Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/05/2014

Être à soi-même sa propre norme

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Comment peut-on être rebelle aujourd’hui ? Je me demande surtout comment on pourrait ne pas l’être ! Exister, c’est combattre ce qui me nie. Être rebelle, ce n’est pas collectionner des livres impies, rêver de complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Cévennes. C’est être à soi-même sa propre norme. S’en tenir à soi quoi qu’il en coûte. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre tout le monde à dos que se mettre à plat ventre. Pratiquer aussi en corsaire et sans vergogne le droit de prise. Piller dans l’époque tout ce que l’on peut convertir à sa norme, sans s’arrêter sur les apparences. Dans les revers, ne jamais se poser la question de l’inutilité d’un combat perdu. »

Dominique Venner, Le Cœur rebelle

 

11:13 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Samouraï d’Occident

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

et

 

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=

 

Le 21 juin 2013, aux alentours de seize heures, un homme s’avance d’un pas déterminé dans la citadelle abyssale de Notre Dame de Paris. Visage impassible, pas leste, il marche vers l’Autel désert à cette heure, dépose sur celui-ci une enveloppe, puis après avoir vérifié que des enfants ne sont pas dans les parages, il s’agenouille. Probablement quelques touristes ou badauds au dédale des pierres de la Cathédrale ont-il pensé, sur l’instant, qu’un fervent chrétien s’en venait faire oeuvre d’adoration exagérée. Leur illusion fut courte : une détonation leur indiqua bientôt le drame ou, plutôt, le tragique de ce qu’il venait de se passer dans l’enceinte. Dominique Venner venait de se donner la mort avec un pistolet de fabrication belge, dirent les médias, à un seul coup, 9 millimètres, que l’intellectuel s’était avec une grande volonté enfoncé dans la bouche, déterminé à ne pas se louper. Et il ne se loupa pas.

Il se trouva aussitôt beaucoup de catholiques, même parmi les plus traditionalistes pour s’offusquer du geste de Dominique Venner au sein d’une Cathédrale et, pire, face à l’Autel. Blasphème selon eux et geste inadmissible. Ils se joignirent aux cris d’orfraies et de mésanges repues des douceâtres ! Ce qui me fut comique. A croire que Dieu fut atteint par le sang de l’écrivain. Ils oublièrent, aussi, que le seul péché impardonnable est celui proféré contre l’Esprit Saint. Et peut-être que c’est pour défendre sans le savoir celui-ci, même maladroitement, que Dominique Venner s’était donné la mort. Car certes, il fut critique envers le christianisme, prônant une réhabilitation des traditions et des identités qui remontent au Paganisme des temps premiers, une défense des cultures diverses face au melting-pot grisâtre qu’on nous enfonce dans la gorge sous prétexte d’acceptation de la diversité informelle, mais son choix de la Cathédrale Notre Dame de Paris n’était pas innocent, d’une part parce que tout païen qu’il fut, à l’image des romains antiques, il reconnaissait que le Christianisme avait également forgé la Nation qui était la sienne, mais de même il n’oubliait pas que la Cathédrale fut érigée sur le lieu d’anciens cultes païens dont il mesurait la force et la présence sous l’édifice au sein duquel il se donna la mort.

Dominique Venner fut, probablement, un des derniers représentants de cette ancienne race d’écrivains et d’intellectuels dont la seule évocation du nom faisait, et fait encore, frémir le bien-pensance et sa horde de maître-penseurs et de juges enflés de vertu et de hauts codes moraux. Il y a des écarts entre sa pensée et la mienne, et entre ce qu’il aurait probablement souhaité pour notre pays et ce que je rêve, moi, de mon côté pour cette terre dans laquelle je me suis enraciné. Il n’empêche que son geste m’a précipité dans un gouffre et m’a confronté à la cohorte des suicidés de la Rome Antique ou au fantôme de Yukio Mishima, dont les gestes désespérés mais lumineux voulaient bien souvent signifier le dégoût en même temps que l’espoir, dans le creux nauséabond d’une époque en mal de hauteur. Le samouraï d'Occident m'a donné de quoi réfléchir pendant 20 ans. Mais peut-être suis-je trop sensible ? 

