09/02/2020
Protester contre le système...
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08/02/2020
Everything
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Entretien avec Jacques Hogard : Kosovo, histoire d’une trahison
=--=Publié dans la Catégorie "Serbie... Ô ma Serbie..."=--=
Eglise orthodoxe à Kosovska Mitrovica au nord du Kosovo, cœur historique et spirituel de la Serbie
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Bombardée durant 78 jours par l’OTAN, la Serbie n’est pas sortie indemne de ce qui reste, dans la mémoire collective, comme la Guerre du Kosovo. Vingt ans après, le Colonel Jacques Hogard revient sur ces évènements qui ont donné un coup à l’identité même de la civilisation européenne et qui marque, encore aujourd’hui, une région historique du vieux continent.
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Dans votre ouvrage, vous parlez beaucoup de l’amitié multiséculaire qui existe entre la Serbie et la France. Qu’en est-il véritablement et comment a-t-elle évolué au cours des siècles ?
Je me suis toujours intéressé à l’histoire de la Serbie et des Balkans en général. J’avais pour cela des raisons familiales, car j’ai un grand-oncle qui a été tué en 1917 comme jeune officier sur le Front d’Orient et dont ma grand-mère m’avait beaucoup parlé dans ma jeunesse ; mais aussi pour des raisons personnelles à parti du moment où j’étais susceptible d’y être moi-même engagé. C’est en particulier mon père, officier général en retraite, qui m’a rappelé un certain nombre de choses à la veille de mon départ pour les Balkans en tout début d’année 1999. L’histoire de la Serbie ressemble à une « chanson de geste » tant les Serbes forment un peuple de poètes, de paysans et de soldats. Ils n’ont pas oublié leur passé, contrairement à ce qu’on constate hélas trop souvent en France de nos jours. Ils s’en souviennent et veillent jalousement sur la transmission de leur histoire et de leurs traditions.
En Serbie, on commémore chaque année Hélène d’Anjou qui y est réputée être une cousine de Saint-Louis et qui a épousé le roi Stefán Uroš Ier. Elle est à l’origine, au temps du premier royaume serbe, de ce premier lien très fort entre la France et la Serbie. C’est l’époque où la France bâtit ses cathédrales et la Serbie, de splendides monastères qui couvrent encore aujourd’hui, malgré la folie destructrice des rebelles albanais, la province du Kosovo, cœur spirituel et identitaire du pays. L’histoire de cette amitié prend date à ce moment-là.
Lors de la bataille du « champ des merles » en 1389, les cloches de Notre-Dame de Paris ont sonné à toute volée pour annoncer la victoire des Serbes et de la chevalerie chrétienne au Kosovo. Mais hélas, quarante-huit heures plus tard, elles vont au contraire sonner le glas annonçant la défaite… Tout cela contribue à créer des liens très forts, affectifs, entre la Serbie et la France et qui demeurent très chers aux Serbes, encore aujourd’hui. Ce qui nous vaut, à nous Français, d’être toujours aimés en Serbie malgré les événements récents et les vicissitudes de l’époque contemporaine. Je pense notamment aux années 90, en Bosnie puis au Kosovo, où la France en suivant l’OTAN dans ses aventures guerrières, a contribué à disloquer la Yougoslavie.
Cette Yougoslavie moderne et communiste de Tito, qui est née en 1945, était de fait l’héritière du royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes qui était né à l’issue de la Première Guerre mondiale autour de la Serbie, pays qui a donné la dynastie des Karageorgévitch, laquelle est devenue la maison royale yougoslave.
L’amitié franco-serbe a bien sûr connu des parenthèses dans l’Histoire. Elle fut toutefois magnifiée pendant la Première Guerre mondiale avec l’armée d’Orient et des chefs militaires toujours honorés aujourd’hui en Serbie, comme le Maréchal Franchet d’Espèrey, le Général Sarrail, le Général Tranié ou l’Amiral Guépratte. Cette relation s’est développée au XXe siècle, des officiers serbes venant faire l’École de guerre en France, par exemple. Le Général de Gaulle avait lui-même une grande estime et admiration pour le Général Draga Mihailovitch, chef de l’armée royale de la Résistance contre les Allemands lors de la Deuxième Guerre mondiale et qui, trahi par les Alliés a été abandonné à Tito qui l’a assassiné.
Tout cela est l’histoire de notre amitié, parfois tumultueuse.
Comment expliquez-vous que dans les années 90, la France soit aussi prompte à attaquer la Serbie ?
Il faut tout distinguer deux attitudes. Celle du Président de la République, François Mitterrand, qui, est au début du conflit, s’adressant à Bernard-Henri Lévy, affirme que « moi vivant, jamais je n’attaquerai la Serbie ». François Mitterrand était en effet un homme cultivé, qui avait été bien formé politiquement dans sa jeunesse et qui restait marqué par l’exaltation de l’amitié franco-serbe. Chirac n’avait pas cette culture ni cette éducation. Il avait eu certes, un bon réflexe en Irak en refusant de se joindre aux Américains pour renverser Saddam Hussein, avec les conséquences que l’on connait, mais là, face à la situation en Yougoslavie, il a au contraire commis la lourde erreur de se joindre à la coalition américaine. À sa décharge, il faut rappeler que l’on était alors en période de cohabitation et que son Premier ministre, Lionel Jospin appartenait à ce groupe des sociaux-démocrates alors au pouvoir dans la quasi-totalité des pays d’Europe, qui unanimement voulaient la guerre et le démantèlement de la Yougoslavie.
Il semble qu’un double-jeu ait été joué par l’Allemagne ?
Non, je ne pense pas que l’Allemagne ait joué un double-jeu dans cette affaire, au contraire il me semble qu’elle a été cohérente avec elle-même. Je dirai plutôt que c’est nous les Français qui avons joué un double-jeu. Les Allemands ont toujours été pro-croates, pro-slovènes éventuellement, mais surtout anti-serbes. Ils ont joué leur propre partition dans cette entreprise de démolition de la Yougoslavie en soutenant l’indépendance autoproclamée de la Slovénie puis surtout, de la Croatie. C’est ainsi qu’il y eut cette guerre aussi atroce qu’imbécile entre la Croatie et la Yougoslavie, c’est-à-dire la Serbie, avec toutes ses conséquences dramatiques. Tel l’épisode de la République serbe de Krajina qui, a contrario de son homologue de Bosnie, n’a pas survécu à ces événements. Il y a eu des drames épouvantables, car ce sont des centaines de milliers de gens qui se sont retrouvés projetés sur les routes, sous les bombardements, provoquant de nombreuses pertes humaines, dans des conditions tragiques.
