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28/02/2014

Ceci n'est plus une femme...

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Car moi j’ai subi tous ces amours...

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« Il y a tant d’amours dans la vie pour l’homme ! À quatre ans, amour des chevaux, du soleil, des fleurs, des armes qui brillent, des livrées de soldat ; à dix, amour de la petite fille qui joue avec vous, à treize, amour d’une grande femme à la gorge replète, car je me rappelle que ce que les adolescents adorent à la folie, c’est une poitrine de femme, blanche et mate.

Je faillis me trouver mal la première fois que je vis tout nus les deux seins d’une femme. Enfin, à quatorze ou quinze, amour d’une jeune fille qui vient chez vous. Un peu plus qu’une soeur, moins qu’une amante. Puis à seize, amour d’une autre femme jusqu’à vingt-cinq. Puis on aime peut-être la femme avec qui on se mariera.

Cinq ans plus tard, on aime la danseuse qui fait sauter sa robe de gaze sur ses cuisses charnues. Enfin, à trente-six, amour de la députation, de la spéculation, des honneurs ; à cinquante, amour du dîner du ministre ou de celui du maire ; à soixante, amour de la fille de joie qui vous appelle à travers les vitres et vers laquelle on jette un regard d’impuissance, un regret vers le passé.

Tout cela n’est-il pas vrai ? Car moi j’ai subi tous ces amours, pas tous cependant, car je n’ai pas vécu toutes mes années, et chaque année dans la vie de bien des hommes est marquée par une passion nouvelle, celle des femmes, celle du jeu, des chevaux, des bottes fines, des cannes, des lunettes, des voitures, des places. »

Gustave Flaubert, Mémoires d’un fou

 

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Pierre Carrier-Belleuse : Jeune femme ajustant son corset (1893)

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Pierre Carrier-Belleuse

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Watchlist...

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D'ailleurs comment se tourner vers La Mecque cinq fois par jour en orbitant à 50 000 km/h entre Mars et Jupiter ?

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Une fatwa interdit aux musulmans de se rendre sur Mars

 

« Je ne sais à quoi peut ressembler une planète complètement islamisée, sinon à un Sahara géant, je crois que quelque chose dans le plan de la Surnature en empêche l'occurrence, sous peine d'autodestruction de cette planète et peut être de la vie intelligente ailleurs dans le cosmos.
Aucune conquête spatiale ne sera possible avant la résultante de l'Armageddon qui s'annonce. S'il est probable, après tout, qu'une telle religion puisse localement anéantir une humanité planétaire, il me semble improbable que le plan de la Surnature puisse inclure son expansion surnaturelle dans l'Espace. D'ailleurs comment se tourner vers La Mecque cinq fois par jour en orbitant à 50 000 km/h (et donc en rotation constante, y compris sur soi-même) entre Mars et Jupiter, objets eux-mêmes en rotation constante, comme notre propre Terre ? »

Maurice G. Dantec, American Black Box. Le Théâtre des opérations 3 : journal métaphysique et polémique, 2002-2006

 

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Samson François : Chopin Ballade Nr 1 g minor

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Frédéric Chopin

 

Samson François

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27/02/2014

Ceci n'est plus une femme...

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Notre époque montre une forte tendance au pacifisme. Ce courant émane de deux sources, l'idéalisme et la peur du sang. L'un refuse la guerre par amour des hommes, et l'autre parce qu'il a peur.

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Au premier plan, Ernst Jünger, avec derrière lui Emil Cioran

« La guerre est la plus forte rencontre des peuples. Alors que commerce et circulation, compétitions et congrès ne font se joindre que les pointes avancées, la guerre engage l'équipe au complet, avec un objectif seul et unique : l'ennemi. Quels que soient les problèmes et les idées qui agitent le monde, toujours leur sort se décida par la confrontation dans le sang. Certes toute liberté, toute grandeur et toute culture sont issues du silence de l'idée, mais seules les guerres ont pu les maintenir, les propager ou les perdre. La guerre seule a fait des grandes religions l'apanage de la terre entière, a fait surgir au jour, depuis leurs racines obscures, les races les plus capables, a fait d'innombrables esclaves des hommes libres. La guerre n'est pas instituée par l'homme, pas plus que l'instinct sexuel ; elle est loi de nature, c'est pourquoi nous ne pourrons jamais nous soustraire à son empire. Nous ne saurions la nier, sous peine d'être engloutis par elle.