On peut penser de lui ce que l’on veut… mais Dominique Venner fut un homme de courage et de détermination. Il ne s’intéressait plus directement à la politique depuis plus de 40 ans, lui préférant la réflexion et l’écriture et cherchait sans cesse à mesurer l’ampleur du désastre, les valeurs qui nous fondaient s’effritant à mesure qu’homo-festivus prenait en main les rennes de son sinistre règne. Immigration de masse. Perte de nos repères intellectuels et culturels. Désagrégation du langage. Effacement des frontières. Construction d’une Europe qui n’en a que le nom. Féminisation des peuples occidentaux, ces descendants de Sparte, d'Athènes ou de Rome, ceux-là même qui, jadis, firent la « Mare Nostra ». Replacement progressif des peuples enracinés par d’autres peuples, cortèges bigarrés aux cuisines, langues, religions et coutumes différentes. Propagande générale, douceâtre, définitive, diabolisant tout ce qui faisait notre singularité, notre Histoire et, donc, notre Force, ringardisant nos coutumes, nos traditions, notre fierté.

Lorsqu’on veut fuir un cloaque familiale et sa morgue et qu’à 17 ans on s’engage dans l’armée pour partir faire la guerre en Algérie, on peut incarner l’opposé de ce qu’untel ou tel autre peuvent penser, mais on en demeure pas moins un homme précoce, debout dans ses bottes, regardant le destin dans le noir des yeux, au lieu de se complaire d’une vie faite de banalités et de vieillissement décrépit.

Après avoir milité pour l’Algérie française et contre la politique d’abandon mise en œuvre par le général De Gaulle, il dû faire l’expérience de la clandestinité et connaître la prison. Ayant tenté l’aventure politique sous diverses formes plus ou moins extrémistes, ayant collaboré à la création, sous pseudonyme, du GRECE, il se retire dés la fin des années 60 de tout combat politique et commence une longue série de publications en tant qu’essayiste, aussi bien au sein de modestes que de grandes maisons d’éditions.
Il obtient le Prix Broquette-Gonin de l'Académie française, en 1981, pour « Histoire de l'Armée rouge ».
Après l’échec de sa Revue « Enquête sur l'histoire », qui disparaît à la fin des années 1990, il fonde en 2002 le bimestriel « La Nouvelle Revue d'Histoire » qui accueillera des signatures comme Jean Tulard, Alain Decaux ou Jacqueline de Romilly, en même temps que les humeurs délicieusement plus partisanes de Bernard Lugan, Aymeric Chauprade ou François-Georges Dreyfus. La NRH était indiscutablement, une Revue de qualité que beaucoup d’historiens en place dans les sphères du système lisaient en secret, en appréciant la pertinence et les propos politiquement incorrects en même temps que l’indiscutable exactitude historique.

Une longue série de livres consacrés à l’Histoire, aux armes ou à la chasse (voir son « Dictionnaire amoureux » paru en 2000 chez Plon) se mélangent également à des réflexions identitaires qui ne manquent pas d’arguments et que tout intellectuel honnête, même opposé à Dominique Venner, se devrait d’en reconnaître la force argumentaire et les vivifiantes références culturelles.
Peut-être faudra-t-il du temps pour que Dominique Venner soit lu, comme Yukio Mishima peut l’être. Mais Yukio Mishima malgré son engagement « extrémiste » en faveur de l’Empereur, bénéficie d’une sympathie gay, son homosexualité, par les temps qui sont les nôtres, jouant en sa faveur et ce malgré sa tentative fantoche de coup d’état et son Seppuku spectaculaire. Mais que nous a légué Dominique Venner par son parcours et ses écrits ? Selon moi une chose essentielle, qu'il fut un des premier à comprendre au sein de la droite :
Lecteur de Karl Marx et de Lénine, à une époque où les droitiers refusent de s’adonner stupidement aux lectures qui ne sont pas de leur camp, il porte sur le communisme un regard particulier dans lequel il voit essentiellement un mode d'organisation et une possible stratégie dont les militants nationalistes, selon lui, doivent adopter l’efficacité et la structure, en cherchant à se forger intellectuellement et en menant un long combat sur le plan idéologique et culturel en s’inspirant du théoricien communiste Antonio Gramsci, que la gauche a pris au pied de la lettre depuis, au moins, le début du XXème siècle, ce qui lui a permis d’avoir le pouvoir dans les médias, chez les intellectuels, même lorsqu’elle ne l’avait pas sur le plan politique. Ainsi l’état d’esprit de gauche s’est progressivement infiltré jusque dans la Droite conventionnelle qui en a épousé certains principes afin de pouvoir prétendre à l’élection démocratique.

