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30/06/2013

La liberté, c'est la possibilité de s'isoler

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« La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. Tu es libre si tu peux t'éloigner des hommes sans que t'obligent à les rechercher , le besoin d'argent, ou l'instinct grégaire, l'amour, la gloire ou la curiosité, toutes choses qui ne peuvent trouver d'aliment dans la solitude ou le silence. S'il t'est impossible de vivre seul, c'est que tu es né esclave. Tu peux bien posséder toutes les grandeurs de l'âme ou de l'esprit : tu es un esclave noble, ou un valet intelligent, mais tu n'es pas libre. »

Fernando Pessoa, Le Livre de l'intranquillité

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C'est avec l'unicité que commence la possibilité de la beauté

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« A mes yeux, c'est avec l'unicité que commence la possibilité de la beauté : l'être n'est plus un robot parmi les robots, ni une simple figure au milieu d'autres figures. L'unicité transforme chaque être en présence, laquelle, à l'image d'une fleur ou d'un arbre, n'a de cesse de tendre, dans le temps, vers la plénitude de son éclat, qui est la définition même de la beauté. »

François Cheng, Cinq Méditations sur la beauté

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29/06/2013

Honte à celui qui ne sait pas choisir l’aspect convenable aux destinées de notre espèce !

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« Il avait perdu sa lucidité, cette puissance des puissances, cette concentration de tout notre avenir sur un point précis de l’Univers. Hors d’elle, comment choisir dans la vie qui passe la forme du monde qui nous convient ? Comment ne pas se perdre ? Si l’homme s’est anobli parmi les animaux, n’est ce pas parce qu’il a su découvrir à l’Univers un plus grand nombre d’aspects ?
De la nature, c’est le courtisan le plus ingénieux et son bonheur instable, fluide, penché de la vie vers la mort, est son insatiable récompense.
      Que cette sensibilité est périlleuse ! A quel labeur de tous les instants n’est-il point condamné pour l’équilibre de cette fragile merveille !
      A peine si dans son sommeil le plus profond son esprit connaît le repos. La paresse absolue est animale, notre structure humaine nous l’interdit. Forçats de la pensée, voilà, tous, ce que nous sommes. Simplement ouvrir les yeux n’est-ce pas porter aussitôt le monde en équilibre sur sa tête ? Boire, parler, se divertir, rêver peut-être, n’est ce pas choisir sans trêve, entre tous les aspects du monde, ceux qui sont humains, traditionnels et puis éloigner les autres inlassablement, jusqu’à la fatigue qui ne manque pas de nous surprendre en fin de journée.
      Honte à celui qui ne sait pas choisir l’aspect convenable aux destinées de notre espèce ! Il est bête, il est fou. »

Louis Ferdinand Céline, Semmelweis


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28/06/2013

N'importe où hors du monde

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« Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre. Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.
"Dis-moi mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? Il doit y faire chaud et tu t’y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l’eau ; on dit qu’elle est bâtie en marbre et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu’il arrache tous les arbres. Voilà un paysage fait selon ton goût, un paysage fait avec la lumière et le minéral et le liquide pour les réfléchir !"
Mon âme ne répond pas.
"Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l’image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mats et les navires amarrés au pied des maisons."
Mon âme reste muette.
"Batavia te sourirait peut-être davantage, nous y trouverions l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale."
Pas un mot. – Mon âme serait-elle morte ?
"En es-tu donc venue à ce point d’engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal ? S’il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. – Je tiens notre affaire, pauvre âme ! nous ferons nos malles pour Bornéo. Allons plus loin encore, à l’extrême bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c’est possible ; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu’obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant… Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres cependant que, pour nous divertir les aurores boréales nous enverrons de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d’un feu d’artifice de l’enfer !"
Enfin, mon âme fait explosion et sagement elle me crie : "N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !" »

Charles Baudelaire, Le spleen de Paris

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Des semailles d’iniquités et des moissons d’opprobres

