21/08/2018
Aïd el Kebir
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On ne conçoit pas une France inculte et sauvage
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« Le nom de mon livre ["L'allée des philosophes"] avait été inscrit par le duc d'Aumale dans votre Valois, au parc de Chantilly, pour perpétuer la mémoire des entretiens du grand Condé et de ses familiers "dans ces superbes allées", disait l'un d'eux, "au bruit de tant de jets d'eau qui ne se taisent ni jour ni nuit !" Aussi bien, j'aurais pu cueillir la même inscription à Versailles : il y a bien deux siècles, qu'elle y est mise, dans les allées du petit parc qui ont aussi résonné des pas et des voix de Huet, de La Bruyère, de Bossuet quand ils faisaient entre eux ce qu'ils nommaient tranquillement leur "société des choses humaines et divines".
Tout compte fait, quels vrais philosophes ce furent ! Du temps de ma jeunesse, en avance de longues années sur la vôtre, mon cher ami, on était sans grande piété et même sans justice aucune, pour les traces laissées par de tels agonistes du savoir, de l'éloquence et de la raison. Il était peu fréquent qu'un jeune Français les cherchât. Pardonnezmoi d'en radoter, nous nous aimions si peu ! Nous nous préférions tant de grandeurs étrangères, mêmes fausses ou enflées ! L'étudiant, élève de maîtres en vogue ou simple nourrisson des Muses, réservait toutes ses tendresses à une "allée des Philosophes" qui monte à Heidelberg de l'autre côté du Neckar et porte le vocable heureux de "Philosophenweg". Votre aîné Maurice Pujo, qui est mon cadet de beaucoup, a raconté quels pélerinages y faisait encore sa génération et quelle religion passionnée elle y apporta ! Il s'en faut qu'aujourd'hui la vénération des gloires nationales ait égalé ce fanatisme. Nous ne sommes pas obsédés de Descartes ou de Gassendi autant qu'on l'a été de Hegel et de Kant. Et tant mieux : ce qui doit être rétabli n'est pas une obsession fumeuse d'iniquités compensatrices, mais le juste équilibre du jugement. Où le pendule oscille, l'esprit marque un point fixe pour la pensée.
La jeunesse contemporaine trouve tout naturel d'être française et de n'être pas allemande ; il y a vingt ans, c'était moins simple, et ce naturel là dut être dégagé de pas mal d'artifices ; le sentiment d'ingratitude et de migration romantique n'a pas succombé tout seul : en périssant de mort violente, il s'est violemment défendu contre le bienfait des simplicités retrouvées.
Le prestige allemand tenait, pour une part, aux victoires de 18151870, mais on le dérivait d'un monopole imaginaire de la pensée et des arts. L'Allemagne passait pour le berceau de l'esprit humain. Il a fallu plaider et raisonner beaucoup pour lui arracher ce titre burlesque de "seconde patrie de tout homme qui étudie et qui pense". Quels services vous avez rendus alors à la Renaissance française ! Vous aviez la supériorité de connaître le pays dont on parlait tant ! A dixhuit ans, vous étiez allé y chercher les éléments de votre livre, "Louis II de Bavière". Vous sentiez et rendiez sensible la primauté de notre patrie moins en considérant ses droits sacrés sur nous qu'en l'examinant dans son histoire, son influence et son action. C'était la procédure de la science et de l'esprit libre. Un Goethe vous donne raison. Mais il ne donne pas raison aux Français qui se dépaysent de coeur et d'âme. Goethe avoue que l'Allemagne en était encore à l'état sauvage quand notre civilisation portait, depuis longtemps ses feuilles et ses fruits.
