25/10/2007
Albert Camus... Tolérance et Intelligence...
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Les anarchistes sont, dans leur large part, de tristes grenouilles de bénitier qui s'ignorent. Les oeillères sur leur devanture, ils prêchent leurs maladies comme des certitudes saintes d'analphabètes tout pénétrés d'eux-mêmes.
Mais c'est bien-sûr, il fallait y penser, c'était là sous nos yeux mais nous nous refusions de voir pour, enfin, croire l'essentiel : des prétentieux osant gueuler "Ni Dieu ni Maître" sont bien les esclaves de leurs propres peurs, de leur propre néant, de leur mal-être.
Dans la misère de l'esprit actuelle, toujours grandissante, les anarchistes bloqués sur leurs vieilles antiennes se consolent à l'ombre de leur drapeau nocturne. Le Solaire leur fait défaut.
L'Intelligence est aux oubliettes, aux abonnés absents, jetée à la décharge. La misère de leur pensée (peut-on nommer cela ainsi ? je me le demande !) et la pensée de leur misère, pour paraphraser un échange musclé entre Marx et Proudhon au 19ème siècle, leurs niaiseries socio-politiques ne sont qu'une impasse qui les fait jouir de leur vide dont ils parviennent à se satisfaire. Ils sont dans l'impuissance de transformer le monde car ils le réduisent à leur nombril. Décadence et Nihilisme. Contempteurs de l'idée même de Civilisation. Ils semblent en guerre avec les paisibles démocrates bourgeois, ou idéologues de l'Ultra-Gôche, ou socialistes ultra-libéraux... en apparence. L'Inconscient a ses raisons que la Conscience ignore complètement. S'ils savaient que la véritable supériorité, selon le mot de Nietzsche, se trouve justement dans l'absence de revendication. Mais Nietzsche est, à leurs yeux, un réactionnaire, bien entendu, lui qui méprisait le passéisme pour lui-même mais rêvait de le féconder pour accoucher d'un Avenir. Il faut savoir lire. Et les idéologues, quels qu'ils soient, ne savent pas. Les vrais réactionnaires sont parmi les anarchistes qui, réagissant aux Maîtres qu'ils abominent, cherchent à les imiter en négatif par un retournement impulsif de leur soumission.
Comme Goebbels sous l'atroce régime que chacun connaît, dés qu'ils croisent la Culture et une Pensée en mouvement (le contraire de leurs latrines neuronales) ils sortent leur revolver et tirent à vue.
Albert Camus qui, lui, savait lire et que Jean-Paul Sartre ("Jean Sol Partre" disaient Louis Ferdinand Céline et Boris Vian) traitait de "Salaud" parce qu'il dénonçait le Stalinisme avec force, sans aucune demi-mesure, a collaboré en maintes occasions avec le mouvement anarchiste. Sa quête n'était pas arrêtée. Il allait de l'avant l'inquiétude au front, le regard scrutateur et la douleur au coeur. Et il a laissé quelques livres dont l'importance est de premier ordre. Albert Camus savait lire, lui, savait aimer par delà les clivages politiques l'essentiel souffle qui parle à tous les hommes sous le ciel de Dieu ou sous sa vacance sinistre. Ô phrases d'orfèvre.
"Un homme est plus un homme par les choses qu'il tait que par les choses qu'il dit."
"Pour un homme sans oeillère, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse."
"Vouloir, c'est susciter des paradoxes."
"Georges Bernanos, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres."
"Comprendre, c'est avant tout unifier."
"Il est toujours aisé d'être logique. Il est presque impossible d'être logique jusqu'au bout."
"Que voulez-vous, je ne m'intéresse pas aux idées, moi, je m'intéresse aux personnes."
Une leçon pour les "Gardiens du Temple Anarchiste" qui ne savent même pas lever la patte pour pisser.
00:55 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (55) | Tags : Penser, Écrire, Albert Camus, Anarchistes, Georges Bernanos | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Ah Nebo! Vous êtes un homme fin,cultivé et vous savez,vous,de quoi vous parlez.De quoi clouer le bec aux rapaces qui tournent dessus votre tête.
Écrit par : Henri | 25/10/2007
Terrible.De l'auteur de "l'homme révolté" ça ne me surprend pas du tout.
Écrit par : Sergio | 25/10/2007
Que dire sur Camus, sinon savourer...
Mais TON texte Nebo est un petit bijoux, d'analyse, de finesse, avec une coupe de phrases ,régulière, qui fait ma joie.
De l'art de transmuer les ondes nocives...
Écrit par : Restif | 25/10/2007
Êtes-vous certains que la citation sur Georges Bernanos est bien de lui?
Écrit par : Spendius | 25/10/2007
De Camus sur Bernanos,moi j'ai trouvé ça, sur un site anarchiste :
Dans Combat du 26 décembre 1944, il (Camus) avait commenté le message du Pape Pie XII qui prenait position en faveur de la démocratie. C’est l’occasion pour l’auteur de rappeler une fois de plus que le style doit être « universel », c’est-à-dire écrit avec les mots de tous et que c’est mentir que de parler dans le langage des « Encycliques », « langage de la tradition qui n’a jamais été clair pour la grande foule des hommes ». Camus reproche notamment à l’Église ses déclarations faites toujours a posteriori, lorsqu’elles ne servent plus à rien. « Ce message qui désavoue Franco, comme nous aurions voulu le voir lancé en 1936, afin que Georges Bernanos n’eût pas à parler ni à maudire... Disons-le clairement, nous aurions voulu que le Pape prît parti, au cœur même de ces années houleuses, et dénonçât ce qui était à dénoncer » (t. II, p, 284). Cette modération à force de l’être devient une force conservatrice, et l’église, et son chef « la plus haute autorité spirituelle du siècle » doivent aider la cause de la liberté et de la justice. « Mais tant de nuances et de précaution laissent toute licence aussi à la modération la plus haïssable de toutes, qui est celle du cœur. C’est elle justement qui admet les conditions illégales et qui souffre la prolongation de l’injustice... Non, les chrétiens des premiers siècles n’étaient pas des modérés. Et l’Église, aujourd’hui, devrait avoir à tâche de ne pas se laisser confondre avec les forces de conservation ». (t. II, p, 284)
Source : http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1232
Je crois qu'il fait allusion à la prise de position de Bernanos contre les totalitarismes. Il a pris tout le monde de cours sur ce coup là.
Écrit par : Henri | 25/10/2007
Merci Restif pour tes mots... qui donnent du courage... vraiment.
Spendius,
oui... la citation est sur la quatrième page de couve de mon édition poche du "Journal d'un curé de campagne"... et Albert Camus lisait Barrès aussi.
Écrit par : Nebo | 26/10/2007
Bonjour !
A Henri: c'est explicite ! Albert Camus (un compagnon de route des anars) parle non pas du totalitarisme mais des Eglises. Camus était viscéralement athée.
Il dénonçait à juste titre le repentir tardif des cathos espagnols qui soutenait le franquisme et la "vétusté" des Eglises + l'absurdité de croire en l'irrationnel.
Evidemment, l'introduction de Nebo est méprisante envers les anars et le mouvement libertaire.
Il nous relate très bien par contre son "déambullement" dans son usine, un bouquin dans la poche... Nebo, connaît-tu le livre "Putain d'usine" de Jean-Pierre Levaray ? Peut-être pas parce que c'est un bouquin d'un écrivain anarchiste, mais je te le conseille gentiment. Le regard qu'il a sur le monde du travail et plus particulièrement au sein d'une usine (étant ouvrier lui-même dans une usine à Rouen) devrait t'interesser.
Ce qu'on comprends mal, après avoir villipendé le mouvement libertaire, il nous présente Camus, un des plus grands écrivains libertaires. Il aime simplement ses écrits ( mais on ne va pas lui reprocher pour une fois, bien au contraire) mais surement pas ses idées...
Écrit par : Alayn | 26/10/2007
"oui... la citation est sur la quatrième page de couve de mon édition poche du "Journal d'un curé de campagne"... et Albert Camus lisait Barrès aussi."
Mmh, je reste dubitatif (je ne l'ai jamais lue nulle part et en cherchant sur google pour trouver où il l'a écrit, ils me disent que c'est Gabriel Marcel!), mais je vous crois.
Alayn, vous délirez un peu, lisez l'article calmement, tovarich
Écrit par : Spendius | 26/10/2007
Avé Spendius,
pour être plus précis, et faire frémir quelque con qui vient étaler sa culture en ces lieux (vous savez, un de ces sbires ayant si peu de culture qui lui faut l'étaler afin de se donner de l'épaisseur... et il ne réalise même pas que c'est sa connerie qu'il étale) je vais tenter d'être plus précis.
Sur la quatrième de couverture de mon exemplaire, édition de poche POCKET, j'ai 3 citations en guise de présentation de l'oeuvre de Georges Bernanos, "Journal d'un curé de Campagne"...
Une de François Mauriac : "Le don magnifique de Bernanos, c'est de rendre le surnaturel naturel."
Une de Gabriel Marcel, justement : " 'Journal d'un curé de Campagne' est, à n'en pas douter, le chef-d'oeuvre de Bernanos et c'est un livre bouleversant." (Je confirme... il l'est, bouleversant, jusqu'aux larmes.)
Et celle d'Albert Camus : "Cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres."
Aucune source des 3 citations n'est indiqué, mais je suppose qu'émanant de POCKET on peut leur faire confiance.
Pour ce qui est de Camus lisant Barrès, je ne suis pas en mesure de citer mes sources mais je l'ai lu quelque part... allez savoir où... une anthologie ou autre... du temps de Camus, il semblerait que Barrès l'écrivain commençait à être un peu oublié, et des pesonnalités fortes comme Albert Camus, Roger Nimier, Antoine Blondin, ont parlé de son oeuvre et de ce qu'ils y avaient puisé ce qui a contribué à le faire connaître plus largement, hors le cercle assez restreint des Royalistes et des droitistes. Dans son livre "Fier d'être français" (Fayard, 2006), Max Gallo donne une série de citations d'Albert Camus où dans certaines on peut sentir une certaine fibre "Barrèssienne"... comme dans celle-ci : "il est bon qu’une nation soit assez forte de tradition et d’honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu’elle peut avoir encore de s’estimer elle même."
Je n'ai pas lu "Le premier homme" d'Albert Camus, mais il paraît que c'est une oeuvre "Barrèssienne", car Barrès a eu une influence considérable sur beaucoup de monde. Et, ce qui fait encore frémir les cons, c'est que Barrès, tout comme Maurras, dans leur jeunesse ont flirté avec l'anarchisme... et ils en ont gardé queque chose... ce qui fait frémir les cons... mais les agace aussi, car un con ça se refuse à voir que la vie est complexe et non pas binaire.
Pour être un peu plus sérieux, le temps de Camus était encore un temps où des gens issus de tendances politiques radicalement opposées pouvaient encore établir un authentique dialogue par oeuvres interposées et se montrer du respect.
Mais à vous lire, Spendius, je pense que vous l'avez très bien compris contrairement à d'autres. Camus, en effet, avait remarqué que Bernanos, malgré son catholicisme (probablement Bernanos aurait soutenu que ce fut "en raison de son catholicisme") avait dénoncé les totalitarismes de son temps en prenant le parti des républicains contre les franquistes durant la guerre d'Espagne, et celui de De Gaulle contre Pétain dés 1940. En même temps, le brave homme, aurait vomi Vatican II... ce qui en fait un personnage complexe... et vivant. Et Camus, dont j'aime l'oeuvre, aimait les vivants.
Bien à Vous...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 26/10/2007
Pas de problèmes, Mr Nebo, je vous fait confiance (enfin, peut-être qu'ils ont inversé, mais bref, c'est la même chose). Mais ne vous méprenez pas: Je ne connais pas trop Camus, sûrement moins que vous en tout cas, mais je sais reconnaître un bon écrivain, et ça se sent (et ça se lit surtout) que Camus est un grand, en effet.
Mr Alayn, par contre, ça sent le maoïste, surtout. " écrivain prolétarien" "littérature prolétarienne", lol...
Par contre, une autre erreur dans votre texte (enfin, j'espère que c'est effectivement une erreur, car si je me trompe deux fois de suite ça fait vache) : Vian appelait bien, dans L'Écume des Jours, Sartre "Jean-Sol Partre", mais Céline l'appelait - dans son petit pamphlet A L'Agité du Bocal - Jean-Baptiste Sartre, et je n'ai pas mémoire d'un écrit ou il l'a appelé "Jean-Sol Partre).
(PS: Vian, qui est par ailleurs un auteur très comique. Son "Et on tuera tous les affreux" que je lis actuellement pour me détendre est très drôle.)