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« Décidément, il ne lui restait aucune rade, aucune berge. Qu’allait-il devenir dans ce Paris où il n’avait ni famille ni amis ? Aucun lien ne l’attachait plus à ce faubourg Saint-Germain qui chevrotait de vieillesse, s’écaillait en une poussière de désuétude, gisait dans une société nouvelle comme une écale décrépite et vide ! Et quel point de contact pouvait-il exister entre lui et cette classe bourgeoise qui avait peu à peu monté, profitant de tous les désastres pour s’enrichir, suscitant toutes les catastrophes pour imposer le respect de ses attentats et de ses vols ?
Après l’aristocratie de la naissance, c’était maintenant l’aristocratie de l’argent ; c’était le califat des comptoirs, le despotisme de la rue du Sentier, la tyrannie du commerce aux idées vénales et étroites, aux instincts vaniteux et fourbes.
Plus scélérate, plus vile que la noblesse dépouillée et que le clergé déchu, la bourgeoisie leur empruntait leur ostentation frivole, leur jactance caduque, qu’elle dégradait par son manque de savoir-vivre, leur volait leurs défauts qu’elle convertissait en d’hypocrites vices ; et, autoritaire et sournoise, basse et couarde, elle mitraillait sans pitié son éternelle et nécessaire dupe, dire que je vais rentrer dans la turpide et servile cohue du siècle ! Il appelait à l’aide pour se cicatriser, les consolantes maximes de Schopenhauer, il se répétait le douloureux axiome de Pascal, "L’âme ne voit rien qui ne l’afflige quand elle y pense", mais les mots résonnaient, dans son esprit comme des sons privés de sens, son ennui les désagrégeait, leur ôtait toute signification, toute vertu sédative, toute vigueur effective et douce.
Il s’apercevait enfin que les raisonnements du pessimisme étaient impuissants à le soulager, que l’impossible croyance en une vie future serait seule apaisante.
Un accès de rage balayait, ainsi qu’un ouragan, ses essais de résignation, ses tentatives d’indifférence. Il ne pouvait se le dissimuler, il n’y avait rien, plus rien, tout était par terre ; les bourgeois bâfraient de même qu’à Clamart sur leurs genoux, dans du papier, sous les ruines grandioses de l’Église qui étaient devenues un lieu de rendez-vous, un amas de décombres, souillées par d’inqualifiables quolibets et de scandaleuses gaudrioles. Est-ce que, pour montrer une bonne fois qu’il existait, le terrible Dieu de la Genèse et le pâle Décloué du Golgotha n’allaient point ranimer les cataclysmes éteints, rallumer les pluies de flamme qui consumèrent les cités jadis réprouvées et les villes mortes ? Est-ce que cette fange allait continuer à couler et à couvrir de sa pestilence ce vieux monde où ne poussaient plus que des semailles d’iniquités et des moissons d’opprobres ? »

Joris-Karl Huysmans, À Rebours

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DANIEL DARC - PSAUME XXIII

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Cette simplicité qui ravive la Foi... cette sensibilité aiguë qui faisait de Daniel Darc un être à part sur la scène française...

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

Sainte Bible, Psaume XXIII

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27/06/2013

Tout en découvrant les propriétés mathématiques de la nature, ils ont recouvert ou négligé tout ce qui en elle échappe à la mathématisation

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« Ce n'est pas pour l'ici-bas [que les modernes] ont abandonné l'au-delà, ce n'est pas au bénéfice de notre monde  qu'ils ont perdu l'autre monde. S'il est vrai qu'ils ne vont plus chercher au ciel ni Dieu ni les Idées, ils n'ont pas, pour autant, conservé ou restitué à leur séjour sur terre son épaisseur sensible ni la plénitude de ses droits. Ils n'ont pas lâché l'ombre surnaturelle pour la proie terrestre. "Compère le coup de pouce"(1) l'atteste : ils ont lâché l'ombre pour l'ombre. Ils n'ont pas rejoint, saisi ou étreint l'être vrai, ils ont taillé "un vêtement d'idées" dans "l'infinité ouverte des expériences possibles"(2). Tout en découvrant les propriétés mathématiques de la nature, ils ont recouvert ou négligé tout ce qui en elle échappe à la mathématisation. Et ils prennent aujourd'hui "pour l'être vrai ce qui est méthode"(3). Deus absconditus, disent-ils avec fierté ou la tristesse au coeur, alors que, pour être exact, c'est d'un mundus absconditus, d'une occultation, d'une dématérialisation, d'un délaissement du monde sensible, qu'il faudrait parler.