On ne conçoit pas une France inculte et sauvage. Elle n'apparaît à l'esprit qu'enveloppée et caressée du rayon d'une longue avance, embellie et polie par un art déjà mûr. Le génie de l'homme de France se mêla de tout temps aux douceurs d'une terre autrefois méprisée pour cet affinement. En nous rouvrant ses profondeurs pleines de délices, le pavillon de son beau ciel, la merveille du monde après celui d'Athènes, a fini par rendre du lustre au genre de pensée qu'il avait animé. »
Charles Maurras, "À Jacques Bainville” , Préface à L'Allée des philosophes
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Joe Bonamassa - Evil Mama
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20/08/2018
La femelle...
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Asra-al-Ghamgam...
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D'un coté notre cher Monarque, Emmanuel Macron, en pleine séance de "selfie" à l'Elysée avec son grand pote saoudien, le jeune prince "moderne et féministe" Mohamed Bin Salman, à qui la France vend des armes et qu'elle soutient contre vents et marées dans la région. Brutal et orgueilleux, il est en quelque sorte le Jupiter de la péninsule arabique.
De l'autre Asra-al-Ghamgam, militante pour les droits des femmes et la libération des prisonniers politiques en Arabie Saoudite, arrêtée en 2015 avec son mari. Elle aurait été exécutée hier matin. Décapitée au sabre pour avoir exprimé ses idées sur Internet.
Voilà à quoi ressemble leur "Nouveau Monde". La même géopolitique rance que "l'ancien", utilisant la même rhétorique vaseuse centrée sur les Droits de l'Homme pour mieux les bafouer à la première occasion. Les selfies en plus.
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Bernard Wicht, Vers la Défense Citoyenne...
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Les ventes d’armes à des particuliers en Suisse explosent. Parallèlement, les polices cantonales sont de plus en plus nombreuses à vouloir armer leurs auxiliaires de sécurité alors que les CFF proposent d’équiper leur police du rail d’armes automatiques.
Bernard Wicht est privat-docent à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne, spécialiste des questions stratégiques. Ses ouvrages incluent "L’OTAN attaque" (1999), "Guerre et hégémonie" (2002), "Une nouvelle guerre de Trente Ans? Réflexion et hypothèse sur la crise actuelle" (2012), "Europe Mad Max demain? Retour à la défense citoyenne" (2013)... Voici, ici, une de ses remarquables interventions médiatiques alors qu'il était l'invité de la rédaction d'un journal matinal de la Radio Télévision Suisse. L'émission date du vendredi 16 septembre 2016. Brillant.
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De la liberté à la sécurité
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« Depuis la fin de la guerre froide, le mot liberté a subitement disparu du discours politique au profit du vocable sécurité. Or les philosophes savent bien que ces deux termes ne sont pas compatibles, qu’ils ont plutôt tendance à s’exclure l’un l’autre : "N’y a-t-il liberté politique que famélique, errante et proscrite ? Et n’y a-t-il de sécurité que dans la servitude, sinon dans la servilité… ? Doit-on tout attendre de l’État ou ne rien attendre de lui ? Ces questions sont au centre de toutes les théories politiques qui opposent la liberté de l’individu à la sécurité de l’Etat ou la ‘raison d’État’ à la sécurité des individus." Nous aurions donc quitté un âge de liberté pour entrer dans une ère sécuritaire avec l’asservissement que cela implique. Signalons d’ores et déjà que pour les sociologues, c’est un fait acquis. Ceux-ci ont explicité cette transition de la liberté à la sécurité en développant, précisément dans les années 90, le concept de société du risque pour tenter de traduire ce repli et le désenchantement qui l’accompagnait : pêle-mêle ainsi, le tabagisme, les catastrophes nucléaires, la disparition de la couche d’ozone ou les armes à feu seraient ressentis comme les nouvelles "menaces" – les risques – pesant dorénavant sur les individus et les collectivités, c’est-à-dire des dangers sans cause ou des accidents dont il faut se préserver par tous les moyens y compris la restriction draconienne des libertés. A la doctrine militaire "zéro mort" correspond donc celle plus sociopolitique du "risque zéro".