Là encore, je peux me tromper, mais bon, je risque. Spendius aimer risquer, comme vous le savez...
Votre fidèle serviteur (héhé).
Spendius.
Écrit par : Spendius | 26/10/2007
Oui, Spendius, je sais que Vian l'appelle ainsi dans "L'écume des jours". Pour Céline, ma source vous fera peut-être sourire, mais c'est pour moi un beau souvenir. Fabrice Luchini, sur scène, recitant des textes de Céline... entre autres, des réponses de Louis-Ferdinand à Jean-Paul Sartre, était-ce des articles de presse ou des extraits de son courrier? il ne l'a pas spécifié. Je me souviens très bien d'un passage où il dit à Sartre : "J'ai mis ma peau sur la table, moi, Môssieur Jean-Sol Partre." Quelque chose de cet ordre. Irina, mon épouse, s'en rappelle très bien aussi.
Écrit par : Nebo | 26/10/2007
Luchini récitant Céline? Ca, ça doit être quelque chose, en effet! Dans quel spectacle?
Bon, bah, deuxième erreur. J'ai l'air d'un con fini, c'est pas malin. Peut-être que Vian a pris le "Jean-Sol Partre" de Céline (qui a du faire pas mal de variantes!), alors...Reste à savoir ou se trouve ce texte que Luchini cite.
(Irina, magnifique nom...)
Écrit par : Spendius | 27/10/2007
Un spectacle où il récitait Nietzsche, Céline, La Fontaine. Pas mal du tout. Joyeux. Léger. Et soudain très sombre ! L'arrivée à New York, dans "Le Voyage au bout de la nuit"... "la ville debout"...
Irina... magnifique pseudo ! ;-)
Ah ! La littérature russe fait de jolis dégâts.
Écrit par : Nebo | 27/10/2007
Magnifique pseudo alors, mais qui doit cacher un magnifique nom. :)
Oui, je connais un peu le bonhomme, ce Luchini est assez bon dans ses délires.
Écrit par : Spendius | 27/10/2007
Le Barres du début -celui du "Culte du moi", - a eu effectiverment beaucoup d'influences sur certains anars. Même Léautaud en témoigne -et un peu Mauriac.
Pour Céline, j'ai le texte, je vérifierais.
(J'ai vu Lucchini dans le Voyage. C'était de haut goût. )
Écrit par : Restif | 27/10/2007
Alors, dans mon édition (Cahier de l'Herne L.F.Céline- éd originale) c'est Jean-Baptiste Sartre. Si mon scanner marchait...vous auriez tout. Mais bon, une lampée élue :
"Que cherches-tu? Qu'on m'assassine ! C'est l'évidence! ici! que je t'écrabouille ! Je le vois en photo...ces gros yeux...ce crochet...cette ventouse baveuse...c'est un cestode...Que n'inventerait-il pas, le monstre, pour qu'on m'assassine ! (...) Les sorcières vont le rendre fou, il est venu les taquiner, elles le lâcheront plus...Ténia des étrons, faux têtard, tu vas bouffer la Mandragore! Tu passeras succube! La maladie d'être maudit évolue chez Sartre...vieille maladie, vieille comme le monde, dont toute la littérature est pourrie...Attendez J.B.S avant que de commettre les gaffes suprêmes Tâtez-vous! Réfléchissez que l'horreur n'est rien sans le Songe et sans la Musique...je vous vois bien ténia certes, mais pas cobra, pas cobra du tout...Nul à la flûte! Macbeth n'est pas que du Grand-Guignol et des mauvais jours, sans musique, sans rêve... Vous êtes méchant, sale, ingrat, haineux,bourrique, ce n'est pas tout J.B.S! Cela ne suffit pas...Il faut danser encore ! Je veux bien me tromper bien sûr...Je ne demande pas mieux... J'irai vous applaudir lorsque vous serez enfin devenu un vrai monstre, que vous aurez payé, aux sorcières, ce qu'il faut, leur prix, pour qu'elles vous transmutent, éclosent, en vrai phénomène... En ténia qui joue de la flûte."
Écrit par : Restif | 27/10/2007
Jean Sol Partre, c'est dans L'écume des jours, de Vian. J'ai vérifié.
Ne voulant pas rompre le rythme célinien, je vous mets ça là.
Écrit par : Restif | 27/10/2007
Oui, j'ai 2 minutes inattendues alors:quel que soit mon désir de voir cette vieille pane de Sartre se faire gratter l'occiput au chalumeau, force est de reconnaître que c'est lui qui fit entrer Vian au Temps moderne. La conférence boufonne du pesonnage J.Pol dans l'écume est donc une blague, pas une satire. J'ai d'ailleurs une ancienne remembrance que Sartre en aurait ri...Tout est possible,...
PS Nebo,lu chez XP ton résumé (très intéressant) de la résistance en ex-yougoslavie. On trouve un livre somme sur le sujet?
Et sinon, aurait tu l'extrême obligeance de dire à-qui-de-droit, (que j'ai lu (avec chaleur, tendresse et attachement - cf des parallèles que je montrerais) que mon fichier courrier vient d'exploser,littéralement, alors que tout était fini, prêt à envoyer à 1 phrase prêt ? Sanglots... Donc, je reprends du début la missive entre ce soir et demain voire lundi. Sorry.
Écrit par : R. | 27/10/2007
Non, Restif, je ne suis pas en mesure de t'indiquer un livre qui te ferait un résumé qualitatif sur la résistance yougoslave entre 1941 et 1945. Je n'en ai lu aucun sur ce sujet. Mais je pense que si tu t'adresses aux Éditions l'Age d'Homme, ils pourraient t'orienter ou te suggérer un livre sur ce sujet assez complexe.
Vois là :
http://www.lagedhomme.com/boutique/liste_rayons.cfm
Sinon... Sartre... oui oui oui... Vian et Sartre étaient potes, c'est sûr... mais je me souviens quand j'ai lu "L'écume des jours", j'avais 18/19 ans... je n'aimais déjà pas Sartre... et j'avais trouvé les passages le concernant excellents de drôlerie... comme quoi... c'est une satire, ok... mais elle peut aussi être vue comme une charge douce-amère... moi je l'avais lu comme ça.
Enfin, pour ce que tu me dis de Sartre, tiré des Cahiers de l'Herne, je connaissais ça, je l'ai lu sur le site consacré à Louis Ferdinand Céline. Mais je suis sûr et certain de l'avoir entendu de la bouche de Fabrice Luchini. Je suis incapable, maintenant, de dire si il s'agit d'une invention d'acteur de sa part et je n'ai pas de souvenirs ultra précis de quel texte il s'est servi pour faire son spectacle, si ce n'est que ça m'avait fait plaisir... le show... l'articulation... et sa manière de faire le cabotin alors qu'il n'en avait nullement besoin, parce qu'il savait porter le texte et se faire habiter par lui. Mais c'est plus fort que lui, il faut qu'il fasse le con. C'est Fabrice Luchini, quoi... et puis je partage avec lui un amour inconditionnel pour la musique noire américaine, je veux dire la vraie, l'authentique, Aretha Franklin, Otis Redding, James Bown... enfin, Spendius, Restif, vous voyez ce que je veux dire...
Écrit par : Nebo | 27/10/2007
Mais je suis bien certain que Lucchini l'a dit ! Absolument persuadé. Moi je ne l'ai entendu que sur Le voyage, mais un ami 17iste m'a dit qu'entre deux sets de Lafontaine il lui arrivait de glisser un phrase de la Sévigné. S'en rend-il même toujours compte? Moi je sais qu'à l'écrit, j'ai souvent envie de rajouter un mot (tout à l'heure j'ai usé de "remembrance" : j'ai failli ajouter "du vieillard idiot -Rimbaud album Zutique) Alors à l'oral... Ca doit glisser si vite, on ne réalise même pas. Surtout pour un type qui joue avec la salle, bouge son texte, rigodonne sur les rythmes...
Écrit par : R. | 27/10/2007
Ps Je pense aussi qu'il avait de la malice de la part de Vian. D'ailleurs lui et Sartre se sont éloignés peu après, et je n'arrive pas à y voir un hasard. Je suis de partie pris,je le sais bien, mais le "rire de Sartre" sur ce coup, je n'y ai jamais trop cru. Quand on sait comment le prof à été incapable d'encaisser le "Pourquoi des philosophes" de Revel... M'étonnnerais pas qu'il s'en soit -secrètement -vexé de cet hilarant portrait.
Écrit par : R. | 27/10/2007
En matière de Conscience, Sartre est un petit à côté de Revel... Revel dont le fils a viré Bouddhiste... ha ha ha ha... on a oublié d'en parler chez Isabelle de celui-là et, entre autre, du livre intéressant que Revel a fait avec son fils sur ce sujet... il me faudrait encore aller fouiller dans ma bibliothèque, parce que je l'ai...
Sinon, chez XP, je t'avais répondu Restif :
"Ah Restif ! Les seuls livres que j'ai jamais consulté sur l'histoire de mon ex-pays sont les suivants.... certains, à mon avis, difficilement trouvables :
-"Autour de la Yougoslavie" d'Henry Debraye -- Préface d'Edouard Herriot -- édition de 1931 (!!!) Editions B. Artaud Succ' des Editions J.Rey Grenoble.
Ce livre m'a été affert par quelqu'un qui me fut très cher, un chevelu Metaleux qui fréquentait et fréquente beaucoup le Kop of Boulogne. Supporter du PSG et de l'AS Saint-Etienne... puis qui a viré dans la "ratonnade". Je n'en dirais pas plus... to protect the innocent and the Guilty... Nous nous sommes brouillés pour des raisons, disons, d'Éthique. Si vous voulez... si y'a guerre y'a guerre... alors on utilise les grands moyens pour que la victoire soit acquise... mais attraper un pauvre bougre et le trainer attaché à une Harley juste parce qu'il est typé Maghrébin, cela relève de la bêtise la plus crasse, la plus stupide, la plus haineuse que je ne puis faire mienne. Vous me suivez ? Ah ! Restif, vous m'avez fait sortir ce livre et ça me fait penser à lui et un peu de dégoût me monte à la gorge.
Mais passons...
Dans ce livre, "Autour de la Yougoslavie", on trouve une très belle description de ce que fut mon pays avant la seconde guerre mondiale... Belles photos en noir et blanc d'époque et texte simple, sans prétention, dans ce style allègre et documentaire qui fait encore et toujours aimer la langue française.
Aux éditions "Union Sociale de Haute-Auvergne AURILLAC", 3 livres de Louis Cordier :
-"Victoire éclair en Orient, 15-29 septembre 1918 (Bataille sur les cimes, triomphe du 2ème bureau)"
-"Souffrances et Gloire des soldats d'Orient (Évocations et souvenirs, 1915-1919)"
-"Ceux du premier armistice"
Ces trois livres évoquent la bravoure et la détermination des serbes, lors de la première guerre mondiale sous les ordres du Général français Franchet d'Esperey. Mon Dieu ! Tout ce que les bombardements récents sur mon petit pays réduit à peau de chagrin ont détruit. Il y a un monument à Belgrade qui disait "Aimez la France comme elle nous aimés"... je ne saurais dire ce qu'il en est aujourd'hui... mais il fut longtemps après le bombardement recouvert d'un gigantesque catafalque noir par les autorités du pays. Ces trois livres m'ont été donnés par un vieux serbe royaliste qui avait fui la Yougoslavie de Tito et j'avoue ne les avoir parcouru que en diagonale, surtout à cause du style, très militaire, sans fantaisie dans la langue, assez lourd. Néanmoins, ils fourmillent d'indications précises et concises pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette haute page de l'Histoire dont les français ne connaissent que le film de Tavernier "Le capitaine Conan" (pas sûr du titre).
-"Le procès Milosevic (ou l'inculpation du peuple serbe)" Éditions l'Age d'Homme, de Patrick Barriot et Eve Crépin avec avant propos de Slobodan Milosevic lui-même et préface du Général Pierre Marie Gallois. Politiquement incorrect. Quelques vérités solides sur le conflit en ex-Yougoslavie, sur les tenants et les aboutissants, qui n'enlèvent rien à la crapulerie de Milosevic, mais qui disent des choses essentielles. Bien entendu, il faut savoir trier. Ce que je ne pardonnerai jamais aux serbes de Bosnie c'est, bien entendu, Srebrenica. On n'aligne pas 8000 personnes face à une fosse pour les abattre froidement, puis on s'en va baiser les icônes des églises et se signer du signe de croix. Pas surprenant que les serbes et leur combat, à présent, ne soient pas pris au sérieux et que les serbes soient considérés uniquement comme un peuple fascistoïde. Lamentable !