Tant de choses ma séparent de Dominique Venner, qui ne m’interdisent ni l’admiration de son parcours ainsi que de son courage, ni la fascination envers son geste audacieux ! Je ne pense pas, pour ma part, que nous reviendront en arrière et qu’il nous faille chercher une manière d’y parvenir… mais ma démarche fut toujours la même sur le plan des idées, de la Tradition et de la Culture. Elle peut se résumer avec la question : comment transmettre le Feu et non les cendres froides ? La lecture de Dominique Venner participe aussi de la quête du bon processus et des synthèses hégéliennes qui se présenteront à nous pour les cycles à venir. Il est, de ce fait, incontournable et demeure une figure sur laquelle il faut se pencher avec un esprit critique en même temps que respectueux. Car quoi que l’on vienne me dire, Dominique Venner n’a pas fait d’appel au meurtre, il n’a participé à aucune tuerie, il a su concilier combat politique et sens de l’honneur. Et ses livres sont revigorants et stimulants. Le reste n’est que palabres démocrassouillardes incessantes et futiles. Car la réflexion de Dominique Venner avait pour particularité de prendre en compte la longue durée… une durée qui remontait des débuts historiques de l’Antiquité à nos jours, dont il mesurait le poids terrifiant et l’ensemble de devoirs et d’obligations que cela peut impliquer chez les peuples sains et forts qui ont une réel sens de la Mémoire et que nous avons perdue. En connaissant la genèse de l’identité européenne et les destinées de notre civilisation à travers le temps nous pouvons plus aisément nous projeter dans l’avenir.

Ainsi, les dix dernières années de sa vie, il avait compris que l’effondrement de la Vieille Europe n’était, face à son Histoire toujours pleine d’imprévus, ni fatale ni définitive. La capacité de certaines générations, de certains hommes, capables de retrouver le souffle profond de ce qu’ils sont et d’en faire héroïquement acte de témoignage par leurs actes le remplissait d’espoir. Lecteur d’ « Homère » il mesurait avec une haute conscience la dimension tragique de notre présence au monde. Et c’est par un acte tragique, en païen convaincu et nullement désespéré, qu’il prit la décision de réaliser son suicide hautement symbolique afin de semer  ce qui lui semblait juste et nécessaire.

Comment ne pas songer à Dominique Venner, au moment ou en Ukraine, les soubresauts imprévus de l’Histoire lui donnent raison, et à l’instant où de plus en plus d’hommes et de femmes à travers toute l’Europe, de Londres à Moscou, en passant par Paris et Berlin, aspirent à une renaissance de l’Europe débarrassée de son oligarchie bruxelloise et de ses commissions fantômes aux mille et une directives liberticides qui nous clouent sur place et nous interdisent d’être pleinement nous-mêmes ?

« Demain comme hier, si de nouvelles tables de valeurs doivent être instituées, elles ne le seront pas par des mots, mais avec des actes, par un engagement de l’être même. La vérité du monde ne réside pas dans son "essence" mais dans le travail, la création, la lune, l’enfantement, dans ces actes dont nous avons oublié qu’ils sont religieux.

La seule vérité est de se tenir debout quoi qu’il arrive, de faire face à l’absurdité du monde pour lui donner une forme et un sens, de travailler et de se battre si l’on est un homme, d’aimer si l’on est une femme.



Pendant des années j’avais été constamment placé devant l’obligation de savoir si la fin justifiait les moyens. Il vint un jour où je compris que ma finalité serait aussi ce que mes actes en auraient fait. Raisonnant ainsi, je renonçais nécessairement à la politique. Elle soumet les moyens à des fins qui n’ont pas nécessairement l’excuse d’être désintéressées. J’éprouvais la crainte aussi de verser dans l’habitude et la médiocrité. Il était temps de marcher à mon pas, ce qui comportait d’autres risques.