Quelle est l’attitude des Serbes vis-à-vis de la France qui a fait partie intégrante de la coalition engagée au Kosovo ?
La France s’est alors alignée derrière l’OTAN et l’Union européenne, ce qui, pour les Serbes, a été ressenti comme une trahison. Et malgré cela, les Serbes ne nous en veulent pas. Je prends l’exemple symbolique du monument à l’amitié franco-serbe élevé à Belgrade, entre les deux guerres mondiales, dans ce magnifique parc du Kalemegdan qui entoure la citadelle. Il vient, d’ailleurs, d’être refait à neuf, et ce, grâce à une souscription franco-serbe. En 1999, il avait été voilé d’un drap noir pendant les bombardements de Belgrade, tant les Serbes étaient ulcérés de la trahison française. Ils l’ont voilé, mais ne l’ont pas détruit. Puis il a été dégradé avec des inscriptions anti-françaises lors des dernières prises de position de la France à propos du Kosovo. Mais jamais détruit. En juillet dernier, c’est là qu’Emmanuel Macron lors de son voyage officiel en Serbie prononça son fameux discours en partie en serbe. C’est paradoxal, mais les Serbes ne nous en veulent pas. C’est un peu « irrationnel », c’est vrai. Dans un ménage aux fondations solides, vous pouvez avoir de graves disputes, mais l’amour prédomine toujours. C’est un peu ce qu’il se passe entre la France et la Serbie.
Pourquoi, en 1999, l’OTAN bombarde soudainement le Kosovo ? Y a-t-il un événement déclencheur à cette attaque ?
Le Kosovo est la suite logique de la Bosnie hélas. Il fallait aller jusqu’au bout de l’opération décidée à Washington et à Berlin de démanteler la Yougoslavie, et d’affaiblir davantage encore la Serbie qui en était le pilier principal. Le meilleur moyen d’y parvenir était de l’amputer de sa province du sud qui en est le cœur spirituel, culturel et identitaire : le Kosovo. Cette province a connu au XXe siècle une évolution démographique qui a fait passer la majorité serbe au rang de minorité, et la minorité albanaise de minorités à une position de plus en plus majoritaire. Les familles serbes autrefois nombreuses, voire très nombreuses, sont devenues très rares, tandis que la population albanaise à majorité musulmane et polygame s’est développée, renforcée par les mouvements de population albanaise d’Albanie vers le Kosovo, tandis que s’installait une véritable épuration ethnique des Serbes, d’abord progressive puis brutale à partir de 1999. Cette seule constatation devrait nous faire réfléchir, nous Français, car nous sommes confrontés exactement à la même menace existentielle.
Vous pensez donc que ce qu’il s’est passé au Kosovo peut prendre la même ampleur en France ?
Si l’on ne fait rien, la population d’origine étrangère et musulmane en France sera majoritaire dans les années 2050/60. Ce n’est pas moi qui le prétend, ce sont les démographes et les organismes spécialisés qui nous le disent et nous l’expliquent ! C’est au fond cela le véritable problème du Kosovo. Il a pris d’autant plus d’ampleur que la communauté internationale s’en est saisie sous l’impulsion de l’administration Clinton et de Madeleine Albright.
Les États-Unis, et leur bras armé qu’est l’OTAN décident d’en finir avec cette question à l’automne 1998. Les soi-disant négociations de Rambouillet de mars 1999 n’ont pas d’autre objet que d’amener la Serbie à claquer la porte tant les conditions qui lui sont imposées sont inacceptables. Elles échouent logiquement. Et puis, c’est la guerre et les bombardements. L’UE suit servilement, ce qui va exactement dans le sens de ce qu’a proclamé récemment Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN : « l’Union européenne et l’OTAN sont les deux faces d’une même pièce ». On voit bien que l’Union européenne ne possède aucune indépendance vis-à-vis des États-Unis, car l’OTAN en fait un jouet sont ils disposent aisément, selon leurs propres intérêts.
L’OTAN a-t-elle réussi à investir la péninsule balkanique ?
S’agissant de la continuité sans interruption de l’action de l’OTAN contre la Serbie, il faut citer également le cas actuel du Monténégro, qui est un État historiquement serbe, composé toujours aujourd’hui de 70% de Serbes. Mais en 2006, les États-Unis et l’OTAN ont réussi à le séparer de la Serbie. De ce fait, la République fédérale de Yougoslavie, qui était alors réduite à la Serbie et au Monténégro, a volé en éclats. Djukanović, le président actuel du Monténégro, est véritablement sous influence de l’OTAN et de l’Union européenne, au point de persécuter maintenant l’Église Orthodoxe serbe. En effet, sa nouvelle loi sur la « liberté religieuse », qui est analogue à celle de 1905 en France, entraîne une spoliation des biens de l’Église orthodoxe, mais entend surtout éradiquer la foi orthodoxe serbe, pilier de l’identité monténégrine et de l’unité des peuples serbes. Samo Sloga Serbina Spasava !
Pour revenir sur la question du Kosovo, comment avez-vous pu constater que cette région constituait véritablement le socle spirituel de la Serbie ?
C’est très simple : le Kosovo est recouvert d’un manteau de monastères très anciens, d’églises, de chapelles qui constituent ce que l’on peut appeler le patrimoine culturel et spirituel chrétien du peuple serbe. Au « Champ des Merles », la bataille de Kosovo Polje en 1389 a eu lieu à proximité de Pristina, au cœur de la Province. Les plus vieilles dynasties serbes, tels les Nemanjic, mêlant souverains et saints Serbes, je pense en particulier à Saint Sava, père de l’Église et de la Nation serbe, y ont vécu, régné et prié. Le Patriarcat orthodoxe serbe a son siège à Pec, en plein Kosovo.
L’action de la rébellion albanaise, l’UCK, a visé à chasser les Serbes par la terreur et l’épuration ethnique et à faire du passé table rase en détruisant les monastères, les églises, en persécutant les religieux et religieuses. En 1995, l’UCK est encore une organisation désignée comme terroriste par les États-Unis ! Ce mouvement rebelle s’oppose alors à la relativement modérée « ligue démocratique du Kosovo » albanaise, dirigée par Ibrahim Rugova qui prône la non-violence et la discussion avec Belgrade. Mais les Américains, les Allemands, l’UE préfèrent en définitive l’UCK qui va être soutenue financièrement et matériellement par eux dès 1996. Cela débouche logiquement sur l’insurrection armée.