Ce glissement de paradigme – de la liberté à la sécurité – est passé relativement inaperçu, pourtant son impact est immense pour la conception de la citoyenneté : dès lors que l’État n’est plus le garant des libertés de chacun mais (au contraire) de la sécurité de tous, le citoyen en armes n’est plus considéré comme une protection contre la tyrannie mais comme un criminel en puissance, comme une menace potentielle, comme un "sauvage" qui risquerait de retourner à l’état de nature. Car, en plaçant la sécurité au centre, en priorité absolue, non seulement on évacue la liberté mais on la recale à l’état de nature, de licence folle, sans règles. Ceci souligne encore la nécessité de re-penser la liberté aujourd’hui, de ré-interpréter en fonction de l’environnement actuel les oppositions paradigmatiques sur lesquelles se fonde la liberté positive : res publica/tyrannie ; armée de citoyens/armée prétorienne ; bien commun/corruption. Or en fonction de cet environnement, ces couples paradigmatiques récupèrent toute leur pertinence et permettent de mettre en évidence combien il est nécessaire pour un groupe de maintenir ou de retrouver sa capacité de décision collective et autonome, combien il est important pour lui de ne pas dépendre totalement d’autrui pour défendre cette capacité. En effet, si l’image du tyran est devenue caricaturale de nos jours, si elle se résume de plus en plus à celle du "méchant" dans les filmographies hollywoodiennes, la tyrannie demeure en revanche une réalité dans les sociétés contemporaines, que ce soit sous la forme du racket mafieux, de la prise en main de certaines populations par les gangs ou d’un pouvoir étatique excessif ayant perdu de vue le bien commun. Les oppositions paradigmatiques précitées servent ainsi de repères et de guide dans cet effort de redéfinition de la liberté. Dans cette recherche de nouveaux espaces de liberté, d’espaces civiques de décision autonome, susceptibles de structurer un sujet autonome en vue de l’action, il convient en outre de garder à l’esprit que l’ère des révolutions, des nationalismes et des idéologies est désormais close. Les fondamentalismes et les fanatismes religieux représenteraient-ils l’étape actuelle ? Certainement pas pour les vieilles sociétés occidentales profondément marquées par les tragédies à répétition du terrible XXe siècle. En revanche, les mécanismes premiers des collectivités humaines demeurent sans doute valables et constituent de ce fait un ressort de fonctionnement premier sur lequel il est possible de re-construire. Dans ce sens, l’adage on ne possède que ce qu’on peut défendre reste un principe de base de toute démarche en la matière. Défendre sa terre et ses biens a été en effet de tout temps, et dans toute société, une motivation essentielle des individus ainsi que le relève notamment Carl Schmitt dans sa théorie du partisan, le combattant tellurique qui se bat pour ses foyers (pro aris et facis) alors que l’État a abandonné la lutte : "Le partisan représente encore une parcelle de vrai sol ; il est l’un des derniers à monter la garde sur la terre ferme, cet élément de l’histoire universelle dont la destruction n’est pas encore parachevée." Plus loin, c’est Hobbes dans son Léviathan qui rappelle que le droit à l’auto-défense est un droit naturel et que, comme tel, il ne peut être cédé par aucune convention : "L’obligation des sujets envers le souterrain s’entend aussi longtemps, et pas plus, que dure la puissance grâce à laquelle il a la capacité de les protéger. En effet, le droit que, par nature, les humains ont de se protéger eux-mêmes, quand personne d’autre ne peut le faire, ne peut être abandonné par aucune convention." Dans le même sens, dans son deuxième Traité du gouvernement civil, Locke explique que la première loi de la nature est celle de la conservation de soi-même : "Celui qui tâche d’avoir un autre en son pouvoir absolu, se met dans l’état de guerre avec lui… Car j’ai sujet de conclure qu’un homme qui veut me soumettre à son pouvoir sans mon consentement, en usera envers moi, si je tombe entre ses mains, de la manière qui lui plaira, et me perdra, sans doute, si la fantaisie lui en vient. En effet, personne ne peut désirer de m’avoir en son pouvoir absolu, que dans la vue de me contraindre par la force à ce qui est contraire au droit de ma liberté, c’est-à-dire, de me rendre esclave… et la raison m’ordonne de regarder comme l’ennemi de ma conversation, celui qui est dans la résolution de me ravir la liberté, laquelle en est, pour ainsi dire, le rempart."