Notre époque montre une forte tendance au pacifisme. Ce courant émane de deux sources, l'idéalisme et la peur du sang. L'un refuse la guerre par amour des hommes, et l'autre parce qu'il a peur.

Le premier est de la trempe des martyrs. C'est un soldat de l'idée ; il est courageux : on ne peut lui refuser l'estime. Pour lui, l'humanité vaut plus que la nation. Il croit que les peuples, dans leur furie, ne font que frapper l'ennemi de plaies sanglantes. Et que lorsque les armes ferraillent, on cesse d'oeuvrer à la tour que nous voulons pousser jusqu'au ciel. Alors il s'arc-boute entre les vagues sanglantes et se fait fracasser par elles.

Pour l'autre, sa personne est le bien le plus sacré ; par conséquent il fuit le combat, ou le redoute. C'est le pacifiste qui fréquente les matchs de boxe. il s'entend revêtir sa faiblesse de mille manteaux chatoyants - celui du martyr de préférence -, et bon nombre d'entre eux ne sont que trop séduisants. Si l'esprit d'un peuple entier pousse dans ce sens, c'est le tocsin de la ruine prochaine. Une civilisation peut être aussi supérieure qu'elle veut - si le nerf viril se détend, ce n'est plus qu'un colosse aux pieds d'argile. Plus imposant l'édifice, plus effroyable sera le chute. »

Ernst Jünger, La Guerre comme expérience Intérieure

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Louis Chalon : Circé

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Louis Chalon

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Salaire Complet...

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La tension qui règne au-dessus des abîmes

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« Qu'avaient donc fait les Péruviens aux Espagnols ? A bon entendeur, les couronnes des forêts vierges qui se balancent aujourd'hui sur les ruines de leurs temples solaires chanteront la réponse. C'est le chant de la vie qui se dévore elle-même. Vivre égale tuer. »

« Comme d'autres dans l'art ou dans la vérité, ils cherchaient leur accomplissement dans la lutte. Nos voies sont diverses, chacun porte en son coeur une autre boussole. Pour chacun, vivre veut dire autre chose, pour l'un le chant du coq au matin clair, pour l'autre l'étendue qui dort au midi, pour un troisième les lueurs qui passent dans les brumes du soir.

Pour le lansquenet, c'était le nuage orageux qui couvre au loin la nuit, la tension qui règne au-dessus des abîmes. »

Ernst Jünger, La Guerre comme expérience Intérieure

 

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Vladimir Viardo : César Franck, Prelude, Fugue and Variation in B minor, Op.18

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César Franck

 

Vladimir Viardo

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26/02/2014

Ceci n'est plus une femme...

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Alice Pike Barney : Circé

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Alice Pike Barney

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Paco de Lucía ( 21 décembre 1947 - 26 Février 2014), repose en paix...

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Un Maître vient de nous quitter...

 

 

 

 

 

 

PACO DE LUCIA

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Ma chère mère, vous ignorez tellement ce que c’est qu’une existence de poète

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« Chère mère,

20 décembre 1855,

Je suis absolument las de la vie de gargote et d’hôtel garni ; cela me tue et m’empoisonne. Je ne sais comment j’y ai résisté.

Je suis las des rhumes et des migraines, et des fièvres, et surtout de la nécessité de sortir deux fois par jour, et de la neige, et de la boue, et de la pluie.

(…) il y a quelque état plus grave que les douleurs physiques, c’est la peur de voir s’user et péricliter, et disparaître, dans cette horrible existence pleine de secousses, l’admirable faculté poétique, la netteté d’idées, et la puissance d’espérance qui constituent en réalité mon capital.

Ma chère mère, vous ignorez tellement ce que c’est qu’une existence de poète, que sans doute vous ne comprendrez pas grand-chose à cet argument-là ; c’est cependant là que gît ma principale frayeur ; je ne veux pas crever obscurément, je ne veux pas voir venir la vieillesse sans une vie régulière, je ne m’y résignerai JAMAIS ; et je crois que ma personne est fort précieuse, je ne dirai pas plus précieuse que d’autres, mais suffisamment précieuse pour moi.
»

Charles Baudelaire, Oeuvres complètes et Correspondances

 

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Free Speech...