Car Dieu n'a pas disparu, il a été remplacé : l'homme absous de sa finitude, dégagé des chaînes de l'expérience terrestre et qui, "au lieu d'observer les phénomènes naturels tels qu'ils lui sont naturellement donnés, place la nature dans les conditions de son entendement"(4), cet homme n'est rien d'autre que le successeur de Dieu. Il y a donc bien, inavouée mais déterminante, clandestine mais caractéristique, une métaphysique moderne. L'âge positif est, en fait, tout empli de religiosité : "Ce siècle qui se dit athée ne l'est point, il est autothée. Ce qui est un bien joli mot, et bien de son temps. Il s'est littéralement fait son propre Dieu et sur ce point il a une croyance ferme." (5)

(...)

Impossible, en d'autres termes, d'être moderne, c'est-à-dire de faire confiance au temps. La guerre inflige un désaveu impitoyable à la religion du progrès. Elle montre alors à Péguy que tout bouge sans que rien ne change, que les découvertes se succèdent et que les inventions s'accumulent mais que l'histoire bégaie, que le développement fulgurant des techniques se combine avec le surplace accablant de l'horreur. Il faut donc en rabattre : la barbarie n'est pas la préhistoire de l'humanité mais l'ombre fidèle qui accompagne chacun de ses pas. Et quand notre monde, par le fait même de se dire moderne, affirme qu'après c'est toujours qu'avant, il généralise abusivement le modèle cumulatif des sciences et des techniques à tous les secteurs de l'existence.

(...)

Mais la réflexion de Péguy n'est pas arrêtée à cette critique – toujours actuelle – du positivisme – toujours renaissant. Née du constat que le progrès n'adoucit pas les moeurs, que le rapport de l'homme à l'homme n'est pas réglé sur le rapport de l'homme aux choses et que le savoir qui accroît le pouvoir n'accroît pas nécessairement la justice ou la sociabilité, elle s'est développée et prolongée en interrogation sur la nature même du progrès. On l'a vu plus haut, ce que Péguy a découvert, c'est que la technique ouvre un monde où l'être se définit par sa plasticité ("En ce temps-ci une humanité moderne est libre. Elle est libre de travailler une matière moderne relativement aisée, interchangeable, prostitutionnelle, qui peut servir à tout et à tout le monde..."). Moderne, autrement dit, est la substitution progressive de la manipulation au scrupule et au respect. A chaque invention, à chaque invention, à chaque avancée, la sphère de l'indisponibilité se rétrécit. Ce qui était non malléable, non monnayable, non comptable, non calculable, le devient. Ce qui était hors commerce est désormais négociable. L'irréductible est réduit. Les résistances du réel et de l'idéal sont l'une après l'autre vaincues jusqu'à ce que s'étende, de développement en développement, le règne sans partage d'une muflerie illimitée.

(...)

A l'ère de la mobilisation totale, l'être humain lui-même est, comme le métal, un "fusible matière moderne, ductile, malléable, souple, docile, interchangeable, allante et venante"... Tel est le sens profond du soldat inconnu : le héros traditionnel qui survivait dans la mémoire des hommes par la prouesse singulière attachée à son nom cède la place au héros sans nom dont la vertu "réside dans le fait qu'on puisse le remplacer et que derrière chaque tué la relève se trouve déjà en réserve"(6).

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(1) Péguy, Un poète l'a dit, in Oeuvres en prose complètes, II, p.835.
(2) Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Gallimard, 1976, p.60.
(3) Ibid.
(4) Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-Lévy, 1983, p.299
(5) Péguy, Un poète l'a dit, op. cit., p.855.
(6) Jünger, Le travailleur, Christian Bourgois, 1989, pp.194-195.»

Alain Finkielkraut, Le mécontemporain

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La fidélité...