En la considérant ainsi brièvement sous cet angle, la philosophie occidentale semble contenir toute une culture de la légitime défense formant le socle des libertés politiques. Sur cette première base, on peut ensuite tenter d’ébaucher la configuration de ces nouveaux espaces autonomes de décision et d’action en se demandant comment réoccuper cette coquille vide qu’est devenu l’État postmoderne, cet espace post-étatique livré à la foule et aux réseaux de tous ordres sous la surveillance de milliers de caméras. »
Bernard Wicht, Europe, Mad Max demain ? Retour à la défense citoyenne
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Philosophy
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Brandenburg - The thing
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19/08/2018
Comme un poids bien trop lourd pour lui
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« Et puis il parvenait tout de même à la porter sa peine un peu plus loin comme un poids bien trop lourd pour lui, infiniment inutile, peine sur une route où il ne trouvait personne à qui en parler, tellement qu’elle était énorme et multiple. Il n’aurait pas su l’expliquer, c’était une peine qui dépassait son instruction. »
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
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C'est l'été...
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Satisfaits dans cet enfer incroyable
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« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera. »
Pierre Drieu la Rochelle, Mesure de la France
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Brandenburg - No Name
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18/08/2018
Il est sans doute nécessaire de recourir à la violence physique
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« Daniel Odier — Les hommes vautrés dans ce que vous appelez leur "poubelle à mots” sont-ils encore capables de ressentir la violence de vos mots, ou est-il nécessaire de recourir à la violence physique pour qu'ils sortent de leur poubelle ?
William S. Burroughs — Je dirais, en généralisant, qu'une personne vraiment empêtrée dans les mots ne trouvera rien du tout dans mes livres, si ce n'est un désaccord automatique. Il est sans doute nécessaire de recourir à la violence physique, ce qui d'ailleurs arrive partout.
Il ne me semble pas y avoir d'autres possibilités, puisque les institutions ne changeront pas leurs axiomes fondamentaux. »
William S. Burroughs, Le Job — Entretiens avec Daniel Odier
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Attention Village...
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Il n’est pas de capacité plus noble et joyeuse que d’inventer
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« De tout temps, poursuivit John Galt, l’esprit a été associé au mal. Ceux qui ont pris la responsabilité de porter sur le monde le regard lucide d’une conscience en éveil, ceux qui ont accompli cet acte fondamental d’établir un lien rationnel entre les choses, sont devenus la cible de toutes les insultes, d’hérétique à matérialiste, en passant par exploiteur ; de toutes les iniquités, de l’expropriation à l’exil, en passant par la privation des droits civiques ; de tous les tourments, des moqueries au peloton d’exécution, en passant par le chevalet… Et pourtant, l’humanité a survécu parce que ces hommes ont continué de penser – enchaînés, emprisonnés, cachés, retirés dans une cellule de philosophe ou au travail chez un commerçant. Pendant tous ces siècles où l’on a célébré la bêtise, entre stagnation acceptée et violence exercée, ces hommes ont compris que le blé a besoin d’eau pour pousser, que des pierres peuvent former des arches, que deux et deux font quatre, que le chemin de l’amour ne passe pas par la souffrance, que la vie ne peut pas se nourrir de