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Cinematic Orchestra : To Build A Home

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The Cinematic Orchestra

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25/02/2014

Stay Poor...

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Bloc Party : This Modern Love

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BLOC PARTY

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Mon travail est un labeur obscur et souterrain de mine

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« Ni ce livre ni moi ne faisons de politique. Le sujet dont je parle ici est antérieur à la politique ; il est dans le sous-sol de la politique. Mon travail est un labeur obscur et souterrain de mine. La mission de celui que l’on a nommé "l’intellectuel" est en un certain sens opposé à celle du politicien. L’œuvre de l’intellectuel aspire – souvent en vain – à éclaircir un peu les choses, tandis que celle du politicien consiste souvent à les rendre plus confuses. Etre de gauche ou être de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile ; tous deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale. De plus, la persistance de ces qualificatifs ne contribue pas peu à falsifier encore davantage la "réalité" du présent, déjà fausse par elle-même ; car nous avons bouclé la boucle des expériences politiques auxquelles ils correspondent, comme le démontre le fait qu’aujourd’hui les droites promettent des révolutions et les gauches proposent des tyrannies. »

José Ortega y Gasset, La révolte des masses – Préface pour le lecteur français – Mai 1937

 

 

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Comment un homme de 20 ans pourrait-il aujourd’hui se faire un projet de vie qui ait une figure individuelle ?

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« A considérer dans les grandes villes d’aujourd’hui, ces vastes agglomérations d’êtres humains, allant et venant par les rues ou se pressant dans d’immenses manifestations publiques, une pensée prend corps en moi, obsédante : comment un homme de 20 ans pourrait-il aujourd’hui se faire un projet de vie qui ait une figure individuelle et qui, par conséquent puisse être réalisé de sa propre initiative et par ses efforts personnels ? Lorsqu’il essaiera de développer imaginairement cette fantaisie, ne s’apercevra-t-il pas qu’elle est sinon irréalisable, du moins fort improbable, puisque l’espace manque pour la loger, pour se mouvoir à son gré ? Le découragement le portera à renoncer, avec la facilité d’adaptation propre à son âge, non seulement à tous acte, mais encore à tout désir personnel ; il cherchera la solution contraire et imaginera alors pour lui-même une vie standard, faire des desiderata communs à tous ; et il comprendra que, pour obtenir cette vie, il doit la demander ou l’exiger en collectivité avec les autres. Voilà l’action en masse.

(…)

La condition première pour arriver à une amélioration de la situation présente consiste à se rendre bien compte de son énorme difficulté. C’est alors seulement que nous serons à-mêmes d’attaquer le mal dans les profondes couches où il a son origine. Il est en effet très difficile de sauver une civilisation quand son heure est venue de tomber sous les pouvoirs des démagogues. Les démagogues ont été les grands étrangleurs de civilisations. Les civilisations grecque et romaine succombèrent entre les mains de cette faune répugnante qui faisait dire à Macaulay : » Dans tous les siècles, les plus vils exemples de la nature de la nature humaine ont été trouvés parmi les démagogues ». Mais un homme n’est pas un démagogue simplement parce qu’il s’est mis à crier devant la foule. (…) La démagogie essentielle du démagogue, il la porte dans sa tête, elle prend ses racines dans l’irresponsabilité même du démagogue à l’égard des idées qu’il manie, idées qu’il n’a pas créées mais reçues de leurs véritables créateurs. La démagogie est une forme de dégénération intellectuelle qui, en tant que vaste phénomène de l’histoire européenne, apparaît en France vers 1750. Pourquoi à ce moment ? pourquoi en France ? C’est là un des points névralgiques dans la destinée de l’Occident et spécialement dans la destinée française.

