03/02/2018
Complot juif, “taqîya”, Alain Soral : les révélations de Christelle, accusatrice de Tariq Ramadan
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Scandale. Une des deux femmes qui ont porté plainte contre le célèbre prédicateur islamiste a raconté son calvaire à Vanity Fair.
Christelle, une des deux femmes qui ont porté plainte contre Tariq Ramadan, dresse un portrait glaçant du prédicateur islamiste dans les pages du prochain numéro du magazine Vanity Fair. Après deux jours de garde à vue, l’islamologue suisse de 55 ans a été déféré vendredi au parquet de Paris, qui a requis sa mise en examen pour viols et son placement en détention provisoire.
Dans ce long récit, elle revient sur son agression supposée, en marge d’une conférence à Lyon sur « Le vivre ensemble, l’islamophobie, la Palestine », en octobre 2009. A l’époque, Tariq Ramadan l’invite à le rejoindre dans sa chambre, à l’hôtel Hilton. « J’étais glacée d’effroi. Il était droit comme un “i”. Il avait des yeux de fou, la mâchoire serrée qu’il faisait grincer de gauche à droite. Il avait l’air habité comme dans un film d’horreur. Terrifiant, terrifiant, terrifiant », se souvient Christelle, alors âgée de 36 ans.
Coups, sodomie forcée, viol avec un objet...
« Coups sur le visage et sur le corps, sodomie forcée, viol avec un objet et humiliations diverses, jusqu’à ce qu’elle se fasse entraîner par les cheveux vers la baignoire et uriner dessus », écrit Vanity Fair pour décrire les faits rapportés par la jeune femme dans sa plainte, déposée le 27 octobre 2017. « Plus tu vas crier, plus ça va m’exciter et plus je vais cogner donc un conseil : ferme-la », se souvient-elle même l’avoir entendu dire. « Il m’a salie. Pour toute ma vie, je serai celle qui s’est fait pisser dessus. C’est cette honte qui m’a réduite au silence pendant des années », ajoute-t-elle.
Christelle, convertie à l’islam à l’issue d’une dépression, a d’abord rencontré Tariq Ramadan sur les réseaux sociaux, où elle a fini par succomber à son emprise. « J’ingurgitais tous les jours des paquets de hadiths et les différentes éditions du Coran en boucle, écrites et audio – et même en dormant, car il m’avait dit que ça attirait les anges protecteurs pendant mon sommeil. Il y a quelque chose là-dedans qui hypnotise », témoigne-t-elle dans le mensuel.
L’islamologue lui a enseigné la « taqîya »
Au cours de leurs discussions, elle découvre aussi un militant de la cause radicale. « Les frères et les sœurs doivent investir les postes-clés en médecine, en politique, à tous les niveaux », lui explique-t-il. « On cherche des femmes un peu cultivées capables d’écrire. Si tu es ma femme, il faudra que tu t’investisses, que tu portes le hijab ». Tariq Ramadan lui fait d’ailleurs apprendre « les cinquante fois », le manifeste en cinquante points de Hassan Al-Banna, son grand-père et fondateur de l’organisation islamiste des Frères musulmans.
Christelle affirme même que l’islamologue lui a enseigné la « taqîya », l’art de la dissimulation en islam, qui autorise à « mentir aux kouffars », c’est-à-dire aux non-croyants, pour ne pas éveiller leurs soupçons. « Chaque fois qu’il a été interrogé sur cette éventuelle « stratégie du mensonge », Tariq Ramadan s’en est vivement indigné », écrit ainsi Vanity Fair. « Il évoque souvent son grand-père, Hassan Al-Banna, dont il parle comme d’un saint homme et dont il lui envoie des textes. Il lui propose de faire du recrutement actif auprès des kouffars. »
« Serais-tu prête à te battre pour Allah, pour tes frères et tes sœurs de Palestine ? », lui demande-t-il un jour. « Oui, je suis prête à mourir pour lui », répond Christelle sans hésiter, traitant même sa propre sœur de « sale kouffar ». Selon elle, le prédicateur déjà marié lui propose même de l’épouser, d’abord lors d’un « mariage temporaire » sur Skype, puis devant un imam. « Il m’a dit que ses études islamiques lui donnaient le droit de le faire », dit-elle.
Christelle se tourne vers… Alain Soral
Finalement, au lendemain de son agression, elle décide de rompre les ponts. « J’ai senti ta gêne... Désolé pour ma violence. J’ai aimé. Tu veux encore ? Pas déçue ? », lui écrit alors Tariq Ramadan, dans un message. Sur Internet, Christelle, bien décidée à se venger, finit par se tourner vers… l’essayiste d’extrême droite, Alain Soral, condamné plusieurs fois pour antisémitisme. En avril 2009, elle avait suivi Ramadan au congrès annuel de l’UOIF, où il avait rencontré tout sourire Soral et Dieudonné, rappelle le magazine.
« Pourquoi tu n’assumes pas cette rencontre ? », lui avait demandé à l’époque Christelle. « Les gens ne sont pas prêts encore, pas assez éclairés. Cela pourrait porter préjudice à mon travail pour la cause. Plus tard. Je garde mes distances avec eux », lui avait répondu Tariq Ramadan. « Mais va voir le site de Soral, c’est le seul qui ose dire les choses sur le lobby sioniste. Il ouvre les yeux sur l’emprise que les sionistes ont sur la France. »
Ramadan et le complot juif
« Ramadan me parlait toujours des sionistes, des Juifs, du dîner du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France], insiste Christelle, citée par Vanity Fair. Que tout était complot, que j’étais espionnée par les RG, que je devais reformater mon ordinateur toutes les semaines... J’ai fini parano. Les Juifs, “ils”, dirigeaient tout. Pour travailler dans les médias, la politique, le cinéma, il fallait être juif. Il disait que mes malheurs de basanée venaient de là. »
Aussi, quand elle contacte Soral, devenu entre-temps critique de Ramadan, le patron d’Égalité & Réconciliation n’est pas surpris par son témoignage. « J’ai déjà été contacté par deux autres femmes, je te crois », lui aurait-il dit. Mais son refus de lui fournir des documents met fin à leurs échanges. « Va te faire foutre pauvre paumée, sale tarée ! », lui aurait-il répondu. « Il s’est mis à rire, poursuit Christelle. Il m’a dit : "Rien ne sortira. J’ai contacté Ramadan.” Je ne sais pas quel accord ils ont passé. » L'ancienne salafiste Henda Ayari, l’autre plaignante, avait aussi approché Alain Soral, précise le mensuel.