Mais venons en aux deux meilleurs livres de ma bibliothèque :
-"Les Slaves, histoire et civilisation de l'antiquité aux début de l'époque contemporaine" de Francis Dvornik. Éditions du Seuil. Quelques 900 pages si je ne compte pas l'Index, les cartes à la fin du livre, la longue bibliographie qui est donnée. Une somme. L'Histoire des Slaves des plaines de la vistule et des rives du Dniepr à l'Adriatique, aux marais de Pologne ou aux populations allemandes Sourabes (serbes germanisés). Edition de 1970. Celui-là je le confierais à personne. Je me le garde. Les dieux païens, la langue, les traditions, les déplacements, les mélanges de populations, la christianisation, l'emprise ottomane de 5 siècles... etc... Superbe bouquin. Pointu.
-"En Yougoslavie Orthodoxe" d'Anne Yelen, Jean Grassin Éditeur, édition de 1970. 300 pages d'histoire, d'analyses, d'explications de l'univers culturel et mental Orthodoxe. Le ton y est admiratif et Anne Yelen s'implique. Néanmoins, le livre fourmille d'indications précises et on y apprend vraimennt beaucoup de choses comme si on vivait avec les populations locales. À moins que ma corde sensible n'ait vibré à l'unissons avec ce qui est dit dans le livre, sang slave oblige.
Voilà...
Pour le reste, j'ai la chance d'avoir une mère qui fut institutrice en ex-Yougoslavie Titiste et les gens de sa génération sont beaucoup plus cultivés que les générations qui leur ont succédé. À Cuba comme en ex-Yougoslavie il y a des intellectuels redoutables issus du bas peuple, vous pouvez pas imaginer. Donc, il y a encore une mémoire qui est transmise. Mais j'ai un cousin et une cousine en Serbie qui ont 20 ans, qui sont loin d'être bêtes. Cependant, l'histoire et l'âme de leur peuple ils s'en foutent un peu. La transmission va s'interrompre et on ne saura plus grand chose de tout ça. Je me souviens quand j'étais petit, petit... moins de 10 ans... je posais des questions à ma mère et elle me répondait dans les moindres détails... Tchétniks, Oustachis, Musulmans avec un "M" majuscule, musulmans avec un "m" minuscule (là-bas ça avait une signification) et tout le toutim. Ma mère ne m'a jamais élevé comme un serbe, elle m'a élevé comme un Yougoslave qui se devait de s'intégrer à la culture française. Elle avait plutôt le coeur à gauche. Gauche à l'ancienne. Pas gauche caviar. Un peu un produit, tout de même, de la Yougoslavie de Tito. Mais elle a toujours détesté le parti communiste Yougoslave qui, pour elle, n'était que magouilles et compagnie, et bien qu'institutrice, mariée à un instituteur (mon père) ultra communiste alors (plus tard le Christ l'a rappelé à lui, dans une foi semble-t-il profonde, c'est une autre histoire) elle n'a jamais eu sa carte du Parti, ce qui est un exploit... bref, pardonnez-moi tous, mais j'écris vite et pars en digressions... ma mère m'a transmis l'essentiel... m'a élevé seule... sans homme à la maison... suite à son divorce d'avec mon père et à notre arrivée en France "pour qu'elle refasse sa Vie" (et j'ai pas viré pédé... mais d'être élevé par une femme sensible et dure... ben ça m'a fait aimer les femmes plus que de raison ! Allo ! Docteur Freud !)
Voilà pour ce que je puis dire de mes lectures relatives à mon pays..."
Écrit par : Nebo | 27/10/2007
Franchement c’est un beau, c’est un sacré post. Je sais pas trop comment dire ça. Tous mes mots me semblent faiblards. Ne rien se laisser passer…putain que c’est rare. Sincèrement, je suis plus qu’ému. A beaucoup de gens, ça semblera facile. Et bien non. Je viens de me fâcher avec mon meilleur ami, qui s’était mis à détester TOUS les juifs. Pour le garder, il m’aurait suffit d’un peu de mensonges. Et bien on s’est fâchés (je suis pas un héros pour ça, c’est juste pour préciser)
Pourquoi je dis ça ? Simplement parce que je sens quand il y a des douleurs au bout des mots. De la souffrance. Et aussi cette chose incroyable aujourd’hui : de la propreté, de l’honneur. Bon Dieu, je ne sais pas comment vous le faire sentir –mais je suis fier d’avoir eu qlq chose qui paraisse correct à un type comme vous (je reprends la vouvoiement, parce que ça nous dépasse).Oui, réelle, si par malheur on devait jamais plus se revoir, je changerais pas une ligne. L’HONNEUR. Et ben vous l’incarnez.
Oui, ça dépasse mon tout petit personnage. Mais il y a quand même un chose que je sens et tant pis pour les cons :; si la France cessait d’intéresser les gens comme vous, elle ne m’intéresserait plus
Écrit par : R. | 27/10/2007
J'ai perdu le fil...Alors, j'ai raison ou pas? héhé
Écrit par : Spendius | 27/10/2007
Ben on sait pas trop, Spendius, mais ça n'a pas trop d'importances, Fabrice Luchini improvisant sur scène s'est laissé emporté... et a introduit le "Jean-Sol Partre" VIANesque... ou alors, y'a pas que le texte des Cahiers de l'Herne... y'a peut-être d'autres textes... faudrait poser la question à Luchini ou à un spécialiste de Céline ou Sartre... ha ha ha !
Restif, tu sais, je devine un parcours chez toi aussi, qui n'a pas du être simple, je veux dire avec le recul, tu dois porter dessus un regard qui donne le relief adéquat pour voir ce que tu as fait de bien et ce que tu as loupé... les erreurs... tout ça. Je ne juge pas Restif, j'évalue pour apprendre, délimite les êtres sans les limiter, je veux voir leur ombre et leur lumière... on a tous fait des conneries. J'ai eu la chance de ne pas trop faire souffrir autour de moi... pas trop. Et puis, tu sais ce que signifie "pécher" d'après la bible : manquer sa cible ! Traduction à la Chouraqui... je ne dis pas que c'est de lui, mais c'est dans l'genre, si j'puis dire. Donc les pécheurs passent leur temps à manquer leurs cibles ! Pauvres de nous tous. Voilà. Je pense à lui parfois... je n'ai pas trop souffert de cette rupture amicale... il y avait d'autres choses aussi que je te dirai un jour "in private". Rien de bien méchant le concernant et me concernant. Quelque chose, disons, d'ordre moral, il n'a jamais vraiment compris la Clarté qu'il y avait entre moi et Irina (prunelle de mes yeux, feu de mes reins)... la Clarté... la Liberté... la Confiance... le fait que je puisse lui parler comme à la mère de mes enfants... puis comme à une amante... puis, simplement, comme à une amie. Après avoir traversé l'enfer du couple, histoire banale, qui arrive tellement à tout le monde, mais que nous avons réussis, non sans combats, à gérer de manière intelligente, raisonnable... alors que lui, dans sa vie de couple, vit dans l'hypocrisie, le mensonge... et puis il passait son temps à me dire que je lisais trop... me prenait trop la tête... alors qu'il était intelligent... mais sans culture. Ou alors de très mauvaises lectures que j'ai découvert après coup par quelqu'un d'autre. Bien triste, pour lui surtout.
Et puis... avec Irina nous avons un cercle d'amis que je puis qualifier d'authentiques... ils peuvent se compter sur les doigts d'une seule main. Mais quand nous nous retrouvons, il est bon de nous enivrer de bon vin et d'échanger des idées, de batailler autour du monde et de sa trainée de sang et de misères... en riant, aussi... pour calmer le dégoût et prendre de la hauteur, du recul. Voilà. Sans prétentions. Avec le sens de l'écoute. Instants privilégiés, rares, donc très précieux. Hermann, qui intervient en ces lieux quand il a le temps est de ceux-là.
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
A côté de tes mots chaleureux, compréhensifs, ce petit com' n'est qu'une bulle de fumée ("En attendant la mort/ Je fume au nez des dieux de fines cigarettes", Laforgue). Un retour au quotidien -Au masque? peut-être... La réalité est susceptible d'être le plus efficace et le plus pesant des masques.
Ah Nebo, comment parler à un ami « comme une mère » ? C’est hors de ma porté… bien trop colérique, parti vers les grandes transhumances, loin de tout ce qui me paraît, un tant soi peu, fleurer la drue bêtise. Et de ce point de vue, je suis, c’est peut être triste à dire mais c’est c’est moi, intolérant. Enfin… « 2 âmes partagent mon cœur » (Goethe), il y a de la pitié dans cette dureté.
Ainsi –soyons franc, c’est une de mes rares vertus - je ne me suis pas fâché à cause des opinions de mon ex-Kamarad, mais bel et bien à cause de la très forcenée stupidité de ses arguments (Mein Kampf « bien écrit », « juste » !!!) Niet. Un chef d’œuvre de propagande, j’aurai pu admettre, mais ça… On ne redresse pas une branche tordue, surtout quand elle sue l’envie (oui, il y a, des choses, des chances chez moi qui font naître la plus basse envie, et ça gâche tout). Voilà et c'est (presque ) amusant.
Ma plus grande erreur – à mes yeux – c’est d’accepter, sans trop le discuter, une vie très confortable, que les droits d’auteur familiaux et les miens irriguent. Quelques petites publications à côtés pour faire reluire la vanité et voilà… Et puis la quête, le plaisir brûlant de voir chaque journée me rapprocher d’un crépuscule que j’espère embraser une bonne fois, une seule, sans défaillance.
Le passé est une autre question,mais je ne parlerais pas d'erreur, car je n'ai pas de regrets. Non, c'est plus complexe, lié à mes racines. Enfin, ce n'est pas le lieu où aborder ça.
( Je me laisse parfois aller au doux plaisir de l’exaltation, parce que c’est vivre. Mais rarement. Ca fait trop mal à la tête le lendemain…)
Ps Je continue une passionnante correspondance avec Lionel D., le philosophe à qui tu avais laissé un com’. Nous avons eu sur Heidegger de passionnantes discutions. Très inattendues mais je ne peux rien dévoiler ici. Il est prof en fac (hélas, pas sur Paris) et bosse sur Nietzsche. Il a rédigé une très intéressante biographie sur les rapports Nietzsche/Wagner sur son blog. Je l’envie monstrueusement de connaître l’Allemand (je me suis mis au Russe mais c’est pas aisée du phonème). J'ai découvert des sites passionnants il y a déjà qlq temps et je voulais t'en parler :Tzvetaïeva et Brasillach -les articles de 36 de JSP( je recommande à certain anar).
La première est immense, sa correspondance avec Rilke (elle fut son amante) et Pasternak (idem!) est admirable, brassant l'absolu, les plus hauts souffles, au plus simple amour (je file les liens si intéressé)
Et merci de tes lignes que guide un cœur qui n’a pas peur de ses battements.
Écrit par : Restif | 28/10/2007
"faudrait poser la question à Luchini ou à un spécialiste de Céline "
Je l'ai posé, j'attends une réponse du type en question, grand lecteur de Céline.
Écrit par : Spendius | 28/10/2007
Ah bah merde les mec ( et les "meufs" par ailleurs), il a répondu, il dit qu'il sait pas ou il a pu dire ça même si il a effectivement entendu dire que Vian et Céline l'appelaient ainsi. Peut-être au cours d'une interview dit-il, mais bon... La question reste en suspens donc. A qui tombera dessus le "Jean-Sol Partre" célinien pourra nous indiquer...
Enfin, désolé de casser la discussion.
Écrit par : Spendius | 28/10/2007
Vous ne cassez rien, pas d'inquiètudes. Mais j'ai l'intégral de Céline, et il n'y pas de J.P.T. C'est dans l'écume des jours, point. Lucchini aime à faire tanguer la syllabe. Maintenant, possible que Céline l'ait repris dans une correspondance ou une interview. Quelle importance?
Écrit par : R. | 28/10/2007
Aucun en vérité, mais j'aime bien papoter.
Écrit par : Spendius | 28/10/2007
Ca j'ai cru comeprendre. on dirait un agoriste, c'est dire ! ( de vrais anars peu connus mais très intéressant)
Écrit par : R. | 28/10/2007
La seule chose que je sais d'eux, les agoristes, c'est qu'ils sont pour la négation du droit de propriété intellectuelle, ce qui est un peu chaud tout de même.
Et ils se veulent anarcho-capitalistes ? C'est ça ? Pas le temps de Googler... ;-)
ça va encore en remuer certains... Ha ha ha ha...
Michel Onfray avait scandalisé, à un moment, le milieu anarchiste en parlant de "Capitalisme Libertaire"... mais bon, c'est très facile de les scandaliser les militants basiques...