C’est un fait que, depuis ce moment, la France et, par irradiation, presque tout le continent croient que la méthode pour résoudre les grands problèmes humains est la méthode de la révolution, entendant par ce mot ce que déjà Leibniz appelait une « révolution générale » , la volonté de tout transformer d’un seul coup et dans tous les genres. C’est à cause de cela que cette merveille qu’est la France est arrivée en de si mauvaises conditions à la conjoncture difficile du présent. Car ce pays possède – ou croit posséder – une tradition révolutionnaire. Et s’il est déjà grave d’être révolutionnaire, combien n’est-il pas plus grave de l’être, paradoxalement, par tradition ! Il est vrai qu’en France on a fait une grande révolution et plusieurs sinistres ou risibles. Mais si l’on s’en tient à la vérité toute nue des annales, on voit que ces révolutions ont surtout servi à faire vivre la France pendant tout un siècle – sauf quelques jours ou quelques semaines – sous des formes politiques plus autoritaires et plus contre-révolutionnaires qu’en presque aucun autre pays. Et surtout, le grand fossé moral de l’histoire française, les vingt années du Second Empire furent évidemment la conséquence de la sottise et de la légèreté des révolutionnaires de 1848. »

José Ortega y Gasset, La révolte des masses – Préface pour le lecteur français – Mai 1937

 

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24/02/2014

L’avènement des masses

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« L’avènement des masses au plein pouvoir social – qu’on y voit un bien ou un mal – est le plus important des faits qui soient survenus dans la vie publique de l’Europe actuelle. Mais comme, par définition, les masses ne doivent ni ne peuvent se gouverner elles-mêmes, et encore moins régenter la société, ce fait implique que l’Europe traverse actuellement la crise la plus grave dont puissent souffrir peuples, nations et cultures. Cette sorte de crise est intervenue plusieurs fois dans l’histoire. On en connait  la physionomie et les conséquences, on en connait aussi le nom ; c’est la révolte des masses. »

José Ortega y Gasset, La Révolte des Masses

 

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22/02/2014

Hostie volante non identifiée...

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« Lettre "D" : Direct sur France 2 (Lévitation en)

 