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La douleur
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« La douleur
1. Douleur, peine, souffrance : "kéhév" ()
2. Comme un père : "ka-hav" ()
3. En toi l'enseignement : "bekha-h" (aleph) ()
A quoi sert la douleur ?
Les anagrammes du mot douleur, kéhév () en hébreu, dévoilent un aspect inhabituel de celle que nous considérons en général comme une ennemie. Nous pouvons découvrir l'aspect rassurant de la douleur, et ainsi en faire notre alliée.
"Kéhév peut, en effet, se lire "ka-hav" (), comme un père. Le rôle du père, comme celui de la douleur, est de nous protéger d'éventuels dangers, de nous alerter, d'attirer notre attention sur ce qui souffre et demande à être soigné. Tout comme le ferait un bon père, la douleur "tire la sonette d'alarme" afin de nous préserver du danger et de nous indiquer l'endroit qui souffre, dont il faut s'occuper.
L'autre anagramme : en toi l'enseignement, suggère quant à elle une autre fonction à la douleur, surtout lorsque celle-ci est d'ordre moral. La peine et la souffrance morale nous révoltent, et nous en accusons très souvent "les autres". C'est à cause d' "eux" que nous souffrons, pensons-nous. Finalement, cette anagramme nous renvoie à nous mêmes. Les autres ne peuvent nous "toucher" qu'à l'endroit où nous avons déjà une blessure, une ancienne souffrance non reconnue.
Un proverbe latin l'exprime avec sagesse : "le sel que l'on jette sur toi ne peut te faire mal que là où tu as des plaies ouvertes." Ainsi, la douleur nous invite-t-elle à regarder "bekha", en nous. Elle nous invite à tirer un enseignement ("aleph signifie aussi apprendre) qui est à rechercher en nous afin de guérir la blessure ressentie.
Le rôle de la douleur est de nous recentrer sur nous-mêmes. Trouver ce que nous avons de plus unique et de plus spécifique en nous, comme le dit encore la lettre "aleph" qui signifie aussi unité et unicité.
En toi "aleph", "bekha-h" (aleph) (), peut donc aussi signifier : en toi l'unité. Toute prise de conscience sur notre façon d'être "unique" est probablement accompagnée de souffrances et de peines liées au changement. La douleur veut nous aider à nous recentrer sur l'essentiel : notre véritable identité.
N'est-ce pas ce que cherche à nous faire découvrir l'Unique et le véritable Père ? »
Irit Slomka-Saguy, Lettres hébraïques, miroir de l'être
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La confiance en Dieu
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« La confiance en Dieu
En hébreu, confiance, croyance et foi, se disent toutes trois "hémounah " de la racine haMeN. Amen, est le mot que l'on répète à haute voix dans les synagogues et les églises au cours de la prière. C'est une sorte de confirmation, car le mot signifie "je crois", ou "j'ai confiance".
Mais la foi est un choix. Notre libre arbitre concerne la confiance que nous voulons bien accorder aux autres, mais aussi et, surtout, la confiance que nous sommes prêts à accorder à l'infini.
La foi est un choix, car elle n'a de valeur que si elle provient de la volonté de l'homme et de lui seul.
D'après un adage talmudique, elle est "la seule chose qui échappe au pouvoir du Tout-Puissant".
L'homme est doté du libre arbitre. Le choix est donc bien le sien. Il peut accepter de faire confiance ou refuser. Il peut s'entraîner et puiser la confiance dans la vie, ou demeurer dans le doute.
Quel que soit le choix de l'homme, Dieu dit "Amen". »
Irit Slomka-Saguy, Lettres hébraïques, miroir de l'être
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02/02/2018
Au degré près, les barrières culturelles sont de même nature que les barrières biologiques...
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« Une culture consiste en une multiplicité de traits dont certains lui sont communs, d’ailleurs à des degrés divers, avec des cultures voisines ou éloignées, tandis que d’autres les en sépare de manière plus ou moins marquée. Ces traits s’équilibrent au sein d’un système qui, dans l’un et l’autre cas, doit être viable, sous peine de se voir progressivement éliminé par d’autres systèmes plus aptes à se propager ou à se reproduire. Pour développer des différences, pour que les seuils permettent de distinguer une culture des voisines deviennent suffisamment tranchés, les conditions sont grosso modo les mêmes que celles qui favorisent la différenciation biologique entre les populations : isolement relatif pendant un temps prolongé, échanges limités, qu’ils soient d’ordre culturels ou génétiques. Au degré près, les barrières culturelles sont de même nature que les barrières biologiques ; elles les préfigurent d’une manière d’autant plus véridique que toues les cultures impriment leur marque au corps : par des styles de costume, de coiffure et de parure, par des mutilations corporelles et par des comportements gestuels, elles miment des différences comparables à celles qui peuvent exister entre les races ; en préférant certains types physiques à d’autres, elles les stabilisent et, éventuellement, les répandent. »
Claude Lévi-Strauss, Race et Culture
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Chevalier du vide
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« Cher B, cher H, cher L,
Trois personnes en un seul dieu : ce mystère de "De Trinitate", tu en es, fier monothéiste à trois dimensions (hauteur de vue, largeur d'esprit, profondeur du coeur), la très cathodique illustration. Pourquoi relever, te reprocher tes reniements, toi qui es, mieux qu'une girouette, une rose des vents à toi tout seul ? Hauteur de l'infatuation, largeur de la surface médiatique, profondeur de la pose pour photographes ; constance dans l'inconsistance, dogmatismes alternés, tes prises de position se succèdent et se contredisent. [...]
Ton agitation interlope ne cesse de transiter entre les deux formes de reniement, de gauche et de droite. Le chantage à l'antisémitisme, au fascisme, ne t'a servi qu'à restaurer, comme seul rempart contre les mauvais instincts des foules, la théologie la plus répressive. [...] Le réarmement théologique par le chantage au génocide, qui rend sacrées toutes tes vaticinations, est un retour du Dieu vengeur et jaloux, du Yahvé-Sabaoth des armées célestes, un dieu de police pour incroyants et de massacre pour ses ennemis. [...] Cette figure vide de Père Fouettard que tu t'es choisie pour Dieu, et que tu veux rendre obligatoire, au nom de la liberté et de la démocratie, est aussi le chef vengeur des cohortes d'archanges à réaction, l'écraseur d'infidèles et d'Arabes. Le Dieu de Tsahal et des commissariats de police. [...]
