15/12/2017
Dormition...
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« Mise au tombeau de notre destinée ? En dépit d’apparences sinistres, mon intime conviction me conduit à rectifier aussitôt cette pensée. Tout ce que l’étude historique m’a appris, ce que je sais aussi des trésors d’énergie masqués, m’incitent à penser que l’Europe, en tant que communauté millénaire de peuples, de culture et de civilisation, n’est pas morte, bien qu’elle ait semblé se suicider. Blessée au coeur entre 1914 et 1945 par les dévastations d’une nouvelle guerre de Trente Ans, puis par sa soumission aux utopies et aux systèmes des vainqueurs, elle est entrée en dormition.
Bien des fois dans ses écrits, Jünger a fait allusion au destin comme à une évidence se passant d’explication, ainsi que d’autres évoquent Allah, Dieu, la Providence ou l’Histoire. (…)
Dans l’Iliade, Homère dit que les Dieux, eux-mêmes, sont soumis au Destin. L’épisode est conté au chant XXII lorsqu’il s’agit de trancher du sort d’Hector face au glaive d’Achille. Le Destin figure ici les forces mystérieuses qui s’imposent aux hommes et même aux dieux, sans que la raison humaine puisse les expliquer. Ce n’est pas la Providence des chrétiens, puisque celle-ci résulte d’un plan divin qui se veut intelligible, au moins pour l’Eglise. C’est en revanche, un autre nom pour la fatalité. Pour répondre à cette dernière, les stoïciens et, de façon différente Nietzsche, parlent d’amor fati, l’amour du destin, l’approbation de ce qui est, parce qu’on a pas le choix, rien d’autre en dehors du réel. Approbation contestée par toute une part de la tradition Européenne qui, depuis l’Iliade, a magnifié le refus de la fatalité. Citons le fragment du chant XXII qui suit la décision des Dieux. Poursuivi par Achille, Hector se sent soudain abandonné : "Hélas, point de doute, les Dieux m’appellent à la mort. Et voici maintenant le Destin qui me tient. Eh bien non, je n’entends pas mourir sans lutte ni gloire. Il dit et il tire le glaive aigu pendu à son flanc, le glaive grand et fort ; puis, se ramassant, il prend son élan tel l’aigle de haut vol qui s’en va vers la plaine. Tel s’élance Hector."
L’essentiel est dit. Hector est l’incarnation du courage tragique, d’une insurrection contre l’arrêt du Destin qu’il sait pourtant inexorable. Tout est perdu mais au moins peut-il combattre et mourir en beauté.
(…) Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l’Européen lucide de se réfugier dans la posture de l’anarque. Ayant été privé de son rôle d’acteur historique, il s’est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L’allégorie est limpide. L’immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l’histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d’Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. »
Dominique Venner, Ernst Jünger, un autre destin européen
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14/12/2017
L’Europe déboussolée de l’après guerre
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« Après 1945, les Européens ont cessé d’être eux-mêmes et sont comme entrés en dormition. Les horreurs des guerres passées, dont ils n’étaient pas seuls responsables, furent ressenties comme une condamnation de leur civilisation, d’autant que les vainqueurs s’ingénièrent à les en convaincre. Sans en avoir toujours conscience, les Européens ont vécu longtemps sous l’ombre portée des puissances victorieuses, se partageant entre soviétophiles et américanophiles.
Peu avant de mettre en œuvre son projet et d’en mourir, le colonel Claus von Stauffenberg, organisateur de l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944, avait consigné par écrit les espérances des conjurés :
"Nous voulons un ordre nouveau qui garantisse le droit et la justice, dans lequel l’état s’appuie sur chacun ; mais nous rejetons la mensongère notion d’égalité et nous nous inclinons devant la hiérarchie naturelle. Nous voulons un peuple qui, enraciné dans la terre de sa patrie, , demeure proche des forces de la nature, un peuple qui, libre et fier, dominant les bas instincts de l’envie et de la jalousie, trouve son bonheur et sa satisfaction dans le cadre établi de son activité. Nous voulons des dirigeants qui, provenant de toutes les couches de la société, et liés aux forces divines, s’imposent par leur sens moral, leur discipline, et leur esprit de sacrifice."