À ce propos, je viens de voir un très bon film, Balkan Line, qui donne une idée juste et fidèle de cette époque et du comportement de l’UCK. Nous sommes sur une ligne d’affrontement très ancienne, et il faut bien sûr se garder de tout manichéisme : personne ne fait plus la guerre en dentelles ! Mais les Serbes sont chez eux, c’est leur terre, celle de leurs ancêtres, c’est leur berceau historique et une fois encore spirituel. Peuple très attaché à sa Foi, il ne pourra jamais renoncer au Kosovo et à son patrimoine orthodoxe et serbe.
Vous terminez votre ouvrage par ces mots, qui reprennent votre titre, « Une Europe, du moins une certaine Europe, est morte à Pristina ». Comment analysez-vous cette ultime sentence ?
Pourquoi ce titre, volontairement un peu provocateur ? Il m’est venu spontanément lorsque j’ai entendu ce personnage néfaste et maléfique qu’est Bernard Kouchner, dire en prenant ses fonctions de gouverneur nommé par l’OTAN et l’UE à Pristina : « L’Europe est née à Pristina » ! Cela m’a fait sursauter et m’a tellement indigné que je me suis dit que non, bien sûr : l’Europe était morte à Pristina. Lui voulait parler de l’UE, mais l’Europe est celle de la chrétienté et des nations souveraines, indépendantes et sœurs. L’Europe est toujours là, peut-être fatiguée et vieillie, mais elle existe. Quand nous allons aujourd’hui au Mont-Saint-Michel, au Barroux, ou bien à Budapest, au monastère de Decani au Kosovo, ou encore au mont Athos, à Moscou ou à Athènes, nous nous apercevons que l’Europe chrétienne n’a pas disparu. Ce n’est pas de cette Europe-là dont je parlais bien sûr quand je disais qu’elle était morte à Pristina, mais bien de l’UE. C’est véritablement le « machin » européen qui est tombé à Pristina ! Le président Macron a dit que l’OTAN était en « état de mort cérébrale ». Et bien comme il s’agit là d’une des deux faces de cette même pièce dont l’autre face est l’Union européenne, nous pouvons penser la même chose de cette dernière ! En ce qui me concerne, j’ai écrit qu’elle était morte, tout simplement par indignité tant elle a failli dans l’affaire yougoslave, et ce, de manière terrible.
La résolution 1244 des Nations Unies est-elle toujours effective ?
Elle n’a jamais été dénoncée et dans le contexte de 1999, elle stipulait qu’il fallait mettre en place une administration internationale temporaire au Kosovo pour stabiliser le conflit, désarmer l’UCK et mettre un dispositif de protection international qui n’avait pas vocation à durer. Il n’était évidemment pas question « d’indépendance ». Cela évoque donc bien une situation temporaire, c’est-à-dire qu’à un moment donné, la Serbie devait reprendre sa pleine et entière souveraineté sur le Kosovo.
Cette résolution 1244 existe, mais n’est pas appliquée et je dirais même qu’elle est bafouée par l’Union européenne, l’OTAN et la France. Le Président Poutine, lors de son voyage en Serbie en janvier 2019, a rappelé que cette Résolution était toujours en vigueur. Il s’est ainsi étonné de ne pas voir l’armée, la police et la gendarmerie serbe déployées au Kosovo, réflexion qui soit dit en passant, permet de penser que ce qui s’est produit il y a vingt ans au Kosovo ne se passerait pas aujourd’hui, avec le retour sur la scène internationale de la Russie, grande puissance restaurée, avec laquelle il faut désormais compter.
Dans le contexte actuel, le droit international semble n’être qu’une chimère, dont les États-Unis d’Amérique se fichent éperdument comme ils viennent encore de le montrer en assassinant sur le sol irakien le général iranien Qassem Suleimani !
C’est à l’ONU de redorer son blason et de se faire respecter. En commençant par faire respecter l’esprit et la lettre de ses résolutions et notamment le Résolution 1244 !
Pourquoi la Russie ne souhaite pas reconnaître le Kosovo ? Y a-t-il des intérêts stratégiques, économiques et politiques derrière ce choix ?
Il y a d’abord des raisons de principe. La Russie, comme la Chine d’ailleurs, est attachée aux principes de respect du Droit international. Mais la position de la Russie et de la Chine n’est cependant pas soumise aux mêmes enjeux.
La Russie éprouve une authentique solidarité slave et orthodoxe avec la Serbie. On peut constater aujourd’hui le retour du religieux aussi bien en Serbie qu’en Russie. Depuis 2012, l’administration serbe au pouvoir s’est posé la question de savoir de quel côté il fallait basculer : Europe de l’Ouest ou Russie ? Je pense qu’aujourd’hui, leur choix est quasiment entériné : se rapprocher régulièrement de l’Europe de l’Ouest, mais certainement pas au détriment du rapprochement frère avec la Russie, dont le prestige et le rayonnement, notamment au Moyen-Orient et en Afrique sont de retour.
La Chine refuse, elle aussi, d’approuver l’indépendance du Kosovo
La Chine entretient aussi des liens importants avec la Serbie. L’ancien président Nikolić (2012-2017) est d’ailleurs le président de l’Alliance sino-serbe, organisme qui régit les rapports culturels d’État et les rapports économiques entre la Chine et la Serbie.
La Chine s’intéresse à la Serbie, car c’est un « porte-avion » en pleine Europe, du moins en Europe balkanique. Pour la Chine, il est important de déployer son influence partout dans le monde et notamment sur le continent européen. La Serbie dont l’économie est faible, ruinée par des années de guerre et les bombardements de l’OTAN, l’intéresse donc au premier chef.
Poutine, par ailleurs, regarde avec attention cette Chine qui monte en puissance, parallèlement avec son pays la Russie, laquelle demeure un glacis protecteur naturel pour l’Europe face aux ambitions de Xi Jinping, un glacis infiniment plus protecteur que ne sauraient l’être les Américains.
Quels sont les autres pays qui souhaitent participer, d’une manière ou d’une autre, à la reconstruction de la Serbie ?