Écrit par : Nebo | 28/10/2007
Je connais peu de choses des agoristes, si ce n'est un site : http://jesrad.wordpress.com/le-manifeste-neo-libertarien/mnl-chapitre-1-notre-condition-actuelle-letatisme/.
Pour moi, ce sont des utopistes, mais sympas. Ils s'appuient sur Konkin,Rothbard , Friedman. Pour moi, c'est une utopie ( je bouffe grace à la propriété intellectuelle). J'ignore totalement si Spendius est de leur bord -intéressant je le répète - mais je sais pas pourquoi, j'ai eu cett impression. (Les blagues sur Hegel peut être...) Un certain ton. Et puis je suis un génie... modeste et tout.) Alors Spendius? Sûr que je me suis planté en avançant ce délire...
Écrit par : R. | 28/10/2007
Je suis effectivement partisan de l'anarcho-capitalisme, selon moi, l'unique anarchisme intelligent, par la simple et bonne raison que les anarchistes détestent l'anarcho-capitalisme. Cela devait donc forcément être un courant intelligent. :-)
Pour le droit intellectuel, c'est pas vraiment ça, certains soutiennent le droit intellectuel, d'autres non, ce qui est important à l'intérieur du mouvement anarcho-capitaliste c'est de discuter et d'apporter des idées. Enfin, certains le voient comme ça, d'autres non ( par exemple Russel Kirk, mais bon)...Jesrad, que je connais, ne le soutient pas, en effet.
On soutient une société basée sur le marché et la propriété privée, basiquement, mais là encore, c'est beaucoup plus compliqué que cela, par exemple certains courants (comme le catallarchisme, assez récent) ne se basent pas sur la propriété privée pour bâtir leur réflexion.
Mais je tiens à dire que je ne suis pas du tout défenseur d'un "militantisme" complètement débile ,du tout: pour moi, l'unique chose qui importe, c'est Vanessa Hudgens.
Michel Onfray, Mr Nebo, au début j'étais très méfiant (Traité d'Athéologie lol), je partageais surtout l'avis d'Asensio et de Baumier, mais au vu de ce que vous en dites sur ce blog, je serais bien tenté finalement, juste pour voir, d'ouvrir le Journal Hédoniste qui se trouve dans la bibliothèque du coin.
Cordialement,
Spendius
Écrit par : Spendius | 29/10/2007
Oui, "Le traité d'Athéologie" ce n'est pas une référence pour moi. Du tout, du tout. C'est un rassemblement d'idées athéistes basiques, de l'athéisme de comptoir sans grand intérêt, à la limite, même des croyants pourraient s'en servir pour dénoncer les dérives de la religion tout en précisant que la Religion ne se limite pas qu'à ça. Le pélerinage intérieur, c'est vraiment autre chose. Mais Onfray a eu une expérience regrettable sur ce plan... pédophilie probable à son encontre dans un collège Salésien, dans son enfance. Bon... je le comprends, mais je ne puis m'en satisfaire...
Par contre son "Désir d'être un Volcan", son "Archipel des comètes", son "Art de Jouir", sa "Théorie du Corps amoureux", et surtout sa "Sculpture de soi"... sont des bouquins qui peuvent être lu... bourrés de références originales, corpus gréco-latin oublié (Diogène d'Oenanda, les Cyrénaïques)... en même temps que références à Ernst Jünger, le Hagakuré, etc... passionant... Loin d'être con le Michel... loin d'être limité. Mais comme je l'ai déjà dit, ses "engagements politiques" sont lamentables, dans le cadre desdifférentes élections... etc... pas clair... il s'embrouille... un peu comme Sollers, que j'aime bien aussi, pour d'autres raisons... mais voilà... ils font bouger le schmilblick, à défaut de le révolutionner... un peu comme Dantec, sur d'autres plans... mais sans la perfection...
J'écris vite... du boulot... pardonnez-moi.
Écrit par : Nebo | 29/10/2007
"Mais Onfray a eu une expérience regrettable sur ce plan... pédophilie probable à son encontre dans un collège Salésien, dans son enfance."
Que vous êtes méchant!
Diogène d'Oenanda? Ah, effectivement, je ne connais pas.
Par contre, je vous poserais bien une question: Ne croyez-vous pas justement que "faire bouger le schmilblick sans le révolutionner" est la caractéristique même de notre modernité, que les grands écrivains de notre modernité - vous invoquez Dantec, je suis assez d'accord - sont pris contre une pâte informe et trop forte qu'est la modernité et qu'au final, ils n'ont plus la force de la transmuter, de l'inverser, de la faire exploser comme réussissaient génialement à leur époque des Céline ou des Flaubert? La lutte est-elle trop forte et la force de l'écrivain s'est-elle tarit?
Cordialement,
Spendius
Écrit par : Spendius | 29/10/2007
Irène Fernandez a parfaitement souligné les limites du "Traité d'athéologie" avec un "Dieu avec Esprit" pas désagréable à lire du tout.
Bien à vous.
Écrit par : Ezrah | 29/10/2007
Merci Ezrah, pour cette info... je ne connais pas du tout ce livre. Mais je me souviens ayant parcouru "Le Traité d'Athéologie" être tombé sur des passages où Onfray mettait en parallèle Jésus et Hitler et je l'ai refermé aussitôt... même dans l' "Antéchrist", Nietzsche ne fait pas de comparaison aussi vaseuses. Et c'est très mal connaître l'attitude de Pie XII durant la seconde guerre mondiale qui n'est pas la lamentable caricature qu'en a fait le film de Costa Gavras dont j'ai oublié le titre, avec l'affiche de chiottes controversée à juste titre... mais avoir oublié ce film n'est pas bien grave, n'est-ce pas ? Et pourtant, pour moi qui suis d'origine serbe... les chrétiens Orthodoxes ont morflés à cause des Catholiques en Croatie, et la béatification du cardinal stepinac, je ne la porte pas dans mon coeur, mais je pense être assez intelligent pour reconnaître que les choses ne sont pas aussi binaires qu'on veut nous le faire entendre par la propagande officielle. Voilà... Ce serait un long débat...
Spendius, je ne suis pas méchant, quand j'évoque une pédophilie éventuelle, c'est Onfray lui-même qui le laisse entendre, sans être très clair; dans je ne sais plus quel passage de sa bibliographie...
Pour le reste...
Je ne saurais dire si "faire bouger le schmilblick sans le révolutionner" serait une caractéristique de notre modernité et même, la modernité ayant été digérée, de notre Post-modernité, je pense, sans chercher à défendre les uns et les autres, qu'il y a ceux qui se replient sur une Tradition forte, une "Philosophia perennis" (C'est comme ça qu'on dit ?), certains avec un talent certain, d'autres avec juste la volonté de préserver et rien que ça. Et il y a ceux qui s'efforcent d'ouvrir de nouvelles brèches. Je ne veux pas faire le Hégelien de service, je n'ai pas de formation philosophique classique et ne suis pas un expert de la pensée, mais il me semble que l'époque est aux tentatives de synthèses diverses et variées qui ont un point commun entre elles : elle trimbalent en elles une conscience très claire que la boucle est bouclée dans les domaines que les éléments des synthèses en question tentent d'aborder par eux-mêmes... aussi nous retrouvons-nous avec un Dantec qui tente un rapprochement entre la philosophie de Nietzsche et la chrétienté, ou pour être plus précis, entre Nietzsche et le Catholicisme Romain... Michel Onfray tente une synthèse entre la philosophie de Nietzsche et la pensée anarchiste dans le but de la revivifier... Philippe Sollers défend Heidegger, bec et ongles, en même temps que Hegel, Nietzsche ou, ce que j'appellerais, le côté lumineux et clair des Lumières du XVIIIème Siècle... et le voilà qui en même temps fait l'éloge du Taoïsme et de Joseph de Maistre ou Dante. Bon. Je ne dis pas qu'il faut prendre pour argent comptant tout ce que ces personnes disent, mais il y a là matière à réflexion.
Je sais que quelqu'un comme Juan Asensio vomit Onfray et Sollers, et je ne tenterais pas de polémiquer avec lui sur ces sujets... je suis loin, très loin d'avoir la prétention d'être à son niveau de culture... je travaille à l'usine et j'ai des obligations de père de famille et de mari... bref, je fais de mon mieux pour y voir clair... et rien que de répondre à un commentaire comme le vôtre, le soir, rentrant du boulot après 8 heures passées avec des mort-vivants, ça me demande un effort considérable pour aligner ces quelques phrases. Mais ne vous méprenez pas, Spendius, je le fais avec plaisir. Bref... peut-être que les écrivains de notre Post-modernité n'ont pas la capacité de transmuter notre temps pitoyable mais, au moins continuent-ils à l'analyser et à y lire en profondeur. La tentative, assez maladroite, mais très audacieuse, je trouve, de Dantec, par exemple, d'introduire dans "Grande Jonction" une lecture de la Machine par la Scolastique de John Duns Scot... wouaouh ! Je me suis retrouvé à googler de toutes parts pour y voir clair dans ce qu'il disait... c'est pas rien... le problème des universaux, tout ça... deux siècles de controverses... la vision, selon Dantec, que la gnose non chrétienne a tenté, via l'influence d'Avicenne --lui-même lecteur d'Aristote-- par exemple, de pénétrer l'Esprit des intellectuels chrétiens du moyen-âge (selon Dantec c'est à partir de là que la décadence commence pour nous mener au piège machinique de Robespierre, de l'ère industrielle, de la production qui ne peut qu'aboutir à la production et reproduction des choses comme des pensées... et donc à la disparition de la singularité... puisque faits à l'image de Dieu --Singularité par excellence-- nous sommes nous aussi capables de faire parti d'un Tout... tout en étant des singularités nous-mêmes... et non les simples citoyens d'une république... ou les simples sujets d'un calife et d'une Oumma)... Bon... tout ça, ça a du poids, je trouve dans la réflexion que ça peut provoquer, chez moi en tout cas...
Pour Onfray, un livre comme "La Sculpture de Soi" m'a permis de formuler un hédonisme personnel au milieu de la tourmente... hédonisme qui n'a rien à faire avec "Paris-Plage", "La Gay Pride" ou n'importe quelle singerie de ce type... mais bon, cela, après tout, ne relève que d'une position personnelle qui n'a rien de la posture à la mode. Michel Onfray a le talent de condenser et de jeter des ponts entre divers penseurs avec une évidence telle : Marc-Aurèle... Jocho Yamamoto... Max Stirner... Nietzsche... les pré-Socratiques... hop... on peut en penser ce que l'on veut... mais tant qu'on tente pas une lecture, c'est dommage de lui rentrer dedans sur la base d'un livre qui n'est révélateur que de son athéisme sous la ceinture... un athéisme qui doit avoir ses raisons...
Dans le domaine de la littérature, un Houellebecq ou un Dantec ont tout de même de la carrure et le simple fait qu'ils transbahutent une odeur de souffre avec eux en abordant, de plein fouet, certains problèmes qui gènent, on peut considérer que c'est non seulement plaisant... mais sacrément profitable et salutaire... je n'oublie pas Muray qui a décortiqué notre Homo-festivus avec un panache inégalé. Un Gilles Châtelet, avec son "Vivre et penser comme des porcs" vaut son pesant de cacahuètes. Lui, avant de se suicider je crois, se réclamait de Hegel, Marx et Nietzsche... donc... synthèse encore ? Bon... mais analyse du bobo consommateur-producteur-festif au scalpel... avec une acidité gastrique intransigeante... ha ha ha ha ha...
Je ne trouve pas que la force de l'écrivain soit dans ses chaussettes... il cherche surtout à se positionner selon de nouvelles stratégies...
Et pui, là je pense que nous serons d'accords... un écrivain comme Juan Asensio n'est connu que des initiés... même si son excellent Blog est lu par beaucoup de personnes il n'a pas le poids d'un Onfray et d'un Sollers en exemplaire vendus... mais combien sont dans un cas bien pire... solitaires, dans leurs chambres... dévorés par les fièvres... en proie aux angoisses existentielles, cherchant à dire... écrivant envers et contre tout... tenant éventuellement un blog... modestement... ne cherchant même pas à se faire éditer tellement le cirque des maisons d'éditions n'est plus à démontrer, leur cynisme, leur marchandisation du verbe, leur vomi consensuel...