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« Ce qu’elles (les femmes) appellent leur constance et leur fidélité, je l’appelle, moi, léthargie de l’habitude ou manque d’imagination. La fidélité dans la vie affective correspond à l’esprit de suite dans la vie intellectuelle : c’est simplement un aveu d’échec. La fidélité ! Il faudra que je l’analyse un jour. La passion de la possession s’y trouve. Il y a tant de choses que nous jetterions si nous ne craignions pas que d’autres les ramassent. »

Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

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26/06/2013

Couper des têtes et remplir des prisons

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« S’indigner consiste à rejeter dans l’indignité les gens qui nous indignent, par conséquent à les chasser du Bien, où l’on trône avec notre dignité, pour les rejeter dans le Mal, où ils pourriront avec les autres indignes. C’est une arme idéologique qu’ont utilisée tous les dictateurs. L’indignation a beaucoup servi aux inquisiteurs de l’Eglise catholique, ainsi qu’aux révolutionnaire et contre-révolutionnaires français. Et russes. S’indigner c’est se hisser sur le socle de la morale pour faire la loi idéologique et politique, celle-ci consistant le plus souvent à couper des têtes et à remplir des prisons. »

Patrick Besson, Patrick Besson au Point

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Mes prochaines années ne sont plus si nombreuses. Mais je m’obstine à leur faire confiance.

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« Arriéré ? Peut-être. Réactionnaire ? Oui et non.
Je ne suis pas hostile à réagir contre la bêtise - et d’abord contre la mienne -, contre l’oubli qui menace, contre la laideur qui monte dans notre monde affolé par l’argent, contre les risques de destruction d’une planète dont le sort est désormais entre nos mains. Mais les regrets ne sont pas mon fort. Je laisse le temps couler et, si j’osais, je l’encouragerais à le faire. Conservateur ? Sûrement pas. J’ai été fasciné par le passé, par le passé de l’univers, par le passé des hommes, par mon propre passé. Au plaisir de Dieu est un éloge ironique des miens et de ma jeunesse parmi eux. Mais ce qui m’a toujours intéressé, beaucoup plus que le passé et presque autant que le présent, c’est l’avenir. La vie n’est faite que de matins. Le monde n’est fait que d’enfants. J’ai fait mienne la formule de Woody Allen : "L’avenir m’intéresse parce que c’est là que j’ai l’intention de passer mes prochaines années." Mes prochaines années ne sont plus si nombreuses. Mais je m’obstine à leur faire confiance. Puisque nous sommes dans le temps, il faut aimer notre destin. Amor fati. »

Jean d'Ormesson, Qu'ai-je donc fait

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Une société de gogos

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« La vieille dame à qui vous offrez, dans l’escalier du métro, de porter sa valise, refuse en serrant la main avec énergie sur la poignée de ladite: elle vous a pris pour un détrousseur. La jeune femme à qui vous offrez votre place dans l’autobus ne remercie jamais et s’assoit d’un air pincé: elle vous a pris pour un entreprenant. Le monsieur à qui vous offrez, sur le trottoir, un billet de cinéma qui vous est resté pour compte, parce que Gaby ne veut pas voir de films tristes, et que le cinéma ne rembourse pas, fait beaucoup d’embarras et finalement refuse: il vous a pris pour le revendeur marron d’un billet périmé qui va lui causer des ennuis. Le gosse à qui vous offrez, sur le trottoir, un billet de cirque qui vous a été donné par une oeuvre de bienfaisance, vous regarde avec trouble, pique un fard, refuse, « justement il a une course à faire »: il vous a pris pour un satyre. Bref, à tous les échelons, cette société vit sur ses gardes, contre tout et contre tous, âprement défendu par devant, mais ouverte à qui veut par derrière. Car – et c’est sans doute le plus curieux de l’histoire – cette société de défiants et aussi une société de gogos. »

Henry de Montherlant, Le fichier parisien

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25/06/2013

Sous l’Ancien Régime, les lois de l’Église garantissaient au travailleur 90 jours de repos...