destruction ; et, grâce à eux, leurs semblables ont entrevu par moments ce que signifiait être un homme. Ces moments, mis bout à bout, leur ont permis de tenir. L’homme doué de raison leur a appris à faire cuire le pain, à cicatriser leurs plaies, à forger des armes et même à bâtir les geôles où ils l’ont jeté. Doté d’une formidable énergie – et d’une bien imprudente générosité –, il savait que le destin de l’homme n’était pas de stagner. Rester sans rien faire n’est pas dans sa nature car il n’est pas de capacité plus noble et joyeuse que d’inventer. Et cet homme a continué de travailler au service de l’amour de la vie qu’il était le seul à éprouver, quoi qu’il lui en coûte ; travailler pour ses spoliateurs, ses geôliers, ses bourreaux, payant de sa vie le privilège de sauver la leur. Ce fut à la fois sa grandeur et sa faute de les laisser lui apprendre à se sentir coupable de sa grandeur, d’accepter le rôle d’animal sacrificiel et de périr sur l’autel des brutes épaisses pour avoir commis le péché d’intelligence… Le plus drôle, si ce n’était aussi tragique, c’est que dans toute l’histoire humaine, sur tous les autels érigés par l’homme, c’est l’homme qu’on a immolé sur ces autels et l’animal qu’on a idolâtré. C’est aux attributs de l’animal et non à ceux de l’homme, qu’on a voué un culte, à l’instinct et à la force respectivement personnifiés par les mystiques et les rois. Les mystiques rêvaient d’une conscience irresponsable, asseyaient leur autorité sur l’idée que leurs croyances étaient supérieures à la raison, que la connaissance procède d’un mouvement aveugle et inexplicable qu’il faut suivre aveuglément, sans se poser de question. Et les rois, qui régnaient par la force pour s’emparer de tout ce qu’ils pouvaient, avaient la conquête pour méthode et le pillage pour objectif, sans oublier le gourdin ou l’arme à feu pour affermir leur pouvoir. Les défenseurs de l’âme humaine s’occupaient des sentiments, les défenseurs du corps, de l’estomac, mais les uns et les autres s’étaient ligués contre l’esprit. Et pourtant, même le plus fruste des êtres humains n’est pas prêt à renoncer à son esprit. Personne n’a jamais cru à l’irrationnel. On croit à l’injustice, oui. Chaque fois qu’un homme incrimine l’esprit, il poursuit un but inavouable pour l’esprit. Lorsqu’il prône la contradiction, il sait que quelqu’un prendra sur lui le fardeau qui l’accompagne, quelqu’un qui s’arrangera pour que ça marche, quitte à en souffrir et fût-ce au prix de sa vie ; la destruction est le prix de toute contradiction. Il n’y a d’injustice que si les hommes acceptent de la subir. Ce sont les hommes de raison qui ont permis aux brutes d’asseoir leur pouvoir. À la base de toute doctrine contre la raison, existe une volonté de disqualifier la raison elle-même. À la base de toute doctrine prêchant le sacrifice de soi, existe une volonté de disqualifier la compétence. Les doctrinaires l’ont toujours su. Nous, non. Le temps est venu pour nous d’ouvrir les yeux. On nous demande aujourd’hui de vénérer ce qui nous était autrefois présenté sous la forme d’un dieu ou d’un roi, autrement dit la manifestation la plus imbécile, la plus tordue de l’incompétence humaine érigée en modèle. »
Ayn Rand, "La Grêve
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17/08/2018
Réjouis-toi, Camarade...
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Que sont les mousquetaires devenus ?
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« Il y a de grands écrivains, il y en a de moins grands, mais certains écrivains, en dehors de leur qualité, ont la capacité de créer des mythes. Je ne sais plus le nom de l'auteur d'Arsène Lupin, ni de celui de Fantômas, mais Fantômas et Arsène Lupin sont des mythes, Alexandre Dumas aussi, qu'il soit très grand ou moyen, a crée un mythe : l'esprit mousquetaire.
Qu'est ce que l'esprit mousquetaire ?