J’ai rompu avec l’agitation du monde par nécessité intérieure, par besoin de préserver ma liberté, par crainte d’altérer ce que je possédais en propre. Mais, il existe plus de traverses qu’on ne l’imagine entre l’action et la contemplation. Tout homme qui entreprend de se donner une forme intérieure suivant sa propre norme est un créateur de monde, un veilleur solitaire posté aux frontières de l’espérance et du temps. »

Dominique Venner, Le Coeur Rebelle

 

00:50 Publié dans Franc-tireur, Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/05/2014

Un peuple qui a besoin d’aimer et ne trouve rien pour satisfaire son amour

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« C’est une terrible pitié que de voir un peuple qui a besoin d’aimer et ne trouve rien pour satisfaire son amour. Il est permis d’interpréter les malheurs de ce pays dans un langage pompeux, en invoquant les courbes de la natalité, l’absence de pétrole ou la recherche d’un idéal. Mais j’ai le sentiment que nos ancêtres, qui faisaient pourtant d’assez grandes choses, ne se torturaient pas pour trouver un idéal : ils l’avaient dans le sang, ou, si l’on veut, à portée de main, en chair et en os, ou en bois sculpté. Le roi de France, Napoléon, le bon Dieu, étaient des êtres de tous les jours, auxquels on pouvait parler, raconter ses affaires sans s’entendre répondre comme le ferait un idéal moderne : "Monsieur, votre honorée du 10 courant nous est bien parvenu. La loi du 8 septembre 1935, modifiée par le décret du 7 Août 1946, vous donne toutes les précisions sur la question. Reportez-vous au journal officiel. »

Sans doute, les hommes de l’ancienne France connaissaient-ils un grand nombre de lois ; mais ils n’étaient pas perdus dans ces textes comme un écureuil dans sa cage, qui court, affolé, en croyant au progrès parce que le sol bouge sous ses pieds. »

Roger Nimier, Le Grand d'Espagne

 

10:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un pays sinistre

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Qui a bien pu accréditer cette idée que la France était le pays de la gaudriole et du libertinage ? La France était un pays sinistre, entièrement sinistre et administratif. »

Michel Houellebecq, Plateforme

 

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Une attente interminable, vaine

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Bien souvent un amour n'est que l'association d'une image de jeune fille (qui sans cela nous eût été vite insupportable) avec les battements de coeur inséparables d'une attente interminable, vaine, et d'un lapin que la demoiselle nous a posé. »

Marcel Proust, La Prisonnière

 

05:15 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'alibi des Tyrans...

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

 


Cliquez sur la photo...

04:35 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Il y avait eu la charge, depuis : je savais ce que je pouvais, je m’étais composé

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Entendons-nous bien. Certes, il y avait eu un moment avant la charge où, vautré contre la terre, j’avais été plus bas que terre ; je m’étais surpris à souhaiter d’être ailleurs, dans le giron de ma mère ou dans une petite maison bien tranquille dans le midi – dormant douze heures et mangeant de bons biftecks et étant, par exemple, garde-barrière. Mais quel que soit mon penchant pour le self-dénigrement, voire le masochisme, je ne puis assimiler ce moment-là, tout à fait élémentaire, avec le moment où nous sommes. Ce moment élémentaire ne pouvait durer ; et, en effet, il n’avait pas duré. Il ne pouvait durer ; car à quoi ça sert de sauver sa peau ? A quoi sert de vivre, si on ne se sert pas de sa vie pour la choquer contre la mort, comme un briquet ? Guerre – ou révolution, c’est-à-dire guerre encore – il n’y a pas à sortir de là. Si la mort n’est pas au cœur de la vie comme un dur noyau – la vie, quel fruit mou ou bientôt blet ? Donc, ce moment n’avait pas duré. Il y avait eu la charge, depuis : je savais ce que je pouvais, je m’étais composé. La charge m’avait définitivement sorti de ma torpeur du matin ; je ne pouvais plus y rentrer ; je n’y rentrerais jamais. J’étais né à ma valeur. »

Pierre Drieu la Rochelle, La comédie de Charleroi

 

00:02 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/05/2014

Passant de la plainte au bêlement du "cool"

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Est donc raciste celui qui ne pense pas bien - et qui notamment refuse d'admettre que l'individu mondialisé, antiraciste, inculte, veule, abruti par la sous-culture américaine et par l'ignorance, bardé de droits et passant de la plainte au bêlement du "cool", soit encore un homme au sens où la tradition européenne nous avait appris à l'être. »

Richard Millet, De l'antiracisme comme terreur littéraire

 