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« Sous l’Ancien Régime, les lois de l’Église garantissaient au travailleur 90 jours de repos (52 dimanches et 38 jours fériés) pendant lesquels il était strictement défendu de travailler. C’était le grand crime du catholicisme, la cause principale de l’irréligion de la bourgeoisie industrielle et commerçante. Sous la Révolution, dès qu’elle fut maîtresse, elle abolit les jours fériés et remplaça la semaine de sept jours par celle de dix. Elle affranchit les ouvriers du joug de l’Église pour mieux les soumettre au joug du travail.



La haine contre les jours fériés n’apparaît que lorsque la moderne bourgeoisie industrielle et commerçante prend corps, entre les XVe et XVIe siècles. Henri IV demanda leur réduction au pape ; il refusa parce que "l’une des hérésies qui courent le jourd’hui, est touchant les fêtes" (lettre du cardinal d’Ossat). Mais, en 1666, Péréfixe, archevêque de Paris, en supprima 17 dans son diocèse. Le protestantisme, qui était la religion chrétienne, accommodée aux nouveaux besoins industriels et commerciaux de la bourgeoisie, fut moins soucieux du repos populaire ; il détrôna au ciel les saints pour abolir sur terre leurs fêtes.



La réforme religieuse et la libre pensée philosophique n’étaient que des prétextes qui permirent à la bourgeoisie jésuite et rapace d’escamoter les jours de fête du populaire. »

Paul Lafargue, Le droit à la paresse

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Aviver les antipathies profondes...

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« C’est un des traits les plus singuliers de notre Etat contemporain : la suppression des distances matérielles, qui paraît confondre les races humaines en les frottant les unes aux autres, ne fait qu’établir et aviver leurs antipathies profondes, comme la suppression des distances légales et constitutionnelles qui fait confondre les classes, en fait mieux éclater les dissentiments radicaux. »

Charles Maurras, Gazette de France, 8 juillet 1902

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Le rêve de ce rassemblement, ce serait cela le fascisme

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« A la fin de la première guerre mondiale, il y avait chez certains hommes de droite le désir de dépasser les classifications d’autrefois et de réconcilier le nationalisme avec un certain socialisme. Livrée sans freins aux mécanismes des marchés, la société économique était d’une cruauté intolérable pour les pauvres. L’Etat avait le devoir de se substituer aux individus défaillants pour assurer un minimum de justice. A l’inverse du communisme qui s’attaquait à la nature même de la société et de l’homme, il fallait imaginer un socialisme moderne qui, tout en mettant un terme à la misère des travailleurs, préserverait les hiérarchies, les inégalités qui sont des faits intangibles.

L’ordre réactionnaire était une apparence stéréotypée qui prolongeait l’existence d’injustices odieuses. Le désordre révolutionnaire en revanche, était une agitation qui s’efforçait de tout niveler. Entre cet ordre imposé par l’esprit mercantile, et ce désordre entretenu par l’esprit de subversion, il importait de découvrir une voie moyenne, en rendant populaires les valeurs d’ancien régime qui étaient dignes de survivre – les métiers et leurs fêtes, les liens de maître à disciple, l’énergie vitale, les élites de la compétence – et en rendant nationales les traditions anarcho-syndicalistes et proudhoniennes – le compagnonnage, les chouanneries ouvrières en lutte pour le pain.

Dans le même temps, à gauche, d’autres hommes accueillaient un projet identique. La machine infernale du communisme avait manqué de les broyer. Ce que le dogmatisme de la secte avait d’accablant, ce que son faux internationalisme avait d’étroitement russe les indisposaient, leur inspiraient du dégoût. La nation, libérées de ses rengaines d’agioteurs, de grippe-sous et de ganaches étoilées, devenait une idée neuve. C’était, pour eux, un nouveau bonheur communautaire. Les antidémocrates, qu’ils fréquentaient, leur redisaient que la route du socialisme ne passerait jamais par le Palais Bourbon. Jadis, les syndicalistes libertaires avaient pendu Marianne à la Bourse du Travail. C’était cela qu’il fallait tenter de refaire. La hardiesse des minorités balayerait les scléroses, les combines, tout ce qui incarne la république de la peur, des salons et des académies.