La philosophie nationale conservatrice de ce programme de la résistance Allemande était aux antipodes de ce que les vainqueurs imposeront à l’Europe déboussolée de l’après guerre : l’anti fascisme et le matérialisme bureaucratique pour les uns, la religion du marché et la version Américaine des droits de l’homme pour les autres. »
Dominique Venner, Le siècle de 1914
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"Comme ça la barre !"
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« Le cargo grec "Île de Naxos", capitaine Notaras, naviguant de Colombo à Marseille par le canal de Suez avec un chargement de bois précieux, et ayant franchi le dixième parallèle à mi-chemin entre Ceylan et Socotra, rencontra sur sa route un premier naufragé qui sembla retrouver la vie à l’approche du navire, levant faiblement le bras au dessus de l’eau en signe d’appel. La mer était plate, le vent nul. Le capitaine fit stopper le navire et donna l’ordre de mettre un canot à la mer. C’est alors que l’officier de quart, examinant le malheureux à la jumelle, repéra soudain tout autour du survivant de très nombreux cadavres flottant juste au-dessous de la surface de l’eau. Le capitaine saisit à son tour ses jumelles et découvrit droit devant lui, presqu’à perte de vue sur la mer, un océan de corps flottant ou à peine immergés selon qu’ils vivaient ou non. "Les hommes du Gange !" dit-il. Il rappela le canot qu’on débordait déjà des portemanteaux et fit remettre en route, arrière lente, tandis que l’homme voyant le navire s’éloigner, fermait les yeux sans un cri et se laissait couler. "Capitaine !" dit l’officier du quart, "allez-vous les abandonner ?" C’était un tout jeune homme, pâle d’émotion, au bord des larmes. "Vous connaissez les ordres", répondit le capitaine Notaras, "ils sont formels. Et si j’embarque tous ces gens là, qu’est-ce que nous en ferons, je vous le demande ? Moi je transporte du bois, c’est tout. Je ne suis pas chargé de favoriser l’envahissement de l’Europe." Cette fois le petit officier pleurait franchement : "vous les condamnez à mort, capitaine ! Vous n’en avez pas le droit !" "Ah ! Vous croyez !" dit le capitaine, "eh bien vous vous trompez !" Et plaçant le levier du chadburn sur "en avant toute" il ajouta dans le téléphone-machine : "donnez moi le maximum de tours, s’il vous plait !" Au timonier, il jeta un ordre : "comme ça, la barre, et si tu modifies ta route d’un seul demi-degré, je te flanque aux fers pour mutinerie en haute mer !"
"Comme ça la barre !" cela voulait dire : droit devant. Et droit devant, sous la proue du navire lancé à pleine vitesse, commençait le champ marin de fleurs noires aux pétales blancs, morts et vivants balancés par la houle comme une cressonnière humaine. A vingt-cinq nœuds, le cargo grec "Île de Naxos", par la volonté de son capitaine et la passivité coupable de son équipage, perpétra en cinq minutes un milliers d’assassinats. Hormis les actes de guerre, ce fut probablement le plus grand crime de l’histoire du monde jamais commis par un seul homme. Un crime que le capitaine Notaras considérait justement, à tort ou à raison, comme un acte de guerre, probablement commandé par le nom qu’il portait et le souvenir qui s’y rattachait. »
Jean Raspail, Le camp des saints
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Peur des mots...
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13/12/2017
Un objet tout à fait étrange
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« Il se servit un large verre pour la soif et un autre pour le goût, conscient du superflu et s’en pourléchant avec un rien d’ostentation. Il coupa le jambon en tranches minces qu’il aligna joliment dans un plat d’étain, arrangea quelques olives, posa le fromage sur une feuille de vigne, les fruits dans un grand panier plat, puis il s’assit devant son souper et sourit, heureux. Il aimait. Comme tout amant comblé, il se retrouvait seul avec celle qu’il aimait. Ce soir-là, ce n’était pas une femme, ni même un être vivant, mais une sorte de projection de lui-même fait d’images innombrables auxquelles il s’identifiait. La fourchette d’argent par exemple, aux dents usées, avec les initiales presque effacées d’une aïeule maternelle, un objet tout à fait étrange si l’on songe que l’Occident l’inventa par souci de dignité alors que le tiers des hommes plongent encore leurs mains dans ce qu’ils mangent. »
Jean Raspail, Le camp des saints
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Une sorte d’éternité différente
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« Les signes s’accumulaient, sans que nous en percevions, tout au nord du pays, loin de la capitale et de ses clochers dorés, les exactes conséquences.
Nous comprenions vaguement comment, sans savoir réellement pourquoi. Tout allait vite, avec des modifications tangibles dans notre vie de tous les jours, mais rien n’était net. Tout changeait dans le flou, comme si une sorte de guimauve envahissante, poisseuse et tenace, transfusée dans les artères vivantes du pays, gelait les cœurs et les âmes, et aussi les rouages de l’État, les activités de la nation, pétrifiant jusqu’au corps profond de la population. Dans quel but ? On pouvait compter sur les doigts des deux mains ceux qui en étaient à peu près conscients dans notre petite ville, à Saint-Basile, chef-lieu du Septentrion. Tout juste comprenions nous que s’avançait rapidement, de façon informe et inexorable, une sorte d’éternité différente. Rien ne ressemblerait plus à hier, rien ne changerait plus jamais, une fois les choses accomplies. Je crois que je tiens le mot clef: cette annonce d’une éternité engendrait chez aucun d’entre nous, non pas tellement la peur, diffuse, impalpable, mais la paralysie. »
Jean Raspail, Septentrion
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Quand ils crèveront de faim...
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12/12/2017
Exclusion, élimination immédiate et sans passe-droit de tous les gens supérieurs
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« Être comme il faut.
Règle sans exception. Les hommes dont il ne faut pas ne peuvent jamais être comme il faut. Par conséquent, exclusion, élimination immédiate et sans passe-droit de tous les gens supérieurs. Un homme comme il faut doit être, avant tout, un homme comme tout le monde. Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C'est le sacre de la multitude.
Etre habillé comme il faut, parler comme il faut, manger comme il faut, marcher comme il faut, vivre comme il faut, j'ai entendu cela toute ma vie.
Je demande qu’on se rappelle ce que j’ai dit en commençant cette exégèse, à savoir que le Bourgeois profère à son insu, continuellement et sous forme de Lieux Communs, des affirmations très redoutables dont la portée lui est inconnue et qui le feraient crever de peur, s’il pouvait s’entendre lui-même.
Ainsi le Lieu Commun qui nous occupe en ce moment exprime, avec une énergie singulière, le mandement évangélique de l’Unité absolue : "Sint unum sicut et nos". La Parole substantielle étant vraie dans tous les sens, il est certain que le Bourgeois accomplit à sa façon la Volonté qu’il ignore en exigeant que le bétail humain soit un immense et uniforme troupeau d’imbéciles — pour l’immolation piaculaire… un certain jour. »
Léon Bloy, Exégèse des Lieux Communs
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"Continuez sans moi"
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« Les sociétés n'aiment pas les ermites. Elles ne leur pardonnent pas de fuir. Elles réprouvent la désinvolture du solitaire qui jette son "continuez sans moi" à la face des autres. Se retirer c'est prendre congé de ses semblables. L'ermite nie la vocation de la civilisation, en constitue la critique vivante. »
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie
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C'est encore trop cher
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11/12/2017
Des milliers de bras levés qui se balançaient comme une forêt de noirs serpents
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« Dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques, à la première minute du jour de la Résurrection, il se fit un grand bruit sur la Côte, quelque part entre Nice et Saint-Tropez. Quatre-vingt-dix-neuf étraves de navires s'enfoncèrent sur les plages et dans les rochers tandis que l'enfant-monstre, s'éveillant, délivra son cri de victoire. Pendant toute la journée et toute la première partie de la nuit qui suivit, rien ne bougea à bord des bateaux, hormis des milliers de bras levés qui se balançaient comme une forêt de noirs serpents, les morts jetés à l'eau que les vagues menaient jusqu'à terre, et toutes ces bouches qui psalmodiaient presqu'en silence une mélopée sans fin que le vent portait au rivage… »
Jean Raspail, Le Camp des Saints
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Dans un temps où l’honneur est puni
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« Tant de choses ne valent pas d’être dites. Et tant de gens ne valent pas que les autres choses leur soient dites. Cela fait beaucoup de silence. Je n’ai rien à faire dans un temps où l’honneur est puni, - où la générosité est punie, - où la charité est punie, - où tout ce qui est grand est rabaissé et moqué, - où partout, au premier rang, j’aperçois le rebut, - où partout le triomphe du plus bête et du plus abject est assuré. »
Henry de Montherlant, Le Maître de Santiago
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Enfoncer une porte dans le mur du monde qui nous encerclait
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« Ce que nous voulions, nous ne le savions pas et ce que nous savions nous ne le voulions pas. Guerre et aventure, sédition et destruction et dans tous les recoins de nos coeurs une pression inconnue, torturante qui nous poussait sans relâche ! Enfoncer une porte dans le mur du monde qui nous encerclait, marcher sur des champs de feu, passer par dessus des ruines et des cendres qu'un souffle emporte au loin, dévaler à travers des bois broussailleux et des landes balayées par les vents, nous creuser à coups de dents un chemin victorieux vers l'est, vers ce pays, blanc et brûlant, sombre et froid qui s'allongeait entre nous et l'Asie- tout cela le voulions-nous ? Je ne sais si nous le voulions ; nous le faisions, et le "pourquoi" se perdait dans l'ombre de luttes sans trêve. »
Ernst von Salomon, Les Réprouvés
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A world free from religion
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Ceci n'est plus une femme...
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Tous les attachements sont à conserver comme des trésors trop rare et infiniment précieux
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« Aujourd'hui, en même temps que les Français ont retrouvé le sentiment que la France est une réalité, ils sont devenus bien plus conscients que jadis des différences locales. La séparation de la France en morceaux, la censure de la correspondance qui enferme les échanges de pensée dans un petit territoire, y est pour quelque chose, et, chose paradoxale, le brassage forcé de population y a aussi beaucoup contribué. On a aujourd'hui d'une manière beaucoup plus continuelle et plus aiguë qu’auparavant le sentiment qu'ont est Breton, Lorrain, Provençal, Parisien. Il y a dans ce sentiment une nuance d'hostilité qu'il faut essayé d'effacer ; d'ailleurs il est urgent aussi d'effacer la xénophobie. Mais ce sentiment en lui-même ne doit pas être découragé, au contraire. Il serait désastreux de le déclarer contraire au patriotisme. Dans la détresse, le désarroi, la solitude, le déracinement où se trouvent les Français, toutes les fidélités, tous les attachements sont à conserver comme des trésors trop rare et infiniment précieux, à arroser comme des plantes malades. »
Simone Weil, L'enracinement
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10/12/2017
Anonymisation de la mort
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« Le processus d’anonymisation de la mort se manifeste quand il s’agit de la donner. Dès 1802, Hegel constatait l’abstraction du meurtre rendue possible par l’arme à feu, l’invention de la mort universelle, indifférente, impersonnelle "par laquelle la mort advient à chaque individu dans l’indifférence" (Hegel, "Système de la vie éthique, GW 5, p. 331"). L’avènement, dans l’Etat, de la puissance de l’Universel a pour corollaire l’insignifiance de l’individu singulier, et si cet universel entreprend d’éliminer tout singulier, il ne doit pas le singulariser dans l’acte même de son meurtre : c’est pourquoi la Terreur révolutionnaire a mis en œuvre "la mort la plus plate, la plus froide, sans plus de signification que de trancher une tête de chou ou boire une gorgée d’eau" (Hegel, "Phénoménologie de l’esprit, GW 9, p. 320"), c’est-à-dire la guillotine, qui remplace la liturgie expiatoire qu’était l’exécution des condamnés sous l’Ancien Régime par leur pure et simple élimination, opérée par une machine. Enzo Traverso a analysé le "véritable tournant anthropologique" que fut l’introduction de la guillotine : avec la guillotine, "l’exécution mécanisée, sérialisée, cessera bientôt d’être un spectacle pour devenir un procédé technique de tuerie à la chaîne, impersonnel, efficace, silencieux et rapide. Le résultat final sera une déshumanisation de la mort". Le bourreau lui-même disparait, il n’est plus ce personnage doté d’une aura surnaturelle, bras armé du monarque et porteur d’un châtiment d’origine divine, il devient simple fonctionnaire, et en vérité ne tue plus. "C’est l’appareil qui tue, il se limite à surveiller. L’exécution est une opération technique et le servant de la machine n’est plus responsable que de son entretien : la tuerie se déroule sans sujet" (E. Traverso, "La violence nazie. Une généalogie européenne, Paris, La Fabrique, 2002, p. 29-35"). La mécanisation — et la sérialisation — de la mort se manifeste également quand il s’agit de tuer des animaux : c’est en 1810, par un décret de Napoléon, que sont crées les abattoirs de Paris : il s’agit, par là, d’une part de supprimer les tueries — nom par lequel au Moyen-âge étaient désignés les abattoirs privés — en centre-ville pour ainsi rendre la mort animale invisible, et d’autre part de rationaliser puis d’industrialiser l’abattage en l’intégrant à une véritable chaîne de production. La machinerie d’extermination nazie apparait alors comme la synthèse de ces deux produits du XIXè siècle, en donnant à l’appareil d’exécution la structure de l’abattoir. »
Jean Vioulac, La logique totalitaire. Essais sur la crise de l’Occident
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Auto-flagellation Occidentale
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09/12/2017
L’économie n’est pas une fin en soi
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« L’économie n’est pas une fin en soi. C’est un élément de la vie des sociétés, parmi les principaux, mais seulement un élément. Elle n’est pas la source ou l’explication des évolutions de l’humanité. Elle est un agent ou une conséquence. C’est dans la psychologie des peuples, dans leur énergie et leurs vertus politiques que se trouve l’explication de l’histoire. L’économie doit être soumise à la volonté politique. Que celle-ci disparaisse – ce qui est le propre des régimes libéraux – et les forces économiques débridées entraînent la société vers l’anarchie. Aussi le problème immense de l’économie s’inscrit-il naturellement dans la révolution Nationaliste. Ce serait revenir aux mortelles erreurs "nationales" que d’en nier l’importance ou de s’en débarrasser par un mot miracle aussi sujet à confusion et à contestation que celui de "corporatisme", par exemple. Le capitalisme a créé un monde artificiel où l’homme est inadapté. Par ailleurs, la communauté populaire est exploitée par une caste étroite qui monopolise tous les pouvoirs et tend à la suprématie internationale. Enfin, le capitalisme cache sous une débauche de mots nouveaux une conception anachronique dont l’économie supporte les conséquences. Ces critiques s’appliquent mot pour mot au communisme.
La solution à l’inadaptation de l’homme dans un monde qui n’est plus fait pour lui est, nous l’avons vu, un problème politique. Le développement technique et économique ne trouve pas en lui-même sa propre justification; elle est dépendante de son utilisation. Au nouvel Etat d’assujettir l’économie à ses desseins, d’en faire l’outil d’un nouveau printemps européens. Créer des valeurs civilisatrices, forger les armes d’une nécessaire puissance, élever la qualité du peuple seront alors ses buts. C’est dans une totale transformation de la structure de l’entreprise (nous ne parlons ici que de l’entreprise à capital financier au assimilé, non de la petite entreprise familiale qui doit être préservée et où le problème ne se pose pas) et de l’organisation générale de l’économie réside le moyen de détruire le pouvoir exorbitant de la caste technocratique, de supprimer l’exploitation des travailleurs, d’établir une justice réelle, de retrouver la vérité économique et un fonctionnement sain. En régime capitaliste comme en régime communiste, l’entreprise est la propriété exclusive du capital financier dans l’un, capital étatique dans l’autre. Pour les salariés, qu’ils soient cadres ou simples travailleurs, le résultat est le même : ils sont volés, les richesses produites par leur travail sont absorbées par le capital. Cette position favorisée donne au capital tous pouvoirs sur l’entreprise : direction, gestion, bien qu’ils soient extérieurs et tendent avant tout à réaliser un profit financier, parfois au détriment de la production et de l’entreprise elle-même. Le mot fameux de Proudhon trouve ici sa pleine signification: "la propriété, c’est le vol !". Supprimer l’appropriation est la solution juste qui donnera naissance à l’entreprise communautaire. Le capital prendra alors sa juste place d’élément de la production, à coté du travail. L’un et l’autre participeront, avec un pouvoir proportionnel à leur importance dans l’entreprise, à la désignation de la direction, à la gestion économique et au bénéfice des profits réels. Cette révolution dans l’entreprise s’inscrira dans une organisation nouvelle de l’économie ayant pour base la profession et le cadre géographique régional. Supprimant les parasites et le pouvoir des financiers, elle créera un ensemble de corps intermédiaires. Ces nouvelles structures, capables de s’intégrer aisément dans l’Europe, ne peuvent trouver meilleure définition que celle d’ "économie organique". »
Dominique Venner, Pour une critique positive
Dois-je préciser que je ne suis pas d’accord, ici, avec ce qui est formulé par Dominique Venner ? Il montre, dans ce passage, ce qui rapproche la Droite Nationale de la Gauche la plus libertaire et manque, probablement, de connaissance pour réaliser que le Capitalisme n’est pas forcément libéral et que dans une société libérale, rien ni personne n’empêcherait un groupe de personnes de s’organiser en communauté sur les bases qui leur conviennent en se réalisant comme bon leur semble.
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L’éthique de l’honneur
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« L’éthique de l’honneur s’oppose à la morale d’esclave du matérialisme libéral ou marxiste. Elle affirme que la vie est un combat. Elle exalte la valeur du sacrifice. Elle croit au pouvoir de la volonté sur les évènements. Elle fonde sur la loyauté et la solidarité les rapports des hommes d’une même communauté. Elle confère au travail une grandeur en soi indépendante du profit. Elle retrouve le sens de la véritable dignité de l’homme non pas octroyée mais conquise par l’effort permanent. Elle développe chez l’homme européen la conscience de ses responsabilités par rapport à l’humanité dont il est l’ordonnateur naturel. »
Dominique Venner, Pour une critique positive
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Processus de Paix...
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08/12/2017
Le lien et le lieu de ma personnalité
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« Qu'est-ce que c'est pour moi - personnellement - que la France ? J'ai parlé de peuple, d'orchestre, de musique, d'identité, d'histoire, etc…
Mais, pour moi, qu'est ce que c'est ?
Eh bien, j'éprouve d'abord la France et ma qualité de Français comme le lien et le lieu de ma personnalité.
Comme une volonté et un besoin. Comme une réalité et un idéal. Comme un socle et un tremplin…
Et enfin : comme une nature vécue, souvent avec indifférence, mais qui resurgit dés qu'on veut me l'ôter. Tant il est vrai que l'amputaion rend plus présent le membre tranché. »
Jean Cau, Pourquoi la France ?
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07/12/2017
En tout état de cause, les clercs d’Occident n’ont pas attendu les musulmans…
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« Par un curieux acharnement à travestir le vrai, nos livres pour l’enseignement, des petites classes au lycées, s’appliquent à faire croire que les auteurs de l’antiquité ont tous sombré dans un noir oubli dés la chute de Rome et ne furent à nouveau connus en Occident que par les Arabes qui, eux, prenaient soin de les traduire. Ce n’est qu’au temps de la Renaissance, au réveil d’un sommeil de plus de mille années, que les humanistes, en Italie puis en France puis en Angleterre auraient pris le relais et étudié les textes grecs et romains. Vérité sans appel que toute sorte de romanciers, de polygraphes et de journalistes pour revues d’histoire ou de culture acceptent encore sans chercher à y voir d’un peu plus prés. Pourtant, tout est à revoir. On nous dit : « Sans les arabes, vous n’auriez pas connu Aristote!» C’est inexact, archi faux. Les leçons et les principaux ouvrages des savants, philosophes, poètes, dramaturges de l’Antiquité ne furent jamais, à aucun moment, ignorés des lettrés en Occident. Parler d’ « arabes » n’est pas seulement une facilité de langage mais une grave impropriété qui cache sans doute une mauvaise action, à savoir la volonté de taire la véritable identité des auteurs musulmans les plus féconds et les mieux connus, ceux qui ont le plus écrit en toutes sortes de domaines. C’étaient pour la plupart des Syriens, des Egyptiens ou des Espagnols qui, soumis par la conquête, avaient adopté la langue et l’écriture des maîtres. Les Perses, eux, avaient gardé leur langue.
En tout état de cause, les clercs d’Occident n’ont pas attendu les musulmans. Aristote était connu et étudié à Ravenne au temps du roi des Goths Théodoric et du philosophe Boèce, dans les années 510-520, soit plus d’un siècle avant l’Hégire. Cet enseignement, celui de la logique notamment, n’a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités et l’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les érudits, les philosophes et les hommes d’Eglise de Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés. Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que l’on attribue généralement à Avicenne, Averroès et à Avicébron, sont apparues relativement tard, pas avant les années 1200, alors que tous les enseignement étaient déjà en place en Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la logique, directement inspirée d’Aristote, était reconnue comme l’un des sept arts libéraux du cursus universitaire. (…) Ces traducteurs auxquels nous devrions tant, n’étaient certainement pas des Arabes et, pour la plupart, pas même des musulmans. Les conquérants d’après l’hégire ne portèrent que peu d’intérêt à la philosophie des grecs de l’antiquité dont les populations soumises, en Mésopotamie, en Syrie ou en Chaldée, gardaient pieusement les textes et les enseignements. (…) Pendant plusieurs centaines d’années, les grands centres intellectuels de l’Orient, Ninive, Damas et Edesse, sont restés ceux d’avant la conquête musulmane. La transmission du savoir y était assurée de génération en génération et les nouveaux maîtres n’y pouvaient apporter quoi que ce soit de leur propre. En Espagne, la ville de Tolède et plusieurs autres cités épiscopales ainsi que les grands monastères étaient des centres intellectuels très actifs, tout particulièrement pour les traductions de l’antique, bien avant l’invasion musulmane et la chute des rois Wisigoths. L’école des traducteurs arabes de Tolède est une légende, rien de plus.
En réalité, ces travaux des Chrétiens sous occupation musulmane n’étaient, en aucune façon, l’essentiel. Ils ne présentaient que peu d’intérêt. Les Chrétiens d’Occident allaient aux sources mêmes, là ou ils étaient assurés de trouver des textes authentiques beaucoup plus variés, plus sincères et en bien plus grand nombre. Chacun savait que l’empire Romain vivait toujours, intact, vigoureux sur le plan intellectuel, en Orient. Métropole religieuse, siège du patriarche, Constantinople est demeurée jusqu’à sa chute et sa mort sous les coups des Ottomans de Mehmet II, en 1453, un centre de savoir inégalé partout ailleurs. On n’avait nul besoin d’aller chercher l’héritage grec et latin à Bagdad ou à Cordoue : il survivait, impérieux et impérissable dans cette ville chrétienne, dans ses écoles, ses académies et ses communautés monastiques. Les peintures murales et les sculptures des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre. Les hommes d’église et de pouvoir, les marchands même, fréquentaient régulièrement Constantinople et avaient tout à y apprendre. Nos livres de classe disent qu’ils ont attendu les années 1450 et la chute de Constantinople pour découvrir les savants et les lettrés grecs ! Mais c’est là encore pécher par ignorance ou par volonté de tromper. C’est écrire comme si l’on pouvait tout ignorer des innombrables séjours dans l’Orient, mais dans un Orient chrétien de ces Latins curieux d’un héritage qu’ils ne pouvaient oublier. En comparaison, les pays d’islam n’apportaient rien d’équivalent. »
Jacques Heers, L’histoire assassinée
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05/12/2017
Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur
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« La crise de l'histoire en France, est une crise du lien social, une crise de la citoyenneté. Un citoyen est l'héritier d'un passé plus ou moins mythifié, mais qu'il fait sien, quelle que soit sa généalogie personnelle. De nos jours, sous prétexte que le pays a subi de considérables changements, d'aucuns voudraient transformer le passé afin de l'adopter au nouveau visage de la France. Rien ne fera, cependant, que le passé soit autre chose que ce qu'il a été. Prétendre changer l'histoire est un projet totalitaire : Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur, celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé, écrivait George Orwell dans 1984. »
Jean Sévillia, Historiquement incorrect
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Une race bâtarde d’avortons se roulant dans le mal
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« Tu sais, toi qui as vécu parmi nous, le fond de notre nature malheureuse. Nous sommes des feuilles dans le vent ; nous sommes les bourreaux de nous-mêmes ; une race bâtarde d’avortons se roulant dans le mal comme l’ivrogne dans son vomi ou le lépreux dans sa pourriture. Nous t’avons repoussé parce que tu étais trop pur pour nous. Nous t’avons condamné parce que tu étais la condamnation de notre vie. »
Giovanni Papini, Histoire du Christ
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