16:35 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (12) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Je m’étais mis à fréquenter assidûment les églises de la ville haute, par désœuvrement

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« À cette époque, ma foi n’était que religiosité mêlée de vague superstition, avec un goût prononcé pour l’architecture sacrée. Je m’étais mis à fréquenter assidûment les églises de la ville haute, par désœuvrement, peut-être, autant que pour le calme que ces nefs sombres et silencieuses faisaient renaître en moi après mes journées au bureau. Affecté à Laon pour une année, j’avais accepté avec indifférence cet exil. Je logeais dans la ville haute, non loin de la citadelle. J’aimais le silence des ruelles et des arrière-cours, les gestes lents des citadins, la paix des promenades et, par-dessus tout, l’espèce d’étroit belvédère d’où l’on découvrait, tout autour de la butte, des plaines sans fin : je venais rêvasser là, les soirs de septembre et d’octobre, en regrettant qu’il soit désormais impossible d’écrire l’histoire d’une jeune sentinelle guettant aux horizons bleutés des cavaliers barbares venus du nord. »

Richard Millet, Coeur Blanc, "Octavian"

 

15:54 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/05/2014

La régularité médiocre

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Les petites gens s’effraient de voir sortir les leurs de la régularité médiocre, temple de l’honnêteté dont ils se savent les dépositaires dans la société. »

Pierre Drieu la Rochelle, Rêveuse Bourgeoisie

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Saturés d'informations accessoires

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« C'est la première fois qu'une époque semble être fière de ne plus être historique, même les punks qui prônaient le No future, et qui le revendiquaient, avaient encore la force de réagir à quelque chose, fût-ce à leur indifférence. Vous n'êtes même pas nihilistes, quelle tragédie! On est obligés de s'adresser à vous comme à des enfants vierges, handicapés, amnésiques, ignorants, incapables de se concentrer. Je le vois bien, dès que je fais allusion à une force du passé, ça suscite un inintérêt flagrant. Vous êtes tout de suite agacés comme par de la nuisance sonore, parce que vous êtes saturés d'informations accessoires qui parasitent votre attention. »

Marc-Edouard Nabe, L'homme qui arrêta d'écrire

 

14:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Basculer de l'autre côté de la vie sans une larme

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le courage du soldat est inséparable de celui des autres. Il fait partie d'une chaîne humaine, et il n'y a pas de salut individuel. C'est pourquoi le courage est pour lui un sentiment qui s'organise, qu'on entretient comme les fusils. On lui dit de se battre et il se bat. On lui dit de mourir et il meurt. Il pratique cet étrange courage qu'il faut pour basculer de l'autre côté de la vie sans une larme. »

Hélie de Saint Marc, Les sentinelles du soir

 

12:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Qui ne méprise pas le mal, ou le bas, pactise avec lui

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Les vertus que vous cultiverez par-dessus tout sont le courage, le civisme, la fierté, la droiture, le mépris, le désintéressement, la politesse, la reconnaissance, et, d’une façon générale, tout ce qu’on entend par le mot générosité.


 
Le courage moral, qui a une si bonne presse, est une vertu facile, surtout pour celui qui ne tient nul compte de l’opinion. Si on ne l’a pas, l’acquérir est une affaire de volonté, c’est-à-dire une affaire facile. Par contre, si on n’a pas le courage physique, l’acquérir est une affaire d’hygiène, qui sort du cadre que je me suis tracé ici.


 
Civisme et patriotisme ne font qu’un, si le patriotisme mérité son nom. Vous êtes d’un pays où il y a du patriotisme par saccades, et du civisme jamais ; où le civisme est tenu pour ridicule. Je vous dis : “Si vous êtes patriote, soyez-le sérieusement”, comme je vous dirais : “Si vous êtes catholique, soyez-le sérieusement”. Je ne fais pas grand cas d’un homme qui défend avec vaillance, en temps de guerre, le pays qu’il a affaibli par mille coups d’épingle en temps de paix. N’ayez pas besoin que votre pays soit envahi pour le bien traiter. Conduisez-vous aussi décemment dans la paix que dans la guerre, si vous aimez la paix.



