxisme est toujours dominant ?



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Source Article

Source Entrevue

 

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25/12/2014

Christ est né

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24/12/2014

Comme un paquet dans un coin perdu de gare

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« Or, il n’y a d’absence que de l’autre : c’est l’autre qui part, c’est moi qui reste. L’autre est en état de perpétuel départ, de voyage ; il est, par vocation migrateur, fuyant ; je suis, moi qui aime, par vocation inverse, sédentaire, immobile, à disposition, en attente, tassé sur place, en souffrance, comme un paquet dans un coin perdu de gare. L’absence amoureuse va seulement dans un sens, et ne peut se dire qu’à partir de qui reste - et non de qui part : je, toujours présent, ne se constitue qu’en face de toi, sans cesse absent. Dire l’absence, c’est d’emblée poser que la place du sujet et la place de l’autre ne peuvent permuter ; c’est dire : "Je suis moins aimé que je n’aime". »

Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux

 

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L’asphyxie est une mort cruelle

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« - Toi tu fus un artiste et un penseur, un homme plein de joie et de confiance, toujours sur les traces du grand et de l’éternel, jamais satisfait du médiocre et du gentil. Mais plus la vie t’a éveillé et donné la conscience de toi-même, plus grande est devenue ta peine ; t’enlisant de plus en plus, tu t’es enfoncé jusqu’au cou dans la souffrance, l’angoisse et le désespoir, et tout ce que jadis tu as connu, adoré, admiré de beau et de sacré, toute ta foi ancienne dans les hommes et notre destin élevé n’a pu t’aider, a perdu sa valeur, est tombé en rien. Ta foi n’avait plus d’air pour respirer. Et l’asphyxie est une mort cruelle. »

Hermann Hesse, Le Loup des steppes

 

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23/12/2014

Les désirs refroidis, l’acte avorté, le signe du moins…

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« — Mon ami, je m’étonne du parti pris de ces prêtres un peu sots et bornés qui, par leur zèle indiscret, entretiennent tant de bonnes gens dans l’illusion qu’ils donnent à faire à tous les démons de la luxure. Les termes de l’art militaire ajoutent à ces fadeurs un ridicule de plus. Il n’est parlé que de combats, d’assauts livrés ou repoussés, de défaites et de victoire… Hélas! mon enfant, moi qui vis — je puis dire — dans la familiarité des saints, et parmi eux des plus subtils, que voulez-vous que je pense de cette guerre illusoire où les malheureux se mesurent avec leurs ombres? Bien plus…
Il lui pressait plus affectueusement les mains. 
— Il n’y a pas là, continua-t-il, qu’une erreur de jugement : une duplicité fort perverse. À vous prendre simplement (si vous voulez bien), j’estime, je tiens pour avéré que, loin d’opposer une résistance aux tentations extérieures, vous entretenez, avec beaucoup de peine et d’application, une concupiscence dont chaque jour affadit le venin. De la source désormais tarie, vous remuez la boue, pour en respirer au moins l’odeur. Par économie de vos forces, il vous plaît de vivre dans ce mensonge d’un nom prodigué à des séductions imaginaires, lorsque votre sensualité suffit à peine à exercer utilement voire malice. Que me parlez-vous de lutte intérieure ? Je vois trop clairement les pensées suspectes, les désirs refroidis, l’acte avorté. Qui réaliserait ces fantômes vous ferait un tort bien cruel. C’est justement cette ombre que votre appétit veut consommer, non pas une chose vivante. Je vous parle ici plutôt en savant qu’en prêtre : le débauché se va jeter comme un dément sur les voluptés qu’il presse et, dans l’excès de sa folie, il offre du moins au regard le spectacle d’un homme qui ne se ménage pas… Mais vous !… Mais vous… votre vie intérieure, mon enfant, porte le signe du moins.  »

Georges Bernanos, L’Imposture

 

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Acquérir une idée de ce qu’est la vie

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« Le but de la vie , c’est : acquérir une idée de ce qu’est la vie. Ce qui, assurément, ne change rien à l’absolu comme l’imaginent les prêtres, mais aide à passer de l’autre côté.