Drieu, qui avait attendu en vain le six février sur la place de la Concorde la rencontre des foules hostiles, écrivait au lendemain de l’émeute avortée : "La corruption démocratique de la masse de gauche annihile le mouvement des braves d’extrême-gauche, et, d’ailleurs, la subversion déclarée des braves d’extrême-gauche rejetterait la masse de gauche sur la masse de droite. Le monde d’extrême-gauche est incapable de renverser le capitalisme, comme le monde d’extrême-droite est incapable de renverser la démocratie parce que les deux monde moyens de droite et de gauche se tiennent". Mais, ensemble, dans la fraternité d’un combat nouveau, réunis contre les bureaucrates staliniens et les commis de la technocratie, ne pourraient-ils pas venir à bout des fantômes du vieux monde ? Le rêve de ce rassemblement, ce serait cela le fascisme. »

Pol Vandromme, L’Europe en chemise. L’extrême-droite dans l’entre-deux-guerres

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24/06/2013

La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous...

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«  Quand nous parlons d’un temps dramatique, ce mot a un sens précis : il veut dire que nous sommes pris dans une alternative qui ne nous permet plus d’exister médiocrement ; il nous faut vivre plus puissamment, ou bien disparaître, nous surpasser ou nous abolir. (…) La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous, car il importerait assez peu que nous fussions détruits, si nous avions rendu cette destruction légitime en ne valant presque rien. »

Abel Bonnard, Les Modérés

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Ces jeunes femmes qui se rendent à un bureau, sans vocation, ayant oublié jusqu’au poids de leur servitude...

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« Ces jeunes femmes qui se rendent à un bureau, sans vocation, ayant oublié jusqu’au poids de leur servitude, me bouleversent ; je ne puis les croiser dans le métro, le front absent, portant sous leurs bras des livres interminables où chaque signet marque un repas solitaire, sans éprouver un bref dégoût pour les hommes, dont je ne m’abstrais pas. Elles paient pour d’autres créatures qui arrondissent des bouches énormes pour le baiser et, au-delà de chacun de nous, sans bien nous distinguer parfois, cherchent à gober toute la vie entre leurs lèvres de carpes centenaires. »

Antoine Blondin, Un Singe en Hiver

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23/06/2013

La présence de l’harmonie éternelle

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« Il y a des instants, dit-il, ils durent cinq ou six secondes, quand vous sentez soudain la présence de l’harmonie éternelle, vous l’avez atteinte. Ce n’est pas terrestre ; je ne veux pas dire que ce soit une chose céleste, mais que l’homme sous son aspect terrestre est incapable de la supporter. Il doit se transformer physiquement ou mourir. C’est un sentiment clair, indiscutable, absolu… Et une joie si immense avec ça ! Si elle durait plus de cinq secondes, l’âme ne la supporterait pas et devrait disparaître. En ces cinq secondes je vis toute une vie et je donnerais pour elle toute ma vie, car elles le valent. »