 
La vanité, qui mène le monde, est un sentiment ridicule. L’orgueil, fondé, n’ajoute rien au mérite ; quand j’entends parler d’un “bel orgueil”, cela me laisse rêveur. Non fondé, il est lui aussi ridicule. La seule supériorité de l’orgueil sur la vanité, c’est que la vanité attend tout, et l’orgueil rien ; l’orgueil n’a pas besoin de se nourrir, il est d’une sobriété folle. A mi-chemin entre la vanité et l’orgueil, vous choisirez la fierté.


 
La droiture est ceci et cela, et en outre elle est une bonne affaire. Elle obtient tout ce qu’obtient la rouerie, à moindres frais, à moindres risques, et à moindre temps perdu.


 
Le désintéressement n’a d’autre mérite que de vous tirer du vulgaire, mais il le fait à coup sûr. Toutes les fois que, pouvant prendre, vous ne prendrez pas, vous vous donnerez à vous-même cent et mille fois plus que vous ne vous fussiez donné en prenant. De toutes les occasions dont vous ne voudrez pas profiter, dans le monde invisible vous vous bâtirez une cathédrale de diamant. La France d’aujourd’hui a créé un certain nombre de mots véritablement obscènes, parmi lesquels celui de resquiller. Ne resquillez pas, fût-ce dans le domaine le plus humble, car cela va du petit au grand.



Le mépris fait partie de l’estime. On peut le mépris dans la mesure où on peut l’estime. Les excellentes raisons que nous avons de mépriser. Qui ne méprise pas le mal, ou le bas, pactise avec lui. Et que vaut l’estime de qui ne sait pas mépriser ? J’avais toujours pensé qu’on pouvait fonder quelque chose sur le mépris ; maintenant je sais quoi : la moralité. Ce n’est pas l’orgueil qui méprise ; c’est la vertu. Aussi sera-t-il beaucoup pardonné à celui qui aura beaucoup méprisé. Et encore j’ajoute ceci : qu’il n’y a pas besoin de n’être pas méprisable, pour mépriser. »

Henry de Montherlant, Lettre d’un père à son fils

10:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un homme tout court

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Un jour, vous me direz peut-être que les conseils que je vous ai donnés ne sont pas adaptés à un homme moderne. A coup sûr : les vertus que je demande de vous sont les plus nuisibles à qui veut "réussir" dans le monde moderne.
Mais je ne vous ai pas fait pour que vous fussiez un homme de tel ou tel monde, mais un homme tout court. »

Henry de Montherlant, Lettre d'un père à son fils

 

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Larmes et Sperme

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Voilà l’ennui des filles qui font trop bien l’amour : elles nous rendent en larmes, tout le sperme que nous leur donnons. »

Roger Nimier, Le hussard bleu

 

01:14 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

15/05/2014

Chacun veut la même chose : chacun sera pareil...

=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=

 

« Un peu de poison par-ci par-là : cela donne des rêves agréables. Et beaucoup de poison, pour finir : cela donne une mort agréable.
On travaille encore car le travail est un divertissement. Mais on prend soin que le divertissement ne soit pas trop fatiguant [...].
Point de berger et un troupeau. Chacun veut la même chose : chacun sera pareil, celui qui sentira les choses autrement, ira volontairement à l'asile d'aliénés. »

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra - Le Prologue de Zarathoustra

 

20:00 Publié dans Friedrich Nietzsche | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ne pas être le berger et le chien d'un troupeau

=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=

 

« Zarathoustra ne doit pas être le berger et le chien d'un troupeau !
Pour détourner beaucoup de gens du troupeau — voilà pourquoi je suis venu. Que la foule et le troupeau soient en colère contre moi : ce que veut Zarathoustra, c'est que les bergers l'appellent brigand.
Bergers, dis-je, mais eux-mêmes ils se nomment les bons et les justes. Bergers dis-je : mais eux-mêmes ils se nomment les croyants de la vraie loi.
Voyez les bons et les justes ! Qui haïssent-ils le plus ? Celui qui brise les tables de leurs valeurs, le destructeur, le criminel — mais celui-là c'est le créateur. Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur et non pas des cadavres et non pas des troupeaux et des croyants.
Ceux qui créent avec lui c'est eux que le créateur cherche, ceux qui inscrivent des valeurs neuves sur des tables neuves.
Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, qui puissent moissonner avec lui, car chez lui, tout est prêt pour la récolte. Mais ce sont les cent faucilles qui lui manquent : aussi doit-il arracher les épis à poignées et il s'en irrite.
Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, et de ceux qui savent affûter leurs faucilles. On les appellera destructeurs et détracteurs du bien et du mal. Mais ce sont eux les moissonneurs, ce sont eux qui célèbrent les fêtes.
Des compagnons, voilà ce que cherche Zarathoustra pour créer, moissonner, célébrer les fêtes : qu'a-t-il à faire de troupeaux, de bergers et de cadavres ? »