Le 7 novembre 1999, lors de l'assemblée plénière des évêques de France, une messe est célébrée en la basilique souterraine de Lourdes par trois cardinaux : Mgr Billé, archevêque de Lyon, Mgr Lustiger, archevêque de Paris, et Mgr Eyt, archevêque de Bordeaux. Dans le cadre de l'émission "Le Jour du Seigneur", cette messe est diffusée en direct sur France 2. On ne peut rêver meilleure vitrine pour l'un des pires cauchemars que puissent vivre, devant des millions de téléspectateurs, trois éminents prélats de l'Eglise catholique.
Sur l'autel se trouvent, posées l'une sur l'autre, deux grandes hosties de célébration. Au moment de l'épiclèse, le cardinal Billé s'adresse au Seigneur en prononçant la formule liturgique :  "Sanctifie ces offrandes, en répandant sur elles Ton Esprit. Qu'elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus…" C'est à cet instant précis que, semblant mue par un ressort ou tirée par un fil, l'une des hosties se soulève en oscillant vigoureusement, puis demeure en lévitation à trois centimètres de l'autre, et ce durant cinq bonnes minutes.
Dans toute la France, ce dimanche matin, les adeptes du rituel cathodique bondissent devant leur poste, se téléphonent, s'interpellent : "Branchez-vous sur la 2 !" Mais, à Lourdes, l'autel est trop éloigné pour que les fidèles massés dans l'immense basilique puissent se rendre compte de l'événement. D'autant que les trois cardinaux ont une réaction de sang-froid stupéfiante, qui confine à l'indifférence paisible. Sans le plus petit haussement de sourcils, sans la moindre variation de tonalité, ils continuent à célébrer leur messe comme si de rien n'était. Semblables à ce curé de Marcel Aymé qui, dans Clérambard, est le seul du village à ne pas voir l'apparition de saint François d'Assise à deux mètres de lui, n'ont-ils rien remarqué ? Mais si, bien sûr. Simplement, ils ont conscience du gros plan qui immortalise en direct, pour des millions de foyers, leur comportement face à ce phénomène relevant moins de l'éventuel miracle que du trucage d'illusionniste. Si Dieu existe, la vidéo également, et ils savent dès cet instant qu'ils auront à répondre de leur attitude devant le pape et les chrétiens du monde entier.
"Putain, c'est quoi ce truc ?" fut, sur l'instant, le seul commentaire dans l'enceinte de la basilique, prononcé entre ses dents par un cadreur de France 2.
A l'issue de la messe, le cardinal Billé, en état de choc, est abordé par une de ses amies présente à l'office. Il lui demande aussitôt, l'air soucieux mais le ton neutre, si "elle a remarqué quelque chose durant l'épiclèse". Réponse négative de la dame, qui enchaîne : "Qu'est-ce que j'aurais dû remarquer ?" L'archevêque lui fait signe de ne plus poser de questions, et s'éclipse. Dès le lendemain, en tant que président de la Conférence des évêques de France, il interdira à France 2 et aux producteurs du "Jour du Seigneur" de rediffuser ces images.
Pourquoi ? Par crainte d'une supercherie, ou bien d'un signe divin aux conséquences indésirables ? A l'issue de la célébration, dès la sortie du public, les autorités ecclésiastiques, audiovisuelles et policières ont évidemment passé au peigne fin l'autel et les accessoires liturgiques, pour tenter d'élucider le mystère. Mais toutes les explications "raisonnables" se sont révélées irrationnelles.
Illusion d'optique, comme l'a suggéré Mgr Lustiger ? Non : la prise de vues est objective. Trucage vidéo ? Non plus : les images ont été diffusées en direct. On a soupçonné alors l'équipe de tournage d'avoir monté une bonne blague anticléricale, en utilisant une minisoufflerie qui aurait fait décoller l'hostie. Hélas, aucun mécanisme de ce genre n'a pu être découvert. Et les techniciens de France 2, par la voix de leurs syndicats, ont fait remarquer qu'ils avaient peut-être autre chose à faire que ce genre de conneries.
Quant aux producteurs de l'émission "Le Jour du Seigneur", ils adressent par écrit, depuis 1999, à tout courrier concernant la messe du 7 novembre la réponse suivante :  "Le phénomène surprenant de l'hostie qui se soulève légèrement au moment de l'épiclèse, jusqu'à la fin de la prière eucharistique, ne résulte d'aucun montage ni d'aucune manipulation technique."
On a donc cherché une explication plus crédible. on l'a trouvée : l'humidité. Le phénomène de l'hostie volante s'étant produit dans une basilique souterraine, et donc humide, le choc thermique des projecteurs avait fait gonfler l'hostie du dessous qui, par effet de bombage, avait soulevé celle du dessus. Intéressant. Sauf que les agrandissements de l'image prouvent que l'hostie inférieure demeure obstinément plate. En outre, au gré du déplacement des officiants, les différentes couleurs de chasuble sont parfaitement visibles dans l'intervalle de trois centimètres qui, durant les cinq minutes de lévitation, sépare les deux rondelles d'azyme.
Heureusement, ce jour-là, il y avait de l'orage. Pain bénit, si j'ose dire, pour les rationalistes. L'énigme était résolue : c'est la foudre qui avait provoqué un phénomène électrostatique. Imparable. Sauf que la basilique souterraine est en béton armé, et qu'elle constitue donc une immense cage de Faraday qui la met à l'abri des perturbations électriques extérieures.