C'est, me disait-on récemment, "un esprit de service et d'insolence". La définition me semble bonne, au-delà de ce que le vocable même de mousquetaire, qui vient de mousquet mais a aussi des affinités avec moustache, peut avoir avoir de sonore et de provocant. Service, oui : les mousquetaires d'Alexandre Dumas sont au service du roi et, très précisément, de la reine, et, pour ce service, ils sont prêts à donner leur vie non seulement sans hésiter mais gaiement. Insolence, aussi, bien sûr : le cardinal est là pour qu'il y ait quelqu'un à défier, mais on ne le défie pas gratuitement, on le défie pour servir d'autant mieux celui qui doit être servi. Dans la trinité roi-reine-cardinal, la reine sert à être servi et le cardinal à être desservi, tandis que le roi assure la stabilité de l'ensemble.
Dans cette perspective, qu'est-ce qui compte pour un mousquetaire ? La vie ? Sûrement pas. La morale ? Encore moins. L'amour ? Peu… Mais l’amitié, oui. Le courage physique bien sûr. L'honneur (ou plutôt une certaine idée de l'honneur), plus que tout.
Et dans ces conditions, est ce que l'esprit mousquetaire peut signifier quelque chose aujourd'hui ou est-il à ranger définitivement au placard paléontologique ?
Lorsque j'écrivais — il y a quarante ans environ — un roman intitulé Les mousquetaires de la République, je voulais montrer que les sociétés ont les mousquetaires qu'elles méritent, et que, si la royauté était favorable à l'éclosion de cet "esprit de service et d'insolence", la république avec sa préférence délibérément accordée à la quantité plutôt qu'à la qualité, son civisme égalitaire débilitant, la mollesse invétérée de ces mœurs urbaines, ne pouvait produire que des mousquetaires idéalistes mais inefficaces, rebelles éphémères bientot domptés. Je pensais alors, je le pense toujours, que ni la gauche, pour qui le gouvernement des hommes est un paternalisme, ni la droite, pour qui c'est une gestion, ne sont équipées pour dispenser une denrée sociale pourtant élémentaire : j'entends l'inspiration. Oh ! il fut un temps, au tout début, où la Première République sut brièvement le faire : les volontaires de l'an II qui allaient se faire tuer en chantant la Marseillaise étaient surement inspirés-mal, mais ils l'étaient. Cela n'a pas duré. Rapidement, la République a retrouvé sa vocation qui est fondamentalement bourgeoise, et on ne sache pas que la bourgeoisie ait jamais été riche d'inspiration.
À notre époque, toute sorte de circonstances empêchent la renaissance de l'esprit mousquetaire, et avant tout le petit nombre d'hommes et de cause qui méritent d’être servis ; pour l'insolence, au contraire, les cibles foisonnent, mais quel intérêt y a t-il à cracher au nez de qui ne fera que s'essuyer avec un kleenex, à provoquer un quidam qui, tout au plus, vous enverra un papier bleu ?
Ces mots qui engagent
La disparition du duel, qui permettait à tout moment de "mettre sa peau au bout de ses idées" (selon une métaphore anatomiquement audacieuse), est en soi une catastrophe, autant pour l'esprit mousquetaire que pour la virilité, le respect des usages, l'honnêteté, le savoir-vivre et ce que les romains appelaient la dignitas : ne plus avoir l'occasion et l'obligation d'engager sa vie derrière chacune de ses paroles permet de dire et de faire n'importe quoi à n'importe qui, et comment réagir là-contre si on est un mousquetaire qui se respecte ? La gifle ou le coup de pied, même bien placé, n'ont pas les vertus curatives de l'épée choquée contre une autre épée.
Mais, il n'y a pas que le duel. Il y a à notre époque, toute une weltanschauung-guimauve, qui fait du mousquetaire un personnage odieux pour les uns, ridicule pour les autres. Le mousquetaire, par définition, n'est pas "politiquement correct" ; quant aux "Droits de l'Homme", pardonnez-moi, mais il s'en tamponne le coquillard. Il n'y a pas d'homme pour lui qui ne sache tenir une épée, et aux droits il préfère insolemment les passe-droits. Imaginez-vous un mousquetaire ne mettant pas flamberge au vent devant un défilé de grévistes ou une parade de Gay pride ?