Moi, par exemple, sans aucune prétention, ce que j'écris sur mon Blog, lorsque ce ne sont pas des extraits d'oeuvres que j'apprécies... ce n'est que la partie visibe de mon iceberg ("Iceberg... merde ! encore un juif !" dirait Serge Gainsbourg... ha ha ha !) Car je n'ai pas envie de balancer tout... là... les plagiats sont nombreux... je ne veux pas jouer avec le feu, hein, car sait-on jamais ? Dés fois que je décide de publier à frais d'auteur, un jour, certains de mes écrits, en 100 exemplaires que je distribuerais dans quelque bibliothèques et que je donnerai à quelques amis... hein ? Que je publierai à compte d'auteur pour pas avoir à me soumettre aux suggestions de réécriture, etc... toute cette comédie... Voilà... il y a peut-être, probablement même, des écrivains lumineux, parvenant à lire la réalité... à la disséquer avec précision... mais que personne ne signera, parce que l'édition est morte.
Alors, en effet, lorsque Onfray, Sollers, Dantec, Houellebecq sortent un livre intelligent... ça fait plaisir... on se dit qu'ils remuent un peu la merde... c'est pas rien.
Restent les classiques... un bon Bernanos... 100 fois plus émouvant qu'un Onfray... y'a pas photo. Mais en 2007... il faut aussi aller voir ce qui se trame, ce qui se prépare, ce qui cligne des yeux...
Bien à Vous...
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 29/10/2007
"Nietzsche ne fait pas de comparaison aussi vaseuses."
C'est peut-être normal mon cher, Hitler n'existait pas aux temps de Nietzsche! (héhé)
Ah bon? Onfray évoquant sa possible pédophilie? Là, je ne vous suis pas...
La modernité (et post-modernité) est effectivement une période stagnante ou on essaie de trouver des failles - des lignes de fuite dirait Deleuze lol - pour s'en sortir. Regarder cela sous cet angle, c'est intéressent, c'est une autre lecture de la modernité, mais là je pense qu'il y a un obstacle: Asensio, justement.
Comment quelqu'un d'aussi génial peut vivre dans la modernité justement? Il est grand alors que des écrivains comme Dantec ne sont pas grands, mais tentent de l'être (Asensio disait que ce qu'il appréciait chez Dantec, c'est le fait qu'il soit vivant au contraire des écrivains morts de notre littérature actuelle). Comme a-t-il réussi, lui? C'est quoi son truc? Je n'ai pas de réponse à cela, je vous passe la parole pour essayer de faire bouger...le schmilblick, justement.
Et puis, c'est bien beau de dire qu'on doit combattre, mais au final, on combat pour quoi? Quand justement Asensio combat contre tout le monde, il cherche quoi au final? Quand un grand être tente d'esquisser une sortie, une sortie à son piège, il veut aller vers quoi, vers où? Quand Baudelaire dit qu'il veut du nouveau (cf la fin du poème "Le Voyage" dans Les Fleurs du Mal)...
Cordialement (mon commentaire est moins long de un car vous êtes vraisemblablement fatigué et de deux car de toute façon je n'allais pas faire un commentaire long (héhé)),
Spendius.
Écrit par : Spendius | 29/10/2007
Non... Hitler n'existait pas au temps de Nietzsche... mais existait "Bismarck et le casque à pointe allemand, la bête à corne nationaliste"... termes utilisés maintes fois par Nietzsche pour vomir l'inqualifiable... lui qui se disait avec douceur le "très bon européen"... et qui pressentait dans la musique de Wagner (je ne sais plus si c'est dans "Le Cas Wagner" ou dans "Nietzsche contre Wagner") l'avancée inévitable de forces ténébreuses à venir. C'est que vous défendriez Onfray, Spendius... ha ha ha !
Non... Onfray évoquant ce qu'il aurait subi auprès de prètres salésiens dans un collège... où ses parents l'avaient mis. Vous me suivez là ?
Excusez-moi... Juan Asensio vit bien en 2007, certes... mais vit-il dans la modernité (ou Post-modernité)... euh... j'en doute. Ses références ? Bloy... Steiner... Sabato (qui est une lacune pour moi... connais pas du tout)... bon... il s'efforcerait de traverser le monde sans en faire partie (=>voir les Évangiles) que cela ne me surprendrais guère. Mais peut-être ai-je une mauvaise lecture du personnage ?
Je doute qu'il soit ouvrier à l'usine... ce qui, notez-le, n'est absolument pas un reproche... il doit vivre de sa plume, il en donne l'impression... je ne le sais pas... ne le connaissant que par ses fulgurances sur son blog que je trouve remarquable... bien que je ne saisisse pas toujours tout... manque de repères littéraires et philosophiques, mais je fais de mon mieux, Voilà. En tout cas, si il ne fait que lire et écrire et donc penser et faire en sorte que sa pensée se déploit par son écriture, avouez que ça doit aider à devenir un bretteur de premier ordre, non ? Comment fait-il ? La Passion, peut-être... que je n'ai pas aussi forte ? Que sais-je ?
Écrire... ça c'est combattre contre soi-même... assurément... et contre l'Ange, tel Jacob... probablement... pour dire la Vérité... incessamment... envers et contre tout le monde, bien entendu.
Sortir du piège ? Par la porte dérobée de l'écriture... donc de la pensée... par la confrontation, pour rebondir sur l'autre post que vous avez commenté aussi, par la confrontation, disais-je, à sa propre mort... au gouffre du miroir qui nous ment... vous savez Spendius, vous qui avez portez haut l'étendard de la révolte... il y a celui que l'on croit être... celui qu'on voudrait être... celui que l'on est aux yeux des autres... et celui que l'on est vraiment... ça fait du ménage à faire, n'est-ce pas ? La création s'y prète admirablement. Et l'écriture en particulier. Le Verbe.
Et le Verbe peut mener "Anywhere out of the world"... comme l'a écrit Baudelaire en maintes occasions... dont son "Voyage" que vous évoquiez... ou son "Invitation au Voyage"...
Spendius... si j'avais la solution... je n'écrirais pas... le terme serait atteint... or, ce qui m'intéresse, ce n'est pas même un but... c'est le Voyage en lui-même... ce qui m'intéresse, ce n'est pas le gibier... c'est la Chasse et mon souffle de chasseur, arc tendu, dans la course à travers les plaines ou à travers la forêt. J'aurai du mal à prêcher quoi que ce soit.
See ya...
Écrit par : Nebo | 30/10/2007
Oui,l'intéressant,c'est le chemin de campagne. Moi aussi,la quête m'intéresse plus qu'une enigmatique réalisation de celle-ci.
Je suis obligé d'écrire très rapidement. ALors, juste un truc Nebo : Sabato,c'est génial, un très grand. Pour Le stalker, il gagne plus que confortablement sa vie en bosssant dans la bourse. Il sait quand même qui il est. Il ne se prend pas pour un immense écrivain. Aujourd'hui, vivants, il ya Pierre Michon et Claude Louis Combet. Novarina au théâtre. Mort il y a une vingtaine d'années, il y a Jouhandeau, surtout ses "Jounalières". Vivant il y a un sacré poète et un très bel essayiste : Jean Michel Maulpoix (du lyrisme, très beau et d'une pertinence rare).En plus, c'est un type super.
Je reviens quand je peux. Bon courage Nebo. Moi, il y a certains de vos textes (je vouvois l'écrivain!) que je trouve vraiment bon, infiniment plus dignes d'être édité que Gavalda ou Angot. Ce n'est pas toujour le cas, parce qu'il ya le problème de la pudeur et surtout,à mon avis, problème de temps. Mais justement, ma franchise t'es garante de ce que je pense en profondeur : il y a certains passages ou posts qui sont portés par une vraie cohérence, une musicalité suffisamment discrète de la phrase et un lyrisme maîtrisé (parfois ton défaut est de céder à certains prestiges...que je connais bien!). Un sens de la cadence et de la narration qui mérite d'exister etquibien travaillé au corps peut donner de sacrès textes. Je pense que si tu avais plus de temps,moins de fatigue, tu écrirais encore plus de ces textes bien rythmé ou forme et fond s'allient pour toucher le lecteur en plein là où il faut . Hélas, l'édition...faut connaître des gens déjà éditès et qlq peu influents qui te lisent avant, puis te poussent. Mais longtemps le compte d'auteur a été le véhicule de l'écrivain - les premiers Gide, Mauriac, Montherlant. Proust bien sûr. Et Céline même faillit y passer.
La saloperie de Gavras , c'était "Amen" filme mensongé tiré de la pièce "Le vicaire" écrite par un ancien Hitlerjugend qui nous fait de la morale. Un peu comme cette bonne conscience de Grass - qui est quand même un écrivain, pas de doute. Même si à mes yeux, il est très en dessous de T .Mann (j'ai lu 3 fois le Faustus et j'ai commencé l'embarquement dans les Histoires de Joseph. Mais doucettement, parce qu'après je n'aurais plus de Mann à lire. Alors, je vais pas faire comme Guerre et paix avalé en 4jours il y un mois. Ah,Nebo, je te conseille un bouquin assez génial sorti en poche "La littérature sans estomac "de Pierre Jourde. Je pense que ça te réjouirait (sauf sur sollers, mais il a des arguments le bougre. Et puis c'est marrant,il compare Sollersà catulle Mendes, ce que je faisais toujours. Ce n'est d'ailleurs pas une honte, j'ai lu 3 Mendes, certains ne vieillissent pas trop mal -surtout La maison de la vieille).
ah : certains de tes com's au fil de la plume sont de sacrés bons brouillons. Et qu'on me pardonne la syntaxeun brin chaotique, j'ai écrit vitesse grand vent.
Écrit par : Restif | 30/10/2007
"Non... Hitler n'existait pas au temps de Nietzsche... mais existait "Bismarck et le casque à pointe allemand, la bête à corne nationaliste"... termes utilisés maintes fois par Nietzsche pour vomir l'inqualifiable... lui qui se disait avec douceur le "très bon européen"... et qui pressentait dans la musique de Wagner (je ne sais plus si c'est dans "Le Cas Wagner" ou dans "Nietzsche contre Wagner") l'avancée inévitable de forces ténébreuses à venir. C'est que vous défendriez Onfray, Spendius... ha ha ha !"
Oh, vous savez, Nietzsche était loin d'être un ange...en témoigne cette étude (rémusé d'un livre de plus de 1000 pages!) sur Nietzsche:
http://www.filosofia.it/pagine/argomenti/LoSurdo/Losurdo_Didier.htm
"Non... Onfray évoquant ce qu'il aurait subi auprès de prètres salésiens dans un collège... où ses parents l'avaient mis. Vous me suivez là ?"
Oui, j'ai compris après avoir lancé ma réponse ou je disais que je comprenais pas (c'est malin).
Asensio peut vivre "dans son monde à lui" dans la pré-modernité, mais dans la réalité il est bien dans la post-modernité, en 2007. Hors, en 2007 le Verbe s'est tellement tarit que je me demande simplement comment chez lui, il n'a perdu aucune force. J'ai déjà dit qu'il aimait Dantec parce que c'était un "écrivain vivant" malgré le fait qu'il n'est parfait, il a donc une certaine tolérance envers ceux qui tentent "de bouger le schmilblick", mais lui, il se voit comment? Asensio est qui pour Asensio?
La question de la manière comme il vit est mystérieuse: Je ne crois qu'il publie trop pour pouvoir vivre de sa plume (il écrit beaucoup, mais dans son blog, donc les textes ne sont pas payants, et il le dit quand un texte a été publié quelque part). Faudrais le demander. Je l'ai déjà écrit quelques emails, auquel il répondait très vite, à mon grand étonnement, on dirait qu'il est toujours content de discuter avec ses lecteurs.
Mais, par exemple, Dantec ne vit que de sa plume Mr Nebo? Pourquoi n'a-t-il pas alors le talent (car il ne l'a pas, il faut l'avouer, dans le sens de la plume, même si Dantec est écrivain et Asensio critique) d'Asensio?
"or, ce qui m'intéresse, ce n'est pas même un but... c'est le Voyage en lui-même"
C'est apparemment aussi le plus intéressant chez tout les grands écrivains. Le problème, enfin moi il se présente ainsi, c'est que je sens qu'il y a une sortie à ce Voyage....
Et vous, vous n'arrivez pas à vivre entièrement de votre groupe? Vous pouvez essayer, non?
Cordialement,
Spendius.
Écrit par : Spendius | 30/10/2007
Quel manichéisme dans cette étude sur Nietzsche ! Quel esprit binaire ! Mais il est vrai, n'étant pas philosophe moi-même et le lisant depuis mes 17 ans... j'en ai 42 aujourd'hui, probablement l'ai-je mal lu ! ;-)
Ce genre d'attaque (qui semblent ici un peu mieux étayée que d'autres... je pense, notamment à l'ouvrage collectif français, "Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens ?") me gave considérablement, parce que je ne vois pas l'intérêt d'avoir une lecture systématique d'un auteur qui n'a pas laissé de système derrière lui, mais une pensée perspectiviste. Et les notions de "maître" et d' "esclave", chez lui, sont à aborder selon de mutiples angles... en particulier celui de sa propre situation d'esclavage ou de maîtrise par rapport à ses propres pulsions, instincts, pathos, etc...