Reste alors l'hypothèse que les hosties aient développé elles-mêmes un champ électrique provoquant la lévitation. Hypothèse émise par le père Jean-Baptiste Rinaudo, docteur ès sciences, maître de conférence à la faculté de médecine de Montpellier : "Si des charges électriques positives sont apparues sur les deux fars internes des hosties, celle du dessus a pu se soulever, étant donné que deux charges du même signe se repoussent. A condition bien sûr que le pain azyme soit électrisables." On a donc frotté des hosties avec un chiffon de laine, avant de les soumettre à un électroscope. Celui-ci n'a pas réagi.
Aucune explication "naturelle" ou technique n'ayant pu être retenue, l'événement a été soigneusement passé sous silence, dans l'intérêt général de la science. Comme l'Eglise, de son côté, avait décrété l'embargo, ce fut la fin de la polémique. Les incroyants étaient contents, et les chrétiens n'allaient pas risquer l'excommunication en engageant leur foi sur ce numéro de voltige eucharistique, auquel le Vatican refusait de décerner le label de miracle.
Je n'ai découvert ces images qu'en 2005. Je venais de publier Clone le Christ ?, et un lecteur m'adressa une copie vidéo de la messe interdite, en me remerciant de ne pas "trahir mes sources". Je tombai des nues. Depuis, la prohibition épiscopale a été largement contournée par les internautes. Pressées de questions sur cette captation télévisée qui, par la grâce de YouTube et Dailymotion, a fait aujourd'hui le tour de la planète, les autorités catholiques consentent tout juste à parler de "prodige".
Le terme est important. L'extrême prudence du Saint-Siège face à ces phénomènes inexpliquées tient à leur nature même : pour l'Eglise, les prodiges ne sont pas forcément d'origine divine. Ils peuvent émaner de désordres psychiques purement humains (psychokinèse, pouvoirs occultes induits par le spiritisme…), voire du diable lui-même. Le nom de "miracle" ne saurait dont être dévoyé. Surtout en l'occurrence. Car ce qui gêne profondément le Vatican, dans la lévitation de cette hostie, c'est qu'elle remet en lumière, sous le feu des projecteurs audiovisuels, l'une des causes du schisme avec les chrétiens orthodoxes.
En effet, c'est lorsque les trois cardinaux ont prononcé les mots "Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles Ton Esprit" - et précisément sur le mot esprit  - que l'hostie a sauté en l'air. Et cette coïncidence réveille un point de théologie des plus sensibles. Pour saint Jean Chrysostome, au Ive siècle, c'est "Jésus lui-même, par l'intermédiaire du prêtre, qui opère la consécration au travers des paroles prononcées durant la Cène". L'Eglise catholique romaine a adopté cette définition théologique de la transsubstantiation : le moment précis où le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ est donc soumis aux paroles : "Ceci est mon corps… ceci est mon sang…" Les Eglises orientales, en revanche, et particulièrement l'Eglise orthodoxe, ont choisi une autre interprétation de la "présence réelle". Celle de saint Jean Damascène (VIIIe siècle), pour qui c'est le Saint-Esprit, et non Jésus, qui est à l'origine du miracle eucharistique : "Tu demandes comment le pain devient Corps du Christ et le vin Sang du Christ ? Moi je te dis : le Saint-Esprit fait irruption et accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensées."
C'est donc bien aux chrétiens orthodoxes que l'hostie volante semble avoir donné raison, ce dimanche 7 novembre, sur France 2. Et, qui plus est, en direct de Lourdes, le sanctuaire qui compte sur terre le plus grand nombre de miracles authentifiés par l'Eglise romaine.
L'autorité pontificale aurait pu profiter de l'occasion pour mettre en oeuvre la grande réconciliation tant attendue avec les chrétiens d'Orient. Cette lévitation télévisée de l'eucharistie, ce prodige rigolo en forme de clin d'oeil, cette "opération du Saint-Esprit" soulignant le double sens du mot spirituel, n'était-ce pas une belle opportunité pour l'Eglise, face à l'Islam, d'oublier ses tensions internes, de retrouver enfin son unité originelle, de "respirer par ses deux poumons", selon la formule de Jean-Paul II ? Le Vatican préféra passer sous silence l'événement, le dénuer de tout sens religieux, occulter son éventuel message oecuménique, et laisser le temps engendrer l'oubli. C'est raté.
Cela dit, le tapage désordonné, en terme de censure, est parfois aussi efficace que le silence. le sensationnel recouvre le signe, et le spectacle étouffe le sens. Ceux qui aujourd'hui visionnent ces images sur le Net continuent de s'étriper dans les blogs à coups de balivernes parareligieuses ("Dieu nous annonce la fin des Temps") ou néomatérialistes ("la lévitation truquée est le résultat d'un petit travail sur Adobe After Effects ou logiciel similaire").
Qu'est devenue l'hostie de la discorde ? L'a-t-on conservée à l'abri dans un reliquaire ou dans un coffre-fort ? A moins qu'elle n'ait subi le sort de sa lointaine devancière, la première hostie volante de l'Histoire qui, dit-on, décolla le 6 juin 1453 à Turin. Contenue dans le ciboire volé par un soldat, elle s'échappa dans les airs lorsque le mulet du voleur trébucha. Mais là, bien sûr, nous n'avons aucune trace vidéo. Juste la conservation inexplicable de cette rondelle de pain azyme, attestée par des documents durant cent trente ans. En 1583, les archives nous révèlent qu'elle fut consommée sur ordre du Saint-Siège, pour "ne pas obliger Dieu à accomplir un miracle perpétuel en la conservant intacte".
Comme quoi l'être humain, dans son infinie bonté, a même pitié de son Créateur.»