Tu es ex-gauchiste sans avoir été gauchiste. [...] Tu es un de ces immenses écrivains presque sans oeuvre. Cette triple fiction, biographique, politique, esthétique, qui constitue ton personnage, est ta seule création d'imagination. L'auto-proclamation est l'arme des faibles. Te pinces-tu pour être sûr d'être ? On dirait que tu éprouves une difficulté à exister. Tu es l'allégorie de l'impuissance à rien éprouver, à rien créer, à rien croire ni affirmer, propre à notre génération. Ton nombrilisme, c'est notre nihilisme, et non un retour de croyance. [...] Tu considères l'admiration publique à ton égard comme un devoir du public, et tu ressentirais son manque comme une trahison. Trahison suprême qui ferait chanceler ton être, l'effacerait de l'écran ; à n'exister que pour les autres, tu dépends initialement d'eux, et tu voudrais les contraindre à te rester fidèles. [...] Drogué aux médias, à la popularité, tu ne tiens qu'à l'applaudimètre. Ton inexistence morale, chevalier du vide, révèle l'inexistence, sous l'armure, des croisés de notre génération blanche. »
Guy Hocquenghem, "Transe à sa Transcendance Béachelle", in Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary
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Être soi...
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« Je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme et des attitudes normales, légitimes même, en tout cas inévitables. Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs. Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de la penser au-dessus de toutes les autres et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. Si comme je l’ai écrit ailleurs, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au-delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi : elles ne s’ignorent pas, s’empruntent à l’occasion, mais pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports persiste entre elles une certaine imperméabilité. »
Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné
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31/01/2018
« En tant qu'homosexuels, il est de notre devoir de prendre position contre la PMA et la GPA »...
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Jean-Mathias Sargologos est diplômé en science politique et de HEC-Montréal, étudiant aux cycles supérieurs en histoire de l'art, et journaliste.
Sébastien de Crèvecoeur est normalien (Ulm), ancien professeur de philosophie, chercheur en management, et consultant en art.
Jacques Duffourg-Müller est critique musical.
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Le jeudi 18 janvier se sont ouvert les États généraux sur la bioéthique où il sera officiellement discuté de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, c'est-à-dire une PMA sans père, et officieusement de la question de la légalisation de la GPA (qui, bien que concernant tous les couples, devrait aussi permettre aux couples homosexuels hommes de « concevoir » un enfant). C'est en tant qu'homosexuels que nous souhaitons aujourd'hui prendre position contre ce que nous estimons être de graves dérives, réalisées au nom d'un individualisme exacerbé et contre ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative de briser l'interdit entourant la réification du corps humain. Notre démarche s'inscrit par ailleurs dans une volonté de briser le monopole des associations dites LGBT, représentantes autoproclamées des personnes homosexuelles, dans leur prétention à incarner l'ensemble des voix de celles-ci. Face à la gravité de la situation et des enjeux éthiques soulevés, nous estimons qu'il est de notre devoir de citoyens et de notre responsabilité morale de prendre publiquement position afin de faire entendre une voix alternative et raisonnable.
Homosexualité et procréation
Le désir d'enfant chez les personnes homosexuelles est éminemment légitime, mais ne peut cependant se réduire à une question d'accès à l'égalité, à des droits, et à la lutte contre les discriminations. Une telle vision simpliste implique en effet qu'il existerait une inégalité dans l'accès à la procréation pour les homosexuels, que cette inégalité serait le fruit d'une discrimination, et qu'il appartiendrait donc à l'État de corriger cette situation en ouvrant la PMA aux couples de femmes et en légalisant la GPA. Or, cet argument est fallacieux. En effet, deux hommes ou deux femmes ensemble ne peuvent intrinsèquement concevoir un enfant et cette impossibilité de procréer est une donnée objective qui n'est pas le fruit d'une quelconque action discriminante de la société ou de l'État ; elle est de nature, et propre à la condition homosexuelle. En ce sens, les personnes homosexuelles ne peuvent prétendre à une réparation de l'État afin de pallier une discrimination puisque cette dernière n'existe pas. Dire cela n'est pas de l'homophobie, mais simplement un rappel objectif des faits. Ce constat est peut-être difficile à entendre pour certains, mais nous pensons pour notre part qu'assumer pleinement son homosexualité revient aussi à accepter les limites qui en découlent.
Dans ce débat, nous remarquons que la plupart des arguments avancés par les défenseurs de ces pratiques sont du registre du subjectif et de l'émotion (désir d'enfant, souffrance de ne pas pouvoir en avoir, sentiment de discrimination, etc.). Or, nous pensons que face à l'ampleur des enjeux, l'État ne devrait pas fonder son action sur les émotions et les inclinaisons subjectives de chacun, mais devrait au contraire la fonder en raison. Or, celle-ci appelle clairement au maintien de l'interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA, que cette dernière s'adresse aux couples hétérosexuels ou homosexuels.
PMA pour couples de femmes et GPA pour tous
Certains avancent comme argument qu'il est discriminatoire d'autoriser la PMA aux couples hétérosexuels et de la refuser aux couples de femmes. Nous réfutons cet argument. En effet, la PMA pour les couples hétérosexuels entre dans le cadre de l'Assistance médicale à la procréation (AMP). Elle est donc un traitement médical qui permet de pallier une condition médicale d'infertilité d'un couple hétérosexuel. Effectivement, l'ordre naturel des choses implique qu'un couple hétérosexuel soit normalement fertile. L'infertilité peut donc s'assimiler dans ce cas-ci à une maladie, il est alors normal qu'un traitement médical soit offert. Or, un couple de femmes est objectivement et par définition infertile. Celles-ci ne souffrent donc d'aucune condition médicale ou maladie qui justifierait qu'elles aient accès à la PMA. Nous irons même plus loin en affirmant que, la PMA étant un traitement médical, permettre son accès aux couples de femmes reviendrait à sous-entendre que les femmes homosexuelles seraient malades, ce qui constituerait bien entendu un retour en arrière considérable.
Nous nous opposons aussi à la légalisation de la PMA pour les couples de femmes, car elle ouvre une boîte de Pandore qui mènera tout naturellement à la légalisation à terme de la GPA (bien que la GPA concerne tous les couples, homosexuels comme hétérosexuels, elle est notamment promue par des associations dites LGBT comme un moyen de permettre aux couples d'hommes de « concevoir » un enfant). En effet, bien que de natures différentes, la PMA pour les couples de femmes et la GPA sont revendiquées au nom d'un prétendu nouveau droit pour les couples homosexuels, le droit à l'enfant. Or, au nom du principe d'égalité, il sera impossible d'interdire la GPA une fois la PMA pour les couples de femmes légalisée. En effet, au nom de quoi les homosexuels hommes n'auraient-ils pas, eux aussi, le droit d'avoir accès à une nouvelle technique leur permettant de « concevoir » un enfant ?
L'enjeu principal ici est la réification de la femme vue comme «moyen» au service d'un couple qui louerait son utérus pour porter son enfant. Or, après des décennies de féminisme, il est difficilement concevable qu'aujourd'hui la réification du corps de la femme apparaisse par le biais du discours libéral. En ce sens, l'argument selon lequel la mise à disponibilité par certaines femmes de leur utérus serait éthique parce qu'elles le feraient de manière libre et consentie nous semble irrecevable. Ce serait en effet nier toute la dimension d'un principe moral fondamental et caractéristique de notre civilisation occidentale, résumé notamment par l'impératif pratique kantien: « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Cet impératif est au cœur du principe de dignité humaine que l'on est en droit d'exiger de l'autre, mais aussi de tout être humain envers lui-même. En ce sens, il existe une multitude d'exemples où la loi interdit certains comportements et pratiques, quand bien même cela ne concernerait personne d'autre que soi: ne pas porter sa ceinture de sécurité en voiture est dangereux seulement pour soi et pourtant illégal (on ne peut invoquer sa liberté individuelle pour ne pas la porter), le lancer de nains est interdit (indépendamment du consentement des intéressés), je n'ai pas le droit de consommer de la drogue (même si en le faisant je ne porterais atteinte qu'à moi-même), et si je porte atteinte à mon intégrité physique en m'automutilant, il est possible que je sois interné de force en hôpital psychiatrique. Ainsi, pourquoi la société devrait-elle accepter que certaines femmes réifient leur propre corps en louant leur utérus au prétexte qu'elles seraient consentantes ?
Ensuite, le caractère éthique de la GPA serait supposément garanti par l'interdiction de rémunérer la gestatrice et par le caractère altruiste qui motiverait sa décision de louer son utérus. Argument irrecevable, encore une fois, puisque l'absence de rémunération ou l'altruisme de la démarche n'enlèvent rien au fait que le corps serait tout de même réifié, la grossesse n'étant pas une activité, mais un état.
Enfin, à la réification de la femme s'ajoute celle de l'enfant: objet d'une transaction contractuelle, ce dernier devient donc lui aussi un objet, et non plus une personne. Nous estimons, en outre, inadmissible que des individus contournent l'interdiction de la GPA en France en faisant appel à des gestatrices à l'étranger et demandent, une fois de retour en France, la reconnaissance par l'état civil de leurs droits parentaux sur l'enfant qu'ils ont obtenu. Nous voyons là une façon malhonnête et mesquine de mettre l'État français au pied du mur. Ces personnes se sont volontairement mises hors la loi, elles ne peuvent donc pas ensuite demander un accommodement à l'État français puisque la pratique de la GPA est illégale en France. En ce sens, l'existence en France d'enfants nés par GPA à l'étranger ne peut en aucun cas motiver une adaptation ou une modification de la législation française puisqu'on ne fonde pas la règle sur l'exception ni sur la légalité de tel ou tel acte à l'étranger. Nous reconnaissons cependant ici la précarité de la situation de ces enfants qui subissent les conséquences de l'irresponsabilité de leurs « parents » d'intention. Nous reconnaissons aussi l'importance de trouver des solutions dans l'intérêt supérieur de ces enfants. Nous refusons cependant que l'unique réponse à apporter soit celle d'une trahison par l'État français de l'esprit de ses propres lois en reconnaissant les droits parentaux d'individus ayant eu recours à une GPA à l'étranger.
Ainsi, le maintien de l'interdiction de la GPA en France (à l'instar de l'Allemagne, de l'Italie, de la Suisse, de l'Espagne, du Danemark, de la Suède, de la Finlande, des Pays baltes, du Québec, etc.) va dans l'intérêt de la protection d'une conception humaniste de la procréation, soucieuse de la défense des plus vulnérables, et qui respecte l'interdit de toute exploitation et réification de l'être humain. Dans cette perspective, le rôle de l'État n'est pas d'assurer l'accès à toujours plus de droits individuels, mais bien de protéger les plus faibles contre les excès de l'individualisme et de préserver une certaine conception de l'Homme.
Progrès technique et usage moral
La PMA pour les couples de femmes et la GPA, présentées faussement comme des avancées permettant aux femmes et aux hommes homosexuels de «concevoir» un enfant, ne sont que des avancées techniques. Or, des avancées techniques ne sont pas nécessairement des progrès sur le plan moral. En ce sens, elles sont axiologiquement neutres et ne nous disent rien de l'usage moral qui en sera fait. Les partisans de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA se parent de la vertu de la lutte contre l'homophobie pour les faire accepter. Nous refusons de servir de caution morale à une vision archaïque et régressive de l'humain, fût-ce au nom de la liberté.
Pour finir, face à ceux qui affirmeraient que nos positions empêchent toute possibilité pour les homosexuels de devenir parents, là encore nous répondons que cela est faux. En effet, il n'existe, aujourd'hui en France, aucune loi qui interdise aux personnes homosexuelles de devenir parents (ce ne sont que les moyens par lesquels elles souhaitent le devenir, c'est-à-dire la PMA pour les couples de femmes et la GPA, qui sont interdits). En ce sens, le maintien de l'interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA n'épuise pas, par ailleurs, la possibilité d'une réflexion de fond sur les alternatives éthiques dont disposent les homosexuels pour avoir des enfants.
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Source : Jean-Mathias Sargologos, Sébastien de Crèvecoeur et Jacques Duffourg-Müller pour Le Figaro
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Les hommes moyens ont les nerfs malades, il serait extrêmement dangereux de les exciter
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« C’est une grande duperie de croire que l’homme moyen n’est susceptible que de passions moyennes. Le plus souvent il ne paraît moyen que parce qu’il s’accorde docilement à l’opinion moyenne, ainsi que l’animal à sang froid au milieu ambiant. La simple lecture des journaux prouve que l’opinion moyenne est le luxe des périodes prospères de l’histoire, qu’elle cède aujourd’hui de toute part au tragique quotidien. Pour former un jugement moyen sur les évènements actuels, il faudrait l’illumination du génie. C’est avec des événements moyens que l’homme moyen fait son miel, cet élixir doucereux auquel M. André Tardieu a voulu attribuer un jour des propriétés enivrantes. Il est clair que si vous asseyez l’homme moyen sur un fagot embrasé, vous tarirez du même coup sa sécrétion. Le feu au derrière, il courra se réfugier dans n’importe laquelle des idéologies qu’il eût fuies jadis avec épouvante. La disparition des classes moyennes s’explique très bien par la lente et progressive destruction des hommes moyens. La classe moyenne ne se recrute plus. Les dictatures exploitent ce phénomène, elles n’en sont pas les auteurs.
Il me paraît vain de compter sur les hommes moyens pour une politique moyenne. Les hommes moyens ont les nerfs malades, il serait extrêmement dangereux de les exciter. Sans prétendre me faire le censeur d’une certaine éloquence cléricale, j’ai le droit de dire qu’inoffensive au temps de M. Jacques Piou, ou sur les lèvres du regretté comte Albert de Mun, elle s’adresse aujourd’hui à des imaginations déréglées par l’angoisse. Les contemporains de M. Jacques Piou étaient évidemment indignés par la politique de M. Combes, mais ils ne se sont pas crus un seul instant capables de rébellion ouverte contre ce minuscule politicien à tête de rat. Pour une raison que je dois formuler exactement comme je le pense : les affaires alors marchaient bien. Il n’y a dans cette remarque nulle intention blessante. Le plus optimiste des évêques espagnols n’oserait soutenir qu’on rencontre beaucoup de chrétiens capables de se sentir aussi bouleversés par le vote d’une loi défavorable à la liberté de l’enseignement que par la nouvelle de sa propre ruine, surtout lorsque cette ruine est sans remède puisqu’elle est fonction, comme disent les mathématiciens, de la ruine universelle. Autre chose était donc de parler des héros de la Vendée aux paisibles sujets de M. Armand Fallières, autre chose est de donner en exemple la guerre civile espagnole à de pauvres types qui doutent de tout, de la société elle-même, et sont disposés à dire : "La Croisade ? Va pour la Croisade !…" comme ils pensaient cinq minutes plus tôt : "Le communisme ? Pourquoi pas ?" »
Georges Bernanos, Les grands cimetières sous la lune
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29/01/2018
Jordan Peterson sur la crise de la masculinité, l’écart salarial, l’imposition des pronoms trans, la gauche radicale...
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Ce monsieur remet les pendules à l'heure et distribue du poil à gratter...
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26/01/2018
Il n’y a pas de raisons de vivre, mais il n’y a pas de raisons de mourir non plus
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« Il n’y a pas de raisons de vivre, mais il n’y a pas de raisons de mourir non plus. La seule façon qui nous soit laissée de témoigner notre dédain de la vie, c’est de l’accepter. La vie ne vaut pas qu’on se donne la peine de la quitter. »
Jacques Rigaut, Le jour se lève, ça vous apprendra
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Réconcilier le Chrysanthème et le Sabre, l'art et l'action, l'esthétique et l'éthique
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« Pour Mishima la culture ne se limite pas aux œuvres d'art, à la superstition vague et abstraite du "beau", typique de la mentalité bourgeoise moderne, et n'est en rien l'apanage des intellectuels, qui incarnent à ses yeux un type humain profondément aliéné. La culture japonaise investit tous les modèles de comportement, et il faut l'accepter et la défendre en bloc, quand bien même certaines de ses expressions seraient dangereuses dans une optique humaniste et utilitaire, parce qu'ombres et lumières appartiennent au même cadre.
Pour échapper au climat étouffant d'une "paix souriante aux panses pleines" et au "bien-être", "la plus désespérée des conditions", il faut réconcilier le Chrysanthème et le Sabre, l'art et l'action, l'esthétique et l'éthique. C'est le bunburyôdô, la "double voie" des lettres et des arts martiaux, l'union de la Plume et du Sabre, de l'élégance raffinée et du courage indomptable : l'idéal des anciens samouraïs, revécu par Mishima jusqu'au bout et lancé comme un défi à une époque d'une médiocrité sans bornes. »
Giuseppe Fino, Mishima, écrivain et guerrier
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25/01/2018
Partout constate-t-on une volonté de tuer les pères
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« Et ainsi, partout constate-t-on une volonté de tuer les pères. Parce que la logique de la décadence implique la décapitation du père. Qu'il s'appelle Dieu, le chef, le patron, l'officier, le prêtre, le professeur ou le pater familias, le simple père de famille. Ou plus simplement encore, pour ces dames du MLF, l'homme. Il suffit maintenant d'être homme pour paraître aux yeux de certaines femmes une créature maudite. Pourquoi ? Parce que le père est symbole de tradition, d'autorité, de virilité honnie aujourd'hui puisque toute décadence est féministe, féminoïde et infantile, bien entendu. Je ne fais là aucune misogynie quelconque mais une constatation étale et tranquille : toutes les décadences se jettent vers la mère. La mère est toute indulgence, tout pardon. Elle est toujours prête à accueillir la contestation des fils, c'est bien connu. Elle est la nourricière, elle est presque la société de consommation aux seins énormes. Et le père que dit-il ? Qu'il faut que les enfants obéissent, qu'ils deviennent costauds, qu'ils aient un avenir, qu'ils assurent la garde de la maison — ça s'appelle l'armée —, qu'ils assurent la lignée, etc. C'est moins drôle, évidemment, alors on lacère l'image symbolique et l'image sociale du père.
Toutes les décadences sont maternoïdes, maternelles, féminines, féminoïstes et les mères sont impuissantes à empêcher les enfants de dévaster la maison. Les révolutions sont de gigantesques explosions infantiles et féministes : on saccage la maison, on s'empiffre de confitures, on joue au chef. C'est pareil à chaque révolution : ça commence par une fête lyrique, une fête enfantine, féminine, et puis revient toujours le père. Il s'appelle Bonaparte, Hitler, Staline, de Gaulle, Franco ou Pinochet. Demain, on assistera une fois de plus à un retour offensif des pères et de deux choses l'une : ou bien ils viendront de l'intérieur et ce seront des despotes ou des ordres que nous nous imposerons nous-mêmes ou ils parleront chinois. Ce serait tout de même assez emmerdant d'avoir joué la comédie de la liberté infantile pour se retrouver avec des papas. »
Jean Cau, Entrevue dans le magazine Vouloir - n°: 105/106/107/108 ; Juillet-Septembre 1993 - Propos recueillis par Jacques Vanden Bemden
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Un homme, c'est bien autre chose que le petit tas de secrets qu'on a cent fois dit
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« Parce que, tout de même, un homme, c'est bien autre chose que le petit tas de secrets qu'on a cent fois dit. Bien autre chose, en deçà et au-delà de l'histoire qui le concerne, comme un pays sans frontière, et l'horizon ne tient la longe qu'aux yeux.
C'est un pays rêvé quand on ne rêvait pas encore, et c'est le rêve d'un pays qui vous mène quand tout dort, quand on est soi-même endormi. Au réveil, ça vous colle à la peau. Ca vous remplit et ça vous vide tour à tour. La plénitude et le manque, systole, diastole, flux, reflux, qui font aller l'homme comme la mer, d'un bord à l'autre de lui-même.
Parce qu'un poète, c'est toujours un pays en marche, dressé comme une forêt, et traînant dans sa langue une terre d'exil, un paradis d'échos. »
Guy Goffette, Verlaine d'ardoise et de pluie
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24/01/2018
La loi de la noblesse, c'est la justice
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« Sur la base de l'autosuffisance et d'un mépris héroïque de l'existence, l'aristocrate ignore tout de ces droits et de ce respect de l' "homme" qu'inversement, le christianisme a introduit superstitieusement en Occident. La loi de la noblesse, c'est la justice, l'honneur, le sain orgueil qui maintient fièrement sa propre tradition et qui se fortifie dans la conscience de sa propre vertu : alors qu'il n'est que trop clair que pour le christianisme, tout cela a une odeur "luciférienne" et que le postulat que celui-ci pose, c'est la conscience d'être un pécheur, l'humilité, la pénitence, le pardon, la prière. Le principe évangélique de rendre le bien pour le mal n'est pas celui de la noblesse : elle aussi sait pardonner et faire preuve de générosité, mais pour l'ennemi vaincu, pas pour celui qui redresse la tête dans la force de l'injustice. »
Julius Evola, Ur et Krur
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Pleurant la tête basse
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« Dans la cour d’un collège de Chelles, en Seine-et-Marne, j’ai vu un groupe de jeunes correspondants allemands, des adolescents pour la plupart blonds, beaux, frêles, vêtus de couleurs claires, arrivés la veille au soir de Lindau, et pour certains pleurant la tête basse, sans comprendre pourquoi des élèves maghrébins venaient de leur cracher dessus. Cette scène christique ne cesse de me hanter. »
Richard Millet, Fatigue du sens
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23/01/2018
Ce terrain vague sur lequel pleuvait une matière imbécile
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« — Or, un sous-lieutenant, de quoi cela rêve-t-il ? D'être un homme qui court au soleil, comme le grec à Marathon. Oui, à Verdun, j'ai pensé à Marathon. Et j'ai pleuré. Oh, ma pauvre jeunesse déçue. Je m'étais donné à l'idéal de la guerre et voilà ce qu'il me rendait : ce terrain vague sur lequel pleuvait une matière imbécile. des groupes d'hommes perdus. Leurs chefs derrière, ces anciens sous-lieutenants au rêve fier, devenus de tristes aiguilleurs anxieux chargés de déverser des trains de viande dans le néant... Pendant six heures, un jour, des allemands attaquèrent, très loin devant nous, à peine vus. Et pour rien.
— J'ai horreur de ces boucheries démocratiques, répéta une dernière fois mon compagnon. »
Pierre Drieu la Rochelle, La Comédie de Charleroi
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La réalité charnelle
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« On finit par se laisser prendre à un orgueil aussi naturel ; aussi simplement exprimé, et pourtant avec une pareille audace ! Les anciens qui parlaient des actes de Dieu accomplis par le moyen des Francs auraient trouvé belle, sans doute, cette manière de s’exprimer. Et comme nous sommes loin, ici, de l’abstraction ! Il arrive, en effet, que les clercs qui parlent de la mission de la France, du rôle de la France, finissent par confondre la France avec on ne sait quelles idées pâles et vagues. Ici, le contact n’est jamais perdu avec la réalité charnelle. Non que l’on puisse, à mon avis, reprocher sérieusement à Péguy de tomber dans le péché inverse. Il n’oublie pas les hautes régions de l’universalité. Il ne dit pas que les cathédrale ou la croisade sont belles uniquement parce qu’elles sont françaises. Il dit que la France est belle et grande, entre autres choses, d’avoir incarné une civilisation universelle, d’avoir pu parler à tous les hommes, ce que personne ne niera. Mais en le disant, il ne perd jamais de vue que cette universalité a les couleurs de la pierre française, du fer français, des armes françaises, l’odeur des blés français. Ainsi reste-t-il fidèle à sa grande pensée, si profondément chrétienne et occidentale, que le temporel est toujours le lit de camp du spirituel, et que la cité terrestre est le corps et l’image de la cité de Dieu. Ainsi reste-t-il fidèle au mystère le plus éminent du catholicisme, qui est au centre même de son œuvre, le mystère de l’Incarnation. »
Robert Brasillach, Les quatre jeudis
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22/01/2018
La place visible où s'avoue un mal profond
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« La France ne se sera rendue vraiment apte à se donner une meilleure organisation que lorsqu'elle regardera le régime dont elle se plaint comme l'expression obscène des défauts qu'elle a accepté de garder sourdement en elle, et comme la place visible où s'avoue un mal profond. Il la force à se voir dans ce qu'elle a de moins beau.
Bien loin de nous plaire à opposer une nation pourvue de toutes les bonnes qualités à un régime chargé de toutes les mauvaises, fiction lâche et fausse qui ne mène à rien, nous ne devons pas craindre de connaître le régime et la nation l'un par l'autre. Assurément celle-ci déborde celui là, par ce qu'elle a de plus haut et ce qu'elle garde de plus profond ; mais entre ces extrêmes, il ne se peut pas qu'elle ne coïncide avec lui en beaucoup de points : même le plus vils des politiciens s'appuient sur une clientèle qu'ils ont, sans doute, contribué à corrompre, mais qui, par un touchant échange de bons offices, tend elle-même à les confirmer dans leurs vices ; d'autres députés, qui valent mieux sans valoir beaucoup, ne sont que l'expression trop fidèle de cette masse incertaine qui, loin de vouloir le bien, craint presque d'y aspirer.
Seuls les plus nobles des Français seraient fondés à soutenir que, dans un pareil régime, ils n'ont pas de représentants ; encore peuvent-ils se reprocher de l'avoir trop rapidement accepté, et se trouver liés à lui par tous les consentements inavoués de la mollesse et de la lassitude. Des hommes d'élite doivent toujours être plus portés à exagérer leur responsabilité qu'à la méconnaître et il leur sied d'être assez fiers pour se trouver coupables de tous les maux qu'ils ont permis. C'est par la critique d'un régime qu'elle ne peut pas conserver que la France doit connaître en elle les défauts qu'elle ne veut plus avoir. »
Abel Bonnard, Les modérés
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L'Homme n'est pas une Machine...
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« L'homme descendra-t-il au dernier terme de sa dégradation, parce qu'il ne suspendra ses travaux aucun des jours qu'il lui est donné de passer sur la terre ? En deviendra-t-il moins homme, parce qu'il sera plus laborieux, et que tous les instants de sa vie, sans aucune réserve, seront accordés à son industrie ? La cupidité s’empresse de dissiper nos alarmes ; elle résout tous nos doutes sans embarras ; elle calme nos inquiétudes sans hésitation. Qu’est-ce que l’homme pour elle ? Pas autre chose qu’une machine qui fonctionne, une roue qui accélère le mouvement, un levier qui soulève, un marteau qui brise la pierre, une enclume qui façonne le fer. Qu’est-ce que le jeune enfant ? Elle n’y voit qu’une pièce d’engrenage qui n’a pas encore toute sa puissance. Voilà à ses yeux toute la dignité humaine. Si vous lui demandez où est le salut de la société, elle vous indiquera le jeu continu des machines, l'action non interrompue de l'ouvrier qui produit, la vapeur qui fait disparaître les distances. Quant à l'impiété, nos craintes font naître le sourire sur ses lèvres ; elle dédaigne ; elle ne voit des jours bien employés que ceux que le plaisir ou le travail absorbent tout entiers. Instrument de plaisir ou de fortune, c'est là aussi tout l'homme à ses yeux.
Et, oui, la religion et la raison voient l’homme déchoir de sa grandeur et de sa dignité par la violation du repos du Seigneur ; oui, la profanation du dimanche attaque les fondements de la société : et la société civile devrait s'émouvoir comme l'église chrétienne, en voyant le mépris où tombe, de plus en plus, un Commandement donné à l'homme pour élever son esprit, fortifier sa raison, accroître ses vertus et réparer en même temps ses forces épuisées. Si l'homme vivait seulement de pain, si la chair et le sang étaient tout son être, et qu'il n'attendit ni une patrie meilleure, ni une cité plus stable, nous le laisserions chercher dans une matière unique aliment, y puiser toutes ses jouissances, et y placer toutes ses espérances.
Mais dites-nous si son langage, son regard, ses actions, sa vie entière ne vous indiquent pas qu'il y a en lui une substance plus excellente que celle qui se voit, se touche, se flétrit et se pulvérise ? Dites-nous s'il y n'y a pas en lui un principe d'immortalité, et si le corps n'est pas le voile sous lequel vit et se meut "l'homme céleste" ?
Si donc il est autre chose qu'une machine, une roue ou un levier, sa nourriture véritable est "la parole qui sort de la bouche de Dieu", la contemplation de la vérité, l'étude de la vie présente et de l'éternité. Il faut qu'il se rappelle de temps en temps qu'il vient de Dieu, qu'il vit pour Dieu, et qu'il va à Dieu. Il est un ordre d'idées qu'on n'emprunte pas à la terre ; il est des devoirs qu'on n'apprend pas par un travail mécanique. Il faut réfléchir pour les connaître, ces devoirs ; il faut se replier sur soi-même pour les approfondir, suspendre l'agitation et le bruit pour entendre la voix de Dieu ; et après avoir donné quelques moments à la vie animale, il faut redevenir homme et revêtir le chrétien pour ne pas se transformer en une vile matière qu'on façonne, en cet argile grossier que l'on pétrit, et ne pas s'assimiler à la bête de somme que l'on charge.
(...)
Ce n’est pas assez pour son cœur et son esprit d’agir et de produire, d’extraire des métaux et de gagner un salaire, il faut qu’il pense et qu’il aime ; voilà pour lui aussi la véritable vie. »
Cardinal Louis-Jacques-Maurice de Bonald, Instruction Pastorale et Mandement du Carême de 1842, Sur la Sanctification du Dimanche
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21/01/2018
Ils ne deviennent pas des dieux. Et ils ne sont plus des hommes.
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« Qu’est-ce que je fais là ? Je suis un homme. J’ai été promis à un monde d’hommes et d’animaux. Mes ancêtres n’ont pas travaillé à une civilisation pour que soudain nous n’y puissions plus rien et que le mouvement se perde machinal, aveugle, absurde ? Une machine, un canon qui tire sans arrêt, tout seul. Qu’est-ce que cela ? Ce n’est ni un homme, ni un animal, ni un dieu. C’est un calcul oublié qui poursuit seul sa trajectoire à travers le monde, c’est un résidu incroyable. Quelle est cette reprise étrange de la matière sur la vie ? Quel est ce déroulement mécanique de la matière ? Des mots absurdes deviennent vrais : mécanisme, matérialisme.
C’était un déchaînement inattendu, épouvantable. L’homme au moment d’inventer les premières machines avait vendu son âme au diable et maintenant le diable le faisait payer. Je regarde, je n’ai rien à faire. Cela se passe entre deux usines, ces deux artilleries. L’infanterie, pauvre humanité mourante, entre l’industrie, le commerce, la science. Les hommes qui ne savent plus créer des statues, des opéras, ne sont bons qu’à découper du fer en petits morceaux. Ils se jettent des orages et des tremblements de terre à la tête, mais ils ne deviennent pas des dieux. Et ils ne sont plus des hommes.
Je me rappelle Marathon. J'en appelle à Marathon.
Je m'ennuie. Je ne puis déployer ni mon intelligence ni mon courage.
(Mais si tu étais aviateur !)
Je m'ennuie, tout est laid. Humanité et nature confondues s'affacent dans le néant... »
Pierre Drieu la Rochelle, La Comédie de Charleroi
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Une nation paraît frappée dans la source même de sa vigueur et soudain elle se redresse
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« Mais le destin historique des sociétés n’obéit pas, comme fait celui des êtres vivants, à la courbe simple de la montée, de la plénitude et du déclin des énergies vitales. Il comporte des dents de scie, des surprises, des sursauts. Une nation paraît frappée dans la source même de sa vigueur et soudain elle se redresse, des forces longtemps comprimées ou inemployées, dont le lent parcours souterrain échappait à l’attention, se fraient un chemin à l’air libre, des branches séchées reverdissent, des portes sont forcées dans un avenir fermé, l’ordre naît de façon imprévisible du désordre, la volonté du découragement, le fanatisme du scepticisme, l’explosion de la vie de ce qui semblait manifester son épuisement. »
Thierry Maulnier, Discours de réception à l'Académie Française
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20/01/2018
On fait la sieste
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« J'étais dans de vieux villages de l'Hérault, donc, de vieux gros villages ronds et fortifiés, aux rue étroites, aux maisons serrées de guingois les unes contre les autres, et qui an l'an mil avaient déjà, pour beaucoup d'entre eux, une solide expérience du monde. C'était avant la France, diront certains. Peut-être. Quoi qu'il en soit, maintenant, c'était après, aurait-on pu croire : parce qu'aux fenêtres et sur les seuils de ces très vieilles maisons, le long de très vieilles rues, apparaissait presque exclusivement une population inédite en ces parages et qui par son costume, par son attitude, par sa langue même, semblait ne pas lui appartenir mais relever d'un autre peuple, d'une autre culture, d'une autre histoire. Et dans Lunel qui n'est pas un village, c'était cette même impression d'avoir changé de monde sans être sorti de l'ancien, sans avoir quitté les rues et les places de notre pays, leurs statues, leurs églises, leurs anciens repères familiers. Combien sommes-nous à éprouver quotidiennement le même sentiment, et pas seulement dans l'Hérault, le Gard ou le Vaucluse, pas seulement dans la Seine-Saint-Denis quand nous pouvons encore nous y aventurer pas seulement dans le Nord ou le Pas-de-Calais, mais dans toutes les parties du territoire français, le long des trottoirs de nos villes, dans les transports en commun, dans le métro parisien, face aux images ou à la réalité de nos écoles ou de nos universités ? Comme si pendant le temps de notre vie, et moins encore, la France était en train de changer de peuple : on en voit un, on fait la sieste, c'en est un autre, ou plusieurs autres, et qui paraissent appartenir à d'autres rivages, à d'autres ciels, d'autres architectures, d'autres mœurs, c'est ce qu'ils semblent penser eux aussi.On dira, en tout cas on nous dit tous les jours, c'est la doctrine officielle, radio et télévision nous la rabâchent à l'envi, et n'ont même plus à nous la rabâcher tant elles assument qu'elle est acquise, qu'elle va sans dire, que personne n'osera piper mot, on dira que c'est toujours le même peuple et qu'en son sein il n'y a que des Français : que ce sont-là les Français d'aujourd'hui. Couteau de Lichtenberg, toujours : on change le manche, puis la lame, mais c'est toujours le même couteau. »
Renaud Camus, Le Grand Remplacement
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Que vaut la spiritualisation d'une âme dépourvue de corps ?
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« Comment pourrait se dépouiller celui qui n'est attaché à rien ? Que vaut la spiritualisation d'une âme dépourvue de corps ? Il nous faut donc d'abord, à rebours du courant qui nous entraine, essayer de nous enraciner quelque part ; mais cet enracinement suppose du temps, d'autant plus que les individus et la société sont moins jeunes. Le monde actuel s'attaque à l'homme par deux voies apparemment contradictoires : d'une part, en l'attachant à une action et à des biens purement matériels ; de l'autre en privant ce corps sans âme de toute relation profonde avec la réalité. Répudiant ce matérialisme et cet idéalisme, un homme réel, mais libre, cherchera d'abord à s'enraciner à un lieu. »
Bernard Charbonneau, L'homme en son temps et en son lieu
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Fondamentalement il n'existe qu'un seul droit...
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19/01/2018
Une âme et une morale de midinette
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« Les chefs des grandes démocraties accourant l'un après l'autre, gravissant l'Olympe en suppliants pour embrasser les genoux du Jupiter à la mèche, suspendus à un froncement de ses sourcils, sans d'ailleurs prendre la peine de s'en cacher, le flattant du bout des doigts, tandis qu'ils font dans leur culotte.
(...)
Chaque jour, avec une savante technique de la bassesse, on s'efforce de donner à la France une âme et une morale de midinette.
(...)
Ce n'est pas de minutes de silence que nous avons besoin, c'est d'avions, Monsieur Daladier.
(...)
Délirez à votre aise, pauvres ilotes, manœuvrés et dupés, affaiblis, souffletés, et qui accueillez votre défaite et votre humiliation avec les transports de joie de l’esclave. Piétinez vos masques à gaz, imbéciles, car ce soir comme hier soir, c’est exact, il y aura le bifteck sur la table, et ensuite coucouche-mon-chéri. Mais vous m’en direz des nouvelles demain. Que vous le vouliez ou non, lâches imbéciles, un jour viendra où l’odeur de vos cagayes sera étouffée dans l’odeur de votre sang. A moins qu’éternellement, vous ne vous préserviez du sang par la honte. »
Henry de Montherlant, L'Équinoxe de septembre
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