Il existe d’autres visées étrangères sur la Serbie qui a tant besoin d’investisseurs ! On peut citer les Émirats arabes unis qui investissent beaucoup en Serbie : ainsi la compagnie aérienne Air Serbia, qui a été créée sur les décombres de la YAT, est à présent détenue majoritairement par les Émirats. Il faut en être conscient, car cela souligne aussi cruellement l’absence de la France. Il y a tout de même des projets : si la modernisation et l’extension de l’aéroport de Belgrade ont été confiées à Vinci, le chantier du métro de Belgrade traîne depuis des décennies, car c’était Alstom qui était chargé des études préliminaires, mais l’entreprise a été vendue ! Il y aurait aussi beaucoup d’opportunités pour les PME françaises en Serbie. Depuis le début des années 90, la Serbie s’est vue construire délibérément par les Anglo-Saxons une mauvaise réputation, ce qui ne pousse pas les étrangers à venir s’y installer.
Il y a eu des périodes où la Serbie a connu des difficultés, mais elle est en train de réémerger et son premier objectif, aujourd’hui, est de redevenir une puissance économique normale. C’est un pays ruiné et nous en avons une part de responsabilité comme allié de l’OTAN et membre de l’UE! Le salaire moyen à Belgrade se situe entre 380 ou 400€. Même si le niveau de vie n’est pas le même, comment voulez-vous vivre décemment avec cela ? Et tous les Serbes sont condamnés, sauf les quelques oligarques bien sûr, à trouver des solutions relevant du système D pour arriver à survivre. Ce n’est pas sain.
Quelle est la situation des Serbes au Kosovo, surtout depuis les pogroms de 2004 ?
Les pogroms de 2004 ont fait fuir de nouveau une grande partie des Serbes, et les persécutions se poursuivent, ce qui amène à constater que la minorité serbe au Kosovo est chaque année encore plus minoritaire. En 1999, il devait rester 400 à 450 000 Serbes ; nous sommes aujourd’hui entre 50 000 et 80 000.
L’épuration ethnique, menée par l’UCK au pouvoir et soutenue par l’Union européenne et l’OTAN, a donc hélas réussi au Kosovo.
Mais il reste des Serbes dans quelques grosses enclaves, notamment celle du nord du Kosovo et à Grakanica, à côté de Pristina.
Le plus terrible, ce sont les petites enclaves isolées, victimes de toutes les exactions et persécutions. C’est parfois une famille, ou même un vieillard et sa femme qui se barricadent dans leur ferme le soir, avant de se faire ravager leur champ dans la nuit, voler leur dernière poule ou leur ultime chèvre et de se faire menacer de mort. La petite population serbe qui est autour de Djakovica s’est ainsi fait interdire l’accès à l’église pour la nuit de Noël. Tout cela démontre que la situation des Serbes au Kosovo est dramatique. Nous faisons semblant de ne rien voir, exceptés quelques articles qui sortent parfois dans Valeurs Actuelles ou dans le Figaro Magazine, journaux honnêtes et courageux sur cette question. Le sort des Serbes au Kosovo n’intéresse pas grand monde, en tout cas à l’Ouest.
Comment analysez-vous les récentes élections législatives qui ont eu lieu au Kosovo ?
L’UCK a été battue, mais ceux qui ont pris leur place sont des Kosovars mondialistes, certes moins virulents et moins extrémistes en apparence. Cela ne va pas changer le sort des Serbes ou des Roms qui ont été l’autre grande victime de l’affaire ni les Goranis.
La vraie question, aujourd’hui, du pseudo-état du Kosovo est celle de l’épuration ethnique qui s’y poursuit. L’objectif des Albanais, mis au pouvoir par la coalition internationale en 1999, est de vider le Kosovo des derniers Serbes. Se pose le problème des monastères, car ce sont des bâtiments très anciens et dont certains sont inscrits au patrimoine de l’humanité. Je connais un certain nombre de ces moines très courageux et déterminés, mais combien de temps cela durera-t-il à partir du moment où l’étau se resserre et que l’État kosovar veut promulguer des lois de spoliation analogues à celle du 26 décembre au Monténégro ? Les moines qui occupent ces monastères ne seraient donc plus que de simples locataires et c’est la première étape pour les chasser définitivement. Une communauté humaine est en péril et un patrimoine humain très ancien, culturel, considérable, est en danger également : l’héritage chrétien du Kosovo est en péril. Nous connaissons la méthode kosovare : détruire. Si l’on démantèle, il n’y a plus de traces et on peut réinventer le passé. C’est la vieille technique de la table rase.
Pour conclure, je voudrais faire une analogie avec la France. On voit que dans certaines régions, la présence étrangère est très importante. Allons-nous vers une situation semblable à celle qui se déroule au Kosovo ?
Il y a vingt ans, au Kosovo, des Serbes que j’ai rencontrés m’ont dit que l’on allait connaître le même problème en France. À l’époque, j’avais retenu cette phrase, mais cela m’avait simplement effleuré et ne m’avait pas paru être quelque chose d’aussi urgent, puissant et réel. Or, cela l’est, on le voit bien aujourd’hui.
Le premier problème, maintenant en France, est celui de l’immigration qui nous submerge. Contrairement à l’immigration précédente, que la France avait toujours su assimiler, cette nouvelle vague ne veut pas s’intégrer parce qu’elle est musulmane sunnite et wahhabite, elle prône un islam absolument intolérant et primaire, qui ne veut pas s’assimiler, au contraire du chiisme qui est un islam plus élaboré, plus construit et plus respectueux et civilisé. L’islam primaire des wahhabites est prosélyte, comme nous pouvons le constater, dans nos banlieues, ou l’argent des pétro-monarchies lui permet de financer son expansion et de développer son emprise sur les communautés étrangères grâce à des imams incultes prônant la charia. Or, si l’on ne fait rien, et que l’on ne prend pas en main courageusement le problème de l’immigration, de l’islamisation, mais aussi de la démographie, en instituant une politique familiale courageuse, forte, très active et déterminée, nous courrons à notre perte. Cela je dois le dire m’inquiète évidemment lorsque je pense à nos descendants, car nous sommes sur notre terre, comme les Serbes le sont sur la leur au Kosovo.
Et nous ne nous pourrons en aucun cas nous en laisser déposséder, pas plus que de notre identité façonnée par la Foi chrétienne et l’héritage des civilisations grecque et romaine.
Avez-vous des livres ou des films à recommander pour approfondir la question du Kosovo et de la Serbie ?