Les mises représentées par les jetons dont nous nous servons dans ce jeu sont incalculables, effroyablement élevées. Nous sommes comme des enfants qui jouent avec des fèves, et qui ne savent pas que chacune de ces fèves enferme en elle de merveilleuses possibilités de printemps et de floraison. »

Ernst Jünger, Premier Journal Parisien

 

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Les anciens temps magiques ont disparu

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« Départ de Saint-Michel; mais peut être y reviendrons-nous. Les douces prairies me resteront en mémoire, avec leurs haies d’aubépine; dans les taillis encore nus, on voyait les boules vertes des guis et de sombres nids de pie. Parmi leurs feuilles sèches fleurissaient déjà le lupin et la violette, et l’ortie poussait ses feuilles vertes. Le pays est vallonné; çà et là de grandes fermes s’y cachent, avec leurs écuries et leurs granges. Les toits d’ardoise luisants émergent de sa profondeur, comme des miroirs. Pensé à la vue de ces métairies : les anciens temps magiques ont disparu, pourtant il nous reste encore des clefs pour leur redonner vie. Mais viennent ensuite des degrés où l’homme perd jusqu’au souvenir du Bien et du Vrai. Il ignore alors les sources de son malheur. »

Ernst Jünger, Premier Journal Parisien

 

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Un peu de cette grandiose sauvagerie dont notre civilisation dégénérée avait le plus besoin

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« Ainsi, le retour des loups intervenait précisément à l’heure où le système économique qui avait commandé leur extermination se mettait sérieusement à vaciller, et le lieutenant y voyait un symbole et un espoir. L’homme, affranchi du sauvage, avait cru pouvoir se libérer de toute contrainte naturelle, allant jusqu’à accepter le mariage des homosexuels et leur “paternité”, avant de se persuader que la différence entre un homme et une femme n’était qu’une donnée culturelle. Le retour du loup offrait un peu de cette grandiose sauvagerie dont notre civilisation dégénérée avait le plus besoin. Cela valait bien quelques moutons stupides, payés par la collectivité, sacrifiés en offrande formidable hôte des forêts de notre vieille Europe. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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Il n’y a pas moyen d’échapper à cette illu­sion d’une cap­tiv­ité inévitable

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« Si, du moins, on pou­vait se per­suader que le temps n’existe pas, qu’il n’y a aucune dif­férence entre une minute et plusieurs heures, entre un jour et trois cents jours, et qu’on est ainsi de plain-pied partout ! Ce qui fait tant souf­frir, c’est la lim­ite et la lim­ite suc­cé­dant toujours à la lim­ite. Notre âme cap­tive dans un étroit espace n’en sort que pour être enfer­mée dans un autre espace non moins exigu, de manière que toute la vie n’est qu’une série de cachots étouf­fants désignés par les noms des diverses frac­tions de la durée, jusqu’à la mort qui sera, dit-on, l’élargissement défini­tif. Nous avons beau faire, il n’y a pas moyen d’échapper à cette illu­sion d’une cap­tiv­ité inévitable con­sti­tuée suc­ces­sive­ment par toutes les phases de notre vie qui est elle-même une illu­sion. »

Léon Bloy, Médi­ta­tions d’un soli­taire

 

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22/12/2014

L'Attente...

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Nos douleurs sont une île déserte

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« Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. Ce n’est pas une raison pour ne pas se consoler, ce soir, dans les bruits finissants de la rue, se consoler, ce soir, avec des mots. Oh, le pauvre perdu qui, devant sa table, se console avec des mots, devant sa table et le téléphone décroché, car il a peur du dehors, et le soir, si le téléphone est décroché, il se sent tout roi et défendu contre les méchants du dehors, si vite méchants, méchants pour rien.

Quel étrange petit bonheur, triste et boitillant mais doux comme un péché ou une boisson clandestine, quel bonheur tout de même d’écrire en ce moment, seuil dans mon royaume et loin des salauds. Qui sont les salauds ? Ce n’est pas moi qui vous le dirai. Je ne veux pas d’histoires avec les gens du dehors. Je ne veux pas qu’on vienne troubler ma fausse paix et m’empêcher d’écrire quelques pages par dizaines ou centaines selon que ce cœur de moi qui est mon destin décidera. J’ai résolu notamment de dire à tous les peintres qu’ils ont du génie, sans ça ils vous mordent. Et, d’une manière générale, je dis à chacun que chacun est charmant. Telles sont mes mœurs diurnes. Mais dans mes nuits et mes aubes je n’en pense pas moins.

Somptueuse, toi, ma plume d’or, va sur la feuille, va au hasard tandis que j’ai quelque jeunesse encore, va ton lent cheminement irrégulier, hésitant comme en rêve, cheminement gauche mais commandé. Va, je t’aime, ma seule consolation, va sur les pages où tristement je me complais et dont le strabisme morosement me délecte. Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge. Mais ils ne me rendront pas ma mère. Si remplis de sanguin passé battant aux tempes et tout odorants qu’ils puissent être, les mots que j’écris ne me rendront pas ma mère morte. Sujet interdit dans la nuit. Arrière, image de ma mère vivante lorsque je la vis pour la dernière fois en France, arrière, maternel fantôme. »

Albert Cohen, Le livre de a mère

 

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