Et pourtant ?
Et pourtant il ne se peut pas que ce mélange de panache et d'inconscience, de respect et de mépris, de dérision et de vénération, ait complètement disparu de l'âme humaine pour être plus précis. Qui sont les mousquetaires d'aujourd'hui ? Oh ! il y a toujours les hommes courageux, depuis les médecins sans frontières jusqu'aux chuteurs opérationnels ou aux nageurs de combat, mais ont-ils la légèreté de leurs ancêtres, leur élégance méprisante, leur dédain de toutes les conventions, y compris la mort ? Ont-ils cette qualité suprême que Hémingway appelait — expression à peu près intraduisible — grace under stress ? il n'est pas interdit d'en douter.
Non, si l'esprit mousquetaire peut encore servir de notre temps, c'est sans doute de façon plus intériorisée. Il consiste essentiellement, me semble t-il, à conserver son indépendance d'esprit dans l'univers de la pensée unique. À choisir les causes que l'on sert sans accorder de considération à leur popularité. À dire ce que l'on pense sans égard pour les idées reçues et les opinions à la mode. À faire un usage judicieux — et au besoin excessif — de l'esprit de contradiction. À ne céder aucune forme de vénalité. À savoir se montrer guelfe parmi les gibelins et gibelins parmi les guelfes. À appeler un chat un chat et un fripon, si haut placé qu'il soit, un fripon. À ne se laisser impressionner par rien ni personne. À avoir sa propre hiérarchie des valeurs sans se soucier de celle des autres. À répartir le service et l'insolence selon le mérite des uns et des autres. À savoir se choisir une reine qui soit assez noble et belle et un cardinal qui soit assez ignoble et puant.
Les ferrets de diamant sont à ce prix là. »
Vladimir Volkoff, in Le Journal "Les Epées" n°5, juin 2002
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Diamond Head - Borrowed Time
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
On scorched earth return me to be a simple man
I am destined by the gods to walk this land
An embittered poet, a slave to this black blade
Oh, my heart still searches for truth, a lost age
I have loved, I have lost
I have killed those who have loved me so
I have loved, at what cost
Lord, I don't know
I'm living on borrowed time
I'm living on borrowed time
These robes, purple royal, claim me their own
From a city lost in dust, I stand alone
Evil thoughts ; evil minds ; must I live like I do ?
Without fear, on borrowed time she helps me through
I have loved, I have lost
I have killed those who have loved me so
I have loved, at what cost
Lord, I don't know
I'm living on borrowed time
I'm living on borrowed time
On scorched earth return me to be a simple man
I am destined by the gods to walk this land
To search for love, to search for love
All in my heart, is this enough love...
As Satan's child, I stand alone in hand
I'm a nomad of this desert, barren lands
My time is short, wild gods of air and sea
Stand by your corruption, and thrive by sorcery
I have loved, I have lost
I have killed those who have loved me so
I have loved, at what cost
Lord, I don't know
I'm living on borrowed time
I'm living on borrowed time
I'm living on borrowed time
I'm living on borrowed time
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16/08/2018
Sous les cris et les rires
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« Quelques jours plus tard, des voitures de résistants emplirent la cour de la ferme. Pour la première fois je les voyais en plein jour. Pas rasés, les visages fatigués faisaient peur à voir. Des femmes au crâne rasé étaient debout au milieu de tous ces hommes qui les insultaient. Moi, je ne comprenais pas. J’étais malheureux devant ces femmes en larmes. Les hommes leur vidaient du vin sur la tête en les traitant de putes à boches, de charognes, de chiennes. L’une d’elles avait le visage marqué par les coups et portait une croix gammée peinte sur le front. Elle ne disait rien, mais elle pleurait. L’un des résistants s’aperçut que mon regard la fixait. Il était déjà venu à la ferme, mais j’eus du mal à le reconnaître, il était terrifiant, il dégueulait de haine. Il s’adressa à moi : "Hé l’Parigot, tu veux la voir à poil, cette salope ?"… Sa main se posa sur l’encolure de la robe et il tira brutalement déchirant l’étoffe pour laisser apparaître les seins. Encouragé par les rires de ses compagnons, il s’acharna sur les lambeaux de tissu et se mit à caresser la fille, qui se débattait en l’insultant. "Si c’était bon pour les boches, c’est bien bon pour nous, maudite vache ! Pas vrai, les gars ?". Tous se ruèrent sur elle. Elle s’écroula au fond du camion. L’un des hommes leva la crosse de son fusil et lui frappa le corps en hurlant des injures. Elle ne se releva pas. (…) Les camions quittèrent la cour sous les cris et les rires. Je me mis à la fenêtre pour apercevoir la femme en espérant qu’elle se serait relevée. Non, rien ! Peut-être l’avaient-ils tuée. Je n’en sus jamais rien. »
Jacques Mesrine, L'Instinct de mort
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Homogénéisation et atomisation...
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« Si la naissance n’est pas un hasard, le fait – tout particulièrement – qu’on s’éveille à soi-même dans un corps masculin ou dans un corps féminin ne sera pas non plus le fruit du hasard. Ici aussi, la différence physique doit être conçue comme le pendant d’une différence spirituelle ; il suit de là qu’on est physiquement homme ou femme que parce qu’on l’est transcendantalement, et que l’appartenance à tel ou tel sexe, loin d’être chose insignifiante dans l’ordre de l’esprit, est le signe révélateur d’une voie, d’un dharma distinct. On sait que la volonté d’ordre et de "forme" constitue la base de toute civilisation traditionnelle ; que la loi traditionnelle ne pousse pas vers l’in-qualifié, l’égal, l’indéfini – vers ce qui rendrait les différentes parties du tout semblables, sous l’effet de l’homogénéisation ou de l’atomisation –, mais veut que ces parties soient elles-même expriment de plus en plus parfaitement leur nature propre. Aussi, dans le domaine spécifique des sexes, homme et femme se présentent-ils comme deux types. Celui qui naît homme doit s’accomplir en tant que tel, celle qui nait femme doit se réaliser comme telle, en tout et pour tout, dépassant toute promiscuité et tout mélange. Quant à l’orientation surnaturelle, homme et femme doivent avoir, chacun, leur voie propre, qui ne peut pas être modifiée, sauf à tomber dans un mode d’être contradictoire et inorganique. »
Julius Evola, Révolte contre le monde moderne
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Vous êtes Trois, nous sommes trois, Dieu aie pitié de nous !
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Un court-métrage sur l'importance de la simplicité et de l'humilité dans la prière.
D'après la nouvelle de Tolstoï intitulée "Les 3 vieillards".
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15/08/2018
On pulvérise des genres de vie fondés sur une longue tradition
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« On a mis dans la tête des gens que la société relevait de la pensée abstraite alors qu'elle est faite d'habitudes, d'usages, et qu'en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on pulvérise des genres de vie fondés sur une longue tradition, on réduit les individus à l'état d'atomes interchangeables et anonymes. La liberté véritable ne peut avoir qu'un contenu concret : elle est faite d'équilibres entre de petites appartenances, de menues solidarités : ce contre quoi les idées théoriques qu'on proclame rationnelles s'acharnent ; quand elles sont parvenues à leurs fins, il ne reste plus qu'à s'entre-détruire. »
Claude Levi-Strauss, De près et de loin
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Gustav Mahler - Symphony No. 1
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14/08/2018
Pablo Casals - J. S. Bach, Aria BWV 590
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