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Les Possédés

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21/06/2013

Con comme un écolo

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« Une engeance politique a émergé ces dernières années, dont le programme se résume à la plus grosse arnaque depuis la révolution russe : l’écologie. Démagogique au possible, cette idéologie de veaux prébubères a attiré dans ses filets biologiques tout ce que la planète comptait de frileux de l’engagement en créant une nouvelle morale plus duraille que le catéchisme des jésuites : la connerie durable. Pour lapremière fois depuis la Révolution française, on a des militants dont les principaux combats consistent à prendre un vélo pour aller faire leurs courses, à fermer le robinet en se brossant les dents et à jeter la bonne ordure dans la bonne poubelle dans des quartiers où la misère est insupportable. L’essentiel de leurs préoccupations consiste à savoir où jeter le papier, le carton, le verre et le plastique. Ce qui semble être le cœur de leur engagement suffit à satisfaire leur goût de la rébellion. Ces nouveaux cons vivent entre eux, forment de douces milices dans les quartiers et, au nom de la gauche militante et verte, créent plus encore de disparité sociale dans la cité. Plus ils font d’efforts pour être appréciés par les pauvres de quartiers, plus ils sont haïs pour leur pédantisme cynique. Préférer pédaler alors qu’on peut se payer une caisse est un concept tellement absurde pour celui qui rame au RSA, qu’il donne envie de niquer tous les Vélib’ de la terre, au grand dam de ces écolos qui ne peuvent piger la frustration des vrais pauvres. Ce sont des militants qui se battent bec et ongles pour obtenir une « recyclerie » ou un jardin potager dans des villes comptant 50% de chômage chez les jeunes, des militants récoltant leurs tomates sans engrais dans des départements sans écoles et sans crèches.
Rien n’est plus important que la préservation de la nature. Les Verts ont bien essayé de responsabiliser leur discours, mais l’écologie est antinomique à toute forme d’évolution. Les super héros écologistes totalement dogmatiques et sectaires, tels que Hulot ou autres Arthus-Bertrand, ne distinguent même plus la gauche de la droite, et s’allieraient aux pires fascistes si ceux-ci promettaient des pistes cyclables. Les braves gens qui auraient eu tendance à jouer la carte de la solidarité avec les plus démunis d’entre nous, comme le faisaient les gens de gauche, se sont laissés trimbaler par ces nouveaux cons, ils cultivent aujourd’hui les trois mètres carrés de leurs putains de jardins partagés et croient faire de la résistance en bouffant les poireaux issus de l’agriculture biologique.
Les Verts ne sont pas à un paradoxe près. Grâce à l’influence des Grünen, par exemple, l’Allemagne est aujourd’hui le pays le plus polluant d’Europe. Leur obstination maladive à combattre le nucléaire les a conduits à conserver des mines de charbon à ciel ouvert aussi grandes que Paris et à participer ainsi honteusement au réchauffement climatique. Peu leur importe : le dogme n’a pas été trahi, tous les barbus peuvent marcher la tête haute. L’ordre des priorités s’est trouvé brusquement bousculé pour satisfaire ces mous du bulbe. La promesse d’une voiture électrique dans une campagne électorale devient soudain plus importante que l’établissement de logements sociaux, et la promesse de constructions de maisons en bois équipées de panneaux solaires et de chiottes sèches est devenue l’essentiel d’un programme politique, bien avant la promesse de places en crèches pour tous les mômes.
L’écologie est un luxe de bourgeois. Pour y adhérer, il faut avoir réglé tous les autres soucis de survie. Ce luxe est imposé à tous au nom d’une nouvelle morale, qui considère que jeter un papier par terre devrait être sanctionné plus durement que voler dans la poche de son voisin. »

Étienne Liebig, Les nouveaux cons

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Des oeuvres subversives...

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« Les grandes oeuvres du théâtre sont toujours des oeuvres subversives qui mettent en cause l'ensemble des croyances, des idées, des modèles, l'image de l'homme, d'une société et d'une civilisation. Certes, avec le temps, les histoires de la littérature effacent ce conflit ou du moins feignent de l'ignorer, pressées qu'elles sont de tranquilliser le lecteur en présentant des oeuvres dans la suite apaisante d'une histoire et d'un déroulement. Mais à l'origine, toute grande oeuvre, même si elle ne s'affirme pas complètement, frappe, gêne, révolte. »

Jean Duvignaud et Jean Lagoutte, Le Théâtre contemporain, Culture et contre-culture

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La transformation d’un mal indéfini, ignoble, en un mal restreint

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« Ce qui est en jeu, c’est la reconnaissance qu’un mal a été commis dans le monde.(…) C’est la reconnaissance, enfin que ce mal est limité ; c’est la transformation d’un mal indéfini, ignoble, en un mal restreint, défini dans l’espace et dans le temps. C’est une tentative d’interruption du déroulement illimité des chaînes causales ; de la reproduction sans fin du malheur et du mal. Certains vont plus loin, et tentent de prendre appui sur ce mal pour se construire ; ils font de leur géniteur indigne un absolu contre-modèle. Certains vont vraiment loin, et je sais que ma sœur (j’espère qu’elle me pardonnera de la citer) est allée jusqu’à refuser de travailler, pour se consacrer à sa seule vocation de mère de famille ; et je sais qu’elle y est parvenue. Une sur mille, peut-être, y serait parvenue ; mais il n’y a pas de fatalité. On peut briser la chaîne de la souffrance et du mal. »

Michel Houellebecq, in Ennemis publics, Correspondance avec Bernard-Henri Lévy

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20/06/2013

Cette connaissance où destin et liberté se rencontrent comme sur le fil du rasoir...