"La Grande Politique" chez Nietzsche, question abordée sur le tard, n'a jamais vraiment pu éclore... si ce n'est en brusques étincelles suggérant des voies de réflexions... qui en tout cas mettent à l'écart la brutalité. Et son "aristocratie" n'est pas une aristocratie de sang bleu, mais d'esprit... Je n'ai pas le temps, du tout, de me replonger là-dedans.
Pour ce qui est d'un éugénisme éventuel... que ce soit Michel Onfray, dans "Fééries anatomiques"... ou Peter Sloterdijk dans "règles pour un parc humain", ils ont provoqué la controverse en appelant à l'utilisation de la science à son plus haut niveau, pour améliorer l'espèce humaine, notamment pour la débarasser des maladies et la rendre plus solide, plus robuste, sans avoir à passer, non plus, par du racialisme de n'importe quelle nature... Et ils ont "modernisé" cette réflexion puisée chez Nietzsche, d'après ce que j'ai pu en comprendre... alors il n'y a rien là-dedans qui me choque. N'en déplaise aux penseurs attachés à leurs valeurs démocrassouillardes avec lesquels on ne peut aborder certaines notions sans, systématiquement (ouais... z'ont besoin d'être SYSTÉMATIQUES !) être douteux !
Nietzsche dit du bien de l'Allemagne quand y'a de bonnes raisons d'en dire... mais en gros, excusez-moi, mais sa rupture avec Wagner passée, il a plutôt tendance à la vomir, l'Allemagne, et à fuir vers le sud, à rêver --sans moyens, malheureusement-- d'aller aux États-Unis... au Mexique... sa correspondance est très révélatrice à ce sujet. Au début, sous l'influence de Wagner, alors qu'il n'a pas 30 ans encore, il pense qu'avec la philosophie de Schopenhauer et les Opéras de Wagner qui, selon les critères de l'époque, tendent vers une sorte d'Art TOTAL, l'Allemagne va devenir une sorte de Nouvelle Grèce pour l'Europe. Mais après Bayreuth et la lie bourgeoise, antisémite et nationaliste qu'il y cotoie le temps d'une représentation, je crois me souvenir, la nausée lui vient pour ne plus le quitter.
Le paradoxe de Nietzsche est de s'engager dés la déclaration de guerre entre la France et la Prusse en 1870 (il est infirmier côté allemand... seulement infirmier, puisque depuis peu pour exercer en Suisse il a renié sa nationalité allemande pour prendre la nationalité Suisse... il soigne, notamment des soldats Maures qui portent l'uniforme français et dont il dira qu'ils ont le regard doux) et lorsque la France perd la guerre... il pleure... parce qu'il est déjà Francophile. Ce qui se confirmera par son intérêt pour Montaigne, Retz, La Rochefoucauld, Baudelaire, Stendhal, Flaubert, Bizet... j'en oublie... parce que Nietzsche est un peu comme la vie... PARADOXAL, hein...
Je ne pense pas que Juan Asensio soit dans une pré-modernité intérieure... il est dans un espace ou se déploie la pensée, à travers le temps, dans ce lieu bien particulier qui surplombe les temps et les hommes, en contact avec les auteurs, morts ou vivants qui lui parlent, qui l'interpellent, qui le questionnent et qu'il questionne en retour... Voilà. Les grandes questions depuis, disons... le temps de la chute... n'ont pas bougées, ce sont les mêmes... hein... qui suis-je... d'où viens-je... où vais-je...qu'est-ce que je branle ici-bas? Et par extension, pfiiiou... l'Humanité... la grande fournaise masturbatoire dans la copulation de l'horreur... Qu'est-ce que la mort ? Le sens de la Vie ici-bas ? Et hop... tout ça que vous savez déjà, Spendius. Le Nihilisme c'est quoi ? Et son contraire ? Et blah... blah... blah... pendant des heures, des jours... toute une vie en errance.
"Asensio se voit comment? Asensio est qui pour Asensio?"
J'en sais foutre rien... vraiment. Pour moi c'est une sorte de Sentinelle. Voilà. Un Gardien... mais alors pas, comme l'autre troll, "un gardien du Temple Anarchiste"... ha ha ha ha ha... une sentinelle, un passeur, connecté au Verbe. Pfiiiiiou ! C'est déjà plus qu'être simplement vivant, n'est-ce pas ?
Si, comme le signale Restif, il bosse dans la finance, c'est qu'il a un nez directement dans les affaires du Malin vues d'en haut... des hautes sphères... là où l'air est irrespirable... mais nécessaire... TANT MIEUX... Je lui souhaite de bien s'en sortir... et d'écrire comme il écrit longtemps, toute sa vie. De balancer du Napalm et de l'amour selon ce que les saintes nécessités exigeront de son Incarnation.
Je n'ai pas l'envie, ni le temps de lui écrire. D'autres chats à fouetter, n'est-ce pas. Mais ça ne me surprend pas, si il répond à ses lecteurs... c'est qu'il a un besoin de partage et d'échange, et c'est tant mieux, il est accessible, au moins virtuellement. ça doit contrebalancer avec l'image simplement d'intransigeant qu'il projette, comme ça... et ça n'enlève rien à l'intransigeance qui est la sienne et qui est salvatrice.
La sortie du Voyage... le "terminus, tout l'monde descend !"... c'est la Mort, Spendius... quoi d'autre ? Il est vrai que pour la grande majorité... ils sont déjà mort à 20 ans. L'Horreur. Avant 20 ans même. "Le temps d'absence d'angoisse" disait Heidegger.
Le talent de Dantec, le talent d'Asensio... je compare pas... l'un a une écriture plus "Trash" (Dantec), l'autre une écriture plus classique... mais les questions semblent assez proches, à part que Dantec les passe au prisme des techno-sciences, il me semble... Les goûts et les couleurs. Certains préféreront sûrement Dantec. Moi, Dantec m'a surtout subjugué avec ses journaux, assez bordéliques, qui partent dans tous les sens, j'ai lu les 3... pour les romans, je n'ai lu que "Grande Jonction" où j'ai trouvé quelques lourdeurs. Quant à Asensio, je ne l'ai lu, pour l'instant que sur son Blog et en allant sur les sujets qui m'intéressaient directement.
Je ne vis pas de ma musique parce que le groupe dans lequel j'ai évolué pendant 15 ans et demi s'est séparé en février dernier... et que nous fûmes tellement mauvais, n'est-ce pas, qu'aucune maison de disque n'a souhaité nous signer. Et comme nous ne donnions ni notre cul... ni ne sucions... c'était pas évident d'être signés.
Sur le plan musical, je panse mes plaies (et les pense aussi)... qui vivra verra... mais je me sens un peu vieux pour toutes ces conneries. Quoi que... hein... ;-)
Écrit par : Nebo | 30/10/2007
Non, moi je suis assez d'accord avec les analyses que Losurdo fait de Nietzsche, en essayant de le réintégrer par apport a son histoire et permettant de faire émerger des territoires nouveaux de la pensée nietzschéenne. Au début, j'étais assez bouleversé, maintenant je prends en compte l'analyse losurdienne (quoique avec précautions, Losurdo est marxiste et en vérité très suspect de manichéisme) et cela ouvre une nouvelle vision de Nietzsche, qui, complétée par, par exemple, deux articles de Pierre Cormary très drôles, à la mérite de redonner une humanité à Nietzsche.
Par contre, Nietzsche a pleuré quand la France a perdu? Vous tenez cela d'où?
(et quant à l'eugénisme, moi j'appelle ça du transhumanisme, transhumanisme auquel j'adhère dans une certaine mesure)
Pas mal ce que vous dites d'Asensio. En fait, un Nietzsche moderne, le Stalker, non?
(Pour l'écrire :Vous pouvez peut-être le faire part, au moins, d'un de vos textes, peut-être qu'il en acceptera pour la Zone, enfin, il est très exigent sur ce point comme vous le savez)
Par apport à la "Sortie du Voyage"...vous connaissez Deleuze?
Parce que attention, je ne réduis pas les grands hommes aux artistes, pour moi le territoire des génies est beaucoup plus grand que cela. Je suis surtout physicien dans l'âme, ainsi j'idolâtre carrément deux personnages que je vous invite à connaître pour leur vue des plus incroyables sur la vie: Albert Einstein et Richard Feynman. Einstein est très connu mais personne ne sait qui il était réellement, et Feynman lui, n'est connu de presque personne de la "populace" alors que c'est selon moi un des êtres humains les plus remarquables qui a vécu sur Terre. A y ajouter Ruquier, Erdös, Euler, Euclide, Bourbaki, Connes, et j'en passe bien évidemment, et beaucoup...
Pour les maisons de disques : Bah, tentez encore, et essayer cette fois de lécher une musique :-D
Cordialement (j'abrège encore la discussion pour ne pas trop faire chier),
Spendius.
Écrit par : Spendius | 31/10/2007
[ Souvenir rythmé ; simple comptine…)
Pour la couleur de l'âme et son chant
C’est ici
Qu’il me faut rechercher les ombres de mon cri.
En un soir blasonné de mornes litanies
Où je m’étais miré à mon âme écoeurée
J’ai voulu –fatigué de ces feux sans folie
Quêter un dieu hautain qui ne fut que mépris
Je n’eus que du dépit et ce goût un peu bas
De qui ne sait flétrir que par peur du combat.
Ayant remisé mes défiances
Fracassé mes condoléances
Mes jérémiades en inconstances
Pour tenter 2-3 pas de stances
Ayant quêté l’exaltation
Au sein d’un sinople profond
Si j’ai su desserrer mes mots
J’ai vibré d'un verbe un peu haut...
Vin éventé de l’amitié
J’ai enivré mon envolée
Pour te serrer entre mes mot.
Plus chaud que mes lambeaux d’échos A vent souriant et coeur dansant
Me sont venus propos charmants.
Aujourd’hui que j’ai mis mes pas
Dans ce Nocturn indélicat ( ?)
(A trop haute et trop forte voix
- c’est la vraie teinte et ton… je crois.)
Je me dis que j’ai eu raison
De faire battre si riche moisson
A ce cœur qui cherche la voix
De frère beauté et de sœur joie.
(Envoie modeste)
Comme en la grotte de Nebo*
Est caché l’Arche du Très-Haut
Des quatre coins du monde enfants des horizons
tous les secrets des sphinx sont sur... Incarnation.
* Quatre siècles plus tard, les troupes de Nabuchodonosor brûlent cette Maison du Dieu d'Israël, et avec elle l'Arche disparaît à jamais... Bien qu'une tradition populaire, dont on trouve l'écho dans les MACCABEES, veuille qu'avant les sac et l'incendie du Temple de Jérusalem (en 586 av. JC), le prophète Jérémie ait enlevée l'Arche en même temps que le mobilier sacré pour les cacher dans une grotte du mont NEBO"jusqu'à ce que Dieu ait rassemblé son peuple [...] et se manifeste dans la nuée."
http://cathedrale.chartres.free.fr/pg67.htm
Écrit par : Restif | 31/10/2007
Restif... merci pour ces mots. Merci, vraiment.
TouchéS.
Bien à Toi...
@)>-->--->---
-----------------------------------------
Spendius, ma réponse demain...
Écrit par : Nebo | 01/11/2007
Vous êtes des bons gars les mecs, je visiterais ce blog souvent. ^^
Écrit par : Spendius | 01/11/2007
Spendius…
Ha ! Que vous dire ? Par où commencer ?
D’abord Deleuze… vite fait… oui, dans son abécédaire, à la lettre « V », « Intensité immobile », « Nomades attachés à leur terre qui nomadisent dessus pour ne pas la quitter », « voyage sur place par les œuvres d’art… musique… littérature… ce paradoxe qui nous fait traverser de multiples états que nous ne trouvons pas dans les voyages physiques »… mais il aime les errances, quand il évoque Beyrouth qu’il a traversé de part en part sans savoir où il allait… ça me fait penser à la notion d’ « errance » chez Guy Debord. Mais si on se lance là-dedans… on va pas en sortir. Ha ha ha ha !...