Il existe de très bons ouvrages : les livres de Dusan Bataković, par exemple, qui fut un universitaire très connu, grand historien, mais aussi ancien ambassadeur de Serbie en France, en Grèce et au Canada et qui était parfaitement francophone et francophile. Il a notamment écrit un petit livre sur le Kosovo : Kosovo, la spirale de la haine, que j’ai lu en partant en mission au tout début 1999 et que j’étais bien content de lire et consulter pour me permettre de comprendre.
Batakovic a également écrit un très bon livre que je recommande, sur l’amitié franco-serbe : « La Serbie et la France, une amitié atypique ».
Il y a aussi l’ouvrage, plus récent, de Nikola Mirkovic, « Le martyre du Kosovo ».
Et puis, dans un autre genre, il faut citer ce film récent « Balkan Line », que l’on trouve en DVD et qui est remarquablement fait. C’est un excellent film, sans fausse note et qui a été réalisé par une production russo-serbe. Il se situe à un moment charnière, c’est-à-dire à la veille de l’intervention de l’OTAN au Kosovo, au moment où la brigade russe de Bosnie se déploie sur l’aéroport de Pristina, prenant de court les alliés. Pour moi qui était sur place, son réalisme est frappant.
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Goutte d'Or : "Pourtant je suis de gauche, je suis vraiment de gauche"
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"Pourtant je suis de Gauche, je suis vraiment de Gauche..."
Mouaaaahaaaa ha ha ha ha !
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Deux vitesses...
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Laurent Obertone : "Sur les questions d'immigration et d'insécurité, l'opinion majoritaire se tait"
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07/02/2020
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06/02/2020
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Les féministes exigent la suppression des Hôtesses sur Le Tour de France... Quid des Hôtes sur les podiums féminins ?
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05/02/2020
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Statistiques...
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04/02/2020
Des attrape-nigauds à la mesure de notre bêtise...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Quand les philosophes épluchent la hiérarchie de leurs dieux, et s’empressent de distinguer leurs alliances, leurs attributions, leur puissance, je ne puis croire qu’ils parlent sérieusement. Quand Platon nous décrit le jardin de Pluton, et les agréments ou les peines corporelles qui nous attendent encore après la ruine et la disparition de nos corps, et qu’il le fait selon la façon dont nous ressentons les choses durant la vie,
"Ils se cachent dans des sentiers écartés, une forêt de myrte
Les enveloppe, mais les chagrins les accompagnent dans la mort" ( Virgile, Énéide VI, vv. 433-34)
...et quand Mahomet promet aux siens un paradis couvert de tapis, paré d’or et de pierreries, peuplé de garces d’une extrême beauté, de vins et de mets choisis, je vois bien que ce sont là des idées et des espérances bien faites pour nos désirs de mortels, du miel pour nous attirer, des attrape-nigauds à la mesure de notre bêtise. Et certains d’entre nous sont victimes d’une erreur semblable, se promettant après la résurrection une vie terrestre et temporelle accompagnée de toutes sortes de plaisirs et d’agréments de ce monde. »
Michel de Montaigne, Essais, Livre II, Chapitre 12
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Affaire Mila : "Nous paierons cher cette lâcheté"
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Par Elisabeth Badinter, Elisabeth de Fontenay, Marcel Gauchet, Jacques Julliard, Jean-Pierre Le Goff
Le 18 janvier dernier, une adolescente de 16 ans, prénommée Mila, s'est filmée sur le réseau social Instagram en tenant ces propos : "Je déteste la religion, (...) le Coran, il n'y a que de la haine là-dedans, l'islam, c'est de la merde. (...) Il y a encore des gens qui vont s'exciter, je n'en ai clairement rien à foutre, je dis ce que je veux, ce que je pense. Votre religion, c'est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir." On pourrait contextualiser, expliquer l'origine de cette saillie mais, à vrai dire, qu'importe. Concentrons-nous sur l'essentiel : on peut être en désaccord avec ce que dit la jeune fille, apprécier ou non son vocabulaire, rien de ce qu'elle dit n'est illégal.
Dix jours plus tôt, vendredi 10 janvier, l'humoriste Frédéric Fromet chantait, sur les ondes de France Inter : "Jésus, Jésus, Jésus est pédé (...) Du haut de la croix, plutôt que de l'avoir cloué, pourquoi pas l'avoir enculé ?" On pourrait également revenir sur les circonstances, l'intention, le bon ou le mauvais goût. De la même façon, concentrons-nous sur l'essentiel : rien de ce qu'il a chanté n'est illégal.
Que s'est-il passé depuis ? Dans le cas de Mila, une horde de harceleurs islamistes l'ont menacée sur Internet, jusqu'aux promesses de mort, révélant son identité et son adresse, obligeant la jeune fille à se déscolariser. Mais, en parallèle de l'enquête ouverte pour "menaces de mort, menace de commettre un crime, harcèlement", le parquet de Vienne a décidé d'ouvrir une autre enquête, celle-là visant l'adolescente du "chef de provocation à la haine raciale". Personne n'a songé à ouvrir ce genre d'enquête pour Frédéric Fromet.
Un inquiétant "deux poids, deux mesures"
Pas plus que la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, ne s'est sentie obligée d'intervenir en expliquant, comme elle l'a dit à propos de l'affaire Mila que "l'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave". Depuis, la ministre a reconnu une "expression maladroite", tout en persistant néanmoins dans la godille : "On peut critiquer les religions. Pas inciter à la haine." Comme s'il fallait tout de même accabler Mila. Et le parquet de Vienne a abandonné les charges contre l'adolescente, actant ce qui était évident dès le départ : critiquer une religion, même grossièrement, n'est pas inciter à la haine contre ceux qui la pratiquent. Incident clos ? Il nous semble pourtant important d'y revenir malgré tout. Ce qui s'est passé ces derniers jours est inédit et plante les jalons inquiétants d'un "deux poids, deux mesures" qui s'installe durablement dans notre nation.
Pourquoi, dès lors que la cible du blasphème est l'islam, tord-on nos principes républicains ? Pourquoi si peu s'émeuvent quand le délégué général du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri, dit de Mila "qu'elle l'a bien cherché" (les menaces de mort) et qu'elle n'a qu'à assumer (d'être agressée, de ne plus aller à l'école, etc. ) ? Pourquoi, enfin, quand un amuseur public et adulte s'exprime sur une radio d'Etat pour dire à peu près la même chose qu'elle sur le Christ, on n'y voit pas à redire, grâce à la liberté d'expression concernant la critique des croyances ? La réponse est à aller chercher dans la lâcheté de la justice et de la politique, désormais obsédées par l'acrobatie du "en même temps" sur les sujets de liberté d'expression quand ils concernent l'islam. Nous paierons cher cette lâcheté.