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« A l’extrême proximité de la mort, du sang et de la terre, l’esprit revêt des traits plus durs et des couleurs plus profondes. L’existence est à tous ses niveaux plus crûment menacée, jusqu’à cette forme de faim presque tombée dans l’oubli, devant laquelle toute réglementation économique est en défaut et qui ne laisse à la vie d’autre choix que la disparition ou la conquête.



Une attitude qui veut être à la hauteur de ces décisions doit, au sein d’une destruction dont l’ampleur reste imprévisible, parvenir au point où l’on peut éprouver un sentiment de liberté. Au nombre des signes distinctifs de la liberté se range la certitude de participer au noyau le plus intime du temps - certitude qui, merveilleusement, donne des ailes aux actes et aux pensées, et dans laquelle la liberté de celui qui agit se connaît comme expression particulière de la nécessité. Cette connaissance où destin et liberté se rencontrent comme sur le fil du rasoir est le signe que la vie joue encore son jeu et se conçoit comme porteuse d’une puissance et d’une responsabilité historiques. »

Ernst Jünger, Le travailleur

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Sa pensée ne devait pas végéter sur des systèmes d’idées...

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« Wilfrid faisait le serment de négliger les actions de ses contemporains, afin de n’en pas souffrir. Que l’époque fût bonne ou mauvaise, il trouverait des corps féminins pour une grande quantité de noces, et, à chaque heure nouvelle, des occupations dignes d’enrichir sa connaissance de lui-même et son art de jouir des cadeaux de la terre. D’autres hommes, si cela les amusait, pourraient s’occuper des gestes du gouvernement et se mettre à feu et à sang en l’honneur des théories politiques. Wilfrid ne croyait ni à la politique, ni à la philosophie. Il croyait à l’océan Atlantique, aux oranges, aux fables de La Fontaine, à tout ce qui se touche, s’entend, se goûte, se respire et se voit. Sa pensée ne devait pas végéter sur des systèmes d’idées, mais rechercher les méthodes les plus sûres pour savoir le bon usage des êtres et des choses, femmes, loups au fenouil, navires sur la route de Sydney. »

Kléber Haedens, Salut au Kentucky


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19/06/2013

La France exécutait devant l’Europe entière une grossière pantomime...

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« On assistait toujours à la vieille pitrerie des partis gesticulant des rôles. (…) Les finances étaient pillées, l’économie saccagée, la plus grossière démagogie substituée à toutes les règles du gouvernement des hommes. La politique extérieure, où la gabegie avait des conséquences encore plus sinistres mais moins immédiates, était le fort de ces messieurs, le terrain où ils ne faiblissaient jamais, où ils pouvaient se livrer à toutes leurs lubies et tout leur sectarisme, où leur vénalité devenait la plus profitable, où ils cueillaient à foison les arguments jetés aux prolétaires impatients et qui commençaient à soupçonner la comédie. (…) La France exécutait devant l’Europe entière une grossière pantomime, présentant un derrière fuyard et foireux quand elle devait montrer les dents, clamant qu’elle ne permettrait ni ceci ni cela, et dégringolant dans une trappe à guignol quand ceci ou cela s’était produit. »

Lucien Rebatet, Les Décombres

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Une vaste placidité...

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« Tout cela ressemblait à une vaste placidité. Paris tout entier exhalait l’épatement des viandes et des digestions, des loisirs fades et niais, le ruminement doux et bête de ce gros animal au repos que forment quatre millions endimanchés de bipèdes présumés pensants. »

Lucien Rebatet, Les Décombres

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Dominique de Roux

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Partie 1/2

 


Partie 2/2

 

Dominique de Roux

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