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra - Le Prologue de Zarathoustra

 

18:57 Publié dans Friedrich Nietzsche | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

C'est sur des irrationalités que la raison construit

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Hegel rendit célèbre son aphorisme d'après lequel tout ce qui est rationnel est réel, et tout ce qui est réel, rationnel. Mais nous sommes nombreux à ne pas être convaincus par Hegel, à continuer à croire que ce qui est réel, ce qui est réellement réel, est irrationnel ; que c'est sur des irrationalités que la raison construit. Hegel, grand auteur de définitions, prétendit avec elles reconstruire l'univers, semblable à ce sergent d'artillerie qui pensait que les canons se fabriquaient en se munissant d'un trou, qu'on recouvrait ensuite de fer. »

Miguel de Unamuno, Du sentiment tragique de la vie

 

18:34 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/05/2014

Amour, Gloire (autrichienne) et Beauté...

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

 

Ach ! zes zotrichiens, douchour le zens dé la grandiloquence... Tonton Hitler et Tata Wurst !

 

 

16:00 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (6) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Recueillir plus d'âmes en un jour que Jésus-Christ en 2000 ans

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Comment le plus infime crétin, le canard le plus rebutant, la plus désespérante donzelle peuvent-ils se muer en dieux et déesses ? Recueillir plus d'âmes en un jour que Jésus-Christ en 2000 ans ? C'est que la foule à genoux a le goût du faux, de l'or et de la merde, plus insignifiante est l'idole plus elle a de chances de conquérir le coeur de la foule... »

Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un Massacre

 

15:37 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/05/2014

Une convulsion de cette société

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Les Allemands séduits par la facilité se remettaient à tirer. Et comment. Quelle dégelée de balles. Ces balles, c'est du minerai, sorti des entrailles de la terre, qui vous jaillit à la figure. Et c'est conjointement une convulsion de cette société. C'est si facile de déchirer un centimètre de chair avec une tonne d'acier. »

Pierre Drieu la Rochelle, La Comédie de Charleroi

 

16:15 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Une voiture de course

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le seul avantage serait d’acheter une voiture de course qui me permettrait de me tuer : cela me donnerait ce côté humain et touchant qui me manque prodigieusement, si j’en crois les critiques. »

Roger Nimier, Les Enfants tristes

 

14:26 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La merde a de l'avenir...

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

 

« La merde a de l'avenir, vous verrez qu'un jour on en fera des discours. »

Louis-Ferdinand Céline

 


Cliquez sur la photo...

11:02 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/05/2014

Rien n'est aussi répugnant, chez les êtres soi-disant cultivés, chez les sectateurs des "idées modernes", que leur manque de pudeur

=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=

 

« On a fait un grand pas en avant lorsqu'on a fini par inculquer aux grandes masses (aux esprits plats qui ont la digestion rapide) ce sentiment qu'il est défendu de toucher à tout, qu'il y a des événements sacrés où elles n'ont accès qu'en ôtant leurs souliers et auxquels il ne leur est pas permis de toucher avec des mains impures, — c'est peut-être le point le plus élevé d'humanité qu'ils peuvent atteindre. Au contraire, rien n'est aussi répugnant, chez les êtres soi-disant cultivés, chez les sectateurs des "idées modernes", que leur manque de pudeur, leur insolence familière de l'œil et de la main qui les porte à toucher à tout, à goûter de tout et à tâter de tout ; et il se peut qu'aujourd'hui, dans le peuple, surtout chez les paysans, il y ait plus de noblesse relative du goût, plus de sentiment de respect, que dans ce demi-monde des esprits qui lisent les journaux, chez les gens cultivés. »

Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal ; partie IX, chapitre "Qu'est-ce qui est noble ?"

 

19:39 Publié dans Friedrich Nietzsche | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ceci n'est plus une femme...

=--=Publié dans la Catégorie "Gender..."=--=

 


Cliquez sur la photo

19:23 Publié dans Gender... | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook