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09/05/2014

Une pin-up affriolante derrière, ou devant, chaque objet

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« Bref, si Marx avait lu Sade, il aurait sans doute compris que le capitalisme disposait d’une réserve fantastique : la démocratisation de la jouissance de l’objet. (…)
Le personnage de la pin-up n’a, à l’évidence, pas été inventé par hasard au moment de la crise de 1929. Il est au contraire un élément essentiel à la compréhension d’une époque. En d’autres termes, pour comprendre quelque chose au capitalisme sadien dans lequel nous vivons depuis trois générations, il faut regarder, voire même contempler une pin-up dans une de ces nombreuses situations sadiennes soft où ce personnage s’est alors retrouvé jeté.(…) C’est ce personnage culturel sadien devenu mythique, qui a véritablement sauvé le capitalisme de la crise de 1929 et, par là, changé le cours du monde. (…) Le capitalisme, en effet, aurait dû alors mourir, victime d’une crise majeure de surproduction, comme Marx l’avait annoncé. Mais la pin-up arriva et relança progressivement la machine en se montrant capable d’érotiser à outrance n’importe quel objet manufacturé que les consommateurs n’eurent plus qu’à acheter en masse, moyennant le formatage et l’exploitation industrielle de leur énergie libidinale. Le marché est ainsi devenu peu ou prou pornographe : il y avait une pin-up affriolante derrière, ou devant, chaque objet. »

Dany-Robert Dufour, La Cité perverse

 

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Nos vies sont immergées dans l’expérience directe des nombres entiers

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« L’enfant sait – nous savons tous – comment certains types d’objets se comportent. Nos vies sont immergées dans l’expérience directe des nombres entiers : combien il y a de pièces de monnaie, de timbres, de cailloux, d’oiseaux, de chats de moutons, d’autobus. Si j’essayais de convaincre un enfant de six ans que je peux mettre trois pierres dans une boîte, en enlever une, et me retrouver avec quatre, il se moquerait tout simplement de moi. Pourquoi ? Ce n’est pas seulement parce qu’il est sûr d’avoir, à de nombreuses reprises, retiré un objet parmi trois pour qu’il en reste deux. Même un enfant comprend que certaines choses qui paraissent fiables finiront par ne plus marcher : un jouet qui fonctionne parfaitement, jour après jour, pendant un mois ou un an, peut toujours se casser. Mais pas l’arithmétique, pas le fait d’enlever un à trois. Ça, il ne peut même pas imaginer que ça ne marche plus. Quand on a vécu dans le monde, quand on a vu comment il fonctionne, la faillite de l’arithmétique devient inconcevable.

Le professeur Hamilton suggère que cela relève de l’âme. Mais que dirait-il d’un enfant élevé dans un environnement d’eau et de brume, qui n’a jamais été en présence de plus d’une personne à la fois, qui n’a jamais appris à compter sur ses doigts et ses orteils. Je doute qu’un tel enfant ait la même certitude que nous, que vous et moi, qu’il lui semble aussi impossible que l’arithmétique l’induise un jour en erreur. Supprimer totalement les nombres entiers de son monde nécessiterait qu’on le place dans un cadre très étrange, avec un niveau de manque qui atteindrait la cruauté, mais est-ce que ce serait suffisant pour qu’il perde son âme ?

Un ordinateur programmé pour faire de l’arithmétique comme l’a décrit le professeur Hamilton, est soumis à des privations encore plus grandes que celles que l’on a infligées à cet enfant. Si j’avais été élevé avec les mains et les pieds attachés, la tête dans un sac, avec quelqu’un qui me hurlait des ordres, je ne crois pas que j’aurais une bonne appréhension du réel – mais je serais néanmoins mieux préparé à cette tache qu’un ordinateur. C’est une grâce formidable qu’une machine soumise à un tel traitement ne soit pas capable de penser : si elle le pouvait, les chaînes qu’on lui a fait porter serait d’une oppresivité criminelle. »

Greg Egan, Nouvelle, Oracle, publiée dans le recueil Océanique

 

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Le voile a glissé sans qu’elle voulût le voir tomber

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« Le voile a glissé sans qu’elle voulût
Le voir tomber.
D’une main le saisit et de l’autre
Nous fit signe
D’avoir à craindre Dieu, en réprimant
Notre curiosité avide.

Une main aux doigts teints,
Souple, aux extrémités déliées
Comme fruits de l’anam
Qui semblent ne pouvoir
se nouer, tant est grande
leur délicatesse.
  Puis, de ses longs cheveux noirs
à demi bouclés se couvrant,
elle se ploya comme la vigne s’appuie
sur l’étançon qui la soutient.

Enfin elle te regarda comme
Pour te rappeler que, malgré sa prière,
Tu aurais pu obtenir
Ce que tu n’as pas essayé de prendre…
Lourd regard d’attente qu’un malade
Adresse à ceux qui le visitent. »

Al-Nābiġa al-D̠ubyānī, poème compilé dans "La Poésie Arabe", anthologie traduite et présentée par René Khawam

 

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Territorialisées contre Globalisés...

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« Ce serait une erreur de ne définir les classes que comme des ensembles d’individus regroupés par un intérêt matériel commun. La lutte des classes, soulignait Edouard Berth, n’est pas la révolte des pauvres contre les riches, comme l’imaginait Blanqui, mais bien, comme l’a montré Marx, la révolte des producteurs contre le système capitaliste. Elle n’oppose pas seulement des groupes d’intérêts divergents, mais aussi des types humains opposés (c’est aussi pour cette raison qu’il ne saurait y avoir d’intérêts communs entre eux).
Le grand clivage social actuel est celui qui oppose des classes populaires encore "territorialisées", dont le mode de vie et de sociabilité se limite en général à un périmètre restreint, à une Nouvelle Classe globalisée, engendrée elle-même par un néocapitalisme financiarisé et de plus en plus déterritorialisé. »

Alain de Benoist, in "Réfléchir et Agir", numéro 44

 

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08/05/2014

L'intolérance musulmane...

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Claude Lévi-Strauss

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Dans la flamme

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« L'ordre humain ressemble au Cosmos en ceci, que de temps en temps, pour renaître à neuf, il lui faut plonger dans la flamme. »

Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre

 

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Rien ne compromet davantage, n’affaiblit de l’intérieur, et n’affadit la lutte contre le racisme que cette façon de mettre le terme à toutes les sauces

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« […] rien ne compromet davantage, n’affaiblit de l’intérieur, et n’affadit la lutte contre le racisme que cette façon de mettre le terme, si j’ose dire, à toutes les sauces, en confondant une théorie fausse, mais explicite, avec des inclinations et des attitudes communes dont il serait illusoire d’imaginer que l’humanité puisse un jour s’affranchir ni même qu’il faille le lui souhaiter […] »

« […] parce que ces inclinations et ces attitudes sont, en quelque sorte, consubstantielles à notre espèce, nous n’avons pas le droit de nous dissimuler qu’elles jouent un rôle dans l’histoire : toujours inévitables, souvent fécondes, et en même temps grosses de dangers quand elles s’exacerbent. J’invitais donc les lecteurs à douter avec sagesse, avec mélancolie s’ils voulaient, de l’avènement d’un monde où les cultures, saisies d’une passion réciproque, n’aspiraient plus qu’à se célébrer mutuellement, dans une confusion où chacune perdrait l’attrait qu’elle pouvait avoir pour les autres et ses propres raisons d’exister. […] il ne suffit pas de se gargariser année après année de bonnes paroles pour réussir à changer les hommes, […] en s’imaginant qu’on peut surmonter par des mots bien intentionnés des propositions antinomiques comme celles visant à “concilier la fidélité à soi et l’ouverture aux autres” ou à favoriser simultanément “l’affirmation créatrice de chaque identité et le rapprochement entre toutes les cultures”. »

Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné

 

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Confondre le racisme défini au sens strict et des attitudes normales, légitimes même, et en tout cas inévitables

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« […] je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme défini au sens strict et des attitudes normales, légitimes même, et en tout cas inévitables. Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus, de quelque façon qu’on le définisse, l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs.

Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de penser au-dessus de toutes les autres, et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative n’autorise certes pas à opprimer ou détruire les valeurs qu’on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n’a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement.

Si comme je l’ai écrit ailleurs, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au-delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi ; elle ne s’ignorent pas, s’empruntent à l’occasion, mais, pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports, persiste entre elles une certaine imperméabilité. »

Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné

 

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Toute création véritable implique une certaine surdité à l'appel d'autres valeurs, pouvant aller jusqu'à leur refus, sinon même leur négation

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« La lutte contre toutes les formes de discrimination participe de ce même mouvement qui entraîne l'humanité vers une civilisation mondiale, destructrice de ces vieux particularismes auxquels revient l'honneur d'avoir créé les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie (...) Sans doute nous berçons-nous du rêve que l'égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l'humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu'elle a su créer dans le passé (...), elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l'appel d'autres valeurs, pouvant aller jusqu'à leur refus, sinon même leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l'autre, s'identifier à lui, et se maintenir différent. »

Claude Lévi-Strauss, Race et culture

 

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Si l’immigration est officiellement interrompue en 1974, le regroupement familial, autorisé en 1975, accroît dans les faits le nombre d’arrivants

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« Selon le discours en vogue, la France aurait toujours été un creuset de population. Du point de vue historique, cette assertion est fausse. Du VIe au XIXe siècle, le fond du peuple français est demeuré le même. Au XIXe siècle apparaît une immigration saisonnière, les travailleurs retournant dans leur pays après leur labeur. La première grande vague migratoire a lieu après la Première Guerre mondiale. Elle est constituée d’ Italiens, d’Espagnols, de Polonais et de ressortissants d’autres nations de l’Est. Ceux-ci s’assimilent peu à peu, par le biais de l’école, du service militaire et de la guerre -certaines institutions exerçant une force intégratrice : l’Église catholique, les syndicats, et même le Parti communiste. A partir de 1946, la seconde vague migratoire vient d’Algérie. Sous la IVe République, contrairement à ce qui se répète, ce n’est pas le patronat qui fait venir cette main-d’œuvre : ce sont les pouvoirs publics, afin de trouver une issue à l’explosion démographique de la population musulmane d’outre-Méditerranée. Après 1962, l’Algérie indépendante, le flux migratoire reprend en vertu de la libre circulation stipulée par les accords d’Evian. Si l’immigration est officiellement interrompue en 1974, le regroupement familial, autorisé en 1975, accroît dans les faits le nombre d’arrivants. D’autres courants migratoires apparaissent, issus d’Afrique noire ou d’Asie. Et en vertu de la loi, tout enfant né en France de parents étrangers peut, à sa majorité, accéder à la nationalité française. »

Jean Sévillia, Le terrorisme intellectuel

 

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07/05/2014

Le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit

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« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achète une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville. Et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir.

Mais quand j’ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.

Quelque condition qu’on se figure, si l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde. Et cependant qu’on s’en imagine, accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit.

De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n’est pas qu’il y ait en effet du bonheur, ni qu’on s’imagine que la vraie béatitude soit d’avoir l’argent qu’on peut gagner au jeu ou dans le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des emplois, mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit. »

Blaise Pascal, Pensées

 

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Des manigances qui vous ont toujours un fumet de moralisme

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« Michel pensait encore aux honnêtes ahuris qui rêvaient de vaporiser des symphonies de parfums durant des concerts, de jouer du Beethoven devant du Tintoret. "Tous à fourrer dans le même sac. Des manigances qui vous ont toujours un fumet de moralisme". Ces préparatifs entravent l’émotion chez tous les êtres de quelque délicatesse. On ne pénètre jamais mieux les chefs d’œuvre que lorsqu’on les aborde de face, très simplement, aussi seul que possible, en s’oubliant soi-même et en pensant d’abord au métier du peintre ou du musicien. Ça n’a pas une allure aussi exhaustive, mais c’est bien plus difficile et bien plus rare, parce qu’il faut être capable de lire, d’écouter la langue des héros. Tandis que Dieu sait quelles ritournelles, quelles rhapsodies de métaphores et de symboles à deux sous la ligne, entendent les "âmes élevées" devant Tristan ou Rembrandt. »

Lucien Rebatet, Les deux étendards

 

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Le monde contemporain qui vous assure tout en même temps

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« On ne peut pas transiger avec le monde contemporain qui vous assure tout en même temps : le progrès, la liberté, la transgression, l’abolition des frontières, l’effacement des sexes, la liquidation de l’humain, le règne de la folie furieuse, etc. Il faut le rejeter en entier. Et d’abord rejeter ce qui semble ses bienfaits les moins contestables. »

Philippe Muray, Festivus Festivus

 

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Le problème de ma queue

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« Voilà, il y a le bien, le mal, la liberté, la finalité, la justice, la souffrance, les philosophies, les dogmes, les monothéistes, les panthéistes, les fidéistes, les positivistes, les pragmatistes, la révélation, le seul Dieu en trois personnes, l’inerrance de l’Ecriture et les deux cent cinquante mille variantes du Nouveau Testament ; il y a les nestoriens, les gnostiques, les montanistes, le Zend-Avesta, le Mithra et l’Indra de Zoroastre, Aristote, Pythagore, Tertullien, Luther, Les Védas, le Phédon, la christologie pneumatique, la Critique de la Raison pure, la Volonté de Puissance, toutes les inconnues de l’esprit, de l’univers, de la mort, de l’infini, de Dieu. Mais il faut qu’il y ait d’abord le problème de ma queue. C’est lui qui urge. C’est lui qui passe avant tout autre. Tout le reste en dépend. »

Lucien Rebatet, Les deux étendards

 

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Une combinaison de Kant et de Jérôme Bosh, de Picasso et d’Einstein, de Rilke et de Gengis Khan...

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« En réalité, il faudrait inventer un art qui mêlerait les idées pures à la danse, les hurlements à la géométrie. Quelque chose que l’on réaliserait dans une enceinte hermétique et sacrée, un rituel par lequel les gestes seraient unis à la pensée la plus pure, le discours philosophique à des danses de guerriers zoulous. Une combinaison de Kant et de Jérôme Bosh, de Picasso et d’Einstein, de Rilke et de Gengis Khan. Tant que nous ne serons pas capables d’un mode d’expression aussi intégral, défendons au moins le droit de faire des romans monstrueux. »

Ernesto Sabato, L’Ange des ténèbres

 

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06/05/2014

Partout où le visage de la femme est couvert d’un voile

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« Il y a dans l’homme trois sentiments poétiques par excellence : l’amour de Dieu, l’amour de la femme et l’amour de la patrie : le sentiment religieux, le sentiment humain, le sentiment politique. Partout où la connaissance de Dieu s’obscurcit, partout où le visage de la femme est couvert d’un voile, partout où les nations sont esclaves, la poésie est une flamme qui s’éteint faute d’aliment. Là, au contraire, où Dieu est connu, où la femme est respectée, où le peuple est libre, la poésie a de chastes roses pour la femme, des palmes glorieuses pour les nations, des ailes splendides pour s’élever aux plus hautes régions des cieux. »

Juan Donoso Cortés, Discours sur la Bible

 

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Priant Dieu comme un enfant

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« Quoi de plus beau qu’un homme grand et vigoureux, aux épaules larges et musclées, aux mâchoires dures, aux lèvres lourdes - et priant Dieu comme un enfant. »

Jean-René Huguenin, Journal

 

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Interiora

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« Moïse conduisait son troupeau aux intérieurs du désert et arriva à la montagne de Dieu, Horeb.

L’âme conduit son troupeau dans le désert quand, prenant avec elle tous les animaux qu’elle garde, – et plus elle est élevée, plus les animaux sont spirituels, – elle s’en va loin des hommes.
…L’âme va non seulement au Désert, mais à l’intérieur du Désert. Le Désert a ses degrés qui sont ses profondeurs. Le Désert, par son extérieur, touche aux pays habités par les hommes. Il a encore là avec eux des relations ; mais, quand l’âme quitte les abords des lieux habités, elle va dans les profondeurs du Désert et le Désert est très profond.
Mais Moïse ne va pas seulement à l’intérieur du Désert, il va aux intérieurs, aux lieux intérieurs : "interiora", le pluriel, et, de plus, le pluriel neutre.
Les lieux où il va sont profonds : l’âme creuse ; elle ne se contente pas de regarder l’intérieur du Désert, elle l’explore. Dans l’intérieur, elle découvre des intérieurs : les abîmes s’ouvrent sous les abîmes. On dirait des effondrements. Le Désert s’ouvre plus vaste qu’elle ne le savait, plus profond, plus caché, plus lointain. Des perspectives non soupçonnées se découvrent au fond de lui ; et, derrière ces perspectives, voici d’autres perspectives. Le Désert se multiplie par lui-même ; ce qui était son extérieur n’est plus que son enveloppe. Vous vous êtes cru arrivé au coeur, vous ne faisiez que toucher la peau. Quand vous arriverez au coeur, le frisson vous prendra, et quand vous croirez avoir exploré le coeur, le coeur s’effondrera, et le coeur du coeur apparaîtra.
Vous vous êtes cru encore une fois au terme du voyage, vous n’étiez pas encore parti. Et plus vous vous abîmerez dans le coeur de l’abîme, plus vous vous apercevrez que vous êtes encore à la surface.
Tout à l’heure vous avez pris l’extérieur pour l’intérieur ; maintenant vous prenez l’intérieur pour l’extérieur ; mais cette seconde illusion n’en est pas une. C’est le commencement de la lumière. Plus vous collerez votre oreille sur le coeur du Désert, plus vous le sentirez palpiter loin de vous. Plus vous le serrerez, plus il vous échappera, et la rapidité de sa fuite n’aura pour mesure que la violence de votre attrait.
Celui qu’il s’agit de trouver est immense ; il faut être délivré de tout pour faire vers lui les premiers pas, et son approche est indiquée par l’horreur des ténèbres qu’il a prises pour retraite. Entendez-vous siffler les ténèbres comme le vent dans la tempête ?
Pas encore. – Allez plus loin, plus loin. – Je suis plus loin, plus loin et je n’entends pas encore le sifflement des ténèbres. – Allez plus loin, plus loin et ne regardez pas en arrière : derrière vous brûle Sodome. Souvenez-vous de la femme de Loth. – Je ne me retourne pas et cependant je n’entends pas le sifflement des ténèbres. – Oubliez la fumée qui sortait, vers le soir, de la demeure où vous avez dormi enfant.
J’ai oublié la fumée qui sortait, vers le soir, de la demeure où j’ai dormi enfant.
Oubliez l’Égypte et même la fille de Pharaon.
J’ai oublié l’Égypte et la fille de Pharaon.
Oubliez le Nil et les rivages et les roseaux et les couchers du soleil.
Que faut-il donc oublier ?
Il faut oublier le nom de ceux que vous avez servis dans la terre de l’Erreur, car la Vérité est jalouse.
J’ai oublié le nom de ceux que j’ai servis dans la terre de l’Erreur et la jalousie de la Vérité n’a pas encore dit à mon oreille insensible : "Ephpheta", ouvre-toi.
Alors je ne sais plus ce qu’il faut faire.
Va devant toi, sans rien comprendre. Oublie mes paroles dès que tu les auras entendues, et va devant toi, au hasard, sans boussole. Si tu vois une marque faite sur le sable, prends la fuite et dis au sable du Désert : Je te veux intact ; dis-moi où nul pied ne t’a touché. Regarde le sable tout seul ; que le sable soit ton Océan. Ne demande pas à l’horizon quelle est, au juste, la ligne qui sépare le sable du ciel : laisse le sable jaune et le ciel bleu s’arranger ensemble comme ils l’entendent. Ne t’inquiète de rien, ne cherche plus, marche ; si tu entends craquer le sable, et rugir les lions, ne te détourne pas : marche. Si les grands oiseaux du Désert fendent de leur vol silencieux le ciel énorme, ne les regarde pas, marche. Si leur ombre noire tache le sable jaune, ne t’arrête pas pour la regarder, marche. Laisse l’ombre et laisse le ciel : oublie le noir, oublie le bleu. Ne regarde que le sable jaune, enfonce-toi dans son coeur.
Je me suis enfoncé dans son coeur, et cependant je n’entends pas le sifflement des ténèbres.
Oublie maintenant la couleur du sable.
J’ai oublié la couleur du sable.
Maintenant, écoute le silence.
J’écoute le silence, le silence fils du Désert.
Je lui dis : Qui es-tu ? Il répond dans son langage :
Je suis le Verbe du Désert.
Maintenant enfonce-toi dans le silence des silences, comme tu t’es enfoncé dans le Désert des déserts.
Plonge le glaive sacré dans la poitrine du silence. Ouvre-lui le coeur et, au fond du coeur, cherche le coeur du coeur.
Plonge dans l’Océan du silence jusqu’à ce que tu sois arrêté par le fond de l’abîme, par la Pierre qui supporte l’Océan, la Pierre que nul n’a vue, éternellement garantie par la profondeur contre l’attentat des regards, et, quand tu auras heurté la pierre, colle ton oreille contre celle que rien n’a jamais touchée.
Tire ta chaussure, car la terre, sur laquelle tu marches, est sacrée.
La chaussure isole l’homme de la terre. Elle leur dissimule leur parenté. Celui qui va pieds nus se sent frère de l’humus d’où Adam est sorti.
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .  
Voici Dieu, que dit son Nom : "Je suis Celui qui suis". »

Ernest Hello, Paroles de Dieu

 

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Toute forme de conscience est une maladie

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« Maintenant, messieurs, je veux vous raconter, que cela vous plaise ou non, pourquoi je n’ai même pas pu devenir un insecte. Je vous le dis avec solennité: j’ai voulu devenir un insecte à plusieurs reprises. Et, même là, je n’ai pas eu l’honneur. Je vous assure, messieurs: avoir une conscience trop développée, c’est une maladie, une maladie dans le plein sens du terme. La vie quotidienne ne se contenterait que trop d’une conscience normale, c’est-à-dire d’une conscience inférieure de moitié ou des trois quarts à celle qui est le lot de l’homme évolué de notre infortuné XIX° siècle, d’un homme qui aurait, de plus, le malheur particulier d’habiter Petersbourg, la ville la plus abstraite et la plus préméditée de la planète (il y a des villes préméditées ou des villes spontanées). Par exemple, on aurait largement assez de la conscience qui pousse les hommes soi-disant d’exception, ou les hommes d’action. Ma main au feu, vous dîtes que j’écris ça pour crâner, pour faire le malin sur les hommes d’action, que mes crâneries sont de mauvais goût et que je fais du tintouin avec mon sabre, comme mon officier. Holà! messieurs, avez-vous déjà vu quelqu’un se vanter de ses maladies - ou, à plus forte raison, crâner avec ?

Que dis-je ? - Mais, tout le monde !… C’est bien de ses maladies qu’on se vante, et moi le premier. D’accord; ma réplique ne valait rien. Et néanmoins, je reste fermement convaincu que non seulement une conscience accrue, mais que toute forme de conscience est une maladie. J’insiste. Laissons cela aussi pour l’instant. Dites-moi une chose : pourquoi est-ce justement, comme par hasard, dans les mêmes minutes, oui, les minutes mêmes où je me trouvais le plus apte à prendre conscience de toutes les finesses "du beau et du sublime", comme on disait jadis, qu’il m’arrivait non plus d’avoir conscience mais d’accomplir des actes si peu reluisants que… bref, en un mot, qui sont le lot de tous, mais que je faisais, moi, comme par hasard, dans les instants précis où je sentais le plus que je ne devais pas les faire ? Plus je prenais conscience du bien, de tout ce "beau" et ce "sublime", plus je m’engluais dans mon marais, et plus j’étais capable de m’y noyer complètement. Mais l’essentiel restait que ça ne semblait jamais fortuit - comme si c’était ce qu’il fallait. Comme si c’était là mon état naturel, et non ma maladie ou mon défaut, de sorte qu’à la fin j’ai perdu toute envie de combattre ce défaut. Et j’ai fini par faillir croire (peut-être l’ai-je cru vraiment) que c’était bien cela, mon état naturel. Mais d’abord, au début, que n’ai-je pas dû subir dans cette lutte ! J’étais incapable de croire que tout le monde était dans le même cas, je cachais donc cela comme un secret. J’avais honte (peut-être ai-je honte jusqu’à ce jour) ; j’en arrivais à ressentir je ne sais quel petit plaisir secret, pas normal et pas propre, quand je rentrais chez moi, dans mon trou, par une de ces nuits les plus mauvaises que nous avons à Petersbourg et que j’avais une conscience accrue d’avoir fait ce jour-là encore une nouvelle saleté et, ce que j’avais fait étant irréparable, je me rongeais, secrètement, de l’intérieur, je me rongeais à toutes dents, me taraudais et me bouffais moi-même jusqu’à ce que l’amertume devienne une honteuse, une maudite espèce de douceur et puis une jouissance, franche et grave! Une jouissance, oui, une jouissance! J’insiste. J’en parle parce que j’ai toujours voulu en avoir le cœur net: les autres ressentent-ils ce genre de jouissance ? Que je vous explique : cette jouissance-là provient d’une conscience trop claire de votre abaissement ; du fait que vous sentez vous-même que vous en êtes au dernier stade ; et que c’est moche, et qu’il n’y a pas moyen de se sentir mieux ; qu’il ne vous reste aucune issue, que plus jamais vous ne serez un autre ; que, même s’il vous restait du temps et de la foi pour devenir quelque chose d’autre, vous ne voudriez plus vous-même, sans doute, vous transformer ; et que, si vous vouliez, vous ne pourriez rien faire de toute façon, parce qu’il est vrai, peut-être, que vous n’avez plus rien en quoi vous transformer. Surtout et à la fin des fins, cela se produit suivant les règles naturelles, fondamentales, de la conscience accrue et de l’inertie qui en découle directement, et donc, en conséquence, non seulement il n’y a plus moyen de se transformer, mais il n’y a, tout simplement, plus rien à faire. Vous arrivez, par exemple, à cela, avec votre conscience accrue : vous faites bien d’être une canaille - comme si c’était une consolation pour une canaille, d’avoir conscience qu’elle est vraiment une canaille. Pourtant, assez… Ca, pour parler, j’ai bien parlé, mais j’ai expliqué quoi ?… Comment s’explique ce genre de jouissance ? Si, si, je m’expliquerai ! Je finirai par y arriver. C’est pour cela que je me suis mis à écrire… »

Fiodor Dostoïevski, Les Carnets du Sous-Sol

 

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C’est par méchanceté que je ne me soigne pas

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« Je suis un homme malade… Je suis un homme méchant. Un homme repoussoir, voilà ce que je suis. Je crois que j’ai quelque chose au foie. De toute façon, ma maladie, je n’y comprends rien, j’ignore au juste ce qui me fait mal. Je ne me soigne pas, je ne me suis jamais soigné, même si je respecte la médecine et les docteurs. C’est par méchanceté que je ne me soigne pas. Évidemment, je ne saurais vous expliquer à qui je fais une crasse quand j’obéis à ma méchanceté de cette façon-là ; je sais parfaitement que ce ne sont pas les docteurs que j’emmerde en refusant de me soigner ; je suis le mieux placé pour savoir que ça ne peut faire de tort qu’à moi seul et à personne d’autre. Et, malgré tout, si je ne me soigne pas, c’est par méchanceté. J’ai mal au foie. Tant mieux, qu’il me fasse encore mal !
Il y a longtemps que je vis comme ça - dans les vingt ans. Maintenant j’en ai quarante. »

Fiodor Dostoïevski, Les Carnets du Sous-Sol

 

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05/05/2014

Je participai à la tra­gédie de tout être

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« Selon ma définition de la tragédie, le pathos  tragique naît lorsqu'une sen­sibilité parfaitement moyenne assume pour un temps une noblesse privilégiée qui tient les autres à distance, et non pas quand un type particulier de sensibilité émet des prétentions particulières (...). Pour que, parfois, un individu touche au divin, il faut dans des conditions normales, qu'il ne soit lui-même ni divin ni rien qui en approche. C'est seulement lorsque, à mon tour, je vis le ciel bleu, étrange et divin, uniquement perçu par ce type d'individu, qu'enfin j'eus confiance en l'universalité de ma propre sensibilité, que je pus étancher ma soif et que fut dissipée ma foi aveugle et maladive dans les mots. À cet instant, je participai à la tra­gédie de tout être. »

Yukio Mishima, Le Soleil et l’acier

 

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Plonger un couteau au plus profond de la pomme afin de la fendre en deux

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« Assurément, pour le cœur, la seule façon d’être certain de l’existence, c’est d’exister et de voir à la fois. Il n’est qu’une méthode pour résoudre cette contradiction. C’est de plonger un couteau au plus profond de la pomme afin de la fendre en deux, exposant ainsi le cœur à la lumière, c’est-à-dire à la même lumière que la peau superficielle. »

« C’est à ce moment précis que le couteau vient trancher la chair de la pomme - ou plutôt, le corps. Le sang s’écoule, l’existence est détruite et les sens anéantis accréditent pour la première fois l’existence conçue comme un tout, comblant l’espace logique entre voir et exister... C’est cela, la mort. »

Yukio Mishima, Le Soleil et l’acier

 

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Devenait possible la mort en beauté

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« ... à mesure que le soleil et l’acier m’enseignaient progressivement le secret de la poursuite des mots avec le corps (et non pas seulement la poursuite du corps avec les mots), les deux pôles qui étaient en moi commencèrent à maintenir un équilibre [...]. Enfermer dans le moi une double polarité et admettre heurt et contradiction, ce fut ainsi que je mêlai "art et action". »

« Pour moi, l’idée du temps recouvrable signifiait que devenait possible la mort en beauté qui, naguère, m’avait échappée. Qui plus est, au cours des dix années passées, j’avais appris la force, j’avais appris la souffrance, le combat et la conquête de soi ; j’avais appris le courage de les accepter tous dans la joie. »

Yukio Mishima, Le Soleil et l’acier

 

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Une étape ou le symptôme d’une crise

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« Mais la Machinerie est-elle une étape ou le symptôme d’une crise, d’une rupture d’équilibre, d’une défaillance des hautes facultés désintéressées de l’homme, au bénéfice de ses appétits ? Voilà une question que personne n’aime encore à se poser. »

« Ceux qui voient dans la civilisation des Machines une étape normale de l’Humanité en marche vers son inéluctable destin devraient tout de même réfléchir au caractère suspect d’une civilisation qui semble bien n’avoir été sérieusement prévue ni désirée, qui s’est développée avec une rapidité si effrayante qu’elle fait moins penser à la croissance d’un être vivant qu’à l’évolution d’un cancer. »

Georges Bernanos, La France contre les robots

 

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Machine...

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« La seule Machine qui n’intéresse pas la Machine, c’est la Machine à dégoûter l’homme des Machines, c’est-à-dire d’une vie tout entière orientée par la notion de rendement, d’efficience et finalement de profit. »

Georges Bernanos, La France contre les robots

 

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