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Source : L'Express
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Absence...
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03/02/2020
Le martyr des Chrétiens-Serbes du Kosovo et l'irrédentisme islamiste-ottoman dans les Balkans...
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Alexandre del Valle évoque le sort des Serbes du Kosovo et des Chrétiens des Balkans. Les Chrétiens-Serbes du Kosovo sonr victimes de persécutions depuis les années 1990.
Atlantico : Qui se soucie du sort des Serbes du Kosovo et des chrétiens des Balkans qui font face, depuis les guerres yougoslaves, à un double péril: le nationalisme kosovar "grand-albanais" et l'islamisme néo-ottoman. Quel média antiraciste, quel homme politique de gauche ou autre, habituellement si "vigilent" face à l'islamophobie, même imaginaire, dénoncent des persécutions christianophobes dont sont victimes depuis les années 1990 les chrétiens-serbes du Kosovo? Presque personne...
Alexandre del Valle : Depuis l'intervention occidentale aux côtés des séparatistes albanophones de l'UCK (hiver 1998-1999), les Serbes chrétiens-orthodoxes du Kosovo et en général les minorités (tziganes, slaves, etc) sont systématiquement persécutés dans le cadre d'un plan de purification ethno-religieuse dont les nations occidentales et l'ONU taisent le nom. Il est vrai que, comme l'antiracisme, qui fonctionne à sens unique, les Occidentaux - qui n'ont cessé d'accuser dans les années 1998-99 la Serbie et l'ex-Yougoslavie de Milosevic d'avoir commis des "génocides" en Bosnie et au Kosovo - ne peuvent difficilement admettre que des méchants serbes puissent "eux aussi" des victimes. Quand bien même le Tribunal pénal international de La Haye pour l'ex-Yougoslavie n'a pas pu prouver les accusations de plans génocidaires imputés à Slobodan Milosevic et en dépit du fait que 400 000 Serbes ont réellement été victimes de nettoyages ethniques et exils forcés (Krajina, Kosovo)... Inversement, les ultra-nationalistes musulmans-kosovars issus de l'UCK prônent ouvertement un projet de suppression de tout ce qui n'est pas albanophone, à commencer par les Serbes chrétiens-orthodoxes. En 2018, plusieurs événements ont amené le Kosovo au bord de la guerre civile. En mars 2018, le Directeur du bureau du Kosovo-Métochie, Marko Djurić, en visite officielle auprès des maires des communes serbes du Kosovo-Nord, fut kidnappé à Mitrovica puis molesté dans les rues de Priština par la police du Kosovo. En décembre, les autorités auto-proclamées de Priština ont déclaré un blocus commercial aux frontières avec la Serbie, provoquant des manques alimentaires importants dans la partie majoritairement serbe du Kosovo-Nord. Contrairement aux règles de l’OMC de liberté commerciale et à toutes les règles du droit international, les produits en provenance et/ou à destination de la Serbie ont été taxé à 100 %, provoquant ainsi un arrêt brutal des échanges et en cascade de nombreuses fermetures d’entreprises. En avril 2019, la police spéciale de l’Etat auto-proclamé du Kosovo a, sous prétexte de stopper une filière de trafiquants, mené une opération d’envergure à Mitrovica-Nord, Zvečan et Leposavić, trois communes serbes au nord du Kosovo. 16 policiers serbes ont été arrêtés et 2 membres russes de l’ONU. La police spéciale du Kosovo (ROSE) a terrorisé la population serbe en tirant sur des passants.
Déjà, en 2004, la police des Nations Unies, présente sur place, déplorait que la plupart des violences sont dirigées contre la minorité ethnique serbe-chrétienne au Kosovo. Écoles incendiées, enlèvements, intimidations et meurtres contre les Serbes et les Roms (depuis l'été 1999, la campagne de violence avait alors contraint à l'exil 200 000 Serbes et des milliers de Roms de la province (cf rapport de Human Rights Watch d'août 1999, «Abus contre les Serbes et les Roms dans le Nouveau Kosovo»). Sans parler des 135 églises orthodoxes détruites et du pogrom antiserbe de mars 2004, lorsque 19 personnes furent été tuées et 34 églises orthodoxes serbes détruites sous le regard impassible de l’ONU et des soldats de l’OTAN sur place. Ainsi que l'a récemment confirmé un rapport officiel du Secrétariat d'Etat américain, peu soupçonnable d'amitiés philo-serbes, une attaque antiserbe a lieu tous les 2 jours au Kosovo. D'après Nicolas Mirkovic, président de l'association Ouest-Est, et auteur de l'essai Le Martyre du Kosovo... "Les Serbes du Kosovo continuent de vivre dans un climat de peur et d'insécurité totale. Il persiste une pression quotidienne contre les Serbes qui savent qu'il ne faudrait pas grand-chose pour qu'un nouveau pogrom soit organisé contre eux comme en 2004, (...). La montée du nationalisme albanais et la radicalisation de la communauté musulmane laissent craindre le pire pour les Serbes et autres minorités du Kosovo (...). Comme sous l'empire ottoman, les Serbes du Kosovo sont des citoyens de seconde zone. Officiellement ils sont protégés par la constitution, mais dans les faits il n'y a pas de justice pour eux." Parallèlement, afin d'imposer par la terreur une omertà sur les projets de purification ethnique des nationalistes kosovars, un important témoin albanophone, Nazim Rrustemi, qui s'apprêtait à révéler des détails accablants contre l'UCK au Tribunal international de la Haye relatif aux crimes contre les chrétiens serbes, officiellement "protégé", a été abattu par les ultra-nationalistes kosovars... Comment de nombreux leaders européens peuvent-ils encore oser prôner l'intégration dans l'Union européenne de cet Etat qui persécute ses minorités chrétiennes et avance un programme de conquête de plusieurs pays voisins au nom du projet irrédentiste de "Grande Albanie"?
Atlantico : Nécessaires rappels géopolitiques et historiques...
Alexandre del Valle : Le problème kosovar apparut au début du régime de Tito, croate et communiste, peu soucieux du sort des chrétiens qui voulait absolument minimiser l’influence des Serbes à la tête de la république fédérée la plus peuplée et de la capitale fédérale, Belgrade. La création de la région autonome du Kosovo constitua aux yeux des Serbes une aberration géo historique, car il s’agissait du berceau même du peuple serbe, où avait eu lieu la fameuse bataille du Kosovo Polje contre les envahisseurs turco-ottomans au XIVe siècle. Cette région, qui avait toujours été majoritairement serbophone, vit au fil des temps une très forte diminution de sa composante serbe. Ceci était lié, d'une part, à l’arrivée des migrants albanophones, puis, de l’autre, au fait que les Serbes quittèrent en masse le Kosovo - région économique très déprimée à l’époque de Tito - pour s’installer plus au Nord. Vers les années 1990, les Serbes, par ailleurs bien moins fertiles démographiquement que les Albanais, ne constituaient donc plus que 10% de la population du Kosovo, et ils étaient principalement concentrés au nord, autour de Mitrovica. Le mouvement séparatiste kosovar antiserbe, qui existait depuis la fin des années 1980, prônait la sécession et le rattachement à l’Albanie. (mythe de la « Grande Albanie »). En 1998 – 1999, ce séparatisme kosovar minoritairement terroriste-marxiste (UCK), prit la forme d’une insurrection armée plus large liée à la mafia albanaise et au terrorisme islamiste international. Il fut alors violemment étouffé par l’armée yougoslave, qui ne comptait déjà plus que la Serbie et le Monténégro. C'est alors que, décidé à réduire l’ex-Yougoslavie et son élément serbe-orthodoxe pro-russe à sa plus simple expression, l’Occident décida d’intervenir militairement pour changer le rapport de forces sur le terrain au profit des terroristes kosovars de l'UCK, devenus tout à coup des « combattants de la liberté » comme les moujahidines afghans jadis... En fait, les puissances atlantiques imposèrent par leur intervention armée - illégale sur le plan du droit international - une sécession de facto du Kosovo, également illégale - transformant ce dernier en un protectorat de l’OTAN, avec la deuxième plus grande base américaine de la région édifiée dans la foulé (Bondsteel). Ce faisant, les Occidentaux violèrent le principe fondateur de l’ordre international et des accords précités d’Helsinki sur lequel reposait jusqu’alors la sécurité européenne, à savoir l’inviolabilité des frontières reconnues internationalement. Dix ans plus tard, en 2008, les Kosovars organisèrent un référendum au cours duquel ils se prononcèrent massivement en faveur l’indépendance. L’Occident toléra appuya ce scrutin illégal du point de vue du droit international. L’indépendance du Kosovo fut reconnue par une grande partie des Etats-membres de l’Union européenne puis par les Etats-Unis, tandis que la Russie, l’Espagne, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et Chypre, entre autres, en refusèrent de reconnaître l’Etat nouvellement né du Kosovo. Le Kosovo indépendant, donné en pâture à la mafia albanaise et aux islamistes néo-ottomans ou liés à l'Arabie saoudite ou d'autres pôles de l'OCI, qui se cachait derrière le paravent « révolutionnaire » de l’UCK, connut même depuis lors une émigration massive de sa population qui partit chercher du travail à l’étranger, preuve que la tutelle serbe n'était pas la cause de leur pauvreté. Comme jadis en Afghanistan, lorsque les Etats-Unis ont aidé des jihadistes face à l'Armée Rouge, le "dommage collatéral" de cette politique, qui visait à empêcher les Russes et leurs alliés d'accéder au mers chaudes puis à élargir ainsi l'OTAN toujours plus à l'Est, a été la montée du panislamisme (des pays du Golfe et de la Turquie néo-ottomane). Ces conséquences catastrophiques n'ont hélas jamais conduit les stratèges occidentaux à revoir leur copie, même si le jihadisme international a pu élire domicile dans les Balkans depuis les Accords de Dayton (Bosnie) et l'amputation du Kosovo au détriment de l'Etat souverain serbe (1998-2008). Le Kosovo est ainsi devenu la région d'Europe qui a fourni (par tête d'habitants) le plus de jihadistes en Syrie et en Irak... Des dizaines d'entre eux viennent d'ailleurs d'être rapatriées du Proche-Orient.
Atlantico : Le Kosovo/Bosnie : cibles du revanchisme islamiste et de l'irrédentisme ottoman...
Alexandre del Valle : Pour comprendre à quel point la création de cet Etat séparatiste sur les ruines de l'ex-Yougoslavie fut un drame pour les chrétiens serbes, il suffit de se souvenir des paroles de l'important cheik saoudien Mohammed Ben Abd El-Rahman Al-Arifi, imam à la mosquée de l’Académie de la Défense du roi Fahd (siteKalemat.org) : "Nous contrôlerons la terre du Vatican ; nous contrôlerons Rome et y introduirons l’islam. Si bien que les chrétiens, qui ont gravé des croix sur les torses des musulmans au Kosovo, en Bosnie et dans divers endroits du monde avant cela – devront nous payer la jiziya [taxe payée par les non-musulmans chrétiens et juifs sous la charià, nada] dans l’humiliation, ou se convertiront à l’islam…". Depuis le début des guerres yougoslaves, l'Arabie saoudite - premier donateur à la Bosnie (560 millions de dollars par an), a décidé de faire des Balkans (Kosovo, Albanie, Sandjak, Macédoine) et de la Bosnie en particulier, jugés trop laïcisés par les décennies de communisme et par le soufisme Bektâchî, le cœur de son programme d’islamisation en Europe. La diplomatie fondamentaliste du Royaume passe par l’Agence Islamique d’Aide ou la Haute Commission saoudienne d’aide et de Coopération. Depuis 1992, 150 mosquées ont été reconstruites ou édifiées avec son soutien. En septembre 2000, la Haute Commission a inauguré à Sarajevo la plus grande mosquée des Balkans, dédiée au roi Fahd Ibn Abdul Aziz. Située dans le quartier populaire d’Ali Pasino Polje, elle est devenue l’un des principaux centres de propagation du salafisme dans les Balkans. Depuis les années 1990, les fondations saoudiennes financent aussi la construction de mosquées au Kosovo et en Macédoine. 240 nouvelles mosquées ont surgi de la sorte au Kosovo et 300 en Macédoine, nouveau foyer de radicalisation albano-islamiste dans la région.