Je vous dirais, aussi, que Nietzsche effectue, tout au long de sa vie, un Voyage sacré qui est une rupture constante, d’abord avec l’enseignement… puis avec Wagner et Bayreuth, rupture avec le Bismarckisme, rupture avec les milieux antisémites émergeants. C’est un Corps qui se déplace dans l’espace et un esprit qui se déplace d’époques en époques, par les livres et lé réflexion… tout le temps. Sa bibliothèque était encombrante. Quelques 1000 titres. Une malle qu’il faisait transporter partout avec lui.
Voyez là :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_de_Friedrich_Nietzsche
Et puis, cet aphorisme que je reproduis de mémoire, à propos de Stendhal, je crois, qui dit que ses plus belles idées lui viennent assis. Et Nietzsche : « Je te tiens là, Nihiliste, mes plus grandes idées me viennent en marchant. » Et de songer aussitôt à sa promenade qui lui fit surgir la notion de l’ « Éternel Retour » dont on n’a pas fini de commenter le sens… même planté sur place… en un éternel Voyage de l’esprit… quand les images… que les idées fusent… que les ponts se dressent entre les époques et les êtres selon des fulgurances qui semblent révélatrices, qui illuminent, qui nous portent bien plus que nous ne les portons.
Pour ce qui est de Losurdo, je ne vais pas claquer de l’argent dans ce pavé de 900 pages, n’est-ce pas, pour me coltiner encore la décortication systématique d’un penseur qui n’eut pas de système. Décortication, par-dessus le marché, par un marxiste. Bon je ne vais pas non plus m’avancer plus que ça, je vais rester dans la suspicion, à propos de Losurdo, et probablement y-a-t-il quelque chose à retenir, j’ose l’espérer pour lui qu’il ne s’est pas uniquement branlé pendant 900 pages.
Mais vous allez voir… quelques pas vers ma bibliothèque, qu’Irina a pris la peine de bien ranger récemment (je n’ai pas sa patience, mon Dieu !) et, pour ce qui est de Nietzsche, voici ce que je me suis amusé à décortiquer depuis mes 17 ans. Certains des livres que je vais vous présenter, je ne les ai lu qu’en diagonale, d’autres je les ai lus en long en large et de travers et quelques uns juste feuilletés (peu)… mais c’est une histoire de temps… surtout… sinon, vous pensez bien… hein :
D’abord il y eut quelques livres d’introduction… de ceux que l’on lit pour pénétrer un univers qui attire, mais qui est encore mystérieux :
« Pour connaître Nietzsche » d’André Simha (Bordas). Premiers pas dans une pensée qui vibre et qui chante. Simple et sans grande prétention, mais indispensable pour le jeune adulte que j’étais.
« Comprendre Nietzsche », un livre que l’on m’a offert, alors que j’étais déjà bien avancé dans mon exploration du philosophe, mais que j’ai lu uniquement pour avoir la confirmation de nombreuses choses que je savais déjà. Auteur : Jean Lefranc, Éditions Cursus.
Aux Presses Universitaires de France, « Le Zarathoustra de Nietzsche » de Pierre Héber-Suffrin, feuilleté.
En « Que Sais-je ? » le « Nietzsche de Jean Granier, Puf. Autre introduction nécessaire au jeune lecteur de Nietzsche.
Chez Seghers, dans les « Poètes d’Aujourd’hui », « Friedrich Nietzsche » par Pierre Granier. Lorsque le philosophe est poète et que sa poésie est lumineuse. Je me souviens lisant cet exemplaire vers mes 18, 19 ans, le cœur plein de jubilations me dépassant, incontrôlables, me portant en une sorte d’extase corporelle. La langue légère, solennelle, sombre, tellement vivante. Je lisais ça seul. Personne autour de moi ne comprenais. On me trouvait déjà « douteux ».
Aux Puf, encore, un petit livre de Gilles Deleuze, « Nietzsche », simplement. Poursuite des premières initiations.
Avant de poursuivre, toujours par Deleuze, avec « Nietzsche et la Philosophie », excellente introduction qui grimpe d’un cran. L’idée des « passions tristes » et de leurs valorisation excessives, le pouvoir du négatif expliqué, disséqué par Deleuze comme principe théorique et pire… l’idée même de la positivité (« Avec Carrefour je positive ! »… ha ha ha ha ha !) comme produit masqué de la négation même. Nietzsche passant tout ça au marteau, dénonçant les 3 vues pour aller au-delà… mais ICI et MAINTENANT, non dans un au-delà. C’est cette valorisation du négatif au temps de Nietzsche, déjà, qui l’a éloigné du Romantisme bien qu’esthétiquement il ait conservé l’empreinte des écrivains de sa jeunesse, Hölderlin, Goethe, Kleist. Bref, la réalité avant toute chose. Deleuze, de gauche, dira d’ailleurs que « les droits de l’homme » sont une idée creuse (ha ha ha ha ha) et que la seule réalité qui compte c’est l’homme réel (Onfray pense la même chose)… l’homme réel capable de tout… le meilleur comme le pire et qu’ainsi seule la jurisprudence fait figure de point de repère pour lui indiquer ses droits et ses devoirs dans une vie en société… la pratique… voir dans son abécédaire, je ne sais plus à quelle lettre.
Aux éditions de minuit, « Cahiers de Royaumont, Nietzsche », nombreuses interventions de Deleuze, Gabriel Marcel, Colli et Montinari, Pierre Klossowski. Thèmes très intéressants : Heidegger et Nietzsche et le concept de valeur ; la béatitude chez Nietzsche, Ordre et désordre, Nietzsche, Freud et Marx par Michel Foucauld (cette analyse a du influencer Michel Onfray dans sa jeunesse) ; la philosophie comme exercice Ontologique… etc…
« Les pages immortelles de Nietzsche » choisies et commentées par le frère de Thomas Mann, Heinrich Mann, Éditions Corrêa de 1948.
Comment passer à côté de 2 œuvres qui ont compté pour moi et m’ont touché de par l’intimité qu’elle me suggéraient, comme si on évoluait dans la proximité du penseur :
∑ « Souvenirs sur Friedrich Nietzsche », par Franz Overbeck. Un ami du penseur (et brillant intellectuel). Éditions Allia.
∑ « Friedrich Nietzsche à travers ses œuvres » par celle qui crucifia son cœur, Lou Andréas-Salomé chez Grasset, disponible aussi sous le titre « Nietzsche » chez « Réimpressions Gordon & Breach », dans les deux cas par le même traducteur, Jacques Benoist-Méchin. Grande émotion de suivre le penseur dans son parcours avec celle qu’il aima d’un amour impossible ! Pourquoi diable n’est-il pas parvenu à la baiser ?!!! Mais je m’emporte, pardonnez-moi. L’erreur de Lou fut de tenter de systématiser sa pensée, déjà. Comme quoi, quelque chose les séparait. Les notions prisent par Lou chez Nietzsche passèrent, ensuite, par son intermédiaire chez Freud… qui bien que génial, lui, systématisa à mort. Hu hu ! C’est le cas de le dire.
Je veux citer aussi, le livre de Béatrice Comengé,"La danse de Nietzsche", chez Gallimard, L’Infini, accompagnant dans son parcours Nietzsche par la légèreté de la danse. Intéressant à lire comme une détente. Résonances vibrantes avec l’œuvre bien entendu nettement supérieure de Stefan Zweig, « Combat avec le démon », consacrée à Hölderlin, Kleist et Nietzsche (Belfond). Le chapitre seul consacré à Nietzsche est trouvable chez Stocks, je crois, sous le simple titre « Nietzsche ». Là, la plume de Zweig et son sens de la narration apporte le frisson si ce n’est les larmes. Moi, ce furent les larmes. La solitude du penseur. Sa maladie. Ses douleurs. On le suit comme si on était son ombre. Terriblement bien écrit. Œuvre littéraire forte et éprouvante pour les passionnés.
Ensuite, en matière purement philosophique, on monte d’un niveau.
« Nietzsche Éducateur » par Christophe Baroni, chez Buchet/Chastel. Toutes les notions Nietzschéennes abordées avec intelligence. Je doute que ce livre soit facilement trouvable. J’ai une éditions des années 60.
Le pavé de 800 pages de Georges Morel au titre comique : « Nietzsche, intoduction à une première lecture ». Ha ! Introduction à une première lecture avec 800 pages. Une somme. Terrible. Tout est abordé. Biographie pointue. Influences. Évolutions de Schopenhauer et Wagner vers sa libération et sa pensée propre. Chaque notion décortiquée. Excellent. J’y reviens sans cesse. Avec un immense plaisir.
« Nietzsche, physiologie de la volonté de puissance » de Wolfgang Müller-Lauter, qui nous explique l’impossibilité de vulgariser la pensée du moustachu. Ha ! En effet, n’est pas Sartre qui veut. Là la vulgarisation devient banale. Éditions Allia.
« Nietzsche, champs de bataille » par Ernst Nolte, chez Bartillat. Le Nietzschéisme jusqu’en 1914. Entrée dans sa correspondance. Politique, philosophie, littérature, « publicistes » et essayistes, l’influence sur Mussolini.
Chez Klincksieck, « Le rayonnement européen de Nietzsche » sous la direction de Gilbert Merlio et Paolo D’Iorio. Influences artistiques, littéraires, morales, car c’est ce qu’eut Nietzsche comme influences avant d’avoir une influence proprement philosophique. Superbe article de Régis Boyer sur le « Radicalisme aristocratique », Régis Boyer dont j’ai par ailleurs lu un petit livre d’excellente facture, « Anthropologie du Sacré » qui vaut son pesant de cacahuètes… mais c’est un autre débat. Un article, aussi, de Pierre Brunel consacré à l’influence de Nietzsche sur les poètes du 20ème Siècle. Très dense.
« Nietzsche, l’esprit moderne et l’antéchrist » de Dionys Mascolo. Pas ouvert encore.
« Nietzsche et la question Politique » de Simone Goyard-Fabre, chez Sirey, qui met en avant le vertige sémantique de l’œuvre, sa politique éventuelle inapplicable par des brutes, le danger du contenu latent de sa pensée qui peut faire dire tout et n’importe quoi de son œuvre aux dégarnis du bulbe. L’erreur est à coup sûr de lire en la pensée de Nietzsche un manifeste politique.
« Physique de Nietzsche », chez Médiations Gonthier Denoël. Tentative d’explication systématique, déjà… et le passage à Heidegger.
Pour ce qui est de cette volonté de systématisation, par l’analyse et l’explication de la Pensée de Nietzsche, il y a aussi le livre de Karl Jaspers, chez Gallimard TEL : « Nietzsche, introduction à sa philosophie ». Encore un pavé. Pour Jaspers, et c’est bien ce que j’ai pu en retenir, bien des années après l’avoir ouvert « philosopher avec Nietzsche signifie s’affirmer contre lui ». Bien entendu. Mais il faut tenir compte que « devant Nietzsche croît la crainte, comme devant quelque chose d’inconcevable, qui ne peut être transparent que par la source, non pour nous. » Ce qui à mes yeux créé une contradiction car un Système se veut, avant tout, abordable par tous, il fait figure de solution universelle et applicable par le grand nombre. C’est une école qui ne demande qu’à se répandre. Ce n’est pas le cas chez Nietzsche qui me semble ne s’adresser qu’aux esprits forts et déterminés pour l’ascension vertigineuse. Léon Chestov dans « L’Idée chez Tolstoï et Nietzsche » écrivait : « Évidemment, les hommes ne croiront pas, n’oseront pas croire ce que Nietzsche a raconté. »
« Nietzsche, l’antipode, le drame de Zarathoustra » aux Éditions Allia par Hans-Georg Gadamer. Le problème de l’enseignement de Zarathoustra ne trouvant pas d’élèves à la hauteur de sa sagesse. Aujourd’hui pis encore.
« La philosophie de Nietzsche » d’Eugen Fink. Éditions de minuit. Sa pensés vue à travers l’éclairage de Héraclite, Hegel, Marx, Husserl, Heidegger. Pour dépasser la métaphysique, selon Fink, Nietzsche cherche à souligner que tout sens est intérieur au monde, le monde lui-même n’ayant pas de sens puisqu’il se déploie comme jeu. Jeu d’enfant même. On se sent petit là… car il nous faudrait lire avec le plus grand sérieux, la plus grande discipline tous ces penseurs par lesquels Fink tente son éclairage, et ma modeste condition d’ouvrier ne me laisse pas le temps de faire ça comme je le voudrais. Mais j’ai d’autres richesses dans ma vie, Dieu merci. Mais effleurer déjà cet univers m’a tant donné.
« Le vrai Nietzsche, Guerre à la guerre » par Jean-Pierre Faye.
Faye père avant le Faye fils. Ha ha ha ha ! Le livre a quelques points intéressant malgré un préjugé anti-heideggerien qui a contaminé de connerie son propre fils avec l’affaire que l’on sait et dont vous trouverez des échanges musclés ici :
http://isabelledescharbinieres.hautetfort.com/archive/2006/12/06/martin-heidegger.html
et là :
http://isabelledescharbinieres.hautetfort.com/archive/2007/09/02/heidegger-contre-ricoeur.html
… à moins que vous ne connaissiez déjà…
ha ha ha…
Dans « Le vrai Nietzsche, Guerre à la guerre », chez Hermann donc, Jean-Pierre Faye montre le trucage de « La Volonté de Puissance », la volonté de Nietzsche, par ses dernières notes, d’abandonner toute idée de SYSTÈME et de se tourner vers une pensée essentiellement « perspectiviste ». Le livre est intéressant, aussi, car il montre l’émergence de l’antisémitisme en Allemagne et la révulsion profonde de Nietzsche à son égard. Il est amusant de voir Jean-Pierre Faye se confier à propos de sa résistance adolescente à l'occupant allemand qui consistait à écrire sur les murs des citations de Nietzsche. Je ne souscris pas à son douteux « Nietzsche contre Hitler » que Jean-Pierre Faye calque sur le « Nietzsche contre Wagner » du penseur, et malgré le fait que je ne doute pas un seul instant que Nietzsche aurait détesté Hitler, lui qui détestait déjà Bismarck. Je ne souscris pas à la formulation de Faye qui m’avait semblé « tirée par les cheveux » au moment où je l’ai lu, par une façon de faire parler Nietzsche un peu à l’emporte pièce. Encore cette pensée latente dont je parlais pour un autre livre plus haut, « Nietzsche et la question Politique » de Simone Goyard-Fabre, chez Sirey, où l’on peut faire dire tout à Nietzsche, tout et son contraire. Sinon, Jean-Pierre Faye montre bien comment Nietzsche voulait vraiment systématiser sa pensée par l’œuvre « La Volonté de Puissance » dont le livre « L’Antéchrist » ne se devait d’être qu’une sorte d’Ouverture, d’Introduction. Les notes l’indiquent, Nietzsche bossait sur un PAVÉ. Mais il abandonne, ses notes et son courrier encore une fois l’attestent, le titre de « Volonté de Puissance » et il tend vers la transformation vivante, la transmutation… et rien d’autre. Comme l’Infini final de Dante dans « La Divine Comédie » au chapitre du "Paradis"… Dieu ? … qui n’a rien de final… voyez-vous ?
« Nietzsche, par delà les antinomies ». Un cour de Monique Dixsant (Professeur émérite à l’Université Paris I), Éditions de la transparence. Nietzsche, éducateur Radical à partir des antinomies, des contradictions et paradoxes incessants que l’on trouve dans sa pensée, contre le sommeil dogmatique et binaire, manichéen.
« Nietzsche, philosophie de l’esprit libre », Éditions Rue d’ULM. Études sur la genèse de « Choses humaines, trop humaines » ou « Humain trop humain » selon les traductions. Sous la direction de Paolo d’Iorio. Le triptyque, si je puis dire, d’ « Humain trop humain », « Opinions et sentences mêlées » et « Le Voyageur et son Ombre » passé au crible par quelques spécialistes. Comment Nietzsche condamne l’allègement de l’existence (il faut porter le poids de ses questions comme le Christ porta sa Croix… songez au Chameau de Zarathoustra dans le chapitre des 3 métamorphoses), il condamne l’allègement frivole de l’existence au nom de l’affirmation de Soi (là on sent l’empreinte Romantique qui est restée profondément ancrée)… et au nom de cette même affirmation, après avoir porté sérieusement son fardeau au désert Nietzsche réclame, exige, proclame, PARADOXALEMENT, l’allègement qu’il condamnait précédemment, car il faut faire les choses dans l’Ordre et après avoir été Chameau devenir Lion pour détruire et Enfant plein d’innocence pour… créer.
« Nietzsche et les Métamorphoses du Divin » d’Emmanuel Diet, éditions Cerf, où l’on apprend que Nietzsche débusque jusque chez les ATHÉES la CROYANCE et que, de ce fait, il flaire le Nihilisme en absolument tout. Ha ha ha ha ha. Car CROIRE FORTEMENT EN L’INEXISTENCE DE DIEU C’EST COMME Y CROIRE AUSSI. Bingo ! L’existence du Sens, en vérité, ne dépend que de l’Homme. CHACUN EST FORCÉ À LA DÉCISION… à y regarder de près… QUE DIEU EXISTE OU NON. L’analyse pensée de ce constat lui fera écrire dans « La Volonté de Puissance » : « Vous dites que Dieu se décompose en lui-même. Mais il ne fait que muer : il dépouille sa peau morale ! Vous le reverrez bientôt, par-delà le Bien et le Mal. » Une étude reste à être écrite sur ce Nietzsche là, le final, avant la Folie. Nietzsche ne disait-il pas aussi : « D’hommes qui prient, nous devons devenir des hommes qui bénissent. » Cela me fait fortement songer à ce « curé de campagne » dans le livre de Bernanos qui cherche à bénir plus qu’à prier et cherche à atteindre une difficile « résignation joyeuse » qui n’est pas sans lien avec le « Oui » nietzschéen.
« Nietzsche et l’au-delà de la Liberté, Nietzsche et les écrivains français de 1930 à 1960 » de Pierre Boudot, chez Aubier Montaigne. Intéressant pour qui s’est donné le temps de lire tous les écrivains en question abordés dans ce livre. Ce qui n’est pas mon cas. Mais j’en ai lu certains… tout de même. Là on a affaire à Jean Giraudoux et l’Ironie Victorieuse, Paul Valéry et la Parole comme Totalité, André Gide et le courage de la beauté, André Malraux et le défi du renoncement exemplaire. Ah Malraux et son « l’Homme est mort ». Albert Camus et la douceur de la révolte ( Camus qui dit des choses admirables sur Nietzsche dans son livre « L’Homme Révolté »), Saint-Exupéry et l’Impossibilité Logique. Comment ne pas songer à Nietzsche et à son Zarathoustra lorsqu’on lit « Citadelle ». Drieu la Rochelle et Henri Lefebvre, de la Dialectique meurtrière à la citadelle assumée. Mais j’avoue en avoir appris plus sur Drieu la Rochelle et sa monstrueuse erreur collaborationniste en lisant « Drieu la Rochelle et le mirage de la politique » de Marcel reboussin au éditions AG. NIZET. Georges Bataille ou le désespoir et la sérénité, Gaston Bachelard, psychanalyse et totalité, Gabriel Marcel, l’angoisse nietzschéenne et la grâce. Le livre semble exhaustif mais ne l’est pas, chaque écrivain est juste abordé pour une analyse première… mais qui met l’eau à la bouche. On peut y voir la faille et l’influence qui existe entre la pensée et l’action. Drieu disait : « D’abord l’action, ensuite la pensée », Saint-Exupéry : « La pensée par l’action » ce qui est mieux. Un peu frileux Pierre Boudot dans sa conclusion. La faille se situerait dans l’anticartésianisme, le découpage de l’« Ergo Sum ». Face au « je suis » de Descartes, Nietzsche clame « Je suis » et le lecteur fasciné par l’audace du propos en oublie la pensée et l’être. J’ai, quant à moi, plus appris sur la pensée et l’être en action, en lisant « Le soleil et l’acier » de Yukio Mishima (on le trouve en Folio)… mais passons.
Très pointu, « Le Zarathoustra de Nietzsche, une refonte du discours philosophique ? », chez Klincksieck, Germanistique, par Serge Botet, sur l’opposition entre la philosophie classique qui après les pré-Socratiques, avec Platon, a cherché à faire taire sa discursive interprétative pour n’avancer qu’une « Épiphanie de la Vérité ». Nietzsche débarque avec la présentation non formulée de ce lieu d’où découle l’interprétation constante, le perspectivisme, le discours en tant que tel n’est plus occulté. La façon dont la pensée est édictée compte autant que la pensée qui est édictée… d’où le Nietzsche fin écrivain, poète et l’effet qui en découle sur ceux qui le lisent. Le lire à haute voix d’ailleurs est toujours une révélation. Le discursif peut mener en effet à des interprétations creuses… ou dangereuses. Mais n’est-ce pas le prix à payer, Spendius, le risque à mettre en jeu, d’une liberté authentique. Heidegger rebondira, semble-t-il là-dessus, retournant chez les pré-Socratiques, puisant dans le lyrisme du poète fou, comme disait Pierre Emmanuel, Hölderlin, pour en tirer une Ontologie de la langue par un « Cheminement vers la parole ». Je n’ai pas encore eu le courage de me procurer et d’attaquer le « Nietzsche » de Heidegger, car il me faudrait d’abord mieux connaître la pensée de Heidegger lui-même. Guère étonnant que tout cela pour un penseur, Nietzsche, qui fut philologue de formation, en contact avec le suc des mots, et pas n’importe lesquels, ceux de la Grèce classique.
Nietzsche pleurant à la victoire de l’Allemagne sur la France, c’est lu dans la superbe biographie de Daniel Halévy, « Nietzsche », chez Hachette Pluriel. Suite à la Commune de Paris et à l’incendie qui faillit dévorer le Louvres. Témoignage de la sœur de Nietzsche que Halévy rencontra. Ce témoignage se doit d’être pris au sérieux car, à la base, la sœur de Nietzsche détestait les français. Et également, Halévy cite la correspondance de Nietzsche, je crois me souvenir, à ce sujet ; c’est dans le chapitre « Guerre et Révolution »… si j’ai le temps je vous en mettrait un extrait… ha ha ha ha… mais je dois aller fouiner et chercher dedans…
Tout cela semble lourd, j'en conviens... mais je le vis avec une légèreté très lumineuse... ce qui est lourd c'est de n'avoir pas le temps de lire plus... plus sérieusement... avec plus de discipline... car sérieux et discipline me donnent beaucoup de Joie.
Voilà, Spendius. Losurdo attendra un peu… surtout si il fait 900 pages. Hu hu hu !
Bien à Vous…
@)>-->--->---
Écrit par : Nebo | 01/11/2007
Non non, l'aphorisme que vous citez sur le nihilisme est à propos...de Flaubert.
Pour la réponse en soi, je répondrais plus tard, moi aussi (héhé)
Écrit par : Spendius | 01/11/2007
Oui... c'est Flaubert... après vérification sur la Toile... exact.
Écrit par : Nebo | 01/11/2007
Bon, je ne vais pas faire une analyse systématique de vos livres, mais je ne crois pas que Losurdo systématise la pensée de Nietzsche: Il remarque qu'il peut faire émerger sa pensée par apport à son contexte historique. Qui niera que Nietzsche était esclavagiste? Et les remarques que fais Losurdo sur les liens Naissance de la Tragédie - Judaïsme dans la musique?
Ce que je le reprocherais (enfin, "reprocher", je n'ai pas lu son livre (il est encore en italien - d'ailleurs je crois que le marxiste de pacotille crie au complot bourgeois) mais bon) c'est d'"historiciser" trop, enlevant la pensée en elle-même. Si il avait fait son travail en tentant de voir comment une idée de Nietzsche émerge, et quelle est sa valeur réelle, au lieu de la réduire à l'Histoire...enfin, peut-être qu'il le fait, chais pas.
Suite à la Commune de Paris? Et puis, faites gaffe, si Nietzsche a pleuré pour la France, ce n'est certainement pas pour le peuple ! héhé
Impressionant...pas la bibliothèque de Nietzsche, ça je savais, mais la votre!
Cordialement,
Spendius.
Écrit par : Spendius | 02/11/2007
Je me souviens,j'ai cherché et retrouvé,Nebo en avait déjà parlé là :
http://incarnation.blogspirit.com/archive/2007/01/29/esclaves.html
Écrit par : Henri | 02/11/2007
"Qui niera que Nietzsche était esclavagiste?"
Mais moi cher Spendius... Moi.
Écrit par : Nebo | 02/11/2007
Attention, je n'ai pas dit l'esclavage dans le sens ou on l'imagine normalement, mais une certaine forme d'esclavage, qui transparaît chez Nietzsche notamment dans la question ouvrière.
Écrit par : Spendius | 02/11/2007
Ah mais Spendius... il faut être précis en ce cas. Parce que "Nietzsche esclavagiste"... c'est fort de café tout de même.
Je rebondirai là-dessus prochainement, si je trouve le temps. Il est vrai que Henri a percuté sur ce sujet que j'avais déjà un peu abordé, rapidement, sur ce lien qu'il a suggéré :
http://incarnation.blogspirit.com/archive/2007/01/29/esclaves.html
Écrit par : Nebo | 02/11/2007
Les commentaires sont fermés.