 

Didier van Cauwelaert, Dictionnaire de l'impossible

 

 

 

 

 

 
 

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21/02/2014

Il y a tou­jours de tout chez tous

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« Ce que je veux, c’est L’ANARCHIE OBLIGATOIRE : tout ce qui sort du désor­dre serait sévère­ment puni ! Étonnez-vous après ça qu’on me trouve raciste et fas­ciste ! Fas­ciste et pourquoi pas ? Anarcho-fasciste. C’est dans le dra­peau noir que se tail­lent les plus belles chemises. Je crois bien avoir trouvé la join­ture de l’anarchie et du fas­cisme. Pour un anar­chiste, seul enseigne­ment: le fas­cisme. Moi il y a longtemps que je ne lis plus que de la lit­téra­ture la plus fas­ciste pos­si­ble… Ils ont tous peur de se deman­der pourquoi sys­té­ma­tique­ment, les plus grands écrivains vien­nent de l’extrême-droite absolue. Ça les effraie d’y deviner une causal­ité sul­fureuse ! Pau­vres cons ! Restez bien dans vos préjugés de gauchistes de merde !… Et l’extrême-droite est encore démoc­ra­tique. Le fas­cisme est beau­coup plus loin, hors de l’hémicycle. La gauche est main­tenant au cen­tre de la droite. Tout a dévié. Après l’extrême-gauche, il y a l’anarchie. Après l’extrême-droite, il y a le fas­cisme. Les plus forts sont ceux qui trem­pent en même temps leur plume dans les deux encres. C’est vrai que j’ai du fas­cisme dans mon com­porte­ment, mais pas plus qu’un autre. Je ne le terre pas, c’est tout. Il y a tou­jours de tout chez tous. Tout le monde est méchant, tout le monde est bête, tout le monde est intel­li­gent, tout le monde est généreux, égoïste: c’est l’histoire des paramètres.

Moi je n’attends pas de voir réap­pa­raître un cer­tain national-socialisme en France pour pren­dre con­science du fas­cisme intrin­sèque de tout indi­vidu. D’abord parce que je pour­rais atten­dre longtemps; ensuite parce que je me priverais de la lec­ture de grands textes qui, sous la car­i­ca­ture un peu démodée de la poli­tique, lais­sent entrevoir des richesses méta­physiques et éthiques d’une grande valeur lit­téraire. C’est facile de nég­liger les paramètres car­ac­tériels du fas­cisme. Tout le monde a peur de mélanger les car­ac­tères avec les idéaux poli­tiques. Se faire traiter de nazi parce qu’on donne une claque à son gosse, c’est un abus de lan­gage, d’accord. Heureuse­ment que le monde est plus sub­til que le lan­gage ! Il doit y avoir autant de pères démoc­rates qui foutent des paires de claques à leurs enfants que de fas­cistes. À la lim­ite, je peux même très bien imag­iner un fas­ciste qui embrasse ses enfants pen­dant qu’un père d’extrême-gauche lui fout une rouste mon­stre… Je voudrais sub­limer, décor­ti­quer, faire réson­ner le mot « fas­ciste » tel que le lieu com­mun l’a trans­formé en adjec­tif bouf­fon, déplaisant, arbi­traire, stu­pide et ridicule. Léon Bloy savait quelle reli­gion il y a à creuser des puits dans l’inconscient des clichés. Je suis per­suadé que le fas­cisme est un état d’esprit pro­fondé­ment ancré chez l’homme et que seuls les plus hon­nêtes met­tent sur la table. Le fas­cisme n’est pas grou­pus­cu­laire mais indi­viduel. »

Marc-Édouard Nabe, Au régal des ver­mines

 

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