La Turquie s'intéresse également aux Balkans, notamment à la Bosnie, à la Macédoine au Kosovo, et aux minorités musulmans slaves ou turcophones de Bulgarie/Roumanie. Du fait que les minorités autochtones converties à l'islam ou les colons turcs étaient mieux lotis que les chrétiens à l'époque ottomane, ils s’identifient souvent à la Turquie. Et dans le cadre de son irrédentisme néo-ottoman, Erdoğan joue allègrement sur ce registre lorsqu’il se déplace dans les Balkans. D’un point de vue géopolitique, il s'agit d'une véritable provocation envers les Etats souverains de la région qui se sont libérés difficilement, entre le XIX ème et le XXème siècle, du joug turco-islamique qui avait transformé les chrétiens autochtones en parias humiliés, soumis et écrasés par les impôts et captures d’enfants (Devchirme/Janissaires). Depuis les guerres ex-yougoslaves des années 1990, et après l'éclosion de petits Etats ethno-confessionnels musulmans comme la Bosnie et le Kosovo, la Turquie réislamisée par Erbakan puis Erdogan se présente comme le « protecteur » des populations musulmanes est-européennes. Des fonds turcs conséquents sont ainsi alloués depuis des années à la reconstruction de monuments ottomans, de mosquées, de projets financiers, ceci afin de consolider sa présence de la Turquie dans la région. Couplé au soft power des productions cinématographiques, des coopérations scolaires, des envois de prédicateurs et du développement de l’enseignement du turc et des projets de développement économiques, cet activisme islamique turco-ottoman a contribué à redorer le blason de la Turquie et à faire d’Erdogan un véritable « néo-Sultan » des Balkans. Tout cet activisme turco-ottoman et panislamiste-conquérant, que les pays de l’OTAN ont encouragé depuis les années 1990, face aux Serbes, l'Union européenne le paiera bientôt très cher, notamment lorsque la Bosnie, l’Albanie, la Macédoine et le Kosovo rentreront dans l’Union européenne… Erdogan ou ses successeurs islamo-nationalistes turcs disposeront alors dans l’UE non plus seulement de diasporas-réserves d’électeurs turcs, mais d’Etat-clients islamiques ou réislamisés mis à disposition de la stratégie néo-ottomane d’Ankara et des lobbies panislamistes mondiaux …
Atlantico :En guise de conclusion...
Alexandre del Valle : Dans l'indifférence totale - ou la complicité passive - des pays de l'Alliance atlantique, 150 églises et monastères orthodoxes ont été détruits; 40 000 maisons brûlées ou plastiquées et 200 000 Serbes poussés à l'exil hors du Kosovo par les extrémistes albanophones dont les leaders, bien qu'ayant été inculpés pour crimes de guerre par le Tribunal Pénal international de La Haye pour l'ex-Yougoslavie, sont reçus par les grandes chancelleries occidentales. Comme le rappelle Alexis Troude, président du collectif pour la Paix au Kosovo et auteur de l'ouvrage Géopolitique de la Serbie, "depuis la mise sous tutelle internationale du Kosovo en 1999, ni la Mission d’interposition des Nations unies pour le Kosovo (MINUK) ni la Kosovo Force (KFOR) n’ont pu empêcher un processus de purification ethnique impulsé par les extrémistes albanais. Entre 1999 et 2008, sur les 235 000 Serbes, Tziganes, Goranis et Turcs chassés du Kosovo après les accords de Kumanovo, seuls 18 000 ont pu revenir dans leurs foyers. Plus grave, entre 1999 et 2004, 1197 non-Albanais ont été assassinés, et 2300 kidnappés". Troude déplore que plus un seul Serbe ne vit à Gnjilane, où ils étaient encore pourtant 8000 en 1999, et qu'ils sont à peine une quarantaine à Pristina, la capitale du Kosovo, contre 40 000 en 1999. Il précise que parallèlement aux attaques violentes, "le gouvernement de Pristina mène une politique d’albanisation culturelle, conduisant à un mono-ethnisme exclusiviste (...), le Ministère de l’Education de Pristina a imposé l’albanisation des cours du primaire en 2006. (...) Le multi-ethnisme promis par Bernard Kouchner, Haut représentant de l’ONU au Kosovo en 1999-2000, a donc laissé la place à une politique culturelle exclusiviste"...
Mais l'indifférence des Européens vis-à-vis des persécutions de chrétiens-orthodoxes serbes au Kosovo ou ailleurs n'a rien d'étonnant, puisque des pays comme la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Suède ou l'Allemagne, qui subissent depuis des décennies une immigration islamique massive souvent hostile aux juifs, aux chrétiens et aux athées/apostats, renient de plus en plus leurs propres racines identitaires chrétiennes au profit d'un multiculturalisme, qui, comme au Kosovo, donne la part belle à l'islamisme conquérant dans tant de quartiers de non-droit et de non-Occident où juifs et chrétiens doivent raser les murs ou sont pris pour cibles. Outre le cas très médiatisé de Mila, la lycéenne LGBT menacée de mort par des musulmans assoiffés de haine en réaction à ses propos jugés blasphématoires, on peut parler du cas tout aussi inquiétant mais totalement ignoré de l'agression, le 14 janvier dernier, d'un chrétien-serbe, Lazar, du Lycée Marx Dormoy (18e arrt de Paris), par des "jeunes" voulant l'obliger à retirer sa croix au cou. Le jeune été balafré devant des témoins adultes et jeunes impassibles. Le CPE du collège a minimisé l’affaire et s'est moqué des parents exaspérés en se félicitant qu’aucune sanction ne serait prise contre les agresseurs à cause des grèves... Les parents de Lazar ont porté plainte en espérant, en vain, que justice sera faite. Des associations de défense des chrétiens persécutés ont proposé d'aider Lazar et sa famille, mais aucun média ni aucun politique ou autre lobby "antiracites" ne se sont mobilisés. Comment les dirigeants de nos sociétés occidentales devenues multiculturelles donc multi-conflictuelles pourraient-elles condamner la violence christianophobe islamique qu'ils tolèrent et exonèrent chez nous ?
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SOURCE : Atlantico
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L'Origine du Monde 2.0
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02/02/2020
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Ô Greta, vierge et pleine de grâce, le CO2 est avec toi... prie pour nous maintenant et toujours et à l'heure des eaux qui montent... Amen ! Buuuurp !
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